Les mystères du FASB 157-e enfin révélés

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

J’ai dit que j’y reviendrais, que je rentrerais un peu dans les détails des modifications intervenues le 2 avril visant à permettre aux entreprises américaines de mentionner dans leurs bilans, pour les instruments de dette uniquement, d’autres chiffres lorsque le marché est « inactif », que la « cote-au-marché », le fameux « marked-to-market », encore appelé plus simplement : prix marchand, celui que reflète la cote la plus récente. Les changements ont été proposés dans FASB 157-e, une directive du Financial Accounting Standards Board (FASB), le Conseil des Normes Comptables Financières américain, justifiant certains amendements à la norme 157 adoptée initialement en septembre 2006.

Je rappelle d’abord que j’ai déjà traité de ces questions dans certains billets passés et en particulier dans « Juste prix » et « juste valeur », en novembre 2007. Je commence par rappeler ce que j’écrivais à cette époque :

En deux mots, le prix, c’est la quantité d’argent qui s’échange entre l’acheteur et le vendeur à l’occasion d’une transaction portant sur un bien, alors que la valeur, c’est un prix « théorique » qui correspond en général à une conception « additive », où l’on additionne le prix des diverses composantes du bien en question : la somme de ce qu’on appelle aussi ses fondamentaux. Chez Adam Smith dans sa Richesse des nations publié en 1776, le prix est ce qu’il appelle le « prix marchand » (market price) et la valeur, le « prix naturel » (natural price). La finance récente a réinventé la même distinction en parlant respectivement de « cote–au–marché » (marked–to–market) et de « cote–au–modèle » (marked–to–model).

Au Moyen Age, les Scolastiques ont défendu une notion du « juste prix » où le prix n’est pas ancré dans la valeur (cette conception fera son apparition à la Renaissance) mais dans un rapport de force « paisible » entre acheteur et vendeur fondé sur leur statut social (c’est un développement de la théorie aristotélicienne du prix). Il s’agissait pour eux de réglementer sur un plan éthique les situations où règne un rapport de force extrême entre acheteur et vendeur parce que, soit l’acheteur est si puissant que le vendeur ne parvient pas à s’assurer avec le prix ce qu’on appellerait aujourd’hui un « salaire de subsistance », soit parce qu’à l’inverse, une situation de pénurie (une ville assiégée, par exemple), permet au vendeur d’imposer pour un bien, un prix exorbitant.

Or, en 2006 dans la directive FASB 157, l’organisme américain qui fixe les normes en matière de comptabilité, le Financial Accounting Standards Board, a introduit la notion de « juste valeur » qui, dans un renversement historique, vise cette fois à définir la valeur comme ancrée dans le prix, autrement dit, dans la « cote–au–marché » plutôt que dans la « cote–au–modèle ». La « juste valeur » est définie comme le prix qui s’obtient sur le marché principal de la marchandise à l’occasion d’une transaction qui s’effectue « dans un bon ordre ». Les sources pour la « juste valeur » sont – par ordre descendant de qualité : 1) la « cote–au–marché » sur un marché liquide, c’est–à–dire où en raison des volumes importants, une transaction peut avoir lieu dans un délai très bref ; 2) la « cote–au–marché » sur un marché il–liquide où en raison des faibles volumes il existe en général un écart importante entre le prix offert (bid) et le prix demandé (ask) ; 3) la « cote–au–modèle » qui repose en dernière instance sur une conception additive du prix.

En introduisant un concept de « juste valeur », fondé sur le prix et non sur la valeur, les marchés entérinent une position que j’ai défendue dans l’ensemble des textes [que j’ai consacrés à ces questions], à savoir qu’il n’y a pas de vérité pour les prix en-dehors d’eux–mêmes. Faut-il regretter pour autant la mort annoncée de la « valeur » ? Paradoxalement, oui. La raison en est la suivante : le concept de valeur introduisait une certaine stabilité en suggérant que le prix marchand devrait s’aligner sur le prix de la somme de ses composantes, alors que le prix peut lui, décoller de sa valeur supposée d’une manière que l’on qualifie de « spéculative ». Or, qu’est-ce qu’un prix « spéculatif » ? C’est, pour en revenir aux Scolastiques et à Aristote, un prix qui reflète de manière nue le rapport de force entre acheteur et vendeur…

Donc le 12 mars, lors d’une séance houleuse du House Financial Services Committee, l’un des comités du congrès américain, celui-ci intima au FASB de revoir la norme 157, sous peine de représailles s’il ne s’exécutait pas. Ce dernier obtempéra sans tarder puisque des amendements furent rapidement proposés et justifiés sous l’appellation de FASB 157-e et intégrés dans la norme 157 le 2 avril après approbation du Conseil.

Il faut d’abord dire qu’un produit financier peut être traité au bilan sous différentes rubriques – qui auront un impact différent sur le chiffre des bénéfices – selon qu’il aura été reconnu comme appartenant à l’une des trois catégories suivantes : 1) trading, c’est-à-dire susceptible d’être acheté et vendu à très courte échéance, 2) available for sale, disponible à la vente à moyen terme, 3) held for investment, autrement dit qui sera conservé en portefeuille jusqu’à sa maturité, par exemple, trente ans pour des instruments de dette contenant des crédits immobiliers (Residential Mortgage–Backed Securities).

