Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt

Robert Mittelstaedt, qui a déjà eu l’occasion d’intervenir sur ce blog, a produit une vidéo intitulée Money Creation ‘ex nihilo’ . Son message, comme vous le verrez, est identique à celui que je vous ai proposé ici au fil des mois.

En guise d’introduction, je vous offre quelques extraits d’un livre que je suis en train de rédiger, sur le même sujet exactement que celui traité par Mittelstaedt dans sa vidéo :

Les banques n’ont cependant pas le droit de prêter tout l’argent sur votre compte-courant : elles sont obligées de tenir compte de votre désir éventuel de récupérer les sommes déposées sans préavis, comme le compte-courant le permet. Les réserves qu’elles sont tenues de maintenir légalement sont appelées « réserves fractionnaires ». Ces réserves sont faibles, aujourd’hui de l’ordre de 2 % généralement. Ce taux de 2 % a été calculé pour permettre à la banque de faire face aux retraits en temps ordinaire. Ceci suppose bien entendu une grande confiance de la part des déposants que leur argent demeure effectivement à leur disposition. En cas de panique bancaire ces 2 % ne feraient, cela va sans dire, pas l’affaire : seules des réserves couvrant la totalité des sommes déposées, c’est–à–dire des réserves fractionnaires de 100 % pourraient l’assurer.

Le système des réserves fractionnaires permet à l’argent inutilisé de ne pas être simplement thésaurisé mais d’être utilisé par l’économie là où le besoin s’en fait sentir. À cette fin, la fiction est maintenue que, bien que l’argent sur les comptes-courants aie été prêté – à l’exception des réserves fractionnaires – il demeure aussi disponible pour celui qui l’avait déposé sur son compte-courant. En général, lorsque celui-ci se présente pour retirer son argent, les réserves fractionnaires s’appliquant à une multitude de comptes permettent que la somme lui soit rendue. Si ce n’était pas le cas la banque devrait recourir à un expédient : ponctionner ses fonds propres, emprunter sur le marché interbancaire ou emprunter auprès de sa banque centrale.

Le système des réserves fractionnaires permet en fait une démultiplication monétaire qu’on aurait tort cependant de confondre avec une « création monétaire », le principe de conservation des quantités restant d’application sans être jamais enfreint.

Bien que les réserves fractionnaires soient aujourd’hui en général de 2 %, les illustrations de la manière dont le système opère utilisent le plus souvent le chiffre de 10 % et je ne faillerai pas à la tradition. La raison pour un nombre plus élevé se comprendra aisément. Voici comment le système fonctionne. Eusèbe dépose 100 € sur son compte à la banque. La banque est obligée de conserver sur cette somme des réserves fractionnaires de 10 %. Le reste elle peut le prêter. Ce qu’elle fait : Casimir avait besoin de 90 € et elle les lui accorde.

Le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit de chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège. Certains n’hésitent cependant pas à affirmer qu’un dépôt autorise une banque à accorder des crédits 9 fois, 49 fois… supérieurs aux dépôts. Comme seul un abruti emprunterait de l’argent à sa banque pour le laisser ensuite dormir sur un compte à vue, alors que sa banque lui compte des intérêts au fur et à mesure que le temps passe, la seule situation présentant une certaine vraisemblance est donc celle mise en scène par l’illustration initiale : celle où l’argent sur le compte-courant d’Eusèbe est prêtée à Casimir à concurrence de ce que les réserves fractionnaires autorisent, autrement dit que la banque est à même de percevoir des intérêts sur une somme un peu inférieure (90 % pour des réserves fractionnaires se montant à 10 %) à celle qui fut déposée initialement.

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302 réponses à “Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt”

  1. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    @ P Jorion

    dois-je comprendre que vous douteriez de la qualité de l’enseignement des sciences économiques dans le pays qui produit les meilleurs vins du monde ?

  2. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    😉

  3. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    La première partie de mon exemple commence ainsi:
    Le 1 jour :
    la banque A prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque B
    la banque B prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque A
    En fin de journée
    la banque A transfert 90 en M0 à la banque B
    la banque B transfert 90 en M0 à la banque A
    Le bilan:
    La banque A se retrouve avec 190 en dépôt
    La banque B se retrouve avec 190 en dépôt
    Et les réserves en M0 reste à 100 pour les deux banques

    Et voici comment vous traduisez cela comptablement à l‘issus de l’opération (je commente à coté):

    Banque A
    Actif :
    90 (billets)——————————> dites plutôt M0 c’est plus générale
    10 (réserve obligatoire à la BC)
    Crédit à Alain = 90
    Passif
    Compte de X = 100
    Compte de Alain = 0
    Dette envers banque B = 90 ————–> Faux c’est la dette de la banque A envers Beber c‘est à dire le dépôt de Beber …(car la banque B a déjà été payer lors du transfert des 90 par la banque A)

    Donc la banque A se retrouve bien avec un dépôt =190

    D’ailleurs heureusement car quand vous dite plus loin :
    « La banque A se retrouve avec 100 en dépôt + dette de la banque B = 90 » …..et Beber dans tout ça où est passé son dépôt !

    Bon, j’arrête là puisque du coup la suite est fausse, Stilgar, il va falloir bosser un peu plus, je vous laisse corriger pour avoir la suite du raisonnement.
    Encore merci pour être rentrer dans le jeu.

  4. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Pitalugue : si c’est pour dire ça (cf. le document de l’académie de Bordeaux), je préfère en effet qu’ils se concentrent sur le fait d’élever des pieds de vigne plutôt que les esprits des futurs économistes 🙂

  5. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine

    Je résume en recopiant certaines choses et on arrêtera là, car il est impossible de poursuivre sur ce blog si on ne veut pas admettre que :
    – toute la monnaie moderne corresponds à des dettes inscrites au passif sur les bilans des banques (commerciales et centrales) et la double inscription simultanée d’un même montant à l’actif (une créance) et au passif du bilan de la banque constitue donc l’acte par lequel elle crée la monnaie
    – le fonctionnement du système bancaire est un processus continu de création et de destruction de monnaie
    – Et qu’enfin la monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque commerciale qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement

    Détail : , vous écrivez dites plutôt M0 c’est plus général
    Non, ca n’a rien à voir … M0 est un total interne à la BC … : on ne retrouve pas M0 inclus dans un quelconque agrégat de l’économie ( M1, M2, M3)

    J’avais effectivement fait un raccourcis… je développe donc ici avec les comptes de Bébert et d’Arthur .

    Donc, deux banques reçoivent de la monnaie fiduciaire pour 100 chacune d’un de leur client (X et Y), en échange d’une inscription du même montant sur le DAV de ces clients. Elles ont donc cette monnaie fiduciaire à leur actif et créditent au passif le compte de leurs clients (X et Y) de 100 chacun
    Pour pouvoir émettre de la nouvelle monnaie scripturale de 10% des DAV,, les deux banques sont obligées de fournir 10 chacune à la banque centrale qui portera ce dépôt en R.O.

    Le 1 jour :

    la banque A prête 90% de son nouveau dépôt à Alain soit 90 qui finit en dépôt chez Arthur dans la banque B
    la banque B prête 90% de son nouveau dépôt à Bernard soit 90 qui finit en dépôt chez Béber dans la banque A

    En fin de journée
    la banque A transfert 90 à la banque B et 10 à la B.C.
    la banque B transfert 90 à la banque A et 10 à la BC

    Le bilan des 2 banques, en cours de journée, est le suivant :

    BANQUE A
    Actif :
    – 100 (billets)
    – Créance sur Alain = 90
    Passif
    – Compte de X = 100
    – Compte de Alain = 90

    BANQUE B
    Actif :
    – 100 (billets)
    – Créance sur Bernard = 90
    Passif
    – Compte de Y = 100
    – Compte de Bernard = 90

    Arrive le soir

    BANQUE A
    Actif :
    – 90 (billets)
    – 10 (billets en réserve obligatoire à la BC)
    – Créance sur Alain = 90
    Passif
    – Compte de X = 100
    – Compte de Alain = 0 (il a payé Arthur en banque B) => ce qui amène une dette de 90 de la banque A vers la banque B
    – Compte de Béber = 90 (reçu de Bernard, client de B)

    BANQUE B
    Actif :
    – 90 (billets)
    – 10 (billets en réserve obligatoire à la BC)
    – Créance sur Bernard = 90
    Passif
    – Compte de Y = 100
    – Compte de Bernard = 0 ( il a payé Béber en banque A) => ce qui amène une dette de 90 de la banque B vers la banque A
    – Compte de Arthur = 90 ( reçu de Alain, client de A)

    Ce n’est pas la peine d’aller plus loin (vous pourrez recommencer autant de fois que vous voulez jusqu’à ce que tous les billets soient transférés en RO à la BC) … vous voyez que si on fait un rapprochement comptable entre la Banque A et la Banque B les deux dettes se compensent, et que même si l’on peut faire, sans aucun intérêt pour aucune des 2 banques, un transfert d’un montant identique de A vers B et de B vers A, il n’y a aucune justification pour que ca se fasse.
    Il n’empêche que les liquidités dont disposeront chacune des 2 banques ont été réduites à 90….

    Bon courage pour comprendre le système bancaire et la création monétaire si vous n’acceptez pas les prémisses citées en haut de ce commentaire.

    Et juste pour Julien Alexandre: NON “création monétaire”, n’est pas un raccourci sémantique, c’est une absolue réalité: vous avez vraiment du sécher vos cours à Science Po pour écrire des inepsies pareilles.

  6. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Bonjour Jean
    Je réponds à votre question avec un peu de retard.
    Sommes-nous d’accord?

    Si j’ai essayé avec d’autres de démontrer que ce sont les nouveaux dépôts arrivant sur les comptes qui sont prêtés c’est simplement pour dire que si la banque n’a pas l’argent correspondant, elle ne peut pas faire de crédit à moins d’emprunter cet argent à quelqu’un d’autre. Alors c’est vrai que ce système fait gonfler M1 par rapport à M0 mais uniquement (et c’est la spécificité principale des banques) parce que le banquier espère que son client ne viendra pas retirer tout son dépôt. En faisant cette opération il prends le risque de s’endetter vis à vis du déposant sans pouvoir peut-être le rembourser si celui ci change de banque par exemple.

    Dans la version « ex-nihilo » avec la création de crédit grâce à une simple garantie hypothécaire les banques n’ont pas besoin d’avoir l’argent correspondant et là je suis d’accord on peut vraiment parler de création monétaire, mais excusez moi, c’est simplement absurde car cela sous entend que la garantie suffit à cette création monétaire, mais Jean, imaginez simplement qu’avec ce crédit le client exige un retrait en espèce sur la totalité de ce que la banque lui à prêter pour payer « son fournisseur » par exemple. Comment fait la banque avec une simple garantie?

    Vous allez me dire sans doute qu’elle échange cette simple garantie hypothécaire contre de la monnaie centrale à la BCE ou à ses consœurs. Non, ce n’est pas la garantie hypothécaire qui est échangée mais la créance complète avec sa garantie hypothécaire(créance dont elle est pleinement propriétaire=actif) qu’elle échange éventuellement contre de la monnaie centrale mais le fait qu’elle soit obligée de faire cette opération prouve de façon certaine que aucune banque ne peut faire de la création ex-nihilo à partir d’une simple garantie hypothécaire puisqu’elle est obligé de céder sa créance pour se financer en espèce (dans cet exemple).

    Êtes-vous d‘accord avec ceci ?

  7. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine
    Petite réponse sur le site de la BNS ( http://www.snb.ch/f/welt/questions/2.html#5 ) à votre question « imaginez simplement qu’avec ce crédit le client exige un retrait en espèce sur la totalité de ce que la banque lui à prêté »

    Qu’arriverait-il si les titulaires de comptes décidaient soudainement de retirer tous ensemble leur argent des banques?

    Les banques seraient confrontées à de sérieuses difficultés. Certes, elles détiennent des liquidités afin de protéger les épargnants. Mais ces liquidités ne permettraient pas de répondre à la demande si les guichets étaient pris d’assaut. La Banque nationale et les banques devraient alors prendre des mesures d’urgence. Dans un système bancaire bien rodé, avec des banques saines, un tel scénario est toutefois peu probable.

    Les espèces (billets et pièces) représentent environ 7% de la monnaie existante (pour que ca vous convienne mieux si vous voulez, « des signes monétaires existants »)

  8. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    Pardon mais pour pouvoir vous répondre correctement et sérieusement j’ai besoin de quelques précisions:

    Vous dites « Pour pouvoir émettre de la nouvelle monnaie scripturale de 10% des DAV,, les deux banques sont obligées de fournir 10 chacune à la banque centrale qui portera ce dépôt en R.O »

    Vous voulez plutôt dire 90% des DAV et non pas 10% non?

    En conclusion:
    Vous dites:« vous voyez que si on fait un rapprochement comptable entre la Banque A et la Banque B les deux dettes se compensent »
    Vous parlez de quelles dettes ?

    Vous dites:  «  et que même si l’on peut faire, sans aucun intérêt pour aucune des 2 banques, un transfert d’un montant identique de A vers B et de B vers A, il n’y a aucune justification pour que ca se fasse »

    Vous voulez parler des compensations interbancaires?
    Car si c’est le cas je vous l’ai dit pour l’exemple je préfère faire apparaître les flux directs, c’est la même chose que la compensation au final sauf que c’est plus pédagogique.

    En fin vous dites: « Il n’empêche que les liquidités dont disposeront chacune des 2 banques ont été réduites à 90 »

    Vous voulez dire les espèces ?
    Car pour moi la liquidité c’est ce dont dispose les banques en monnaie scripturale centrale sur leur compte à la BCE.

    J’attends vos précisions pour vous donner une réponse définitive
    Merci.

  9. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Nadine dit :
    3 février 2009 à 21:25

    (à @Jean Jegu)
    Croyez moi, creation “ex-nihilo” ou pas création c’est trés important de trancher pour comprendre la crise et trouver des solutions pour réformer le système. Ce n’est pas un pur débat académique.

    Tout à fait d’accord! Mais quelle est l’ « essence » à trancher ici? Je n’en saisis plus l’enjeu à la longue.

    Nadine, quand il y a une crise financière et économique comme maintenant, 2008-2009 (etc?), il y a aussi des exemples historiques tel que la crise partie de 1929 par exemple qui serait analogue sans être la même que 2008. Donc ici, dans tous les cas, les crédits et les échanges commerciaux deviennent difficiles et se raréfient, la demande, qui baisse en spirale, tend à s’effondrer, etc.

    La question (évidemment en résumé pour fair court) est là:

    Après 2008 (comme après 1929, etc), les moyens de production ont-ils disparus? Les usines se sont-elles évaporées? (en 1930-31-32, les usines existantes en 1929 ne s’étaient pourtant pas envolées). En 2009 on sait que les moyen de production ont « baissé » dans la même proportion que le fonctionnement financier et bancaire, mais leur potentiel, lui, n’a pas baissé ni disparu, comme ça d’un semestre à l’autre?

    Le problème de la crise est strictement celui du reflet monétaire qui ne reflète pas du tout la capacité de produire, ne reflète pas la réalité économique, et reflète encore moins la réalité sociale. La représentation monétaire d’un certain potentiel de production et financière a été « trafiquée », et bien au-delà.

    Le problème n’est-il pas clairement de rendre réel et sain monétairement et financièrement ce dont on est capables de produire physiquement? Puisque ce « miroir magique » de la monnaie ne fonctionne plus.

    J’ai l’impression qu’il y a dans nos têtes une dissociation quasi complète entre le fonctionnement financier et le but à atteindre. Le but que ce fonctionnement financier n’atteint pas et pour cause. La Cause! La Cause devrait beaucoup nous titiller en « bons chercheurs » que nous espérons être (et certains le sont tout à fait). Le – Pourquoi – du système financier semble masqué par le byzantinisme des « investigations », alors que la fausseté patente du système financier accentue ses méfaits (Paul Jorion et François Leclerc, très consciencieusement, nous informent ponctuellement des déroulements implacables de la crises et ses méfaits). Il paraît clair que vous recherchez des détails les plus « pointus » dans un système, faux pour l’essentiel, comlexifié à souhait et où la confusion, qui semble avoir été entretenue à dessein, est manifeste et où le vocabulaire des financiers n’a que peu à voir avec le vocabulaire du public, ou des « profanes ».

    Certains l’ont rappelés ici, des dizaines d’auteurs, universitaires, professionnels de la finances, analystes financiers, économistes, même prix Nobel, etc, des centaines d’échanges, sans doute à poursuivre, sur un tel blog, tendent dans le même sens qu’il faut chasser le vice introduit dans le fonctionnement financier et devraient mobiliser les compétences, les savoirs faire, etc, pour former une synergie et rémédier, ou remplacer ce sytème avec lequel il n’y a plus à se gêner (j’allais dire à respecter, pour autant que nous respections les personnes).
    Encore mieux. Si toute cette masse documentaire s’avérait un leurre, sans rapport avec le « réel » fonctionnement financier actuel tel qu’il est dans sa « nature » et ses effets catastrophiques, alors là, quelle accumulation de preuves!! Et preuves professionnelles celle-là!!

    Il n’y a pas de précautions à prendre avec quelque chose de manifestement faux, nuisible et toxique à haute dose, donc à proscrire. Que faut-il encore?

  10. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    A propos du lien qu’est ce que vous voulez me faire comprendre ?
    En quoi ce lien infirme ce que j’ai écrit à Jean?

  11. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    m…e ces balises et ce système wordpress où on ne peut pas avoir d’aperçu!
    Je reprends, si P.J. pouvait supprimer le message de 13 h 39

    +++++++++++++++++++

    @Nadine

    En ce qui concerne votre dernier message (12 h 15) , je n’essayais pas de répondre pour Jean Jégu, simplement d’abonder dans votre sens. Si on limite le concept de monnaie à celle de la Banque Centrale (en particulier les billets), il n’y en a évidemment pas pour tout le monde, et c’est pour cela que « l’argent-dette » de Grignon, malgré les explications un peu imprécises, est un très bon « réveil » pour la société civile peu au fait de ces sujets!

    Bon, vos questions

    Vous dites « Pour pouvoir émettre de la nouvelle monnaie scripturale de 10% des DAV,, les deux banques sont obligées de fournir 10 chacune à la banque centrale qui portera ce dépôt en R.O »

    Vous voulez plutôt dire 90% des DAV et non pas 10% non?

    Oui, 90% des DAV, désolé…

    En conclusion:
    Vous dites:« vous voyez que si on fait un rapprochement comptable entre la Banque A et la Banque B les deux dettes se compensent »
    Vous parlez de quelles dettes ?

    Des dettes interbancaires

    Vous dites: « et que même si l’on peut faire, sans aucun intérêt pour aucune des 2 banques, un transfert d’un montant identique de A vers B et de B vers A, il n’y a aucune justification pour que ca se fasse »

    Vous voulez parler des compensations interbancaires?

    Oui: si une banque A est débitrice d’une banque B, au terme de la compensation des différentes dettes des unes envers les autres, elle a 2 choix:
    – soit la banque B lui fait crédit ( au taux interbancaire accepté entre elles)
    – soit A se refinance auprès de la banque Centrale

    (Il existe peut être un 3° choix, défendu par Jean Bayard, mais j’avoue que je ne me suis pas encore fait réellement mon opinion sur ses explications, sans pour autant les rejeter)

    Car si c’est le cas je vous l’ai dit pour l’exemple je préfère faire apparaître les flux directs, c’est la même chose que la compensation au final sauf que c’est plus pédagogique.

    Ca ne change rien au résultat final

    En fin vous dites: « Il n’empêche que les liquidités dont disposeront chacune des 2 banques ont été réduites à 90 »

    Vous voulez dire les espèces ?
    Car pour moi la liquidité c’est ce dont dispose les banques en monnaie scripturale centrale sur leur compte à la BCE.

