Le Monde – Économie, lundi 2 – mardi 3 mars

Le danger des demi-vérités en période de crise

Supposons que le gouvernement s’occupe activement des intérêts de la population en ce moment-même. Si c’est le cas – et on le souhaite ardemment – pour que leurs actions réussissent, il faut que celles-ci bénéficient d’un certain effet de surprise le jour où elle seront effectivement mise en application. Et ceci pour ne pas être déjouées par anticipation par ceux qui sauraient comment prendre ces nouvelles mesures à contrepied en vue d’un gain personnel.

C’est pourquoi les autorités s’expliquent le moins possible quant à leurs prochains gestes et quand elles ne peuvent faire autrement – parce que l’inquiétude grandirait sinon de manière incontrôlable – leurs explications sont formulées en termes à ce point sibyllins qu’il est impossible de savoir – même pour les experts – de quoi il retourne exactement. Mais à défaut de contenu, on travaille la forme : les communiqués respirent la confiance et répètent avec affabilité que les dossiers sont entre les meilleurs mains.

La tâche n’en est pas aisée pour autant, car ceux qui expliquent que tout va bientôt rentrer dans l’ordre sont aussi ceux qui détenaient déjà les rênes du pouvoir alors que la situation se dégradait de la manière que l’on sait. Ce furent d’ailleurs eux également qui répétèrent aux premiers temps de la crise, et avec une sincérité dont il serait difficile de douter aujourd’hui, qu’elle était de faible ampleur et se terminerait incessamment.

Le capital de confiance dont disposent les autorités s’érode ainsi de jour en jour. Et quand elles offrent aujourd’hui leurs explications incomplètes, même si c’est pour l’excellent motif de l’effet de surprise sur lequel il faut pouvoir compter le jour venu, elles ne sont tout simplement pas crues. Le public qui les écoute est tiraillé entre deux interprétations possibles de leurs trop longs silences et de leurs demi-vérités : incompétence de leur part ou malveillance ? Les deux courants d’opinion se renforcent aujourd’hui, en Europe comme aux États–Unis et peut–être même en Asie.

Incompétence pour n’avoir rien vu venir, pour avoir ensuite sous-estimé la crise dans ses premières manifestations et, pour s’abstenir aujourd’hui de prendre les mesures radicales dont nul ne doute plus qu’elles doivent être mises en œuvre. Ou encore malveillance : tant d’incompétence dépasserait l’entendement, affirment certains, et il est plus économique d’imaginer alors que nos dirigeants et ceux qui les ont porté au pouvoir savent pertinemment où ils veulent en venir, à savoir asseoir encore davantage leur pouvoir.

La situation des autorités est dès lors intenable : ceux qui leur prêtent une certaine bonne volonté sont obligés de lire dans l’aggravation de la crise les signes grandissants de leur incompétence, alors qui ceux qui se méfiaient d’eux d’emblée voient se multiplier les signes révélateurs des très noirs desseins qu’ils leur prêtent. Seul un redressement rapide de la situation pourrait alors enrayer les doutes croissants quant à la légitimité de leur présence à la direction des affaires. Chaque jour qui passe contribue ainsi à miner un peu plus leur autorité. Et il n’est pas question ici de la France uniquement, mais de l’ensemble des nations

Nouriel Roubini expliquait le 21 février dans un entretien au Wall Street Journal qu’il faudrait encore attendre six mois avant que les autorités américaines ne finalisent la nationalisation du secteur bancaire. Si la mesure est indispensable, pourquoi ne pas l’appliquer aujourd’hui-même, l’interrogeait alors son interlocuteur ? Parce qu’il faudra six mois, répondait Roubini, pour que plus personne là n’ose prétendre être encore solvable – faisant ainsi allusion aux propos qui se veulent rassurants de Kenneth Lewis, le P-DG de Bank of America.

Il ne s’agit là que d’un exemple, mais six mois sont une éternité à l’échelle d’une crise de la gravité de celle que nous traversons en ce moment. Si ceux qui nous dirigent considèrent que des mesures drastiques s’imposeront tôt ou tard, il devient chaque jour plus impératif pour eux qu’ils cessent d’atermoyer : les circonstances atténuantes que leur accordent ceux qui les jugent simplement incompétents ne suffiront plus à les protéger contre la colère de ceux qui supposent que leur attentisme cache la mise en place par eux d’un ordre visant à asservir la population encore davantage.

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48 réponses à “Le Monde – Économie, lundi 2 – mardi 3 mars”

  1. Avatar de Alexis
    Alexis

    Ha ben mince ! mon commentaire en réponse à Vince a disparu. Le système automatique de modération a des raisons que ma raison ignore. Dis, monsieur Jorion, s’il traîne encore dans un coin, pouvez vous le remettre sur ses rails ? Merci (faire disparaître ce commentaire inutile dans la foulée bien sûr.)