Les produits qui sont conservés au portefeuille relèvent de la « cote-au-modèle » (que Warren Buffett appelait en 2002 : « cote-au-mythe »), essentiellement, la somme des valeurs « présentes » (c’est-à-dire escomptées) de ses différents flux de liquidité à venir – une méthode classique de valorisation. Ceux du « trading book » relèvent uniquement de la « cote-au-marché ». Seuls les produits available for sale sont susceptibles d’être traités de différentes manières : « cote-au-marché » ou « cote-au-modèle ». Je simplifie bien entendu parce qu’il existe une casuistique compliquée mais la conversation suivante, qui eut lieu à Countrywide en avril 2007 et que je rapportais dans mon billet intitulé La politique de l’autruche, donne une bonne illustration du type de tactiques qu’elle permet :

M. Orenbuch (analyste au Crédit Suisse) :
Les « seconds liens » (HELOC) subprime que vous avez décidé de conserver [en portefeuille], quand avaient-ils été consentis ? Étaient-ils relativement récents ? Et pourriez-vous expliquer […] comment vous justifiez cela, je veux dire du point de vue de la gestion de vos capitaux et s’il s’agit là d’une chose que vous envisagez encore de faire à l’occasion ?

D. Sambol (Président de Countrywide) :
[…] Ils représentent des prêts consentis en 2006 qui étaient restés invendus [sur le marché secondaire] et étaient toujours là au premier trimestre 2007, et nous étions particulièrement pris au collet par l’absence de liquidité et la détérioration des prix à laquelle nous assistions au premier trimestre. C’est cela qui nous poussa à les reclasser HFI [Held for Investment = conservés en portefeuille]. Cela constituait un meilleur investissement. Si nous les avions vendus au prix que le marché pratiquait alors nous aurions laissé échapper des taux qu’il est beaucoup plus raisonnable de retenir que de laisser passer ».

La situation se détériorait : les prix baissaient et les acheteurs se raréfiaient, et les établissements financiers qui possédaient ces instruments de dette commençaient à se livrer à diverses jongleries, dont celle de Countrywide offrait un bon exemple. Les grandes firmes comptables (KPMG, PriceWaterhouseCoopers, Ernst & Young et Deloitte Touche Tohmatsu), n’appréciaient pas du tout et en octobre 2007 avaient répondu par un communiqué prônant au contraire la clarté absolue en termes de valorisation (j’en avais reproduit les principaux points dans le même billet) :

1. Qu’un marché où il existe une disparité notable entre le nombre d’acheteurs et de vendeurs potentiels (en l’occurrence bien sûr, que le nombre d’acheteurs serait très restreint), ne peut être qualifié de marché « en détresse » ou de « vente à la casse » et ses prix disqualifiés à ce titre.

2. « La commission objecte à la pratique consistant à ignorer les cotes provenant de sources extérieures pour adopter une ‘vue à long terme’ du marché (c’est–à–dire adopter la conception selon laquelle un point d’équilibre sera retrouvé et facilitera les transactions à des prix plus ‘rationnels’) ».

3. Même si un marché est considéré « inactif » du fait que seul un petit nombre de transactions s’y observe, les prix qui s’y pratiquent demeurent un meilleur indicateur que ceux qui seraient simplement calculés par un modèle à partir des « fondamentaux » (PJ : ses composantes – sur la base d’une méthode « additive » du prix).

4. Les modèles utilisés pour la valorisation doivent refléter les conditions du marché. Si un ajustement est nécessaire pour refléter correctement un élément de risque, cet ajustement doit être reflété par le prix.

5. Un ajustement reflétant la liquidité du marché peut être indispensable pour représenter correctement ses conditions.

Ces éléments de contexte permettent maintenant de comprendre ce qui s’est passé le 2 avril : le FASB a révisé la norme 157 en prenant systématiquement le contrepied du point de vue défendu dans la déclaration des grandes firmes comptables que je viens de citer : le fait que le marché d’un instrument de dette soit inactif est désormais considéré comme une condition suffisante pour que les prix qui y sont pratiqués soient ignorés et que sa valeur soit enregistrée comme résultant d’une « cote-au-modèle ».

Le nouveau document fournit quelques illustrations, s’appliquant d’ailleurs toutes à des Collateralized–Debt Obligations (CDO) contenant des prêts immobiliers subprime et montre comment les valoriser par un calcul – classique – de ses flux de liquidité à venir. La différence dans ce cas-ci avec une valorisation « cote-au-marché » réside dans le fait que les conditions de marché qui sont censées prévaloir à chacune des époques futures où ces flux seront perçus sont celles d’un « marché en bon ordre » et non d’un « marché inactif ». Dans le cas où deux calculs sont possibles, du point de vue du vendeur (« cote-au-modèle ») et du point de vue de l’acheteur (supposant une aggravation probable de la situation), conduisant à des chiffres trop différents pour que les points de vue puissent se rapprocher et qu’une transaction puisse avoir lieu, correspondant à ce qu’on appelle un « bid-ask spread » trop élevé, FASB 157-e prône d’utiliser la moyenne des deux chiffres.

