Sous-traiter aux machines nos capacités intellectuelles, par Stéphane Feunteun

Billet invité.

Sur la vidéo « Paul Jorion pense tout haut » du 17/9, Paul évoque vers 15m30s une possible meilleure expression pour la désintellectualisation résultant de la délégation des tâches complexes aux ordinateurs.

Je suggère d’inscrire ce phénomène dans un concept plus général qu’on pourrait appeler « externalisation ».

Ce terme, emprunté à l’industrie, désigne le fait qu’une entreprise décide de sous-traiter, ou acheter à l’extérieur, une partie d’activité auparavant assurée en interne à l’entreprise. Cela peut aller d’opérations de câblage électrique à des tâches comptables, voire des travaux de développement produit ou des changements organisationnels de l’entreprise elle-même. En théorie, l’entreprise doit conserver la maîtrise de son « coeur de métier » ainsi que toutes les capacités de contrôle et de décision, mais en pratique il s’avère que les risques ont généralement été sous-estimés lors de la prise de la décision d’externalisation. Plus exactement, sur le long terme les divers coûts liés au contrôle – ou à la perte de celui-ci – peuvent devenir supérieurs à l’avantage financier immédiat procuré par l’externalisation. Une réintégration de la fonction peut alors être envisagée, mais elle est souvent difficile car l’entreprise doit recréer la structure, le savoir-faire et les protocoles d’échange en interne. Cette difficulté est augmentée si la fonction a évolué différemment de la société-mère pendant la période d’externalisation.

La désintellectualisation évoquée par Paul Jorion me semble présenter beaucoup de similitudes avec la perte de savoir-faire pouvant résulter de l’externalisation.

Ainsi nous pouvons être tentés de croire que nous – humains – n’avons jamais été aussi cultivés qu’aujourd’hui, mais c’est évidemment faux. Ce qui est vrai est que nous avons accès à une quantité d’informations incroyablement plus étendue qu’avant, mais en aucun cas (ou presque) nous ne sommes nous-mêmes plus cultivés, ces informations étant stockées à l’extérieur de nos cerveaux.

Faisons le parallèle avec la force physique: du temps des chasseurs-cueilleurs nous ne pouvions compter que sur notre corps, qui devait alors être très puissant et endurant. Puis nous avons externalisé cette force, d’abord avec les animaux de trait, puis avec les machines. Aujourd’hui une personne de 50kg peut manœuvrer un camion de 38 tonnes. Nous n’avons quasiment plus besoin de nos muscles que pour nous déplacer sur de faibles distances et actionner diverses commandes de machines. Nos muscles sont encore là, mais en quelque sorte, atrophiés.

Ne serions-nous pas en train de reproduire ce schéma avec l’intelligence artificielle et la robotisation? je veux dire externaliser notre mémoire et nos performances intellectuelles ?

Avec la généralisation de l’écriture et surtout de l’imprimerie, nous avons perdu – je pense – pas mal de capacités de mémorisation. Plus récemment avec les machines à calculer c’est un peu de notre agilité mentale qui est partie. À l’ère du numérique allons-nous déléguer aux machines le reste de nos facultés? Quel sera – s’il en reste un – le territoire mental qui nous permettrait de garder le contrôle, nous, corps aux muscles atrophiés et au cerveau ralenti ? Y a-t-il un niveau supérieur de l’intellect où nous pourrons nous réfugier? Sans culture (puisqu’externalisée, à terme) que peut devenir la conscience de nous-mêmes, individus, communautés, sociétés, espèce ?  … ça devient la planète des singes, avec des robots à la place des singes.

Notons que nos capacités n’auront pas disparu, mais seront « en latence », comme plus de 90% de notre ADN, d’ailleurs. Mais en pratique cela revient au même (disparu ou latent) car on ne maîtrise pas consciemment les processus de réactivation, et d’autant moins pour ce qui concerne les fonctions peu ou pas utilisées.

Cette tendance me paraît plausible car j’ai remarqué que mon cerveau, par exemple, était très enclin à se décharger des tâches ennuyeuses dès qu’il en a l’opportunité. Après, s’il faut réapprendre, ou se réhabituer à des conditions moins confortables, c’est une autre paire de manches.

L’externalisation de nos capacités intellectuelles paraît donc suivre logiquement l’externalisation de nos capacités physiques ; c’est de la sous-traitance aux machines, visant à l’amélioration de notre confort matériel en nous libérant de tâches ingrates ou difficiles. Mais qu’advient-il lorsque nous commençons à leur déléguer les fonctions d’organisation et de contrôle ? La satisfaction immédiate de nos désirs deviendra-t-elle le seul but de nos existences ? Ne prenons-nous pas ainsi le risque d’être surexploités par une classe dirigeante qui aura pu garder la maîtrise de quelques fonctions clé, avant d’en être elle-même dépossédée par l’intelligence artificielle devenue plus puissante ?

Le « cerveau global » ne serait alors pas un niveau supérieur de la conscience humaine, mais un contrôle global passé à un niveau que nous ne pourrons plus maîtriser, et dont nous n’aurons peut-être même pas conscience.

Avant de faire des extrapolations futuristes douteuses, nous pouvons vérifier autour de nous si ce concept d’externalisation peut s’appliquer à d’autres structures :

– à l’échelle des nations: la délocalisation de nos productions industrielles dans les pays dits émergents en est certainement une forme ; le « transfert de technologie » étant plus ou moins volontaire ou maîtrisé,

– dans l’organisation sociale : la délégation de pouvoir, la représentation politique, la hiérarchisation et les systèmes de contrôle et de maintien de l’ordre…

En remontant dans le temps, on pourrait dire que cette externalisation des compétences a commencé avec la spécialisation des tâches. Que ces tâches externalisées – et les opérations de contrôle correspondantes – soient effectuées par d’autres humains, par des animaux, par des machines, ou par toute autre entité extérieure, ne correspondrait qu’à un ordre de grandeur, une vitesse, une puissance…

– au niveau des compétences individuelles : chacun peut constater que dans un temps pas si ancien les gens devaient savoir faire un grand nombre de choses pour assurer le quotidien. Face aux impératifs de rentabilité, nous avons dû nous concentrer sur notre spécialisation propre, et confier à d’autres la comptabilité, la construction de notre maison, la production de notre alimentation…

La société, l’économie, pourraient être vues comme un enchevêtrement de fonctions externalisées, de plus en plus intriqué et complexe à mesure qu’augmente le degré de spécialisation, et avec lui le degré de dépendance de chacun au bon fonctionnement de l’ensemble. À partir de quel point le contrôle devient-il impossible ?

– au sein même des individus : nos cellules ont toutes le même ADN, mais chacune est spécialisée et dépend de « toutes les autres » ; c’est l’équilibre général qui compte. Les boucles de contrôle sont très nombreuses et réparties de manière à assurer le fonctionnement de l’ensemble dans un environnement changeant.

J’arrêterai là cette suggestion d’extension du concept d’externalisation, réflexion volontairement non documentée et pas très structurée ni aboutie, car moi aussi je revendique le droit de « penser tout haut » ! (quitte à enfoncer des portes ouvertes ou dire de grosses bêtises).

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86 réponses à “Sous-traiter aux machines nos capacités intellectuelles, par Stéphane Feunteun”

  1. Avatar de juannessy
    juannessy

    La mise en perspective est tellement séduisante qu’elle a du sans doute être documentée et discutée ailleurs . Attendons l’écho .

    A chaud , je dirais que l’externalisation en fractale ,est nécessaire si ,et seulement si,elle participe de la survie et de la meilleure vie de l’individu ou de l’organisme vivant qui « l’émettent » .

    Elle n’est pas une finalité mais un moyen .

    Elle devient un moyen à proscrire dès lors qu’elle ne remplit plus son objectif  » final » , ou n’ y parvient provisoirement qu’au prix d’une dégradation du vivant ,ou de la mort de « l’autre », ou devient une force hors contrôle ( démocratique ?) de l’organisme émetteur .

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      « été documentée.. »

    2. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      Merci Juan,
      je ne sais pas dans quelle mesure l’externalisation est un acte volontaire. La répétition du schéma à différentes échelles pourraient laisser supposer qu’il s’agit d’une « stratégie » (au sens de la théorie de l’Evolution) visant à la survie d’un ensemble donné. Mais peut-être est-ce un « effet d’optique ».
      Comme vous le dites, cela a certainement déjà été étudié, dans une appellation différente. Le terme « externalisation » m’a juste paru explicite et adapté.

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Paul Jorion nous ayant indiqué que l’acte volontaire ( conception/décision/action) n’existe pas ,on sera alors tenté de penser que plutôt que  » d’évolution » stratégique au fil de l’eau , cette « pente » serait appréciée par notre inconscient individuel et/ou collectif .

        Il nous reste à fonder la vague croyance que notre inconscient est « stratégique ».

