L’ÉQUATION PORTUGAISE, par François Leclerc

Billet invité.

Quelle solution gouvernementale va pouvoir émerger au Portugal? Deux solutions restent en lice : une coalition de gauche PS-PC-Bloc de gauche reposant sur une majorité à l’Assemblée, ou une coalition de droite PSD-CDS qui y est minoritaire ? Ayant obtenu le plus de voix, le leader du PSD pourrait être chargé par le Président de la République de constituer le futur gouvernement dès mercredi, mais celui-ci ne pourrait pas prétendre à la stabilité.

Antonio Costa, le leader du PS, a clairement refusé la proposition de grande coalition de Pedro Passos Coelho, le président du PSD et premier ministre en fin de mandat. Avec cette offre, ce dernier a tenté de rattraper l’échec initial des négociations avec le PS, mais sans résultat. Parallèlement, les réunions « techniques » se poursuivent entre le PS et ses deux éventuels alliés de gauche, afin de dégager les bases d’un accord qui donnerait à un gouvernement socialiste minoritaire la stabilité requise. Toutefois, la direction du PC utilise des formules alambiquées pour ne pas s’engager clairement, fragilisant l’hypothèse d’une solution à gauche, tandis qu’Antonio Costa fait pour sa part état de « la volonté souveraine des Portugais en faveur d’une réorientation politique », à laquelle il entend répondre.

Afin de faire le point, le Président de la République recevra mardi et mercredi prochains tous les partis successivement. S’il donne à Pedro Passos Coelho la responsabilité de former le gouvernement, en reconduisant la coalition de droite, le PS a déjà indiqué qu’il ne fera pas obstacle à sa constitution en s’abstenant à l’Assemblée de la République. La réciprocité ne serait toutefois pas nécessaire pour un gouvernement socialiste soutenu par le PC et le Bloc de gauche, qui y sont ensemble majoritaires.

Dans les deux cas, le nouveau gouvernement portugais devra chercher des majorités pour gouverner. Auprès du PS, s’il s’agit de la coalition de droite, auprès du PC et du Bloc de gauche, s’il était en fin de compte socialiste. Dans le premier cas, le PS disposera d’un droit de veto sur les décisions du gouvernement soumises au vote de l’Assemblée, dans le second, c’est le PC et le Bloc de gauche qui en disposeront. A ce jeu-là, quel qu’il soit, un gouvernement tiendra-t-il les quatre années de la législature qui s’annonce ?

Ces années à venir vont être mouvementées. Le Portugal ne va plus être le bon élève obéissant de la classe que les autorités européennes congratulaient. La crise politique européenne s’étend.

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