L’aspect le plus intéressant à mon sens est celui-ci : pour tous ces calculs de « cote-au-modèle » débouchant sur des chiffres bien entendu plus élevés que la « cote-au-marché », la norme révisée suggère de les ajuster par une « prime de risque de liquidité », c’est-à-dire de les pénaliser d’un handicap « raisonnable » dû au fait que le marché est en ce moment illiquide, autrement dit du fait que l’écart dont je parlais ci-dessus entre le « bid », le prix offert, et le « ask », le prix demandé, est trop grand pour que les points de vue se rejoignent et qu’une transaction puisse avoir lieu. Or, la seule mesure possible de ce « manque de liquidité », conçu comme « difficulté à transformer la valeur perçue du produit en une somme en argent liquide », c’est précisément ce « bid-ask spread », l’écart entre le prix demandé et le prix offert. Une « cote-au-modèle » ajustée d’une « prime de risque de liquidité », calculée de la seule manière qui fasse sens en réalité, reproduirait du coup la « cote-au-marché ». L’ironie de la chose n’a peut-être pas échappé à ceux qui au FASB révisèrent la norme 157 sous la menace des baïonnettes.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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35 réponses à “Les mystères du FASB 157-e enfin révélés”

  1. Avatar de TL
    TL

    Le problème n’est pas dans le simple recours à la cote-au-marché ou au-modèle, mais dans la conjonction entre ce recours et l’impératif de recapitalisation qui peut apparaître à cause de la répercussion des baisses des actifs du bilan.

    Il paraitrait assez logique que les investisseurs initiaux endossent les risques, ainsi c’est sur la base du coût historique que l’on devrait exiger un certain montant de fonds propres.
    La cote-au-marché a un aspect informatif souhaitable, mais elle est dangereuse liée à un ratio de solvabilité.

  2. Avatar de brehat
    brehat

    Bonsoir Paul,

    Vous évoquez le fait que cette modification à été faite parceque le FASB a été menacé de représailles par le congrés. Pourriez vous nous en dire plus : quelles pouvaient être ces représailles ? Pourquoi le FASB c’est il exécuté à contre coeur puisque finalement comme vous nous l’expliqué, il a dans sa modification fait en sorte que « rien ne change » ? Pourquoi le FASB ne veut il pas jouer le jeu du congrés et donc des USA ? Pour qui roule le FASB selon vous ?

    Merci pour votre éclairssissement

    Bréhat

  3. Avatar de Cécile
    Cécile

    Les normes comptables viennent d’être changées, début 2000 (via mark to market, soit le prix ? après ou juste avant l’affaire Enron, mais c’est lié…)
    là elles sont de nouveau changées, début 2009 (via market to model, soit la valeur ? et là aussi parce que magouille-blouse…)
    Dès fois je me demande , …. ????
    vu que pour nous un chou c’est un chou ,
    pourquoi pas un chou-fleur, et qu’éventuellement nous pouvons rêver ou pas d’échanger contre un ananas, et que, et que…
    s’il ne serait pas intéressant de nous demander à nous de voter le « juste prix » …
    ce serait compliqué, il faudrait qu’on apprenne à compter, ……..
    mais je ne suis pas sûre qu’on serait pire que les politiques,……
    et contrairement aux actionnaires on pourrait discuter et disputer…
    parce là, désolée mais entre la valeur de la rente attendue et le prix du possible à payer,
    y a pas photo, là n’est pas la question,
    au point où on en est, c’est la grande braderie
    il faut une nouvelle donne, et que dans cette nouvelle donne, la sagesse ce montre en exemple
    (c’est que le morphing « chou-fleur ananas », -c’est seulement pour dire ce qui nous attend- si nous, nous ne nous en occupons pas, alors qui ……?)

  4. Avatar de Cécile
    Cécile

    je ne suis pas déprimée,
    mais on nous a vendu notre ciel (les ondes et tous ces machins…)
    et il est projeté de vendre nos gènes (les OGM et tous ces machins)
    et, et, après ????

  5. Avatar de Crystal
    Crystal

    Ouch !

    C’est dur pour moi.
    Ce serait effectivement sympa qu’un éditeur publie un jour votre livre « Le Prix ».
    Le néophyte que je suis a besoin d’une douce introduction.

    A bientôt !

  6. Avatar de johannes finckh

    Il est sensible pour moi que ces maqillages comptables ne vont guère inciter les investisseurs spéculateurs à davantage d’investissments, car ce serait pour quoi faire dans une ambiance où la crise économique est réelle et profonde et un climat pratiquement déflationniste!
    Dans ce contexte, le meilleur investissement reste de loin le non-investissement et l’attente, tant que l’inflation et même l’hyperinflation ne se déclenchent pas…
    Tout le monde prie que les taux de croissance des pays BRIC tiennent le coup, car ces pays pourraient alors accepter, surtout la Chine, de ne pas vendre l’actif le plus pourri de tous, à savoir le bon du trésor américain libellé en dollar.
    Qu’on imagie seulement que ces bons sont vendus, alors le dollar baisserait si fortement que les USA connaîtront une forte inflation.
    A ce moment-là, il est possible que s exportations américaines pourraient s’améliorer, mais cela reste incertain, car la production de biens de consommation des USA est très largement devenue insuffisante.