  2. Avatar de Breakfast
    Breakfast

    Merci pour vos analyses et commentaires.
    Petite question : qu’est ce que la crise?
    La bourse qui s’écroule? Les banques qui s’effondrent? Les licenciements?

    Ou bien, la vrai crise n’est elle pas la nomadisation poussée à l’extreme : avoir choisi en conscience de laisser la moitié voire les 3/4 de la population de sa région, de son pays ou/et de son continent s’appauvrir, perdre emploi, richesse et foi en l’avenir au profit d’un ideal mondialiste?

    Qu’est ce qui vous touchera le plus durement? Quand BNP vaudra 1 euro ou quand vos voisins dresseront des barrages sur les routes pour vous ranconner?

  3. Avatar de Champignac
    Champignac

    Quelques raisons qui, selon moi, pourraient expliquer le manque apparent d’enthousiasme (euphémisme) des « politiques » à proposer, ou à véritablement s’engager, dans une réelle réforme du système:

    – Réformer le système, c’est, aussi, risquer de remettre en cause la place, finalement plutôt confortable, qu’ils y occupent. Le « projet de société » néo-libéral ayant, petit à petit, envahi le champ de responsabilité des politiques. L’ayant de plus en plus balisé de contraintes et de balises « indépassables » (contraintes commerciales & financières de marché, de fonctionnement des marchés du travail, de la manière de gérer le social, ou de le restreindre, contrainte forte sur le rôle et la définition du champ d’action de l’Etat, contraintes sur les relations internationales, dont celle sur la délégation de pouvoirs, etc…), le rôle du politique s’est progressivement réduit à un pouvoir effectif d’arbitrage et de décision sur de moins en moins de choses. Le projet de société leur était fourni, dans sa définition, ses objectifs, sa forme réglementaire et juridique, quasiment « clef sur porte ». Une position, finalement, fort confortable. Leur demander de participer, activement, à une remise en cause de ce « projet », c’est leur demander de quitter la sécurité d’une fonction d’exécutants de luxe, et de courroie de transmission. C’est leur demander d’assumer des responsabilités et des choix, ainsi que leurs conséquences éventuelles, qu’ils n’ont plus assumées depuis longtemps. Bref, les politiques ont d’autant moins envie d’émigrer en terres inconnues que le sauvetage, fut-ce au prix d’un énième renoncement, du système actuel leur assurerait bien davantage de confort et de sécurité.

    – Le système actuel leur garantit la sécurité matérielle. Alors que, durant ces trentes années de « libéralisation » et de « réformes », presque toutes les classes sociales ont vu remises en cause, voire attaquées frontalement, leurs « droits acquis », leur rémunérations, leur protection sociale, leur sécurité d’existence, leurs possibilités de progression dans l’échelle sociale (mais, aussi, celles de leurs familles et de leurs enfants), la classe politique, globalement, est passée, miraculeusement, au travers de toutes ces remises en cause. Que du contraire, bien souvent, elle n’a cessé de renforcer, discrètement, sa « sécurité d’existence » et ses avantages matériels. Pur hasard, que cette étrange impunité, face au bouleversements à l’œuvre dans le reste de la société? Je ne crois pas. Le système avait besoin d’eux, comme « exécutif ». Du moins, dans les sociétés démocratiques. Pour s’assurer d’une docilité suffisante, il était nécessaire de garantir, ou de pas remettre en cause, certains privilèges. Pour la classe politique, sortir des balises du système, c’est prendre le risque de perdre un statut privilégié. Sachant que, dans des systèmes moins, ou pas, démocratiques, le système montre qu’il peut très bien se passer d’eux. Revendiquez une vraie indépendance du politique vs l’économique, et ce n’est pas demain la veille que vous serez invités à « refaire le monde », dans le doux confort d’une station de sports d’hiver Helvétique, en compagnie d’autres « élites », si bien disposées à votre égard.

    – La peur, tout simplement, de « miser sur le mauvais cheval ». Certes, le système global de la domination financière n’a probablement jamais été aussi affaibli qu’aujourd’hui. Et, donc, la possibilité pour le politique d’en reprendre le contrôle, aussi grande. Mais les politiques savent, aussi, la puissance de sa capacité de récupération. D’autant plus qu’ils ont déjà fourni, eux-même, une bonne partie des munitions nécessaires. Autre difficulté: les politiques sont toujours fragmentés sur leurs territoires nationaux. Ils doivent parvenir à rassembler une volonté commune par delà les frontières et les blocs géo-politiques. Une gageure. Alors que le système financier, lui, n’a pas ce problème. Le risque d’échouer n’est pas mince. Et, dans ce cas, gare à ceux qui se seraient mis trop en évidence. Ou auraient trop clairement choisi le camps de la remise en cause du système. Ils seraient prestement « décrédibilisés », « extrémisés », leur future carrière politique probablement compromise. Sans parler de la possibilité d’être « accueillis », ensuite, dans le système privé (pour les pays anglo-saxons).

