Billet invité
Au grand désespoir des jusqu’au-boutistes qui flairent le reniement dans un changement de cap et entendent le chant du coq dans un encouragement venu d’en haut, Paul Jorion a accepté d’exposer ses thèses, c’est-à-dire de les déployer et de les mettre en danger, dans un cadre institutionnel et devant un public mêlé. La pandémie de crétinisme savant qui affecte la pensée économique contemporaine lui a soufflé d’attaquer la question de sa diffusion aux deux extrémités de l’échelle sociale. Si la suffisance des accapareurs de l’espace médiatique est incurable, car elle s’est indurée avec le temps et automatisée, l’embarras de certains décideurs mérite d’être tisonné. Il peut en sortir autre chose que le feu follet d’un vague remords. Paul Jorion en a fait le pari. À l’autre extrémité, le travail de recervelage du simple citoyen, commencé sur le blog, sera poursuivi dans le respect de la disputatio chère aux scolastiques.
Il me paraît opportun, à quelques jours de la leçon inaugurale de la chaire Stewardship of Finance, d’évoquer les performances de l’instruction publique, un secteur sensible que les révolutionnaires du XVIIIe siècle avaient érigé en secteur prioritaire, car une bonne partie du mal vient de notre accoutumance au mal. S’habituer au mal est sans doute pire que de se laisser instruire par lui. Une école où sont promus des principes aussi originellement enthousiasmants et salutaires que la liberté, l’égalité et la fraternité, devrait nous garantir contre son rayonnement insidieux. Il n’en est rien. En bout de cursus, le bac pour tous est un leurre qui masque un délit d’initiés. Jusqu’au bac, en effet, il est demandé aux élèves d’être scolaires, de respecter les consignes et d’avaler une provende toujours plus calorique. La culture extrascolaire vient en appoint et nourrit déjà une forme diffuse de discrimination, mais un fils d’ouvrier[1] peut s’en tirer honorablement, nanti du seul bagage culturel scolaire. L’année du bac, tout change, ou plutôt le mode de sélection antidémocratique se démasque. L’élève scolaire – je n’écris pas bêtement scolaire, car il y a du mérite et du profit à apprendre par cœur – l’élève scolaire est pénalisé et l’élève cultivé, favorisé. C’est le bagage culturel extrascolaire et l’aptitude à jongler avec son contenu dans un cadre formel strict qui sont soudainement appréciés. L’attribution d’une mention en dépend. Or, l’obtention du bac, dans la perspective méritocratique, ne signifie rien en elle-même si aucune mention ne l’accompagne, car c’est la mention qui permet d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles. Autrement dit, l’apprentissage par cœur, pour l’élève issu d’un milieu populaire, est un rectificateur d’écarts culturels relativement efficace jusqu’à l’année du bac. Passé ce seuil, les chances qu’il a de se prévaloir d’une mention pour entamer un cursus postbac prestigieux s’amenuisent à vive allure. L’université sera le sépulcre des ambitions de ses parents, pour autant que ceux-ci aient les moyens de la lui payer ou, s’ils les ont, de l’y maintenir. Selon un rapport déposé par Yannick Bodin au Sénat en 2007[2], un enfant d’ouvrier a de nos jours sept fois moins de chances qu’un enfant de cadre supérieur ou d’enseignant d’accéder à l’université, contre vingt-huit fois dans les années 1970. La belle avancée quand on sait la valeur toute relative des diplômes que l’université délivre[3] !
L’échec de l’instruction républicaine à la française tient au fait que pendant que le pauvre se cultive un peu, le riche se cultive beaucoup, en sorte que l’écart entre les deux se déplace sur l’échelle qui mesure la somme des connaissances, mais ne se réduit pas. « L’expansion scolaire contemporaine, peut-on lire dans une étude de l’INSEE datée de 1997[4], ne s’accompagne pas d’une réduction notable de l’inégalité des chances[5] et cette inégalité est de plus en plus d’origine culturelle. La complexité du système scolaire semble privilégier les familles qui en ont une bonne connaissance. Aussi le niveau de diplôme des enfants est-il davantage lié, aujourd’hui qu’hier, à celui du père. » Une petite pensée émue pour la mère, dont le rôle de transmission et d’accompagnement est ici bizarrement escamoté.
Deux diagrammes éclairants (source : colloque Démocratie, classes préparatoires et grandes écoles, 2003) :
De la 6e aux classes préparatoires aux grandes écoles : évolution des origines sociales des élèves
Évolution de la répartition des élèves selon le diplôme du père
Quand Marx écrit, dans les statuts provisoires de la Première Internationale (Londres, 1864), que « l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre de la classe ouvrière elle-même », il suppose que la classe ouvrière disposera à brève ou moyenne échéance des outils intellectuels de son émancipation, l’action physique seule étant impuissante à briser toutes les chaînes. Un exemple des ravages de l’inculture nous est donné par les États-Unis, où l’idéologie néoconservatrice, idéologie savante, a su séduire et séduit encore, par le truchement du storytelling, une part importante de l’électorat populaire (et pas seulement le red neck ou le poor white trash), pourtant saigné à blanc par les choix économiques du parti républicain[6]. La solution ? Un accès véritablement égal à la culture au sein de l’école, d’une école républicaine s’entend, distincte de toute entreprise commerciale (refus de la financiarisation de l’éducation et de l’instruction), totalement publique (exit le privé), totalement laïque (exeunt les religions) et obligatoire. Un accès égal signifie qu’il ne faut pas se contenter de donner un coup de pouce aux moins favorisés ; il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance. Ce programme exigeant, que d’aucuns jugeront extrême et dirigiste, est le seul à relever de l’affirmative action sincère. La constitution interdit toute forme de discrimination, y compris sur le critère de la richesse, mais on pourrait considérer qu’en matière d’instruction, les écarts de richesse sont un facteur d’échec tellement déterminant qu’une exception doit être faite. Y renoncer et encourager à la place une concurrence déloyale entre élèves, c’est vider de leur substance les principes d’égalité et de fraternité sous les yeux même de leurs bénéficiaires théoriques. Le ministre socialiste Peillon s’abuse lourdement s’il pense que des cours de morale laïque redoreront le blason d’une République qui a fait la preuve de sa duplicité dans le choix de son modèle scolaire.
Une occasion a été manquée. Il s’en est fallu de peu. Tout commence au XVIIIe siècle, autour de 1760. La période prérévolutionnaire est particulièrement féconde en réflexions sur l’éducation et l’instruction. Entre 1760 et 1790, pas moins de 160 ouvrages sont consacrés à ces thèmes. Le premier à avoir quelque retentissement est celui de L.-R. Caradeuc de La Chalotais, procureur général du parlement de Bretagne : Plan d’études pour la jeunesse. Ce plan d’éducation nationale écrit en 1763, soit un an après la condamnation par le parlement de Paris de l’Émile de Rousseau et l’interdiction faite aux jésuites d’enseigner, exprime une conception restrictive de la jeunesse puisque la jeunesse populaire en est exclue. À la même époque, Louis XV lutte contre le quasi monopole de l’Église en matière d’éducation. Peine perdue. Les jésuites évincés, les oratoriens occupent la place. Il faut se représenter que la plupart des ténors de la Révolution sont passés entre les mains des prêtres. Un lent travail de sape est mené parallèlement par les Encyclopédistes, mais il faut attendre la Révolution pour voir toutes les mines sauter. La Révolution met tous ses espoirs dans l’avènement d’un homme nouveau qui ne soit plus un sujet mais un citoyen (Constitution de 1791). La reconnaissance ne doit plus rétribuer le rang et/ou la naissance, mais le mérite et le talent. La refondation de l’instruction publique sur des bases républicaines, si possible non confessionnelles (la laïcité est dans l’air mais pas encore dans le lexique), est vue comme la condition de la régénération de « l’esprit public » (= la société). Talleyrand met le doigt sur les enjeux : « L’éducation est l’art plus ou moins perfectionné de mettre les hommes en toute valeur tant pour eux que pour leurs semblables, de leur apprendre à jouir pleinement de leurs droits, à respecter et remplir facilement tous leurs devoirs ; les hommes sont déclarés libres, mais ne sait-on pas que l’instruction agrandit sans cesse la sphère de la liberté civile et que seule elle peut maintenir la liberté politique contre toutes les espèces de despotisme ? Les hommes sont reconnus égaux et pourtant, combien cette égalité des droits serait peu sentie, serait peu réelle au milieu de tant d’inégalités de fait, si l’instruction ne faisait pas sans cesse effort pour rétablir le niveau. » Talleyrand est l’une des six grandes figures de la Révolution à s’être penchées sérieusement sur les questions d’éducation. Il faut mentionner, à la suite du sien, les noms de Mirabeau, de Condorcet, de Lepeletier de Saint-Fargeau (Jean d’Ormesson ne se vante pas trop d’en être le descendant par sa mère), de Lakanal et de Lantenas. Avant de m’arrêter sur le projet Saint-Fargeau, dont la pédagogie Freinet est le surgeon moderne, je dirai quelques mots des autres.