    Pour remédier à la situation, je ne vois pas d’autre moyen que l’introduction rapide d’une monnaie fondante, car elle rétablira à nouveau un équilibre entre investissemet productif industriel et finances, qui sont aujourd’hui dans un déséquilibre si énorme que la valeur d’une monnaie ne reflète plus vraiment ce qu’elle peut acheter mais les « coups » spéculatifs qu’elle permet. Cela est assez flagrant pour les USA et la Grande Bretagne qui ont, au regard de leurs capacités de production réelles, des monnaies (encore) très fortemet surévaluées.
    D’ailleurs, les Américains le savent bien quand ils demandent aux Chinois de laisser s’apprécier leur monnaie, ce que ces derniers ne veulent pas faire, maintenant ainsi leur popoulation dans la misère en se positionnant vers trop d’exportation et une consommation intérieure insuffisante. La faiblesse des salaires chinois fait que ce que les chinois produisent est cheté par les américans et nous, et très peu par eux!
    Puisque le réel s’imposera néanmoins bientôt, il est prévisible que la croissance chinoise restante de cette année ne sera pas de 6% annoncés, et je ne serai pas surpris que la Chine et les autres pays BRIC entreront en récession à leur tour à la fin de l’année 2009!
    Et ils seront forcés, dans la panique, de vendre les bons US et patatras!

  7. Avatar de Cécile
    Cécile

    Les bons du trésor US ne s’échangeraient-ils vraiment pas ?

  8. Avatar de Cécile
    Cécile

    Je veux dire en Inde, au Pakistan, en Afrique, voire en Europe…
    n’importe où , ici ou ailleurs, contre d’éventuelles dettes contractées auprès des USA

  9. Avatar de Sophie LEROY
    Sophie LEROY

    un lien : « Ce que la valeur esthétique fait à la valeur économique »
    http://www.youtube.com/watch?v=OLi2w5o5mhg

  10. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    Il y a quand même quelque chose de paradoxal dans l’appréciation de cette norme 157-e, qui permet de revenir à la situation d’avant-septembre 2006. Si le recours à la « cote-au-marché » a permis, depuis lors, une valorisation largement fictive des actifs, mais une distribution bien réelle de dividendes et bonus grâce à des profits non extériorisés (et aujourd’hui envolés), pourquoi l’abandon de cette cote-au-marché serait-elle, en soi, problématique ?
    Ne manque-t-il pas un élément dans votre explication ? Il me semble que dans l’utilisation de la cote-au-modèle, un compte spécial des plus-values et moins-values à long terme provisionne une part (prudente) des bénéfices et pertes probables à attendre sur une longue période. Qui permet de lisser les écarts entre la valeur comptable (conventionnelle) et la valeur de cession future (réelle).
    Revenir aujourd’hui au modèle n’est problématique que dans le seul cas où les provisions pour dépréciation ne sont pas honnêtement passées. Est-ce que la norme 157-e fait état de telles modalités ?

  11. Avatar de Laborde Stephane

    Je ne comprends pas pourquoi on ne donne pas aux actifs plutôt qu’une valeur instantanée ou pseudo-arbitraire, une moyenne mobile des 100 dernières semaines par exemple…

    Ca éviterait les « ploufs » intempestifs !

    Après tout les traders ne se servent-ils pas de ce genre d’instrument pour calibrer leurs achats / ventes ?

  12. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @ jjj
    Il est évident que les provisions pour dépréciation n’ont pas été passées
    c’est la base du problème on ne peux pas provisionner une crise mondiale ou un crach de l’immobilier
    La spéculation a permis de générer de fortes plus values puis quand le vent a tourné on s’est débarassé des actifs en cours de dépréciation dans des produits dérivés complexes qui ont eux meme été l’objet de spéculation
    alors que les actifs sous jascents continuaient a se déprécier
    comment voulez vous demander a des organismes financier capables de telles malversations de provisionner les dépreciations. La malhonnêteté sera récompensée le crime est parfait.Les responsables garderont leur poste, l’estime de leurs semblables, une fin de carrière assurée vu leur grande expérience et une retraite dorée.
    Tout cela au frais du contribuable qui lui devra travailler dur tres longtemps pour pas grand chose pour payer le faste et l’irresponsabilité de cette nouvelle aristocratie capitalistique .
    Le problème ce n’est pas de restaurer la confiance mais plutot de la rescuciter.

  13. Avatar de I. Lucas
    I. Lucas

    A propos des normes comptables :

    Les normes comptables qui s’appliquent en Europe depuis l’exercice 2005 pour les sociétés cotées en bourse ont étés édictées par l’IASB (International Accounting Standards Committee). Les Etats Unis participent à l’élaboration de ces normes IAS, même si elle ne sont pas en usage aux USA où les normes US-GAAP sont la règle.

    L’IAS 39 a introduit le principe de la valorisation des actifs selon le prix du marché (« Fair Value » ou encore « Cote au Marché ») alors qu’auparavant la valorisation était faite à partir des coûts d’investissements ou d’acquisition(  » valorisation fonction du coût d’investissement ou du coût d’acquisition ou encore « cote au modèle ») .

    Cette norme a été contestée dès 2000 par plusieurs Daniel Bouton PDG de la banque Société Générale. Il a rallié autour de lui plusieurs établissements, mais n’a pu s’opposer à leur promulgation.

