Un billet invité de Daniel Dresse, troisième d’une série.
Quoi faire des élections européennes ?
Vous savez sans doute que nous sommes convoqués pour célébrer cet estimable rite au mois de juin prochain. Je voudrais vous faire partager ce qu’un nationaliste tiède et européen de raison peut ressentir à 6 mois d’une telle échéance.
Histoire de me moquer gentiment de tous ceux qui se sont pris pour Karl Marx depuis 160 ans, j’ai envie de vous dire que le spectre qui plane sur l’Europe actuellement relève plutôt de l’affliction morale, et porte le nom de désespérance.
S’il restait en effet un espoir de voir l’Europe, en l’état de ses institutions, se préoccuper ne serait-ce que du bout des lèvres du bien être de ses citoyens, il s’est envolé comme un fantôme face à la crise économique mondiale.
La construction européenne, qui fut l’un des piliers de la mondialisation financière, est bien partie pour servir de verrou inviolable face à cette crise. Les peuples paieront tous les pots cassés à la criée par les banques, et les institutions y veilleront. Point final.
Comme sans doute beaucoup d’autres Européens, je me demande même si cela vaudra le coup de se rendre aux urnes au printemps, ce qui est le comble pour l’intégriste du suffrage universel que j’ai toujours été.
Les générations qui ont fait cette Europe, la mienne et la vôtre, ceux qui furent baby boomer avant de tourner oldy looser, ont tous les leviers et toutes les clés pour laisser les choses en l’état : une Commission toute puissante de grands prêtres de la « libre » concurrence, un parlement qui n’a même pas l’initiative des lois, et une banque centrale qui a déjà largement entamé le racket des citoyens sans contrepartie et sans débat.
La contestation, qui se lève ici et là au sein de certains partis à l’intérieur des états, sera étouffée par le consensus général qui prévaut au sein des grands partis européens pour que la statue du commandeur étouffe un peu plus l’espace démocratique des nations.
Les tentations groupusculaires menées par ce qu’il faut bien appeler des dissidents, un Dupont Aignan à droite ou un Mélenchon à gauche, pour sympathiques qu’elles soient (parfaitement, et si l’on pouvait pacser ces deux là je serais leur témoin d’honneur) sont tout autant vouées à l’échec.
La machinerie médiatique à manipuler, à dénigrer, et à décerveler, fera son travail d’écrasement, de par la grâce des forces occultes ou déclarées qui en ont pris le commandement.
Voir se construire une alliance « cheval de Troie », à la fois trans-partis dans sa composition et trans-nationale dans sa vocation, et destinée à investir le parlement européen du plus grand nombre possible de voix contestataires sur la base d’une résolution stratégique commune minimale, relève pour l’instant d’un scénario de nostalgie-fiction. Je pense évidemment au Conseil National de la Résistance qu’avait réussi à bâtir, sur le plan national et dans un bien autre contexte européen, le Général de Gaulle et son commis voyageur héroïque Jean Moulin.
Au mois de Juin prochain donc, après m’être levé très tôt, comme j’ai l’habitude de le faire à chaque élection (2002 était un cas particulier) j’irai marquer, malgré toutes mes préventions, mon attachement au droit de vote en me déplaçant jusqu’au bureau prévu à cet effet. Mais pour le coup, je le ferai d’une manière originale.
Je ramasserai soigneusement, tous les bulletins empilés sur le présentoir, et, dans le réduit de l’isoloir, je les glisserai respectueusement dans ma sacoche.
Je sortirai alors un chèque barré de la même sacoche, daté du 20 septembre 1992 (date de l’adoption du traité de Maastricht chez nous) et endossé au verso (précaution nécessaire, ils seraient capables de l’encaisser). Le montant inscrit sera de 5161.29 € soit le montant estimé de ma contribution aux 320 milliards d’euros garantis jusqu’à présent par la France de Monsieur Sarkozy pour renflouer « nos » banques.
Au verso du chèque, sous ma signature, sera également écrite la mention suivante :
« Reçu pour ma contribution à l’Europe des banquiers et de la finance assistée ».
Je leur dois bien ça à ces braves gens. Après tout, le livret A à mon nom dont ils se servent actuellement n’a pu être rempli que grâce à l’épargne dégagée par tous les transferts sociaux dont j’ai pu bénéficier depuis des décennies par la sollicitude de tous les philanthropes de l’économie libérale (je laisse de côté les dents et les lunettes, il est irresponsable et malsain d’embrouiller les choses, ne scions pas la branche sur laquelle nous sommes assis etc.). Et puis, sûr, ils me le rendront au centuple.
L’idée « d’assistance » me plaît aussi beaucoup. Il est bon que les plus faibles dans la société prennent bien conscience de tous les efforts qui ont été et sont encore consentis à leur endroit par l’ensemble de la collectivité. Du reste, personne ne souhaite revenir aux temps maudits (1688) de La Bruyère :
L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes ; ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d’eau et de racine : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé.
Les Caractères « De l’homme » 11, 128.
Je vais maintenant me moquer ingénument de ceux qui, depuis quarante ans, se prennent pour Martin Luther King, même pour annoncer à leur conjoint qu’il (elle) ferait bien de faire aussi la vaisselle de temps en temps.
Bref, j’ai fait un rêve (« I had a dream »).
J’ai rêvé qu’en ce jour fatidique de juin 2009, qui restera désormais plus connu dans l’histoire comme « La Journée des Chèques », rien qu’en France, douze millions de chèques auront été retirés des urnes, le parti des « nuls » (désigné ainsi avec mépris par la presse à cause de leurs bulletins) mettant ainsi en échec celui des gens raisonnables, et ouvrant le premier acte de la Grande Révolution Pacifique Européenne des Nations.
Toute rêverie mise à part, il faudra de toute façon passer par des actions extraordinaires, pour que les peuples placent l’Europe devant une alternative simple :
« Protection ou Sécession »
Amen,
D.D.
50 réponses à “Quoi faire des élections européennes ?, par Daniel Dresse”
« L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes ; ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d’eau et de racine : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé. »
C’est plus nous ! Ouf ! C’est chez les autres ! Ouf ! Puisse le banquier faire le meilleur usage possible de votre chèque afin que ne me soit plus donnée, ni à mes descendants, l’opportunité de voir de telles choses de mes yeux. Je pourrais au maximum en accepter une vision différée, par exemple au travers d’une piqûre télévisée annuelle de rappel. Mais pas davantage.
Donc, « par avance », merci Monsieur Le Banquier, d’accepter ma décharge de responsabilté ou plus précisément le transfert en vos mains de la reconnaissance de ma dette envers l’humanité. Veuillez agréer etc etc
Bonne Année.
salut Daniel.
1- j’ai refais le calcul, et je trouve 5161,32 €. Mais d’où vient la différence ? Il faudrait en discutter…
2- T’es sûr que ta banque exisera encore en juin prochain ?
3- Question indiscrète… tes revenus viennent du capital ou du travail ?
4- T’as essayé de remplacer « assistance », « protection » et « secession » par un verbe ? Ce qui conduit généralement à chercher un sujet et un complément d’objet…et qui complique… ou simplifie la question…
5- OK pour les actions extraordinaires..pourquoi pas… « agir -hors de-l’habitude » ?
6- MAIS… »ça » pense plutôt qu’il faudrait une bonne fois fixer le prix du kg d’endorphine ( dite hormone du plaisir) et celui du kg de cortisol ( qui produit l’inhibition de l’action et son cortège de troubles graves, depression, perte du sommeil, système immunitaire qui disjoncte..)
On partirait de 320 milliards d€ si tu veux. On diviserait par le nombre d’europé- hein?s. On ferait la proportion entre satisfaits et insatisfaits. (Gauss, Paretto et cie) .On introduirait des facteurs de correction. Et à partir de là un nouveau marché s’offrirait à nous. Et selon un vieux principe d’auto-régulation…
les inégalités se réduiraient entre inhibiteurs (dominants) et inhibés ( soumis). Et , si je ne me trompe…les propriétaires découvriraient la jouissance… et une forme de plasticité neuro-psycho-somatique, toute rêverie mise à part. non mais.
7-amicalement et bonne année…
Je ne semble pas avoir, à travers ce que j’ai écrit, la reconnaissance que vous me prêtez dans la philanthropie des banquiers, ni la volonté d’oublier quoi que ce soit de la misère actuelle du monde, mais bon…
Merci d’avoir réagi et très bonne année à vous aussi, puisse-t-elle nous apporter espoir à tous.
D.D.