    Bref, pour en revenir à la question que pose Mr Jorion dans l’article ci-dessus, mon avis est que ce qui justifie les atermoiements actuels des « politiques », c’est la peur. La peur d’un saut dans l’inconnu par rapport à un système actuel où leur rôle est bien défini et très confortable. La peur de devoir assumer les conséquences de décisions beaucoup plus radicales que celles dont ils ont l’habitude. La peur quand aux conséquences que pourraient avoir sur leur statut matériel et social personnel les choix que l’on leur demande de faire. Enfin, et surtout, la peur d’échouer, s’ils franchissent ligne. Avec pour perspective d’avoir, alors, à faire face, à la fois à de lourdes accusations en provenance de leurs mandants démocratiques. Mais aussi à d’éventuelles mesures de rétorsion rancunières émanant des tenants du système financier, qu’ils auraient attaqué frontalement dans ses intérêts.

  4. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    Bonjour à tous,

    Pour ma part, je pense que les états n’agissent pas parce qu’ils n’en n’ont tous simplement pas les moyens ! Que pèsent économiquement et financièrement les états face au système financier ( banques, fonds de pensions) ?

    L’exemple de la Belgique est de ce point de vue révélateur…

    Peut-on l’appliquer à l’ensemble des pays face à l’énormité des montants de la « dette ».

    Est-il fou de considérer que les états ne nationalisent pas les banques parce que c’est leur propre solvabilité qui est en jeu ?

    J’espère que des personnes qualifiées pourront répondre à ces questions qui me semblent légitimes mais dont les réponses me semblent vertigineuses…

    Concernant la communication des « décideurs français », j’avoue ne pas comprendre cette habitude dans le mensonge et l’infantilisation…

    Le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à nos frontières…

    Aujourd’hui:

    les banques françaises n’étaient pas exposées aux actifs toxiques, la crise était derrière nous et en 2009 la France aura une croissance négative ( ???!!!) de l’ordre de -1,5 %…ahum…

    Paul évoque dans son livre la crise, l’étrange tango entre la Chine et les USA. je mets ici un lien vers une analyse assez intéressante trouvé sur le blog de Jean-Claude Werrebrouck posté par Gilles Bonafi :

    http://referentiel.nouvelobs.com/file/627002.pdf

    Un éclatement de la Chine constitue-t-il la prochaine déflagration de cette « drôle de crise » ?

    Là encore les explications « d’experts » sont les bienvenus !

    Excellente journée à tous,

  5. Avatar de Eugène
    Eugène

    Il y a longtemps que je ne demande plus qu’ un « gouvernement s’occupe activement des INTERETS de la population » mais qu’il légalise des processus minimaux de légitimation permettant, ensuite, de savoir qui peut prendre des décisions pour autrui (économiques entre autres mais pas seulement), donc construire un vivre ensemble qui ne soit pas subordonné à des INTERETS toujours particuliers.

  6. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Breakfast : synthétique et efficace ! Rien à rajouter. Jusque là tout va bien…
    (Tiens, mon commentaire de 8h54 est réapparu, merci monsieur Jorion)

  7. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    arf mon commentaire de 13h42 est dans les oubliettes…

  8. Avatar de gibus
    gibus

    @ leduc

    Je partage votre conviction quand à la compétence des “hommes politiques” d’aujourd’hui. Mais comme le système politique actuel, dans son essence, a été construit par et pour ces “hommes politiques”, on peut raisonnablement penser qu’un système construit par et pour les citoyens peut se révéler plus adapté à affronter le défi énergétique qui conditionne la survie pure et simple de l’humanité.
    L’idée est de mettre en place une stricte séparation des pouvoirs, comme le dit Étienne Chouard, ceux qui écrivent les lois ne peuvent à la fois être ceux qui les mettent en oeuvre. C’est la fin irrémédiable des cumuls de mandats dans le temps et dans l’espace.
    C’est la fin de programmée de la caste des “hommes politiques” professionnels qui se gavent. C’est aussi la fin d’un système économique dément qui surexploite la totalité des ressources naturelles sans aucune vergogne, en mettant l’homme au service de l’économie.
    Ceux qui les remplaceront (à temps partiel…) devront réhabiliter le concept de Bien Public. Ils devront veiller au patrimoine mondial de l’humanité, à l’air que nous respirons, à l’eau que nous buvons, au climat qui nous permet de vivre, ils devront économiser les ressources limitées de notre planète.
    Sinon….les tensions deviendront telles que la planète s’autorégulera, et pas du tout en faveur des intérêts de l’espèce humaine. Les dinosaures ont bien disparu eux !

