En revenant de la manif, Bruxelles, le 6 novembre 2014, par Vincent Fagnoul

Billet invité.

Ce matin à sept heures, j’ai quitté ma campagne et ma solitude pour participer, pour ne pas renoncer. J’ai bien fait.

Mon action n’a pas été spectaculaire. Dans le train, j’ai discuté debout avec un monsieur de quatre-vingts ans qui comme moi ne peut accepter sans rien dire et voir revenir au pouvoir la peste noire.

Entre une multitude de pétards et autres fumigènes j’ai pu discuter avec des gens du mouvement « Hart boven Hard », dont le pendant francophone, « Le cœur, pas la rigueur », vient d’être lancé sur le Blog de Paul Jorion. Je dois dire qu’ils sont vraiment efficaces : bonne humeur, spectacle et musique, un bon moment convivial !

J’avais vu qu’à trois heures au Bozar, Jacques Delors était attendu avec Jean-Claude Juncker à l’inauguration des Journées de Bruxelles « Good morning Europe ». Absents tous les deux ! Delors : problèmes de santé, on peut comprendre. Juncker : il aurait oublié ! Après la une du Soir, il est permis d’en douter : « Luxleaks : Juncker rattrapé par son paradis fiscal ».

Guy Verhofstadt, Philippe Lamberts et Étienne Davignon les ont remplacés au pied levé.

À 17h30, Emmanuel Macron, Margrethe Vestager, commissaire européen à la Concurrence et Pier Carlo Padoan, ministre italien de l’Économie et des Finances : un débat sur l’Europe face aux défis économiques. J’ai réussi à poser cette question :

Vous avez parlé du doute qui fige les populations, du danger pour la démocratie des votes extrémistes et des abstentions aux élections, mais quand des politiciens de gauche appliquent des politiques libérales « dures » et que des ministres de droite sont complices de politiques proches de l’extrême-droite, voire carrément d’extrême droite, ne sont-ils pas responsables de la désorientation des électeurs ?

Macron était déjà parti, dommage ! Les deux autres m’ont répondu qu’une politique de gauche c’est créer de l’emploi et que seuls les résultats comptent. Madame Vestager ajoutant que le débat gauche/droite est dépassé.

À 19h00, Master class de Piketty. Finalement, c’est simple, nous dit-il, dans un exposé chiffré de statistiques difficiles à se procurer, car souvent considérées « secret d’État ». Il nous démontra que nous faisons un bond de plus de cent ans en arrière en ce qui concerne l’inégalité de la redistribution de la richesse. Les États se sont appauvris mais le privé s’est enrichi. Une solution simple : une fiscalité équitable ! Ce qui se ramène finalement est un débat gauche/droite sur le primat du bien commun sur le bien privé !

Quelques mots encore sur la dispute Davignon/Lamberts, le premier accusant le second de « populisme », la salle ayant elle nettement pris parti ! Davignon devrait peut-être se poser quelques questions : la réalité de l’économie libérale suicidaire est-elle préférable à ce qui pourrait passer dans la réalisation d’une utopie populiste ?

Manifester, c’est donc une bonne chose ! Un grand merci aux « Hart boven Hard » pour leur sympathique combat : amusant, satirique, à la « Thyl Ulenspiegel » et, me semble-t-il, très efficace.

Aujourd’hui je suis revenu plus riche de choses simples : de liens humains, de paroles échangées et de regards de fraternité partagés. Merci à ceux qui étaient là !

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