Mon intervention à la table-ronde « Capitalisme, cause du problème et partie de la solution pour demain ? » avait une double forme : je ferais un exposé introductif avant de me joindre aux autres panélistes.
J’ai parlé bien entendu du caractère obligé de la croissance pour pouvoir payer les intérêts et verser les dividendes, de la spéculation qui n’a pas « toujours existé », de la propriété et de l’abusus : le droit de détruire ce dont on est propriétaire, droit bridé aujourd’hui, sauf pour les « personnes morales » que sont les entreprises.
J’ai souligné que le capitalisme pouvait être modifié par des moyens très simples, comme de comptabiliser désormais les dividendes versés aux actionnaires et les bonus des dirigeants comme coûts qu’il s’agit de minimiser (au même titre que les salaires des employés), plutôt que comme des parts des sacro-saints bénéfices qu’il s’agit de maximiser à tout prix (j’y reviendrai ici).
À l’exception de ceux d’Olivier Ferrari, qui appelle un chat, un chat, et la spéculation, un fléau, les propos de mes co-panélistes pourraient être résumés ainsi : « Moi, Monsieur, je suis la dernière personne au monde à vouloir reprocher quelque chose au capitalisme ! », y compris d’ailleurs la co-présidente des Verts suisses, au point qu’on pouvait se demander pourquoi ils avaient accepté de participer à un tel débat, car s’ils n’avaient rien à reprocher au capitalisme, ils n’avaient rien non plus à dire de positif en sa faveur. Au point que Jean Laville, qui assurait la modération, s’est demandé si le mot « capitalisme » n’était pas devenu un « mot qu’on n’ose plus prononcer», une allusion au fait que la presse américaine a récemment censuré le président Obama lorsqu’il a utilisé le mot tabou « nigger ».
L’un des intervenants a mentionné à titre d’anecdote, le fait que l’utilisation de la machine à vapeur a explosé lorsque James Watt avait enfin échoué à renouveler son brevet. J’ai souligné alors que si les intervenants n’avaient rien à reprocher au capitalisme, les anecdotes dont ils émaillaient leur exposé, s’en chargeaient à leur place.
Une occasion de plus m’a été offerte d’apprécier la liberté dont je dispose au sein du Haut comité pour l’avenir du secteur financier en Belgique pour critiquer le capitalisme sous tel ou tel aspect, et en l’appelant par son nom. J’y suis bien entendu au titre de « contestataire de service », mais ce statut, il s’acquiert, et tourner délibérément autour du pot, comme je l’ai entendu faire lors de cette table-ronde, n’est pas le moyen d’y parvenir.
@Khanard (« Alors décidément Gödel*, Kaczinsky , Grothendieck …tous fous ou bien ont ils été dévorés par leurs certitudes ? ») À…