PROJET D’ARTICLE POUR « L’ENCYCLOPÉDIE AU XXIème SIÈCLE » – Rationalité économique et politique, par Michel Leis

Billet invité

Arriva un temps où l’économie devint l’alpha et l’oméga de la vie de la cité. Dans la formulation « économie politique » qui associait la création de la richesse aux conditions de sa répartition, le mot politique s’effaça pour ne laisser place qu’à un monde centré sur le profit sans se soucier des conditions de sa répartition.

Comment avait-on pu se fourvoyer à ce point ?

Les thuriféraires d’une science économique libérale n’ont jamais ménagé leur peine pour faire croire que l’économie était une science dure dont l’on ne pouvait transgresser les règles, sauf à se mettre en marge du progrès. La classe aisée était acquise d’avance à des théories qui racontaient l’histoire qu’elle souhaitait entendre. La théorie justifiait sa position dominante dans le corps social par des qualités reconnues comme spécifiques. Le travail, l’esprit d’entreprise, la prise de risque, mais aussi la famille (la transmission) devenaient ainsi à la fois des valeurs morales et des vérités scientifiques qui ne pouvaient être remises en cause.

Plus surprenante fut l’adhésion en masse à la fin du XXe siècle du personnel politique à un discours dont la finalité ultime était la limitation drastique du rôle de l’État. Peut-être peut-on expliquer cette étrange adhésion par la proximité du personnel politique avec les classes aisées ? Toujours est-il que la substitution des acteurs privés à la puissance publique, la réduction des budgets de transferts sociaux ou de fonctionnement ne laissaient au final d’autres choix à l’État que de se cantonner progressivement à ses fonctions régaliennes. À chaque élection, le rejet grandissant des élites politiques par les citoyens traduisait l’exaspération face à un État dont l’inefficacité était patente. Était-on en train d’assister pour le personnel politique aux préliminaires d’une de ces grandes variations de population du type de celle que l’on observe chez les lemmings ?

L’alignement de l’ensemble des partis de pouvoir sur une telle vision oblige l’observateur d’aujourd’hui à faire un effort de compréhension non seulement sur le contenu, mais aussi sur les croyances qui fondaient la mise en oeuvre de telles politiques. La nouveauté des politiques économiques à compter du début des années 80 ne réside pas seulement dans le changement de référentiel politique, c’est la nature même de son action qui change. Elle ne vise plus à compléter ou reformuler des règles issues de l’État providence, de même qu’elle écarte progressivement l’interventionnisme direct ou indirect. Ce qui est en jeu, c’est la restauration du marché en tant que régulateur central. Autrement dit, le politique compte sur une certaine vision de l’économie pour résoudre les problèmes nés de l’économie.

Il serait pourtant réducteur de limiter l’action politique telle qu’elle était perçue à l’époque comme le démantèlement organisé de l’État. La libéralisation des règles de la concurrence, la déconstruction des mécanismes de protection et des règles sociales qui s’opère alors se présentent à la fois comme une « amélioration » de l’environnement économique et un « signal » adressé aux entreprises et aux citoyens. L’hétérogénéité des situations interroge pourtant le mode opératoire : l’entreprise ne prétend à rien de plus qu’à l’efficacité issue d’un ensemble de techniques en vue de maximiser le profit, la majorité des citoyens font des choix économiques sur la base d’arbitrages contraints. Pour qu’un signal adressé à un groupe d’individus ou d’entreprises génère un effet prévisible, il est indispensable de croire en la rationalité des acteurs, c’est-à-dire la capacité qu’ont ceux-ci de modifier leur comportement de manière cohérente, en fonction des contraintes ou des opportunités nouvelles qui leur sont offertes.

Curieux retournement d’un débat ancien entre croyance et raison. Jusqu’alors, la raison servait plutôt à évaluer les croyances(i), mais peut-on inverser les perspectives, « croire » à l’emploi systématique de la raison par les individus et des entreprises ? À l’inverse, l’action politique se veut à la fois porteuse d’une rationalité globale et investie de la légitimité sortie des urnes : à partir du moment où le personnel politique entend cantonner l’État dans ses fonctions régaliennes, peut-on imaginer une rationalité collective sur la base de la rationalité (présupposée) des acteurs ?