Mirabeau se distingue par le tour conservateur qu’il donne à son projet. Il est hostile à la gratuité, au motif qu’elle incite à la paresse[7]. Talleyrand refuse l’obligation scolaire[8]. Condorcet refuse également l’obligation scolaire. La raison en est qu’il se méfie de la puissance publique et de l’autorité politique qui se manifeste à travers elle. L’instruction doit conserver, selon lui, le maximum d’indépendance vis-à-vis de l’État. La possibilité de scolariser ses enfants dans des instituts privés sera la garantie de cette indépendance. L’idée qu’on érige l’école en temple républicain lui répugne au dernier degré : « Ni la Constitution française, ni même la déclaration des droits ne seront présentées comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer et croire. » Athée, Condorcet ne veut pas que Dieu, chassé par la fenêtre, rentre par la porte, revêtu de la livrée radieuse de la Raison divinisée. Contrairement à Mirabeau, il est partisan de la gratuité totale, à tous les niveaux. Il assigne à l’école pour objectif de corriger les inégalités, pas de les abolir. Par bien des côtés, le système actuel réalise le projet de Condorcet, à ceci près que l’État y occupe une place que le philosophe eût jugée horriblement intrusive. De Lakanal, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’on a donné son nom à des établissements scolaires pour le dédommager du soin qu’il a mis à organiser les écoles normales. Lantenas, quant à lui, rêve une école gratuite et obligatoire jusqu’à 12 ans et en confie la supervision à un « ministère de l’instruction publique (il invente l’expression pour l’occasion) et de la morale ». Au-delà de 12 ans, des écoles payantes prennent le relais. Elles ouvrent en fonction de l’offre et de la demande. L’État n’intervient pas, sinon en aidant les meilleures recrues issues de familles défavorisées à en supporter le coût. L’Empire retourna le rêve de Lantenas. L’État délaissa le primaire et investit massivement dans le supérieur (lycées). Venons-en au projet de Saint-Fargeau, qui a, je l’avoue, ma préférence. Ce projet est, de loin, le plus ambitieux des six.
Lepeletier de Saint-Fargeau est un représentant illustre de la noblesse de robe. À la veille de la Révolution, il est président à mortier au parlement de Paris. C’est une des plus grosses fortunes de France (600000 livres par an). Le mot égalité n’effarouche pas ce franc-maçon qui épouse totalement la cause révolutionnaire, quitte à être considéré comme un renégat par ses pairs. Montagnard sous la Convention, c’est un des révolutionnaires les plus à gauche. Il se lie d’amitié avec Robespierre et Saint-Just. Le 21 juin 1790, il préside l’assemblée constituante. Le 30 mai 1791, en tant que rapporteur du comité de jurisprudence criminelle, il propose d’abolir la peine de mort. En décembre 1792, il rédige son projet d’instruction publique en réponse à celui de Condorcet. Il vote la mort de Louis XVI en janvier 1793. Il est assassiné peu après par un ancien garde du corps du roi. Son projet est exposé par Robespierre devant la Convention le 13 juillet 1793, le jour où Marat est poignardé. Fallait-il que Saint-Fargeau dérangeât pour qu’un meurtre par deux fois fît diversion, le sien puis celui de Marat. Je vous laisse découvrir sur Gallica le Plan d’éducation nationale de Michel Lepletier (sic). Je me bornerai à en extraire les éléments saillants. Comme Condorcet, Lepeletier est favorable à la gratuité. Il diverge d’avec lui en ce qu’il est partisan d’une « éducation vraiment nationale, vraiment républicaine, également et efficacement commune à tous ». Lepeletier ne s’arrête pas à envisager les choses sous l’angle de la seule éducation. Il raisonne en termes d’« économie politique ». Il veut « rapprocher l’immense distance des fortunes », « soulager celui qui a peu ». Le poids de « l’institution publique » (= l’éducation commune des enfants) doit en conséquence « port[er] principalement sur le riche ». Dans ce système, « la pauvreté est secourue dans ce qui lui manque » et « la richesse est dépouillée d’une portion de son superflu ; et [alors,] sans crise ni convulsion, ces deux maladies du corps politique s’atténuent insensiblement ». Pour que le pauvre ne perçoive pas cette prise en charge de son éducation par l’État comme une aumône, il lui sera demandé une contribution minime. Les parents qui soustrairaient leurs enfants à l’école commune seraient déchus de leurs droits de citoyens et doublement imposés.
L’éducation nationale selon Saint-Fargeau se mêle assez tôt de la vie du petit d’homme. Jusqu’à cinq ans, les mères sont encouragées financièrement à allaiter leurs enfants et reçoivent au besoin des instructions pour bien s’en occuper (beaucoup d’infanticides sont déguisés en négligences). De cinq à douze ans pour les garçons, de cinq à onze ans pour les filles, plus précoces, les enfants, toutes conditions confondues, sont mis en pension complète dans les maisons d’éducation du canton, sous la direction de plusieurs maîtres, à raison d’un maître pour 50 élèves. La charge du maître est diminuée par l’entraide des élèves, les plus âgés se faisant les tuteurs des plus jeunes. Aucun domestique dans ces maisons. Les élèves s’organisent entre eux pour assurer les corvées. Afin que le sens de la solidarité générationnelle s’inscrive en eux durablement, Saint-Fargeau suggère même – ce qui ne laisse pas de nous faire honte, à nous qui abandonnons nos parents dans des mouroirs dorés pour nous épargner le spectacle de la décrépitude – d’héberger les vieillards inactifs et les infirmes dans une annexe de la maison, à charge pour les enfants de les soigner, de les nourrir et de les réconforter (pas de mauvais esprit, s’il vous plaît). Les parents, séparés de leurs enfants pendant 6 à 7 ans, au nom de l’égalité des chances, sont tout de même présents dans l’établissement, comme observateurs de sa bonne marche. Pour chaque maison d’éducation, les pères de familles désignent 52 représentants. Chacun d’eux devra donner sept jours de l’année à l’institution, durant lesquels il veillera sur la santé des enfants, vérifiera la bonne tenue des lieux et contrôlera l’orientation de l’enseignement (cette police républicaine nous semble à nous insupportable, mais elle se justifiait alors, la qualification des maîtres étant aléatoire, en l’absence de formation spécifique, et leur loyauté suspecte). Une fois par mois, le conseil des 52 se réunit pour faire le point et signaler aux chefs de sections d’éventuels dysfonctionnements ou abus.
Saint-Fargeau imagine trois modes de financement de l’éducation nationale : une surtaxe, acquittée par chaque citoyen en fonction de ses revenus (il nous est indiqué ce que cela représenterait pour un petit revenu, pour un revenu de 1000 livres et pour une rente de 100000 livres) ; l’essentiel du produit du travail des enfants (eh oui, les travaux manuels sont à l’honneur) ; les revenus personnels des enfants (l’argent de poche des riches).
Le programme des activités se divise entre étude (lire, écrire, compter, notions de mesurage et d’arpentage à destination d’une population essentiellement rurale, chants civiques à apprendre par cœur, récit des traits les plus frappants de l’histoire des peuples libres et de la Révolution, notions de la Constitution, rudiments de morale universelle, d’économie rurale et domestique), travail des mains (pour les garçons, ramasser, répandre des matériaux sur les routes, travailler dans les ateliers des manufactures proches ou à des ouvrages dans les maisons d’éducation, travailler la terre ; pour les filles – époque oblige –, filer, coudre, blanchir, travailler dans les ateliers ou dans les maisons d’éducation) et exercices gymnastiques durant les jours et les moments de délassement (apprentissage du maniement des armes pour les garçons, la faute à Sparte). Saint-Fargeau, qui a en horreur la « religion d’habitude », l’évacue de l’enseignement. L’enfant doit pouvoir choisir sa religion en son âme et conscience, lesquelles ne seront à peu près formées qu’au sortir de l’institution publique[9]. Comme la pratique religieuse est encore bien vivante dans les campagnes, il conviendra, dans un premier temps, de laisser les enfants aller assister avec leurs parents aux offices du culte auquel on les aura voués. Saint-Fargeau n’est pas un adepte de la marche forcée. Le détail des enseignements et le volet pédagogique sont volontairement laissés de côté, car il revient à la nation de les déduire des circonstances et de ses besoins. Les citoyens sont d’ailleurs invités à concourir sur ces sujets. Un prix annuel sera décerné à « quiconque aura conçu une pensée utile sur l’éducation et ajouté un bon article au code de l’enfance ». L’importance accordée aux travaux manuels rémunérés (les 9/10 du produit sont affectés aux dépenses communes, le 1/10 restant est remis à l’enfant) ne vise pas tant à constituer une main d’œuvre qualifiée, endurante à la tâche, qu’à façonner des hommes complets. Ces travaux n’ont rien de pénible et sont supervisés par les pères de famille.
Les maisons d’éducation s’établiront dans les bâtiments publics, dans les édifices religieux, dans les habitations des émigrés ou dans les châteaux (moyennant une indemnité d’occupation).
Lepeletier n’oublie pas celles et ceux chez qui le maître décèlerait des dispositions particulières pour les « arts agréables » et les « études qui tiennent à l’esprit ». Il estime leur nombre à un sur cinquante. Ceux-là pourront passer par les filtres successifs (également gratuits) de l’école (4 ans), de l’institut (5 ans) et du lycée (4 ans). Il prévoit, d’un degré à l’autre, un écrémage de 50 %.
