Hein ? On est d’accord : on est du côté de la tragédie grecque !
timiota
Et la terrible sphinx de la pièce (qui permet à Å’dipe de se mettre en valeur) a pour nom « capitalisme » et sa peste « déclassement social » (Je lis le livre de Benoît Coquard « ceux d’ici » , une vue « de la base » qui pose bien la question « écono-territoriale » au échelles de 300 m à 300 km)
Oui, de la bonne sociologie, Arkao. La moitié des éléments pris séparément ont l’air de choses connues (mais recadrées sociologiquement, ce ne sont pas des lieux communs) et l’autre moitié est plus originale, notamment le parallèle de la valorisation homme vs. femme entre « marché matrimonial » (ou plus tard dans la vie de conjoint avec réseau d’amis, devenue importante par là disparition des bars de village) et marché du travail.
Ces « zones où on reste » ici dans le Grand Est (cantons à grandes distances des villes les plus proches que sont Nancy, Metz, Dijon, Belfort, Besançon, et sans doute les Vosges à l’Est et Châlons à l’ouest, où l’ombre portée de l’affaire Gregory n’est pas disparue à 100%) vont pourtant jouer un rôle crucial : énergie (éoliennes ou pas, voir les débats du moment en Allemagne : vivre entre deux parcs naturels oblige à accueillir toutes les éoliennes du monde au Nord dans des « couloirs » surpeuplés de moulins pour que la Bavière dépense l’électricité produite au Sud), biodiversité (scieries, bois d’élevage ou bois « biodivers ») avec des besoins de main d’œuvre et de savoir-faire qu’il faut sortir de la logique de la réussite scolaire. Benoït Coquard explique bien que la génération en collège en 1990-2000 qui aurait dû prendre le train du « 80% au bac » pour améliorer le niveau de vie de tous (dans un monde finlandais), s’est retrouvée éclatée, les campagnes ne fournissant pas le modèle « 80% » aux collégiens/lycéens, mais un modèle « 60% » au mieux. Pour les 40% restant, les métiers de manoeuvres sur lesquelles ils comptaient dans leur visions de très jeunes adultes (à leur 16 ans disons) s’étaient raréfiés pour ne laisser la place qu’à des jobs pas beaucoup plus payé (SMIC +) mais « sélectionnés » , « pistonnés » par l’interconnaissance locale (être l’ami recommandable de machin qui bosse déjà dans la boite). Jobs dont ils seront durablement exclus, avec comme résultat la plus grosse consommation d’héroïne par tête dans les cantons concernés (assertion à préciser), à égalité avec les banlieues ad hoc (celles qui s’approvisionnent à St Ouen).
Ma vision du moment en bref: en reconstituant des « sociétés larges » dont les membres peupleraient un « escalier écologique » des campagnes (escalier à la Escher, il s’agit de fait de ce qu’on appellerait un éco-système reconstruit, mais qu’on met « en rond » pour que chacun voit tenant et aboutissant sous une forme plus claire) , on pourrait il me semble recréer des cercles plus inclusifs. Il s’agit si on veut d’une éco-chose circulaire, mais pas que une éco-nomie.
Dans ce vague cadre, la notion de « clairière » (laye) qui domina l’aménagement rural au Moyen-âge (StGermain en Laye…), peut être reprise, sous forme de « clairières vertes », où les flux d’eaux, d’air, d’animaux de travail et d’énergie sont repensés.
En voyant la taille de ce qui fut fait dans les grands estuaires dès les années 1870-1880 (Rhin-Meuse, ou encore la Weser qui sur 80 km (Bremen => Bremerhaven) fut retravaillée « en entonnoir » pour que la marée atteigne à nouveau Brême, dont le sort semblait être celui de Bruges du fait de l’envasement), un peu dans la veine des « économies de Guerre », on pourrait faire une guerre-clairière (pas une guerre éclair) de la biodiversité socialement utile, là où les paysages sont déjà 200% anthropisés (champs, prairies et forêts).
Pas super clair, je pense à voix haute, à revoir…
Muller Eric
Ce n’est peut-être pas super clair mais le fond sent bon. Il s’agirait de remonter un système socio-éco-culturel local en tenant compte de l’état écologique du territoire.
