L’actualité de la crise : CONNAISSEZ-VOUS LE SCHMILBLICK ? par François Leclerc

Billet invité

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Nous en étions restés au quartet attelé à la rédaction d’une motion de synthèse, afin de faire avancer le schmilblick. Avant de prendre connaissance de ses efforts, il n’est peut être pas inutile de rappeler à ce propos la définition (*) qu’en a donné Pierre Dac, son inventeur.

Mario Draghi, Jean-Claude Juncker, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso (dans le désordre) ne connaissent peut-être pas le schmilblick. Ce qui ne les a pas empêché de le rechercher sous la forme d’une audacieuse formule de compromis destinée au prochain sommet, en vue d’échanger des mesures de mutualisation de la dette avec un renforcement de l’union fiscale chère au gouvernement allemand. Car c’est ainsi que s’annoncent les enchères. Mais où placer le curseur ? Prudemment, la question est renvoyée à la fin de l’année.

Une nouvelle fuite a permis de prendre connaissance d’une proposition de durcissement du pacte fiscal, qui donne à « une instance au sein de la zone euro » non seulement un droit de regard mais également la possibilité d’exiger la correction du budget d’un État qui sortirait des ratios de déficit et d’endettement. Qu’est-ce que les auteurs de ce document espèrent obtenir en contrepartie ? Des eurobills de courte maturité ? Un fonds de financement de la dette excédant les 60 % du PIB ? La possibilité pour le MES de renflouer directement les banques ?

Les discussions s’annoncent difficiles, Angela Merkel ayant balayé comme étant « économiquement erronées et contre-productives » ces différentes options. Sans que l’on puisse à ce stade comprendre s’il s’agit d’une position définitive ou d’une posture de négociation. Les derniers préparatifs se poursuivront ce soir, avec les ministres des finances allemand, espagnol, français et italien, puis mercredi à la faveur d’une rencontre entre Angela Merkel et François Hollande, la veille du sommet.

« Quand je pense au sommet, ce qui m’inquiète est qu’il y aura toutes sortes d’idées de mutualisation de la garantie et trop peu d’idées pour plus de contrôle » des finances des États de la zone, a déclaré Angela Merkel. « Il doit y avoir un équilibre entre garantie mutuelle et contrôle » a-t-elle précisé. « Ce n’est pas un abandon de souveraineté, c’est un partage », a fait écho Jérôme Cahuzac, ministre français du budget, dans le louable effort de noyer le poisson.

Le débat se déplace sur un autre terrain que celui de la finance et de l’économie. En réclamant la réalisation préalable d’une « union politique » la chancelière cherche à créer le plus vite possible des faits accomplis afin de renforcer un pacte budgétaire sur lequel elle a du précédemment composer pour le faire adopter. Suscitant pour le moins des interrogations sur sa gestion démocratique future, en dépit de références au Parlement européen et de l’évocation de l’élection au suffrage universel d’un président européen par Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand. L’union politique vue par Angela Merkel se réduit singulièrement à un dispositif destiné à verrouiller sa politique budgétaire et à assurer une stratégie de désendettement qu’il n’est pas question de faire évoluer, sauf en échange de très solides garanties.

Présentée sous cet angle, cette politique est à haut risque, comme l’est la stratégie qu’elle prétend conforter. Comment en effet faire avaliser une telle vision de l’Europe étroitement associée à l’austérité budgétaire, aux réformes structurelles et à la recherche d’une nouvelle compétitivité reposant sur la diminution du coût du travail ? Nous avons déjà enregistré des avant-goûts inquiétants des réactions et des rejets qu’une telle perspective est susceptible de susciter. L’affirmation d’une stratégie alternative clairement dessinée n’en sera que plus importante.

Les pièces aux contours encore flous d’un jeu de construction sont sur la table et les instructions pour son assemblage sont encore illisibles.

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(*) « Le Schmilblick des frères Fauderche est, il convient de le souligner, rigoureusement intégral, c’est-à-dire qu’il peut à la fois servir de Schmilblick d’intérieur, grâce à la taille réduite de ses gorgomoches, et de Schmilblick de campagne grâce à sa mostoblase et à ses deux glotosifres qui lui permettent ainsi d’urnapouiller les istioplocks même par les plus basses températures. Haut les cœurs et chapeaux bas devant cette géniale invention qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le blé fécond du ciment victorieux qui ouvrira à deux battants la porte cochère d’un avenir meilleur dans le péristyle d’un monde nouveau… ». (Pierre Dac)

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