Le cadre de l’institution publique est rigoureux, spartiate même, mais Saint-Fargeau n’impose aucun contenu éducatif précis, en dehors de la tripartition susmentionnée des activités et de l’énumération des savoirs élémentaires, ni aucune méthode d’enseignement. Son système fait écho aux débats autour de la nature humaine qui ont animé le siècle des Lumières. La rigidité du cadre dit qu’il se méfie de l’homme ; son ouverture programmatique dit qu’il en attend tout.
En 1758, dans le 4e discours de son De l’esprit, Helvétius posait que « l’art de former les hommes en tout pays est si étroitement lié à la forme du gouvernement qu’il n’est peut-être pas possible de faire aucun changement considérable dans l’éducation publique sans en faire dans la constitution même des états ». La mère des réformes de l’éducation nationale attend toujours dans les cartons, car son application bouleverserait complètement les règles du jeu social. Par chance, elle a été élaborée par un homme qui savait ce qu’est un avantage culturel, sur quoi cela repose et par quel moyen on peut l’annuler. Cet homme était, au surplus, un éminent juriste. Ses habitudes de pensée ont accouché d’un plan clair, ordonné et budgété. Rendons grâces à Robespierre d’avoir sauvé de l’oubli Lepeletier de Saint-Fargeau. En dépit de ses rigueurs d’un autre âge, son système modulable – et partant facilement amendable – montre la voie à suivre, me semble-t-il, aux citoyens et aux citoyennes que l’avenir de l’école préoccupe. L’oubli est la première Bastille à enlever.
[1] On les voudrait déjà éteints, sans doute parce que se perpétue à travers eux la mémoire des luttes sociales des deux siècles derniers, mais il y a encore 6 millions d’ouvriers en France, soit 23 % des actifs. Les rapports sur l’état de la société française mentionnent leur existence, tout en les rattachant à la catégorie « milieux populaires ».
[2] Lien : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44118.html.
[3] Tellement relative que les enseignants orientent préférablement leur progéniture vers les classes préparatoires.
[4] D. Goux & É. Maurin, « Démocratisation de l’école et persistance des inégalités », Économie et statistique, n° 307.
[5] Inégalité des chances que Bourdieu et Passeron appellent plus justement « inégalité des dons ». Voir Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Les Éditions de Minuit, « Le Sens commun », 1964.
[6] Voir T. Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Marseille, Agone, « Contre-feux », 2008. Titre original : What’s the matter with Kansas ?
[7] Il y a beaucoup de cela dans le système américain : plus ses parents paient, plus l’enfant est tenu de réussir. Cela donne le suicide de Neil Perry dans le film de Peter Weir, Le Cercle des poètes disparus (1989).
[8] L’abbé Grégoire s’en faisait un monstre parce qu’il craignait qu’elle ne conduisît à enrégimenter les enfants. Cette crainte était alimentée par la prégnance du référent martial spartiate. Un siècle plus tard, dans les années 1880, quand Jules Ferry mit sur pied l’école laïque obligatoire, il se trouva des parents pour pousser les hauts cris : on leur « volait » leurs enfants. Le prix de la revanche ?
[9] C’est au nom de ce principe du libre choix de l’enfant qu’un tribunal allemand a récemment assimilé la circoncision à une blessure corporelle, ce qui revenait à l’interdire. Il s’est attiré les foudres des intégristes de toute confession, toujours prompts, quand leur magistère est contesté, à bafouer le droit international, en l’occurrence l’article 19 de la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
320 réponses à “CITOYENS ET CITOYENNES, À L’ÉCOLE !, par Bertrand Rouziès-Léonardi”
Excellentissime ; de quoi lire jusqu »au bout de la nuit ; et de revisiter ses fondamentaux . Mille mercis .
[…] Blog de Paul Jorion » CITOYENS ET CITOYENNES, À L’ÉCOLE !, par Bertrand Rouziès-Léonardi. […]
Et bien sûr Pierre Bourdieu et le capital symbolique.http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bourdieu,
ça mange pas de pain.
« le travail de recervelage du simple citoyen, commencé sur le blog »
…
Juste pour savoir, avez-vous conscience du caractère hautement méprisant et insultant de cette formule ? J’éviterai de développer ce que cela m’inspire uniquement pour que ce commentaire ait une chance de passer la modération.
@Cadavre exquis
Le problème est subjectivement de constater ses propres limites, sachant qu’on n’a pas la référence interne, de ce qui nous manque. Le citoyen y compris. Sous l’angle objectif, on constate que la population est manipulable, ce que l’on peut caractériser comme on voudra, et il est exact de penser qu’en l’immunisant grâce des des arguments ad hoc, elle le sera moins. Appeler ça « recervelage » ou autrement, après tout, peu importe.
A la place de « recervelage », je propose, mais c’est un peu long, « décrétinisation ».
Zut, le mot est vraiment vilain!
– Recervelez-moi et pas trop vite …
– Ca y est …
– Décrétinisez-moi, maintenant tout de suite.
– …
Bonjour exquis cadavre. Avant de vous fâcher pour de bon sur le décervelage du citoyen et son « re-cervelage » requis au vu de l’état des lieux, vous auriez peut-être avantage à lire l’ouvrage du dénommé Christopher Lasch (1932-1994) « la culture du narcissisme » (collection « Champs » chez Flammarion – oct.2006), dans sa globalité et/ou plus particulièrement son chapitre 6 (p166) sur la décadence voulue et méthodiquement organisée du système éducatif . Très instructive pour le coup, cette lecture permet de ne voir aucun mépris dans l’expression employée par BRL ; enfin il me semble.
Et aussi lire, dans la foulée, chez le même éditeur (il n’ y a pas de hasard) l’Enseignement de l’ignorance de Michéa, sans même parler de l’abrutissement généralisé initié dans ce qui est encore nommé culture, notament par l’influence du divertissement états-unien
@Lisztfr, @camomille: Le mépris n’est pas dans le fait de constater que le citoyen est lobotomisé, il est dans le fait de se croire exempt de celle-ci. Porteur de la Vérité qu’on va divulguer aux gueux, quoi. Je ne pense pas que BRL ait eu cela en tête, mais l’expression peut prêter à confusion. Par contre, vos commentaires (surtout celui de Lisztfr) me font penser que, vous, peut-être, vous vous croyez vraiment au-dessus de la masse des ignares.
+1
à Moi,
Vous affirmez donc qu’il n’est pas possible à un individu ou à un groupe d’être critique et d’en tirer gloire.
Il me semble aussi qu’une personne qui pense connaître le non-faux et comprendre les divers chemins du mensonge organisé devrait se taire.
Ainsi Marx, Debord ou même des critiques plus mesurés comme Michéa ou Jorion devraient se taire pour ne pas « se croire au-dessus de la masse des gens ».
@Marlowe: « Vous affirmez donc qu’il n’est pas possible à un individu ou à un groupe d’être critique et d’en tirer gloire. »
Tirer gloire d’être critique? En voilà une drôle de chose. Je conçois à la limite, c’est-à-dire si c’est fait sans exagération, que l’on tire gloire de faire quelque chose. Mais tirer gloire d’être critique… Cela me semble même bizarre…
« une personne qui pense connaître le non-faux »
Vous dites « qui pense connaître » mais au vu de ce que vous dites, je crois que vous pensez « qui connaît ». Car s’ils « pensent juste connaître », pourquoi en tireraient-ils gloire?
« devraient se taire pour ne pas « se croire au-dessus de la masse des gens » »
Houla, donc pour vous il n’est pas possible de parler (et à fortiori être critique) sans se croire au-dessus de la masse des gens? Autant le savoir… Est-ce ainsi que pensait aussi Debord? En ce qui concerne Michéa ou Jorion, je doute fort qu’ils acquiescent à ce genre de sentence.
à Moi,
J’admire votre talent pour inverser les propos que vous « pensez » critiquer.
A moins que ce ne soit pas du talent.
C’est en effet un des biais de l’empathie, (et sans doute un auquel la culture française prête son appui) que de se faire sinon une gloire, du moins une figure dans les relations, en critiquant tout ce qui se présente. C’est une chose délicate et qu’il faut sublimer. Une partie de ce qu’on peut en tirer ne doit pas être tué, celle liée à la capacité d’imaginer les choses autrement. Le reste se joue souvent dans les actes, la sagesse populaire n’ayant pas forgé l’adage « la main sur le coeur » pour des prunes.
C’est vrai, on aurait pu dire simplement de redisponibilisation du cerveau, dont la disponibilité avait été mise en coupe réglée
@Cadavre exquis
Pardonnez-moi si je vous ai froissé. Sous ma plume, le recervelage n’est jamais que l’opération inverse du décervelage. C’est un néologisme sans connotation négative (il sonne comme tel à mon oreille) et qui n’a pas été ressenti comme une injure par d’autres lecteurs et lectrices. Ce que Paul, les contributeurs occasionnels ou réguliers et les débatteurs, dont vous-même, accomplissent sur ce blog fait l’effet sur moi d’un recervelage. Je ne crois pas être le seul à éprouver comme une démangeaison dans la caboche et dans les doigts à chaque visite. La pensée n’y manque pas d’air et elle souffle parfois en tempête. J’y laisse moi-même quelques cheveux et c’est tant mieux. Ce sont des cheveux blancs.
