La dimensionnalité de la monnaie (L’étape suivante)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Merci à ceux qui ont compris ce que j’appelais mes « tentatives exploratoires » dans La dimensionnalité de la monnaie (La dimension créancière) et m’ont encouragé de leurs conseils. Aller vers une réelle « dimensionnalité » – sans se contenter d’un simple taux – est effectivement ce à quoi je vise.

La « dimension fractale » est bien entendu – et comme beaucoup l’ont deviné – ce qui me servait d’exemple. Pourquoi ? parce qu’il faut maintenant intégrer de nouveaux niveaux à la mesure, « évoquant » la notion d’auto-similarité, centrale aux fractales. Ce sont bien sûr les intérêts et le temps qu’il va falloir intégrer.

Un taux entre argent + dette et argent [ (a + d) / a ], la définition originale de ma dimension créancière atteint une valeur de 2 quand tout l’argent sert à rembourser la dette. Mais c’est compter sans les intérêts. S’il y a des intérêts à verser, ce qui sera généralement le cas, 2 (le seuil d’insolvabilité) est atteint alors que la somme d’argent est toujours supérieure au niveau de la dette. Si, a est l’argent, d, la dette, et i représente le taux d’intérêt, alors dans le cas simple d’une année, 2, le seuil d’insolvabilité de la dimension créancière est atteint lorsque

a = d x (1 + i)

Si le taux est de 5 % et la dette de 100 €, l’insolvabilité est atteinte dès que la somme d’argent disponible est inférieure à 105 €.

Quand on passe à deux ans, 2 est atteint lorsque

a = d x (1 + i)^2

et ainsi de suite, l’exposant de la parenthèse représentant la maturité du prêt.

On pourra ainsi, en fonction du montant de la dette et de l’argent disponible, calculer les combinaisons de taux maximum et de maturité maximum qui garantissent toujours la solvabilité.

On aura des surprises, parce qu’on s’apercevra alors à quel point les intérêts « bouffent » l’argent. J’ai constaté aux États-Unis que dans le cas du prêt immobilier typique : trente ans avec amortissement, la plupart des gens étaient effarés d’apprendre que les intérêts versés sur la période représentent en général une somme équivalente à celle du prêt lui-même (je viens de refaire le calcul : pour un prêt sur trente ans, un taux de 5,3% assure que la somme qui sera remboursée – intérêts et principal – est le double de la somme empruntée ; pour un taux plus élevé, les intérêts dépassent le montant du principal).

Le billet précédent tâtait le terrain, établissant les principes élémentaires d’une dimension créancière, il s’agit maintenant – comme vous l’aviez compris – de créer un véritable outil.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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35 réponses à “La dimensionnalité de la monnaie (L’étape suivante)”

  1. Avatar de tigue
    tigue

    « vous en thésauriseriez…une grosse partie ? »
    Thésauriser comme « mettre sous le matelas » ou comme  » déposer a la banque, pour qu elle puisse justifier de créer 9 lignes de crédit a 9 pékins pour se précipiter à acheter 9 bagnoles (maintenues artificiellement chères Grace a la solvabilisation par le crédit )?
    Quand le crédit s arrête, il y a zéro pékins et les prix vont au Sud, c est ce qu on appelle la déflation…(c est le truc qui est train de se passer en ce moment quoi…)

  2. Avatar de Paul Jorion

    @ tigue

    Ah oui ? Comment pourra-t-il y avoir 9 lignes de crédit permettant d’acheter 9 bagnoles ?

  3. Avatar de logique
    logique

    @paul,

    pour que cela soit possible il faut que le crédit pour voiture soit gerer par le constructeur. Si celui ci vends une voiture, il remet a la banque l’argent de sa vente et l’utilise pour generer un nouveau crédit. Le banquier lui dit d’acoord est il autorise un secand crédit voiture avec l’argent du constructeur. La secande voiture vendu a crédit fait que le constructeur recupére l’arget de la première vente qu’il remet en circulation via le crédit. Cette petite machine fonctionnent bien et peut continuer a fontionner trés longtemps. Le problème reste que le constructeur n’as jamais de cash mais doit faire entièrement confiance aux personnes qui auront pris les crédits.