Il me semble que la loi électorale ne compte pas les bulletins blancs à part. Votre bulletin serveirait si j’ai raison à gonfler le taux de participation. Erreur stratégique se retournant contre vos désirs. Aucun média ne parlera de votre histoire de chèque, vous pouvez compter sur eux. Il vaut mieux vous abstenir. Je rajouterai que nous avons une simili paix, que la famine ne sévit pas, celà en contrepartie d’un pouvoir absolu donné aux riches et puissants. Historiquement banal. Les politiques ont toujours été et seront toujours les relais du vrai pouvoir, rien de nouveau. Ce qui est intéressant dans votre billet d’humeur, c’est la prise de conscience (enfin …) que voter ne sert à rien. Les gens qui votent ne font pas partie du peuple. Historiquement le peuple ce sont les gens qui comptent. Aux temps des seigneurs le peuple c’était les nobles, les autres étaient de l’outillage. C’est pareil maintenant. Vous, moi, ne faisons pas partie du peuple, nous ne comptons pas. Paul peut-être dans quelques temps si la chance de plaire aux puissants lui sourit. On ne change pas un sytème de l’extérieur, on le détruit. Il faut être à l’intérieur pour le changer, et comme voter ne peut pas le changer, s’abstenir peu le détruire.
profitez des derniere branlette intelectuelle la crise va reduire l irrigation le nazisionisme s enracine jamis les veuax ne sont alles a l abattoir en chantant aussi fort
vivement que vous goutiez a la misere messieurs les intelectuel
@ lescitedor..j’entends ta révolte… qui peut être aussi la mienne, je peux essayer de la comprendre.. Et même la partager. (Ca peut être du fait que j’ai vécu aussi 10 ans dans une banlieue.)
Ceci dit je ne me reconnais pas totalement dans ton jugement d’intellectuel ou de veau. Je veux bien en parler, qu’on fasse connaissance. Va savoir on a peut-être plus de ressemblances que de différences ? Et peut-être même
qu’on pourrait faire quelque-chose ensemble ?.. Si t’as mieux à proposer que la misère…je prends. (OK pour certains ça pourrait faire du bien…mais j’ai toujours eu du mal à intellectualiser comme ça…). A+
Je demande à Paul s’il peut te communiquer mon adresse…
@ Jac.
Quand je remplis la CA3 de la boîte, j’ai l’habitude d’arrondir. Cela relève donc bien du dérisoire réflexe pavlovien (on peut bien sûr discuter du sort des centimes en trop ou en moins à l’inventaire, le plan comptable général est fait pour ça) A part ça, je ne te suis pas très bien… Il faut admettre que toi et moi auront fourni quand même un louable effort de rêverie. J’A-micalise en conséquence mon retour de voeux.
@ Scaringella
J’admets votre point de vue sauf la conclusion. Si vous estimez que le droit de vote ne sert à rien, je ne vois pas par quel miracle s’abstenir de s’en servir pourrait « détruire » quoi que ce soit. Je crois même que nombreux sont ceux qui n’attendent que ça pour s’en passer officiellement. Merci quand même.
@DD
Il s’agissait surtout de pointer les accès d’humeur comme non pertinents tant qu’ ils se situent à l’intérieur des regles du jeu. Il vous faut changer les regles du jeu si vous voulez une action efficace comme suite à votre accès d’humeur.
–> Je crois même que nombreux sont ceux qui n’attendent que ça pour s’en passer officiellement.
Le président de la république française a changé la CONSTITUTION (clin d’oeil à Paul) pour faire voter ce qui l’arrangeais par ces petits copains. On voit bien le rapport des forces ( re-clin d’oeil à Paul) en présences, rapport de force mis en place par le vote lors des dernières elections présidentielles. Les quelques uns n’attendent plus depuis toujours pour s’en passer on ne peu plus officiellement. Je compati à votre humeur, mais suis navré de votre humanisme obsolète face aux rapports de forces toujours plus gigantesques en ce XXI eme siècle.
@Esteban
Vous avez trop écouté Dieudoné
@DD
Cela dit Esteban n’a pas tout à fait tort sur la chose intellectuelle stylée dont l’objet se perds dans le contentement son auteur…
Vous reprochez la toute puissance de la Commission, je vous pose la question: de quel pouvoir devrait-elle être l’expression ?
l’Europe n’est ni une nation ni un état, il n’y à pas de véritable pouvoir démocratique Européen, c’est un club d’états souverains ayant décidés d’agir de concert sur quelques domaines ou cela à un sens.
Il est vrai que l’on a du mal à y voir autre chose qu’un grand marché avec une monnaie unique sans frontière et des normes harmonisées; du pain béni pour les grandes puissances financières.
Dans la pratique, on voit des états membres faire ratifier automatiquement par leurs parlements, un nombre important de lois qui découlent d’un pouvoir supérieur plus « indépendant » que démocratique.
Mais c’est la loi du genre, c’est le prix à payer par des états souverains souhaitant se situer sur un plan d’occurrence plutôt que de concurrence, c’est sans doute un modèle politique inédit en tout cas à cette échelle.
Ne faisons pas jouer à l’Europe un rôle qu’elle ne peut pas jouer, pas encore, si vous souhaitez une Europe fédérale avec un véritable parlement et un véritable pouvoir exécutif, dites: « je souhaite une Europe fédérale avec un véritable parlement et un véritable pouvoir exécutif » mon cher Pangloss.
N’oublions pas les circonstances et l’objectif qui ont présidés à la création de l’Union Européenne, le spectre récurent des guerres européennes a bel et bien disparu.
Et ça, c’est plutôt bon signe, non ?
Je lisais Rumbo qui envoyait paitre les lumières avec les droits de l’homme et la culture occidentale, au prétexte que les pays émergents s’en emparant entreraient dans des spirales d’appropriation, de contrôle, de domination et entrainerait un “anéantissement” de plus. Je vois plutôt une chine qui souhaite porter des valeurs universelles de paix et de fraternité dont l’occident n’a pas la paternité exclusive (cf les JO). les très anciennes culture Indienne, ou Chinoise, submergées par la culture judéo-chrétienne occidentale ouarf !
L’humanisme est un bien commun de l’humanité (c’est con…), si un texte parvient à faire plus ou moins l’unanimité c’est qu’il est culturellement occurrent.
Alors essayons de ne pas bousiller au marteau piqueur les quelques remparts contre la sauvagerie que nous avons.
PS: J’ai été un peu vache au début 😉 Mheuuuu !
@Shiva
Je n’ai pas d’autre contentement à satisfaire (j’y arrive ou je n’y arrive pas) que celui de la personne qui me lit. Cela ne semble pas être le cas de tout le monde (je réponds quand il y a matière à répondre). Dans mon boulot, j’ai assez souvent affaire à des trouducs (appelons un chat un chat), pas forcément des plus à plaindre matériellement d’ailleurs, qui me reprochent d’emblée « mon style » (compte tenu des conditions dans lesquelles je vis et ai toujours vécu, ce serait plutôt le simple souci de rester digne contre vents et marées). A chacun son racisme, et, de toute façon, je sais aussi ce que veux dire courageux mais pas téméraire (à part les petits problèmes de santé de mon âge, j’ai encore du poids en plus de « mon style »).
Vos arguments en faveur de l’Europe telle qu’elle apparait aujourd’hui sont classiques et procèdent pour moi de la logique sacrificielle. Si l’Europe n’est ni une nation, ni un état, ni un pouvoir démocratique (au passage, il est un fait certain qu’une commission toute puissante se justifie en ces conditions !), qu’est-elle donc ? Vous dites « une construction inédite », soit, mais moi cela ne me console pas d’avoir avalé tant de renoncements pour en arriver là.
Je trouve étrange votre parallèle entre les plans de l’occurrence et celui qui relèverait « plutôt » de la concurrence, dans une zone ou règne précisément une concurrence forcenée des états souverains en matière fiscale et de dumping social (que penser de la politique salariale de l’état allemand selon vous : Occurrence ou concurrence ?).
Le prix à payer serait celui de la paix ? De tous vos arguments, qui sont malgré tout défendables, c’est le seul que je n’accepte pas, parce qu’il relève pour moi de l’escroquerie historique. Les guerres entre états ont ravagé l’Europe pendant des siècles, parce que l’équation était simple : qui dominait l’Europe dominait le monde (ou en imposait au monde durant sa phase ascendante).
En 1945, l’équation ne fonctionne plus. Sur tous les plans l’Europe est ruinée et le flambeau de la domination mondiale est passé en d’autres mains. Les nations européennes n’ont alors plus de raison de se faire la guerre, et il en aurait été de même qu’il y ait eu construction européenne ou pas. Et puis de quelles guerres parlez-vous ? Celles entre les nations semblent avoir effectivement vécues dans cette partie du monde, mais qu’en est-il des autres ? Qu’étaient les guerres de Yougoslavie (au cours desquelles la sainte Europe n’a pas eu le beau rôle) sinon des guerres religieuses, ethniques voire tribales plutôt que des guerres de nation ? Vous ne savez rien des conflits futurs, lesquels pourraient bien avoir le goût des guerres de clans des temps lointains.