Vous ne m’avez pas froissé. Penser qu’il n’y a pas de dimension péjorative à être considéré comme un décérébrè demande tout de même un gros effort d’abstraction. Mais cela n’a apparemment pas choqué grand monde, vous devez donc avoir raison.
Une dimension péjorative au décervelage ?
Ah, moi je dis : la bêtise, ça connote… 🙂
« À l’autre extrémité, le travail de recervelage du simple citoyen, commencé sur le blog, sera poursuivi dans le respect de la disputatio chère aux scolastiques. »
A la différence de Cadavre exquis, ce qui me fait réagir (et plus exactement franchement sourire) dans cette phrase, ce n’est pas le terme de « recervelage », mais bien plus l’abîme qui sépare le « simple citoyen » de la « disputatio chère aux scolastiques ».
Tout transpire ici la ségrégation culturelle (pourtant justement dénoncée par l’auteur qui en profite pour mettre ses godillots dans les pas de Bourdieu) de celui-qui sait par rapport à ceux, très (trop ?) nombreux, qui ne savent pas et ne sauront d’ailleurs jamais.
Bref, tout cela respire et annonce l’entre soi dès le début de l’article !
Certes, ce blog fait oeuvre utile de simplification et d’explication, non seulement de la part des auteurs de billets, mais aussi de nombreux internautes qui maîtrisent les éléments de la culture économique et financière à l’adresse des moins savants (au nombre desquels je me compte) …. Mais de là à laisser penser que ce site s’adresse au « simple citoyen », il y a quand même une marge !
A quand un petit graphique sur le sexe, l’âge, le niveau socio-euducatif et le nombre d’abonnés au « Diplo » des commentateurs les plus assidus de ce site ;- ) ???
Bonne question. J’ai laissé le Diplo il y a xxx années, mais en effet, c’est un marqueur de ségrégation culturelle.
Pour moi, cette ségrégation deviendra supportable, voire détournée et oubliable, dans des pratiques d’échanges qui nous reviendrons. A condition que les pont-levis qu’on voit de toutes parts ne soient par relevés pour y faire obstacle il est vrai. Pallier une énergie rare par des pratiques d’échanges, par exemple, peut être empêché par un système qui dispense l’énergie suivant une quelconque « loi d’offre et de demande ».
stupéfiant!!!!!! Oo
bravo!!!!!! j’applaudis le travail énorme !!!!!
BRL, en fonction des bacs concourus, vous auriez les parts? Voire sur plus qu’une année?
Et enseignants comme origine sociale?
« Selon un rapport déposé par Yannick Bodin au Sénat en 2007[2], un enfant d’ouvrier a de nos jours sept fois moins de chances qu’un enfant de cadre supérieur ou d’enseignant d’accéder à l’université, contre vingt-huit fois dans les années 1970. »
Le rapport que vous citez parle d’enseignement supérieur, pas d’université (d’ailleurs l’adresse [2] ne marche pas) : « La belle avancée quand on sait la valeur toute relative des diplômes que l’université délivre[3] » n’était pas leur propos a priori.
Le rapport en question :
DIVERSITÉ SOCIALE DANS LES CLASSES PRÉPARATOIRES AUX GRANDES ÉCOLES : METTRE FIN À UNE FORME DE « DÉLIT D’INITIÉ »
La suite de l’extrait cité :
« – toutefois, la probabilité, pour un enfant d’enseignant ou de cadre supérieur, d’entrer dans une grande école est encore de 20 points supérieure à celle d’un enfant d’ouvrier, et de 15 points supérieure à celle d’un jeune issu de milieu intermédiaire ; une étude relève une interruption de la démocratisation de l’accès aux grandes écoles à partir des années 1980, alors qu’en parallèle l’université continuait à se démocratiser ;
– selon une étude de 1995 ciblée sur quatre grandes écoles prestigieuses, 29 % des élèves étaient d’origine populaire au début des années 1950, 9 % quarante ans plus tard ; toutefois, rapporté aux évolutions de la structure sociale de la France, ce constat dissimule une stabilité, voire une très légère ouverture sociale. »
« [3]Tellement relative que les enseignants orientent préférablement leur progéniture vers les classes préparatoires. » Les parents qui s’y intéressent orientent préférablement vers les écoles accessibles qu’ils pensent être les meilleures, non?
Bonjour,
des disparités entre les classes sociales sont évidentes.
Une autre « disparité absolument évidente pour les ruraux est celle de l’origine géographique. Pour étudier longtemps et fort, il faut pas que papa et maman habitent à la campagne… sauf si ils sont riches.
salutations
?
Sans parler de ceux qui habitent la jungle d’un autre continent.
Ah!… Les stats de l’E.N. …
Un jour, vers la fin juin, j’ai croisé le proviseur du Lycée d’une ville symbole de Seine-Saint-Denis.
« Tu comprends, il m’a expliqué, j’ai du aller jusqu’au ministère, mais j’y suis arrivé. J’ai fait remonter d’un point toutes les notes de mes lycéens. Les correcteurs du bac étaient parisiens et ils les ont notés comme si c’était des élèves de Paris…. »
Plus tard j’ai eu l’occasion de croiser ceux qui faisaient les stats. Ils ont d’abord le chiffre puis leur font coller la réalité.
Pas étonnant que l’E.N. toute entière refuse les dispositifs d’évaluation des savoirs acquis.
J’ai vu ajouter une matière pour rehausser les résultats (et quelle matière : code de la route…pour un établissement dans un village sans routes en pleine jungle!). La hiérarchie sembla satisfaite…
Pour l’évaluation des acquis, c’est en place depuis un bout de temps. Pas facile de toujours bien faire entrer les élèves dans les cases de PISA.
Il n’y a pas que pour le bac. On a voulu me forcer en mon temps à relever les notes attribuées à des étudiants de deuxième année de Deug après que le « patron » m’ait expliqué qu’il fallait que la moyenne du groupe soit de 12 alors que celle que j’avais obtenue était de 8. Je n’étais pas content et je lui ai dit de le faire lui même car sinon j’ajouterais un nombre de points aléatoires à des étudiants tirés au sort jusqu’à atteindre la moyenne tant attendue.
Quand je pense qu’en ce temps là seulement un tiers des étudiants qui s’inscrivaient en première année de Deug parvenaient à la licence.
Ben oui, les U.F.R. reçoivent leurs crédits en fonction du nombre d’étudiants inscrits*un coef. : mi 90 en philo, ils ne savaient plus quoi inventer pour attirer et faire passer, et en maths, ils ne savaient plus quoi inventer pour utiliser les crédits. Jamais contents quoi.
Mille excuses, »au sud de nulle part »,mais « après que » commande l’indicatif,et non le subjonctif.
En revanche,bien sûr, »avant que » commande le subjonctif.L’usage de ce dernier,dans le cas où
il n’est pas justifié,est cependant
très fréquent(comme on peut le constater par exemple dans les media oraux).,En conséquence,l’erreur grammaticale est perçue comme bénigne,voire inexistante.Mais c’est là
oublier les exigences logiques de notre belle langue,qu’il est bon de faire partager:ici la conception-même du temps….
Guy, ne vous excusez pas, toute leçon humblement administrée est toujours bonne à recevoir et je l’espère retenue. Merci.
Il y a eu, en France, des tentatives pour donner aux classes populaires une chance pour progresser socialement. On avait mis sur pied, comme conséquence politique du mai 68, la fameuse fac de Vincennes (Paris 8), centre expérimental universitaire, qui proposait une dualité intéressante: on acceptait les nonbacheliers sous certaines conditions. Mais la France reste invariablement un pays où l’on distingue entre deux types de formations: la fac et les grandes écoles. Ce schéma est devenu anachronique, à mon avis, un frein aussi pour le développement économique du pays.
Mais la France ne fait pas exception. En Allemagne regne une grande injustice en ce qui concerne l’accès aux études supérieures, il y a relativemement peu d’enfants d’ouvrier parmi les étudiants. On dirait que l’on « hérite » sa place dans la société. On essaye maintenant de faciliter l’accès aux études sup. en tenant compte des acquis professionnels. Mais ce projet avance difficilement.
Et partout ailleurs, comme aux USA, il faut pouvoir compter sur des parents aisés ou trouver un sponsor pour tenir financièrement le coup pendant les études.
L’étude PISA 2006 montre que la ségrégation entre filières et le recours au redoublement augmentent l’inégalité scolaire et l’étude STAR aux US pointe les grandes classes par rapport aux petites classes (13 à 17 élèves) comme facteur important d’inégalité.
La France, comme beaucoup d’autres pays, n’utilise aucune de ces solutions qui marchent.
La longue tradition de révolutionnaires non pédagogues, inspirés d’idées politiques et sociales généreuses sans aucun fondement scientifique, fait de l’enseignement français un enseignement qui renforce encore et toujours les inégalités sociales.
Des suggestions fondées sur des convictions idéologiques et sans aucun fondement pédagogique scientifique comme :
« Un accès véritablement égal à la culture au sein de l’école, d’une école républicaine s’entend, distincte de toute entreprise commerciale (refus de la financiarisation de l’éducation et de l’instruction), totalement publique (exit le privé), totalement laïque (exeunt les religions) et obligatoire»
Ou
« il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance »
ont toutes les chances de n’avoir pas plus d’effet sur la persistance du renforcement des inégalités à l’école que toutes les autres idées politico-sociales citées dans ce billet.
