L’actualité de la crise : SILENCE, ON TOURNE EN ROND ! par François Leclerc

Billet invité

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Les événements se précipitent. On attendait la Grèce et l’Espagne la devance. Des marées humaines ont envahi hier soir les rues des villes espagnoles, devenues ces jours-ci le lieu permanent de mini-manifestations à l’occasion des pause-déjeuner ou de la sortie du travail. Aujourd’hui, au moment même où les ministres de l’Eurogroupe adoptaient le plan de renflouement des banques, le taux obligataire à 10 ans du pays frise les 7,20 % et la Bourse de Madrid plongeait de plus de 5 %. Au lieu de baisser comme prévu le taux de chômage officiel va atteindre 24,6 % fin 2012, a annoncé le gouvernement. Un plan de sauvetage en bonne et due forme va vite s’imposer, préconisé par la Bundesbank et des députés du Bundestag qui y voient l’occasion de faire une brillante démonstration en l’assortissant d’un round de plus de mesures de rigueur. L’histoire dira sans tarder laquelle.

L’Italie se prépare à être le domino suivant. Les principales valeurs financières chutent autour de 5 % à la Bourse de Milan, les banques italiennes étant gorgées de titres d’une dette qui se déprécie au fur et à mesure que le taux obligataire monte, arrimé à celui de l’Espagne. Le scénario espagnol se répète en raison de l’étroite imbrication qui s’est renforcée au cours de ces derniers mois entre la dette publique et privée. Sans bulle colossale immobilière, mais avec une dette publique qui ne l’est pas moins.

La CGIL, principale centrale syndicale, annonce une grève générale pour septembre, date d’entrée en vigueur d’une augmentation de 2 % de la TVA, parmi d’autres mesures d’austérité. Au fur et à mesure que le gouvernement de Mario Monti augmente les taxes et en crée de nouvelles afin de résister à la diminution des recettes fiscales de l’État, l’économie informelle se développe sous toutes ses formes pour éviter de les payer. La province de Sicile est au bord de la banqueroute et le maire de Palerme, Leoluca Orlando (porte-parole de l’Italie des Valeurs – gauche) prévient que « à cause du mélange explosif du désespoir de nombreuses familles et de la mainmise de la criminalité organisée, une guerre civile pourrait même éclater ».

La coalition gouvernementale grecque cherche fébrilement de son côté la dizaine de milliards d’euros d’économies qui lui manquent pour montrer patte blanche et recevoir dans les semaines à venir des fonds indispensables pour ne pas faire défaut. Serrant encore un peu plus la vis, la BCE vient d’annoncer qu’elle n’accepte plus les titres de la dette grecque en garantie.

Enfin, contredisant les explications à la crise européenne qui voient ses raisons dans la construction imparfaite de la zone euro, les finances publiques britanniques continuent de se détériorer, en dépit ou plutôt à cause du plan d’austérité mis en œuvre. Désormais un classique du genre, les revenus fiscaux reculent et les allocations sociales augmentent. Au lieu de diminuer, la dette publique croît irrésistiblement et, pour se défausser, David Cameron et George Osborne incriminent la crise de la zone euro.

Que font les autorités européennes ? Elles font silence.

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