Billet invité.
Mais qu’est-ce qui finit par rendre lucides les grandes organisations internationales comme le FMI, la Banque Mondiale et l’OCDE, qui ne nous y ont pas habituées, engoncées dans leur phraséologie et leurs stéréotypes ?
Après avoir souligné le danger des inégalités montantes qu’elles ignoraient auparavant, elles critiquent désormais une mondialisation qu’hier elles encensaient. Cela mérite d’être relevé, même si cela ne semble produire comme effet qu’un illusoire repli sur soi assorti d’un renouveau de la xénophobie.
Face à ce rejet de la mondialisation illustré par une crise politique aux effets imprévisibles, le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria plaide désormais pour l’adoption de « règles du jeu équitables » par les pays prenant part aux marchés mondialisés, ainsi qu’une croissance « inclusive ». Il ne fait à ce dernier sujet que reprendre les termes employés par Christine Lagarde au nom du FMI. Le commerce, l’investissement et la conduite des entreprises étant visés par lui, autant dire qu’il appelle – non sans quelque innocence, si on veut bien lui accorder – à une réforme du capitalisme en bonne et due forme, ou presque. Il lui suffirait simplement d’ajouter à sa liste la poursuite de la régulation financière.
« Trop peu a été fait pour aider davantage de citoyens à faire face aux conséquences, étroitement liées entre elles, des échanges, des investissements directs étrangers et des mutations technologiques » déplore Angel Gurria qui le découvre, sous le double choc de l’élection de Donald Trump et du Brexit, face au rejet qui s’est intensifié de la mondialisation.
Le malheur veut que ces mêmes organisations restent singulièrement discrètes au chapitre des mesures à prendre – une fois agitées de sempiternelles recettes se gardant bien de bouleverser le monde comme l’éducation – si l’on veut tenir compte de leurs nouvelles préoccupations. Cela accrédite l’idée que leurs préconisations sont avant tout destinées à prendre leurs distances. Responsables mais pas coupables !
S’y ajoute la description de plus en plus fréquemment rencontrée d’une ère qui va allier une faible croissance à une pression déflationniste, ainsi qu’à un chômage endémique que nul n’ose plus appeler structurel, et pourtant, se raccrochant à l’idée qu’il va retrouver son niveau d’antan. Celui des jeunes devrait pourtant particulièrement alarmer.
Il va falloir s’y résoudre et faire avec, si l’on comprend bien, même si l’on n’en saisit pas les raisons ! Tels sont en effet les éléments de langage qui prennent corps pour nous être distillés. Seuls quelques esprits à contretemps veulent faire partager la Chimère d’une croissance salvatrice pour demain, cette carotte destinée à faire passer le reste de leurs malsaines ambitions.
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