Votre commentaire, Agequodagix m’a rappelé une phrase entendue il y a longtemps de la bouche d’un Africain lettré. Il disait que l’éducation rendait meilleurs ceux qui étaient bons et pires ceux qui étaient mauvais; à part cela elle ne servait pas à grand chose. Cette phrase m’avait choqué il y a vingt ou trente ans. Aujourd’hui je sais qu’il avait dit vrai même si j’ai espéré et espère parfois encore qu’il n’ait pas tout dit, que l’éducation a eu, à quelqu’époque, pour quelques gens, pour quelque temps une autre utilité. J’ai l’impression que je suis devenu aussi cynique, ou lucide que cet Africain. Si mon fils de 23 ans, si ses amis du même âge, si les jeunes de son cercle, tous sortis d’un BEP ou d’ CAP avaient du travail j’attacherais moins d’importance, je crois, aux propos désabusés du vieux sage, mais voilà, les jeunes gens qui me fréquentent n’ont d’une année sur l’autre aucun travail sérieux ni fixe. Je revois leurs faces hilares lorsqu’ils ont vu leur nom apparaitre sur l’écran de leur ordi ou du mien après la publication des résultats. L’espace d’une soirée ils étaient fiers et heureux. Ils étaient donc meilleurs, l’espace d’une soirée. Et le lendemain tout était à refaire. Un peu plus même puisqu’ils avaient perdu une illusion et une parcelle de foi dans leur société et dans l’enseignement de leurs maîtres. Mayotte c’est sans doute comme la Seine St Denis, à la violence près mais Mayotte va rattraper le temps perdu. Alors l’éducation, franchement…
Le but de notre enseignement occidental n’est manifestement pas de faire des hommes bons, mais des hommes performants économiquement. Et chacun veut pouvoir acquérir le meilleur certificat de conformité intellectuelle, quelle que soit son origine sociale et culturelle, pour être compétitif dans nos sociétés basées sur la concurrence et l’argent, du moins s’il y a des places à prendre.
Si la civilisation ou l’éducation faisait des hommes bons, il y aurait longtemps qu’il n’y aurait plus d’enfants qui meurent de faim alors que d’autres deviennent obèses, que les nations les plus civilisées de leur époque, produisant les meilleurs scientifiques, philosophes, écrivains, entreprises, ne règleraient plus leurs problèmes au moyen de guerres épouvantables ou de « solutions finales » aux problèmes perçus comme tels à chaque époque, que ce soit le problème juif, prolétaire, paysan, culturel, communiste, palestinien, terroriste, pétrolier…
« le recours au redoublement augmentent l’inégalité scolaire »
oui, si on fait passer, çà réduit l’inégalité, c’est scientifique…on devrait faire la même chose pour les permis d’ailleurs.
Le redoublement qui fait perdre à un élève une année comme si elle n’avait pas eu lieu concerne principalement les élèves de milieux défavorisés et donc accentue les inégalités sociales.
Si nous laissons une chance à cet élève de continuer sur ses acquis, au lieu de lui faire perdre un an, il aura plus de chance de progresser et d’atteindre un niveau scolaire meilleur, et donc de réduire son « handicap social de départ ». Statistiquement, cela fonctionne bien.
Un système calibré sur la capacité de réussir des milieux culturellement favorisés, qui impose le redoublement à ceux qui n’ont pas le calibre requis, les exclut presque automatiquement de la course au savoir ou, plus prosaïquement, au diplôme.
L’idéal serait que chaque enfant puisse recevoir l’enseignement qui lui permette de développer au mieux toutes ses capacités, quelle que soit son origine sociale. Nous en sommes loin !
Redoubler efface les acquis, passer les assoit? Par quelle magie cette différence?
C’est justement parce que l’élève est jugé avoir décroché, que le redoublement est prononcé (et les parents peuvent faire appel). On peut discuter sur les critères du jugement, mais de là à sauter au passage automatique…
L’effet du redoublement est variable selon l’année : 80% des redoublants de terminale obtiennent le bac, statistiquement çà marche (je préférais l’argument de la pédagogie scientifique, c’était plus vernis).
C’est l’enseignement, les marges pédagogiques, la mise en perspective dans un cursus, et les inégalités extra-scolaires qui doivent être mis en question, à la rigueur les phénomènes de « culture de classe » (à la rigueur car le choix des mathématiques comme the critère n’a rien changé, au contraire), pas le redoublement, qui n’est qu’une conséquence.
D’ailleurs les inégalités se réduisent dans les pays qui ont installé le passage automatique? En angleterre par ex.
Le redoublement est surtout une source de dépense mal vue en ces temps de contrainte budgétaire.
Au passage, vous êtes pour un enseignement adapté aux capacités (« L’idéal serait »), mais pour un passage automatique?
L’étude PISA 2006 montre que le recours au redoublement augmente l’inégalité scolaire. Avec la ségrégation entre filières et les grandes classes, c’est l’un des facteurs d’inégalités cités par des études pédagogiques. Et rares sont les pays, et les blogueurs, qui en tiennent compte. La plupart préfère invoquer des idéologies politico-sociales inefficaces plutôt que d’appliquer les solutions qui marchent.
Euh…oui…c’est ce que vous dites déjà au dessus (15 septembre 2012 à 20:53)
Pour l’efficacité des petites classes, je n’ai pas relevé : pas besoin de « l’étude STAR aux US » pour le savoir.
So, les inégalités se réduisent dans les pays qui ont installé le passage automatique? En angleterre par ex.
Si l’on veut progresser dans la réduction des inégalités, il est sans doute important d’insister sur le fait qu’il vaut mieux commencer par appliquer ce qui fonctionne d’après de récentes études pédagogiques, avant de remettre en question l’enseignement, les marges pédagogiques, la mise en perspective dans un cursus, les phénomènes de culture de classe, ou de considérer que le redoublement n’est qu’une conséquence alors que des études pédagogiques plus approfondies ont conclu que le redoublement était une cause d’inégalité.
PISA approfondie?! Faut pas pousser quand même.
Vous devriez en dire plus sur la définition de la causalité en statistique…histoire qu’on commence à vérifier si les bons bœufs sont bien devant la bonne charrue.
Voici les références. http://www.skolo.org/spip.php?article1446&lang=fr#nb11 Ces études pédagogiques sur base des chiffres de PISA, de Ghesquière F., Defining school inequalities matters, semblent plus approfondies que les idées politico-sociales exposées sur ce blog.
Mais c’est un vrai catéchisme dites donc. Merci néanmoins pour les références.
Bon, je m’y colle puisque vous esquivez : est considéré comme causalité en statistique un facteur dont les variations sont corrélées aux variations de la probabilité d’apparition d’un événement. Ou à peu près.
Bref corrélation n’est pas causalité (sauf en mauvaises interprétations de stat., comme a priori sous le graph que vous mettez en lien (joli l’angleterre d’ailleurs)…déjà que l’inégalité scolaire mise en bouteille par PISA, c’est tout un poème…).
« plus approfondies »… L’être humain avec la pincette des chiffres, çà facilite la vie! (et les budgets ministériels!)
Pour ceux qui se soucient de réduire les inégalités à l’école plus que d’épistémologie ou d’idéologie, il semblerait, d’après des études pédagogiques existantes, que l’absence de redoublement et un enseignement général dispensé aussi longtemps que possible dans de petites classes, soit un facteur de réduction des inégalités sociales à l’école.
« Pour ceux qui se soucient de réduire les inégalités à l’école plus que d’épistémologie ou d’idéologie »
Ah parce que vous citez des stats sans savoir comment c’est fait?!? Et aucune idéologie (ni aucun opportunisme budgétaire dans le chœur qui les reprend!) derrière celles ci peut être…?
Je passe le sous-entendu comme quoi je m’en désintéresserais (moi et d’autres j’imagine) au nom de je ne sais quelle idéologie : c’est bien gentil de se soucier des inégalités scolaires, mais il faudrait peut être connaître les outils utilisés pour les déterminer, non?
Juste un ex imaginaire : la taille des classes, c’est sympa, mais combien d’enseignants par classe? Classe au niveau homogène ou hétérogène? çà compte pas?
J’ai l’impression que comme pour la causalité en statistique, vous ne sauriez pas définir en quoi consiste ces inégalités scolaires mesurées par PISA, je me trompe?
Plus généralement, dans quelle mesure peut on comparer des systèmes éducatifs différents, ou pourquoi l’étalon PISA serait il le plus pertinent voire serait pertinent tout court?
On devrait faire passer le bac à l’ensemble des pays PISA pour voir ce que çà donne…
Et même en admettant cet étalon, le graphique simplissime que vous citez montre quoi? L’angleterre et l’islande ont un recours similaire au redoublement, mais une inégalité scolaire très différente, pire pour france/norvège…
Je cite in extenso la pseudo-analyse qui l’accompagne, çà vaut le coup :
« Le graphique 2 relie cette même inégalité à l’usage du redoublement par l’école. On y discerne une autre tendance : l’inégalité scolaire est liée à la pratique du redoublement. »
Il relie, on y discerne, donc c’est lié (on a une jolie dispersion, mais avec un peu de maths, on peut corriger. Au doigt mouillé çà marche aussi : « La dispersion des pays autour d’une diagonale » comme l’affirme la suite).