    Bravo, 😉
    Vous avez raison . Mais ce n’est pas le fait que ce soit des espèces ou non, mais que les 100 en espèces au départ (hypothèse initiale) permettent à la banque d’accorder des crédits nouveaux sans s’endetter de (nouvelle) monnaie centrale, jusqu’à ce qu’elle n’ ait plus de ce dépôt d’espèce initial … étant donné que, évidemment, ces espèces sont de la monnaie centrale mais qui dans le circuit économique (un constitutant de M1). Elles sont donc aussi de la liquidité; mais ca n’empêche que j’aurais du utiliser le bon terme de numéraire ou espèces.

    Pour être encore plus précis: lorsque la banque qui dispose de 100 en espèces (qui est de la monnaie centrale) va accorder un crédit, elle va avoir besoin de 10% de RO .. Et si son solde initial de RO (liquidités) à la BC est de zéro, elle va donc transférer 10 de billets à la BC qui créditera de 10 son compte de liquidités.

    Ceci dit le terme « liquidité » représente aussi « la monnaie disponible » , d’une manière générale dans l’économie.

    D’une manière générale, le bilan d’une banque commerciale est, en simplifiant
    à l’actif de:
    – Réserves auprès de la BC
    – Crédits et titres (les créances sur..)
    – Disponibilités (Trésorerie)

    au passif:
    – Engagements envers la banque centrale
    – Dépôts du secteur privé
    – Fonds propres

    alors que le bilan d’une Banque Centrale est:
    Actif:
    – Créances sur l’étranger
    – Créances sur les banques commerciales
    – Créances sur le Trésor

    Passif
    – Réserves des banques commerciales
    – Billets détenus par le secteur non bancaire
    – Dépôts du secteur public
    – Fonds propres

  12. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine

    Si j’ai essayé avec d’autres de démontrer que ce sont les nouveaux dépôts arrivant sur les comptes qui sont prêtés c’est simplement pour dire que si la banque n’a pas l’argent correspondant, elle ne peut pas faire de crédit à moins d’emprunter cet argent à quelqu’un d’autre.

    Vous admettez donc, Nadine, que si vous avez essayé de démontrer que ce sont les nouveaux dépôts qui sont prêtés ( partiellement, RO obligent ), ce n’est pas qu’ils soient vraiment reprêtés mais juste pour nous faire comprendre que si la banque n’a pas la monnaie centrale correspondante, c’est dire 10 % environ ( RO + fourniture des billets ), elle ne peut le faire. Si c’est cela, je suis d’accord.

    Alors c’est vrai que ce système fait gonfler M1 par rapport à M0 mais uniquement (et c’est la spécificité principale des banques) parce que le banquier espère que son client ne viendra pas retirer tout son dépôt

    Que ce système fasse gonfler M1, par rapport au volume de monnaie centrale associé au dépôt initial, j’en suis aussi d’accord ; c’est même ce que j’appelle « création de monnaie bancaire par le crédit ». Cependant je ne suis pas d’accord quand vous dites que cette création monétaire existe parce que le banquier espère que son client ne viendra pas retirer tout son dépôt. C’est bien le banquier qui prend l’initiative, cachée au déposant, de ne conserver qu’une fraction de la monnaie centrale associée à son dépôt et, du fait de ce que je me permettrai ici d’appeler « une fraude légalisée « , il espère que son client ne viendra pas lui redemander tous son dépôt. C’est un risque qu’il s’est créé et il prétend ensuite s’en faire rémunérer. Car il ne faut jamais oublier que le banquier se fait rémunérer sur les crédits qu’il accorde ; on comprend qu’il se plaise à les gonfler .

    Quant à votre deuxième paragraphe, j’en retiens que si une simple garantie hypothécaire suffisait pour qu’une banque accorde un crédit, alors vous accepteriez de vraiment parler de création monétaire. Mais vous le dites un peu plus loin, ce serait un procédé absurde car le banquier risquerait de ne pouvoir faire face à un retrait en espèces ou à un simple virement vers une autre banque. Ici, j’ai failli vous renvoyer à la fin d’un de mes posts précédants :

    Quand vous aurez bien assimilé comment avec 200 en monnaie centrale le système peut générer, comme vous le dites bien, 10 000 en monnaie bancaire, il vous restera à traiter d’une autre question encore plus importante : comment le système bancaire peut-il augmenter ses 200 en Banque Centrale ? ( et donc, par conséquent, ses 10 000 en monnaie bancaire …).

    Mais ce renvoi était tout à fait inutile,(ce qui prouve que nos esprits passent par les mêms chemins ! ) puisque vous avez deviné que j’allais vous dire ce qu’il suffit à la banque de faire :

    qu’elle échange cette simple garantie hypothécaire contre de la monnaie centrale à la BCE ou à ses consœurs.

    NOn, j’aurais simplement dit qu’elle échange sa créance. Il peut y avoir créance sans garantie hypothécaire, me semble-t-il. Ensuite, je décroche … J’ai l’impression que la conclusion qui est la mienne vous vient au bout de la plume mais que vous tournez en rond pour éviter de l’exprimer. Qu’est-ce que veut dire exactement ce qui suit :

    Non, ce n’est pas la garantie hypothécaire qui est échangée mais la créance complète avec sa garantie hypothécaire(créance dont elle est pleinement propriétaire=actif) qu’elle échange éventuellement contre de la monnaie centrale mais le fait qu’elle soit obligée de faire cette opération prouve de façon certaine que aucune banque ne peut faire de la création ex-nihilo à partir d’une simple garantie hypothécaire puisqu’elle est obligé de céder sa créance pour se financer en espèce (dans cet exemple).

    Il y a bien refinancement avec la créance issue du crédit ! (refinancement dont j’ai souvent dit ici qu’on ne parlait pas assez – le refinancement est le fait pour une banque d’augmenter ses avoirs en Banque Centrale au moyen de titres qu’elle détient).

    Par conséquent je conclus volontiers sur le fait que nous sommes entèrement d’accord sur les faits. Cela me rassure car je n’ai jamais été banquier, et comme tout un chacun je peux me tromper. Mais nous n’arrivons pas à suivre un chemin rationel jusqu’à une conclusion commune. Car, sauf erreur de ma part, la conclusion logique est, selon moi, que le fait que la banque puisse se refinancer, c’est à dire acquérir la monnaie centrale qui lui est nécessaire, avec la créance du crédit qu’elle vient d’accorder, prouve de façon certaine que, sous réserves des Règles Prudentielles définies par la profession bancaire, un banque peut toujours créer de la monnaie bancaire dès lors qu’elle trouve un emprunteur consentant .

    Il est donc parfaitement inutile de continuer à traiter de scénarios numériques finalement indigestes et où la précipitation laisse introduire des erreurs qui brouillent encore plus le débat.

    Par contre, Rumbo ( 12:31) a des propos durs sur ce système bancaire. Avec tout le respect que l’on doit toujours aux personnes, respect sincère et amical en ce qui me concerne, je suis au regret de dire que je partage ces propos. Ce système est vicié, voire vicieux. Il est issu de l’histoire. Ceux qui y travaillent aujourd’hui n’en sont pas les seuls responsables. Ils en sont ou en seront autant victimes que ceux qui sont au dehors. Mais il serait grand temps que ceux qui le connaissent de l’intérieur aident à rebâtir du neuf et surtout du juste, au lieu de donner la fâcheuse impression, sans que cela soit réel j’imagine, d’en être complices.

    Sur ce, je termine et range mon clavier.

    Amicalement.

    Jean Jégu.

  13. Avatar de Paul Jorion

    @ Rumbo

    Que le système financier soit complexe, pourquoi pas ? cela ne constitue pas une base sur laquelle le condamner : si je le trouve compliqué, c’est à moi de faire l’effort de le comprendre et pas de dire : « Il est condamnable parce qu’il est trop compliqué pour que personnellement je le comprenne ».

    Vous allez vous trouver en face de gens qui vous diront : « Vous n’êtes pas encore trop sûr si les banques prêtent oui ou non l’argent qui se trouve sur les comptes-courants et vous allez m’expliquer pourquoi il faut se débarrasser des Collateralized–Debt Obligations et des Credit–Default Swaps ? »

  14. Avatar de TL
    TL

    @ Stilgar,

    je comprends votre volonté de simplification, mais quand même : les banques commerciales sont de grosse détentrices d’actions d’autres entreprises…

    quand vous parlez des créances sur l’étranger à l’actif de la BC (ce qui est certes un consensus de classification), ne faudrait-il quand même pas distinguer les devises étrangères détenues sous forme monétaire « pure » (monnaie scripturofiduciaire), des titres en monnaie étrangères (obligations) ?

    cette dernière distinction prend tout son sens lorsque les titres en questions sont des ABS/CDO dont la valeur fond comme neige au soleil…
    il aurait mieux valu pour la bank of china garder des dollars en espèces !

    @ Jean Jégu

    Je salue votre grande diplomatie : je pense être d’accord avec vous à 99% (jamais 100%, principe de précaution oblige… et la réciproque n’est pas forcément vraie, cf plus bas), mais la lecture in extenso des différentes contributions me file déjà une telle migraine nerveuse, que je ne saurais répondre aussi patiemment…

    J’ai envie de pousser la perversion plus loin : une banque qui constate que les dépôts affluent sans cesse plus vite qu’ils ne refluent (par retrait des déposants) peut presque considérer cet argent comme dépensable (et non juste prêtable). Elle aurait en effet tort de se priver : elle en a toujours plus !!
    Cette dépense va se retrouver, au moins en partie, sous forme de dépôt bancaire. Un dépôt aura été créé, qui n’est pas fondamentalement issu d’une dette !

    Comme il a déjà été souligné, il y a un problème avec le mécanisme de l’intérêt : l’intérêt accroît la dette, mais aucune monnaie supplémentaire n’est injectée en contrepartie (alors qu’au moment du prêt initial, l’argent est injecté à hauteur de la dette contractée), et la dette risque devenir impayable avec la seule monnaie en circulation.
    Paradoxalement, un tel parasitisme des banques (dépenser les dépôts des clients) accroît la quantité de monnaie scripturale (puisque cela accroît la quantité de dépôts) sans augmenter la quantité de dette, et permet de limiter l’asphyxie du système…

    Vous n’avez pas remarqué qu’il n’a à peu près que les bancassurances qui ont les moyens de se payer de beaux bâtiments dans les centre-villes (je parle de la France, et surtout des grandes villes) ?
    Remercions-les, elles sauvent le système ! 😉

  15. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    C’est tout à fait exact que les banques commerciales sont de grosse détentrices d’actions d’autres entreprises… mais nous parlions ici de la création monétaire par le crédit, pas de la création monétaire par l’achat de titres (monétisation d’actifs).

    Et comme l’écrit D. Plihon

    Désormais, les banques émettent de la monnaie non seulement à l’occasion de leurs opérations de crédit, mais également en contrepartie de leurs opérations de financement par achats de titres. Dans le cadre du régime d’économie d’endettement, la création monétaire s’effectuait principalement à l’occasion des opérations de crédit. Dans le nouveau régime, les banques créent également de la monnaie en contrepartie de leurs financements par acquisition de titres sur les marchés. Ainsi, les modalités de la création monétaire se sont diversifiées. Le crédit n’est plus qu’une des sources de la création monétaire.

    et Plihon donne un tableau intéressant

    Structures du bilan des banques AFB de 1980 – 2006

    Actif (en %) 1980 2006
    Crédits à la clientèle
    Titres
    Valeurs immobilisées
    Divers 84
    5
    9
    2 30
    55
    5
    10
    Total de l’actif 100 100
    Passif (en %)

    Opérations interbancaires (solde) Dépôts de la clientèle Titres
    Divers
    Fonds propres et provisions

    13
    73
    6
    0

    8

    5
    24
    54
    10

    7
    Total du passif 100 100

  16. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Zut, mon tableau est parti alors que j’essayais de le mettre en forme..
    Je le résume
    Entre 1980 et 2006, (% du bilan)

    actifs
    – crédits à la clientèle : 84% => 30%
    -Titres: 5% => 55%

    Passifs
    – dépôts de la clientèle : 73% => 24%
    – Titres : 6% => 54%

  17. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jégu
    C’est vrai qui manque pas grand chose pour qu’on soit d’accord…mais

    Vous dites: »le fait que la banque puisse se refinancer, c’est à dire acquérir la monnaie centrale qui lui est nécessaire, avec la créance du crédit qu’elle vient d’accorder, prouve de façon certaine que, sous réserves des Règles Prudentielles définies par la profession bancaire, une banque peut toujours créer de la monnaie bancaire dès lors qu’elle trouve un emprunteur consentant « .

    Jean, si elle se refinance avec la créance du crédit cela signifie que cette créance elle ne l’a plus puisqu’elle l’a échangé
    pour se refinancer!
    Vous me direz que cela ne change rien parce que ce crédit continu d’exister. Oui mais dans ce cas il n’y a pas eu création monétaire puisque en échange de ce crédit la banque a obtenu la monnaie centrale pour son refinancement.

    Essayez de réflechir à ça et les choses vous paraîtront plus claires parce qu’on est presque d’accord.

    Amicalement

  18. Avatar de TL
    TL

    @ Stilgar

    Fort bien. (je pense avoir reconstitué vos tableaux)

    Ne trouvez-vous l’appellation « titres » un peu ambigüe, recouvrant à la fois actions et obligations ?

    (Je n’avais pas fait la remarque dans le cas du bilan des BC, puisque ces dernières s’interdisent dogmatiquement l’achat d’actions.)

    Qu’une banque finance une entreprise par octroi de crédit ou achat d’obligations, revient du pareil au même (redondance volontaire). Donc que les obligations remplacent les crédits :
    1) ne change rien
    2) ne justifie pas le « désormais » de la phrase de Plihon, qui est vraiment inutile (les achats d’obligations par les banques ont toujours été une forme de création monétaire, et l’émission d’obligations est une forme d’endettement, contrairement à l’émission d’actions) !

  19. Avatar de TL
    TL

    @ Nadine

    Est-ce que vous ne confondez pas les opérations de refinancement et les opérations d’open market ?

    – le refinancement consiste en un prêt de la BC à un banque secondaire, avec un besoin de CAUTION ou COLLATERAL : la banque emprunteuse de monnaie centrale autorise la BC à s’approprier la créance servant de caution si elle n’est pas à même in fine de la rembourser. Pas de transfert de propriété de la créance si tout se passe bien.
    – l’open market consiste en l’achat/vente par la BC d’obligations jusque-là/dorénavant détenues par des banques secondaires.

    Lorsque vous dites « si elle se refinance avec la créance du crédit cela signifie que cette créance elle ne l’a plus puisqu’elle l’a échangée pour se refinancer! », vous faites erreur :
    – soit elle se refinance, et ce n’est pas la créance qui est échangée, mais un droit à la saisir en cas de non-remboursement du refinancement.
    – soit elle a échangée la créance contre de la monnaie centrale, et cela correspond à l’open market, et non au refinancement.

  20. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    C’est juste un chapitre où Plihon essaye de faire comprendre l’évolution du système bancaire français, mais chercher le détail des répartitions de la création monétaire bancaire dans les titres n’est pas une priorité pour moi… , mais je crois que Plihon veut parler des titres. Lui même sait bien évidemment qu’une obligation est une garantie fort différente des actions.
    Néanmoins je trouve quand même une différence entre une création monétaire par le crédit et une création monétaire par achat d’obligations. Il me semble que le premier est la conséquence de la demande de l’emprunteur, alors que le second est la conséquence d’une décision de la banque d’augmenter ses avoirs sans que ca ne lui coûte grand chose. Qu’en pensez-vous?

  21. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    Vous dites:

    « Arrive le soir

    BANQUE A
    Actif :
    – 90 (billets)–à
    – 10 (billets en réserve obligatoire à la BC)
    – Créance sur Alain = 90
    Passif
    – Compte de X = 100
    – Compte de Alain = 0 (il a payé Arthur en banque B) => ce qui amène une dette de 90 de la banque A vers la banque B
    – Compte de Béber = 90 (reçu de Bernard, client de B) »

    Vous dites dans le bilan: »90(billets) ».
    Non Stilgar, les banques pour se payer ne le font pas en espèce, elles se payent en monnaie scripturale centrale ce qui implique pour les deux banques d’échanger auprès de la BC leur espèces ici 90 en monnaie centrale scripturale M0, c’est ce que je voulais que vous compreniez quand j’ai écrit « dites plutôt M0 c’est plus général » mais le message n’est pas passé!

    Vous dites: »ce qui amène une dette de 90 de la banque A vers la banque B »
    Non, les banques se sont déjà payées en se transférant chacune 90 en monnaie centrale M0

    Donc en fait votre bilan s’écrit ainsi en fin de journée:

    BANQUE A
    Actif :
    – 100 M0
    – Créance sur Alain = 90
    Passif
    – Compte de X = 100
    – Compte de Alain = 0 (il a payé Arthur en banque B)
    – Compte de Béber = 90 (reçu de Bernard, client de B)

    Ce qui est exactement la même chose en terme de flux que:

    la banque A prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque B
    la banque B prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque A
    En fin de journée
    la banque A transfert 90 en M0 à la banque B
    la banque B transfert 90 en M0 à la banque A
    Le bilan:
    La banque A se retrouve avec 190 en dépôt
    La banque B se retrouve avec 190 en dépôt
    Et les réserves en M0 reste à 100 pour les deux banques

    Les quantités M0 sont conservées mais M1 augmente alors que la banque ne fait que prêter ses nouveaux dépôts et l’augmentation de M1 est directement proportionnelle à la vitesse du flux de M0 entre les deux banques.

    Stilgar, vous avez sous les yeux mis en pleine lumière avec cet exemple si simple ce que vous essayez de comprendre depuis des mois (sinon vous ne seriez pas sur ce blog), alors ne gâchez pas votre plaisir en vous accrochant à la version ex-nihilo, venez nous rejoindre on est trop peu nombreux et on a besoin de tout les talents et je sais que vous en avez beaucoup.

    Amicalement

  22. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine
    C’est bien, vous avez sans doute raison puisque vous en êtes persuadée…

  23. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    La création monétaire par les Bcom : UNE QUESTION DE PERSPECTIVE.

    J’ai une thèse à avancer :

    La création monétaire par les bcom existe.

    Elle existe d’autant plus que l’on se place du point de vue de la BC.

    La BC a, « face à elle », toutes les bcom.

    En octroyant du crédit, ces bcom augmentent DANS LEUR ENSEMBLE la masse monétaire par l’effet de récupération des dépôts résultant des crédits, dépôts qui constituent le «refinancement des crédits » .

    la BC qui tient la compta, enregistre effectivement la progression de la masse monétaire et souvent (avant la crise) sans intervenir dans le refinancement car les bcom n’en n’ont pas ou peu besoin.

    Si la création monétaire est contrebalancée par la destruction monétaire (remboursement des crédits), la 1ere croît toutefois plus vite que la seconde –dans le passé en tous cas – et donc inflate la masse.

    En conclusion, la BC assiste à la progression monétaire sans en être un acteur significatif.

    Maintenant si l’on se place dans la situation d’une bcom :

    (et plus particulièrement une bcom à très faible part de marché (2 ou 3 %), et faisant plus de crédits que de dépôts comme celle que j’ai connue)
    alors là, c’est la course à l’échalote car dès qu’on fait un crédit, il faut sortir les fonds de la caisse car ils partent à la concurrence à 97 ou 98 % et à la compensation il y en a qui attendent le virement.
    Dans ce cas, on emprunte aux bcom ou à d’autres intervenants privés (y compris étrangers) à la liquidité disponible.

    En passant, aujourd’hui les 6 principales banques françaises (qui étaient hier devant les députés) sont emprunteuses sur les marchés, à la recherche de liquidité.

    Dans la bcom que je décris, on n’a jamais l’impression de créer de la monnaie, on a l’impression de la vendre et qu’une fois vendue faut vite en retrouver pour en avoir en stock et pouvoir en revendre.