        Je note par contre que si l’on assimile externalisation avec délégation ( sinon « dévolution » pour faire un mauvais clin d’œil vers l’évolution ) , il y a des règles strictes à la délégation :

        – on ne délègue jamais ce qui est stratégique

        – on ne délègue que ce que l’on sait contrôler ( jamais de  » je me livre en aveugle au destin qui m’emporte » ).

        Autrement récapitulé : une externalisation réussie serait une tendance inconsciente, dans un environnement où nous serions en capacité de savoir ce qui est stratégique (c’est le but de la démocratie et de la politique ) , et ce que nous savons contrôler.

      2. Avatar de Averell
        Averell

        L’externalisation des fonctions physiques humaines puis cognitives a notamment fait l’objet d’une fort jolie conférence de Michel Serres à l’INRIA.
        Le soucis récent est la mise en garde (un article récent dans « The independant » ou en archives sur « wired.com » avec « Why the future doesn’t need us ») de l’arrivée de machines intelligentes (au sens de plus intelligentes que la majorité des êtres humains puis plus que n’importe lequel d’entre nous).
        On peut imaginer la prise de contrôle progressive de nos décisions collectives par « ceux qui savent le mieux » (nous ne laissons pas nos enfants décider à notre place fort justement) et une dérive vers des mondes où nous serions marginalement décideurs puis simplement acteurs.
        Une éventualité qui aurait autant d’impact que la rencontre avec une race extra-terrestre, qui fait peu débat malheureusement.

      3. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        Merci Averell,
        très élégante conférence de Michel Serres, effectivement, que j’encourage tout le monde à visionner (durée: 1h04m): http://youtu.be/ZCBB0QEmT5g

        Il y traite de la nature du couplage entre l’information et son support, et essaye à partir d’une mise en perspective historique très brillante, de voir quelle est la nature du nouveau couplage en train de se mettre en place avec l’avènement du numérique, et quelles pourront être ses incidences sur les structures mentales et sociales (pour le dire vite).
        Entre parenthèses, il évoque à partir de 42m55s l’externalisation de la mémoire et d’autres facultés. Sa conclusion porte sur « l’endroit où nous pourrions nous réfugier », sa réponse est: l’inventivité.

        Mon approche a été -beaucoup plus humblement- de m’interroger sur la nature des fonctions que nous externalisons, et évaluer -sans aucunement nier les gains- les pertes et les risques encourus quand il s’agit de fonctions touchant au contrôle. Je ne suis pas sûr que l’inventivité soit un territoire préservé.

      4. Avatar de Tigue
        Tigue

        Un exemple de délégation de fonctions essentielles (digestion synthèse de certains sucres, fabrication de certaines vitamines , éducation du système immunitaire …) est constitué par l’ écosystème des bactéries vivant a l état physiologique dans le corps humain
        http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Microbiote_de_l'organisme_humain
        Il y a 10 fois plus de bactéries que de cellules humaines (au moins 10 fois plus).
        Les mitochondries dérivent des bactéries et ont pour fonction la synthèse de l énergie .
        http://www.bbc.co.uk/programmes/p01lqqw5

      5. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        @ Tigue,
        l’approche par les symbioses peut en effet être riche d’enseignements car les différents types d’association y sont bien documentés.
        http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Symbiose
        Il faut toutefois rester prudent et examiner les possibles analogies avec notre propre organisation avec un maximum de circonspection.

  2. Avatar de ,vigneron
    ,vigneron

    Avec la généralisation de l’écriture et surtout de l’imprimerie, nous avons perdu – je pense – pas mal de capacités de mémorisation.

    Partant de ce type de croyances, on comprend mieux les angoisses anticipées qui semblent vous étreindre.

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      PYD a aussi relevé et remis en vérité historique .

      A la « décharge » de Stéphane ,j’imagine qu’il voulait signifier qu’un cerveau qui n’est plus « entrainé » à la mémorisation perd des capacités sur cet aspect là .

      Dans la mesure où le cerveau est un organe « comme un autre », le fait est alors exact ,et les exemples ne manquent pas pour démontrer que globalement la mémoire propre de nos ancêtres était supérieure à la notre ,stimulée en particulier par la tradition de la transmission orale .

      Mais il faut déjà pouvoir se souvenir des ancêtres !

      Mais sur le fond ,il est alors plus « stratégique » de définir ce dont il est bon qu’on se souvienne .

      1. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        La référence à l’écriture était périlleuse, c’est pourquoi je me suis limité à cette formule lapidaire. Les « gains » apportés par l’écriture ont évidemment été multiples et très importants, comme le soulignent plusieurs commentaires ici.
        Mon intention était de souligner que le « stockage externe » modifie notre mode de pensée, en altérant certaines fonctions, sans pour autant nier l’apport extraordinaire dont nous pouvons profiter.
        Peut-être aurais-je dû me limiter à l’exemple de la liste de courses ou autres mémos, qui nous font payer le confort apporté par une diminution de nos capacités de mémorisation.

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        La journée du patrimoine de ce jour , par laquelle j’ai pu suivre une visite du château de Portes dans les Cévennes ,m’a donné l’occasion de trouver une recette infaillible contre les pertes de mémoire .

        La recette était affichée dans la chambre de la marquise du lieu ( les 80 chasseurs n’étaient pas là bien que l’ouverture ait déjà eu lieu ) . Il faut :

        – faire macérer des feuilles d’orties pilées pendant 7 jours
        – mélanger avec deux volumes d’huile d’olives;
        – se masser la poitrine et les tempes avec la mixture ,chaque soir pendant trois semaines .

  3. Avatar de juannessy
    juannessy

    Sur le bon fonctionnement de l’ensemble ,et le point de contrôle au delà duquel ça dérape , François Leclerc pourrait sans doute se livrer à un exercice de recherche d’analogie avec l’emballeent d’un réacteur nucléaire ?

    1. Avatar de François Leclerc

      Mes connaissances en physique nucléaire sont hélas beaucoup trop modestes pour cela !

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Il faut sous traiter ….

  4. Avatar de Antoine
    Antoine

    Mon point de vue: la recherche à tout prix d’en faire le moins par soi -même conduit à l’abêtissement gouverné par notre instinct de survie et de domination. Résultat l’homo sapiens se bat pour jouir de la béatitude de l’homo erectus si l’on s’en tient à une évolution à la Darwin.

    Sinon, on peut plutôt y voir le mythe de l’Atlantide, relayé par l’Arche de Noé, ce vers quoi mon cœur penche. En d’autres termes, il s’agirait d’une perte de sens et de repère de l’humain pour une destruction prochaine et une renaissance.

  5. Avatar de Jacques Seignan
    Jacques Seignan

    Merci Stéphane d’avoir pensé tout haut ! Ce concept d’externalisation me parait riche.

    Ces préoccupations rejoignent celles de bien d’entre nous et j’ai cette intuition depuis que l’informatique a fait ces fantastiques progrès car un seuil est franchi.
    L’externalisation de nos compétences nous accompagne depuis le grand tournant néolithique je suppose… Lors de l’invention de l’écriture il y a eu déjà ces questions sur la perte de nos capacités mémorielles (il faudrait retrouver les célèbres citations à ce sujet…). Mais ce qui me semble nouveau dans ce processus en marche est exactement celui que vous décrivez : le risque de la dépossession, d’une incapacité individuelle et au final d’une menace sur ce qui fait le simple bonheur de vivre. D’où le succès croissant d’activités hors externalisation : marche, cuisine et autres. Quelqu’un qui n’utiliserait que sa voiture et des ascenseurs court un risque physique. De même les correcteurs orthographiques qui pour le moment n’ont pas accès à la sémantique sont une source de destruction de la langue écrite quand comme le français elle a pris une grande autonomie par rapport à la langue orale (d’où ces confusions extraordinaire : le candidat sert des mains (sic ) lu dans un journal de référence). un dernier exemple est celui des traducteurs automatiques. On est entrain de passer ce message illusoire que sans apprentissage mémoriel on aurait accès à une autre langue et que des béquilles dans un smartphone nous permettraient de communiquer sans efforts… et au prix du plaisir d’une découverte personnelle.
    Je me demande si un jour nos enfants ne vont pas finir par nous reprocher de ne pas les avoir avertis de ce grand danger car — je ne sais si c’est votre cas — j’ai l’âge d’avoir connu une époque où la mémorisation était nécessaire, le calcul pratiqué à la main etc. Et je ne le regrette pas même si comme tous je vais souvent consulter Google pour vérifier un point oublié …
    Avons-nous le temps et la capacité d’éviter ces problèmes cruciaux qui sont voulus par nos Maitres et aussi par nous tous sans le vouloir vraiment…?
    Un film illustre bien ce phénomène : Wall-e dans lequel des humains reviennent sur Terre et réapprenant à marcher.

    1. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      Merci Jacques,
      mon instituteur de CM1, au tout début des années 1970, nous disait que son métier consistait à faire de nous autre chose que des « presse-boutons ».