    @TL,

    Si le prix monte, soit la quantité d’échanges baisse, soit parce que la circulation ne se fait plus, soit c’est la masse monaitaire qui augmente trop vite. Comme tu le remarque les variables d’ajustements sont multiples. Mais ne t’inquiète pas TL, plus les prix montent plus il y a de crédits qui seront disponible, si la quantité d’échange reste élevé. C’est une excellente équation, mais bien sur il n’y a pas que celle là dont il faut tenir compte. Tu peux y ajouter les parités monaitaires et bien sur le ration des banques en fonction du prix de ses actifs. Ensuite c’est un vrai système neuronal d’information avec des relations entre tout les paramétres. Mais je vais laissé cela de coté pour l’instant. Le temps que les bases soit deja solide.

    Pour les 50 dernières années ont a eu un phénome de baisse des prix sur les produits manufacturé, grace a la mondialisation, par contre pour le prix des biens de longue duré, immo principalement et pain cigarette médicament ext… les salaires ont conpensé l’inflation. Le vrai problème de notre socièté debutent dans les années 80 ou la competitions des état les a forcé a construire de grosses structure financière pour mettre en place le crédit et éviter un hausse massive des salaires. Le merdier dans lequel ont n’est rien d’autre que le résultat des decision anglaise. Car si en france ont se plein en angletterre eux ils se serrent la ceinture et trés fortement.

    @tique,

    Oui, Et c’est d’ailleurs se qui inquiète beaucoup les BC a l’heure actuel et en particulier les état unis. Pour l’europe une déflation ne ferait que permettre aux peuple de l’est de retrouver une capacité de consommer, ceux qu’il ont largement perdu a par pour ceux qui sont venu travailé a l’ouest.

    M’enfin je comprends bien notre incompréhension plus ou moins générale des mécanismes économiques, c’est une équation diffrenciel a 4 parametres minimum. Puisque dans MV = PQ , M ou masse monaitaire n’est sencé représenter que les salaires lié a la production et non pas la volatilité des prix, variations. Le monde change et les équations se transforment, et c’est souvent dans le second cas que le bordel arrive car les conséquence ne sont pas toujours visible tout de suite. Les vrai responsable du bordel actuel sont ceux qui ont organisé la propagande immobilière et boursière en jouant avec les crédits.

  4. Avatar de johannes finckh

    Ce qui est exposé là est ce que les geselliens montrent de par la croissance selon une courbe exponentielle des avoirs monétaires d’un côté et des dettes de l’autre.
    L’insolvabilité est atteinte dès que « la capacité de souffrance » des peuples atteint sa limite. Et quand, comme pour les subprimes, les mensualités dépassent ce que les revenus les plus modestes peuvent assumer, d’où les insolvabilités croissantes, etc.
    L’évolution « naturelle » du cpaitalisme impose une rente d capital croissante au point de dépasser toute croissance économique possible. A ce moment-là, la baisse du revenu disponible s’ensuit inéluctablement:
    La rente du capital dépasse ce que la croissance annuelle ajoute au PIB.
    Il s’ensuit une baisse de la consommation des ménages ainsi qu’une baisse du PIB.
    Et puisque la croissance de la rente se poursuit, ou essaye de se poursuivre « comme si de rien n’était », la crise sociale devient aigue à tout moment, comme par exemple en Grèce maintenant (fin 2009).
    La rente du capital est à ce point vorace et obscène qu’elle finira par avoir raison aussi très bientôt de la croissance chinoise!
    Peut-être que la décroissance du PIB mondial en tamé dans les pays riche s’étendra prochainement à la planète entière, quel que soit le niveau d’industrialistion des pays respectifs – et cela sera, en quelque sort, une « réponse du réel » pour limiter les gaspillages des ressources. Une part de l’humanité va souffrir lourdement, en fait, l’immense majorité, mais la survie, déjà problématique pour les plus pauvres, va devenir franchement encore plus problématique!

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