Varoufakis et Piketty, démocrates européens du capital et de la monnaie, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité. P.J. : Je rappelle que Yanis Varoufakis sera présent dimanche à Paris au Sommet internationaliste pour un plan B en Europe.

La performance étonnante du Capital au XXIe siècle est d’avoir suscité un débat mondial intelligible par toutes les cultures et toutes les nationalités. En tant que théoricien et praticien du capital, Yanis Varoufakis ne pouvait pas manquer de noter publiquement la faiblesse théorique et explicative du travail de Piketty. Mais Piketty reconnaît honnêtement lui-même qu’il n’a pas de véritables ambitions théoriques en science économique ni même d’ailleurs en économie politique théorique ou appliquée. Piketty s’est plutôt posé par son livre en historien sociologue économètre dans une posture de monstration politique et médiatique.

Varoufakis et Piketty ne sont pas sur le même terrain scientifique ni dans le même champ politique. S’il sont idéologiquement proches, ils sont surtout investis et complémentaires dans la promotion de la démocratie en Europe, l’un à partir de la France avec sa réputation universitaire et l’autre à partir de sa stature politique et scientifique gréco-européenne. L’un rappelle que la fiscalisation du capital est nécessaire à la stabilité économique et politique. L’autre que le capital est inefficient hors d’un système de monnaie contrôlable par les nations dans la démocratie.

Rêvons un peu à l’horizon 2020 : Varoufakis est président de la Confédération de l’euro latin et Piketty ministre des finances d’un gouvernement français démocrate membre de l’euro latin. Picketty et Varoufakis mènent la reconstruction d’une zone euro politique avec la confédération germanique, rassemblant les alliés idéologiques et culturels de l’Allemagne, et avec le groupe des non-euro dans l’UE. A coté des institutions politiques de la société européenne de démocratie, l’enjeu de la négociation constitutionnelle européenne est la fondation d’un système monétaire keynésien qui rationalise par la monnaie commune la formation et la circulation du capital. Varoufakis réalise sa demande, réfusée au ministre grec des finances qu’il fut en 2015, de rendre à la démocratie européenne la dynamique des processus du capital et des dettes.

A la condition d’une chambre européenne de compensation, Piketty pourrait mettre en chantier les modalités de taxation publique politiquement négociables de toutes les natures de capital. Et la chambre européenne de compensation permettrait de modéliser l’intelligibilité de la dépense publique pour les citoyens responsables de sa détermination et de son contrôle. La conclusion du livre de Piketty pourrait s’écrire dans une véritable économie de la responsabilité publique et privée de l’emploi du capital au service du citoyen et des sociétés humaines.

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