      J’ai le souvenir qu’à cette époque les thèmes touchant à l’avenir de la société (en général) étaient très présents et discutés publiquement, alors même que « l’ascenseur social » fonctionnait à plein.
      Les chocs pétroliers ont inversé cette tendance, et permis l’avènement de la religion féroce.

  6. Avatar de Julio Béa
    Julio Béa

    L’externalisation vaut dans des contextes précis, le plus souvent là où des paramètres masqués ne sont pas pris en compte. Il est possible de vivre avec des finances réduites quand d’autres armées garantissent la sécurité des territoires. Il y a peu le Roi faisait payer les provinces pour leur sécurité – comme n’importe quelle mafia ! Aujourd’hui il garantit la sécurité de territoires qui le ruinent en retour – mais il parait que ça arrange quelques princes : Jersey, Andorre, Monaco, Luxembourg, etc… Il en va de même en écologie. Ou bien vous savez gérer les conditions sanitaires de votre territoire écologique et peste, choléra, tuberculose s’y accrocheront moins; ou vous ne savez pas le faire et de nouvelles grippes et autres Ebolas y naîtront forcément plus ou moins rapidement. Donc externaliser dans des territoires pollués n’a aucune chance d’améliorer la vie des paradis fiscaux. Car, soyons clair, le reste du monde continuera à être mis en coupe par les prêtres de cette féroce religion : ils sont incapables de se mettre eux mêmes au régime : ils sont illettrés!

  7. Avatar de Nyssen
    Nyssen

    Apprendre, se cultiver demandent un effort mais l’être humain est peu enclins à l’effort qui lui paraît gratuit (à moins d’y être contraint?)
    L’analyse de Stéphane Feunteun laisse perplexe, ne sommes-nous point en train de nous orienter vers une société qui fonctionnerait comme les abeilles? individuellement elles ne sont que peu de chose mais l’intelligence globale de la ruche fait qu’elle produit du miel, miel à l’avantage exclusif de l’apiculteur qui détient le contrôle total…..!?

  8. Avatar de Wizkin
    Wizkin

    Très intéressant. Le mouvement inverse, en réaction à cette externalisation à outrance me semble proche de la « réappropriation » définie par David Manise sur son blog : http://www.davidmanise.com/reappropriation/

  9. Avatar de Lucas
    Lucas

    « 0 1 0 1, krrr
    Les êtres humains ont mis un terme sur leurs obsolescence, ils disent , « externalisation ».
    0 1 2 0 1 2, à vous, krrr »

  10. Avatar de alinber

    Cette réflexion

    volontairement non documentée et pas très structurée ni aboutie

    m’interpelle quelque part, où je ne saurais plus le dire.
    J’ai d’abord marqué un temps d’arrêt sur le terme externalisation qui me renvoyait à l’industrie, ce qui me déplaisait de prime abord, avant de poursuivre la lecture et me rendre à l’évidence que ce terme était très judicieument choisi.

    Le « cerveau global » ne serait alors pas un niveau supérieur de la conscience humaine, mais un contrôle global passé à un niveau que nous ne pourrons plus maîtriser, et dont nous n’aurons peut-être même pas conscience.

    Il me semble que bon nombre d’entre nous sont déjà dans cette situation, pas que nous soyons inconscient, mais ne sachant comment reprendre le contrôle de cet imbroglio.

    À partir de quel point le contrôle devient-il impossible ?

    Votre texte m’apparaît fondamental.
    Ce qui est en jeu
    Le choix est-il encore possible ?
    Sommes-nous prêt à payer le prix ?

  11. Avatar de daniel
    daniel

    Scandaleux.
    Faudrait employer des mots plus parlants et plus savant; pour l’instant, j’exprime mon rejet total,
    instinctif du contenu. Un cri de refus. A gerber.
    L’ Homme est un. Il n’y a pas de race, pas de distinction de groupe, pas de « supérieure ».
    Il y a des individualités et des cultures différentes.

    L’eugénisme est un crime contre l’Humanité.
    Surtout quand cette fausse science est mise au service d’objectifs politicards ou criminels.
    Galton est mort, ridiculisé. Sans oublier les équivalents français dont certains ont inspirés l’aile nationaliste et pré-nazis dans l’ Allemagne d’avant 1914. Ellis Island est fermé.

    J’ai toujours trouvé bizarre le peu de réaction de l’opinion publique quant à la liberté de circulation des capitaux, garantie par traités en Europe, opposée à l’entrave légale mise à la libre circulation de certains européens dans cette même Europe, entrave partiellement levée cet été.
    Ce simple exemple montre que la protection contre la pourriture intellectuelle – celle défendue par ce site- n’est pas une donnée certaine.
    Et il y en a encore, qui se disent « hommes », qui croient benoitement que les femmes sont majoritairement inaptes à la technique ou aux mathématiques !

    Réveillez-vous. Nous sommes tous semblables, avons tous le même potentiel culturel, avons tous des aptitudes particulières qu’il s’agit de développer.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Le commentaire de Daniel portait sur une référence donnée par un commentateur (dont le texte avait curieusement échappé à la modération) renvoyant à un site dont le fonds de commerce est le racisme distillé sur un mode pseudo-scientifique.

      À l’époque où j’étais aux Etats-Unis je m’en étais pris à une des vedettes de cette pseudo-science et j’avais eu ma petite heure de gloire grâce à mon article. J’avais en particulier reçu une lettre de félicitations du Center for Conflict Resolution.

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Comme apparemment le commentaire a été scratché , j’ai de la peine à suivre …

        1. Avatar de Lucas
          Lucas

          @juannessy

          Sur le site partagé, l’intelligence et le QI des 10 races qui composent l’espèce humaine était dû au climat et pour exemple, la race noir était bête, voilà..

      2. Avatar de Philippe Soubeyrand
        Philippe Soubeyrand

        Preuve est faites s’il en est que la sous-traitance aux machines, telles que le moteur de recherche de Google, de nos capacités intellectuelles, n’est pas la solution…

        1. Avatar de Lucas
          Lucas

          « ceci explique cela »! 🙂

      3. Avatar de Q.I.
        Q.I.

        Le principe même de Q.I. est « un mode pseudo-scientifique » et surtout les conclusions qu’on en tire sont ridicules et dénotent un esprit élitiste et borné… que l’on s’en serve pour « soupeser » la différence de capacités entre afro-américains et caucasiens ou entre individus issus de la filière scientifique et ceux venants du littéraire (par exemple) ne change rien à l’imbécilité de l’expérimentation et à l’extrémisme de cette croyance en ce genre de méthode de division des populations, devenue quasi religieuse…. et je m’étonne de voir que votre article, loin d’aborder la chose, se contente d’invalider la méthode utilisée pour trier les populations testées… laissant supposer que le problème viendrait uniquement de là… et que du même coup, on pourrait, si le travail était correctement fait, conclure par exemple, de manière scientifique, que nous avons pu observer que les inuits étaient 18 points plus bêtes que les orques… ou que les directeurs du FMI étaient 23 points plus intelligents que les sourds et muets… Bref, un système d’une incongruité absolue…
        Drôle de manière de lutter contre un certain racisme blanc/noir que de laisser se développer une vision du monde ainsi hiérarchisée et tout autant « ségrégationniste »…
        Nous ne sommes pas que des machines, Paul…

        1. Avatar de Q.I.
          Q.I.

          Mon post répondait au commentaire de Paul Jorion ( n°28) et à son article intitulé:
          INTELLIGENCE AND RACE: THE HOUSE OF CARDS
          Book Review of Jensen on Intelligence-g-Factor

          Paul Jorion
          21 septembre 2014 à 04:58
          Le commentaire de Daniel portait sur une référence donnée par un commentateur (dont le texte avait curieusement échappé à la modération) renvoyant à un site dont le fonds de commerce est le racisme distillé sur un mode pseudo-scientifique.

          À l’époque où j’étais aux Etats-Unis je m’en étais pris à une des vedettes de cette pseudo-science et j’avais eu ma petite heure de gloire grâce à mon article. J’avais en particulier reçu une lettre de félicitations du Center for Conflict Resolution.

          1. Avatar de Q.I.
            Q.I.

            Décidément il y a un problème avec le bouton « Répondre » qui ne place plus la réponse sous le post correspondant… problème de sous-traitance ou émancipation de la machine enfin libérée…?

            1. Avatar de Un lecteur
              Un lecteur

              @Q.I
              Nous, être humain, échangeons sur le mode sériel asynchrone, contrairement aux machines qui doivent leurs vitesses à l’exécution synchrone des périphériques avec le CPU. IBM travaille (parmi d’autres) à éliminer cette différence.

              1. Avatar de Lucas
                Lucas

                Oui hé bien il faudrait qu’ils se mettent au yoga chez IBM, regarder pendant 4 heures un étang peut permettre de comprendre bien des choses, notamment qu’il faille faire attention à ce que l’on entreprend.