Concernant les institutions européennes, je veux bien être Pangloss, mais de raison, comme j’ai déjà souvent eu l’occasion de le dire. Oui, il faut un vrai pouvoir législatif et un vrai pouvoir exécutif pour les matières communes Européennes, puisque maintenant il apparait impossible de revenir en arrière. A moins, bien sûr, que la force des évènements ne nous entraînent vers d’autres dérives, auxquels cas aussi bien vous que moi seront ravalés au rang « d’objets désuets ».
Sur ce que vous et Rumbo dites des valeurs que pourraient porter la Chine (reportez-vous d’ailleurs au petit travail d’archivage que j’avais fait pour Paul « tout notre débat sur la Chine ») ou l’inde, je suis totalement en accord avec vous. Ne rêvons pas trop quand même…
Oulala ! Que de nihilisme, de défaitisme, voire de poujadisme dans les réactions écrites en ce premier jour de l’an 200neuf. Daniel, vous avez allumé un feu dévastateur…
Certes l’année 2008 fut horrible au plan financier mais les seules choses vraiment détruites furent des bulles financières et des illusions sur la capacité du marché à s’autoréguler. Sur ce blog (et ailleurs), nous avons pu collecter des infos qui nous aident à mieux comprendre le monde et donc à mieux agir pour le changer positivement. Pas de panique les gars, ceux qui avaient bien lu Paul savaient que cela allait arriver et ce n’est pas la fin du monde
Bien sur les institutions européennes sont au service du néolibéralisme mais ça non plus n’est pas nouveau et je crois sentir que les représentants politiques au service de la domination néolibérale auront moins de succès en juin 2009. Mais si les mieux informés penchent vers l’abstention par excès de souhaits frustrés, l’espoir pourrait changer de camp.
Nos arrières-grands-pères, grands-pères et pères ont dû se battre un siècle pour que nous profitions des 30 années de social-démocratie et des 30 années de recul néolibéral encore très vivables en Europe (car ils n’ont pas encore réussi à reconquérir ce qui avait été acquis suite à la défaire des totalitarismes). Alors, on peut bien prendre quelques décennies pour remplacer le capitalisme financier par quelque chose de mieux. Ce début du commencement de la fin d’un système injuste est tout le mal que je nous souhaite pour l’année qui se lève.
Votre style est parfait, votre prose très agréable à lire, ne changez rien.
Je lis dans l’après 1945; une absence de « raison » (est-ce bien la raison qui conduit à la guerre ?) pour les nations européennes de se faire la guerre sur des ruines fumantes, mais également un regard d’effroi sur le passé proche et une vraie volonté de construire un instrument politique de la paix.
Le premier pas franchi nos « nouveaux » constructeurs (nous) tout plein de raison résonnante et beaucoup moins effrayés pas l’effoyable passé ont livré le bébé au consensus mou et au plus grand dénominateur commun que constitue la phynance…
Le G20 aura au moins eu cet avantage d’assoir le principe d’une réflexion commune, plutôt qu’un rejet du fardeau sur les épaules plus ou moins solides des nations renfrognées et isolées en proie à la tentation de fermeture.
L’Europe est un modèle politique, regardé comme tel, c’est aussi un vecteur de stabilité politique et économique (?). Mais l’Europe est une démocratie au milieu du gué. Je crois que seul le volontarisme permettra d’équilibrer les champs de compétences (gérer ensemble un système monétaire sans gérer sa finalité est caduc) et de raccourcir les circuits démocratiques d’Europe.
Alain A nous dit que cela est « en bonne voie » je le crois volontiers, une crise ça s’exploite !
Comme dirait Loïc 🙂
Courage bro(s).
Il faut impérativement boycotté ces élections européennes ! Cette institution n’a rien de démocratique, comme le prouve actuellement l’hypocrisie autour du traité de Lisbonne, repousé à 54% par les français et pourtant imposé sous un autre nom. L’union européenne se moque de notre avis. Si on est d’accord, tant mieux, si on est contre c’est pareil. Au mieux on devra revoter jusqu’au jour ou on dira oui (Irlande), au pire, un président quelconque fera passer la loi au dessus de nous. C’est inadmissible. On sait maintenant que voter ne sert à rien. Il est grand temps de leur montrer que nous ne sommes pas dupes. Boycottons et faisons le savoir.
A Alain
Vous écrivez: « les seules choses vraiment détruites furent des bulles financières et des illusions sur la capacité du marché à s’autoréguler ». Etes-vous sur de ne pas vivre dans une bulle vous-même? Ah qu’ils sont charmants les intellectuels qui parlent de refaire le monde en fumant la pipe un chat sur les genoux. Sachez que pour beaucoup, la crise et les 30 ans de néolibéralisme ont été une vrai souffrance! Allez donc lire ça. C’est frais, bien écrit et d’actualité. Vous aurez de quoi parler pendant les dîners en ville. Au passage, posez-vous la question: Pourquoi des gens en viennent à écrire ça. Et surtout comment expliquez-nous pourquoi tant de gens le lisent aujourd’hui?
Bonne lecture.
[http://www.ludovicbablon.com/IMG/pdf/pdf_Insurrection.pdf]
Mon message a été censuré.
je le poste à nouveau considérant qu’il n’a rien d’outrageant, d’illégal ou d’inconvenant. J’admet cependant qu’il sent le souffre puisque mon lien évoque le livre d’un collectif dont les membres ont récemment été mis en prison. Quoi qu’on en pense (personnellement je ne fais pas l’apologie du sabotage post-situationniste) ce livre, L’insurrection qui vient, se tient. Il est cohérent. Il est surtout un symptôme qui mérite qu’on ausculte autant qu’un Madoff. Et puis ce que j’ai a dire à Alain vaut bien les bétises que je par ailleurs sur les commentaires de ce blog.
« A Alain
Vous écrivez: « les seules choses vraiment détruites furent des bulles financières et des illusions sur la capacité du marché à s’autoréguler ». Etes-vous sur de ne pas vivre dans une bulle vous-même? Ah qu’ils sont charmants les intellectuels qui parlent de refaire le monde en fumant la pipe un chat sur les genoux. Sachez que pour beaucoup, la crise et les 30 ans de néolibéralisme (que vous trouvez très vivables) ont été une vrai souffrance! Allez donc lire ça. C’est frais, bien écrit et d’actualité. Vous aurez de quoi parler pendant les dîners en ville. Au passage, posez-vous la question: Pourquoi des gens en viennent à écrire ça? Et surtout comment expliquez-nous pourquoi tant de gens le lisent aujourd’hui?
Bonne lecture.
[http://www.ludovicbablon.com/IMG/pdf/pdf_Insurrection.pdf]
@ Aux uns et aux autres
Merci à tous ceux qui ont pris la peine de me répondre, même l’affreux et ses borborygmes (je pense que l’ami Jac. « Et Alors » Est bien qualifié pour l’aider à couper le cordon avec sa maman, sinon qu’il passe boire un coup, le blanc fait parfois des miracles).
J’ai bien reçu vos arguments qui sont souvent solides. Mes propres positions « incendiaires » sont faites surtout pour ça. Sur le plan des principes, je crois que la recherche du consensus pour le consensus a vécu, et que le chemin acceptable pour tous viendra de la confrontation de positions bien tranchées.
Concernant l’Europe, je constate que le « vouloir vivre ensemble » des peuples européens (je me réfère ici à l’ancienne formule de Renan) né lui-même du « plus jamais ça » jailli des décombres de 1945 se fait toujours attendre, et oriente le diagnostic du mal sur une misère morale généralisée, à peine masqué par un bien-être matériel relatif d’où beaucoup sont exclus..
L’affaissement du pouvoir politique et le règne de l’argent roi, lesquels se nourrissent l’un et l’autre, expliquent largement ce marasme, mais pas seulement. Le mal est plus profond et tire sa source d’un vice d’origine : la volonté de ne rien construire qui ne procède avant tout du champ économique. Le libéralisme économique, qui a si fortement imprégné la construction européenne et qui provient lui-même de la réforme protestante, porte en son sein l’idée simple que du « doux commerce » pouvait venir naturellement l’entente entre les peuples. L’accumulation de l’argent apparaît aussi comme un moyen de transaction au sens biblique, c’est-à-dire un substitut à la violence. Par ce biais, l’Europe a été vendue aux nations qui la composent, comme une porte de sortie irénique pour échapper à la violence de l‘histoire. Idée fallacieuse.
