Blog de Paul Jorion

Intervention au Parlement européen le 5 novembre, à Rencontres capitales à Marseille, le 16, puis à l’extension de l’ULB à La Louvière, le 20, ensuite au Parti de Gauche à Paris, le 23, aux Riches Claires à Bruxelles hier, et à la médiathèque PointCulture à Liège ce matin ou devrais-je dire ce midi, parce que ce fou de « Un Belge » m’a fait causer de 10h à 13h30 ! Un mois bien rempli certainement, mais tous les mois ne sont-ils pas bien remplis de la même manière depuis mon retour en Europe, le 1^er mai 2009 ?

Alors y a-t-il autre chose à raconter cette fois-ci ? Je dirais : Oui. Parce qu’au bout de deux heures ce matin, quand Un Belge a mis au vote de la salle s’il fallait faire une pause, seules quatre mains hésitantes se sont levées. D’où les trois heures et demie d’affilée à l’arrivée et cela en soi est révélateur. Significatif d’un nouveau climat. Parce que les choses sont en train de changer de ce point de vue. Et à part quelques applaudissements nourris à Marseille pour un propos poujadiste de la meilleure eau lancé de la salle, le climat à été le même à Marseille, Paris, Bruxelles, La Louvière et Liège.

J’ai déjà mentionné la différence d’atmosphère au Parlement européen entre ma première intervention en novembre 2009, quand je décrivais le climat dans un compte rendu publié sur le blog le lendemain en parlant d’« apathie », de « passivité », de « manque d’un sens de l’urgence » et de « médiocrité bureaucratique généralisée », et la fronde qui caractérisait l’assemblée des parlementaires l’après-midi du 5, la houle qui les agitait aussitôt que les représentants de la Troïka prenaient la parole.

Il y a aussi une différence significative dans la manière dont on me présente. C’est une chose de devoir en quelque sorte « remonter la pente » dans sa démonstration après que la personne qui a introduit votre exposé vous a décrit au pire comme un phénomène de foire et au mieux comme un prophète aux talents plus ou moins mystificateurs, et c’en est une autre de pouvoir prendre la parole d’emblée avec assurance comme c’est maintenant le cas. Merci en particulier à Jacques De Decker hier qui, au moment où j’exprime mon scepticisme quant aux termes qu’il a utilisés à mon propos, sort un exemplaire d’un de mes livres, m’en lit un passage, et me fait remarquer avec le sourire qu’on adresse à un enfant qui ne comprend pas bien mais qu’il convient de ne pas décourager : « C’est vous qui écrivez cela ! »

Mais c’est dans la salle essentiellement que les choses sont en train de changer et, je le répète, indépendamment de la géographie. J’ai vu depuis 2009 se manifester l’éveil qui a conduit mes publics de leur désarroi conspirationniste initial, à la perplexité ensuite, puis à l’indignation, et qui débouche aujourd’hui sur la pleine conscience, sûre de ses moyens, que j’observe de Marseille à Bruxelles.