C’est ce qui se passait effectivement au temps des premiers états, essentiellement dépendants des variations de leur biotope, à en croire Homo domesticus, James C. Scott, les états vivant alors une « écologie politique » qui s’ignore, vulnérables aux chaos de la nature comme à ceux induits par leurs existences mêmes. https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Homo_Domesticus-9782707199232.html
Homo domesticus montre aussi un État en quête permanente d’enrichissement, au dépend de sa propre population comme de son voisinage. Ce processus s’effectue désormais à l’échelle planétaire et sans plus laisser de place au vivant non domestiqué, avec d’autant moins de scrupule que, cette fois, il se ferait en toute connaissance de cause, par biologie de synthèse.
@ arkao : Demoule, je l’ai aussi bien apprécié (séminaire au LIED, univ D diderot, il y a 20 mois…), juste que mes oreilles chez les ABPJ m’ont dit que sur son affaire tardive sur les langues et le sanskrit, le mythe indo-européen, il est allé se faire plaisir à lui mais peut-être sur le dos de la rigueur.
Perso, à part des fouilles sur les danubiens en pur amateur dans les gravières de l’Yonne des années 80, je n’ai pas de corde à mon arc sur le peuplement et la linguistique européenne. (Juste E. Todd qui m’a appris ce que lui avait appris le « conservatisme des langues périphériques » et Calvino qui m’a fait retenir le doux adjectif de botno-ougrien)
timiota
On est un peu sorti du fil, par ma faute.
(Ou alors le mythe d’Å’dipe aide à voir qu’on fait ce qu’on ne pensait pas faire ?).
Pas de « papier » en bonne et due forme à propose, mais reprendre la logique de mon « vieux » billet sur le modèle écono-territorial (pour expliquer les 30 glorieuses : coïncidence d’un espace national avec un « rayon d’approvisionnement », sans interdire un bon peu de flux extérieur, voire mieux, en commençant à se sevrer des pires exploitations coloniales, (Piketty (..arf) …) ) :
Quelles sont les échelles spatiales d’une éco-géo-ingénierie ?
– On voit en Allemagne moults terrils de terre (plus que de résidus vraiment charbonniers) reconvertis en panneau solaire sur leur flanc sur, et servant probablement de mur anti-bruit du train pour les lotissements voisins.
– La micro-hydroélectricité (pose des pbs type Sivens) et les éoliennes (pose un pb à échelle à peine plus grande : regroupement de toutes les éoliennes hors des parcs naturels protégés, et sur les crêtes, et loin des bobos aixois chatouilleux, etc etc. donc chez les péquenauds)
– Les bassins fluviaux : où y intercepter/traiter/réguler les flux vers la mer (plastiques notamment) ? Dans le lit principal des grands fleuves ou dans des lits moins profonds des affluents < 200 km ?
Les estuaires sont dans la même catégorie spatiale mais requiert un savoir énorme, que peut-on "toucher" sans tout casser ? La Rance comme contre-exemple ?
– Et l'agriculture dans tout ça : hacher un champ en bandelettes de 70 m de large prises entre des lés (ou lais ?) de forêt pour avoir une régulation thermique, éolienne et hydrique "low-cost" au détriment du rendement mais au bénéfice d'une certaine biodiversité (couloirs quasi-continus voire en réseaux pour les animaux), certes pas dans la Beauce, mais dans de vastes zones collinaires. C'est un peu ça que je voyais comme clairière du XXIème siècle.
Sur ces espaces fortement structurés, on peut monitorer les flux (minéraux, eutrophie, biodiversité) à plusieurs échelles et ne pas être dans la surprise quand une inondation ramène des boues riches en ingrédient machin-bidule sur la zone lacustre du coin.
Sans parler de la météo locale (évapo-transpiration régulée).
Pour avoir des compétences sur ces échelles il faut des gens formés dès l'adolescence à l'échelle du jardinage, qui peut impliquer à peu près tout ça (arbres, mares, biochimie d'icelles, sédiments, …)
, puis passer à l'échelle au-dessus, comme on a su former les gens pour les efforts industriels (jusqu'à un certain poin: "Ceux qui restent" parlent des cas qui foirent …).
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9 réponses à “Ivanka Trump, Christopher Steele & … Stormy Daniels”
Oedipe POTUS ?
Steele en Créon ?
Sophocle en une bientôt ?
Hein ? On est d’accord : on est du côté de la tragédie grecque !