Les états, puis les nations modernes –Berceau de la démocratie je le rappelle- se sont construites autour de deux faits marquants et indissociables que furent l’impôt et la guerre. C’était le sens de la fameuse formule de Richelieu : « L’état fait la guerre et la guerre fait l’état ». Quand le peuple (ou une partie du peuple aux intérêts bien compris) se piqua de contrôler les dépenses des princes, et que permettait précisément l’impôt, le pouvoir dut composer avec l’idée démocratique (ce fut le schéma du printemps 1789 en France). Nous en sommes toujours là avec des acteurs sensiblement différents.
Que les partisans du dépassement des nations se le disent, et je suis prêt à les rejoindre de raison (c’est-à-dire à regret), rien ne se fera sans une fiscalité commune et puissante (difficile de me taxer de poujadiste avec une idée pareille, renseignez-vous mieux sur la rébellion anti fiscale que symbolisa Pierre Poujade) et une défense européenne à l’avenant. L’intendance devra suivre (d’après le mot fameux d’un personnage désuet) et il faudra se donner les moyens pour qu’elle suive.
Là est le vrai trou noir de l’Europe libérale.
Le reflux de la domination de l’occident est une chose, la pureté des intentions des nouveaux candidats en est une autre, fussent-ils d’une civilisation millénaire. Demandez à un africain moyen, hors nomenklatura et paillettes, ce qu’il pense de la colonisation chinoise en lieu et place de celle des blancs. Le drame des rêveurs de l’Europe (je ne les moque ni ne les condamne, je compatis), est que cette dernière n’est condamnée à exister que dans un monde dangereux.
Pour juin prochain on verra…
@Olivier
Je n’ai pas encore eu le temps de lire les 125 pages de « L’insurrection qui vient » mais je le ferai. Je veux toutefois vous répondre tout de suite et tant pis c’est un peu à chaud.
La colère est légitime mais même quand j’avais 20 ans, je le l’ai pas ressentie de la façon dont vous l’exprimez et dont d’autres l’expriment. Cependant, elle me fait chaud au cœur et me rassure pour l’avenir. Mais voyez vous, je suis fils d’ouvrier et j’ai grandi dans un milieu où on m’a appris que pour ne pas en baver trop, il fallait être soumis. Je n’ai pas accepté cette logique et peux vous dire que je me suis révolté mais avec la patience et la modestie des « petites gens » qui sont ma classe et ma famille.
J’espère que vous avez compris que mon objectif est le même que le vôtre mais les années et les expériences, pas toujours très heureuses, m’ont appris à ne pas attendre trop tôt le « grand soir » (qui est souvent suivi de petits matins blêmes).
Je ne crois pas qu’il y ait censure par Paul mais quand on met un lien hypertexte, l’on est mis en attente au cas où il mènerait à un site parmi ceux que Paul juge manipulateurs et désinformateurs. Il a clairement annoncé la couleur il y a quelques temps quand il craignait un détournement de son blog envahi par des malfaisants . Vous voyez, cela ne vaut pas nécessairement la peine de se fâcher trop vite : les choses s’expliquent et sont parfois moins négatives qu’on aurait pu le craindre.
Je respecte votre lecture du monde et si je n’en ai pas la même que vous, ce n’est parce que je vis dans un bulle car comme je soutiens activement le mouvement des sans papiers, je côtoie la misère et pas seulement la pauvreté. Je suis toujours stupéfait du calme efficace de ces personnes qui vivent quotidiennement mille humiliations. A leur place je casserais tout… et serais passé depuis longtemps dans l’avion pour retour à l’expéditeur…
Et puis, quand même, c’est sur ce blog qu’on lit le moins de bêtises au cm². Essayons de voir ce qui nous unit et qui est plus important que ce qui nous différencie, si vous voulez bien.
@ Alain A
Lire « l’insurrection qui vient » ? Vous cherchez des problèmes ? 😉
@ Alain A
Je viens de lire la fin de votre message et je partage la remarque que vous vous êtes faite concernant votre réaction si vous étiez à la place de ceux dont le sort n’est pas enviable. Je crains que la servilité et la servitude sont plus répandus que la curiosité et l’indignation et qu’il est fort possible que rien ne change profondément. Car s’il y a une indéniable prise de conscience provoquée par la crise, le problème fondamental demeure écologique et sur ce sujet, rien ne semble avancer. On parle de développement durable mais c’est pour polluer moins afin de polluer plus longtemps. Ce n’est pas simplement le capitalisme financier qu’il faut changer, c’est notre modèle de civilisation.
@ Olivier,
C’est un texte très bien écrit, un constat chiadé de l’état la société. Pour ce qui est de la partie action, j’avoue que j’ai plus de mal. Entre autres, il est dit :
« L’extension des communes doit pour chacune obéir au souci de ne pas dépasser une certaine taille au-delà de quoi elle perd contact avec elle-même, et suscite presque immanquablement une caste dominante. La commune préférera alors se scinder et de la sorte s’étendre, en même temps qu’elle prévient une issue malheureuse. »
Quelle serait la suite ? Quelle serait la motivation (la foi, la religion, le sens de la vie…) qui empêcherait ces petites communes de retomber dans les mêmes « dérives » liées à l’organisation sociale ou intercommunale ? Comment réussirait la commune à prévenir « une issue malheureuse » ?
Merci.
A Alain.
Personnellement je suis moi aussi fils d’ouvriers. Mais chez moi on n’a jamais été soumis. Mon père était syndicaliste. Ma mère aussi. Peut-être est-ce pour cela que l’on en a effectivement pas mal bavé, comme vous dites. Mon père a connu les joies de la prison pour avoir ouvert sa gueule. Ma mère a été virée pour avoir travaillé dans la même boite que son mari. Aujourd’hui, je suis, malgré ce qui nous uni sans doute (et je le souhaite, ne vous fiez pas à ma véhémence) franchement immodeste. J’aspire à convaincre. J’aspire à changer les autres. Pas pour le Grand Soir (dont je me moque comme une guigne) mais pour sortir des matins blêmes où nous vivons. La lutte des classes n’a jamais cessé. C’est aussi ce que révèle la crise financière. Les Grands de ce monde s’en sont foutus pleins les poches au détriment des petits. Dites-moi si je caricature. Ce qui me gène aujourd’hui, je le redis, ce sont ces petites discussions de salons sans conséquences. Peut-être mon image vous a t-elle fait bondir? Je m’en excuse mais tant mieux. Il s’agit, comme le dit Onfray, de forcer les gens à réagir; de les forcer à se positionner vraiment; de leur demander de choisir de quel côté de la barricade ils se trouvent. Mégote-t-on sur le sexes des CDS ou des subprimes en attendant que tombe Byzance où bien fait-on de ses idées des armes? Même si ce blog est intéressant, à un moment donné doit se poser la question: qu’ai je vraiment fait pour que changent les choses? Un livre analytique, pire, un commentaire au bas d’un forum suffisent-ils? Souvenez-vous ce que disait il y a quelques années déjà Sapir à propos des économistes: ces gens-là ont la suffisance et l’arrogance des gens qui ont la foi du charbonnier. Le marché n’est pas une donnée économique pour eux, c’est une croyance (au sens religieux, un peu comme les communistes aussi en leur temps). Comment parler avec des fondamentalistes? C’est pour cela aujourd’hui que je lis « l’insurrection qui vient » avec intérêt. Non que j’adhère à ces idées. Notamment les plus radicales. Mais tout de même, c’est un livre de stratège. Ce sont des livres essentiels que ces livres-là. Que vaut Rousseau sans Machiavel? Que vaut Condorcet sans Guy Debord?
Cette question de la stratégie, personnellement, je me la pose au quotidien. Je suis aujourd’hui professeur de français dans un lycée professionnel où donner à entendre du Shakespeare (Hamlet, par exemple, belle image du pouvoir), du René Char (la résistance) du Henri Michaud (la révolte métaphysique) est une sacrée gageure. Mais chaque élève qui accroche est une victoire. C’est dérisoire. C’est du travail de fourmi, du travail de force même parfois (j’exagère à peine) mais c’est essentiel pour moi. Car on gagne beaucoup de choses par ces efforts. Ceux-là ne seront (peut-être) pas dupes. Ceux-là ne seront (peut-être) pas soumis. En tout cas ils s’interrogeront. Ils poseront des questions. Ils auront une posture droite et fière et surtout ils n’auront pas peur. Ils ne penseront pas, comme tant de gens (gens que vous évoquez d’ailleurs), qu’ils vaut mieux courber l’échine. Il faut donner l’exemple de quelqu’un se lève et assume son magistère dans toutes ses dimensions. Je sais que vous allez me trouver immodeste mais j’attends la même immodestie de ceux qui ont un quelconque savoir : agir. Essayer au moins. Bien sûr, il ne s’agit pas d’être un terroriste ou un saboteur. C’est plus profond que ça. Char disait « Il faut agir en primitif et prévoir en stratège ». A chacun, devant son petit ordinateur ce soir, de se demander comment donner une autre inclinaison au cours des choses.