        2. Avatar de Tigue
          Tigue

          Montrer l’ erreur dans la méthodologie d’ une étude n’ est qu’ une étape pour démolir ce genre de discours fallacieux. C’ est finalement la methode la plus concise, car faite dans le même langage (scientifique).
          Elle a visiblement été suffisante et Paul n’ a pas eu besoin d’ aller plus profondément dans la vase pour faire taire la bête.
          Une autre attitude (genre tremolos) aurait peut etre été moins efficace sur ce public là, à commencer par le reviewer de l’ article qui s’ est probablement fait avoir et qui de toutes façons n’ aurait pas du publier ce truc toxique, et aurait du se méfier (cette position est obligatoirement fausse : y’ a forcément une Couille dans le potage…)

    2. Avatar de Nyssen
      Nyssen

      @daniel Concernant le Marché Unique, la méfiance des citoyens européens s’accroît selon une enquête Eurobaromètre: http://www.robert-schuman.eu/fr/questions-d-europe/0312-la-libre-circulation-des-personnes-au-sein-de-l-union-europeenne-principe-enjeux-et-defis
      Pour ce qui est de la libre circulation, la directive 2004/38/CE est d’application depuis qu’elle a été transcrite dans le droit national: http://europa.eu/legislation_summaries/internal_market/living_and_working_in_the_internal_market/l33152_fr.htm
      En cas de difficultés dans l’application, il est possible de faire appel au réseau Solvit:
      http://ec.europa.eu/solvit/what-is-solvit/index_fr.htm
      L’aide de ce réseau est surtout utilisée par les entreprises, les citoyens européens, par manque d’information sans doute, n’y font que peu appel.
      Personnellement, citoyen de l’Union européenne, résidant dans un pays autre que celui de ma nationalité, j’ai été confronté à de grosses difficultés pour l’obtention du permis de séjour de mon épouse ayant une nationalité autre que celles de l’Union.
      Arguant,face à l’un des fonctionnaires de la préfecture, de l’obligation au respect de la directive 2004/38, celui-ci a répliqué « la directive, j’en ai rien à faire, j’applique les directives de ma hiérarchie de France… »
      L’Europe pour et par le citoyen, c’est pas encore gagné!

  12. Avatar de Lazarillo de Tormes

    Merci à Stéphane d’avoir capturé au vol ce bref et significatif instant du dernier « le temps qu’il fait »

    Ce mouvement d’externalisation se rattache selon moi aux notions de « human enhancement » et par extension, en vertu de la connectique, de « global brain »: http://en.wikipedia.org/wiki/Human_enhancement + http://en.wikipedia.org/wiki/Global_brain

    Un contributeur du blog pointait dernièrement vers une conférence de Laurent Alexandre, un must à mon sens, dans laquelle sont abordés les axes principaux -éthique, économique, social, messianique…- de ce grand chambardement: http://www.youtube.com/watch?v=tw1lEOUWmN8.

    Son mérite, en ce qui me concerne, a été de m’ouvrir les yeux sur l’impérieuse nécéssité d’avoir ces matières à l’oeil en ce qu’elles sont anthropologiquement disruptives dans une magnitude que je ne soupçonnais pas, à un horizon beaucoup plus proche que je ne croyais et potentiellement en bien comme en mal du point de vue d’un certain devenir de notre espèce.

    Il y a aussi sur youtube une intervention très intéressante du Dr. Yuval Noah Hariri dont le titre est évocateur -« Does Life Equal Data Processing? »- et qui reprend essentiellement ce qu’il approfondit dans son livre « From Animals into Gods. A brief History of Humankind ». Je suis tenté d’y retrouver, après décantation, l’action de la thermodynamique selon François Roddier et le dilemme shakespearien qu’il nous pose: dissiper ou ne pas dissiper. En d’autres mots prendre la main ou laisser la main (invisible disent certains) nous prendre…

  13. Avatar de Damien
    Damien

    Histoire vraie :
    Cette semaine, une nouvelle collègue arrivée il y a 15 jours m’explique qu’elle a eu du mal a arriver au travail car son GPS est tombé en panne.
    Incroyable mais vrai : cette jeune femme, professeur nouvellement affectée à la rentrée, suis donc les flèches de son GPS depuis 2 semaines pour venir….
    ELLE SOUS-TRAITE LA MEMORISATION DE SON TRAJET QUOTIDIEN !!!!

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Où ;alors , avec une mauvaise foi toute féminine ( qu’est ce que je vais entendre !), elle a trouvé cette excuse pour arriver en retard …..

      1. Avatar de L
        L

        Durant deux années , j’ ai accueilli dans ma forêt des automobilistes égarés par leur GPS à la recherche de la ville voisine . La plupart ne comprenait tout simplement pas que GPS puisse faire une erreur même si certains reconnaissaient avoir commencer à douter une fois engagés dans les ornières du chemin ( j’ ai fais mon sondage !) .
        J ‘ai eu aussi beaucoup de mal à trouver comment prévenir le satellite de ne plus m’ envoyer ces aveuglés . La majorité des conducteurs étaient des hommes , sûrs d’ eux et de leurs gadgets si onéreux .

    2. Avatar de MerlinII
      MerlinII

      Cela ne me surprend pas. J’ai exercé des fonctions de commercial il y a quelques années et j’ai vu arriver le GPS.
      Étant de la vieille école j’ai continué à chercher mon chemin à partir des cartes.
      Hé bien, auprès des « jeunes » je passais pour dinosaure avec mes cartes, mais quand le GPS se plantait c’est moi qui rigolais.

      PS: aujourd’hui j’ai un GPS; route et rando. Pour la rando c’est très commode et je n’hésite plus à me « non-perdre », mais je me dis toujours qu’est-ce que je ferais si la batterie me lâchait en pleine nature ? (je garde quand même une boussole)

      1. Avatar de L
        L

        La plupart de ces naufragés étaient plutôt pas très jeunes – c’ était il y a quelques années et le GPS était encore un signe extérieur de richesse , difficilement accessible aux plus jeunes donc –
        Et pourtant ces gens élevés aux cartes et aux boussoles étaient désemparés voir choqués de découvrir une faille dans un système cher et garanti . La croyance toujours .

        ( à propos c’est terrible de ne pouvoir corriger les fautes d’ orthographe une fois le commentaire publié , c’ est une éclatante illustration de ce qui est dit dans un commentaire plus bas : avec un stylo ça va mieux pour moi )

      2. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        Je trouve le cas du GPS tel que mentionné par Merlinll et L très intéressant des dangers de l’extériorisation non-maitrisée !
        Un autre exemple. En fait j’ai eu l’occasion ces dernières années de constater qu’un chiffre sorti d’un ordinanteur devenait parole d’évangile… un stock physique en fin d’année sur un site d’usine ne correspondait pas au stock indiqué dans le système informatique … et le directeur de l’usine m’avait confié, consterné, qu’il avait du mal à expliquer qu’il y avait (comme c’est normal) des erreurs de saisies. Je suppose qu’avec des systèmes plus sophistiqués on les réduira encore ; surtout si encore plus d’humains sont remplacés par les robots et logiciels.
        Mais le grand problème est d’avoir ce blocage nouveau de gens saisis d’un respect quasi religieux pour des appareils et/ou des programmes informatiques devenus des boites magiques. N’avez-vous jamais été confronté à ce problème « mais M. c’est dans l’ordinateur » sous-entendu vous dites des carabistouilles ou vous mentez et puis de toutes façons je sais changer l’info…

  14. Avatar de Michel Lambotte

    Y a-t-il un niveau supérieur de l’intellect où nous pourrons nous réfugier?

    Bien sûr, tout simplement la survie de l’espèce.
    Et tous les artifices dont vous parlez ne sont pour moi que des outils, à nous de les utiliser en fonction de cette survie.

  15. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
    PIerre-Yves Dambrine

    Avec l’écriture et l’imprimerie n’avons-nous aussi acquis des capacités de mémorisation qui n’existaient pas auparavant ?
    L’écriture n’est pas simplement une technique qui permet sur un support extérieur de mémoriser ce que l’on savait déjà « en interne » mais est aussi un outil qui permet à ses usagers de développer une nouvelle forme d’intelligence, et donc un nouvel usage de la mémoire. L’écriture augmente hors de nous des capacités mémorielles avec la possibilité de transmission des savoirs à travers l’espace et le temps. C’est l’a aspect quantitatif des choses mais il y a aussi un aspect qualitatif : on ne pense plus de la même façon selon que l’on dispose ou non d’une écriture, et si l’on en dispose, suivant le type d’écriture apprise, alphabétique ou idéographique — en rapport avec un contexte culturel, une civilisation donnée, on accède à des usages intellectuels différenciés de l’écriture. Dans la cité grecque antique l’écriture sera par exemple le moyen de donner une publicité aux lois quand elles sont gravées sur la pierre.