« Ainsi, les pays situés dans le coin inférieur gauche, comme le Japon, l’Islande, la Corée du sud, la Suède ou la Finlande, combinent une inégalité scolaire modérée avec un recours réduit au redoublement. Au contraire, les pays situés dans le coin supérieur droit, comme La Belgique, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal ou les États-Unis, présentent une forte inégalité scolaire et un intense recours au redoublement. La pratique du redoublement est donc un facteur qui accentue les inégalités scolaires. »
La fameuse corrélation :
a/ on oublie les pays qui sortent de la diagonale suggérée et on regarde les autres.
b/ observation d’une corrélation (qu’on vient de créer par a/) inégalités scolaires (sauce PISA, je me permet de le rappeler)/redoublement
c/ on en tire une conclusion : la pratique du redoublement est donc un facteur qui accentue les inégalités scolaires
Si j’avais fait de tels raisonnements en physique ou en logique…j’aurais redoublé 🙂 aucun intérêt à passer avec de telles nœuds dans les neurones.
Pour « la séparation des élèves en filières » je suis mitigé, surtout si c’est sous le prétexte que ce sont « des filières dévalorisées »…
Il n’y a qu’un truc à vraiment sauver dans ce blabla PISA, c’est « les pays qui font plus souvent redoubler les mauvais élèves, au lieu de leur fournir une aide », mais bon, pas besoin d’une étude mondiale (çà coûte combien cette merveille?) pour le savoir.
C’est d’ailleurs ce que j’ai évoqué au dessus par marges pédagogiques (que vous avez commenté par « il est sans doute important d’insister sur le fait qu’il vaut mieux commencer par appliquer ce qui fonctionne d’après de récentes études pédagogiques, avant de remettre en question l’enseignement, les marges pédagogiques… ») et que demande les enseignants depuis longtemps, avec l’allègement des classes, en vain.
P.S. : en point d’orgue, même si vous ne vous souciez pas des outils qui vous fournissent arguments « Mesure ce qui est mesurable et rends mesurable ce qui ne l’est pas », de Galilée, et » Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques « , de Mark Twain.
« vous citez des stats sans savoir comment c’est fait? » Et Mr.J. fais de la prose sans le savoir !
« il faudrait peut être connaître les outils utilisés pour les déterminer, non? » Non ! Si l’on peut supposer que ceux qui les utilisent les connaissent, cela peut suffire.
« combien d’enseignants par classe? » Ce n’est pas l’objet de l’étude citée.
« vous ne sauriez pas définir en quoi consiste ces inégalités scolaires mesurées par PISA, je me trompe? » Oui, vous vous trompez. Pisa étudie par pays l’inégalité des niveaux scolaires atteints dans certaines matières, et des études parallèles mettent ces résultats en corrélation avec l’origine sociale des élèves et tentent de déterminer si le système scolaire d’un pays réduit ou augmente les avantages ou inconvénients de l’origine sociale des élèves.
« dans quelle mesure peut on comparer des systèmes éducatifs différents » C’est ce que l’étude basée sur PISA tente de faire. Elle espère donc que ce n’est pas impossible d’avoir un début de commencement de comparaison.
« pourquoi l’étalon PISA serait il le plus pertinent voire serait pertinent tout court? » Il a le mérite d’avoir étudié le sujet et dispose de plus de moyens que d’autres étalons. Mais vous avez sans doute la référence de meilleurs étalons ?
« On devrait faire passer le bac à l’ensemble des pays PISA pour voir ce que çà donne » On devrait ! Pisa fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, sans attendre les investissement colossaux, humains et budgétaires que nécessiterait un « Bac OCDE ».
« Et même en admettant cet étalon, le graphique simplissime que vous citez montre quoi? L’Angleterre et l’Islande ont un recours similaire au redoublement, mais une inégalité scolaire très différente, pire pour France/Norvège… » L’exception confirme la règle !
« Je cite in extenso la pseudo-analyse qui l’accompagne, çà vaut le coup » Cela ne vaut pas le coup. Une tendance est une tendance, faible ou forte, pas une certitude.
« Si j’avais fait de tels raisonnements en physique ou en logique…j’aurais redoublé ! » Effectivement ! La physique ou la logique sont des sciences exactes. La pédagogie est une science humaine, avec des résultats et des méthodes plus nuancées qui ne sont pas acceptables en sciences exactes, quels que soient les nœuds dans vos neurones !
« Pour « la séparation des élèves en filières » je suis mitigé » Pourriez-vous citer les études qui étoffent votre opinion. Ou votre opinion vaut-elle mieux qu’une enquête PISA ?
« pas besoin d’une étude mondiale (çà coûte combien cette merveille?) pour le savoir » Il est clair que vous disposez d’une capacité de raisonnement et d’une science infuse en matière pédagogique très supérieure à PISA.
« en point d’orgue, même si vous ne vous souciez pas des outils qui vous fournissent arguments « Mesure ce qui est mesurable et rends mesurable ce qui ne l’est pas », de Galilée » Galilée était un physicien, pas un pédagogue. Il parlait de sciences exactes, mais ce qu’il dit vaut pour les sciences humaines. PISA, en matière de pédagogie, fait de son mieux pour mesurer ce qui est mesurable et rendre mesurable ce qui ne l’est pas.
« Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques « , de Mark Twain. » Les lieux communs sur-utilisés de Mark Twain valent ce que vaut son auteur en matière d’humour, de sciences humaines, de statistiques et de pédagogie.
« Dans quelle mesure peut on… », pas « Peut on… »…
😀 En plus il y en a une tripotée d’exceptions.
re 😀
Mais bon, je parlais de construction et de lecture de stats…c’est pas grave…
Déjà çà me suffisait.
Pouvons-nous nous accorder sur le fait que les solutions pratiques évoquées (par PISA et STAR, notamment) pour réduire les inégalités sociales à l’école sont encore à l’état d’ébauche, d’autant plus que les responsables politiques en matière d’enseignement (et de nombreux intervenants sur ce blog !) se soucient souvent plus d’idéologie que de tenter d’approfondir les solutions pédagogiques (à l’état d’ébauche) qui seraient éventuellement susceptibles de fonctionner ?
Çà, çà peut se faire…Et, heureusement!, çà se fait!
D’autant mieux qu’il n’y a pas que PISA, qui a juste une large couverture médiatique mais a le mérite d’attirer l’attention (pas toujours à bon escient, notamment de par ses biais, et parfois en étant instrumentalisé).
Il faut ,me semble-t-il,insister sur une conséquence extrêmement importante du faible nombre
d’enfants d’ouvriers ,d’agriculteurs,et plus généralement de milieux culturellement défavorisés
et/ou éprouvant des difficultés à s’exprimer par écrit et oralement:UN GASPILLAGE DE
RESSOURCES POTENTIELLES CONSIDERABLES.Et l’on peut craindre que la pratique de
« l’éducation continue et permanente » ne soit pas en mesure de résorber l’ampleur de ce GACHIS
économique,social,culturel,et bien sûr hélas HUMAIN…..Beaucoup de « progrès » potentiel !!
C’est donc bien le ‘modèle’ de Condorcet qui a été choisi, non celui de Lepeletier de Saint-Fargeau…
Le BAC, une barrière pour l’accès aux universités…?
http://www.scoplepave.org/1-l-education-populaire-monsieur
http://www.scoplepave.org/2-et-si-on-empechait-les-riches-de
@Paco76
J’ai eu la même idée que vous: Ce texte reprend beaucoup de choses du spectacle de Franck Lepage. Néanmoins il apporte des informations sourcées qui constituent un complément appréciable.
J’ai vu la vidéo de ce spectacle de Lepage (découvert par ailleurs sur le plateau de 28minutes ancienne formule) juste avant d’écrire mon billet. J’en ai fait mon miel, car elle est hilarante, et je me suis efforcé d’en corriger les approximations et les outrances (qui sont les corollaires du genre, signalés comme tels par Lepage lui-même). Je n’ai pas voulu mettre un lien vers le spectacle parce qu’il se présente sous la forme de vidéos morcelées. Vous faites bien néanmoins d’y renvoyer les lecteurs du blog. Cela vaut le coup. Merci.
@Dissonance
Nous sommes bien d’accord…
merci!! Je me demandais justement pourquoi Franck Lepage n’avait pas encore été cité. Comme entreprise de recervelage, il est fort!!!
« Venons-en au projet de Saint-Fargeau, qui a, je l’avoue, ma préférence. »
BRL, avez-vous des enfants? Ce projet de Saint-Fargeau me semble monstrueux, digne d’un régime totalitaire et je pense être moi aussi capable d’assassinat pour éviter à mes enfants pareil parcours. Un enfant n’appartient pas à l’Etat.
Ni à ses parents.
Bien sûr que les enfants appartiennent aux parents, soit qu’ils les aient fabriqués, soit qu’ils leur aient été prêtés, soit qu’ils leur aient été donnés, les uns aux autres et réciproquement bien sûr, jusqu’à ce que les enfants ne soient plus des enfants et que les parents restent des parents… Les parents ont la responsabilité ultime de leurs enfants, jusqu’à ce qu’ils soient adultes et que les rôles s’inversent après une longue période de transition difficile !. Le jour où l’enfant devient adulte, il devient responsable de lui-même. A moins évidemment qu’il se mette sous la tutelle de l’Etat-Providence. Mais c’est à l’adulte que revient ce choix.