Et la terrible sphinx de la pièce (qui permet à Å’dipe de se mettre en valeur) a pour nom « capitalisme » et sa peste « déclassement social » (Je lis le livre de Benoît Coquard « ceux d’ici » , une vue « de la base » qui pose bien la question « écono-territoriale » au échelles de 300 m à 300 km)
Vous vouliez parler du livre « Ceux qui restent » ?
https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Ceux_qui_restent-9782348044472.html
Il donne effectivement envie.
Oui, de la bonne sociologie, Arkao. La moitié des éléments pris séparément ont l’air de choses connues (mais recadrées sociologiquement, ce ne sont pas des lieux communs) et l’autre moitié est plus originale, notamment le parallèle de la valorisation homme vs. femme entre « marché matrimonial » (ou plus tard dans la vie de conjoint avec réseau d’amis, devenue importante par là disparition des bars de village) et marché du travail.
Ces « zones où on reste » ici dans le Grand Est (cantons à grandes distances des villes les plus proches que sont Nancy, Metz, Dijon, Belfort, Besançon, et sans doute les Vosges à l’Est et Châlons à l’ouest, où l’ombre portée de l’affaire Gregory n’est pas disparue à 100%) vont pourtant jouer un rôle crucial : énergie (éoliennes ou pas, voir les débats du moment en Allemagne : vivre entre deux parcs naturels oblige à accueillir toutes les éoliennes du monde au Nord dans des « couloirs » surpeuplés de moulins pour que la Bavière dépense l’électricité produite au Sud), biodiversité (scieries, bois d’élevage ou bois « biodivers ») avec des besoins de main d’œuvre et de savoir-faire qu’il faut sortir de la logique de la réussite scolaire. Benoït Coquard explique bien que la génération en collège en 1990-2000 qui aurait dû prendre le train du « 80% au bac » pour améliorer le niveau de vie de tous (dans un monde finlandais), s’est retrouvée éclatée, les campagnes ne fournissant pas le modèle « 80% » aux collégiens/lycéens, mais un modèle « 60% » au mieux. Pour les 40% restant, les métiers de manoeuvres sur lesquelles ils comptaient dans leur visions de très jeunes adultes (à leur 16 ans disons) s’étaient raréfiés pour ne laisser la place qu’à des jobs pas beaucoup plus payé (SMIC +) mais « sélectionnés » , « pistonnés » par l’interconnaissance locale (être l’ami recommandable de machin qui bosse déjà dans la boite). Jobs dont ils seront durablement exclus, avec comme résultat la plus grosse consommation d’héroïne par tête dans les cantons concernés (assertion à préciser), à égalité avec les banlieues ad hoc (celles qui s’approvisionnent à St Ouen).
Ma vision du moment en bref: en reconstituant des « sociétés larges » dont les membres peupleraient un « escalier écologique » des campagnes (escalier à la Escher, il s’agit de fait de ce qu’on appellerait un éco-système reconstruit, mais qu’on met « en rond » pour que chacun voit tenant et aboutissant sous une forme plus claire) , on pourrait il me semble recréer des cercles plus inclusifs. Il s’agit si on veut d’une éco-chose circulaire, mais pas que une éco-nomie.
Dans ce vague cadre, la notion de « clairière » (laye) qui domina l’aménagement rural au Moyen-âge (StGermain en Laye…), peut être reprise, sous forme de « clairières vertes », où les flux d’eaux, d’air, d’animaux de travail et d’énergie sont repensés.
En voyant la taille de ce qui fut fait dans les grands estuaires dès les années 1870-1880 (Rhin-Meuse, ou encore la Weser qui sur 80 km (Bremen => Bremerhaven) fut retravaillée « en entonnoir » pour que la marée atteigne à nouveau Brême, dont le sort semblait être celui de Bruges du fait de l’envasement), un peu dans la veine des « économies de Guerre », on pourrait faire une guerre-clairière (pas une guerre éclair) de la biodiversité socialement utile, là où les paysages sont déjà 200% anthropisés (champs, prairies et forêts).
Pas super clair, je pense à voix haute, à revoir…
Ce n’est peut-être pas super clair mais le fond sent bon. Il s’agirait de remonter un système socio-éco-culturel local en tenant compte de l’état écologique du territoire.