    De même avec l »avènement de l’écriture la notion d’autorité fondée sur la religion perd de pertinence puisque la pensée se fait discours permettant la confrontation des discours dont la valeur est fondée sur la notion de vérité et non plus sur la qualité supposée de la personne qui parle. Une distance s’établit entre l’énonciateur des choses et l’énoncé des choses, ce qui induit une relation à la pensée moins chargée d’affect, donc plus fluide. Et c’est sans doute un facteur qui a contribué au nouvel usage de la mémoire que Paul Jorion évoque dans Comment la vérité et la réalité furent inventés. lorsqu’il oppose la pensée par connexion simple à la pensée qui procède par anti symétries.

    Vu sous cet angle il me paraît difficile d’affirmer que nous aurions perdu des capacités de mémoire avec l’écriture puisque ce qui était mémorisé et l’usage qui en était fait avant son invention n’étaient pas les mêmes.

    Ceci dit j’adhère complètement à cette réflexion du billet : « La société, l’économie, pourraient être vues comme un enchevêtrement de fonctions externalisées, de plus en plus intriqué et complexe à mesure qu’augmente le degré de spécialisation, et avec lui le degré de dépendance de chacun au bon fonctionnement de l’ensemble. À partir de quel point le contrôle devient-il impossible ? »

    IL devient impossible sans doute lorsque nous n’avons plus une représentation adéquate de la réalité, comme par exemple en matière économique, où pour l’heure prédomine dans ce champ une fausse science.

    En complément cet article intéressant qui différents niveaux de relation de l’homme à la technologie, des plus intégrées, comme avec l’usage du feu pour la cuisson, ou l’écriture jusqu’à aux plus récentes, justement ceux qui nous posent problème.

    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2014/09/19/les-7-niveaux-de-relation-de-lhomme-a-la-technologie/

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Ceci est la version (pertinente) mode PYD , de la version ( pertinente ) mode Vigneron !

      J’adhère aussi essentiellement au paragraphe que vous avez souligné…qui nous laisse pas mal de questions à résoudre .

    2. Avatar de Antoine
      Antoine

      « De même avec l »avènement de l’écriture la notion d’autorité fondée sur la religion perd de pertinence puisque la pensée se fait discours permettant la confrontation des discours dont la valeur est fondée sur la notion de vérité et non plus sur la qualité supposée de la personne qui parle. Une distance s’établit entre l’énonciateur des choses et l’énoncé des choses, ce qui induit une relation à la pensée moins chargée d’affect, donc plus fluide. Et c’est sans doute un facteur qui a contribué au nouvel usage de la mémoire que Paul Jorion évoque dans Comment la vérité et la réalité furent inventés. lorsqu’il oppose la pensée par connexion simple à la pensée qui procède par anti symétries. »

      Je doute pour ma part que le fait de poser sa pensée en écriture ôte tout lien entre l’oeuvre et son auteur.
      L’habitude de lecture d’une pensée permet de déceler l’identité de l’auteur, et des pensées remarquables sont toujours le fruit d’auteurs remarqués.
      Toutefois, si l’on s’en tient au fameux Monde des Idées, une pensée remarquable résulte avant tout d’une capacité de discernement. En ce sens, l’auteur ne fait que recueillir ce qu’il perçoit. Et ça rejoint un peu la façon dont procédaient les aèdes et les tragiques, qui ne considéraient pas l’oeuvre de leurs confrères comme des texte sacrés, mais dont la teneur pouvait être empruntée.

  16. Avatar de Lexia
    Lexia

    « Quel sera – s’il en reste un – le territoire mental qui nous permettrait de garder le contrôle, nous, corps aux muscles atrophiés et au cerveau ralenti ? »

    La poésie ?

    1. Avatar de luami

      Bonjour à tou-te-s,

      « Dédicace patrimoine La Ciotat »

      Douces journées du patrimoine
      Joli plongeon dans notre histoire
      En comprenant sans se faire moine
      Ceux qui ont gardé la mémoire !

      L’Eden « berceau du cinéma »
      Génie de la famille Lumière
      Qui filme des panoramas
      De leur Vie toute singulière !

      La maternité des bateaux
      Organise de grands lancements
      Donnant à La Ciotat tantôt
      La ferveur de son rayonnement !

      Devenue le Golfe d’Amour
      Grâce au poète Emile Ripert
      Sa baie enchante jour après jour
      Tous ceux qui viennent y prendre l’air !

      Tous les ingrédients de la Vie
      Comme l’air, l’eau et la lumière
      Sont ici au mieux réunis
      Dans une ambiance particulière !

      Merci à tous les passionnés
      De faire vibrer un peu encore
      L’effervescence de ces années
      Pour en partager le trésor !

      Signature : luami CREER
      « Un médiateur d’ l’innovation
      Qui allie raison et passion
      Pour mieux vivre le temps restant
      Et en partager les instants ! »

      Bon voyage dans la Vie !
      http://luami.viabloga.com

      1. Avatar de Paul Jorion

        Le guide du routard de la galaxie affirme : « Le centre de la galaxie est La Ciotat (43° 10′ 25” Nord 5° 36′ 19” Est) ».

  17. Avatar de Michel Leis
    Michel Leis

    C’est une excellente réflexion et vous avez bien raison de penser tout haut ! Ceci dit, l’externalisation comporte aussi une dimension supplémentaire : celle des rapports de forces. Le recours à des sociétés externes se justifie souvent au départ par des coûts plus compétitifs (ce qui n’est pas core business pour l’entreprise qui externalise est au contraire core business pour l’entreprise qui exécute le travail et qui réalise des économies d’échelles). Mais ce coût faible était aussi en partie le résultat d’un rapport de forces initialement très favorable, quand l’externalisation était essentiellement constituée par la sous-traitance d’opérations simples de production. La dépossession des savoir-faire, le nombre de tâches confiées, leur technicité et leur complexité croissante ont pour effet de changer la perception des rapports de forces entre les acteurs. Ceux qui assurent l’externalisation veulent une part plus importante du gâteau. Si je ne crois pas à la prise de pouvoir par une intelligence artificielle supérieure (que Paul me pardonne…), le contrôle de cette interdépendance, la complexité croissante, et la violence potentielle des rapports de force en mouvement me semblent être des bons facteurs d’implosion du système, surtout si nous ne déployons pas les efforts nécessaires pour penser cette complexité et son devenir.

    1. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      Michel Leis souligne un point essentiel de l’externalisation : celui de la dépossession qui est lié à la complexité et aux rapports de pouvoir. Comme Pierre-Yves Dambrine, je pense également que, en soi, des techniques d’externalisation comme l’écriture ne font pas perdre des capacités intellectuelles mais en un sens les modifient et les enrichissent. Alors quel serait le problème de l’externalisation au niveau individuel ? Celui de la dépossession décrite par M. Leis.
      Tant que les techniques externalisées sont encore à portée de nos entendements elles sont positives. Le changement qualitatif survenu qui est lié à la complexification peut rendre cette externalisation négative par un risque d’asservissement implicite.
      Je voudrais juste donner un exemple : un ordinateur programmable (et modifiable) vs. tablette (hermétique!) avec applis… Sans faire de tous des programmeurs émérites, un enseignement réel de la programmation au lycée ou à l’école donnerait des clés pour éviter de retomber dans une pensée magique avec ces boîtes noires que sont devenus les appareils environnants. Exactement comme la connaissance des algorithmes des quatre opérations élémentaires me semble nécessaire avant de passer à la calculette. Un enfant de deux ans avec une tablette ne pense plus à tourner les pages d’un livre, il pousse avec son doigt… Il faut espérer qu’un jour on lui explique un peu de la machinerie dernière ces actions sinon la dépendance va devenir toujours plus forte. Au bénéfice de ceux qui savent… Le retour des grands prêtres des premières civilisations néolithiques. Et ils sont féroces…

      1. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        la connaissance des algorithmes des quatre opérations élémentaires me semble nécessaire avant de passer à la calculette.

        Pourquoi? bien sûr, la connaissance est une richesse, mais du point de vue de l’efficacité, la calculette l’emporte. Nous, qui avons (eu) le choix entre les deux techniques, prenons nous spontanément un papier et un crayon lorsque se présente une division à six chiffres? combien sont capables d’appliquer la méthode apprise à l’école sans un effort de mémoire important? ceux qui l’ont pratiquée intensivement, peut-être.
        Si le critère premier est le résultat, et que nous disposons d’un outil externe qui nous épargne un effort et nous donne ce résultat avec plus de fiabilité et de rapidité, nous tendons à utiliser cet outil.
        Mais notre mémoire interne s’efface si elle n’est pas sollicitée, nos capacités s’atrophient. Cela peut être considéré comme bénin pour nombre de fonctions, mais devient problématique quand l’externalisation concerne les fonctions de contrôle.
        Le gain de puissance ou d’efficacité est certes toujours important, mais la perte potentielle d’autonomie (de souveraineté?) et le risque de perte de contrôle augmentent exponentiellement, me semble-t-il.