Ni à personne. Et donc un enfant doit être élevé par ses parents biologiques si ceux-ci se comportent comme des parents biologiques. Si l’Etat intervient ce n’est que pour pallier à la défaillance éventuelle de ce rôle (parents absents ou indignes).
Ce que ce Saint-Fargeau propose pour les enfants, tout le monde (ou presque, apparemment) le trouverait cruel pour des animaux.
Je me souviens de mon enfance et rien que de penser que j’aurai pu être séparé de mes parents pour aller vivre dans une caserne, brrrr…
Ah bon ? Biologiques seulement ? Mouarffff…
Parents indignes ? kés aquo ? Absents ? ça fait du monde oh !
» Pallier à » ? indigne venant d’un parent.
Ouais, surtout sur le chemin des dames, à 18 ans.
Si on tient à préciser,il faut dire qu’un enfant n’APPARTIENT QU’A LUI-MEME.
Kibboutz, substitut familial, éducation collectiviste, économie agricole : les maisons des enfants.
1971 : les enfants des kibboutz
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1971_num_16_1_1803
@Baleine :
Tres interessant ce texte de B.B.
Je ne connaissais pas du tout ces pratiques …elles rejoignent mon sentiment que la culture « profonde » , c’est a dire les rites culturels anciens (au vrai sens de culturel ) , se transmet d’enfant a enfant ……essentiellement . L’adulte transmettant les gènes .
Les fratries de 5/6 enfants (paléo) puis 8/10 (néo) ne permettait pas l’éducation enfant adulte ….De plus l’espece et la civilisation a plus de chance de survivre si ces rites sont transmis tres tot .
Ces rites anciens sont tres rigides et représentent la mémoires historique adaptative aux galères passée …alors que l’ adulte est trop compromis par la « raison » et l’ opportunisme de conditions présentes pas forcément représentatives des variabilités exogènes (climatiques ou conflictuelles)
Juste cette histoire de « rotation » qui ne me semble pas justifiée sauf a vouloir rompre avec une possibilité d’attache trop forte au groupe .
La condition « normale » d’éducation n’est en rien les 1, 6 enfants ou les parents on la possibilité de jouer a la poupée …..vaut mieux leur filer un clebs , ils feront moins de dégats .
NB. Il me semble que la rupture avec les parents n’est pas nécessaire, et ne doit pas etre contrainte …l’enfant choisira de lui meme les enfants plutot que les parents .Le dosage se fait de lui meme ….Le parent biologique (ou non) est qd meme la référence ultime de recours de l’enfant . Référence rarement utilisée car humiliante (il perd la face) mais sécurisante dans le seul fait d’exister .
Pourtant, moi aussi c’est celui là que je préfère quand on le remet dans le cadre de l’époque révolutionnaire.
Il n’est plus applicable dans son entièreté à l’époque actuelle.
Cette phrase me suffit pour en déduire que son projet qui n’était que théorique n’avait rien de totalitaire.
Je pense qu’on peut s’inspirer d’un tel projet.
Au risque d’en choqué plus d’un, je suis pour le travail des enfants s’il est librement accepté à leur rytme et qu’il s’inscrive dans le cadre de notre libéralisation face à l’épuisement des ressources planétaires.
Comme le disait Jean Marc Jacovinci: il va falloir réapprendre à transpirer et j’ajouterai à utiliser ses dix doigts et son esprit dans le cadre d’activités totalement repensées.
Vous dites que les enfants n’appartiennent pas à l’état, tout à fait d’accord, d’ailleurs ils n’appartiennent à personne ils n’ont pas demandé d’être mis au monde.
Cependant, il appartiennent au système capitaliste financier industriel par le truchement du prêt à intérêt et le matraquage publicitaire qui s’en suit et dont ils sont inconsciemment les victimes.
C’est de cet enfer qu’il faut que nous les sortions.
@michel lambotte: » Cette phrase me suffit pour en déduire que son projet qui n’était que théorique n’avait rien de totalitaire. »
Une phrase vous suffit alors que toutes les autres phrases et le projet global suinte le totalitarisme? Rien que le fait de disserter sur la vie d’enfants comme s’il s’agissait de poulets d’élevage, cela me semble suspect. (oui, j’avoue, toute la science pédagogique me semble suspecte)
Sinon, entièrement d’accord avec le reste et surtout avec la conclusion, mais pas en les mettant dans un autre enfer.
Je ne vois pas de niard qui ne mérite pas d’être extirpé le plus possible et le plus tôt possible des griffes parentales, aucun.
Ne généralise pas vigneron, tout le monde ne t’a pas comme père.
à Moi,
Ainsi donc, vous « pensez » être un expert en totalitarisme.
Cela reste à démontrer.
Je dois reconnaître que, par contre, vous êtes absolument moderne.
@ Vigneron
Je ne vois pas non plus de môme qui mérite d’être balancé dans une usine à janissaires de la république.
Plus généralement, de quoi qu’il s’agisse, je ne vois de môme qui a mérité ça.
Vigneron, on jurerait que tu écris exactement l’inverse de ce que tu veux dire, là …
🙂
Kestucrois Zeb ! quand j’étais branleur j’voulais être juge pour enfants. Juste pour en sauver le max…
On les reconnaît facilement les sauvés. Ce sont ceux qui ont les oreilles les plus longues et rouges.
Quant à qui appartiennent les enfants, c’est marrant mais j’ai comme l’impression qu’eux, se demandent l’inverse ; qu’est-ce qui est à nous ? Je propose un rite d’initiation à la vie publique la veille de leur premier jour d’école avec discours solennel du genre : on vous envoie là-bas parce qu’on a rien compris et qu’il va falloir que vous vous maniez le train à trouver des solutions. Nous, on sait plus. Allez, les enfants sortez-nous de l’enfer.
Comme ça au moins, ça servira à quelque chose de les emmerder.
A Moi!
Cela ne suinte pas le totalitarisme mais bien ce que j’ai connu à l’internat, le respect des consignes, en rang pour rentrer en classe, obéir à nos pères, cela me rappelle les bureaux vitrés des contremaîtres dans les usines qui surveillaient les ouvriers.
Qu’est que vous croyez, le travail en usine est d’une certaine manière du totalitarisme
Il est évident que ce monde est dépassé et inapte à résoudre nos problèmes, mais ces propositions remises dans le contexte révolutionnaire ne sont pas exemptes de perspicacités.
Elles sont évidemment à remettre en concordances avec nos réalités actuelles qui sont différentes.
Rassurez-vous, je ne veux surtout pas mettre les enfants dans un autre enfer et je pense que l’enseignement doit être revu de fond en comble en tenant compte des avancées telles que internet, la crise de l’énergie, climatique etc
Toute l’ére industrielle n’était faite que de cela pour terminer comme le dit Vigneron au chemin des dames.http://www.dailymotion.com/video/xc5ypx_sur-le-chemin-de-la-vie-gerard-leno_music
Personne ne peut savoir ce que sera l’enseignement dans le futur et c’est évident que les parents sont responsables de leurs enfants et sont tenus de les accompagner sur le chemin de la vie.
Allez un peu de tendresse
http://www.dailymotion.com/video/xc5ypx_sur-le-chemin-de-la-vie-gerard-leno_music
s’ils n’appartiennent à personne, comment justifiez vous le droit à l’avortement ?
@ Pignouf
Votre sérénité,
si vous considérez qu’un fœtus est un enfant, rien ne justifie l’avortement.
Sinon, votre argument tombe de lui même.
Ah parce que chez les Pignolles le Droit de Propriété suffit à justifier le droit à l’avortement ? Pourquoi pas l’interruption aussi quand ils deviennent vraiment chiants alors hein ? Quand ils font les ratiches ou commencent à étendre leur champ de prédation par exemple. Ben quoi ? y sont à moi ! Et pourquoi pas les vendre ? les louer ? etc…
C’est toi qu’appartiens à tes lardons mon Pignollo, comme l’agouti aux poux d’agouti et ils n’appartiennent pas non plus à Dieu, à la Création ou je ne sais quelle Nature, Pignolle.
@Marlowe: qui parle d’expertise? Il faut être criminologue pour reconnaître un assassin?
@vigneron
« Ah parce que chez les Pignolles le Droit de Propriété suffit à justifier le droit à l’avortement ? »
Non, ce n’est pas « ma » définition mais celle qui est communément admise (le droit à l’avortement étant légitimé par le droit à disposer de son corps et non celui d’autrui comme vous sous-entendez).
@Renard
« si vous considérez qu’un fœtus est un enfant, rien ne justifie l’avortement.
Sinon, votre argument tombe de lui même. »
Je parlais dans le contexte où les parents sont « expropriés » de leurs enfants et posais la question de savoir si également l’enfant à naître devait être considéré comme la propriété de l’Etat. Auquel cas cela soulèverait de nouveau la question du recours à l’avortement.
