Mark O’Connell, To Be a Machine (I) À propos de l’auteur

Mark O’Connell a obtenu un doctorat en littérature anglaise à Trinity College Dublin, université où il enseigna ensuite quelques années. Il a consacré sa thèse au romancier John Banville, Irlandais comme lui, qualifié par un critique de « Proust mâtiné de Nabokov ».

En mars de cette année, O’Connell a publié un livre intitulé : To Be a Machine, « être une machine », au sous-titre plus explicite : « aventures parmi les cyborgs, les utopistes, les hackers, et les futuristes résolvant le modeste problème de la mort ».

Le mot « aventures » se justifie par le fait que si O’Connell a interviewé un nombre considérable de personnes appartenant aux catégories susnommées, il a aussi parfois partagé leur vie pendant plusieurs semaines, ainsi quand il accompagna sur les routes un transhumaniste du nom de Zoltan Istvan, candidat à la présidence des États-Unis, dans un camping car de la toute première génération : un Blue Bird Wanderlodge 1978 précisément, grimé en cercueil géant et nommé « Immortality Bus », leurs pérégrinations les menant entre autres sur le champ de tir nucléaire d’un désert du Nouveau Mexique, où le candidat à la présidence pose devant une réplique de « Fat Man », la bombe au plutonium de Nagasaki, brandissant une banderole où est écrit « LE PARTI TRANSHUMANISTE CONTRE LE RISQUE EXISTENTIEL », ou menant croisade à Los Angeles contre une décision de la ville de consacrer 1,3 milliard de dollars à l’aménagement des trottoirs pour y faciliter le déplacement des personnes handicapées, déclarant qu’une telle somme serait plus intelligemment dépensée en procurant aux handicapés des prothèses électroniques, voire des exosquelettes : « Réparons-les plutôt ! », proclame-t-il.

Zoltan Istvan devant l’Immortality Bus

L’acolyte de Istvan durant sa campagne, appelé Roen Horn, un sombre jeune homme filiforme, préserve sa virginité pour de futures sexbots dont il dit qu’elles ne trahiront pas son amour et ne lui refileront pas de vilaines maladies. Il explique par ailleurs que s’il ne mange que de bonnes choses, c’est en vue de vivre suffisamment longtemps pour que soit atteinte la « vitesse de libération de la longévité » (longevity escape velocity), conçue sur le modèle de la vitesse de libération de l’attraction terrestre, à savoir le moment où le nombre de mois qu’ajoutent chaque année à notre espérance de vie les progrès de la médecine, ne sera plus trois comme aujourd’hui (en sorte que nous ne vieillissons effectivement que de neuf mois chaque années) mais dépassera douze mois (en sorte qu’à la fin de chaque année nous n’aurons pas vieilli du tout mais au contraire rajeuni d’un ou de plusieurs mois), et nous assurera du coup l’immortalité en raison de cette transition qui aura été douce mais sera néanmoins décisive, un concept dû à l’informaticien anglais devenu gérontologue autodidacte Aubrey de Grey, qui s’est rendu célèbre par le slogan « certains d’entre vous vivront mille ans ! », une formule que le docteur Laurent Alexandre a popularisée par la suite dans le monde francophone.

Le sexbot Kyoko dans Ex_Machina (2015) d’Alex Garland
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