    En conclusion , la masse monétaire c’est un peu comme les salaires stables et pérennes sans indexation sur les résultats ni primes : ils augmentent toujours un peu vu du côté de celui qui les verse mais vu du côté de celui qui les perçoit , en pensant aux efforts qu’il a du faire au boulot et à l’augmentation des prix, il a rarement l’impression d’avoir été augmenté 😉

  24. Avatar de TL
    TL

    @ Stilgar

    « alors que le second est la conséquence d’une décision de la banque d’augmenter ses avoirs sans que ça ne lui coûte grand chose » :
    1) considérez-vous les crédits comme des avoirs ?
    2) « lui coûte grand chose » dans quel sens ? Elle paie tout de même l’obligation.

    La différence que je reconnais entre un crédit et une obligation à l’actif d’une banque, c’est le degré de liquidité : le crédit est « scotché » au bilan de la banque, l’obligation peut aller et venir comme outil de gestion de trésorerie.
    C’est d’ailleurs un peu pour ça qu’on a inventé la titrisation… améliorer la liquidité des crédits. Cela érode d’ailleurs un peu plus la frontière entre crédit et obligation (du point de vue du créancier).

    Disons, pour essayer de synthétiser, qu’il me semble que lors d’un crédit, l’emprunteur donne au prêteur une créance (sur lui-même), et le prêteur donne à l’emprunteur de l’argent.
    Le remboursement voit au contraire l’emprunteur racheter la créance sur lui-même, qui entre temps a grossi automatiquement du fait d’un intérêt.
    Or, une telle conception est généralisable à l’obligation de façon assez évidente…

    On pourrait imaginer une économie où il n’y aurait pas de crédit, mais des émissions d’obligation de tous les agents désireux d’emprunter… je pense franchement que l’on arriverait à reparler de savoir s’il y a création monétaire des banques secondaires, et vous savez pourquoi ?
    Même si je ne sais quel tribunal incompétent en économie monétaire a statué que les dépôts sont un transfert de propriété (cf un post de Paul plus haut), les dépôts en banque sont des prêts des déposants , donc un achat par les déposants de créance sur les banques (à taux d’intérêt nul ou quasi-nul, ce qui est bien pratique pour les banques).
    Dans un monde sans crédit, uniquement des obligations, l’équivalent du dépôt à vue serait une obligation extrêmement liquide, portant un taux d’intérêt minable.
    Voilà pourquoi je pense franchement que crédit et obligation sont proches.

  25. Avatar de Nadine
    Nadine

    @TL
    Bonsoir TL

    Vous faites bien de préciser mais à trop forcer le trait pour que le message passe on en oublie la réalité… Donc oui vous avez raison biensûr. Mais si la banque a besoin de se refinancer aprés avoir créé son crédit c’est bien qu’elle n’a pas fait de création Ex-nihilo. C’est le message que je voulais simplement faire passer à Jean.

  26. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    Je stoppe pour ce soir, mais pour répondre d’abord très court à vos deux questions:
    1 – Non, bien sur, ce sont des dettes… mais les « garanties » (les créances sur …) sont des actifs: vous le savez bien d’ailleurs 😉
    2 – Je pense (mais je me trompe peut être) que les banques monétisent pour compte propre lorsqu’elles achètent des obligations … je pense (mais je me trompe peut être) que ça ne leur « coûte » que les R.O.

    La titrisation leur a surtout permis de sortir les actifs pourris de leur bilan, non ?

    Allez, à demain…

  27. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine

    En essayant de faire court, Nadine, j’ai réfléchi et ça me parait toujours aussi clair :

    – le crédit induit une augmentation dM1 qui appartient au client emprunteur,
    – le refinancement induit une augmentation dM0 = dM1 qui appartient à la banque prêteuse,

    Dans ce cas non seulement il y a eu, comme d’ordinaire, création monétaire, mais il y a eu deux créations monétaires , l’une dans M1 par la banque commerciale et l’autre dans M0 par la Banque Centrale … La banque prêteuse ne gagne alors que sur une différence des taux, celui du prêt dM1 et celui du refinancement dM0.

    En résumé, comme nous l’avons bien vu ensemble,à partir d’un dépôt initial qui apporte D1 sur un DAV et D0 = D1 sur le compte de la banque en BC, la circulation monétaire entre banques induit un « gonflement » de M1 sans induire celui de M0. En fin de processus, on a sur les DAV, jusqu’à … disons 10.D1 qui sont gérés avec seulement D0. Collectivement les banques gagnent sur une différence de taux pour 10 % du montant des DAV et sur la totalité du taux des prêts pour les autres 90 %. Ce cycle étant bouclé, n’importe quelle banque peut en redémarrer un autre par le cas examiné qui n’est ancunement particulier.En effet nous l’avons vu ensemble, pour chaque crédit la banque doit prévoir le même montant en monnaie centrale ; mais pour chaque dépôt, elle s’autorise à ne conserver que 10 % de la « couverture  » de ce dépôt. C’est là le coup de génie qui marche, au bénéfice du banquier, tant que la confiance régne … Un magnifique moteur à deux temps: gonflement en M1 ( GM1), refinancement en M0 (RM0), GM1,RM0, GM1,RM0, etc … et ce jusqu’à la crise suivante.

    Bien entendu,dans la réalité, il est parfaitement impossible d’identifier les cycles dont je parle ; ce sont plutôt des flux continus qui fonctionnent selon ces principes. De plus il n’y a pas que les crédits mais aussi les achats de titres et autres ( voir la citation de D. Plihon par exemple) …Mais là nous en aurions encore pour six mois, alors mieux vaut s’abstenir.

    Loin de moi l’idée de nier les turpitudes de la finance que Paul et d’autres illustrent ici. Mon opinion est seulement que ces turpitudes reposent en grande partie sur la possibilité pour les banques de « gonfler » la monnaie ( directement pour M1, indirectement pour M0 ) à peu près autant qu’il leur semble bon. Effectivement, comme certains l’ont dit, leurs employés courent après le refinancement en M0 et les emprunteurs en M1 et cette course à l’argent, mobilisante et épuisante, leur fait oublier qui est moteur et pourquoi dans cette course. Mais les dés sont pipés et il nous faudrait sortir ensemble de ce labyrinthe. Le premier impératif n’est-il pas d’y faire la lumière ?

    Merci à vous tous qui, à votre manière, y contribuez.

  28. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    C’est vraiment plaisant de débattre avec vous Jean; pour votre nouveau commentaire interessant je vous dirai ce que j’en pense demain.
    A bientôt.

  29. Avatar de TL
    TL

    @ Nadine (je n’ai pas le temps de lire le post de Jean Jégu)

    Je suis d’accord.

    Disons en vrac que si d’une certaine manière il y a création monétaire (pas totalement « ex nihilo », mais pas loin), c’est parce que :
    1) le dépôt en banque est une pratique généralisée, rentrée dans les moeurs, et même encouragée par les gouvernements (il est interdit me semble t-il de payer en espèce les transactions supérieures à un certain montant). Or cela fournit un passif modique et abondant aux banques commerciales.
    2) la banque centrale est presque trop gentille avec les banques commerciales. Tant que le système marche (les gens déposent) les banques commerciales empochent le pactole. Quand ça va mal (retraits massifs et mise à nu des banques) la banque centrale arrive et refinance en urgence, et les gens se disent : « ah oui, finalement les comptes en banque c’est du sérieux, c’est comme la vraie monnaie ». (Si la BC ne refinance pas, c’est 1929…)
    3) les banques facturent des intérêts, ce qui fait qu’elles demandent à terme plus d’argent qu’elles n’ont prêté.

  30. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Paul Jorion dit :
    4 février 2009 à 17:40

    @ Rumbo

    «  »Que le système financier soit complexe, pourquoi pas ? cela ne constitue pas une base sur laquelle le condamner : si je le trouve compliqué, c’est à moi de faire l’effort de le comprendre et pas de dire : « Il est condamnable parce qu’il est trop compliqué pour que personnellement je le comprenne ».

    Vous allez vous trouver en face de gens qui vous diront : « Vous n’êtes pas encore trop sûr si les banques prêtent oui ou non l’argent qui se trouve sur les comptes-courants et vous allez m’expliquer pourquoi il faut se débarrasser des Collateralized–Debt Obligations et des Credit–Default Swaps ? » » »

    Paul, je suis bien d’accord avec votre propos. Des professionels pourraient sans doute me « coincer » assez rapidement, mais pour quel résultat? Pour éloigner un enquiquineur?
    Mais je ne perd pas de vue la – résultante – de ce sytème financier, qui est la principale chose qui compte au « bilan » des pratiques bancaires légales ou « maisons ». Mais « maisons » avec labyrinthes sans éclairage et à chausse-trappes, à
    arcanes ayant plusieurs sens d’interprétation, etc. Mais si des questionneurs(neuses) très pointus veulent décortiquer la pratique bancaire jusqu’au bout, ce ne peut être que salutaire en vue de démonstrations indispensables pour de probables « combats » futurs. Dans ce sens, tant mieux si cela peut court-circuiter des pratiques financières qui participent au très mauvais rendement de la « machine » financière aux frais des usagers, profitant à quelques uns qui pensent sans doute que tant qu’on aura pas « désocculté » le pot-aux-roses, tout va pour le mieux; nous ne cracherons pas dans la (trop bonne) soupe jusqu’au dernier moment, doivent-ils se dire.

    Je ne dit pas du tout au sujet du système financier: « Il est condamnable parce qu’il est trop compliqué pour que personnellement je le comprenne ». Mais c’est ce qui m’apparaît (sans doute à tort j’en conviens) comme si l’on voulait couper des cheveux en quatre alors qu’on a la preuve – répétée dans les faits et les résultats – que ce système est frelaté et animé par des mécanismes bancaires qui se jouent des lois naturelles. Pourquoi les modèles naturels sont-ils bafoués à ce point? En énergétique, jusqu’à plus ample informé, on ne peut jamais, au bilan final, récupérer davantage d’énergie qu’on en a dépensé. Pourtant, c’est ce qu’on a fait en finances!

    Je ne dénonce nullement la complexité, elle est objectivement ce qu’elle est. Car effectivement, c’est bien à soi-même de la comprendre, et de la dominer, ou alors laisser tomber. Mais s’agissant du système bancaire et financier, force est de constater que le diapason n’a jamais été sollicité (ou il y a autant de « diapasons » que de branches financières… et de pays…), et qu’il faut, – en l’absence de solfège – (ou alors le « solfège » n’y est jamais appliqué) retrouver de l’ordre coûte que coûte à travers la « cacophonie ». Ma condamnation du système financier n’est pas sa complexité, c’est sa
    – résultante fausse – qui détermine terriblement tant de destins individuels et collectifs. À choisir entre deux complexités opposées, autant s’appliquer sur celle qui reflète la vérité, d’ailleurs davantage accessible, que sur celle travestit ou prostitue la vérité.

  31. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Un graphique intéressant (actualité monétaire US) : http://research.stlouisfed.org/fred2/series/MULT

  32. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    Il ne faut pas non plus oublier les OAT détenues par les banques : 81 milliards d’euros.
    Achetées avec quelle monnaie ?

  33. Avatar de Pierre Lang

    @ Stilgar

    Merci 🙂 pour le lien vers http://research.stlouisfed.org/fred2/series/MULT

    Il est en effet curieux de constater que plus on prête, plus le coefficient multiplicateur diminue, alors que le contraire devrait se passer.

    Je pense que cela confirme ce que je pense avoir bien montré : la titrisation a pour effet de détruire la monnaie scripturale créée par les banques (en prêtant). Car :

    1. Les prêts sont remboursés prématurément par les acheteurs des titres (dettes titrisées).
    2. De deux choses l’une :

    a) Si le spéculateur emprunte à sa banque pour acheter des titres, cela n’a pas d’influence globale car c’est comme si sa banque prête à l’emprunteur de la banque qui titrise.

    b) Si le spéculateur utilise ses économies, alors la monnaie correspondante est soustraite de M1, puisque le prêt vient à échéance prématurément.

    3. Résultat : l’économie parallèle fondée sur la finance pure et dure pompe les capitaux de l’économie normale.

  34. Avatar de Pierre Lang

    J’ai mis en ligne un modèle simplifié (fait en Excel) de triple compatbilité en partie double (emprunteurs / banque commerciale / banque centrale).

    http://www.plang.be/blog/blog-2009-02/2009-02-05.php

    Les deux simulations montrent notamment que :

    # Le nombre de billets en circulation est indépendant des paramètres (r et b). En ce sens, le modèle monétaire est assez génial.

    # Ce qui est appelé Mon-dette est un trou dans la caisse que la banque doit financer (capital disponible, emprunts, intérêts reçus, profits divers, titrisation, spéculation)

  35. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    J‘ai essayé de comprendre votre raisonnement, je pense qu’il y a plusieurs erreurs:

    Vous dites : En utilisant le refinancement :« Collectivement les banques gagnent sur une différence de taux pour 10 % du montant des DAV et sur la totalité du taux des prêts pour les autres 90 %. »

    Si les banques doivent se refinancer (surtout) c’est sur les crédits qu’elles ont accordé qui lorsqu’ils finiront en dépôts dans d’autres banques devront être payés par les banques en monnaie centrale.
    Donc collectivement si elles doivent se refinancer, les banques gagnent sur une différence de taux pour 90 % des DAVS et non 10% mais en fait je ne sais pas pourquoi vous mettez 90% (enfin 10% pour vous) des dépôts puisque si elles ont besoin de se refinancer c’est qu’elles n’ont pas prêté les nouveaux dépôts de leurs clients…, mais je comprends, ces banques essaient de faire de la création ex-nihilo pour leur plus grand malheur car se refinancer n’est pas gratuit et il faudra bien qu’elles trouvent des ressources pour rembourser ce qu’on leur à prêter avec intérêt et pas dans 10 ans. Donc malheureusement pour les banques le cycle s’arrête très vite et le magnifique moteur à deux temps tombe en panne brusquement. Comme vous l’avait si bien expliquez à Paul dans la nature rien n’est gratuit même pas pour les banques…mais j’exagère bien sur !

    @Stilgar
    Incroyable le graphique de M1, il semble que l’équilibre soit rompu entre la « création » et la « destruction » de M1, malgré les milliers de milliards de $M0 injecté par la FED et L’État.
    Le marché bancaire est tellement déséquilibré que les banques doivent se refinancer à coup de milliards de $ en M0 et par tout les moyens avec comme conséquence direct un crédit crunch et le deleveraging dans un marché économique déprimé sans demande de crédit. Ca va faire mal ! Par contre pour quelques banques (les bénéficiaires du déséquilibre) c’est le jack pot…

    @Pierre Lang
    Votre analyse est interéssante.

  36. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine
    Vous devriez d’abord essayer de comprendre ce qu’est  » le refinancement des banques  » avant d’essayer d’expliquer quoi que ce soit à Jean Jégu qui a une certaine longueur d’avance sur vous…

  37. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    En matière de compréhension je ne vous décerne pas le premier prix !
    Ce ci dit puisque vous répondez à la place de Jean, précisez ce que vous voulez dire.
    Merci

  38. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Extraits de © Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés

    Dans nos sociétés, la plus grande partie de la monnaie (la monnaie « interne ») est créée par les banques, qui transforment à cette occasion des reconnaissances de dette individuelles (les crédits accordés à leurs clients) en reconnaissances de dette socialement acceptables (les dépôts : comptes-chèques des banques dites « ordinaires »). Par les avances qu’elles consentent, les banques créent donc un pouvoir d’achat supplémentaire dans l’économie. En contrepartie, le remboursement des crédits est synonyme de destruction de monnaie : la croissance de la masse monétaire interne résulte des nouveaux crédits octroyés, nets des remboursements. A ce stade, selon l’expression popularisée par le Britannique Hartley Withers, contemporain de Keynes, « les crédits font les dépôts » et la création monétaire est un phénomène endogène, provenant de la négociation des crédits par les agents financiers et non financiers.

    Mais endogène ne signifie pas incontrôlable. Contrairement au point de vue de l’école de la « banque libre » (voir notamment Selgin, 1988), en effet, un tel système ne peut fonctionner sans régulation : la libre concurrence est généralement mise en échec par la présence de biens « collectifs », source d’externalités, dont fait précisément partie la monnaie, puisque l’utilité qu’en retire chaque utilisateur dépend du nombre d’utilisateurs qui l’adoptent.

    Refinancement des banques

    La figure illustre le fonctionnement du marché monétaire. La quantité de refinancement demandée par le système bancaire dépend positivement des crédits accordés (et demandés, donc de l’activité) et négativement du taux d’intérêt du refinancement (irf) sur le marché interbancaire. L’offre de refinancement dépend positivement de ce taux d’intérêt. Lorsque la demande de refinancement augmente (à la suite d’un accroissement de la demande de crédit des particuliers), par exemple, la banque centrale peut cibler une quantité de refinancement inchangée (U+114 fmacr;) et laisser s’accroître le taux d’intérêt (de A à B). Dans ce cas, la base monétaire sera exogène, et les banques seront contraintes d’offrir des crédits proportionnels (mécanisme du multiplicateur de monnaie). Elle peut, au contraire, cibler un taux d’intérêt inchangé (i), ce qui l’oblige à satisfaire toute la demande de refinancement des banques (de A à C). Dans ce cas, les banques créent la monnaie qu’elles souhaitent et la base monétaire s’ajuste en conséquence (mécanisme du diviseur de crédit) : la quantité de monnaie existant dans l’économie devient endogène, elle résulte de la demande de crédit des particuliers.
    © Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés

    Multiplicateur et diviseur de crédit

    La régulation monétaire porte d’abord sur les procédures de compensation entre les monnaies émises par les différentes banques : c’est le rôle du marché monétaire (ou interbancaire). Par ailleurs, il existe des « banques centrales », qui émettent leur propre monnaie (les billets), et auprès desquelles les banques ordinaires (ou de « second rang ») sont contraintes de déposer des réserves « obligatoires ». En contrepartie, les banques centrales détiennent des titres publics et des réserves d’or et de devises (qui forment la « monnaie externe ») et offrent des crédits au secteur bancaire de second rang (le refinancement). Les billets et les réserves obligatoires, appelés « base monétaire », constituent en effet autant de « fuites » hors du bilan des banques ordinaires, qui sont, dans leur ensemble, structurellement illiquides sur le marché interbancaire, où elles expriment une demande nette de refinancement.

    Par sa politique de refinancement, la banque centrale peut alors contrôler la création monétaire dans son ensemble. Lorsque la demande de refinancement (cf. figure) augmente, par exemple à la suite d’un accroissement de la demande de crédit des particuliers, la banque centrale peut se donner pour objectif une quantité de refinancement inchangée et laisser s’accroître le taux d’intérêt. Dans ce cas, la base monétaire sera exogène, et les banques seront contraintes d’offrir des crédits proportionnels (mécanisme du multiplicateur de monnaie). Elle peut au contraire cibler un taux d’intérêt inchangé, ce qui l’oblige à satisfaire toute la demande de refinancement des banques. Dans ce cas, les banques créent la monnaie qu’elles souhaitent et la base monétaire s’ajuste en conséquence (mécanisme du diviseur de crédit) : la quantité de monnaie existant dans l’économie devient endogène, elle résulte de la demande de crédit des particuliers. En pratique, l’ajustement sur le marché interbancaire est bien plus complexe : il existe différents taux d’intérêt correspondant aux diverses modalités de refinancement, et les banques centrales ne choisissent pas une politique exclusive de taux ou de masse mais arbitrent constamment entre ces deux options.

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  39. Avatar de Nadine
    Nadine

    @André-Jacques
    Quand les banques se refinancent c’est pas gratuit c’est tout ce que je voulais dire rapidement à Jean et le fait que cela ne soit pas gratuit a des conséquences pour les banques (mon propos n’était pas de rentrer dans la théorie du refinancement des banques, je sais comment ça marche, merci).

    Donc ce n’est pas la peine d’être désagréable et pour ma part j’en resterai là avec vous.