Questions fondamentales dans la perspective d’une modélisation économique. La théorie classique cherche à démontrer que le marché est le mode d’arbitrage le plus efficace entre l’offre et la demande ou pour l’allocation des ressources. Laisser le marché fonctionner librement conduit à un équilibre général optimal (au sens de Pareto) où toute amélioration de la position relative de l’un des acteurs ne pourrait se réaliser qu’au détriment d’un autre acteur. Néanmoins, cette efficacité supposée des marchés de la théorie classique ne tient que si les acteurs sont rationnels.

Si l’économie observée au travers de ces grands indicateurs résulte de comportements erratiques et imprévisibles, la théorie macro-économique perd une grande partie de sa substance. Pire encore, les politiques économiques en tant que telles sont sans objet. Si au contraire les acteurs sont rationnels, comment expliquer alors les mouvements erratiques de l’économie et les crises ? L’agrégation de comportements rationnels peut-elle en certaines circonstances déboucher sur la possibilité des crises ? Enfin, il reste une dernière possibilité que l’on ne peut exclure, c’est la mise en abîme : les acteurs sont rationnels sur la base d’un ensemble de croyances sans fondement où d’un but à atteindre qui se situe hors du champ de la raison.

On ne peut balayer d’un revers de la main l’hypothèse d’incohérence. L’homme, animal doué de raison a derrière lui une longue liste de catastrophes issue de la folie humaine, individuelle ou collective. Au-delà de ces considérations somme toute banales, l’économie offre de nombreux exemples d’irrationalités apparentes. Les stratégies de fraude systématiques pourraient en être un bon exemple, sortir du cadre légal présente toutes les caractéristiques d’un comportement irrationnel, mais la faiblesse des sanctions encourues reflète les rapports de force en vigueur et le recours à la fraude peut encore relever d’un comportement rationnel. L’exemple des bulles ou les krachs semblent plus probants, il reflète des comportements de joueurs qui sont peu compatibles avec l’idée de rationalité. Pourtant, la montée d’une bulle ne tient que par le raisonnement similaire tenu au même instant par plusieurs joueurs. La similitude des comportements des individus et des entreprises laisse à penser que l’interprétation de l’environnement et des signaux reçus relève d’une analyse convergente, mais la question demeure, cette analyse reflète-t-elle pour autant une rationalité ?

La théorie classique à des réponses toutes prêtes pour justifier l’idée de rationalité. La première, c’est qu’il existe dans les entreprises un ensemble de techniques d’information, de mesures et de prévision qui se double d’un processus de décision collectif pour les plus grandes entreprises. L’ensemble de ces calculs économiques et de ces processus serait les vecteurs de la rationalité dans le cadre d’un objectif clairement fixé (celui de la maximisation du profit) qui s’impose à tous les entrepreneurs. Il s’y ajoute une dimension temps : la rationalité ne s’exprime pas seulement de manière instantanée, elle se doit de prévoir le futur, on parle alors d’anticipations rationnelles. Cette remarque est valable aussi pour l’individu / consommateur qui serait quant à lui capable d’établir un ordre de préférence et de nécessité dans ses besoins, reflétant une forme de rationalité individuelle. Dans la théorie classique, le marché est le point de rencontre qui confronte l’offre et la demande issue de points de vue différents et arbitre par les prix (la main invisible du marché). Dans cette perspective, le prix régule la violence issue de la confrontation de deux rationalités qui ne sont pas du même ordre et celle issue d’une concurrence sans merci. Le prix valide ainsi les choix opérés par les entrepreneurs. L’allocation plus ou moins optimale des ressources et l’efficacité du processus de production sont au coeur d’un mécanisme qui élimine impitoyablement les entreprises non compétitives, celles qui ne peuvent trouver leur place sur ce marché à des conditions de rentabilité satisfaisante. Ce dernier point montre par ailleurs que l’optimum de Pareto dans l’économie classique n’existe pas dans un monde où le progrès technologique fait évoluer sans arrêt les conditions de production.