      2. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        Stéphane : nous arrivons bien aux mêmes conclusions mais la perte potentielle d’autonomie (de souveraineté?) et le risque de perte de contrôle augmentent exponentiellement, me semble-t-il..
        A mon sens il ne faut pas sous-estimer une conséquence indirecte de ces tendances que vous avez si bien « pensé à haute voix » : la transmission élitaire de ces techniques de base. En effet on peut imaginer que les enfants de l’élite continuent dans une voie classique où l’on apprend à maitriser calcul et écriture (à la main), où l’on continue à lire des livres (que ce soit sur papier ou sur écran) et où les masses auront droit à des calculettes et des commandes orales pour écrire le peu qu’ils auraient à écrire. Quant à la lecture… l’asservissement aux jeux du cirque…

      3. Avatar de Michel Leis
        Michel Leis

        En réalité, la perte de contrôle par dépossession des savoir-faire peut être illustrée par un exemple très simple : le crash du vol Rio Paris AF447. L’Airbus A330 est un avion piloté dans des conditions normales par un calculateur qui ne doit pas le faire sortir de son domaine de vol, extrêmement étroit au niveau de vol FL350. La défaillance simultanée des sondes pitot lors de ce vol entraîne une perte d’indication de la vitesse relative de vol, éléments essentiels pour maintenir l’avion dans son domaine et les principales commandes de vols se désengagent (auto-poussée et pilote automatique) alors que les alarmes se multiplient dans la cabine.
        Autrement dit, la main revient au pilote qui devant l’avalanche d’alarmes prend des actions contradictoires qui vont conduire à la fin tragique que l’on sait. Dans l’avalanche d’informations, les pilotes semblent incapables de faire revenir l’avion dans son domaine de vol, l’incidence ne sera jamais inférieure à 35°, autrement dit une situation de décrochage tout au long de la descente. Quand on analyse la séquence, il y a un bref moment (2mn20 avant le crash effectif) où les pilotes prennent la bonne décision mais cela ne dure guère.
        Il ne s’agit pas de blâmer les pilotes, je ne crois pas les machines infaillibles et capables à brève échéance de se substituer à l’homme, mais à l’inverse, les catastrophes ne peuvent être évitées qu’à la condition que l’homme conserve la compréhension et la maîtrise des règles de base, et c’est bien là que le bât blesse, c’est bien le rôle d’une formation raisonnée de maintenir ces points de repères.

  18. Avatar de chavant pierre
    chavant pierre

    J’ai apprécié ce qui est décrit ici sur le rapport « homme-robot ». C’est intéressant, mais pourquoi l’aliéner ( sinon par une image) à ce concept purement économique d’externalisation, lequel fait référence à l’entreprise libérale classique ? Externaliser c’est déléguer en sous-traitance les aspects les moins profitables d’une offre quantitativement multipliée d’une marchandise. Jusqu’ici l’humanité a utilisé des outils techniques pour intérioriser au contraire des pouvoirs nouveaux à sa sensibilité, limitée à son espèce. Donc combler les manques de nos connaissances des milieux de vie, puis de la biosphère et des espaces intersidéraux. Quid de cette demande de plus en plus consciente de participer à un processus inverse d’internalisation des connaissances ? L’ordinateur nous met en situation d’ exil salutaire, place chacun en situation d’être en avant de soi ( ex-sistence) pour collecter des savoirs insoupçonnés venus d’ailleurs ou d’autres cultures. Je ne ressens , anthropologiquement parlant, aucune demande de confier mon sens animal de l’orientation au programme commercialement offert d’un GPS !

  19. Avatar de André
    André

    « Nos muscles sont encore là, mais en quelque sorte, atrophiés ».

    Pas seulement ! Suivant Science et Vie (avril 2011), le volume du cerveau humain aurait, depuis l’Homme de Cro-Magnon, diminué de 15 % ; et la même revue (avril 2012) fait état de recherches indiquant une baisse notre QI moyen.

    On comprend, dès lors, pourquoi les grands gourous américains des N.B.I.C. envoient leur progéniture dans des écoles sans connexion Internet, sans ordinateurs et dans lesquelles le travail manuel occupe une grande place.

  20. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    La pertinence de ces réflexions me donne une occasion de souligner l’illusion transhumaniste : on croit augmenter indéfiniment son potentiel en s’hybridant avec des machines, alors qu’en vérité on s’appauvrit à leur profit.

  21. Avatar de André
    André

    Il ne s’agit pas d’ « externalisation » mais, me référant au livre de Leroi-Gourhan, « Le Geste et la Parole » (tome II page 44 et suivantes), d’extériorisation, c’est-à-dire un « processus qui rejette (…) tous les instruments hors de l’homme », « un organisme externe qui se substitue chez l’homme au corps physiologique » ; cet organisme de substitution, L-G l’appelle « corps social » qui combine le technique et le symbolique ; (à ces deux dimensions, il y a lieu d’ajouter, comme le fait Augustin Berque, la dimension écologique). Au cours de l’évolution, ce corps social a grandi (tout en se diversifiant) à tel point qu’il devient de plus en plus autonome par rapport au corps animal.

    C’est sur base de cette thèse anthropologique (l’être humain est un être duel constitué à la fois d’un corps animal (individuel) et d’un corps social (collectif)) que l’on peut comprendre ce que sont, en économie ultra ou néolibérale, les « externalités » positives ou négatives. Les partisans de cette économie ne veulent rien savoir de leur corps social (de notre corps social, commun à tous) ; ils le forclosent (Madame Thatcher ne disait-elle pas que « la « société » n’existe pas. Il y a des individus, hommes ou femmes, et il y a des familles »).

    1. Avatar de Paul Jorion

      Le terme d’« extériorisation » me semble aussi plus approprié. Le processus est complexe : s’il y a bien un enrichissement de celui que extériorise, cela s’accompagne aussi de sa propre déqualification par rapport aux connaissances extériorisées.

      1. Avatar de Baygonvert
        Baygonvert

        Le temps que l’extériorisation de notre intellect nous permette de répondre à La Question Ultime sur la Vie, l’Univers et le Reste (qui est comme chacun sait est le nombre 42), le pourquoi de cette question risque fort d’être oublié.

        Ne l’est il pas déjà ?

        Un certain Heidegger, entre autres, ne nous avait il pas prévenu ?

        D’un point de vue d’un Persan moderne (forcément extra terrestre), en quoi sommes nous différents de fourmis qui courent sans but sous les coups de pieds de prêtres d’une religion féroce ?

    2. Avatar de MerlinII
      MerlinII

      Je pense qu’il faudrait en effet considérer le terme d’extériorisation, et aussi celui de prolétarisation au sens de Bernard Stiegler, car les deux concepts ne se recouvrent pas.

      Cette réflexion me vient en relisant le livre de PJ « l’Argent » pour les besoins d’un exposé.
      En citant Aristote et le modèle du savetier et du maçon, on voit que l’extériorisation est une très vieille affaire, mais on voit aussi que le savetier comme le maçon n’étaient pas dépossédés de leurs savoirs-faire spécifiques, ce qui n’est plus le cas avec la prolétarisation.

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Oui, mais Stiegler parle aussi de « milieu associé » pour dire que l’on peut avoir une vie qui vaut la peine d’être vécue dans ce monde plein d’extériorisation, la condition de « milieu associé » qui permet cela est que le savoir-faire trouve un vis-à-vis, une réciprocité (recoupement avec les convivialistes dans un billet récent ?).
        Il se peut que cette réciprocité recherchée dans un monde tissé d’extériorisation mais « métastabilisé » (jusqu’au prochain coup) correspondent à deux choses très humaines et documentée par PJ : la négociabilité des questions/réponses et l’empathie, sublimée éventuellement.
        En résumé, et sur un mode optimiste, l’extériorisation, y compris celle des taches intellectuelles dans grand nombre de « machines » n’est pas une tare si elle est enchâssée dans une société qui sait y retisser des formes d’empathie et de réciprocité. Les geeks n’ont-ils pas valeur d’exemple précurseur dans cette perspective ? Leur satisfaction dépend du fonctionnement d’une machine dont ils savent en réalité très peu (même pas besoin de savoir assembler son PC), mais d’un réseau de « forumistes » et de données ou programme semi-crackées qui a bien des caractéristiques d’un sol biologique, voire d’un humus puisque j’ai parlé de mode optimiste.