  40. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine

    Veuillez m’excuser si j’ai mal compris, et que vous savez, avec raison, que les banques commerciales ont à se refinancer auprès de la banque centrale des fuites correspondants aux besoins en monnaie centrale de réserves obligatoires et de demande d’espèces de leurs clients (si on fait abstraction des deltas de compensation interbancaire), lorsque leurs capacités de se fournir de cette monnaie centrale est insuffisante.

    Par contre je n’aurais pas à m’excuser si vous pensez, à tort, que les banques commerciales doivent se refinancer auprès de la banque centrale de la totalité des fonds qu’elles prêtent lorsqu’elles ne disposent pas de cette totalité .

    Et hop, on en revient à la création monétaire par le crédit (monétisation de richesses actuelles ou futures), comme l’explique l’Encyclopédie Universalis, en écrivant  » Dans nos sociétés, la plus grande partie de la monnaie (la monnaie « interne ») est créée par les banques, qui transforment à cette occasion des reconnaissances de dette individuelles (les crédits accordés à leurs clients) en reconnaissances de dette socialement acceptables (les dépôts : comptes-chèques des banques dites « ordinaires »). Par les avances qu’elles consentent, les banques créent donc un pouvoir d’achat supplémentaire dans l’économie. « 

    Evidemment ce « refinancement  » n’est pas gratuit, mais par exemple avec des fuites de 10% des montants prêtés , les intérêts à payer à la banque centrale (ou sur le marché monétaire) sont sur 10% des montants prêtés et non sur la totalité du crédit; c’est bien pour cela que la banque commerciale garde pour elle 90% des intérêts, et encore plus si le taux des intérêts payés à la banque centrale est inférieur à celui qu’elle demande à ses clients emprunteurs.

  41. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine

    Décidément ce matin , Nadine, contrairement à votre habitude je ne vous trouve pas très compréhensible ; ou alors suis-je mal réveillé. Toujours est-il que je n’arrive plus à vous suivre ! Je suis largué ! Nos lecteurs, espérpons-le, vous comprendrons peut-être mieux que moi … Toujours est-il que le moteur à deux temps : un coup de M1(crédit), un coup de M0(refinancement) me parait avoir pas mal fonctionné jusqu’ici.

    Malgré tout j’ai pris bonne note des informations communiquées par Stilgar et des explications sérieuses qu’en donne Pierre Lang. Ce beau moteur semble faiblir en ce moment coté M1, c’est à dire, hélas, du coté utile à l’économie réelle …On « refinance » à tout va.

    @ tous

    Pour sourire un peu ( on en a bien besoin ), je propose à chacun un petit test. Intervenez sur ce blog et traitez du refinancement. Dans le rectangle prévu à cet effet écrivez par exemple : le refinancement est un mécanisme fondamental, ou, si vous préférez, sans importance, bien connu, discutable, obscur, extrêmement simple, enfin écrivez ce que vous voudrez selon votre opinion. Laissez vous guider par le correcteur orthographique qui souligne en rouge les mots erronés ou qu’il ne connait pas. Est-ce le mien ou celui du blog ? Chez moi, ce correcteur s’obstine a souligner en rouge le mot « refinancement », un mot barbare sans doute et qu’il ne connait pas ! Voilà qui est instructif, ne trouvez-vous pas …

  42. Avatar de TL
    TL

    @ tous

    La discussion devient intéressante, quoiqu’encore un peu perturbée par des détails auquel chacun s’accroche (moi y compris sans doute sans m’en rendre compte) pour imposer sa vision aux autres, en incorporant quelques petites approximations à son discours qui passent inaperçues pour lui, mais sautent aux yeux des autres, qui répondent et viennent ajouter les leurs…

    3 points :
    1) @Stilgar : les OAT sont des obligations, je ne les oubliais pas. Mon point principal (outre la liquidité, où pour le coup les OAT sont dans le top) est de dire que classer dans titres des actions et des obligations, comporte une forte perte d’information.
    2) sur le multiplicateur : déjà la base monétaire fait un saut ces dernières années, et c’était logique quand le taux de refinancement était à 1%, les banques n’avaient pas intérêt à se priver… par contre je vous encourage à comparer M1 et M2, il y a sans doute un effet d’arbitrage… il faudrait qu’on calcule le multiplicateur associé à M2 (M2/BM).
    3) @ Pierre Lang : je ne suis pas d’accord lorsque vous dites que la titrisation détruit de la monnaie, car l’argent prêté a été dépensé (en immobilier, en l’occurrence, sauf la partie HELOC), donc déposé en banque ou détenu en monnaie, par un tiers qui se fout éperdument de savoir si le prêt initial a été titrisé ou non.
    Le calcul de M1 et M2 ne comporte aucune composante nommée « crédit… », mais bien « dépôts… », et crédits et dépôts ne suivent pas exactement la même dynamique.

    Enfin pour le refinancement :

    REFINANCEMENT : mécanisme fondamental de l’économie moderne basée sur le prêt, nécessaire à la détention d’espèces par les individus, et à la compensation interbancaire, mais dont la simple promesse suffit à faire tourner sur une simple base comptable des pans entiers de l’économie.
    Dernière nuance : une économie est concevable, où les agents seraient initialement dotés de monnaie sans contrainte de remboursement, et où la banque centrale n’ajusterait qu’à la marge la quantité de monnaie, suivant les conditions démographiques et de productivité.

  43. Avatar de Pierre Lang

    @ TL

    à propos de la titrisation qui détruit de l’argent

    1. La banque me prête 100000 €, elle créée de la monnaie scripturale et met de la monnaie en réserve (en 2009).

    2. La banque titrise ma dette envers elle et vend les titres sur le marché financier (en 2009).

    3. En vendant les titres, la banque clôture me dette et la monnaie créée à l’ouvertur se détruit (en 2009).

    4a. Vous empruntez 100000 € à une banque à un taux intéressant et vous achetez les titres. Votre banque a créé (ou recrée) 100000 €. C’est comme votre banque m’avait prété les 100000 € avec vous et ma banque comme courtiers.

    4b. Une autre banque achète les titres. Ce cas est similaire au précédent (4a), car elle doit se (re)financer.

    4c. Un fond de pension achète les titres avec les économies des épargnants. Le fond n’a pas créé d’argent. La monnaie créée par mon prêt n’est pas ré-créée. Ce fonds aurait sans doute acheté des actions de sociétés commerciales/industrielles, au lieu d’acheter ma dette. (A mon avis, l’avenir proche nous montrera combien les petits vieux américains auront perdu dans le système…)

    4d. Un particulier a 1000000 € en dépôt dans une banque. Il les retire et achète les titres. Ce cas est similaire au précédent (4c). La monnaie n’est pas re-créée.

    Je pense que vous ne tenez pas compte du fait que mon prêt est effectivement dépensé (aujourd’hui). Mais je le rembourserai seulement dans 10 ans. Entre aujourd’hui et dans 10 ans, les 100000 € pourront tourner dans l’économie. Ils pourront en tant que dépôts, servir de réserve à de nouveaux prêts et de nouvelles création monétaire.

    Ce faisant, la tritrisation pompe l’épargne au profit du système financier. Une économie-financière en parallèle sur l’économie-normale avec un flux à sens unique entre les deux.

    Dans ce cas, je pense qu’il faut tenir compte des années qui s’écoulent entre l’emprunt et son remboursement.
    Voir http://www.plang.be/blog/blog-2009-02/2009-02-03.php

    Si je vous comprend bien, ces 4 cas se ramènent au final à la même chose ?

    Dans les cas 4c et 4d ci-dessus, à votre avis, combien d’argent tournera dans l’économie et combien de monnaie supplémentaire sera créée autour de l’achat à crédit de ma maison… entre 2009 et 2019, s’il vous plait.

  44. Avatar de TL
    TL

    @ Pierre Lang

    Vous ne vous intéressez qu’à un seul aspect, celui du crédit (et seulement côté créancier), dont vous postulez qu’il crée de la monnaie. Non : ce qui crée de la monnaie, c’est le fait que l’argent soit déposé. Par ailleurs, il y a un besoin induit en monnaie centrale : mais là c’est la BC qui crée de la monnaie.

    Pour votre 1. : ok. Mais soyons d’accord : si elle crée de la monnaie scripturale, c’est dans la mesure où, immédiatement, l’octroi du crédit a pour contrepartie un dépôt de l’emprunteur dans la banque avec l’argent qui lui a été prêté. Et la banque met de la monnaie en réserve, car elle accueille ce nouveau dépôt, pas parce qu’elle a octroyé un crédit. Si l’argent demande à être retiré, la banque doit puiser dans ses réserves ou se tourner vers la banque centrale, mais à ce moment elle peut aussi retirer l’argent qu’elle a mis en réserve puisque la cause de la réserve (le dépôt) disparaît.

    Evidemment que je tiens compte du fait que l’argent est dépensé aujourd’hui, et j’ai envie de vous dire : faites-en autant. Car la personne qui reçoit cet argent le dépose, le thésaurise physiquement, le prête ou le dépense, le tout indépendamment de la titrisation. Cette monnaie reste dans le système.
    Et le remboursement a rarement lieu dans 10 ans d’un seul bloc, il est constant dans le temps (mensuel le plus souvent, mais je ne vous apprends rien…).

  45. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Jean
    Après relecture de mon commentaire, à part quelques fautes d’orthographes, je ne vois pas ce qu’il y a de choquant SI on reste dans le fil de nos commentaires antérieurs où vous étiez d’accord avec moi, à savoir que ce sont les nouveaux dépôts qui servent à faire les crédits car dans ce cas de figure il n’y a pas besoin de refinancement si le banquier fait bien son métier.

    Dans l’hypothèse inverse où ce sont les crédits qui font les dépôts (et vous y êtes revenu inconsciemment ) vous devez bien trouver 100% du financement pour le crédit et ce n’est pas parce que ce crédit pourra être compensé provisoirement par un autre crédit d’une autre banque , vous donnant l’ILLUSION de la création ex-nihilo qu’il ne faudra pas un jour ou l’autre financer ce crédit.

  46. Avatar de Pierre Lang

    @ TL

    Non : ce qui crée de la monnaie, c’est le fait que l’argent soit déposé.

    Hier mon entrepreneur a déposé à sa banque les 100000 € que je lui ai versé. Il y avait deux personnes au guichet. Toutes deux envisageaient emprunter 40000 €. La première a renoncé à signer son contrat de prêt pour une raison inconnue. La banque n’a pas voulu prêter au second. Malgré la publicité de la banque, aucun prêt ne s’est conclu.

    Question : combien de monnaie la banque a-t-elle créé avec le dépôt de mon entrepreneur ?

  47. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL: votre message du 5 à 14:53
    D’accord sur le fait que l’ensemble « titres » ne nous apprends pas grand chose en plus que les banques monétisent plus par ce biais que par le crédit comme elles le faisaient avant.

    Le multiplicateur. Attention de ne pas confondre 2 choses; 1)le multiplicateur de crédit (coefficient de la capacité du système bancaire à créer du crédit en fonction des réserves en monnaie centrale dont il dispose) et 2)ce rapport entre la base monétaire et la monnaie en circulation (M1, M2 ou M3)
    Je préfèrerais pour ma part trouver le rapport entre les Réserves Obligatoires et l’ensemble des crédits au secteur privé…
    Un chiffre néanmoins: le montant de la monnaie centrale fiduciaire dans l’économie dans la zone euro est de 650 milliards d’euros, les crédits au secteur privé sont de 10630 milliards d’euros ( juin 2008). Les dépôts (DAV + autres dépôts monétaires) sont de 7667 … admettons que les R.O. soient de 2% sur ce montant, soit # 155 Md€, le total de monnaie centrale dont ont besoin les banques serait de 650 + 155 = 805 …
    Ce multiplicateur serait donc (avec toutes les imprécisions de ce rapide calcul) de # 13

    Avis ?

  48. Avatar de Pierre Lang

    @ Stilgar

    Votre calcul me semble correct.

    On peut mettre votre résultat (13) en relation avec le multiplicateur maximum possible compte tenu de r (pourcentage de RO) qui est = (1/r) – 1 = 49.

    Remarque

    Ce multiplicateur n’est pas le coefficient multiplicateur tel que défini par le modèle monétaire qui est

    k = 1 / (1 – (1-r)*(1-b) avec r=2% (zone euro) et b=taux de liquidité des emprunteur.

    Sur base de vos montants, le k observé est de l’ordre de 10630/7667 = 1.39
    Le k maximum, avec un taux de liquidité de 50%, est k = 1.96.

    Conclusion

    Je tire comme conclusion que le montant de prêts autorisé par celui des dépôt n’est pas atteint et que le monde bancaire aurait/avait encore le droit de prêter plus.

    Pourquoi r est-il si bas, alors que le marché n’est pas capable d’emprunter plus ? Comme disait l’autre: « on ne sait pas faire boire un âne qui n’a pas soif ».

    Comme l’âne ne voulait plus boire, la titrisation est venue à point nommé, pour pousser l’endettement encore plus loin tout en tout en chassant un second lièvre dans les taillis purement financiers (faire de l’argent avec de l’argent). On a fait boire d’autres animaux grâce aux prêts subprimes, LBO etc. On refilait la patate chaude dans un emballage CDO bourré de toxiques aux chacals affamés de profits.

    A mon avis, mise à part cette digression champêtre, ces coefficients observés (13 et 1.38) donnent une idée de la limite au-delà de laquelle le système s’étouffe dans le surendettement.

    Pour réguler le système, la BC devrait (comme le modèle le prévoit) modifier directement le coefficient r pour réguler le marché du crédit. Espérer le réguler indirectement en jouant seulement sur le taux directeur, revient à mettre une carotte de plus dans l’eau de l’âne qui ne veut pas boire.

    A mon avis, cela montre que le système (économique) prend trop de risques au lieu d’être géré de manière prudente par un bon père de famille. On le laisse tour à tour s’emballer dans la croissance et dans la récession, en flirtant constamment à la limite du surendettement dans l’espoir de gagner le dernier centime de croissance.

    J’imagine sans savoir si cela a du sens, que l’inflation en est une conséquence et non une cause. Et quand régulant k via r, on anticipe mieux l’inflation/récession.

    A voir aussi le bilan à la fin du PDF sur mon site, dont le principe de base correspond à votre suggestion de voir la chose:
    http://www.plang.be/blog/blog-2009-02/2009-02-03.php (cliquer sur le schéma)

    PS : A ma gauche, il y aurait les extrémistes altermondialistes au comportement mi-tortue mi-fourmi et à ma droite, il y aurait celui des extrémistes libéraux au comportement mi-lièvre mi-cigale, chacun défendant sa stratégie idéologique en condamnant l’autre sans autre forme de procès. Au centre, il y aurait le comportement normal du bon père de famille. Histoire de dire que rien ne sert de courir, il faut partir à temps… Je n’ai pas réussi à placer le corbeau et le renard 😉

  49. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Pierre Lang
    Relativement d’accord avec vous (sauf peut être sur la formulation  » Le bilan proposé se base sur le modèle du système monétaire actuel dans lequel les banques commerciales doivent constituer une réserve de (r%) des dépôts qu’elles reçoivent pour pouvoir prêter le solde.  » sur votre blog … puisque je pense que ce n’est pas le solde des dépôts qu’elles prêtent… 🙂

    Si ca vous intéresse (pour les autres aussi, évidemment ), j’ai un petit document « xls » à télécharger qui montre les possibilités de création de monnaie scripturale (multiplicateur) suivant plusieurs hypothèses de RO (r) et du besoin de numéraire (b) du secteur économique http://www.societal.org/monnaie/multiplicateur-credit.xls

    Mais au dela de ces débats sur les coefficients, je pense que la seule solution viable serait que toute la monnaie soit émise par la Banque Centrale qui régulerait les quantités par les taux d’intérêt (qui pourraient être différents suivant les utilisations), suivant les besoins de l’économie retransmise par les établissements financiers. Ceux ci n’auraient plus le droit d’émettre de la monnaie (de crédit) mais seulement de prêter les fonds qu’ils emprunteraient à la Banque Centrale ou a des épargnants (à un taux de marché celui là). Tout intérêt supplémentaire ajouté à celui déterminé par la BC serait interdit, et les rémunérations (sur les prêts) de ces établissements financiers seraient limitée à des honoraires d’expertise, de conseil et d’intermédiaires ajouté à une mutualisation des primes de risque .

  50. Avatar de Pierre Lang

    @ Stilgar

    puisque je pense que ce n’est pas le solde des dépôts qu’elles prêtent…

    Dans votre tableau, ligne 1 : Retour de dépôt=80, Réserve=8, prêt vague suivante=72.
    Elle met en réserve 10% du dépôt et prête le solde…

    Préférez-vous cette formulation-ci : les banques prêtent un montant égal au solde des dépôts ?
    Si non comment interprétez-vous le système ?

    Voir aussi ma compta triple en partie double avec vos hypothèses r=10%, b=20%. Les chiffres sont les mêmes… x1000 car j’ai mis 100.000 de dépôt initial pour faciliter la lecture (mon tableau n’affiche pas les décimales).
    http://www.plang.be/blog/pdf/2009-02-05-modele-monetaire-r10-b20.pdf

    Nous arrivons aux mêmes résultats mais mon tableau cumule les opérations en forme de bilan.

  51. Avatar de TL
    TL

    @ Pierre Lang et Stilgar

    Désolé, je suis obligé de zapper la fin de votre dscussion pour le moment, en espérant avoir le temps d’y revenir plus tard, et je me concentre sur les réponses que vous me demandez.

    @ Pierre Lang
    Au risque de vous choquer, je pense sincèrement que la banque a créé 100000 (que vous diminuez des réserves obligatoires qu’elle doit constituer sur ce dépôt… mettons 2000, donc 98000), MAIS que cette monnaie c’est ELLE qui va en profiter. Soit elle octroiera un prêt à quelqu’un plus tard (et elle ne créera pas la monnaie, mais mettra en circulation la monnaie créée au moment du dépôt —- bon, pour être extrêmement précis, disons que lorsque la banque octroiera un prêt, elle créera instantanément en contrepartie un dépôt du client emprunteur, mais lorsque celui voudra faire sortir l’argent de la banque, cela annulera ce seigneuriage initial, et obligera à puiser dans l’argent déposé par votre entrepreneur, sans que comptablement le dépôt de celui-ci ne soit affecté, bien entendu), soit elle va s’en servir pour alimenter la spéculation déjà débridée sur les marchés. Soit, comme j’ai déjà dit plus haut, si elle constate qu’elle est structurellement receveuse de dépôts nets (qui ne refluent jamais plus qu’ils n’affluent) elle peut même s’en servir pour acheter quelque chose, ce qui va à nouveau créer un dépôt, etc…

    @ Stilgar
    J’ai fait un petit tour dans le Monthly Bulletin de la BCE (qui est vraiment très bien foutu), et je suis d’accord avec vos ordres de grandeur, mais j’aurais deux remarques préliminaires :
    1) vous ne considérez pas les prêts aux fonds d’investissement, ce qui est peut-être un peu dommage… même s’il est clair qu’ils n’alimentent pas vraiment l’activité proprement productive,
    2) vous ne considérez pas non plus les relations prêts/dépôts avec l’extérieur de la zone euro (respectivement 3300 prêtés par les banques euros au reste du monde, et 4000 déposé par des étrangers en banques euros, soit 700 d’arrivées nettes, pas totalement négligeable… pas mirobolant non plus certes).

    Si j’insiste sur ce dernier point, c’est que si le reste du monde dépose en zone euro, cela accroît logiquement la quantité de dépôts, et donc le montant de réserves exigées… en plus de quoi il faut savoir que les obligations émises par les banques euros, dont la maturité est inférieure à 2 ans, sont également touchées par le coefficient de réserves obligatoires…
    Au final (page 108 du monthly bulletin de la BCE : http://www.ecb.int/pub/pdf/mobu/mb200812en.pdf ), les réserves obligatoires s’élevaient à 207 milliards d’euros le 10 juin 2008. Du coup, votre multiplicateur tombe plus près de 12, mais peut-être est-ce volontaire de votre part de vous limiter autant que possible aux relations intra-zone euro.