C’est ce qui se passait effectivement au temps des premiers états, essentiellement dépendants des variations de leur biotope, à en croire Homo domesticus, James C. Scott, les états vivant alors une « écologie politique » qui s’ignore, vulnérables aux chaos de la nature comme à ceux induits par leurs existences mêmes.
https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Homo_Domesticus-9782707199232.html
Homo domesticus montre aussi un État en quête permanente d’enrichissement, au dépend de sa propre population comme de son voisinage. Ce processus s’effectue désormais à l’échelle planétaire et sans plus laisser de place au vivant non domestiqué, avec d’autant moins de scrupule que, cette fois, il se ferait en toute connaissance de cause, par biologie de synthèse.
A lire absolument (bon sang, aura-t-on assez d’une vie!). Préface de l’édition française par J.P. Demoule (auteur à lire aussi – ô maitre, si vous passez par là, merci pour votre enseignement).
Travaux qui montrent qu’un des chapitres du futur ouvrage de P.J. et de Vincent Burnand-Galpin est un peu bâclé:
https://www.pauljorion.com/blog/2019/12/12/les-etres-humains-ne-sont-pas-naturellement-outilles-pour-se-soucier-de-la-survie-de-lespece-par-vincent-burnand-galpin/
@ arkao : Demoule, je l’ai aussi bien apprécié (séminaire au LIED, univ D diderot, il y a 20 mois…), juste que mes oreilles chez les ABPJ m’ont dit que sur son affaire tardive sur les langues et le sanskrit, le mythe indo-européen, il est allé se faire plaisir à lui mais peut-être sur le dos de la rigueur.
Perso, à part des fouilles sur les danubiens en pur amateur dans les gravières de l’Yonne des années 80, je n’ai pas de corde à mon arc sur le peuplement et la linguistique européenne. (Juste E. Todd qui m’a appris ce que lui avait appris le « conservatisme des langues périphériques » et Calvino qui m’a fait retenir le doux adjectif de botno-ougrien)
On est un peu sorti du fil, par ma faute.
(Ou alors le mythe d’Å’dipe aide à voir qu’on fait ce qu’on ne pensait pas faire ?).
Pas de « papier » en bonne et due forme à propose, mais reprendre la logique de mon « vieux » billet sur le modèle écono-territorial (pour expliquer les 30 glorieuses : coïncidence d’un espace national avec un « rayon d’approvisionnement », sans interdire un bon peu de flux extérieur, voire mieux, en commençant à se sevrer des pires exploitations coloniales, (Piketty (..arf) …) ) :
Quelles sont les échelles spatiales d’une éco-géo-ingénierie ?
– On voit en Allemagne moults terrils de terre (plus que de résidus vraiment charbonniers) reconvertis en panneau solaire sur leur flanc sur, et servant probablement de mur anti-bruit du train pour les lotissements voisins.
– La micro-hydroélectricité (pose des pbs type Sivens) et les éoliennes (pose un pb à échelle à peine plus grande : regroupement de toutes les éoliennes hors des parcs naturels protégés, et sur les crêtes, et loin des bobos aixois chatouilleux, etc etc. donc chez les péquenauds)
– Les bassins fluviaux : où y intercepter/traiter/réguler les flux vers la mer (plastiques notamment) ? Dans le lit principal des grands fleuves ou dans des lits moins profonds des affluents < 200 km ?
Les estuaires sont dans la même catégorie spatiale mais requiert un savoir énorme, que peut-on "toucher" sans tout casser ? La Rance comme contre-exemple ?
– Et l'agriculture dans tout ça : hacher un champ en bandelettes de 70 m de large prises entre des lés (ou lais ?) de forêt pour avoir une régulation thermique, éolienne et hydrique "low-cost" au détriment du rendement mais au bénéfice d'une certaine biodiversité (couloirs quasi-continus voire en réseaux pour les animaux), certes pas dans la Beauce, mais dans de vastes zones collinaires. C'est un peu ça que je voyais comme clairière du XXIème siècle.
Sur ces espaces fortement structurés, on peut monitorer les flux (minéraux, eutrophie, biodiversité) à plusieurs échelles et ne pas être dans la surprise quand une inondation ramène des boues riches en ingrédient machin-bidule sur la zone lacustre du coin.
Sans parler de la météo locale (évapo-transpiration régulée).
Pour avoir des compétences sur ces échelles il faut des gens formés dès l'adolescence à l'échelle du jardinage, qui peut impliquer à peu près tout ça (arbres, mares, biochimie d'icelles, sédiments, …)
, puis passer à l'échelle au-dessus, comme on a su former les gens pour les efforts industriels (jusqu'à un certain poin: "Ceux qui restent" parlent des cas qui foirent …).