      2. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        @ Timiota,
        vous avez raison: la « perte » associée à l’externalisation (ou extériorisation, si vous préférez) peut devenir un gain ultérieur, dans le cadre d’un système privilégiant la coopération et le bien commun.
        On voit effectivement naître beaucoup d’initiatives « solidaires » (le terme adéquat ne me vient pas) dans une multitude de domaines, mais celles-ci restent à un stade presque confidentiel, local ou touchant une fraction très réduite de la population. Je pense que ces initiatives sont nécessaires, mais qu’il ne faut pas compter sur leur développement significatif tant que notre système actuel basé sur la compétition sera en place. Voyez par exemple de quelle manière les grands mouvements écologistes et alternatifs sont soit étouffés ou disloqués, soit récupérés par « le business » qui détourne leur message à des fins marketing.
        Selon moi il faut attendre la faillite du modèle actuel pour voir l’émergence réelle de modèles alternatifs, à partir de ces « germes » évoqués plus haut (analogie des dinosaures et des mammifères décrite par François Roddier).

      3. Avatar de Michel Lambotte

        @ Stephane Feunteun
        Je pense qu’on a beaucoup trop tendance d’attendre la fin de quelque chose avant qu’autre chose ne prenne la place. Pour ma part je vois cette transformation en terme de vague de changement où la nouvelle vague encore très lointaine (alors que l’ancienne est à son maximum) grossit à vue d’oeil et pousse l’ancienne à s’écraser sur la plage. Quand on fait du surf (je n’en ai jamais fait) on attrape pas une vague qui est près de l’écroulement mais une déjà formée au lointain et dont l’énergie est encore à venir. C’est en surfant sur cette vague d’initiatives solidaires qu’on poussera l’ancien système vers la sortie, et tous les moyens sont bons, c’est l’opportunisme qui prime.
        Le gigantisme dinosaurien a disparu parce qu’il n’a pu s’adapter aux nouvelles conditions dictées par la diminution du taux de CO2 dans l’atmosphère et l’arrivée des feuillus pour recycler le CO2. Nous sommes dans la même situation en ce qui concerne le gigantisme du capitalisme industriel et financier face à l’épuisement énergétique.

      4. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        @ Michel Lambotte
        je ne dis pas autre chose que vous. Le terme « attendre » est effectivement mal choisi; il ne concerne que la possibilité d’émergence des nouveaux modèles, et sûrement pas l’attitude à adopter d’ici là. Il est bien évident que ceux qui seront déjà préparés et « entraînés » à un mode de vie peu énergivore et aussi auto-suffisant que possible, seront bien mieux à même d’avoir une vie correcte pendant et après « l’orage ».
        Votre image d’une vague naissante qui succède à la précédente mourante est très évocatrice. Je doute cependant que la prochaine vague soit de même ampleur et constitution que la nôtre, qui est en train de se briser sur le rivage, car -en très peu de temps- nous avons épuisé les sources d’énergie abondante et bon marché, et profondément modifié la biosphère (pour ne pas dire saccagé). Nous sommes le Soliton..?

      5. Avatar de Michel Lambotte

        Il est évident que la vague qui arrive est de nature totalement différente, mais j’insiste sur le fait qu’il n’y a pas de discontinuité entre les deux. Je pense même que la nouvelle peut et doit se servir de toutes les faiblesses de la précédente pour progresser. Encore une fois je ne vois pas d’effondrement, nous le vivons depuis 40 ans et il est en croissance exponentiel jusqu’à ce qu’il soit remplacé par la nouvelle. Si nous voulons survivre nous pouvons sous-traité certaines capacités intellectuelles aux machines mais certainement pas notre décision de survie.

    3. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      Merci André
      pour ce commentaire très pertinent, qui rend de manière concise une bonne partie de ce que j’ai essayé de formuler, et nous donne la possibilité de reprendre la réflexion sur des bases solides.
      Maintenant, reste à définir au mieux la nature de ce corps social, pour évaluer de quelle manière nous pouvons influer sur son évolution. Cet aspect a certainement aussi déjà fait l’objet de travaux poussés, mais je crois à l’utilité de concepts simples pour nous aider à distinguer les bases sur lesquelles s’est construite la complexité.
      NB: pour autant que ces concepts simples soient valides! il est également facile de faire entrer notre vision du monde dans un schéma simpliste.

  22. Avatar de François C.
    François C.

    « Ainsi nous pouvons être tentés de croire que nous – humains – n’avons jamais été aussi cultivés qu’aujourd’hui, mais c’est évidemment faux. »
    C’est possible, mais reste à savoir ce qu’on entend par ‘cultivés’…?
    Les personnes récemment taxées ‘d’illettrisme’, sont certainement bourrées de ‘cultures’…!
    Et pour encore citer Franck Lepage: ‘par rapport aux besoins du système économique, ne sommes nous pas en excès de culture’ ?
    ‘La théorie de l’excès de culture’

    1. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      Réaction à chaud:
      Heureusement que nos connaissances, notre culture (au sens large) ne se limitent pas au strict besoin du fonctionnel immédiat! Si c’était le cas, l’auto-domestication en cours serait bien plus avancée qu’elle ne l’est.

      Tiédi (= après m’être très rapidement informé sur Franck Lepage) je persiste, et vous remercie car j’ai envie d’en savoir plus.
      http://enuncombatdouteux.blogspot.fr/2014/03/incultures-par-franck-lepage.html

      Sur ce même blog, j’ai aussi trouvé: La France contre les robots  » par Georges Bernanos (1944)
      http://enuncombatdouteux.blogspot.fr/2011/08/la-france-contre-les-robots-par-georges.html

      1. Avatar de François C.
        François C.

        Merci, j’ai eu l’occasion de voir Franck Lepage et son ‘inculture I‘, et le principe de la ‘conférence gesticulée’ a fait école avec de multiples intervenants et sujets…
        Quant au livre de Bernanos, il me fait pensé à J. Ellul ou dans un registre beaucoup plus radical, T. Kaczynski et son ‘effondrement du système technologique‘.

  23. Avatar de agricool
    agricool

    Merci d’avoir eu cette réflexion, qui me permet de mettre des mots sur ce que je ressens depuis quelques temps.
    J’ai des enfants en fin d’adolescence, et je suis ébahi par leur ignorance de tout système. Ils ne savent qu’utiliser, mais plus apprendre, et dès que le moindre obstacle surgit, ils sont bloqués, incapables de chercher une solution. Comme un bug; Je ne sais pas si tous les gamins sont comme ça, sans doute pas, mais ça me parait être une tendance.
    Dans certain états des Etats Unis, on a arrêté d’apprendre l’écriture cursive. Tout au clavier.
    Ils ne savent absolument pas ce qu’il y a derrière leur ordi, et encore moins ce qui se passe sous la capot d’une voiture. Pire, ils n’ont surtout pas envie de savoir!
    Ce qui m’inquiète dans cette délégation de connaissance à l’Internet, c’est que contrairement à une encyclopédie ou n’importe quel ouvrage imprimé, elle peut disparaitre demain (la connaissance), ou être modifiée sans préavis, voire sans que personne ne s’en aperçoive, ou marchandisée. Wikipédia est un outil extraordinaire mais qui me fait peur par sa fragilité, car celà me rappelle le travail de Winston Smith dans 1984, qui est de sans cesse modifier le passé en trafiquant les articles de presse, pour coller au présent qui est voulu par l’organe central.
    La question de qui contrôle cet outil est réellement au cœur de la question.

    1. Avatar de Nyssen
      Nyssen

      @agricool
      Effectivement, que se passera-t-il si l’internet disparaît?
      Les serveurs racine DNS sont en nombre limité et relativement concentrés aux US et en Europe, mais malgré une certaine redondance que se passerait-il en cas d’attaque terroriste ou de basculement de l’interrupteur sur « off », l’ICANN est toujours contrôlé par les US tout comme le réseau de satellites GPS?
      Des attaques de deni de service ont déja eu lieu dans le passé.

    2. Avatar de MerlinII
      MerlinII

      C’est un vrai problème
      Cela me fait penser à la boutade de Sacha Guitry:
      « Pourquoi apprendre ce qui est dans les livres puisque ça y est »

      1. Avatar de agricool
        agricool

        « Pourquoi apprendre ce qui est dans les livres puisque ça y est »
        Je me souviens aussi de cette comparaison, dans les années 80 du système scolaire américain et français, où il était dit qu’en France on nous faisait apprendre l’Atlas, alors qu’aux USA, on apprenait à se servir d’un Atlas.
        Si l’information reste dans un livre ou sur le réseau, ça ne permet pas au cerveau d’en être possesseur au moment où, dans ses pérégrinations, ou face à un problème, il assemble ses connaissances pour en faire de nouvelles (ma définition personnelle de l’intelligence).

  24. Avatar de Sebu
    Sebu

    Intérioriser l’extériorisation

    Maryanne Wolf, directrice du Centre de recherche sur la lecture et le langage de l’université Tufts, dit que ce n’est pas le cerveau humain qui a inventé l’écriture. Elle dit presque, que c’est l’écriture qui a inventé le cerveau humain.