    Je comprends vos remarques sur le multiplicateur, mais pour être honnête, j’ai l’impression que le multiplicateur le plus habituellement envisagé est justement la relation entre masse et base monétaire. A vérifier…

    Enfin, pour reprendre vos chiffres, sur les crédits et les dépôts, c’est quand même incroyable : on a la preuve que le système bancaire asphyxie par le mécanisme de l’intérêt (qui accroît les crédits mais non les dépôts) le reste de l’économie… et quand on me dit : « mais attendez, les banques emploient des centaines de milliers de gens ! », j’ai envie de répondre : « oui, donc 99% ne servent strictement à rien… », c’est une forme de traitement social du chômage bien coûteuse ce système bancaire soi-disant concurrentiel…

  52. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Pierre Lang

    Nous arrivons effectivement au même résultat en ce qui concerne la création globale de monnaie scripturale à partir d’un montant donné de monnaie centrale.

    Il me semble (il me semble) à lire votre tableau en pdf que ce qui sépare nos approches est la chose suivante:

    Vous partez d’un dépôt initial (qu’il a bien fallu créer antérieurement car il n’y a pas de transfert banque centrale =>agents non financiers) dans une banque commerciale, lequel permet les crédits en cascade suivants, sous réserve des besoins en monnaie centrale…

    Je pars d’un montant de réserves (de monnaie centrale) disponible (mais qui ne quitte pas la Banque Centrale ormis pour les besoins de billets), et « mon système bancaire » satisfait les demandes de monnaie scripturale par création monétaire (c’est à dire qu’il n’y a pas besoin de dépôt initial dans la 1 ère banque commerciale qui fera le premier crédit). « Mon système » est au départ sans aucune monnaie et n’attends qu’une émission de monnaie centrale pour satisfaire, après le premier crédit, aux réserves obligatoires et aux demandes de billets.

    Me trompe-je ?

    Car je considère aussi que les banques commerciales « imposent » au banques centrales de les refinancer autant que de besoin…

  53. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine 5 février 21:03

    OK, je crois vous avoir compris ! Est-ce que d’autres que nous deux essayent de suivre cet échange entre un « ex-nihiliste » ( quoique je n’aime pas du tout ce chiffon rouge ! ) et une « anti-ex-nihiliste » ? Ce serait quand même sympa qu’on arrive à se comprendre. Arriver à un accord serait encore mieux, mais ne rêvons pas trop …

    En reprenant votre post précédant ( celui du 05/02 10:30 ) à la lumière du plus récent je devine votre propos.

    Si les banques doivent se refinancer (surtout) c’est sur les crédits qu’elles ont accordé qui lorsqu’ils finiront en dépôts dans d’autres banques devront être payés par les banques en monnaie centrale.

    …mais je comprends, ces banques essaient de faire de la création ex-nihilo pour leur plus grand malheur car se refinancer n’est pas gratuit et il faudra bien qu’elles trouvent des ressources pour rembourser ce qu’on leur a prêté avec intérêt et pas dans 10 ans.

    Ceci va bien avec votre dernier propos ( du 05/02 21:03) :;

    …vous étiez d’accord avec moi, à savoir que ce sont les nouveaux dépôts qui servent à faire les crédits car dans ce cas de figure il n’y a pas besoin de refinancement si le banquier fait bien son métier.

    Dans l’hypothèse inverse où ce sont les crédits qui font les dépôts (et vous y êtes revenu inconsciemment ) vous devez bien trouver 100% du financement pour le crédit

    Permettez-moi d’expliciter ce que j’entends :

    Dans la troisième citation, vous prenez acte de notre accord sur le fait que ce sont les nouveaux dépôts qui servent à faire les crédits et que le banquier n’a pas à se refinancer .Nous sommes bien d’accord.J’exprime parfois cela en disant que chaque nouveau dépôt de X €-bancaires sur un DAV entraîne avec lui X €-centraux sur le compte en BC de la banque gérant le DAV.

    Dans la quatrième citation, vous examinez un autre cas qui survient dès que le précédent arrive à son terme, à savoir les X €-centraux ont circulés et gonflé , selon votre terme que je trouve parlant, les X €-bancaires initiaux en 10.X €-bancaires. Effectivement, à ce stade, quand 10.X €-bancaires ne sont « couverts » que par le mnimum à savoir X €-centraux, mon moteur à deux temps est bloqué et bien bloqué. Il faut donc soit attendre un nouveau dépôt qui relancera ( mais d’où viendrait-t-il si nous raisonnons sur le système entier et considérons que c’est lui qui est bloqué ) , soit envisager des crédits ne reposant sur aucun dépôt préalable. Voilà le cas que vous voulez me faire considérer. C’est ce vers quoi me renvoyait vos première et deuxième citations.

    Alors considérons ce cas. vous dites :

    ce n’est pas parce que ce crédit pourra être compensé provisoirement par un autre crédit d’une autre banque , vous donnant l’ILLUSION de la création ex-nihilo qu’il ne faudra pas un jour ou l’autre financer ce crédit.

    Je comprends ceci : pour faire un crédit de X €-bancaires, la banque qui n’a aucun €-centraux disponibles doit emprunter X €-centraux à une autre banque qui est supposée en avoir à lui prêter. Effectivement, ça lui coûte et en plus cette manoeuvre ne correspond à aucune création d’ €-centraux ( aucune création dans M0 ) puisque ces €-centraux existaient au préalable. Penser le contraire serait une ILLUSION.

    Est-ce bien ce qu’il faut comprendre ? Si oui , nous sommes d’accord jusqu’à ce point. J’ai besoin de votre réponse pour continuer, car il nous faut continuer. J’ai des compléments à apporter.

    Merci.

    NB :
    1) J’ai distingué pour la compréhension les €-bancaires et les €-centraux. Il est entendu que un €-bancaire vaut exactement, pour un agent économique, un €-central. Le billet de 20 € que j’ai en poche est d’ailleurs les deux à la fois. Cependant les €-bancaires comptabilisés sur mon DAV ne sont pas des €-centraux bien que, en tant que promesses d’ €-centraux, ils en ont exactement la valeur, tant du moins que la promesse faite par ma banque est crédible. Tout ceci, je pense, ne devrait pas introduire de nouvelles difficultés entre nos compréhensions.
    2) Je jette un coup d’oeil sur l’échange entre Stilgar et TL. J’ai l’impression que nous traitons exactement le même problème…Selon que l’on part d’un dépôt initial ou d’un crédit initial ( notre « hypothèse inverse ») on n’est pas dans la même explication. Dans la réalité, à mon avis, les deux se succèdent, voire se combinent. Il faut considérer les deux … A suivre.

  54. Avatar de Pierre Lang

    @ Stilgar,

    Je suis d’accord avec vous. A ce stade on en est à l’histoire de la poule et de l’oeuf.

    Cela ne me paraît pas fondamental que de savoir comment le premier franc est arrivé ? Réponse : Ex nihilo par définition 😉 Un chercheur et son frère ont ramassé de l’or avec une pelle et un tamis. Le premier a créé une banque. Le second a été son premier déposant et le fils de la concierge le premier emprunteur !

    @ TL,

    1/
    Si la règle du jeu est que les banques peuvent spéculer ou investir la monnaie créée sur base des dépôts, vous avez raison. Mais c’est tellement important dans le système qu’avant de m’incliner, il me faut quelques justifications formelles et que d’autres personnes partagent cet avis 😉

    Si c’est le cas, mon tableau sera facile à modifier en y introduisant un « taux d’utilisation monétaire par la banque elle-même ».

    Et j’ai envie de dire que les banques ne créent pas de monnaie, mais que dans ce cas ce sont les déposants qui crééent la monnaie

    2/
    Vous m’aviez fait une remarque à propos des billets en actifs dans mon tableau. Pour moi, quand le premier dépose 100000 billets à la banque, elle a un dépôt de 100000 dans son passif. Donc 100000 de billets à l’actif. Si vous n’êtes pas d’accord, et suffisamment sûr de vous en comptabilité, merci de faire une proposition concrête.

    3/

    Enfin, pour reprendre vos chiffres, sur les crédits et les dépôts, c’est quand même incroyable : on a la preuve que le système bancaire asphyxie par le mécanisme de l’intérêt…

    Oui et non… Car enfin, en prêtant, la banque prend un risque de ne pas être remboursée. Il faut qu’elle s’assure d’une manière ou l’autre. Les CDS, ce n’est pas mieux 😉

    A mon avis, ce qui asphyxie l’économie c’est surtout la titrisation. Mais revenant à ce sujet, vous avez attiré mon attention sur d’éventuels aspects que je n’avais pas considérés (si vous êtes dans le vrai, je vous en remercie), sans toutefois donner votre position quand aux 4 cas d’un précédent message. Voir Pierre Lang 5 février 2009 à 16:13

    Et si vous avez raison au point 1/ ci-dessus, c’est là (aussi) que le hic se trouve. Car enfin, si la banque a pour comportement de ramasser des dépots pour spéculer avec au lieu de prêter, elle est à côté de la plaque. C’est quand-même plus grave que les intérêts qu’elle prélève ?

    Dans ce cas, mon hit parade de gravité est 1° ne pas prêter, 2° titriser et 3° prélever des intérêts…

  55. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    Votre message de 13 h 08

    En fait j’étais parti avec ce que j’avais sous les yeux sans chercher ni dans mes papiers ni sur le web … « Encours zone euro à fin juin 2008 » sur le bulletin de la Banque de France d’août 2008… Il s’est passé des choses depuis. J’avais d’ailleurs bien spécifié qu’il s’agissait d’un calcul « à la louche »

    En définitive j’ai jeté un coup d’oeil rapide sur le monthly bulletin de la BCE et je suis d’accord avec votre multiplicateur plus près de 12 que de 13 … encore faudrait-il savoir ce qu’il y a hors bilan, mais là j’atteins mon niveau d’incompétence… faudrait les comptes d’une grande banque et un expert comptable…

  56. Avatar de TL
    TL

    @ Pierre Lang

    Je dois repartir, et je ne réagirai qu’à une partie de votre message, mais vous avez raison : ce sont les déposants qui créent la monnaie !
    Mais ils créent la monnaie… en la mettant à disposition de la banque, ils ne jouissent pas eux-mêmes de cette création monétaire, eux se contentent d’une disponibilité permanente de leur dépôt ! Or la banque, à défaut de posséder cet argent, en a l’usage. Je vous prête les clés de ma voiture, vous allez rouler avec (ou même la prêter, ou la louer), a fortiori si vous êtes l’ami des gendarmes !

    Vous m’aviez fait une remarque à propos des billets en actifs dans mon tableau. Pour moi, quand le premier dépose 100000 billets à la banque, elle a un dépôt de 100000 dans son passif. Donc 100000 de billets à l’actif. Si vous n’êtes pas d’accord, et suffisamment sûr de vous en comptabilité, merci de faire une proposition concrête.

    Mais nous sommes parfaitement d’accord sur la cohérence comptable de cette situation ! C’est au niveau de l’arbitrage de la banque que je vous dis : au lieu de garder des billets à l’actif, la banque va les placer à la banque centrale, qui rémunère un peu. Donc à l’actif de la banque : prêt à la BC ; au passif de la BC : prêt de la banque ; à l’actif de la BC : les 100000 en billets. Voilà tout !

    Tout à fait, la banque prend le risque de ne pas être remboursée. La commission bancaire publie les provisions pour risque de défaut, et je peux vous garantir qu’en France elles sont tellement faibles, rapportées au total des prêts, qu’elles n’empêchent aucune banque de dormir…
    Poussons le phénomène dans sa logique : l’annulation de dette. Avez-vous remarqué que lors d’une annulation de dette, la dette diminue (puisqu’elle est annulée), mais la monnaie qui avait été prêtée reste en circulation ? Ca aussi, à modéliser ! 😉

    Je me souviens de votre 4/, mais plus assez pour y répondre maintenant. Dans la soirée. D’ici là, si vous avez le temps de lire ce qui précède… Et à l’occasion, nous pouvons essayer d’ébaucher en commun un modèle d’économie simplifié sous excel.
    Il faudra par contre que je lise plus en détail vos reproches à la titrisation, dont le seul défaut intrinsèque que je perçois est la perte d’information associée (client solvable ou non ???). Car si un agent déthésaurise pour acheter un crédit titrisé, je ne trouve pas que cela compromette gravement le système, dans la mesure où cet argent aurait pu ne servir à rien du tout…

    @ Stilgar
    Le hors-bilan, et le reste !!!
    Il y a tellement de questions que je me pose quand je regarde un bilan bancaire !
    La première qui me vient à l’esprit (peut-être pourrez-vous y répondre) : les actions inscrites à l’actif d’une banque sont-elles uniquement celles détenues en compte propre par la banque, ou ce poste contient-il également les actions détenues par les clients, mais « hébergées » par la banque ?

  57. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Stilgar et Lang

    Juste une suggestion au passage, qui est aussi celle de Denis Gauci (ADED) qui est en observateur. Pourquoi ne pas avoir pour les banques un taux de couverture à 100%monnaie (au moins M1)? Ce qui résoudrait et clarifierait un nombre déterminant de problèmes quant aux mécanismes bancaires, et en plus, mettrait au grand jour, indirectement mais absolument, le processus de création monétaire par la Banque Centrale et toutes ses modalités.

    Lang, je mettrais le hit parade de la gravité dans le sens contraire: 1° prélever des intérêts, 2° titriser; 3° ne pas prêter
    Globalement, la ponction des intérêts bancaires (à plus forte raison des intérêts composés) est très au dessus du coefficient des risques. Il faudrait examiner branche par branche.

  58. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Rumbo

    Pour ma part, je l’ai déjà écrit sur ce blog et ailleurs, mon souhait serait que toute la monnaie soit émise par la Banque Centrale ou, dis autrement, que la monnaie soit « nationalisée » (ce qui n’impose nullement de nationaliser les banques commerciales dont le rôle se bornerait à être des entreprises de conseil et d’intermédiation entre d’un coté les épargnants qui voudraient placer leur épargne dans les prêts et/ou la banque centrale, de l’autre coté, les emprunteurs )
    … mais j’ai hélas peu d’espoir que ca puisse se réaliser dans un délai que je puisse connaitre 🙁

  59. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Aujourd’hui dans la presse

    * AOF le 06/02/2009 à 08:56

    BNP lance 15 milliards d’euros d’obligations foncières :

    (AOF) – BNP Paribas annonce la mise en place d’un programme d’obligations foncières sécurisées par des créances publiques (covered bonds) de 15 milliards d’euros pour BNP Paribas Public Sector SCF. Ce programme permettra au groupe de refinancer son portefeuille d’actifs publics par l’émission d’obligations foncières.

    «Initialement sécurisé par des prêts garantis par les Etats français, allemand, anglais et américain, le programme sera utilisé par BNP Paribas Public Sector SCF pour émettre des obligations de référence et des obligations structurées permettant à la banque de continuer à diversifier ses sources de financement, tout en optimisant ses coûts sur les marchés de capitaux», détaille le groupe bancaire dans un communiqué.

    «L’ajout d’un programme d’obligations foncières à nos programmes de financement existants sur les marchés de capitaux offrira aux investisseurs une opportunité d’acheter des titres de placement sécurisés par des actifs spécifiques octroyés par BNP Paribas», déclare Michel Eydoux, responsable de la Gestion Actif Passif et de la Trésorerie à BNP Paribas dans le document.

    Si l’un de vous peut traduire… 🙂

  60. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    Ce programme annoncé ce matin sera utilisé par BNP Paribas Public Sector SCF, un établissement de crédit agréé en tant que « société de crédit foncier ». Il permettra au groupe BNP Paribas de refinancer son portefeuille d’actifs publics par l’émission d’obligations foncières qui seront notées AAA. Celles-ci seront initialement sécurisées par des prêts garantis par les Etats français, allemand, anglais et américain. Ce programme, qui vient diversifier les sources de financement de BNP Paribas et optimiser ses coûts sur les marchés de capitaux, complète l’offre d’obligations adossées à son portefeuille de prêts immobiliers résidentiels émis par BNP Paribas (Home Loans) Covered bonds.

    Ces obligations sont adossées à des créances publiques, dont le remboursement est garanti par les États français, allemand, britannique ou américain. Les obligations sécurisées ou « covered bonds » sont des titres de dette adossés à des créances conservées au bilan de la banque émettrice, contrairement aux opérations de titrisation classique. Le programme porte sur cinq ans environ et les premières émissions devraient intervenir au deuxième semestre, indique BNP Paribas.

    Une explication par les sénateurs :
    http://www.senat.fr/rap/r05-261/r05-26192.html

  61. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    extrait d texte du sénat :
    « La cession à la société de crédit foncier des prêts ouvrant droit à l’émission d’obligations foncières est effectuée, comme dans le cas de la titrisation, par la simple remise d’un bordereau »

    si c’est pas de la titrisation, c’est un petit cousin.

    c’est du refinancement, de la recherche de trésorerie.

  62. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Bonsoir Jean,

    Comme je vois que vous êtes désireux de comprendre et c’est très bien, oubliez les commentaires précédents sauf l’exemple en 3 étapes que j’ai donné à Stilgar et essayez de l’avoir toujours en tête sinon on risque de ne pas se comprendre.

    Je résume les deux versions et je les compare et je vous laisse ensuite faire la critique.

    Donc nous avons vu ensemble que lorsque les banques ne font que prêter les nouveaux dépôts de leurs clients, elles n’ont pas par définition besoin de se refinancer bien que l’ensemble de l’agrégat M1 augmente dans un système bancaire équilibré où la demande de crédit est là.
    Dans cette version le souci essentiel du banquier c’est de garder ses clients.

    Maintenant avec la version ex-nihilo (les crédits font les dépôts). Les banques se contentent simplement d’émettre des crédits si la demande existe en espérant que ses concurrentes fassent de même pour que l’ensemble se compense avec un solde négatif qu’elles espèrent négligeable.
    Au final il faut qu’elles soient en mesure de financer leurs soldes compensatoires négatifs (si c’est le cas) ainsi que les réserves obligatoires correspondant aux nouveaux dépôts qui arrivent sur les comptes de leurs clients, dépôts provenant de la création ex-nihilo de ses crédits.

    Alors quel est le système le plus avantageux pour la banque ?
    Vous me direz la création ex-nihilo bien sûr.

    Voyons ça:

    D’un coté nous avons les nouveaux dépôts qui font les crédits où le banquier peut maîtriser tant bien que mal son activité sans avoir à supporter la charge du refinancement, la banque ne fait que prêter l‘argent qu‘elle a et elle garde 2% en réserve. Comme je l’ai démontré avec mon exemple en 3 étapes, la masse M1 augmente en fonction de la demande en crédit et M0 reste à peu prés constant si le marché interbancaire reste équilibré.
    Dans cette version la banque peut être amenée à se refinancer notamment si les dépôts ou l’épargnes de ses clients se déplacent vers d’autres banques.
    Dans ce système la banque a toujours l’argent pour payer ses soldes compensatoires par définition, par contre elle n’a que 2% de l’argent pour payer ses clients s’ils partent dans une autre banque.
    Donc la principal contrainte de la version « les dépôts sont prêtés pour faire les crédits» c’est de garder les clients et si possible d’en récupérer d’autres, c’est donc une contrainte COMMERCIALE. Voilà pour la version les nouveaux dépôts font les crédits.

    De l’autre coté nous avons « les crédits qui font les dépôts » et là le banquier n’a pas l’argent en monnaie centrale de son crédit, normal il fait de la création ex-nihilo avec sa monnaie scripturale privée et il peut tout à fait le faire… mais il ne maîtrise plus la suite des évènements, il attend le soir fébrilement de savoir de combien il doit se refinancer pour payer éventuellement son solde négatif envers les autres banques et lorsque ces crédits arriveront sous forme de dépôt il devra constituer ses réserves obligatoires de 2%.
    Donc la principale contrainte c’est d‘être toujours dans une situation de refinancement chronique où le banquier n’a aucune prise sur l’ampleur de celui ci et donc de son coût, le marché étant souvent incontrôlable.