    Une recherche sur Google avec les mots clé « Daniel Bouton » et « IAS 39 » permet de retracer le débat qui a eu lieu il y a 10 ans et
    est d’une criante actualité.
    http://archives.lesechos.fr/archives/2005/LesEchos/19320-43-ECH.htm

    Daniel Bouton craignait que l’usage de la « cote au marché » ne génère de l’instabilité dans les comptes pour les établissements qui entendaient garder dans leur portefeuille les actifs : des profits fictifs devraient être comptabilisés quand la bourse monte, et des pertes quand elle descend!

    Cela rejoint le débat qu’il y a eu il y a quelques jours sur le diagnostic de la crise :
    – crise d’illiquidité donc crise due à ce que pendant quelques temps un actifs n’ait pas d’acheteur
    – ou crise de solvabilité : personne n’achete une créance car celui qui devait la rembourser ne le peut plus

    Si la crise est une crise d’illiquidité, le changement de norme comptable (l’abandon de la « cote au marché » au profit de la « cote au modèle ») est une solution qui permetra de passer ce mauvais et bref moment.

    Si la crise est une crise de solvabilité, ce que je crois, ce changement de norme comptable n’aura qu’un effet cosmétique et ne rétablira pas la confiance

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ I.Lucas

    Très clair, merci.

  15. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    @ I.Lucas

    Voilà que le débat avance !

    J’avais déjà fait référence au fait que « mark-to-market » était une absurdité comptable dénoncée depuis longtemps dans un commentaire précédent :

    La Commission européenne, qui a imposé ces normes sans débat public en quelques semaines, a semble-t-il cédé aux principes idéologiques du néolibéralisme et aux douces pressions des USA qui voulaient pouvoir mettre en prison les patrons européens qui tricheraient, étant entendu qu’aucun patron US n’oserait tricher… après Enron.

    Merci pour le rapport entre les types de crises et l’effet attendu de ce changement de règle : je suis d’accord sur le diagnostic.

    Je persiste à dire que la volonté de ne pas faire de l’ »économie politique » empêche de comprendre quoi que ce soit à la situation actuelle (et aux précédentes aussi !). Les règles établies le sont toujours dans le rapport de force et c’est normal que le Congrès US tente de contrer une règle absurde, dont il voit les dégâts, imposée par des ayatollahs tenants de l’ »économie ».

    Ce qu’on peut lui reprocher c’est d’une part de se réveiller bien tard et d’autre part de ne pas avoir lancé un vrai débat démocratique bien avant (idem pour l’UE qui n’a rien à envier aux USA de ce point de vue).

    Cette crise qu’ils veulent nous faire payer, n’est pas la nôtre et les politiciens qui ont failli doivent être sanctionnés au plus vite : ils ne peuvent pas être la solution après avoir été la cause du problème. Je pense, en France, à Sarkozy particulièrement qui, en tant que ministre des finances et président maintenant, a soutenu et renforcé toute cette idéologie néolibérale.

  16. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Le lien a sauté, si quelqu’un pouvait me donner la syntaxe des liens sur ce blog je lui en serait reconnaissant.
    J’ai tenté tout ce que j’ai pu imaginer…

    Le lien vers mon commentaire était : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2638#comment-22336

  17. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Magique, ça marche maintenant !

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JeanNimes

    La question qui ne peut pas être éludée me semble rester être, de correctif comptable en correctif comptable, comment comptabiliser tous ces nouveaux actifs qui promettaient la lune et qui nous font descendre aux enfers. AUjourd’hui, maisdemain également, puisqu’il n’est pas question de tirer un trait sur leur existence. Ou alors de considérer que ce sont eux le problème, qui reste sans solution.

  19. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    De ce que dit Paul, rien ne changera, sinon un moyennage du prix. La crise va donc s’amplifier?

  20. Avatar de leduc
    leduc

    Je sais pas pourquoi, mais vu l’empressement des autorités américaines à vouloir faire racheter les actifs pourris avec un plan de financement pour le moins alambiqué, avec des nouvelles règles comptables qui vont permettre de donner un prix pour les transaction, je me demande quand même s’ils n’essayent pas de nous refaire un coup fourré. Me semble que encore une fois, comme par le passé, ils vont faire endosser les lourdes pertes à d’autres, les responsables vont sans doute s’en tirer à peu de frais, et ma foi cela aura encore repoussé un peu plus le dénouement tragique de la crise.

    Je sais pas pourquoi mais je vois mal les chinois se précipiter sur les actifs financiers à problèmes, s’ils doivent se délester de leur trésor de guerre en dollars de bons du trésor on les voit très bien échanger cette monnaie qui s’annonce de plus en plus fondante contre des bonne vieille valeur sure comme des contrats sur des ressources naturelles.

  21. Avatar de iGor milhit

    @ Sophie LEROY
    merci pour le lien, j’ai bcp aimé la conférence! A force l’animal va me faire lire Spinoza… Et avec une bonne antagonistique des affects et leurs bataillons pour la lutte à la valorisation, il y a, ce n’est pas plus qu’une intuition, un lien avec les rapports de force que ne cesse d’indiquer M. Jorion. D’ailleurs, c’est sous la menace des baïonnettes que les règles comptables évoluent…

    Je me dis souvent que ce que les économistes ne veulent (ou ne peuvent) soit pas admettre soit pas dire, les publicitaires eux le savent bien et ne se privent pas du tout de le mettre en pratique.