Évidemment il y a les crises, elles traduisent pour les libéraux l’incapacité du marché à un moment donné d’opérer cette régulation. La théorie a bien évidemment plusieurs explications en réserve. En premier lieu, l’ajustement ne peut pas être instantané, il y a des cycles de production ou des délais nécessaires à l’adaptation de l’outil. Le temps nécessaire à cet ajustement serait celui de la crise. Aux yeux des économistes libéraux, tous les facteurs qui accroissent les résistances au changement prolongent inutilement les crises. Au premier rang de ces facteurs perturbants se trouvent bien sûr l’État et les freins qu’il impose aux nécessaires ajustements, en particulier dans le domaine social. Le débat récurrent sur la compétitivité revenu sur le devant de la scène avec la crise de 2008 en est une illustration parfaite : d’un point de vue libéral, le marché du travail est un marché comme un autre, la baisse des salaires et des charges est une nécessité pour s’adapter à un univers de plus en plus concurrentiel, mais aussi parce que la main d’oeuvre est abondante.

D’autres facteurs peuvent perturber le fonctionnement « harmonieux » de l’économie et contribuer aux crises suivant le point de vue libéral. La rationalité des acteurs n’est pas parfaite, elle est contrainte par un certain nombre de facteurs, ce qui peut expliquer par voie de conséquence un fonctionnement plutôt chaotique du marché en tant qu’instance de régulation. D’une part, le système d’information est imparfait. Au-delà de son incomplétude, une des limitations viendrait de la profusion d’information parfois contradictoire rendant difficile son interprétation. C’est l’idée de la rationalité limitée qui s’applique aussi bien pour les entreprises que pour les individus. D’autre part, le mode d’organisation des entreprises est aussi imparfait. Sous l’angle libéral, c’est surtout l’écart entre les objectifs de l’équipe de direction (résultant des marges de manoeuvre que cette équipe a pu se créer) et les objectifs des actionnaires qui créent une incohérence intrinsèque au mode d’organisation. L’organisation peut ainsi intégrer ses propres dysfonctionnements ou manipuler l’information, que ce soit pour orienter la prise de décision, ou pour répondre à ses objectifs propres.

Reste que la rationalité ne peut se définir que par rapport aux objectifs propres à chaque acteur, c’est ici que commence la mise en abîme. Dans la théorie classique, la complexité des constructions mathématiques(ii) pour prouver la possibilité d’atteindre un optimum sur la base d’un marché s’éloigne d’une réalité empirique beaucoup plus facile à saisir : la rationalité des acteurs est limitée à leur cadre de décision. La complexité des calculs réalisés dans une entreprise pour réaliser tel ou tel investissement, déterminer un prix de revient et un prix de vente ne porte que sur la confrontation d’une offre et d’une demande dans un marché précis(iii). Dans un univers où les acteurs et les marchés interagissent en permanence, les décisions prises ont des effets qui dépassent le cadre du simple marché de référence, l’effet global peut se révéler catastrophique, en particulier quand des décisions similaires sont prises dans un laps de temps très court par l’ensemble des intervenants.

Par exemple, les arbitrages en matière de répartition du travail (délocalisation ou substitution de la machine à l’homme) peuvent affaiblir considérablement la demande dans une région du monde sans recréer une demande correspondante dans d’autres régions. L’individu mis sous pression par une stagnation ou une baisse de ses revenus procède à un arbitrage en fonction de ses contraintes propres, mais aussi d’un ordre de préférence dans sa consommation personnelle. En dernier ressort, les choix du consommateur résultent de la nécessité, mais aussi des actions de communication des entreprises. Le marketing et la publicité ne sont pas seulement vecteurs d’une concurrence entre des produits plus ou moins similaires, ils sont aussi porteurs d’une concurrence entre produits de nature différente. Ce n’est pas le choix d’un produit par le consommateur qui est en jeu, ce sont ses arbitrages. Les variations violentes observées sur certains produits et la simultanéité des comportements reflètent un jeu à somme quasiment nulle dont le véritable enjeu est la redistribution des cartes entre secteurs et régions.