    Ce qu’elle montre, c’est que le rapport entre le cerveau et les artefacts, l’écriture notamment, est un rapport de co-individuation, ce que Gilbert Simondon appelait une relation transductive.

    Sans l’extériorité technique, le cerveau humain n’est pas un cerveau humain. Tout simplement.

    Ce que le cerveau humain a de spécifique, c’est la capacité qu’il a d’extérioriser, et intérioriser ce qu’il a extériorisé.

    En extériorisant, il transforme le monde et en intériorisant la transformation du monde, il se transforme lui-même.

    Ca, c’est ce que j’appelle la boucle organologique.

    Et ce que démontre Maryanne Wolf précisément, c’est qu’un enfant aujourd’hui, s’il n’apprend pas à lire et à écrire, il ne peut pas se débrouiller dans le monde contemporain. L’apprentissage de la lecture et l’écriture n’est pas simplement l’acquisition d’une compétence.

    Par exemple : j’annote des textes, beaucoup de textes. Quand j’annote, j’écris dans mon cerveau. Et c’est pour ça que je dis qu’il ne faut pas éliminer l’écriture cursive des enfants. Parce que le fait pour les petits enfants à partir de cinq ans d’écrire avec la sensorimotricité de la main, ça créé une synaptogénèse des circuits synaptiques, qui est le socle sur la base duquel ils vont pouvoir apprendre à se servir intelligemment d’un clavier, et ensuite probablement d’un dictaphone, ou d’un logiciel de reconnaissance de forme, etc, etc…

    Mais s’ils n’ont pas construit toute l’histoire de la construction du savoir, ils ne pourront jamais faire une anamnèse. Ils ne pourront pas se ressouvenir.

    Pour pouvoir faire des anamnèses, il faut avoir été capable d’avoir intériorisé dans son cerveau les hypomnèses (toutes les techniques de mémoire, aussi bien les aide-mémoires, exercices et autres « arts de la mémoire » que les enregistrements matériels de toutes sortes) qui ont rendu possible ces anamnèses.

    Le problème n’est pas de sortir de la caverne ou de la salle de cinéma, le problème est de sortir de la salle de cinéma et de faire des films.

    Et c’est pour ça que la question fondamentale, c’est d’apprendre à faire des films et d’arrêter de n’être que dans la posture du consommateur.

    Source: Bernard Stiegler / Intérioriser l’extériorisation

    1. Avatar de MerlinII
      MerlinII

      C’est dit avec des mots savants mais je suis bien d’accord

      C’est ce que je ressens en ayant repris la pratique de la guitare depuis quelques temps.
      Je trouve sur internet des tas de guitaristes du monde entier qui font profiter tous les guitaristes en herbe de leur savoir-faire, pour tous les morceaux et tous les niveaux.
      Mais sans un travail assidu de ma part, pas d’anamnèse possible, et surtout pas le plaisir et la joie de faire sonner une chanson, de déguster de l’intérieur un bel enchainement d’accords

    2. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, Marianne Wolf pointe le côté pessimiste de cela, j’ai essayé aussi d’introduire Stiegler dans mon post au dessus. J’oubliais en effet Simondon et la co-individuation.

      Toutefois, une fois cette première difficulté un tant soit peu adressée (définir l’homme comme être technique suivant Leroi-Gourhan, Simondon, Stiegler,…), il me semble que l’on n’a rien dit de l’autre qui est omniprésente sur ce blog : la concentration des richesses. Est-elle une simple déviation corrigeable par un « vrai milieu associé » , porteuse ou portée par une « grande désassociation » un brin Polanyi-ienne (désenchâssement), ou bien est-ce que le seul mode de formation d’un milieu associé dans un monde qui pompe sur le Grand Réservoir Fossile (Carbone+Uranium) (j’attends le livre de Roddier…) ne serait pas fatalement un milieu associé « pauvre et inégalitaire », par le fait que l’inéquilibre énergétique (pas le « déséquilibre », je préfère inéquilibre ici) nourrirait automatiquement un ruissellement de « retard à l’association », more de retard et désaffectation distribué qui aurait le bénéfice de laisser à l’anthropologue un peu de temps pour aller voir qui les pauvres, qui les riches (Pinçon Charlot) et leurs estranges moeurs, mais qui ronge notre capacité à corriger la trajectoire (C+U) autant que celle des inégalité, autrement dit à dompter deux composantes du soliton.

  25. Avatar de kertugal
    kertugal

    On peut remonter la nuit des temps et constater un besoin de sous-traitance permanent dans l’espèce humaine. De la domestication du feu à celle du chien, ce n’est pas de ses pleins pouvoirs que l’homme est capable à lui seul d’accomplir ce que ses intentions lui suggèrent.

    Admirerions nous les capacités du Facteur Cheval à se passer des chevaux-vapeurs que son œuvre ne nous laisserait aussi perplexe que pantois devant sa légitime utilité. L’outil et l’utilitaire restent nécessaires, à moins de retrouver les primitives conditions d’existence de la survie à durée courte.

    Et l’on peut s’interroger du détournement de cette nature ‘délégative’ avec l’apparition de moyens technologiques dont l’efficacité et la valeur de comblement interstitiel des moindres tâches provoque admiration béate et convoitise. Car même pendant les sessions d’examen des écoles d’ingénieurs il est devenu parfaitement banal de voir poindre les éclairages artificiels des tablettes et smartphones illuminer de laborieuses planches de concours (témoignage d’une amie surveillante outrée).

    La base de ce système d’offre et demande nourri d’input / output (I/O) fragilise inévitablement la condition humaine. Si comme le disait Jacques Prévert, « Le désordre est dans l’ordre des choses », la machine elle ne s’embarrassera pas des hésitations, tâtonnements et indécisions pour imposer ses vues.

    C’est donc en mode sans échec que nous nous apprêtons à nous laisser convaincre par l’efficacité robotique au mépris de la plasticité intrinsèquement imparfaite et dynamique de nos cerveaux de chair.

  26. Avatar de jducac
    jducac

    La société, l’économie, pourraient être vues comme un enchevêtrement de fonctions externalisées, de plus en plus intriqué et complexe à mesure qu’augmente le degré de spécialisation, et avec lui le degré de dépendance de chacun au bon fonctionnement de l’ensemble. À partir de quel point le contrôle devient-il impossible ?

    Il faut à mon avis, aller plus loin qu’une simple façon de voir un enchevêtrement de fonctions externalisées et arriver à énoncer pourquoi les humains en sont arrivés là.

    Il est pour cela nécessaire de mettre en évidence le fait que c’est pour vivre et se donner de meilleures chances de survivre que les grosses structures sont conduites à rechercher des économies en externalisant certains des services dont elles ont besoin. Elles font appel à des sous traitants plus compétitifs qu’elles mêmes, à service rendu équivalent, dans certaines tâches non décisionnelles et par là, non stratégiques.

    Tout organisme vivant, quelle que soit l’ampleur de sa structure, ne vit que parce qu’il puise dans son environnement plus d’énergie que ce qu’il consomme, de sorte à pouvoir assurer son renouvellement et sa perpétuation. Quand un tel organisme (simple humain, entreprise, nation, ou l’humanité entière) voit sa consommation dépasser sa capacité de captation d’énergie dans son environnement, il s’appauvrit et se met en danger d’extinction.

    Les dirigeants de grosses structures doivent comprendre que c’est en accroissant l’efficacité et en améliorant la compétitivité de l’organisme vivant dont ils ont la charge qu’ils contribuent le mieux à sa survie et évitent ainsi de le faire passer du rang de décisionnaire et de stratège, au rang de sous traitant, sorte d’ouvrier spécialisé , cet « OS », au bas niveau de vie et à la durée de vie écourtée.

    Le problème est d’amener le plus grand nombre des éléments d’une structure à le comprendre, puisque dans nos démocraties, c’est l’avis du plus grand nombre qui l’emporte. Hélas cet avis est bien souvent subtilement orienté par une oligarchie politico médiatique qui œuvre plus pour elle-même que pour la structure globale, dont elle cherche à s’extraire en s’octroyant un statut privilégié.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Distinguer un seuil de conso d’énergie renouvelable (celui sur lequel la vie avant homo c’était bâtie) et une fois ce seuil passé, en puisant dans le non renouvelable (C+U) ce que vous dites…

  27. Avatar de coco.cabri
    coco.cabri

    un petit clin d’oeil en chanson d’une lectrice assidue – les ptits nassels … c’est un peu nous tous !!
    https://www.youtube.com/watch?v=ChT2Nfoz20g#t=86

    1. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      La confusion entretenue entre « être » et « avoir ».
      Assurément quelque chose à creuser.

  28. Avatar de juannessy
    juannessy

    Je me demande parfois pourquoi , en classe ,nous étions plus enclins à parler tout bas qu’à penser tout haut , et si cela a un rapport avec un mental introverti ou extraverti .

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