J’ ai lu 5 pages de [http://www.ludovicbablon.com/IMG/pdf/pdf_Insurrection.pdf]
Les fautes d’analyses, les amalgames faciles dont sont truffées ces cinq pages sont navrants. Je n’ai pas pu allez plus loin dans la lecture de ces stupidités.
@Olivier:
vous écrivez: Mais chez moi on n’a jamais été soumis
Cela est suffisant pour annhilier tout ce que vous dites. TOUS nous sommes soumis car tout simplement nous ne pouvons pas vivre hors d’une collectivité humaine. Vous ne pouvez pas survivre sans les autres, tout simplement. C’est plutot celà qui vous met en colère et en cela vous etes soumis à l’idéologie néo-libérale qui veut atomiser l’humanité pour mieux dominer chaque etre humain. Se battre pour ses droits nécessite un groupe, donc la soumission au groupe. On n’en sortira jamais car c’est cela même qui définit l’humain. Votre position idéologique nie l’humain, elle est néo-libérale ou autre horreur du même type. Ce ne sont pas les bons sentiments certes qui changent quoi que ce soit, la lutte est nécessaire. Un texte qui prêche à la fois l’humanisme et la guerre est manifestement manipulateur, dommage que vous tombiez dans le panneau.
Merci pour cette rigueur dans le propos …
@ Fab sur l’organisation en commune
D’après ce que j’ai lu (la conclusion), il me semble que la commune renvoie à une organisation minimale, non au sens des anarcho-capitalistes, mais au sens où il y aurait des structures sans centre de commandement, ce qui les empêcherait de tomber dans les travers de toute organisation, fût-elle de gauche. Comme Michels l’avait remarqué à propos des partis politiques, il y a une tendance « universelle » à la constitution d’une olligarchie au sein de toute organisation quand cette dernière atteint un seuil.
C’est pour cette raison que les auteurs de ‘Linsurrection qui vient » préconisent de scinder les communes quand le nombre de leurs participants atteint un nombre qui empêche les relations inter-personnelles.
@ Scarungella
Je pense que vous vous méprennez. Aucun individu n’est auto-suffisant. Cela, tout le monde en convient. Néanmoins, les raisons pour lesquelles nous vivons en société font légitimement l’objet d’un questionnement sur la finalité d’une telle vie en collectivité. Personnelement, je crois qu’une vie bonne est une vie libérée du besoin. La condition pour cela est de rendre les individus autonomes.
Or :
1- les strucutres collectives occidentales sont imparfaites car elles ne permettent pas nécessairement d’atteindre cet objectif. Nous vivons dans une « servitude volontaire » ou nous pouvons être à la fois exploitants et exploités, dominateurs et dominés. Toutefois, il appert que l’organisation de la collectivité profite plus à une partie de la société, très minoritaire, qu’à l’ensemble de la majorité.
2- L’extension du caractère marchand et productiviste de la société est un vrai problème dans la mesure où elle est essentiellement démesure. Elle repose sur le postulat que la création de richesses est illimité. Ce qui est faux puisque les ressources naturelles sont limitées et que leur remplacement par des machines (ou moyens de production ou capitaux…) n’évitera pas l’écueil vers lequel nos sociétés avancent. Cette démesure se mesure aussi à l’aune de l’appropriation de tout ce qui est chose de personne. Cela a commencé avec la terre, cela continue avec la tentative d’accaparement des ressources vivantes avec le procédé des biotechnologies. La propriété n’est pas comdamnable en soi. L’usage que l’on en fait peut l’être lorsque de moyen d’autonomie, elle devient instrument d’asservissement.
3- Il faut repenser la société de manière à vivre de manière autenthiquement libre, c’est-à-dire sans dominer ni être dominé et pour cela l’organisation des richesses doit être repensée afin que leur accaparement demeure dans les limites qui n’entraîne pas un commandement trop important sur les autres.
A Scaringella
Si vous m’aviez lu, vous sauriez la distance que je sais mettre entre les thèses de groupe post-situ et moi-même. L’intérêt que je porte à ce livre est notamment son côté « stratégique », son côté manipulateur diriez-vous. Ce livre porte un projet, peut-être détestable, c’est vrai. Mais un projet. Ce que je veux vous dire, c’est qu’une analyse sans objectif politique ne vaut rien. C’est « spéculer » (hum) sur le sexe des anges. De la même façon qu’un cours sans objectif ne vaut rien. D’où mon passage sur la façon dont j’envisage l’enseignement.
Je ne crois tomber dans aucun panneau: ni celui du néolibéralisme qui a évidemment intérêt à l’atomisation, ni celui du collectif invisible qui soit dit en passant critique lui aussi l’individualisme dominant, ni votre faux raisonnement qui s’appuie sur une définition de l’humain que je trouve ma foi bien rapide (l’espace d’un commentaire si prête mal il est vrai). En outre, m’entendre dire que je nie l’humain alors que viens de naître mon deuxième enfant me fait doucement rigoler. C’est bien dans un groupe que je m’insère. Mieux: que je désire m’insérer. Et dans ce groupe, personne n’est soumis. Votre présupposé sur la nécessaire soumission au groupe me navre: personnellement je crois en la démocratie. Les miens sont mes semblables. Nul n’est supérieur. Mais je n’irai pas jusqu’à aller trop loin et penser que vous niez cette belle idée de démocratie…
Là où nous sommes d’accord, c’est pour dire que la lutte est nécessaire (je vous cite). Moi je serais plus précis: La lutte des classes existe toujours. Elle a toujours existé, soyons lucides. Nous n’avons d’autre choix que de lutter. Et cette guerre au quotidien se fait bien au nom d’un certain humanisme (pour ma part en tous cas). Mais là où j’ai du mal à vous suivre c’est quand vous dites que cette lutte doit passer par le groupe. Certes, sauf que la réalité vous donne tort. Nos syndicats surjouent le mécontentement mais ont-ils vraiment su défendre les salariés ? La réponse est bien évidemment non, malheureusement ! Ce que révèle le livre de Coupat, c’est bien ça. L’échec d’une certaine façon de se défendre. Evidemment, ce que dit cet homme n’a rien d’aimable : prôner la fraude et le sabotage a quelque chose d’effrayant. Mais qui n’a jamais fraudé en prenant le bus, en oubliant de déclarer une partie de ses revenus au fisc ou en « empruntant » quelques affaires au bureau ? Pourquoi des techniciens ont eu le cœur de mettre au point des virus informatiques qu’ils « inoculaient » à leur entreprise ? Finalement, ce qu’il y a d’affreux chez ce collectif invisible, c’est que, comme chez Machiavel, le livre n’est pas tant un programme qu’une description de la réalité. Concernant Coupat, il nous apprend que nous ne luttons plus que seul, que le groupe s’est dissous et qu’il ne nous reste plus qu’à désobéir si nous voulons survivre. On ne pouvait pas enfermer Thoreau (théoricien de la désobéissance civile), il fallait enfermer Coupat.
Pour ma part, plus que « l’insurrection qui vient », j’attend cet humanisme qui tarde à venir.
@ A.,
Bonjour. J’ai lu le texte. Je pense avoir compris la définition de la commune qui y est donnée.
J’essaye donc de formuler mes questions autrement :
* Supposons qu’une commune, comme définie dans le texte, se trouve à proximité de plusieurs autres, et qu’elle dispose d’avantages, par sa position géographique par exemple, dont les autres ne disposent pas ; réussira-t-elle à préserver sa dimension et l’absence de commandement ? Et si oui, comment ?
* Supposons maintenant que ladite commune ait trouvé sa vitesse de croisière. Quelle serait la motivation de sa population ? Sa carotte ? Le sens que ses habitants donneraient à leur vie ?
La réponse à cette question me semble être un préalable nécessaire à tout changement d’importance, viable.
@A
Dans:
3- Il faut repenser la société de manière à vivre de manière autenthiquement libre, c’est-à-dire sans dominer ni être dominé et pour cela l’organisation des richesses doit être repensée afin que leur accaparement demeure dans les limites qui n’entraîne pas un commandement trop important sur les autres.
Vous amalgamez des notions disjointes. La liberté est du domaine moral, la seule liberté accessible étant celle d’être libre de vos propres désirs. La société n’a rien à voir avec la liberté, mais avec la loi (et non pas l’interdit comme l’inceste lui aussi du domaine moral), et la société doit garantir l’égalité devant la loi et rien d’autre. La fin de la phrase se situe dans le domaine social d’ailleurs et c’est effectivement une/des lois limitant le droit de propriété qui feront améliorer le sort de tous.