  9. Avatar de François78
    François78

    @Paul Jorion et a tous bonjour,

    De la discrétion nécessaire qui entoure les grandes décisions …

    lmaginons que l’on vous pose quelques questions sur la gravité de la crise et que vous répondiez en indiquant de façon très argumentée et convaincante une fourchette de dates pour l’écroulement du dollar, ou des économies mondiales, ou de la civilisation.

    L’histoire pourrait retenir que c’est la publication d’un article d’un certain Paul J… qui peut être retenue comme point d’origine du gigantesque « bank run » qui mit fin au monde tel que nous le connaissons …

  10. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Ghostdog : et un éclatement des Etats Unis d’Amérique (damned, je ne retrouve pas le lien sur le site Dedefensa.org) ? Est-ce stupide et tout aussi impensable ? Les lumières de Paul entre autres seraient les bien venues.

  11. Avatar de Paul Jorion

    @ François78

    D’abord, il s’agit de phénomènes « critiques », c’est-à-dire imprévisibles quant à leur date exacte. Ensuite, la politique du pire n’est pas le genre de la maison.

  12. Avatar de Fab
    Fab

    @ JJJ,

    Ce n’était pas de l’ironie.

  13. Avatar de dermato
    dermato

    @ Breakfast

    Situation resumée en quelques mots efficaces, merci.

  14. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Moi aussi j’aime pratiquer la langue de bois.

    La bourse va continuer à progressivement purger ses excès les plus évidents jusqu’à octobre 2009.
    Ensuite le trend baissier va très substantiellement diminuer avec un plus bas en octobre 2010.

    Il faudra en effet à peu près 3 ans de rééquilibrage, dont les deux premières années seront les plus pertinentes car les plus vigoureuses.

    Après mes cocos (pourquoi « cocos » au fond je ferais mieux de dire « caca »..pitaliste) la bourse remontera progressivement.
    Toutefois, les résultats de cette progression seront vraisemblablement affectés par l’érosion monétaire.

  15. Avatar de Giraudon
    Giraudon

    Vous supposez que les gouvernements travaillent dans l’ombre pour le bien de la population. Personnellement je ne vois que mère Térésa et ma grand-mère Rose (disparues toutes deux) pouvant se permettre de se cacher pour faire le bien. Le monde politique (au niveau de l’Etat), alors vraiment, nettement moins sûr.
    Plutôt cachottier avec plusieurs fers au feu, oui, le bien, le moins bien, le mal, le très mal. Le cheval asymétrique par excellence.
    Si l’on se référer à la crise actuelle de la Guadeloupe, qu’observe-t-on ?
    Attentisme pour juger des forces en présence. Attendre, c’est aussi ne pas se presser. Ce qui peut signifier que l’on ne sait pas exactement quoi faire ou encore, certains parlent de pourrissement, on laisse faire ou les choses se faire d’elle-même. Sans doute un instant utile mais après un mois d’attente c’est une gouvernance particulière, très éloignée du « supposons » d’entrée de votre questionnement et dés lors, bien sûr, on peut s’interroger sur la suite à donner à ces « demi-vérités ».
    Mais encore, doublement surpris, j’ajouterai, de voir le président au placard alors que nous sommes plutôt habitués à le voir courir sur tous les incendies, du feu de camps au brasier de 50 ans même si c’est pour un gain essentiellement médiatico-politique.
    Là, discrétion et silence, silence mortifère. Alors stratégie, politique de classe, désintérêt, manque de vision, jeu de fumée, psychologie d’enfant gâté contrarié, tout cela ensemble ?…
    Ce spectacle me met un peu mal à l’aise sans doute aussi parce qu’il est l’exemple et le signe, et qu’il préfigure la réponse à votre question.
    Au plan international, c’est probablement différent, faut trouver la locomotive et accrocher tous les wagons.

  16. […] – Nationalisation du secteur bancaire aux USA. Incontournable ? Blog de Paul Jorion. […]

  17. Avatar de François78
    François78

    …la politique du pire n’est pas le genre de la maison…

    Je vous en donne acte Monsieur Paul Jaurion. Je suis amateur de fiction est n’ai pas pu résister à me placer dans cette perspective. je vous présente mes excuses si ce trait d’humour (que je pensais être un peu d’humour, pas nécessairement noir) a pu vous paraître déplacé.

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