  22. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @J. Finckh

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=2641#comment-22542

    Outre les remarques faites dans ce commentaire, j’envisage quelques compléments « d’analyse » à mesure que je découvre la théorie de la monnaie fondante, qui semble apparentée au terme générique de SEL (système d’échange local).

    Outre donc le fait, comme indiqué dans le lien précédemment indiqué, qu’une monnaie fondante utilisée comme unique monnaie d’échange semble remettre totalement en cause la possibilité d’épargne (qui est pourtant aussi indispensable aux populations modestes qu’elle peut être critiquable pour les « rentiers »), son bon fonctionnement comme monnaie seulement complémentaire me paraît se baser sur une démarche éthique, l’utiliser revenant soit à la convertir immédiatement en acte de consommation, soit à accepter de voir perdre sa valeur au cours du temps.

    Or, d’une part une telle démarche ne peut être que celle d’un public ciblé, disposant d’un revenu déjà étoffé, et d’autre part elle entre en contradiction avec la situation financière actuelle, qui est justement celle d’une accumulation outrancière de l’argent aux mains d’une minorité, au mépris de toute considération éthique – morale.

    Ou alors je n’ai rien compris à la monnaie fondante, auquel cas, merci de m’indiquer où se situe mes erreurs. 🙂

  23. Avatar de Jef
    Jef

    Cette décision, qui va suivre en zone euro, reste dans la logique des plans de relances, de la monétisation de la dette, des liquidités injectées dans le marché… On agit comme si le moteur allait repartir… un petit arrangement de plus pour cacher la misère.

    FASB… ou comment, dans une situation d’insolvabilité globale, reculer pour mieux sauter.

  24. Avatar de johannes finckh

    Réponse à « dissonnance »:
    Il est absolument faux de croire que la monnaie fondante empêcherait toute éprgne, bien au contraire!
    L’épargne est, au départ, la part du revenu que je ne consomme pas immédiatement. En portant celle-ci à la banque, je la « prête » donc à la banque. la banque se charge de trouver un emprunteur, et elle trouvera aisément, surtout quand elle dispose de monnaie fondante!
    Car les taux d’épargne et, par conséquent, les taux de prêt vont baisser en raison du reflux abondant de liquidités vers la banque. L’emprunteur peut, soit, vouloir refinancer une emprut ancien pour payer moins d’intérêts, ou alors, il eut investir dans une production nouvelle où, pour des raisons financières, il ne pouvait le faire, car le taux d’emprunt était trop élevé.
    Votre remarque me pousse à exposer ce qu’il en est de l’épargne, déjà aujourd’hui.
    En aucune façon, il ne saurait s’agir d’une consommation différée sur un plan macroéconomique!
    Et j’affirme cela en me distinguant à nouveau des dogmes universitaires qui veulent faire croire qu’un excès d’épargne serait nuisible à la consommation. Le taux d’épargne est, à mon avis, totalement indifférent quant au niveau de la consommation d’un pays!
    En effet, ce que l’épargnant ne consomme pas en épargnant, l’emprunteur, lui, le consomme à la place du prêteur (épargnant). Il en résulte que l’épargne est toujours possible, surtout en régime de monnaie fondante, car le consommateur se retrouve dans une situation où les biens et services sont meilleur marché du fait de l’allègement général des charges financières qui pèsent sur les produits et qui sont, actuellement, nécessairement repercutées sur le prix de vente.
    Il y aura donc surtout un transfert des possibilités d’épargne en faveur de ceux qui se font payer leur travail et au détriment qui touchent la rente du capital. Car la rente du capital est, de toute façon, aussi un revenu du travail, saf qu’il s’agit d’un travail fourni par le débiteur et qui directement dans les poches des créanciers.

    Ce qui fait actuellement plonger la consommation n’est pas le fait que les citoyens épargneraient davantage mais le fait que l quantité de monnaie circulante disponible a fortement baissé!
    La monnaie est gelée, comme disaient Obama et DSK dernièrement, et ce gel vient du fait que tous les milliards injectés « en haut » ne descendent pas dans le circuit de l’économie réelle, à cause, dit-on, de la crise de confiance.
    En clair, le niveau de consommation va monter avec la monnaie fondante et le niveau d’épargne en même temps aussi!
    Simplement parce que l’écoomie se trouvera avec un circuit monétaire totalement stabilisé et prévisible grâce à la monnaie fondante!
    L’épargne globale sera sans doute à peu près la même qu’actuellement, mais sa répartition dans la population sera nettement moins inégalitaire!
    Nous observerions la réalisation du voeu de Keynes: L’euthanasie lente du rentier.
    A l’arrivée, c’est-à-dire au bout de quelques années, il est cependant possible que l’épargne dlobale diminue lentement, simplement parce que l’endettement et le surendettement reculeront sensiblement.
    Et la dette totale est toujours égale (en montants) à la créance totale, évidemment.
    Mais cela n’implique aucunement qu’il n’y aurait plus des fourmis et des cigales ni que l’épargne de précaution ou pour la retraite disparaîtraient!
    L’analyse fine du système de la monnaie fondante est, en fait, un régime plutôt favorable à l’épargne populaire même si l’épargnant ne touche plus guère d’intérêts à sa banque!
    L’avantage que trouve l’épargnant à épargner peut rester considérable, car c’est pour lui une façon d’échapper à la « fonte » de ses liquidités.
    Car la monnaie fondante frappe les détenteurs de liquidités, car son but est de rendre risquée justement la détention liquide. La détention liquide prolongée peut être considérée comme une entrave sérieuse à la circulaton monétaire provoquant un sérieux ralentissement des transactions par unité de temps. Cela revient donc à soustraire de la monnaie au circuit! Et ce risque doit coûter à celui qui en est l’auteur, pas à celui qui en est la victime comme c’est le cas actuellement, à savoir la grande majorité des citoyens!
    Le but de la monnaie circulante est celui de circuler, circuler et circuler encore sans jamais s’arrêter (sauf quand on dort), rien d’autre. Et ceci amène les effets d’une demande effective rigoureusement stables. Je vous en dirai plus prochainement
    jf

