Une matinée banale, par Marianne Oppitz

Billet invité.

Ce samedi matin, réunion organisée par ma mutuelle sur le : Préparation à la retraite ! Eh oui, je serai pensionnée le 1er novembre prochain. Mieux vaut se renseigner. Je sais déjà que j’aurai droit à 700€ de pension (oui, j’ai eu une vie un peu mouvementée ! Tous des cons et tout et tout… Oui j’avoue, j’ai connu cette période là!) 700€ + un petit rabiot du CPAS (en français Centre Public d’Action Sociale) ce qui me fera un petit 1,000€ de pension. Chouette, me dit-on, tu seras VIPO (Veuf, Invalide, Pensionné et Orphelin – je vous laisse le choix de ma position), tu ne devras plus payer la taxe sur la télévision, tu auras droit à des soins de santé à prix réduits et autres zavantages !

Mais je ne suis pas là pour parler de moi. Ce qui est intéressant c’est ce qui s’est passé durant cette réunion. Qui étions-nous ? Il y avait tous les représentants du monde du travail : ouvriers, employés, enseignants, fonctionnaires, manquaient la police et l’armée.

Les personnes présentes travaillaient chez Bpost (la poste belge), la SNCB (chemin de fer belge), Caterpillar, le Service Public Finance (les impôts), Carrefour, dans une école de Charleroi comme économe, dans une société immobilière, et d’autres dont je ne me souviens plus. Certaines travaillaient encore et se demandaient si elles ne prendraient pas leur prépension puisque leur commission paritaire les y autorisait, bien que n’ayant pas 65 ans, l’âge légal de la pension en Belgique

Ce qui est frappant, c’est que ne se connaissant pas en arrivant, nous avions tous, à peu près, la même histoire à raconter. Pour tous, la charge de travail par personne est ubuesque. Le contrat 4/5 temps est une jolie façon de payer moins un plein temps, parce que bien sûr, la personne ne fait jamais 4/5 de temps, elle n’a pas le temps puisqu’il n’y a pas assez de personnel, elle fait 5/5 payé 4/5.

Le fonctionnaire de SP Finance, lui, a commencé son boulot il y a 30 ans en montant pas à pas les échelons, dans son domaine, celui pour lequel il était formé et qu’il connaissait bien. Mais au fur et à mesure que les retraités partaient en retraite, la charge de travail augmentait à tel point qu’aujourd’hui, à force de ne plus engager de personnel, le fonctionnaire des finances DOIT être polyvalent. C’est à dire qu’il doit connaître la législation fiscale pour les particuliers, pour les entreprises et en plus doit tout savoir de la législation relative à la TVA. Le Service Public, lui, a sombré corps et bien pour le bien … des employés. Ils ne doivent plus perdre de temps à renseigner les contribuables, il n’y a pas assez de personnels. Résultat ? Les permanences ouvertes au public sont supprimées, le téléphone est sur répondeur et pas question de donner l’adresse e-mail d’un fonctionnaire susceptible de renseigner un contribuable.

L’économe d’une institution, lui, aimerait prendre sa retraite avant l’heure. Pourquoi ? Parce qu’on lui a fait remarquer qu’il avait le droit de la prendre anticipativement et qu’il a vraiment intérêt à la prendre parce qu’il est dans la charrette de di Rupo (ancien Premier Ministre PS du gouvernement précédent). S’il attend trop, la charrette du gouvernement actuel (droite ultra libérale) pourrait rattraper la charrette de di Rupo et lui ôter son foin qui n’était déjà pas très fourni. Notre homme qui en a marre de travailler 50h semaine parce qu’il n’a qu’une petite main, fort appliquée mais non qualifiée, pour l’aider, aimerait donc monter dans la charrette di Rupo. Le malheureux possède encore une conscience professionnelle et se tracasse. Il ne veut pas prendre sa pension l’année prochaine sans prévenir sa direction suffisamment longtemps à l’avance pour qu’elle puisse lui trouver un remplaçant. Mais le trouvera-t-elle ? Et notre homme de se demander s’il introduira son dossier dans les temps, sans nuire à son institution.

La caissière de chez Carrefour, elle on ne lui a pas demandé son avis. Dehors ! Chez Caterpillar, idem, on ne lui a pas demandé si cela lui plaisait. Moi non plus. Une des organisatrices qui nous avait réunis, elle nous a expliqué que dans l’organisme pour lequel elle travaillait, a vu arrivé de jeunes cadres dynamiques, dans le vent, genre PWHC qui on décrété que le système qui fonctionnait bien jusque là, ne convenait plus. Donc, table rase du passé, nouvelles méthodes, nouvelles têtes. Les quinquas et les soixantenaires, trop vieux, pas assez dociles. Les plus jeunes n’ont pas connu l’époque ou l’esprit d’entreprise, la valeur du travail accompli, avaient un sens. Ils acceptent plus facilement les cadences idiotes et les programmes inapplicables.

Résultat ? Nous avions tous les mêmes mots à la bouche : stress et épuisement. Combien de temps allons-nous encore supporter ça ?

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