Les grands auteurs d’une pensée économique alternative adoptent d’emblée une vision macro-économique, ils échappent ainsi aux limites imposées par l’hypothèse de rationalité des acteurs. Pour les marxistes, les déterminants de l’analyse sont les comportements de groupes (les classes sociales) considérés comme un tout. Il y a confrontation entre ces groupes de par leur position relative dans les rapports de production. Pour Keynes, le marché est analysé comme un tout, où les dysfonctionnements sont liés à une allocation qui n’est pas optimale des ressources, ce qui invalide d’emblée l’idée d’une rationalité des acteurs, ce qui conduit à la nécessité de l’intervention de l’État pour contrebalancer les déséquilibres.

Toutefois, ces analyses n’échappent pas totalement aux chausses trappes tendues par les grands penseurs de l’économie classique. Elles tentent de mettre en équation le lien entre l’action des acteurs individuels et le résultat collectif. Au-delà de déterminants historiques, un certain nombre de déterminants « transcendants » sont invoqués pour expliquer la convergence des comportements : le fétichisme de la marchandise (ou du spectacle pour les situationnistes) et la recherche du veau d’or pour Marx. Les variations observées dans l’économie réelle incitent d’autres grands noms à recourir au même subterfuge : Keynes invoque ainsi « l’esprit animal », la préférence pour la liquidité ou la « loi de la psychologie fondamentale ».

Faute de prendre en compte ou d’expliquer clairement ces déterminants collectifs, il y a incompréhension partielle des ressorts de l’action politique. L’investissement de l’État doit-il être pris en compte pour ce qu’il est, une dépense publique qui aurait un effet démultiplicateur, ou faut-il considérer la dimension de rééquilibrage des rapports de force qui s’opère dans un contexte de départ défavorable aux salariés ? La capacité de l’économie capitaliste à durer dans le temps en dépit de crises à répétitions pose aussi le problème de l’acceptation. Pourquoi les révolutions n’ont-elles pas été plus fréquentes ?

On en revient aux normes collectives qui guideraient à la fois l’objet et les niveaux d’attentes pour l’ensemble des acteurs du système et qui induiraient l’acceptation d’un système social et politique par essence inégalitaire. Mais cette analyse en normes collectives peut tout aussi bien s’appliquer à la théorie classique. Le comportement des acteurs serait rationnel avec toutes les limites déjà évoquées sur ce point précis, mais cette rationalité se définirait par rapport à un niveau d’attente totalement irrationnel pour plusieurs raisons. La première, c’est que dans la mécanique des normes collectives, c’est le comportement du groupe le plus dynamique qui fonde la norme, alors que l’environnement propre à ce groupe et sur lequel se fondent ses attentes a une portée limitée à ce groupe. Autrement dit, un niveau d’attente pour un groupe limité d’individus ou d’entreprises peut être considéré comme rationnel compte tenu du contexte propre à ce groupe, et il peut être totalement irrationnel pour le groupe voisin. La généralisation d’une norme de profit élevé par exemple ne devrait pas avoir le même impact pour une entreprise industrielle, une société financière ou un artisan. La deuxième, c’est que l’agrégation d’attentes individuelles cohérentes ne donne pas forcément une attente collective cohérente, ou du moins la demande peut présenter des variations erratiques. La troisième, c’est qu’il y a interaction entre rapport de forces et attentes. Certains acteurs parviennent à imposer à l’ensemble de la société leurs finalités, à établir une hiérarchie des normes collectives.

La cohérence des attentes issues des normes collectives serait implicitement la principale mission du politique, seul à même de garantir une cohésion de la société. Faute d’avoir saisi l’essence même de cette mission, le personnel politique n’a fait que se recentrer sur une perception qui lui était propre de son rôle. Gouverner, ce n’était plus prévoir ou orienter, c’était conquérir le pouvoir et s’y maintenir, ce qui renvoie à une autre norme collective, celle du pouvoir. L’irruption de la crise à l’orée des années 70 a laissé le personnel politique totalement désemparé. Ce qui se passe entre deux élections est une question de circonstances et de propagandes. L’ensemble du personnel politique a assimilé ce nouvel environnement et cherche avant toute chose des circonstances favorables à sa réélection. Bien au-delà des considérations sur le chômage ou les grands indicateurs économiques, la croissance leur semble être la meilleure option pour obtenir ces circonstances favorables. Là encore, il se construit un comportement qui peut sembler rationnel sur la base d’un objectif irrationnel. Toutes les mesures prises pour favoriser l’économie contribuent à cette hiérarchie des normes, avec au sommet la norme de production et la norme de profit. Cette hiérarchie des normes, à l’opposé de la mission du politique conduit à une désaffection croissante de ces derniers par les citoyens.