  25. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    @Jef

    oui, l’opacité grandit et la misère aussi

    l’article de Willem Buiter a une vocation pédagogique complémentaire à celle de l’exposé de Paul Jorion
    http://blogs.ft.com/maverecon/

    la norme 157e – dont il faut souligner que seul le principe mais non le texte a été arrêté le 2 avril (http://www.fasb.org/action/sbd040209.shtml) – n’est à mon sens qu’une nouvelle interprétation de la « fair value »

    la chose ne se fait ni sans résistance (cf. KPMG, Deloitte, etc.) ni sans hésitation (cf. l’observation de Paul Jorion sur la « prime de risque de liquidité »)

    le premier acte « interprétatif » date du 30.09.2008 et a permis aux banques de reclassifier certains instruments de dettes « available for sale » et « trading » en « held to maturity » et, au passage, de masquer l’état du malade car

    1. le poste « held to maturity » n’est en principe pas marked-to-market alors que les deux premiers le sont
    2. seul le poste « trading » fait l’objet d’une déclaration P&L (Profits & Losses Statement) (cf. Buiter)

    @ Paul Jorion
    @ I. Lucas

    merci d’indiquer si vous êtes de l’avis de Buiter sur l’entérinement sans coup férir de la norme 157 par l’IASB, ce que Ie commentaire et les infos de I. Lucas ci-dessus ne semblent pas tenir pour acquis

    @ Paul Jorion

    pourriez-vous aussi développer le paradoxe que vous soulignez vous-même qui met en situation de collision votre préférence pour le concept de valeur et votre constat qu’il n’y a pas de vérité sur le prix en dehors de lui-même

  26. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    Merci pour cette réponse.

    Je retiens donc que c’est la forme liquide de la monnaie qui est fondante… Un physicien n’y retrouverait pas ses petits… 🙂

  27. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    Merci à Sophie Leroy
    http://hyperspinoza.caute.lautre.net/

    Merci à I. Lucas pour son exposé carré.

    Je m’associe à Philippe Deltombe pour demander à Paul J. de bien vouloir développer son paragraphe :

    « En introduisant un concept de « juste valeur », fondé sur le prix et non sur la valeur, les marchés entérinent une position que j’ai défendue dans l’ensemble des textes [que j’ai consacrés à ces questions], à savoir qu’il n’y a pas de vérité pour les prix en-dehors d’eux–mêmes. Faut-il regretter pour autant la mort annoncée de la « valeur » ? Paradoxalement, oui. La raison en est la suivante : le concept de valeur introduisait une certaine stabilité en suggérant que le prix marchand devrait s’aligner sur le prix de la somme de ses composantes, alors que le prix peut lui, décoller de sa valeur supposée d’une manière que l’on qualifie de « spéculative ». Or, qu’est-ce qu’un prix « spéculatif » ? C’est, pour en revenir aux Scolastiques et à Aristote, un prix qui reflète de manière nue le rapport de force entre acheteur et vendeur… »

    afin que nous puissions nous faire une idée de la différence qu’il y aurait entre une plus-value spéculative et une plus-value de bon aloi.

    Ma maman tenait la comptabilité de l’entreprise de sa propre mère. Il s’agissait d’un petit commerce comportant deux boutiques. Le volume des ventes variait peu d’une année sur l’autre. Je me souviens qu’elle calculait le coefficient multiplicateur entre les prix d’achat et les prix de vente……..en fonction des « besoins » de ma grand mère !!!!! L’évaluation de ces besoins était mesurée à l’aune de ses notions de l’aisance et de la bienséance. Il fallait éviter les privations comme l’ostentation. Quel art ! On évoquait souvent St Thomas d’Aquin au cours des repas………

  28. Avatar de François78
    François78

    Mais que vaut une usine toute neuve qui fabrique des produits qui ne se vendent pas, quand bien même cette usine hautement automatisée incoporerait des composants de grand prix ?

    D’un point de vue de marché; il semble qu’elle ne vaille pas grand chose.

    Il ne paraît cependant pas illogique de penser qu’elle vaut potenteillement la somme de ses composants, dans l’attente d’une hypothétique reprise du crédit, de la confiance, des ventes, en bref de l’économie … On peut alors amortir les composants, en espérant qu’on en arrive pas jusqu’à l’obsolescence sans les avoir utilisés.