@Olivier
Dans: Moi je serais plus précis: La lutte des classes existe toujours.
Il y a classe à partir du moment ou un certain nombre de gens se reconnaissent dans la classe qui soi-disant les contient. Donc ils sont soumis mentalement à cette idée de classe et socialement au groupe de leur classe.
Ma définition de l’humain sort de la théorie de la médiation du professeur Jean Gagnepain de l’université de Rennes dont je vous engage à lire les ouvrages. C’est ce que j’ai étudié de plus intelligent et utile dans la vie de tous les jours. Il ne m’a fallu que trente ans d’investigations pour arriver à cet auteur. A vous de prendre un raccourci salutaire afin de ne plus vivre avec des illusions plein la tête.
Aucun livre jamais n’est description de la réalité si ce n’est celle que vous avez envie de voir et qui donc correspond à vos objectifs. Entrez en politique puisque votre objectif semble bien de prendre le pouvoir. Coupat n’ agit pas seul mais en groupe si je ne m’abuse, ne serait-ce que par la diffusion des ses idées sinon pourquoi écrire???
Et mille grâces pour vos enfants.
@Scaringella, A. et Oliver
Bon, maintenant voilà que je me sens obligé de défendre Olivier ïŠ
Jugez-le sur ce qu’il nous écrit plutôt que sur le lien qu’il nous a proposé. Sans doute la lecture de « L’insurrection… » entre-t-elle en écho avec sa propre rébellion mais il nous dit aussi qu’il ne partage pas l’entièreté des propos et son témoignage est teinté de plus d’humanisme que de nihilisme.
Face à la désespérante descente sociale et environnementale à laquelle nous assistons depuis 30 ans, le rejet du système est normal. Mais l’élevage des chèvres sur les Causses, l’enrégimentement dans les Brigades rouges ou le contresens antihumaniste d’une écologie dévoyée à la Pacalet ne sont évidement pas des solutions.
Le fond de la question me semble la stratégie. Elle est certes nécessaire mais il ne faut la pas confondre avec l’existence d’un projet collectif vers lequel il serait bon d’aller. La diversité des possibles alternatives au capitalisme néolibéral est grande et aucun consensus ne semble se dégager à court et moyen terme. Aussi, importe-t-il que ceux qui croient qu’un mieux est possible et souhaitable ne se tirent pas dans les pattes et ne se découragent pas mutuellement. Seuls le défaitisme et la division sont mauvais.
Pour une stratégie efficace sans « lendemains qui chantent » je me dois de vous conseiller la lecture de Miguel Bensayag. Sa logique du combat dans la joie « Malgré Tout » le désespoir qui menace de nous envahir est redynamisante. Parmi ses ouvrage, j’ai beaucoup aimé «Parcours, engagement, et résistance, une vie » (Calmann-Lévy, 2001) (mais si, Olivier, un bon livre d’analyse peut être utile, tout comme un commentaire « coup de gueule » sur un blog). Cordialement.
@ Fab sur la Commune :
Il existe des sociétés sans Etat. Clastres, un anthropologue, en avait étudié en Amazonie. Ce sont des petits groupes où le chef n’a aucun pouvoir de coercicion. Il peut seulement rappeller les principes des ancêtres. Peu ou prou, je pense, (en même temps je n’ai lu que la conclusion) que c’est à ce genre de modèle que les auteurs se réfèrent.
Quel serait le ciment d’un tel groupe ? L’amitié. Le sens de leur action collective ? Vivre selon leurs principes, ce qui est un acte de courage.
Sur le cas Coupat
Personnellement, je n’exclue pas qu’il soit la victime, non d’un complot, mais d’une banale erreur judiciaire.
Sur les moyens d’action présentés dans la conclusion de » l’insurrection qui vient ».
– La dégradation de biens est légitime selon l’usage qu’il est fait de ces biens :
+ exemple 1 : les champs de blé OGM. Il convient d’outrepasser la Loi lorsque cette dernière s’oppose aux principes qui la légitiment. En l’occurence, les multinationales abusent de la liberté de commercer puisqu’elles visent à la constitution de monopoles sur le vivant et que leurs produits représente un danger pour la santé publique. Il s’agit là de lutter pour préserver deux libertés : celle de commercer en tenant en échec les tentatives de constitution d’un pouvoir de marché exorbitant et de priver une personne morale d’agir car les actes sont susceptibles d’attenter à la santé publique.
+ exemple 2 : brûler une agence immobilière. C’est un cas limite. Certes, le problème du mal logement exige une action résolue et ferme. Mais pourquoi s’en prendre qu’ à un maillon au risque de priver d’emploi les salariés de l’agence ? La question qui se pose alors est de trouver une cible et d’en faire un symbole à la façon de José Bové contre le Mac Do de Millau en 1999.
– La fraude aux allocations :
+ c’est un procédé juste car vivre selon ses principes implique nécessairement des choix de vie qui peuvent être radicaux. En l’occurence, la participation à la société actuelle la renforce. La constitution d’une contre-société, non par la violence, mais par un genre d’organisation qui la contourne et qui permet une vie en accord avec ses principes est une conséquence, courageuse et audacieuse, de ses idées.
+ un idéal de vie est une vie où la domination serait exclue. L’exploitation économique est forme de domination. Par conséquent, vivre du RMI afin de participer à une « entreprise » collective dont la finalité est l’érection d’une organisation sans domination est plus courageux et plus digne que de participer, par sa force de travail, à une société, certes vivable et désirable (je préfère vivre sous Tatcher que sous Castro), mais détestable parce qu’elle prive un nombre non négligeable d’invidus des fruits de leurs efforts au profit d’une minorité. La force de la société actuelle est qu’elle permet aux dominés d’accepter leurs conditions d’existence en leur faisant miroiter la possibilité de franchir la barrière et de passer du bon côté. La lutte des classes existe mais elle n’est pas centralisée. Elle est diffuse à l’intérieure de la société où les positions de dominés et de dominants peuvent se cumuler.
@ Tous.
« L’insurrection qui vient » peut légitimement provoquer un désaccord. Or, comme Oliver l’a fait remarquer, « c’est un livre de stratège ». Aujourd’hui l’action politique est d’abord une action symbolique. Cela est d’autant plus vrai qu’en présence d’un rapport de force défavorable et que hors des structures de lutte convetionnelles, il est très difficile de faire passer un message à la population. En effet, l’accès aux médias est difficile et en outre, les propos que l’on y tient peuvent être facilement détournés et caricaturés.
L’intérêt de cette oeuvre est qu’elle se présente comme un manuel pratique d’organisation et de communication d’actions subversives. Pour ma part, l’action politique traditionnelle garde son intérêt, bien que je conçoive aisément que les manoeuvres d’appareil puissent détourner des bonnes volontés des partis politiques. Mais l’action politique traditionnelle ne suffit pas. Il ne s’agit pas de gagner des élections. C’est certes nécessaire, mais c’est insuffisant. il faut dominer l’espace politique et pour cela il faut dominer symboliquement.
Dans un rapport de force défavorable, cela passe par des actions dont la finalité est d’interpeller les consciences individuelles engourdies par la société de consommation.
@ A
vous dites: « en présence d’un rapport de force défavorable (…), il est très difficile de faire passer un message à la population. En effet, l’accès aux médias est difficile et en outre, les propos que l’on y tient peuvent être facilement détournés et caricaturés. ». Votre phrase résume tout le problème. Comment (cela insiste sur la manière) changer de paradigme?
Si dans les années 30, Keynes a su imposer ses idées, ce n’est pas parce que tout à coup les dirigeants d’alors, plusieurs années après le début de la crise de 1929, se sont mis à être intelligents. C’est parce que le régime soviétique montrait des résultats jugés alors convaincants. Au chômeur de Steinbeck répondait Stakhanov. Après 1945, si le welfare state s’est mis en place partout, si en France le CNR a beaucoup écouté les communistes, c’est parce que les chars soviétiques étaient à Berlin. Aux portes de Paris en sommes. N’oublions jamais que le néolibéralisme n’a pu avoir une audience mondiale qu’à partir du moment où le mur de Berlin s’effondrait. Auparavant, à l’avènement néolibéral de Réagan et Tatcher pouvait encore répondre les projets keynésiens de Mitterrand. Il y avait encore débat. Depuis 1989, il n’y a plus débat. Le débat ne renaîtra en Europe que le jour où nos gouvernants auront intérêt à écouter. Et ils n’écouteront que lorsqu’ils auront peur. D’un système concurrent (par exemple le communisme au XXè) ou d’une émeute (c’est finalement les émeutes en Grèce qui ont fait reculer le gouvernement…en France!). Finalement, il en va de la fixation des politiques comme des prix: c’est d’abord une question de rapport de force. Jamais de morale. Ou de main invisible providentielle. Tout cela m’amène à une conclusion paradoxale: si un jour les gens qui animent ce blog arrivent à faire entendre leurs idées, peut-être cela sera-t-il dû au fait qu’il avait un allié objectif: Julien Coupat.
