Système monétaire : comment prévenir la corruption de la liberté en licence, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité. À propos de

Lundi 2 mars 2015, Institut de France
L’Académie des Sciences morales et politiques
a l’honneur de vous inviter à une conférence exceptionnelle
autour du thème :
Recréer un système monétaire international
Un futur Objectif des Nations Unies pour le développement durable ?
L’Académie des Sciences morales et politiques, en préparation du Sommet de New York de septembre 2015 qui fixera les futurs Objectifs des Nations Unies pour le développement Durable, souhaite attirer l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de refonder un système monétaire international, seul garant de la soutenabilité des systèmes financiers et de l’économie en général et d’un retour à plus d’éthique et d’équité sur les marchés.
en présence des académiciens
Jean BAECHLER
Professeur émérite à la Sorbonne-Paris IV
Jacques de LAROSIÈRE
Directeur général du FMI (1978-1987)
Michel PÉBEREAU
Président de BNP Paribas (1993-2011)
Jean-Claude TRICHET
Président de la BCE (2003-2011)

 
Jean Baechler est membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques dans la section Morale et Sociologie. Jean Baechler a pour confrères trois anciens banquiers, Jacques de larosière ancien Directeur Général du FMI, Jean-Claude Trichet ancien Président de la BCE et Michel Pébereau, ancien Président de BNP-Paribas. Le 2 mars dernier, le sociologue a demandé en séance publique à ses trois collègues du Quai Conti : comment dans le régime financier international actuel, prévenir la corruption de la liberté en licence ?

Le sociologue a introduit le colloque en se demandant si ce qu’il est convenu de nommer « système monétaire international » en est bien un, eu égard à l’autonomie systémique de la finance mondiale par rapport à toutes les autres sphères d’existence de l’humain. L’expérience historique depuis l’abandon de l’étalon or en 1971 est marquée par l’autonomisation absolue de la finance et des monnaies par rapport à l’économie politique des sociétés. La finance auto-référencée peut-elle être renversée par un ordre objectif de lois et de mécanismes qui interdise la corruption de la liberté ? Les trois anciens banquiers ont récapitulé les faits dont ils ont été témoins ou acteurs. Les réponses à la question de fond furent éloquentes pour ce qu’elles n’ont pas dit ou pour les réalités qu’elles ont seulement suggérées.

L’idée-même de recréation d’un SMI se présente comme une utopie nécessaire mais qui ne peut pas, voire ne doit pas si les politiques de facilitation quantitative s’avéraient finalement efficaces, voir le jour à court ou moyen terme. Il en est de même de la corrélation nécessaire entre État de droit et monnaie. Les États se désagrègent dans le surendettement du fait que la régulation des flux de capitaux internationaux par les nouvelles normes réglementaires s’est avérée impossible, si ce n’est inopportune pour Michel Pébereau. Quelles que soient les conséquences néfastes de l’anarchie constatée et déplorée, les trois banquiers ne voient aucune possibilité concrète de mettre en place une architecture monétaire et financière internationale qui puisse corriger la dérive des dettes ni l’insuffisante capitalisation des banques. La liberté financière de spéculer (contre le bien commun) est de fait intangible. Dans la zone euro, l’abaissement des États nationaux endettés par la technocratie centrale est regrettable mais inéluctable dans le contexte politique et technique actuel.

En dépit de l’appel introductif de Jean Baechler à l’encadrement de la liberté financière par une objectivité morale inscriptible dans le marché, les banquiers ne voient rien de concrètement applicable pour éviter la guerre des monnaies et des capitaux. La chambre de compensation en bancor est une proposition théorique du passé qu’on mentionne par érudition mais qui ne mérite pas vraiment d’étude ou d’approfondissement. Jean-Claude Trichet suggère de travailler davantage avec le Droit de Tirage Special (DTS) qui serait une réserve de change moins vulnérable à la confrontation chaotique des intérêts particuliers multinationaux.

Le salut du monde est tout entier entre les mains des sages du G20. Il faut attendre patiemment qu’un nouvel ordre mondial multipolaire émerge de lui-même par la facilitation d’une coopération politique internationale plus forte et plus active que par le passé…

 

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