Billet invité
The English version of this post can be found here.
Il n’y a pas que l’Espagne et l’Italie qui fassent problème, après le coup d’arrêt apporté aux décisions du dernier sommet, au vu du spectacle de grande confusion et nervosité auquel nous avons assisté, à propos d’un communiqué commun de l’Espagne, de l’Italie et de la France réclamant leur application immédiate, qui n’en était pas un. La Grèce illustre simultanément la déroute stratégique des autorités européennes et du FMI.
Ce sont la BCE et l’eurosystème qui détiennent désormais le gros paquet de la dette grecque, ce qui permet aux banques commerciales de considérer d’un oeil moins alarmé le compte à rebours qui y est lancé, il n’en est pas de même du côté des autorités européennes.
Le 20 août prochain, le gouvernement grec doit rembourser la BCE à hauteur de 3,2 milliards d’euros en raison de l’arrivée à échéance d’obligations et n’en a pas les moyens. La poursuite ou l’arrêt du secondplan de sauvetage va devoir être décidée, à cela correspondra la décision de débrancher ou non les soins palliatifs qui maintiennent le pays dans la zone euro. Sans maîtriser ce qui s’en suivra pour l’Espagne et l’Italie.
L’application des accords étant totalement sortie de ses rails, rien n’ayant été fait ces quatre derniers mois en raison de la crise politique et des élections, un nouveau fossé très profond est apparu, qu’il faut décider ou non de combler en même temps que sera ou non prise la décision de poursuivre les versements au titre du plan en engageant 31,5 milliards d’euros supplémentaires. Le gouvernement doit présenter à la Troïka toutes affaires cessantes un plan d’économies de 11,5 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, à propos duquel il est de ses propres dires « tombé d’accord dans ses grandes lignes », ce qui signifie qu’il ne sait pas comment pratiquement procéder. Dans le contexte de crise que traverse le pays, il n’est pas question d’adopter de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’application des précédentes a été suspendue, car il s’agirait d’augmenter à nouveau les taxes et de fortement diminuer le montant des retraites. Le fonds de privatisation, dont la mission est de trouver 19 milliards de recette d’ici 2015 est de son côté en panne, ayant enregistré le départ de son président et de son directeur général.
Si le FMI décidait comme il en est question de se retirer du dispositif et de cesser sa participation, il ne resterait plus comme perspective que de procéder à une nouvelle restructuration de la dette grecque, cette fois-ci au détriment de ses créanciers publics européens, ou à un assouplissement des conditions des prêts en terme de taux et de calendrier qui ferait boule de neige en Irlande et au Portugal. Une décision dont la discussion n’est même pas encore engagée, vu le contexte politique européen.
« Cette situation que nous vivons est une situation que nous devons, que nous allons maîtriser » a déclaré hier Pierre Moscovici, le ministre français de l’économie et des finances, appelant à la mise en œuvre « efficace et rapide » des décisions du dernier sommet, en reprenant les termes du communiqué commun qui n’a jamais existé. On ne saurait mieux exprimer un léger flottement…
179 réponses à “L’actualité de la crise : RENDEZ VOUS, VOUS ÊTES
CERNÉS ! par François Leclerc”