Il est intéressant de noter que la construction européenne est l’une des composantes de la norme de pouvoir. L’Allemagne dont les dirigeants bénéficiaient à l’époque du contexte le plus favorable (en termes de croissance et de taux de chômage) à leur réélection a su imposer une partie de leurs recettes à l’ensemble des pays de la zone euro. Le rapport de force qui a permis cette généralisation de la politique allemande aux autres pays ne tient pas seulement au poids relatif de l’Allemagne en Europe, il relève aussi d’un mécanisme similaire à celui des normes collectives : l’acteur ou le groupe d’acteur le plus dynamique sert de référence aux autres acteurs. Ces recettes étant totalement inadaptées dans la plupart des autres pays européens, elles ont fragilisé le personnel politique, déstabilisé progressivement les pays les plus fragiles jusqu’aux événements que l’on sait.

Cette hiérarchie des normes qui s’est construite sur la base d’une incapacité politique n’a pas seulement donné des ailes aux acteurs dominants de l’économie, elle a accentué un mépris croissant vis-à-vis du personnel politique, entretenu par la facilité avec lequel celui-ci s’est laissé convaincre, voire corrompre directement ou indirectement. La théorie classique attribue aux élites économiques des qualités exceptionnelles(iv) qui leur permettent de mettre en oeuvre une organisation efficace en vue d’atteindre un objectif précis. Aux yeux des élites économiques, dans le cas improbable où le personnel politique présenterait les mêmes qualités, il reste tributaire du suffrage des électeurs et obligé de composer avec cette contrainte dans un état démocratique, ce qui limite son efficacité. La proximité de certains grands penseurs néo-libéraux avec l’extrême droite n’était pas une coïncidence. Quand l’échec des partis traditionnels devint patent, avec le soutien de plus en plus marqué d’une partie du monde économique et des médias, l’accession au pouvoir de cette dernière ne fut pas le fruit du hasard.

Cette sombre période de troubles et de catastrophes locales s’est achevée par le retour au pouvoir d’un personnel politique conscient de ses missions. Aujourd’hui encore, alors que nous vivons sur un ensemble de règles simples, mais extrêmement strictes qui permettent de maintenir l’équilibre des rapports de force et de cantonner les aspirations individuelles et des entrepreneurs dans des limites qui ne nuisent ni à l’intérêt de l’ensemble des citoyens, ni au bien commun, cette situation nous semble incompréhensible, le témoignage d’une époque barbare.

Bien sûr, la généralisation d’un mode de fonctionnement négocié ne va pas toujours sans heurt, le consensus est bien plus rare que le compromis. Mais dans un monde où nul ne craint d’être victime d’un rapport de force trop défavorable (dans les temps anciens, on évoquait l’abus de pouvoir qui était une pratique courante et qui n’était réprimé que dans ses formes les plus extrêmes) ce mode de fonctionnement permet au moins aux passions et aux pulsions de s’exprimer avant que la voie d’une raison collective ne l’emporte, à défaut d’une rationalité individuelle fantasmée.

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(i): De temps à autre, certains auteurs ont tenté de fonder leur croyance par le recours à la raison

(ii): Comme le théorème d’Arrow Debreu qui écarte les équations traditionnelles et utilise la topologie pour une démonstration mathématique de l’équilibre général

(iii): Sans compter le fait que les prix n’obéissent pas à la loi de l’offre et la demande, mais à des différences de statuts et le nombre d’offreurs et de demandeurs

(iv): Les qualités évoquées précédemment évoquées dans ce texte : esprit d’entreprise, goût du risque.

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