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M. Macron a eu raison de dire dans l’entre-deux-tours que ce n’était pas le moment de changer de programme car ç’aurait été trahir la confiance de ceux qui avaient voté pour lui au premier tour. Il a également eu raison d’affirmer qu’il allait de soi que certains électeurs voteraient pour lui au second tour qui n’approuvaient pas pour autant son programme puisque c’était là la règle du jeu dans une élection présidentielle à deux tours, et qu’il n’y était donc pour rien.
Il a encore eu raison d’affirmer qu’il n’a pas bénéficié d’un Front républicain et là, quoi qu’on pense de sa politique passée et de celle à venir, il faut le féliciter d’avoir su créer de lui-même une dynamique de Front républicain par son attitude irréprochable dans le débat d’entre-deux-tours, ne se démontant pas devant les attaques d’une rivale incivile qui, par sa manière de se conduire, a jeté le doute parmi certains de ceux qui s’apprêtaient à voter pour elle en imaginant qu’élue elle respecterait le cadre démocratique.
Mme Le Pen visait dans le débat télévisé du 3 mai le knock-out au premier round, or il n’a pas eu lieu. Elle a remis cela au second round, sans plus de succès. Au lieu d’adapter alors sa stratégie, elle a persisté dans la pluie d’attaques ad hominem contre son adversaire, et n’a pas tardé à s’épuiser. Elle a aussitôt perdu 6 points dans les intentions de vote pour avoir fait la preuve urbi et orbi qu’elle n’était qu’une rustre, M. Macron y a gagné 3 pour avoir encaissé sans broncher. Soit au total, à peu de choses près, le verdict des urnes aujourd’hui.
Ceci étant dit, il faudra à M. Macron, aussitôt après la passation des pouvoirs, tenir compte de tout ce qu’il a pu ignorer dans l’entre-deux-tours, qu’il s’agisse des premières mesures à prendre ou d’engager la campagne des législatives qui débutent aujourd’hui même puisque, s’il peut compter sur une large fraction des cadres du Parti socialiste qui l’ont suivi dans sa dissidence, il n’a pas pour autant d’appareil de parti à proprement parler pour soutenir son effort : fait significatif, il n’a pas été possible de recruter suffisamment d’assesseurs dans les rangs réunis d’En marche ! et du FN pour assurer le service dans les bureaux de vote.
Le fait significatif du premier tour aura été une résurgence de la gauche. Devenue parfaitement inaudible dans la période pré-électorale, elle est renée de ses cendres durant la campagne. Pas toujours cependant d’une manière dépourvue d’ambiguïté, M. Mélenchon ne regagnant du terrain sur le FN qu’en faisant siennes certaine des pires manières de ces infréquentables gens là. Son « La France aux Français », en particulier, ayant fait se dresser les cheveux sur la tête de quelques-uns d’entre nous, même si le bout de phrase était très soigneusement noyé dans un flot de considérations diverses dans un vain effort d’apparaître anodin.
Il faut que la gauche ressuscitée fasse immédiatement comprendre à M. Macron ce qu’elle représente à nouveau en termes de rapport de force dans le soutien qui lui a été apporté et lui a permis de devenir président, l’ultralibéralisme auquel il s’identifie étant lui entièrement absent du tableau, une majorité de Français s’étant résolument prononcés contre – d’une manière ou d’une autre – sur l’éventail s’étendant du très subtil à l’infiniment maladroit.
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