Réflexions sur la généralisation de la flexibilité des parités, par Jean-Michel Naulot

Billet invité, en réaction au 2ème billet de la série « Le système monétaire idéal de John Maynard Keynes »

Juste deux mots de commentaire sur votre excellent article sur le glissement vers la flexibilité des changes (voulue par Friedman dès les années 50).

J’ai un souvenir très précis à propos des swaps de change. Un mois après être entré à la Banque de Suez, en avril 1974, j’avais reçu un cours sur les swaps de change par Jean-François Lepetit qui considérait qu’un marché considérable allait s’ouvrir pour les banques suite à la décision du 15 août 1971. Peu de temps après, Jean-François créait la première « table de marchés » sur la place de Paris. Et au début des années 80 nous avons fait les premières options de change sur le yen avec un grand groupe français opérant dans le luxe.

Le système des changes flexibles entre États souverains s’est progressivement étendu au monde entier, à l’exception d’une région, la zone euro. Dans les années quatre-vingt-dix, certaines régions du monde avaient encore des parités fixes. C’était le cas du sud-est asiatique avec le PEG qui a volé en éclat en 1998, de l’Argentine, etc. Le SME (système monétaire européen) lui-même avait plus ou moins volé en éclat en 1993 puisque les marges de fluctuation avaient été étendues à 15 % (soit 30 %… quelques années avant la monnaie unique !)

Comment peut-on résister à la généralisation de la flexibilité des parités quand dans le même temps la liberté complète de circulation des capitaux, instaurée à partir des années soixante-dix/ quatre-vingt, ET la création ad libitum de liquidités ont donné une force terrible à la spéculation ? Le seul fait d’introduire de la fixité attire la spéculation. C’est le cas en zone euro puisque la fixité des changes a exigé en contrepartie la flexibilité des coûts de production. Sinon la spéculation s’empare de la dette souveraine. C’est pour cette raison que la zone euro est contrainte d’opérer les ajustements par la dévaluation interne, un système d’autant plus violent que l’étalon de la zone, les excédents courants allemands, fixe la barre à un niveau très haut. Un système qui a sa logique économique et monétaire mais qui est humainement insupportable. Dans le monde des parités flexibles, l’euro est devenu une anomalie.

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