    Ce système bien implanté dans le cerveau des créationnistes est tout simplement absurde me semble t il.
    Même si on le proposait aux banques elles n’en voudraient pas, elles ne sont pas assez stupides pour choisir le système le plus coûteux et le plus risqué .

    C‘est à vous Jean.

  63. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Bonjour,
    une simple précision ce matin pour compléter mon commentaire de hier soir.

    Ce que dit Stilgar:« Un chiffre néanmoins: le montant de la monnaie centrale fiduciaire dans l’économie dans la zone euro est de 650 milliards d’euros, les crédits au secteur privé sont de 10630 milliards d’euros ( juin 2008). Les dépôts (DAV + autres dépôts monétaires) sont de 7667 … admettons que les R.O. soient de 2% sur ce montant, soit # 155 Md€, le total de monnaie centrale dont ont besoin les banques serait de 650 + 155 = 805 …
    Ce multiplicateur serait donc (avec toutes les imprécisions de ce rapide calcul) de # 13 »

    Les réserves obligatoires de 2% (multiplicateur de crédit) ne servent qu’à limiter le crédit dans un système où seul les nouveaux dépôts sont prêtés, il faut rajouter à ce que garde la banque sur le dépôt qu’elle prête 8 à 9% pour les retraits en espèce de ses clients. Donc la banque garde autour de 12% du dépôt qu’elle prête.

  64. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Merci Pitalugue pour cet éclairage.

  65. Avatar de Pierre Lang

    @Stilgar et Rumbo

    Hitparade : plus les banques prêtent à des gens peu solvables, plus les intérêts demandés (aux solvables évidemment) sont grands car les risques sont grands. Si les banques font de la corde raide à la limite du surendettement global, alors plus elles doivent augmenter leurs taux d’intérêts… Le raisonnement en sens inverse peut être tenu. Et si le taux de couverture était 100%, alors les prêts tendraient vers zéro, avec quasi-0% de défaut.

  66. Avatar de Pierre Lang

    @ TL

    1/
    Banque simplifiée /Excel. OK pour envisager cette idée. Dans ce cas, merci de me contacter (en clair) via mon site. Le but n’est pas de dissimuler autres participants, mais d’être efficace. Nous mettrons le résultat sur le blog

    2/
    Titrisation : voir notamment http://www.plang.be/blog/blog-2009-02/2009-02-03.php, le reste de mes cogitations n’est pas sur mon blog. Je vais y penser…

  67. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @TL
    J’ai retrouvé la relation entre la masse monétaire M (M1, M2 ou M3), et la base monétaire (monnaie centrale) notée H

    R= Réserves (scripturales) en Banque centrale
    D = Dépôts (scripturaux) dans M
    B = Billets dans M

    donc M = H * [1 / B/M + R/D * (1 – B/M)]

    et le multiplicateur réel est k = [1 / B/M + R/D * (1 – B/M)] … ce que nous avions bien compris 😉

  68. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Jean, sans doute mon commentaire que je vous ai adressé ne vous a pas intéressé (voir autre chose…) donc je vais donner une chance, sans prétention aucune de ma part à la version ex-nihilo donc à votre moteur à deux temps.

    Dans la version ce sont les dépôts qui sont prêtés pour faire du crédit il y a deux contraintes, il faut qu’il y ait une demande de crédits et il faut que le banquier ait l’argent des dépôts sinon il devra l’emprunter.
    L’avantage principal d’avoir l’argent c’est que la compensation des crédits est assurée (pas de refinancement pour ces crédits) ce qui n’exclut pas que les fuites peuvent générer des soldes compensatoires négatifs.

    Dans la version ex-nihilo, il n’y a qu’une contrainte: la demande de crédits, c’est évidemment l’avantage principal par rapport à l’autre version mais avec deux difficultés majeures que ne possèdent pas l’autre version.
    A savoir le coût du refinancement pour constituer les réserves obligatoires et fiduciaires lorsque les crédits arrivent sous forme de dépôt (12 %) et le caractère imprévisible des compensations interbancaires qui inclut les crédits accordés par la banque (dans l’autre version seul les fuites hors crédit sont imprévisibles).

    Si et seulement si les banques demandant à se refinancer pour constituer leurs réserves obligatoires peuvent le faire en caution de créances dont l’origine provient des crédits hypothécaires qu’elles ont accordé envers des particuliers ou autres donc dit autrement des créances qui ne bénéficient pas de notation de la part des agences de notation alors oui la version ex-nihilo est possible et votre moteur aussi puisque la contrainte du refinancement est assuré par la création ex-nihilo du crédit qui par définition n’a rien coûté à la banque, dans le cas inverse pour moi cette version n’est pas viable.
    (Avec quant même une difficulté supplémentaire , si toute les banques procèdent de la même façon, comment se débrouillent elles pour rembourser l’emprunt en monnaie centrale et garder des réserves obligatoires et fiduciaires ?)

    Dans l’hypothèse où ce n’est pas possible (et je ne le sais pas…peut-être quelqu’un peut nous le dire) ce sont bien les dépôts qui font les crédits et ces crédits sont à l’origine de la création monétaire, le crédit c’est de la création monétaire par le système des réserves fractionnaires et non pas « c’est la création monétaire des banques qui permet de faire des crédits ».

  69. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    La simple « démonstration » que les banques créent bien de la monnaie (scripturale) tiens dans les chiffres que nous avons apporté avec TL . La monnaie scripturale en dépôts des établissements financiers est 12 fois plus élevée que la quantité de monnaie (fiduciaire et scripturale) émise et comptabilisée par la banque centrale ..

    Et personne ne compte plusieurs fois la même monnaie, et le total de la monnaie varie (augmente) au fil des années, mais toujours dans un rapport sensiblement équivalent entre la monnaie centrale (fiduciaire +scripturale) et la totalité de la monnaie en dépôts dans les banques .

    Et cette augmentation, comment pourrait-elle être le fait de dépôts puisqu’elle n’existait pas avant ?
    Pourquoi ne pas vouloir admettre qu’une banque a le droit d’émettre des crédits si elle dispose d’assez de monnaie centrale pour assurer le montant qu’elle devra laisser en BC (les réserves obligatoires + l’achat de billets) .

    Toute cette discussion devient de la sodomisation de diptères…

  70. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine et @ tous.

    Dans mon dernier post, Nadine, j’avais posé une question très explicite :

    Est-ce bien ce qu’il faut comprendre ? Si oui , nous sommes d’accord jusqu’à ce point. J’ai besoin de votre réponse pour continuer, car il nous faut continuer. J’ai des compléments à apporter.

    Vous ne me répondez pas ! On repart pour un tour ? Je pensais que vous me répondriez : oui, je suis d’accord. En effet, sauf erreur de ma part, j’ai bien fait attention de n’enchainer que des propositions qui sont vôtres et qui sont aussi les miennes.

    Au lieu de cela, vous tentez de tout reprendre, non sans m’encourager :
    Comme je vois que vous êtes désireux de comprendre et c’est très bien, oubliez les commentaires précédents sauf l’exemple en 3 étapes que j’ai donné à Stilgar et essayez de l’avoir toujours en tête sinon on risque de ne pas se comprendre.

    Oui, Nadine, je suis désireux de comprendre, mais pas le fonctionnement du système monétaire . Je pense, mais peut-être à tort, commencer à bien le connaître ; je suis notamment d’accord sur vos trois étapes :

    Comme je l’ai démontré avec mon exemple en 3 étapes, la masse M1 augmente en fonction de la demande en crédit et M0 reste à peu prés constant si le marché interbancaire reste équilibré.

    Ce dont je suis curieux, c’est de comprendre où notre vision des faits diverge. J’avais des compléments à apporter. Ce n’est pas la peine …Je ferai seulement deux remarques que m’inspire votre dernière réponse :

    – A. pourquoi, que diable, voulez-vous à tout prix opposer les deux versions : 1) la banque reçoit un dépôt qui s’écoule ensuite dans le système bancaire en « gonflant » les dépôts jusqu’à 10 fois environ sans qu’il y ait besoin d’augmenter la monnaie centrale. Puis le jeu est bloqué, comme vous le dites à juste titre ; le système ne peut plus prêter sans avoir à se refinancer. 2) la banque doit se refinancer et elle est bien ennuyée ! Justement vos deux versions ne s’opposent pas : elles doivent se succéder, en tout cas cohabiter!

    – B. le refinancement en Banque Centrale ? Comment se fait-il que vous n’en parliez absolument pas alors que c’est une phase essentielle du système bancaire !

    Comme vous me le disiez si bien ; si on n’a pas assimilé que ça se passe à deux niveaux, on n’y comprend rien.

    Le niveau du bas se joue entre les banques et leurs clients. Ceux-ci n’utilisent que de la monnaie bancaire ( M1 ) qui provient des crédits bancaires et de la monétisation des actifs acquis auprès des clients par les banques ( la perception des intérêts vide les DAV et la monétisation des actifs les regarnit). Veillez noter que les clients se font aussi des prêts entre eux ( on les qualifie de « prêts mutuels ») mais cela ne gonfle en aucun cas M1

    Le niveau du haut se joue entre les banques et la Banque Centrale qui est leur banque commune. Entre ces banques et avec la Banque Centrale, il n’est fait usage que de monnaie dite de base ( M0 ) qui provient de prêts accordés aux banques par la Banque Centrale en contrepartie d’actifs qu’elles ont acquis auprès de leurs clients (parmi lesquels on compte les Etats). C’est cela le « refinancement en Banque Centrale ». Veuillez noter que les banques se font aussi entre elles des prêts en monnaie de base ; c’est ce que l’on appelle le « refinancement interbancaire », mais celui-ci ne gonfle en aucun cas M0.

    En résumé entre ces niveaux, d’une part la monnaie s’écoule du haut vers le bas, sachant que le niveau intermédiaire ( les banques ) la multiplie par environ dix ; d’autre part, du fait des intérêts, les actifs réels circulent de bas en haut, sachant que le niveau intermédiaire (les banques ) conserve à peu près 90 % de ce que le système prélève sur l’économie.

    Ce que nous voudrions ( je dis nous car je ne suis pas seul ) c’est que l’on examine si la fonction monétaire ( émission et gestion de la monnaie ) ne pourrait pas être exercée d’une manière moins prédatrice pour l’économie réelle. De nombreuses propositions ont été faites depuis longtemps. Aucune, semble-t-il, n’est examinée par les dirigeant en place ! On peut comprendre et accepter que ce montage-amplificateur à deux niveaux ait été de fait nécessaire quand la monnaie de base était faite de métaux précieux en quantité forcément limitée. Aujourd’hui que la monnaie de base n’a plus aucune limitation physique, est-ce qu’un système à un seul niveau, compréhensible par tous, transparent et contrôlé par la puissance publique n’est pas une solution concrètement envisageable, si du moins les gagnants du système actuel veulent bien renoncer à leurs privilèges hors d’âge. S’ils ne le veulent pas, qu’ils s’interrogent si cela n’arrivera pas un jour malgré eux dans des conditions où il sera trop tard pour négocier.

    @ aux curieux qui restent perplexes.

    Après fréquentation du blog de Paul Jorion depuis presque un an, je crois pouvoir déconseiller à ceux qui s’interrogent sur la monnaie d’essayer de trouver ici une réponse ; c’est un effet de ce « genre littéraire ». Supposons que la réponse existe et soit énoncée clairement en quelques lignes. Il se trouvera immédiatement quelqu’un qui, dans le post suivant, vous dira le contraire. Lisez plutôt des livres, discutez avec des initiés mais hors du système ( je regrette d’avoir à le dire sur la base de mon expérience ) soit qu’ils n’y aient jamais mis les pieds soit qu’ils en soient sortis. Les sources universitaires si souvent citées mais aussi décriées ici ne sont pas si nulles que d’aucuns le suggèrent. L’opacité du système – est-ce vraiment un hasard – fait que vous devrez poursuivre pendant des années votre recherche avant d’arriver à une première synthèse. Encore faut-il être conscient que la compréhension du système générant une devise ne suffit pas. Il faudrait aussi une compréhension suffisante des échanges entre les diverses monnaies. Je soupçonne qu’il y a là un autre monde dans lequel l’avidité humaine peut s’exercer à une échelle encore bien supérieure. Sur cela, Paul – qui n’est plus semble-t-il dans le système – pourrait avoir des choses à nous dire.

  71. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar
    C’est très poétique tout ça. Calmez vous.

    J’ai beaucoup progressé à votre contact et vous avez fait du bon boulot avec TL ( surtout la formule !).
    Mais excusez moi ce n’est pas parce qu’il y a 12 fois plus de monnaie scripturale privée que de monnaie centrale que cela prouve quoique ce soit en faveur de votre thèse ou alors le petit exemple que l’on a fait ensemble n’a servi à rien.
    Pouvez vous répondre à la question que j’ai posé à Jean sur les cautions ? Je viens de la poser à un économiste réputé et très compétant qui n’a pas su me répondre (il adhère à vos thèses semble t il).

  72. Avatar de Jean Jégu

    Normalement la citation de Nadine ne comporte que deux lignes :

    Comme je l’ai démontré avec mon exemple en 3 étapes, la masse M1 augmente en fonction de la demande en crédit et M0 reste à peu prés constant si le marché interbancaire reste équilibré.

    Le reste est censé être de moi … espérons que si lecteur il y a , il s’y retrouvera !
    J.J

  73. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    C’est quoi la question sur les cautions ?

  74. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu
    Excusez moi mais c’etait pour vous faciliter la tâche je vous ai donné la thèse et l’antithèse et j’espèrais que vous fassiez la synthèse en espèrant que vous répondiez aussi à deux questions :

    1) Les banques demandant à se refinancer pour constituer leurs réserves obligatoires peuvent elles le faire en caution de créances dont l’origine provient des crédits hypothécaires qui n’ont pas bénéficié de notation de la part des agences de notation ?

    2) Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ?

    Normalement vous devez avoir la réponse sinon comment pouvez vous croire à votre système.
    Encore une fois je ne cherche pas à avoir raison, je cherche à comprendre c’est tout et comme c’est un blog entre autre sur la monnaie je ne pense pas être hors sujet.

  75. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine

    Ah, et puisque vous aimez poser des questions, permettez que je vous en pose une.
    Imaginez une zone monétaire où il n’y a qu’un seul réseau bancaire et pas de banque centrale. Quel est le montant maximum de monnaie dans la zone et quels sont le ou les facteurs limitants ce montant ?

  76. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stigar

    vous dites: »C’est quoi la question sur les cautions ? »

    Quand vous écrivez vos commentaires je les relis 3 ou 4 fois pour bien les comprendre (quand il s’agit de démonstrations ou informations importantes)
    Si vous aviez bien lu mon commentaire vous ne me poseriez pas cette question mais ce n’est pas grâve du tout, si vous pouviez répondre aux deux questions que j’ai posé à Jean ça serait sympa car je pense que le contact est rompu avec lui.

  77. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    Le montant maximum n’a pas de limite théorique puisque cette banque n’a pas la contrainte des réserves obligatoires et qu’elle imprime ses propres billets de banque je suppose.
    Facteur limitant: La demande de crédits et la confiance en cette monnaie.
    La quantité est la somme des créations – les remboursements (de crédits)

    J’espère que cette réponse va nous permettre de répondre à mes deux questions initialement posées à Jean.

  78. Avatar de TL
    TL

    @ Stilgar

    Pour votre système féérique sans BC :
    – s’il n’y a qu’une monnaie : crédits octroyés plus dépenses des banques, moins remboursements,
    – s’il y a plusieurs monnaies (chacune propre à une banque et émise physiquement) : idem, mais la quantité de chaque monnaie peut fluctuer avec la confiance et la spéculation entre les différentes monnaies (cependant ce cas est plutôt celui de plusieurs BC).

    @ Nadine

    Désolé, je ne trouve pas non plus votre fameuse question sur les cautions, je réponds directement à vos deux dernières, et je ferai une remarque.
    1) Aujourd’hui non, certes. Mais il existe… LE MARCHE INTERBANCAIRE !! Et les banques commerciales entre elles sont plus accommodantes (bon ces temps-ci, c’est un peu troublé, mais en temps normal j’entends).
    2) Rembourser à qui ? à la BC ? pourquoi donc, il suffit de renouveler l’emprunt : s’il a été contracté une fois, c’est que des cautions acceptables avaient été fournies, et a priori elles le restent…
    3) Cela me fait venir à votre dichotomie entre dépôts nécessaires au crédit, et « créationnisme » (excellent jeu de mot) : j’ai envie de vous dire : les deux thèses sont justes et fausses !!!

    Au départ, les banques (lorsqu’elles sont petites) ont intérêt à avoir des fonds propres et des dépôts avant de prêter ou dépenser (et peut importe d’où vient cet argent – on parle d’un point de vue microéconomique), puisqu’elles ont peu de chances d’accueillir les dépôts créés par leurs octrois de crédits ou leurs dépenses.
    Au fur et à mesure qu’elles grossissent, elles ont une probabilité de plus en plus importante d’accueillir de nouveaux dépôts, quand bien même elles ne seraient pas à l’origine de la transaction qui crée ce dépôt ! Ainsi elles voient affluer les dépôts (comme le dit John Hicks, les banques jouent sur la loi des grands nombres). Et c’est là qu’on peut presque parler de création monétaire, à une condition : que les gens acceptent de détenir une bonne partie de leur richesse monétaire en dépôts à vue. Car alors, les crédits octroyés vont revenir chez elles, et ce d’autant plus qu’elles sont grosses. Et si dans le pire des cas, l’argent du crédit qu’une banque octroie file chez une autre, cette dernière lui reprêtera sur le marché interbancaire. Et dans l’ensemble, les banques peuvent prêter tant que quelqu’un de solvable demande à emprunter, et que les gens considèrent la monnaie sur dépôt à vue comme de la vraie monnaie.
    (Si je voulais être exhaustif, je dirais qu’il y a deux phases de création monétaire par dépôt lié au crédit : la première immédiate après octroi, lorsqu’en contrepartie du crédit l’argent est sur un compte à vue, i.e. instantanément reprêté à la banque ; et la seconde lorsque le prêt est dépensé, et que tout ou partie de l’argent reçu va sur un compte dans la même banque ou une autre, qui répétons-le peut reprêter à la première et faire jouer au niveau du système bancaire l’effet de quasi-création monétaire.)

    A côté de cette dynamique d’afflux des dépôts, qui est déjà un privilège bancaire, il y en a un autre, dû à l’intérêt et au monopole du système bancaire sur le droit au refinancement central. Pour isoler ce deuxième phénomène, je vais annuler le premier en supposant (hypothèse de Allais) que les dépôts sont couverts à 100% en monnaie centrale (alors par contre là, il est clair que la BC ne peut plus demander des cautions éligibles au sens actuel du terme, sinon on ne prête plus qu’aux Etats et aux grosses entreprises).
    Les banques doivent emprunter auprès de la BC pour prêter quoi que ce soit, et les dépôts sont mis dans des coffres à part. Eh bien, malgré cela, les banques peuvent d’une certaine manière créer de la monnaie.
    Elles prêtent à un taux plus élevé qu’elles n’empruntent (à la BC ou auprès de la clientèle). Donc leur créance à l’actif gonfle plus vite que leur dette au passif. Or, si l’endettement initial a pour contrepartie une injection physique de monnaie, les intérêts augmentent la dette sans aucune injection physique en contrepartie. Pourtant, il faudra bien que tout soit remboursé, pour que les banques ne fassent pas faillite. Cela ne peut se produire que si :
    A) l’argent des nouveaux crédits (le principal) sert à payer l’intérêt des anciens crédits, mais il y a alors fuite en avant par l’endettement, et l’on peut calculer un moment où cela n’est plus possible pour un taux d’intérêt donné,
    B) les banques dépensent ces intérêts reçus, et une partie crée des dépôts, donc de la monnaie, le reste constitue des fuites en monnaie centrale hors des banques, qui sont obligées de se refinancer auprès de la banque centrale, qui crée de sa monnaie pour l’occasion.