    On peut bien sûr se demander (on commence à avoit des réponses) qui va payer les intérêts de l’investissement et les dépréciations des composants, et les autres déperditions (déperditions oui, mais pas pour touit le monde).

  29. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    @ François Leclerc

    Je dirais : à leur valeur faciale, en attendant que leur maturité arrive et qu’on puisse compter les plaies et les bosses !

    S’il y a vente anticipée : on compte l’écart algébrique à la valeur faciale.

    Résultat : si certains spéculateurs ont acheté à vingt ou trente fois la valeur faciale, c’est pour leurs pieds, perte exceptionnelle !

    S’ils sont en faillite, deux cas : frauduleuse => prison et comme dans le cas de faillite « normale » => ils doivent rembourser leurs dettes sur leurs biens… comme n’importe quel entrepreneur dont la banque prend des garanties sur ses biens personnels.

    Les manipulations comptables viennent toutes du fait que nos spéculateurs banquiers sont trop attachés à faire décompter les « gains » spéculatifs pour montrer qu’ils sont puissants et riches, alors que ces gains sont hypothétiques et peuvent être annulés d’une minute à l’autre.

    Quand je vais à la banque avec mon bilan pour emprunter, ils enlèvent d’abord tout ce qui n’est pas vendable immédiatement ou qui n’est pas déjà vendu… les contrat à venir, ils s’y assoient dessus. Mais eux voudraient que soient pris en compte les « gains » à la bourse comme s’ils vendaient aujourd’hui ! C’est bien là le cœur de « l’économie virtuelle ».

  30. Avatar de Champignac
    Champignac

    Questions:

    1. Est-ce que, quelque part, cette modification (falsification) des normes comptables, US pour l’instant, mais les autres devront suivre, ne seraient pas, au moins temporairement, une bonne nouvelle pour les gouvernements?

    Parce que, jusqu’il y a peu, la totalité des « solutions » envisagées, ou mises en œuvre, pour soulager les banques de leurs actifs toxiques, consistaient en formules plus ou moins alambiquées pour les leur faire racheter. Essentiellement sous forme de recapitalisations, financées par l’emprunt.

    Le « regonflage artificiel » des bilans devrait soulager cette pression, non? C’est peut-être, d’ailleurs, la résistance grandissante à ces solutions, au moins du coté Européen, qui a forcé la décision de la FASB coté US?

    2. Que deviennent, dans ce scénario, les actifs toxiques qui ont servi de monnaie d’échange banques banques centrales dans les injections considérables de liquidités faites par celles-ci depuis 6 mois? Si je ne me trompe, les banques centrales ont accepté, en collatéraux de leurs liquidités, des actifs de plus en plus mauvaise qualité. Qui se trouvent maintenant dans leurs bilans (dans quelle proportion?). Les banques centrales appliquent-elles les mêmes normes pour fixer la valeur de leurs propres actifs? Et, si non, qui va les évaluer quand ceux des banques vont « reprendre de la valeur »?

    3. Est-ce qu’on ne voit pas se mettre en place un nouveau, et très conséquent, marché spéculatif, en tout cas aux Etats-Unis? Les actifs toxiques, de fruits pourris que chacun se relance pour ne pas être contaminé, risquent de se transformer en « actifs désirables », que beaucoup voudront acheter (ou s’échanger), et les banques en premier. Ne serait-ce que par la nouvelle possibilité d’en fixer la valeur de manière complètement arbitraire. Outre le fait que les paramètres de fixation de cette valeur seront devenus encore plus opaques qu’avant?

    Dans ce cadre, les prêts prévus par le plan Geithner risquent de se transformer en véritable truandage, non? On imagine toutes les manipulations possibles d’actifs « dévalués », rachetés avec des prêts gouvernementaux, puis déclarés comme « perdus », et, ensuite, revendus à vil prix aux… mêmes banques (sous couvert des paradis fiscaux). Qui s’empresseraient de les « réévaluer » à la hausse?

    4. Mr Jorion, dans son dernier paragraphe, mentionne la possibilité, mais comme une « suggestion », d’additionner à la « cote-au-modèle », une « prime de risque de liquidité ». Ce qui reviendrait à défaire d’un coté ce que l’on vient de faire de l’autre. Mais, j’imagine, que, s’agissant d’une « suggestion », cette option à toutes les chances de rester lettre morte? Puisque cela amoindrirait, pour les banques, les toutes nouvelles possibilités de « réévaluation » que leur offre la modification de la nouvelle norme FASB?

    5. Quelqu’un pourrait-il préciser quels sont les « instruments de dettes » concernés? Tous? Evidemment, les CDO’s RMBS, etc… Mais, aussi, les obligations d’entreprises, par exemple? Et, si je comprends bien, il s’agit vraiment d’une modification « sur mesure »? Notamment parce qu’il n’est pas précisé un caractère temporaire précis. Et que ce sont les banques elles-même qui vont juger du caractère « illiquide », ou non, de leurs propres actifs?

    Donc, en fin de compte, la norme « markt to market » reste, pour le futur, la norme? La modification ne servant que le temps de « regonfler » les bilans, en espérant, on suppose, que les actifs réels sur lesquels reposent les actifs « pourris » suivent? Ce qui revient à dire que l’on s’oblige à recréer la bulle spéculative, notamment immobilière, sur laquelle ils reposaient?

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