Bonsoir A.,
Vous dites : « La force de la société actuelle est qu’elle permet aux dominés d’accepter leur condition d’existence en leur faisant miroiter la possibilité de franchir la barrière et de passer du bon côté. », et je pense que vous attachez de l’importance à cette phrase.
Je dirais : La force de la société actuelle est qu’elle donne aux dominés l’illusion que leur vie consiste à essayer de franchir la barrière et de passer du bon côté. Plus précisément, elle donne aux dominés le sentiment d’être dominés. C’est pour cet énoncé que je m’attarde sur la notion de religion, de carotte, de sens de la vie. La crise actuelle est une crise de foi*. Sans besoin de réflexion, dans les deux sens, le sentiment d’un non-sens est présent pour beaucoup. Alors que faire pour nous redonner la foi ? Quelle sera d’après vous la prochaine religion ? Nous nous sommes rendu compte que nos frontières avaient des limites. Tant les frontières géographiques que les frontières de l’intérêt que l’on peut porter à l’innovation technologique. Que faire ? Quelle sera notre prochaine quête ? J’aime à espérer qu’elle sera spirituelle, l’autre solution que j’imagine étant un saut de la science qui nous ouvre de nouveaux horizons : la solution spirituelle me paraît avoir de meilleures chances (c’est égoïste), étant plus tranchante puisque passant par une acceptation de sa condition de mortel et de passager. Passager, comme le disait M. Jorion, sur une petite planète bleue. C’est con à dire. Mais on n’a rien trouvé de mieux ! Alors à nouveau, que faire ?
C’est la question que je pose. Elle me paraît d’actualité. Et d’importance.
Mais vous proposez une adaptation du système actuel, une égalisation des avantages, passant par la non-exploitation économique. Est-ce viable ? Et j’en reviens à ma question de carotte.
* C’est ce qu’on appelle un raccourci.
Pour ce qui est de la « foi » poser la question des fins me paraît essentiel et motivant : Pourquoi est-ce que nous faisons ce que nous faisons ?
Le sens c’est aussi orienter. Une direction.
C’est ce qui manque un peu en ce moment, non ?
@ Daniel / Linda
Pour le style ne changez rien.
Je connais bien pire !
@ 2Casa
Merci pour votre remarque indulgente. Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas franchement en condition d’apprendre à écrire autrement (la minute que je vous consacre actuellement intervient entre deux vérifications de chambre). Restez bien droit dans la tempête !
@ Daniel
Euh je ne sais pas comment sont perçus certains messages, ni mon humour – pas toujours drôle. En l’occurrence, je suis sincère et pratique l’auto-dérision.
Merci pour cette minute.
Daniel Dresse dit le 2 janvier 2009 à 22 : 11
« » (…) rien ne se fera sans une fiscalité commune et puissante (….) » »
Une réponse en vitesse.
Une société civile qui aura repris, ou pris le contrôle de la création monétaire, le contrôle de SA création monétaire, ce qu’elle pratiquera bien sûr sous compétences financières et bancaires, verra son sytème fiscal se métamorphoser. En effet, je l’ai dit bien des fois et le redis (avec d’autres): si les banques ne prêtaient QUE l’argent de leurs déposants, et ce, avec une couverture: 100%-monnaie, et que la création monétaire et son émission ne soit effectuée que par, appelons ça un office national, ou plurinational d’émision, le sytème fiscal perdrait sa raison d’être. Car l’État, alors largement allégé de ~50%, se trouvera, par comparaison, comme le boulanger qui mange son propre pain qu’il fabrique lui-même bien meilleur marché, n’ayant comme frais que les matières premières et les ingrédients (et encore) au lieu de l’acheter hors de prix à un confrère. L’État, ou ce qui en tiendrait lieu, créerait la monnaie dont il a besoin pour tous ses frais et charges (déjà très allégées par rapport à aujourd’hui) sans être « obligé » de passer par l’emprunt aux banques privées (la loi scélérate en France de janvier 1973, devenue l’article 104 du traité de Maastricht, passée dans « Lisbonne », ça ne vous dit rien?) . Ne perdez jamais de vue que c’est une combinatoire Banques-État qui tire toutes les ficelles et que la société qui fabrique tous les produits sauf les – permis de les acheter – (pourquoi donc??) est largement capable de fabriquer son argent au lieu de l’emprunter à un coût ruineux pour tous à des institutions dont le but est de faire des bénéfices. Ici tout est frelaté et faux. C’est la loi fiscale perverse qui récolte notre argent pour alimenter les banques et les fonds français et étrangers créanciers de l’État français.
La loi fiscale française au service des actionnaires des créanciers de l’État!! Et ça vous laisse indifférent??
@ Rumbo
Il y a un malentendu entre nous qui porte encore une fois sur les mots, puisque, comme je l’ai dit à d’autres ici, je perçois à travers le filtre de l’histoire des notions que vous avez appris à aborder frontalement de longue date, semble-t-il. Sous vos lumières, à vous et à d’autres (Etienne, AJH etc.), j’ai très bien suivi le débat qui eut lieu ici-même sur la loi Giscard de 1973 et sa gravure dans le marbre par l’article 104 du traité de Masstricht (je vous rappelle au passage qu’à l’époque de Masstricht, Philippe Seguin -il n’était pas encore mort- avait très bien perçu la relation perverse de ces dispositions sur la dérive de la dette publique).
Quand je dis : « Rien ne se fera sans une fiscalité commune et puissante », j’entends que riens ne se fera sans une fiscalité commune et SOUVERAINE, la puissance étant pour moi la puissance PUBLIQUE, attribut du peuple SOUVERAIN, à travers l’état qui en est l’expression et qui est censé garantir la protection et la paix pour tous. Je ne suis donc en aucune manière indifférent à « la loi fiscale française au service des actionnaires des créanciers de l’Etat ». Bien au contraire cette loi ,je l’abhorre !
Mais, les forces politiques et géopolitiques à l’oeuvre en France, en Europe, et dans le reste du monde, étant ce qu’elles sont, je me pose simplement (et inlassablement) la question du COMMENT et du POSSIBLE. Je ne crois pas non plus aux paradis perdus (les années soixante étaient tout sauf un paradis), mais il me semble que, durant cette brève période, les rapports entre l’Etat, la banque centrale et les banques privées étaient plus équilibrés en faveur du bien commun qu’à partir de janvier 1973, date dont vous soulignez vous-mêmes l’importance.
Merci pour ce que vous faites.
Quelques réflexions…
Il est désormais bien compris que toute guerre entre puissances nucléaires détruirait ces États et probablement l’humanité avec. Ce qui rend la maxime de Richelieu « L’état fait la guerre et la guerre fait l’état » inopérante aujourd’hui. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la stabilisation des frontières et l’établissement du pouvoir central fut obtenu, par Louis XI, plus par la diplomatie et un jeu d’alliances que par l’épée. Ce qui n’est pas étrange puisque la guerre a souvent pour caractéristique de ruiner les belligérants et donc d’éveiller les ambitions de voisins moins puissants. Richelieu avait sans doute ses propres intérêts financiers pour pousser à la guerre (je crois que le personnage était richissime).
L’Histoire est faite d’États nations ou de cités États ou de peuples qui, un temps, conquièrent et dominent de vastes territoires en inféodant plus ou moins les nations et peuples dominés. Parfois les structures politiques sont supprimées, les religions interdites et les peuples mélangés et déportés en masse, c’est le cas de l’empire Assyrien remplacé par l’empire Perse, Cyrus, plus tolérant, qui permit aux population de retrouver leurs anciennes terres, coutumes, et organisations politiques.
Après la guerre de 39-45 tous les pays occidentaux étaient ruinés, sauf les USA qui avaient produit une machine industrielle capable de gagner deux guerres simultanément. Ce géant libérateur et pacificateur et devenu par force et évidence le centre de la reconstruction du nouveau monde de l’après guerre.
Quelques principes simples, quelques digues, devaient permettre d’éviter de retomber dans la spirale infernale, crise financière entrainant une crise économique puis sociale puis politique, conduisant à l’affrontement général.