    Alors l’un dans l’autre, les banques sont en situation de privilège parce qu’elles voient les dépôts affluer, et qu’elles facturent des intérêts faramineux qu’elles peuvent dépenser.
    C’est sûr que dit comme ça, il n’y a rien de très spectaculaire, et l’on est bien loin de l’idée de création monétaire au sens un peu magique… dont en réalité seule la BC est capable.
    Et pourtant, je pense que ces deux choses confèrent un pouvoir gigantesque aux banques, car les dépôts c’est plusieurs milliers de milliards d’euros en stock, et les intérêts c’est facilement plusieurs centaines de milliards en flux chaque année.

    Pour finir, s’il y a un moment où vraiment une banque commerciale va créer de la monnaie, c’est à dire que le crédit va anticiper le dépôt, c’est quand elle est déjà assez grosse, et qu’elle se débrouille pour que même après dépense l’argent reste chez elle en dépôt.
    Ok, elle devra filer un petit pourboire (temporaire) à la BC…

    Non pardon, pour finir : MAIS COMMENT CE SYSTEME A T-IL PU SE METTRE EN PLACE ?
    Un jour les Rois créaient et dépensaient la monnaie, aujourd’hui on s’inflige des systèmes de caution invraisemblables pour mettre en circulation le bien le plus facile à produire que l’on n’ait jamais inventé !

  79. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Nadine

    Pour mon petit « problème », c’est pas mal … allez, 16 sur 20. 🙂
    Je rajouterais :

    Le montant maximum de monnaie dans la zone est équivalent à l’ensemble des prêts en cours, et vous voyez bien qu’il n’y avait pas nécessité d’une monnaie initiale pour créer de la monnaie.
    Le facteur limitant est seulement la demande, qui sera aussi une fonction des taux d’intérêts demandés.
    Pour que les emprunteurs puissent payer les intérêts, il faudra chaque année une augmentation des prêts en cours correspondante à l’intérêt demandé.

    Pour vos deux questions

    1) Les banques demandant à se refinancer pour constituer leurs réserves obligatoires peuvent elles le faire en caution de créances dont l’origine provient des crédits hypothécaires qui n’ont pas bénéficié de notation de la part des agences de notation ?

    Bien que n’étant pas spécialiste, il me semble que nous avons vu dernièrement que quand il y avait besoin de refinancement (c’est de la « monnaie centrale ») et si les banques ne se font plus confiance entre elles pour prêter leurs surplus de liquidités à leurs concurrentes, les Banques Centrales ne deviennent plus très regardantes concernant les garanties prises en pension… Je dirais donc que c’est suivant les besoins exprimés par les banques commerciales pour éviter que le système ne capote, notation ou pas. Nous sommes ici dans la théorie non pas du multiplicateur, mais du diviseur.

    WP : « L’approche dite du « diviseur » considère au contraire que la monnaie est endogène, c’est-à-dire que son évolution est déterminée par les besoins de financement des agents non bancaires ; la causalité est alors inverse, dans le sens de la monnaie nécessaire vers la monnaie « banque centrale ». Le système bancaire, puis  »in fine » la banque centrale, ajuste la quantité de monnaie émise en fonction des besoins »La monnaie et ses mécanismes », éditions La découverte, page 23, 5° édition. En période de crise, modifiant les habitudes financières (préférence pour la liquidité, etc.), le multiplicateur peut changer alors que le besoin de monnaie subsiste, provoquent un resserrement du crédit (« credit crunch »), ce qui justifie une augmentation des émissions par les autorités monétaires pour maintenir la quantité de monnaie. »

    Jean Bayard va plus loin en considérant qu’une prise en pension permet aux banques de rajouter directement le montant de monnaie centrale dans leurs réserves, sans pour autant devoir supprimer le prêt initial dont la garantie (que la B.C. prends en pension) a permis ce prêt … mais j’avoue que je ne suis pas assez « expert comptable » pour pouvoir infirmer ou affirmer ce point.

    2) Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ?

    Il y a un truc que je comprends mal dans votre formulation, désolé si je réponds un tout petit peu à coté. Les banques commerciales peuvent émettre du crédit tant qu’elles disposent de réserves de monnaie centrale (un solde positif dans leur compte scriptural en monnaie centrale, car il n’y a pas de compte différencié en monnaie fiduciaire).

    Elles doivent assurer la demande de monnaie fiduciaire qu’elles échangent contre un paiement scriptural de la part du secteur non bancaire qui lui en fait la demande (cet échange est donc neutre pour elles, sauf qu’elles doivent acheter ces billets sur leurs réserves : ce sont effectivement un composant des « fuites ». La monnaie fiduciaire n’est pas dans les coffres des banques mais en actif dans le secteur non bancaire … actif qui correspond à un passif à la banque centrale sous le titre « billets détenus par le secteur non bancaire » (les banques peuvent avoir cependant quelques billets pour compte propre, achats de timbres ou autres petits frais, mais je ne crois pas que beaucoup de banques payent les travaux dans leurs succursales « au black »).

    Si les banques « rendent la monnaie fiduciaire M0 qu’elles ont emprunté », en même temps le prêteur (banque centrale ou autres banques) leur rends la garantie qui équilibrait leur bilan, et si elles « remboursent » (diminuent ainsi) une partie de leurs réserves, c’est qu’elles ont moins de dépôts (puisque le montant des réserves obligatoires est un pourcentage des dépôts –scripturaux – en passif) et que probablement elles perdent une part de marché.

    Il faut bien voir que le bilan des banques commerciales (je le redis), c’est :
    A l’actif
    – Disponibilités et réserves auprès de la B.C. (1)
    – Crédits (créances sur les emprunteurs) et titres
    Au passif
    -Fonds propres
    -Engagements envers de la BC
    -Dépôts du secteur privé

    Le bilan de la BC :
    A l’actif :
    – créances sur l’étranger
    – créances sur les banques commerciales
    – créances sur le Trésor

    Au Passif :
    -Réserves des banques commerciales (1)
    -Billets détenus par le secteur non bancaire (2)
    -Dépôts du secteur public
    -Fonds propres

    (1)s’annule entre banques commerciales et banque centrale
    (2)s’annule entre banque centrale et l’équivalent en actif dans le public

    Les seules questions qui se posent sont
    1) Une banque commerciale peut elle émettre de la monnaie de crédit sur demande d’un emprunteur ? La réponse est oui
    Au niveau d’une banque isolée, la formule est:

    k = 1 / b + f *(1 – b) + h *( 1 – b – f *(1 – b))

    (avec f = la part de marché des autres banques , b = le pourcentage de besoins en billet et h = le pourcentage de réserves obligatoires).

    Exemple: si une banque dispose de 100 en réserves excédentaires, que la part de marché des autres banques (f) est de 90%, la préférence pour les billets (b) de 12% et que le coefficient des réserves obligatoires (h) de 4%, la banque pourra créer 109,23 de crédits nouveaux.

    2) Au niveau d’un système bancaire « en fonctionnement » quel est le multiplicateur de crédit en fonction des disponibilités de monnaie centrale ? La réponse est k = 1 / b + h (1-b)

    (avec b = pourcentage de besoins en billet et h = pourcentage de réserves obligatoires).

    … on est aux environs de 6 pour cette « méthode » de création monétaire.

    Mais le processus de création monétaire a lieu aussi quand:
    – les agents économiques résidents échangent des devises contre de la monnaie intérieure (une devise étrangère est un titre de créance sur l’étranger)
    – la banque achète un actif réel (immeuble par exemple) ou un actif financier (escompte de traites, achats d’actions, achat d’obligations publiques ou privées).

    Ce qui explique que le multiplicateur constaté de monnaie centrale en monnaie fiduciaire soit d’environ 12

    Dans les règles du jeu actuelles, entre la Banque Centrale, les banques commerciales et le secteur non bancaire, c’est « je te tiens, tu me tiens par la barbichette »

  80. Avatar de Jean Jégu

    @ TL

    N’ayant pas suivi en détail votre discussion avec Stilgar, je me garderai d’intervenir à contre-temps au risque de brouiller vos échanges. D’une manière générale, j’apprécie vos propos. Vous dites ici :

    Et dans l’ensemble, les banques peuvent prêter tant que quelqu’un de solvable demande à emprunter, et que les gens considèrent la monnaie sur dépôt à vue comme de la vraie monnaie.

    N’est-ce pas là la vraie raison du débat entre ceux qui, dans le langage de la banque, ne considèrent comme « vraie monnaie » que M0, et le grand public qui tomberait des nues s’il apprenait que l’argent M1 qu’il utilise tous les jours n’est pas de la vraie monnaie. Les comptes à vue en banque sont pourtant des moyens légaux de paiement, non ? En France, il est même obligatoire de les utiliser au delà d’une certaine somme ! Est-ce que, nous qui ne sommes pas banquiers, nous n’aurions habituellement à notre usage que de la « fausse-monnaie » selon le vocabulaire de Maurice Allais ? En restant plus modéré, je retiendrais plutôt que l’économie n’utilise qu’une « monnaie fallacieuse ».

    Compte tenu de votre dernière remarque à laquelle je souscris entièrement,

    Un jour les Rois créaient et dépensaient la monnaie, aujourd’hui on s’inflige des systèmes de caution invraisemblables pour mettre en circulation le bien le plus facile à produire que l’on n’ait jamais inventé !

    j’espère que vous n’êtes pas totalement en désaccord avec mon propos.

    @ Nadine, 08/0209 19:33

    Non, Nadine, le contact n’est pas rompu … en ce sens que je ne veux pas cesser notre échange sur une suspicion réciproque de mauvaise foi. Je suis seulement un peu usé par les longueurs et les retours au point de départ. En ce sens, pardonnez-moi de lâcher prise.

    J’ai quand même fait un dernier effort pour essayer de répondre à vos deux dernières questions, sans être sûr de les avoir bien comprises. Si ce n’est pas le cas, j’en suis désolé.

    Réponse à 1) Une Banque Centrale en principe n’accepte pas n’importe quoi : il y a des titres éligibles au refinancement et d’autres qui ne le sont pas. Voilà le principe. Les titres que vous évoquez en sont-ils ? Je n’en sais rien. Il est tout à fait possible qu’ils ne l’étaient pas il y a trois mois et qu’ils le soient devenus aujourd’hui, puisque c’est bien la tendance : pour sauver le système les Banques Centrales sont prêtes à accepter presque n’importe quoi.

    Réponse à 2).Oui, quand les banques créent de la monnaie M1 par leurs crédits supplémentaires à leurs clients, elles ont de plus en plus besoin de M0. Comment obtiennent-elles ce M0 ? Vous le savez, par « refinancement » auprès de la Banque Centrale. Mais ce n’est pas cela votre question. Votre question est : comment cette monnaie M0 qui est empruntée, finit-elle par être rendue à la Banque Centrale puisque, in fine , elles doivent bien le rendre ?

    Votre question me surprend. Vous avez compris que la monnaie M1 vient des crédits bancaires. Ces crédits eux aussi doivent être rendus. Ils ne peuvent l’être que parce que d’autres crédits viennent immédiatement prendre leur relève. S’il y en a plus qu’avant ( supplémentaires, ai-je noté) M1 augmente. Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture.

    Mais je voudrais aussi vous faire remarquer quelque chose qui est sans doute important quoique je me demande si beaucoup de gens en ont conscience. Quand une banque achète des actions, elle monétise cette acquisition. La monnaie M1 ainsi créée a-t-elle à être rendue dans l’avenir ? A mon avis, non. Le système secrète aussi de la monnaie M1 « permanente » … De même quand une banque revend des devises étrangères à la Banque Centrale a-t-elle à rembourser la monnaie M0 ainsi acquise ? Je crois bien que non. Le système secrète donc aussi de la monnaie M0 « permanente ». Bref ce système, s’il savait limiter la prédation qu’il exerce sur l’économie à la juste mesure de ce qu’elle peut rendre, pourrait durer jusqu’à la fin des temps pour le plus grand bonheur de ceux qui sont placés sur son bon coté.

  81. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jegu

    Cela me fait plaisir que vous repreniez contact avec moi avec ce commentaire, ce ci dit je serai sans concession sinon comment pourrait-on progresser ensemble et de ma part aucune mauvaise foi.

    La question des titres éligibles est fondamentale car la part principale de l’agrégat M1 est constituée de crédits accordés aux particuliers et aux entreprises. Donc si ces créances ne sont pas éligibles (ce qui est le cas…) les banques dans la version ex nihilo ne peuvent en aucun cas se refinancer avec ces mêmes créances, elles le font avec leurs fonds propres qui n’est pas infini et qui permet de palier aux simples fuites (je ne parle pas de spéculation pour ne pas compliquer).
    Et ceci invalide complètement à mon sens la version ex-nihilo. De plus si c’était le cas pourquoi les banques auraient-elles eu recours à la titrisation pour justement rassembler ces créances non éligibles et les transformer par paquet noyées dans d’autres les rendant éligibles et donc acceptables par la banque centrale ou les autres banques.
    Lisez bien le bulletin de Paul sur le système bancaire du grand Duché 3 qui explique la titrisation de manière remarquable.

    Ensuite vous dites:« Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture »

    Je ne vois pas en quoi vous avez répondu à la question:
    « Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ? »
    Pouvez vous approfondir ?

    Pour finir vous dites:
    « Quand une banque achète des actions, elle monétise cette acquisition. La monnaie M1 ainsi créée a-t-elle à être rendue dans l’avenir ? A mon avis, non. Le système secrète aussi de la monnaie M1 “permanente” … De même quand une banque revend des devises étrangères à la Banque Centrale a-t-elle à rembourser la monnaie M0 ainsi acquise ? Je crois bien que non. Le système secrète donc aussi de la monnaie M0 “permanente »

    Si une banque achète des actions ou tout autres choses d’ailleurs, elle ne monétise qu’avec sa propre monnaie scripturale privée qui en passant par les compensations interbancaires obligera la banque à avoir la monnaie centrale correspondante.
    De plus vous devez savoir que lorsque la banque vend des actions ou tout autres choses elle fait l’opération inverse, elle démonétise sa monnaie scripturale en échange de monnaie centrale.
    Non M1 (scripturale) permanent n’existe pas.

    Quand une banque échange des devises contre sa monnaie centrale c’est surtout parce que son client a fait de l’exportation, la banque les échanges sur le marché monétaire pour récupérer de la monnaie centrale qui lui permettra de crédité le compte de son client avec la parité du jour et la banque ensuite met en réserve 12% et le reste soit 88% sera prêté si possible.

    Dans un contexte inverse, les banques payent les autres banques étrangères en monnaie centrale et celles ci l’échangent sur le marché monétaire mais pour soutenir le cours (si ça va mal) la banque centrale se doit d’intervenir et elle rachètera sa monnaie (qui disparaîtra) en échange de ses réserves en monnaie étrangère ou actifs.
    M0 n’est pas permanent non plus.

  82. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Nadine

    La liste des titres éligibles est ici : http://tinyurl.com/b7llvp

  83. Avatar de Jean Bayard
    Jean Bayard

    @ tous ceux qui s’intéressent à la monnaie, source de vie économique

    La politique des banques centrales

    La politique des banques centrales repose presque exclusivement sur la théorie quantitative de la monnaie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_circulation_de_la_monnaie) qui n’a jamais été remise en question. Cette théorie nous enseigne grosso modo qu’une émission trop grande de monnaie a pour conséquence une hausse des prix, proportionnelle et générale, en distribuant trop de pouvoir d’achat et en créant donc de la rareté . Cette théorie suppose d’abord que la monnaie circule exclusivement pour les besoins de l’activité de production, ce qui n’est pas le cas puisqu’elle est aussi employée à l’activité financière et montaire dans un rapport voisin de 1 à 50. Elle suppose en outre que la monnaie émise circule sans restriction, ce qui n’est pas le cas non plus puisque l’épargne en banque est une épargne morte, immobilisée dans les parkings monétaires.

    Pour bien comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de l’inflation, il faut d’abord savoir de quoi l’on parle. Aussi, convient-il de bien distinguer l’inflation monétaire – trop grande quantité de monnaie – et la hausse des prix, c’est-à-dire la cause et ses effets supposés, car si l’inflation monétaire peut avoir pour conséquence la hausse des prix, ce n’est pas toujours le cas : on est en droit de penser que la hausse des prix n’a pas exclusivement pour origine l’inflation monétaire (loin de là, même !). Le terme d’inflation passé dans le langage commun entretient tout naturellement la confusion.

    En fait, la masse monétaire n’a aucune incidence sur les prix dès lors que l’offre et la demande (la production et la consommation) sont équilibrées, c’est-à-dire quand les moyens de production de l’offre sont en phase avec les moyens financiers de la demande.

    Il s’est trouvé par le passé – et il se trouve encore – des situations économiques critiques dans lesquelles l’émission inconsidérée de signes monétaires produit, à coup sûr, la hausse des prix. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour en faire une règle absolue et unique.

    L’effort de guerre démesuré, par exemple, est souvent la cause d’une situation de pénurie généralisée, et l’émission excessive de monnaie (moyen pour l’État de régler ses dépenses) a fatalement pour conséquence une hausse tout aussi excessive des prix. L’effort militaire est tel que la main d’œuvre et les produits de base font défaut pour assurer les besoins vitaux de la population. C’est le règne du rationnement et du marché noir. Dans cette situation de pénurie généralisée, la structure de la production n’est pas adaptée à la demande. L’ajustement entre les quantités demandées et les quantités offertes se fait par le surenchérissement des prix, seul moyen d’éliminer la demande excédentaire d’une population disposant d’une quantité de monnaie inconsidérément émise par l’État.

    C’est la rareté d’un produit qui fait son prix.

    Dans nos pays industrialisés, dits riches, caractérisés par une certaine profusion de moyens en hommes, en technologies et en matières, on peut parler d’abondance. Ici, la structure et l’outil de production sont généralement bien adaptés à la demande courante. Les hausses comme les baisses de prix répondent à des règles différentes et à d’autres critères d’influence, car l’ajustement entre les quantités demandées et les quantités offertes est rapide sinon quasi-instantané (produits agricoles et matières premières exceptés), en raison de l’existence même de puissants moyens de production et d’habitudes de consommation bien connues et maîtrisées.

    Aussi, dans nos sociétés modernes, la véritable cause de la hausse des prix se trouve plus simplement dans l’attitude des entrepreneurs n’hésitant pas à modifier, qui les tarifs, qui les pancartes, qui les étiquettes pour faire leur profit et améliorer leur pouvoir d’achat. Il s’agit là pour eux de l’une des deux voies qui conduisent au profit, sans doute la plus directe, la seconde étant la réduction des coûts.

    Voilà résumé tout ce que la théorie monétariste de l’inflation est incapable de traduire parce qu’elle ne prend pas en compte la réalité.

    Enfin, délibérément ou non, en agitant le spectre de l’inflation, les autorités monétaires ont réalisé l’exploit de contaminer le corps économique de la planète entière d’un mal que l’on peut qualifier de syndrome de la peur de l’inflation, inflation qui n’est qu’un spectre !, une fiction, une illusion qui sert à nous rendre dociles devant la nécessité proclamée d’une monnaie (permanente) rare.

    Il est grand temps de mettre au placard la théorie quantitative de la monnaie, carcan de nos souffrances, fondée des expériences historiques limitées de pénurie endémique, et aveuglément généralisée à toutes les situations économiques possibles. Pour comble de notre malheur, cette théorie est le fondement même des politiques monétaires des banques centrales et la raison de leur toute-puissance.

    Des projets grandioses dans les domaines de la recherche scientifique, de la santé, de l’environnement, de l’espace, de la culture, ou tout simplement de la vie quotidienne, ne voient pas le jour, non pas parce que l’on manque de moyens en hommes et en matières, mais seulement parce que l’on manque de monnaie !

