La haute autorité de surveillance de l’Union se trouve en Grèce, et son responsable se nomme Tsipras, par Pierre-Yves D.

Billet invité

Le combat que mène Syriza et le gouvernement grec depuis des mois est politique, mais il comporte aussi une grande valeur pédagogique en faisant office de révélateur. De même qu’il tire le signal d’alarme ! En attaquant à l’os le substrat social d’un peuple, la Grèce, la Troïka et les dirigeants européens montrent dans toute son ampleur l’iniquité et la férocité du système qu’il ont mis en place, ou qu’ils veulent laisser en l’état. Si Syriza et Tsipras ont pu avoir quelque écho en Europe depuis la constitution du gouvernement grec, c’est parce qu’ils luttent d’arrache-pied au sein de l’euro, et ainsi en révèlent au grand jour les vices de construction.

Ils pointent du doigt les pièces défectueuses et démontrent par l’absurde d’une situation que celles-ci ne se trouvent pas dans un pays, la Grèce, mais dans un système qui n’a pas su faire en sorte que l’argent aille là où l’on en a besoin faute d’avoir supprimé la spéculation et la rente. Hors de l’euro, c’est à craindre, l’aventure du peuple grec ne sera plus associée à la nôtre et il nous sera moins aisé de nous identifier au sort des Grecs qui ne pourront plus compter alors que sur leurs propres forces, un peu comme les républicains espagnols qui ne purent compter de manière significative sur l’aide du gouvernement français d’alors.

Faisons cette métaphore. Tsipras, c’est l’autorité de surveillance de l’industrie nucléaire qui dit : « attention, la cuve de la centrale de Fessenheim est défectueuse, on ne pourra pas la faire fonctionner longtemps dans ces conditions. Si rien n’est fait pour la remplacer, ou plus réaliste encore, si l’on ne programme pas l’arrêt du programme nucléaire, nous courons à la catastrophe ». Traduit dans la situation qui nous concerne cela donne : attention, casse-cou, si l’on continue à faire des diverses parties prenantes de l’Union des concurrents et non pas des associés solidaires, c’en sera fini de l’euro et de l’Union. Arrêtons le bricolage à la petite semaine, revoyons les fondations et même les principes qui sous-tendent son fonctionnement, le cas échéant en abandonnant purement et simplement les principes destructeurs !

Les Grecs représentés par leur gouvernement de gauche ne luttent pas tant pour eux-mêmes, pour leurs intérêts, sinon celui des moins nantis, que pour une certaine idée de la politique, comme lieu du bien commun. Renvoyés à eux-mêmes, dans le périmètres de leurs frontières, je le crains, l’Union se délitera encore en peu plus tandis qu’à lutter en son sein il demeure une chance, même infime, que les peuples infléchissent le sens de l’orientation qui lui a été donnée depuis des décennies.

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