Depuis le début des années 70 on a vu ces barrières relevées les unes après les autres et l’économie repasser aux mains des financiers, le crédit, l’industrie, le commerce, n’étant plus destinés à réaliser du profit par la production mais par la financiarisation qu’elle permet. Les entreprises devenues des machines exploitables, corvéables à merci et jetables en cas de rendement insuffisant, doivent se concentrer, agir sur des marchés de plus en plus vastes, vendre des produits de plus en plus standardisés, abaisser les couts de production coute que coute…
Le contrôle des moyens de production est presque total, le pillage de l’économie systématique, la liberté, sans entrave politique et sans frontière (l’idéal marxiste ultime en quelque sorte ; la production en autogestion libérée de la tutelle de l’État, la redistribution des richesses en moins).
Cette machine, apatride, apolitique, amorale, qui met en compétition; systèmes de protection sociale et législation, inféode les États.
C’est un impérialisme, organisé ou inorganisé, mais un impérialisme; qui côtoie la démocratie par interférences discrètes, patiemment organisées, mais en dehors.
Je crois que les seuls points de rencontre de ces deux mondes, les seuls lieux ou il serait possible de procéder collectivement à un rééquilibrage, ce sont les quelques institutions internationales ou de vaste ampleur comme l’Europe les Gx, l’ONU…
Je crois aussi que ces points de fabrication d’une légalité (ou d’une dé-légalisation) internationale sont hautement stratégiques et détermineront l’avenir selon qu’un seul camp continuera à y faire son miel ou que d’autres valeurs y seront mises dans la balance.
J’ai bien peur que quels que soirnt les renoncements à consentir (qui restent à identifier), le petit sentier de l’avenir passe par la capacité de l’humanité à s’organiser plus et mieux, et à se protéger contre ses vieux démons…
Daniel Dresse dit :
5 janvier 2009 à 01:35
Merci de votre réponse. D’ailleurs celle-ci confirme ce que, malgré mon interpellation, je supposais. Mais cela va toujours mieux en le disant.
Sans virer à l’obsession, c’est l’argent-dettes qui, sans jamais le dire ni l’annoncer est LE problème ici bas. Certes, ce n’est pas le problème plus élevé, mais c’est le problème pratique et central, celui qui nous indique (heureusement de plus en plus clairement à présent) sans détour (enfin!) où est la pierre d’achoppement, et que le temps de se laisser crétiniser politiquement (et pas seulement) est terminé.
@ Daniel, qui demande « COMMENT ? »
C’est simple, c’est vraiment très simple :
Il faut cesser –par un excès de confiance qui confine à la sottise– de laisser écrire les règles du pouvoir par les hommes au pouvoir.
…
Les abus de pouvoir ne sont pas imputables aux pouvoirs (qui sont naturellement câblés pour ça), mais à ceux qui renoncent à leur imposer des limites.
Tant qu’on ne fixera pas nous-mêmes les limites, la norme qui fait peur aux pouvoirs, la Constitution, norme rigoureusement inaccessible aux pouvoirs qu’elle doit dominer, tant qu’on négligera ce point décisif, on se fera écrabouiller – et probablement envoyer à la guerre.
…
Bien fait pour nous.
Fallait être moins bêtes.
Et c’est si simple…
…
Étienne.
.
Ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir
Pour bâtir une vraie démocratie, l’Assemblée constituante devra être tirée au sort, au moins partiellement.
@étienne
Mais comme les hommes de pouvoir se tuent entre eux pour garder le plus longtemps possible l’avantage du pouvoir (cf la mort de Mike Connell, instigateur de la victoire de Bush en 2004 en tant que responsable présumé des tripatouillages des votes électroniques en Ohio)
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=49236
on voit que les chances qu’ un jour une constituante s’organise simplement par la force de la raison déclinent au rythme de la crise.
Ce n’est peut être pas si grave s’ils parviennent tous à s’éliminer pour de bon.
La politique en amérique est devenue une farce macabre, la contagion à l’Europe est pour bientôt si ce n’est en route.
A nous d’être vigilant et bravo pour votre travail
mikl
@Shiva
Intéressantes réflexions, avec quelques réserves. Vous semblez croire que l’option guerrière ou diplomatique résulte d’un libre choix pouvant être fait en toute circonstance historique (en gros la raison sage contre l’atavisme reptilien). Ce fut parfois vrai. L’engrenage qui mena à la première guerre mondiale peut être considéré comme un énorme et effroyable ratage diplomatique. Ici vous auriez raison, il eut été possible d’éviter ce carnage si les politiques ne s’étaient pas laissés influencés par les lobbies militaires.
Je crois cependant que l’une ou l’autre option s’imposent plutôt par les contraintes et les opportunités particulières du contexte en question. L’exemple que vous citez –la politique habile de Louis XI- en est d’ailleurs un exemple. L’intérêt de Louis XI et du Duc de Bourgogne (Le Téméraire) était moins de se faire la guerre que d’alimenter en sous main la guerre civile (la terrible et interminable Guerre des Deux Roses) qui neutralisait leur ennemi commun l’Angleterre.
Il arrive aussi, je sais que c’est dur à avaler, que la guerre s’impose contre toute solution diplomatique. J’ai évoqué la première guerre mondiale mais quid de la seconde ? Face à un dément tel qu’Hitler, les pitoyables reculades diplomatiques inspirées par Chamberlain ne servirent qu’à reculer pour mieux sauter d’encore plus haut, et il eut probablement mieux valu se résigner à la solution extrême dès la guerre d’Espagne.
Vous dites que la maxime de Richelieu, pour cause de cataclysme nucléaire, est « inopérante aujourd’hui » (j’espère au passage que vous ne pensez pas que je m’identifie à Richelieu, dont vous avez aussi oublié qu’il avait un maître infiniment moins falot et intéressé qu’on ne l’a dit : Louis XIII).
Je ne suis pas si sûre que cette sagesse là, où cette inhibition, soit réellement inscrite dans les gènes de l’humanité, certains –Konrad Lorenz par exemple- ont même tenté de démontrer le contraire. Je serais plutôt porté à rejoindre le pessimisme d’Etienne là-dessus, mais avec le sentiment que l’on est d’abord condamné à faire avec des outils imparfaits pour enrayer l’engrenage funeste.
Vous semblez aussi diviser le monde en deux, avec d’un côté l’impérialisme de la machinerie économique phagocytée par la finance, et de l’autre la démocratie, à charge des institutions internationales de rééquilibrer ces deux pôles et de fixer des règles du jeu entre ces deux mondes parallèles.
Je crois moi que la marche de l’histoire peut très bien rendre caduque cette alternative. L’impérialisme économique actuel peut très bien s’effondrer de par sa logique mortifère, et surtout faute de bras armé. Souvenez-vous de l’avis de certains experts militaires américains qui prévoyaient pour les troupes américaines en Irak un désastre comparable à Dien Bien Phû en cas d’attaque de l’Iran.
Quant à la démocratie, l’angélisme de l’occident risque d’être bien lourd de désillusions, qui voit dans ce système une sorte d’onde irrésistible, sortie de je ne sais quel big band historique, et extensible au monde entier de par sa dynamique propre. Il est pourtant facile de constater combien son image a été détériorée par le système économique qui la sous tendait. C’est bien simple, des pans entiers de la planète n’en veulent pas !
L’histoire –puisque vous vous êtes placé sur ce terrain là, ce dont je vous remercie- est toujours truffée de ruses et de mauvaises surprises. L’impérialisme actuel peut très bien muter, comme de nouveaux impérialismes peuvent surgir. Je reste marqué par le billet de Paul, qui évoquait une possible similitude des systèmes économiques américains et chinois à un horizon très bref. Qu’en sera-t-il alors des systèmes politiques ? Je crains alors que les impérialismes futurs n’agissent comme ils l’ont toujours fait par le passé : en se fichant comme d’une guigne des institutions internationales.
Mais je suis pessimiste. Je sais. J’aimerais tellement que vous ayez raison !
@ Etienne
Que vous dire ? Que vous avez raison sur le fond, mais que je ne vois pas, mais alors vraiment pas, les pouvoirs actuels ne serait-ce que vous laissez prêcher en faveur de la Norme dont vous rêvez (pour l’avoir éprouvé, vous le savez aussi bien que moi de toute façon). Il faudra donc mener des combats bien plus douteux. Il n’y a pas le choix…
Bonne année et bonne santé à tous les p’tites lopettes et joyeux loufiats qui, comme moi, fréquentent ce blog de très bonne qualité.
quant à Toi, ô grand Paul, continue à nous montrer la Voie….
[…] chèque du montant des aides allouées aux banques comme proposé par Daniel Dresse chez M. Jorion (réf. néc.) divisé par le nombre de citoyens (soit de mémoire 6500 et qq euros) en guise de bulletin, soit, […]
[…] l’article de Daniel Dresse chez M. Jorion je m’interroge sur le vote aux européennes. Que faire […]