    Seule une prise de conscience collective peut nous affranchir du joug que nous imposent les autorités monétaires. Le moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses carcans. Le moment est venu de rendre le pouvoir monétaire au peuple, c’est-à-dire à ses élus (avec les garde-fous indispensables qu’envisage Frédéric Lordon). La monnaie peut et doit être le moyen démocratique d’accès au bien-être pour tous. Le salut économique passe par la régulation monétaire, que seul l’État est apte à assumer. Il n’y a pas d’autre alternative si l’on veut trouver ou retrouver le chemin de la paix, de la prospérité, de l’abondance et du travail pour tous.

    Jean

  84. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine
    Pour rester court, je me permets d’insérer mes commentaires en italique (si la balise marche) dans votre texte que je place entre guillemets. N’y voyez pas malice. C’est un procédé commode.

    « Donc si ces créances ne sont pas éligibles (ce qui est le cas…) les banques dans la version ex nihilo ex-nihilo = il existe, à un moment donné, de la monnaie qui n’existait pas avant ; j’ai noté que vous en étiez d’accord ne peuvent en aucun cas se refinancer avec ces mêmes créances, elles le font avec leurs fonds propres qui n’est pas infini et qui permet de palier aux simples fuites (je ne parle pas de spéculation pour ne pas compliquer). OK
    Et ceci invalide complètement à mon sens la version ex-nihilo. Ah, bon ? Un peu rapide comme conclusion ! Elle n’ont vraiment que ces créances non-éligibles sous la main ? De plus si c’était le cas pourquoi les banques auraient-elles eu recours à la titrisation pour justement rassembler ces créances non éligibles et les transformer par paquet noyées dans d’autres les rendant éligibles et donc acceptables par la banque centrale ou les autres banques. Justement, une combine de plus car elles ont poussé le bouchon un peu loin dans les crédits qu’elles ont à refinancer. Et font tout pour pouvoir continuer ce business juteux  »

    Question en passant : les fonds propres d’une banque ( utiles au refinancement ) sont-ils fixés une fois pour toute ? n’augmentent-ils pas parfois et si c’est le cas, le bénéfice non distribué de la banque peut-il être introduit dans les fonds propres ou assimilés (i.e. acceptables pour le refinancement ) ? Je veux vous faire comprendre qu’en définitive c’est avec leurs gains auprès de leur clientèle que les banques obtiennent de quoi se refinancer auprès de la BC pour continuer à gagner auprès de leur clientèle …

    « Ensuite vous dites:« Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture »

    Je ne vois pas en quoi vous avez répondu à la question:
    « Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ? »
    Pouvez vous approfondir ?  »
    Non, je ne peux pas. Il faut que vous compreniez qu’un crédit ( en M1 ou M0, peu importe ) qui vient à échéance peut être remboursé grâce à un emprunt suivant …C’est souvent comme cela dans un système où la pénurie monétaire est savamment entretenue

    « Non M1 (scripturale) permanent n’existe pas. »
    Encore une jolie affirmation ; Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qu’une banque ne puisse accepter et donc détruire quand elle vend un actif à un agent économique, je suis d’accord. Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qui ne naisse autrement que par un crédit, je crois que vous exagérez. L’exemple que je donne montre qu’il circule dans l’économie de la monnaie M1 née de la monétisation d’achat d’actifs par les banques et que cette monnaie n’est due à personne et n’est aucunement chargée d’intérêt ( je vous concède qu’elle peut être source de dividende, mais il y a une différence de nature entre les intérêts et les dividendes )

    « Quand une banque échange des devises contre sa monnaie centrale c’est surtout parce que son client a fait de l’exportation, la banque les échanges sur le marché monétaire pour récupérer de la monnaie centrale qui lui permettra de crédité le compte de son client avec la parité du jour et la banque ensuite met en réserve 12% et le reste soit 88% sera prêté si possible. »
    Nous y voilà : de la monnaie centrale que la banque n’aura pas à rendre car elle n’est pas empruntée et qui sera si possible reprêtée et donc gonflera les comptes de client par le jeu des prêts successifs ! C’est tout à fait comme cela que je vois la chose !

     » Dans un contexte inverse, les banques payent les autres banques étrangères en monnaie centrale et celles ci l’échangent sur le marché monétaire mais pour soutenir le cours (si ça va mal) la banque centrale se doit d’intervenir et elle rachètera sa monnaie (qui disparaîtra) en échange de ses réserves en monnaie étrangère ou actifs.
    M0 n’est pas permanent non plus. » J’ai seulement dit que, aussi bien dans M1 que dans M0 on trouve des cas où la monnaie ne nait pas d’un crédit, c’est à dire qu’elle n’a pas a priori à être remboursée, mais je n’en fais pas un pilier du système ; je n’en montre que la complexité …

    Merci d’avoir explicité que la Banque Centrale fait disparaitre sa monnaie quand elle la rachète en échange de ses réserves. J’avais conclu depuis longtemps que c’est ce qui devait se passer, mais je n’ai pas souvenir de l’avoir vu aussi clairement écrit. Ceci ne me choque pas le moins du monde car tout à fait cohérent avec ma conception de la nature de la monnaie.

    Je me demande, Nadine, si nous ne devrions pas laisser reposer … car vous avez une position qui me parait illogique sur la création monétaire – tous ces chiffes qui gonflent et vont peut-être rapidement dégonfler viennent bien d’un processus qui les crée , non ? – mais vous êtes si convaincue qu’en dehors de notre ami Paul J. – dès qu’il sera lui-même convaincu ! – je ne vois personne qui puisse vous ébranler. Ce n’est pas le but d’ailleurs. Si jamais quelques lecteurs nous lisent , ils se feront leur opinion. C’est quand même un système monétaire curieux ; certains qui le pratiquent récusent la théorie des universitaires qui ont pour métier de l’analyser ! Car je ne connais aucun universitaire qui nie la création monétaire par les banques commerciales, avec bien sûr d’un coté leurs clientèles et de l’autre leur Banque Centrale. Bref, je ne connais pas la théorie que vous semblez vouloir défendre et dont le point central serait que les banques commerciales ne créent aucune monnaie. Aucune monnaie centrale ? D’accord. Aucune monnaie bancaire ? Pas d’accord ; d’ailleurs vous l’admettez vous-même que les DAV gonflent, n’est-ce pas ?

  85. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean B

    Bonjour Jean

    A partir de ce que nous a trouvé Stilgar que je remercie, pouvez vous nous dire en tant qu’expert technicien de la chose si les créances que les banques accordent aux particuliers et aux entreprises sont eligibles pour un refinancement bancaire?

    La réponse sera lourde de consequence pour notre débat.

    Amicalement
    Nadine

  86. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Expliquez vous Nadine: en quoi le fait que les créances sur les particuliers (crédit immobilier ou à la consommation) seraient ou non éligibles en garantie de refinancement de la BC serait lourde de conséquence pour ce débat ?

    De toute façon les banques centrales décident des garanties qu’elles accepteront en fonction de leur choix à refinancer les banques commerciales … ce refinancement n’intervenant que pour 2% (si on se base sur les R.O.) ou peut être 10% des dépôts, si on se base sur les besoins globaux de monnaie centrale par les banques (R.O. + besoins d’espèces du secteur non bancaire) .

    Les B.C. suivent elles la demande de monnaie centrale correspondants aux besoins des banques commerciales après qu’elles aient accordés les crédits (puisque les réserves obligatoires sont basées sur les dépôts qui varient à l’instant même où la banque commerciale accorde un crédit qui se traduit par une augmentation du dépôt) ou au contraire les banques commerciales accordent -elles des crédits en fonction d’une disponibilité de monnaie centrale « imposée  » (et limitée) par les B.C. ?

  87. Avatar de Jean Jégu

    @ Nadine

    Stilgar m’a devancé. Je ne préjuge pas de la réponse de Jean B. mais il me semble qu’il suffit qu’il y ait des créances éligibles pour que le système marche, que celles que vous évoquez le soient ou ne le soient pas. Or il y a des créances éligibles !

  88. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    si l’on en croit la banque de france, certes en 1995, la création monétaire ( la problèmatique du « ex-nihilo » n’est pas abordée) a 3 sources :
    les crédits à l’économie (les banques commercilaes étant l’acteur principal de ce secteur)
    les crédits à l’état ( je ne sais plus qui sont les acteurs essentiels, faut fouiller)
    les échanges avec l’extérieur ( les devises qui « rentrent » accroissent la masse monétaire, celles qui sortent la diminuent – et là je crois que la BC a un rôle central au final).

    je remets le lien pour ceux que ca interesse.
    http://www.banque-de-france.fr/fr/publications/telechar/bulletin/etud22_1.pdf

  89. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @pitalugue

    Question à 10 balles … comment avez vous fait pour récupérer les adresses de téléchargement de documents aussi anciens sur le site de la BDF … ? (pour ma part, je n’ai jamais réussi)
    Merci d’avance.

  90. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    google
    recherche = création monétaire
    ce doc figure à la page 10 des trouvailles

    mais c’est un « article » de recherche, pas une stat, je crois

  91. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Jean Jégu

    Bon commentaire.

    Vous dites: »Ah, bon ? Un peu rapide comme conclusion ! Elle n’ont vraiment que ces créances non-éligibles sous la main ?  »

    Je croyais que ces créances non éligibles étaient le carburant de votre moteur à deux temps. Si ce n’est pas le cas tout va bien.

    Vous dites: »Non, je ne peux pas. Il faut que vous compreniez qu’un crédit ( en M1 ou M0, peu importe ) qui vient à échéance peut être remboursé grâce à un emprunt suivant …C’est souvent comme cela dans un système où la pénurie monétaire est savamment entretenue . »

    D’accord j’ai compris. Donc c’est bien ce que j’ai dit. La version les dépôts sont prêtés ne coûte rien alors qu’avec la version créationniste le coût du refinancement est une charge tres importante pour la banque. Entre les deux versions que choisiront les banques ? Mais je crois que vous êtes d’accord avec moi.

    Vous dites: »Encore une jolie affirmation ; Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qu’une banque ne puisse accepter et donc détruire quand elle vend un actif à un agent économique, je suis d’accord. Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qui ne naisse autrement que par un crédit, je crois que vous exagérez. L’exemple que je donne montre qu’il circule dans l’économie de la monnaie M1 née de la monétisation d’achat d’actifs par les banques et que cette monnaie n’est due à personne et n’est aucunement chargée d’intérêt ( je vous concède qu’elle peut être source de dividende, mais il y a une différence de nature entre les intérêts et les dividendes ) »

    Vue sous cet angle vous avez raison M1 est permanent de la même façon que M0 et c’est la principale chose que j’ai apprise de votre commentaire. C’est un aspect que je n’avais pas vue donc merci.

    Vous dites:« Nous y voilà : de la monnaie centrale que la banque n’aura pas à rendre car elle n’est pas empruntée et qui sera si possible reprêtée et donc gonflera les comptes de client par le jeu des prêts successifs ! C’est tout à fait comme cela que je vois la chose ! »

    Donc on est encore d’accord

    Vous dites:« vous avez une position qui me parait illogique sur la création monétaire – tous ces chiffes qui gonflent et vont peut-être rapidement dégonfler viennent bien d’un processus qui les crée , non ? »

    Je n’ai jamais dit le contraire puisque c’est ce que j’ai montré avec l’exemple donné à Stilgar sur les dépôts prétés qui font gonfler M1. Je ne vois pas où je suis illogique.
    Ce qui est créé ce sont des créances privées ou si vous préférez de la monnaie scripturale privée pour chaque banque.
    Mais ceci vous le savez depuis longtemps alors je ne vois pas encore une fois où je suis illogique.
    Mais je crois qu’on a avancé.

    @Stilgar
    Je vous réponds un peu plus tard.

  92. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Super et merci… Ca m’a donné une idée… en remplacant etud22_1.pdf par etud1_1.pdf (et la suite etud1_X.pdf ou etudX_1.pdf )… on retrouve les parties « études » depuis janvier 1994..
    Il n’y a plus qu’a essayer de retrouver les stattistiques (j’ai essayé stat22_1.pdf mais ca n’a rien donné.

  93. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Nadine écrit Ce qui est créé ce sont des créances privées ou si vous préférez de la monnaie scripturale privée pour chaque banque.

    C’était ça que vous vouliez démontrer ? Mais tout le monde est d’accord depuis très longtemps … sauf que depuis longtemps cette monnaie scripturale (créée, vous le dites vous-même ) nous l’appellons euros ou dollars ou yens ou roubles, ou xxxx et elle nous sert à toute sorte d’achats, d’échanges ou de spéculation.

    Plihon (« la monnaie et ses mécanismes »), pour expliquer la création monétaire pas à pas, utilise cette « astuce » (une monnaie pour chaque banque) écrit d’ailleurs page 20:  » Chaque banque émet sa propre monnaie (la monnaie « Crédit lyonnais », la monnaie « Crédit agricole »…) et toute banque est tenue d’assurer la conversion de « sa » monnaie dans celle des autres. Cette conversion entre les monnaies émises par les différentes banques constitue une autre forme de « fuite » pour chaque banque qui vient limiter son pouvoir de création monétaire. »

    Ouf, après au moins 30 commentaires, je vois que nous sommes d’accord: les banques créent la monnaie et donc n’ont pas besoin de prêter des dépôts !

  94. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar
    @Jean Jegu

    Non, Stilgar, se sont les dépôts qui font les crédits sinon pourquoi titriser. Lisez le bulletin de Paul c’est limpide !
    mais j’attends la réponse de Jean B .

    Ce que dit Jean Jegu:« Question en passant : les fonds propres d’une banque ( utiles au refinancement ) sont-ils fixés une fois pour toute ? n’augmentent-ils pas parfois et si c’est le cas, le bénéfice non distribué de la banque peut-il être introduit dans les fonds propres ou assimilés (i.e. acceptables pour le refinancement ) ? Je veux vous faire comprendre qu’en définitive c’est avec leurs gains auprès de leur clientèle que les banques obtiennent de quoi se refinancer auprès de la BC pour continuer à gagner auprès de leur clientèle … »

    Ensuite pour avoir quelques chiffres

    Ce que dit Stilgar:« Un chiffre néanmoins: le montant de la monnaie centrale fiduciaire dans l’économie dans la zone euro est de 650 milliards d’euros, les crédits au secteur privé sont de 10630 milliards d’euros ( juin 2008). Les dépôts (DAV + autres dépôts monétaires) sont de 7667 … admettons que les R.O. soient de 2% sur ce montant, soit # 155 Md€, le total de monnaie centrale dont ont besoin les banques serait de 650 + 155 = 805 … »
    —————————————————–

    En zone euros avec la version les dépôts font les crédits les banques ont prêté en monnaie scripturale M1 pour 10 630 milliards (avec l’épargne) à partir de 805 milliards d’euros M0 qu’elles ont tiré de leurs actifs.

    Vous dites en résumé : mais si les crédits aux particuliers et aux entreprises qui représentent la part principale des crédits ne sont pas éligibles c’est pas un problème les banques se financeront a partir de leurs fonds propres.
    Si c’est pour dire ça, ce n’est pas la peine de perdre notre temps avec le débat sur la création ex nihilo car les crédits dans ce cas de figure sont limités par le ratio fonds propres/dette et je ne vois pas en quoi vous faites de la création ex-nihilo !

    Par contre si les crédits créés sans contrepartie en monnaie centrale deviennent éligibles (sans la cuisine de la titrisation) alors oui vous faites de la création ex-nihilo puisque les banques se refinancent avec de ces mêmes crédits. Mais croyez moi on serait à bien plus que 10 630 milliards de monnaie scripturale M1, je pense qu’on serait dans la même situation que le Zimbabwe !

    Je ne sais pas comment je peux être plus claire.

  95. Avatar de TL
    TL

    Je dois aller manger, je finirai après, mais je viens de me rendre compte que la titrisation peut effectivement permettre de remplir plus facilement, voire de contourner les réserves obligatoires (alors que jusque-là j’avais uniquement perçu son effet sur les requêtes en capitaux propres) :
    – remplir plus facilement, car vous (en tant que banque) titrisez vos crédits, et si quelqu’un d’autre vous achète cela, vous récupérez de la monnaie centrale,
    – contourner car, si l’acheteur des crédits titrisés est quelqu’un qui détenait un compte chez vous, cela diminue en plus la quantité de dépôts à votre passif, et donc votre besoin en réserves obligatoires !

    C’est fou !

    @ Nadine
    Merci de relire ma phrase : « les deux thèses sont justes et fausses !!! »
    Je parlais de la thèse : les dépôts font les crédits, et de son opposée : les crédits font les dépôts.
    Saisir la dialectique subtile entre les deux est précisément ce que nous essayons de faire ici !

    @ Jean Jégu
    Je crois, mon cher, que nous sommes bel et bien d’accord dans les grandes largeurs.

  96. Avatar de TL
    TL

    C’est volontairement que je poste cela à part, car je pense qu’il est temps d’aller plus loin.
    Il y a plusieurs esprits qui s’évertuent sérieusement sur ce blog à décrypter les mécanismes monétaires, et il ne faut pas que cette énergie passe en pure perte, à force de lassitude. Il faut, même si des divergences s’expriment, figer les avant-postes de nos idées, pour en faire part au plus grand nombre.

    J’ai vu de l’intérieur la manière dont fonctionne la recherche économique, et cela fait un moment que je désire créer une revue de recherche un peu différente, dont trois caractéristiques importantes seraient :
    – une grande rigueur (ce qui n’empêche pas le désaccord),
    – l’ouverture à tous : pas besoin d’avoir un doctorat, d’appartenir à tel ou tel laboratoire pour écrire,
    – format restreint pour pousser à la concision : articles de 5 à 10 pages chacun.

    Ainsi donc, je demande à tous les gens intéressés (et j’en compte au moins trois qui devraient accepter, du moins je l’espère, ainsi que notre hôte) de se manifester et d’annoncer sur quel(s) aspect(s) ils aimeraient produire un article !
    En vrac : y a t-il ou non création monétaire des banques secondaires ? quelles pistes de refonte du système bancaire ? crédits/dépôts : qui est l’oeuf et qui est la poule ? et la titrisation dans tout ça ?

    Le résultat serait un premier numéro de revue consacré au débat sur la monnaie, de 100 pages environ, remplis de contributions de gens motivés.

    Merci d’avance de vos réactions.

  97. Avatar de TL
    TL

    Dernière précision : le format serait électronique uniquement.

  98. Avatar de Pierre Lang

    @ TL qui dit (9 février 2009 à 21:20)

    titrisation… contourner les réserves obligatoires…

    Est-ce un premier pas vers la réponse à mes questions ? (5 février 2009 à 16:13)

    Bonne soirée 😉

    Pierrre

  99. Avatar de Pierre Lang

    @ Nadine

    Non, Stilgar, se sont les dépôts qui font les crédits sinon pourquoi titriser. Lisez le bulletin de Paul c’est limpide !

    Car en tritrisant, la banque provoque artificiellement le remboursement des prêts (prématurément) par les investisseurs. Tout se passe comme si les investisseurs prêtent directement aux emprunteurs, avec la banque et sa SPV comme courtiers. Du coup, la banque restaure (instantanément/rapidement) ses liquidités et sa capacité à prêter à nouveau. Comme en plus elle se débarrasse du risque, elle peut prêter à des gens qui ne savent pas rembourser (subprimes, et pire)

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  1. Et cette fois-ci…. le « contenu » est « plus blanc que blanc » ..!! (Pub non rémunérée..^!^^…) https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/nouvelle-flottille-pour-gaza-qui-seront-les-elues-lfi-a-bord-du-bateau-handala_252489.html

  2. @Hervey Mieux que ça chez Trump : n’avez vous pas honte d’être progressistes ?! https://www.franceinfo.fr/culture/cinema/superman-devient-woke-ca-vous-excite-la-sphere-trumpiste-s-indigne-avant-la-sortie-des-nouvelles-aventures-du-heros-aux-etats-unis_7368550.html Vu d’ici ça semble complètement…

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