Quant à ce que je considère : du moment que l’Etat reconnaît le mort-né comme un individu qui peut prétendre à une identité et des obsèques, et qu’il attribue un congé-maternité, cela signifie qu’effectivement le mort-né est un enfant comme un autre et forcément le foetus l’est aussi (dans les limites définies par la loi).
Hormis les concepts d’individus et d’état-civil, il n’est pas interdit de se questionner sur ce qu’est la vie. Quand vous légitimez un acte stoppant une forme de vie, vous légitimez aussi tout un ensemble d’actes annexes : si un individu provoque un accident contre une femme enceinte et faisant avorter celle-ci contre son gré, elle ne peut donc pas prétendre au préjudice subit par son futur enfant.
C’est pas clair du tout ton affaire Pignolle… Tu as le droit de garder le silence. Le devoir même.
@d Pignufum
Farpaitement (Léon, deux Muscadets). Alors que dont auquel, j’vais vous dire le fond d’ma pensée à moi.
J’crois que, en plus que l’instruction qu’il faut leur donner, l’éducation, ça a deux buts. Permettre au chiard de comprendre quel projet ses parents ils ont pour lui, paske les parents, même s’ils le savent pas, ils veulent toujours le télécommander, le môme.
Et puis lui donner les moyens de choisir s’il l’accepte ou pas, le projet des parents.
Vale, pignufe.
C’est le côté le plus abject de la propriété .
Penser que l’on est propriétaire de ses enfants .
@Moi. Bonsoir. La pension complète et la séparation d’avec les parents vous semble-t-elle plus insupportable à l’âge de cinq ans qu’à l’âge où, devenu majeur, le fils chéri jette ses gourmes sur les sentiers érasmusiens ? Mon frère poursuit des études à l’autre bout du pays et je le vois au mieux deux fois par an. Je devrais m’en satisfaire, au motif qu’à son âge, on est caparaçonné ? Qu’en saurais-je, puisque je ne le vois que deux fois par an ? Je vous renvoie au texte de Saint-Fargeau. Les institutions publiques s’ouvrent aux enfants du secteur, lesquels ne doivent pas faire plus de deux lieues (reproduit de mémoire, la fatigue me gagne) pour s’y rendre. Un parent du conseil formé localement est présent dans la place. Quand on veut embrigader un citoyen, on s’arrange pour l’expédier dans une caserne très éloignée de ses repères usuels. Le maillage scolaire du territoire envisagé par les Révolutionnaires était assez étroit pour compenser ce qui vous semble un traitement inhumain. Les parents savaient où se rendre pour revoir leur enfant en cas de problème et à qui s’en remettre pour le régler.
@BRL: « Je devrais m’en satisfaire, au motif qu’à son âge, on est caparaçonné ? Qu’en saurais-je, puisque je ne le vois que deux fois par an ? »
Vous devriez vous en satisfaire du fait que c’est là son choix et qu’il peut revenir s’il le désire (du moins, je l’espère pour lui). Si votre pension complète est du même acabit (libre choix et possibilité de retour si cela déplaît), je n’y vois aucun inconvénient. Mais je doute que le programme d’enrégimentement de Saint-Fargeau s’accommode de ces libertés.
Je pense qu’il faut se remettre dans le contexte de l’époque.
De quoi était-il composé, d’un côté d’un ensemble de manufactures industrielles naissantes qui avaient besoin de bras, de l’autre, d’une nuée de paysans illettrés indisciplinés à la ponctualité industrielle.
Il fallait bien mettre au point un système qui pouvaient les disciplinés à cette ponctualité tout en leur donnant un minimum des connaissances pour arriver à travailler dans ce système industriel naissant.
Tout en étant le moins élitiste, le programme de Saint-Fargeau me prarait le plus adapté à l’époque.
Enfin c’est mon point de vue.
Ceci dit, nous n’avons plus besoin de cela étant donné que les circonstances actuelles sont totalement différentes, il faut faire preuve d’imagination et de créativité pour mettre en place un système d’enseignement capable de relever les défis actuels notamment celui de l’épuisement des ressources qui est à mes yeux le plus important (je pense que vous l’aurez compris )
@ Pigouf 1er
Et bien oui, c’est le droit de propriété qui justifie le droit à l’avortement et non le fait que nous sommes parent, et cela je le réprouve.
Ceci dit je suis bien entendu d’accord avec l’avortement thérapeutique en cas de danger pour la mère ou de graves malformations pour le foetus
Enlever les enfants aux familles, ça vous rappelle rien ?
Moi si, de Sparte aux jeunesses hitlériennes, mussoliniennes, bolcheviques
etc… et aujourd’hui la Corée du Nord, l’histoire est pleine des totalitarismes
qui commencent ainsi.
Si. La DDass. mais tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin. Pas vrai Renard ?
@uBig V
C’est à moi qu’on cause ?
Bien sur que le projet à Saint-Fargeau est délirant, comparable à la même époque au bordel obligatoire chez Sade.
Quant à feu la DDASS et à ses équivalents actuels, j’ai pas de réponse. Vaut-il mieux laisser un gamin dans un milieu dangereux où l’en soustraire ? A-t-on les moyens humains ou financiers d’amender ce milieu pour l’y maintenir ? Réponse au cas par cas. C’est le genre de truc ou ça fait trop mal pour une réponse unique.
@Renard: « C’est le genre de truc ou ça fait trop mal pour une réponse unique. »
Enfin une réflexion sage.
Le Jules de Renard, renard. Pfff…
Rien à voir.
La DDass n’est là que pour suppléer les familles défaillantes.
@ Vigneron
Xcuses. Je croyais qu’c’était celui qui bouffait le ptit spartiate de l’intérieur.
Sinon, pour le Jules, j’aurais du le voir venir.
En 2005, 130 000 gamins en placement administratif ou judiciaire en France.
Avec les mesures de protection à domicile (adm et jud) c’est 300 000 sous contrôle. Et ça monte à 1,5 % des niards dans certains départements pour les placements et 2% pour le total de ceux sous protection…
http://oned.gouv.fr/docs/production-interne/chiffres/carte3_typesmesures05.pdf
@jarrige
Comparaison n’est pas raison. Ce n’est pas tant le fait que les enfants soient envoyés en pension pour leurs études, que la nature du contenu éducatif qui importe, si?
Je vous fais d’ailleurs remarquer que le pensionnat (ou plutôt l’internat de nos jours) existe aussi en France. Croyez-vous donc que ceux qui comme moi sont passés par là soient de dangereux extrémistes pour ce seul motif?
Il vient un moment où l’oiseau doit quitter le nid et le pensionnat peut y aider.
A 16 ans j’y ai passé six mois et j’en garde un bon souvenir, après cela 4 ans de cot avec mon frère et ma soeur j’en garde également un bon souvenir.
Il ne s’agit bien sûr pas de refuser toute forme d’éducation de groupe, internat et pensionnat,
qui peuvent être utiles, mais la forme extrême visant à quasiment limiter le rôle des parents à
la procréation,( rôle qui pourrait d’ailleurs leur être enlevé ou contesté à l’avenir avec la procré-
ation artificielle.
Je suis passé par un internat, un an, pour réussir le baccalauréat,( j’avais tendance à trop lever
la tête en classe, à préférer la rue à ma table de travailsurtout vers les mois de mai-juin! ): je
n’ai pas gardé un mauvais souvenir de cette année d’internat.
Inculture(s) 2 : Une autre histoire de l’éducation « Et si on empêchait les riches de s’instruire plus vite que les pauvres… », Franck Lepage
Avec un titre pareil, vous allez réveiller jducac!!
Merci pour le lien, mais je n’ai pas le temps de l’examiner du moins pour l’instant.
Ceci dit, l’élitisme était nécessaire au capitalisme industriel, mais comme ce dernier est dans l’impasse, il nous faut un autre système qui pourrait mettre en évidence les capacités de chacun dans un esprit de solidarité autour des questions de survie de l’humanité sans oublier les rapports de force.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=25564#comment-196711
La taĉhe est immense et elle se présente à nous tous les jours.
Il n’est pas nécessaire d’avoir fait le parcours des « grandes écoles » pour comprendre qu’une classe de maximum 20 élèves leur donnera plus de chance pour intégrer les matières enseignées.
Chacun d’entre-nous ( je pense) a encore en mémoire le souvenir de complicité avérée dans au moins une matière avec son professeur.
C’est ce que l’on pourrait nommer tout simplement le facteur humain.
Tant que les classes seront constituée de plus de 20 élèves , il sera impossible de transmettre le savoir.
force est de constater que « l’Ecole Républicaine » a failli à sa mission.
Maintenant au risque de me faire « modérer » je persiste à croire ( oui c’est mal) que tout cela était prévisible.
L’ascenseur social est bien en panne et n’est pas prêt de ré-fonctionner….
D’autant que le dé-cervelage marche à plein régime et ce depuis la maternelle.
Même si cela m’est difficile à admettre, je peux comprendre la découragement du corps enseignant.
Alors le « grand changement » …laissez-moi rire ! Il faudra plus de 2 générations pour récupérer cet énorme gâchis, à condition que nos politiques fassent le job (maintenant ) pourquoi ils sont grassement payés…
Il m’est personnellement suffisant d’avoir fait le parcours des « grandes écoles » et d’avoir pris par la même occasion l’ascenseur social pour penser que le nombre d’élèves par classe est totalement étranger à la réussite de la mission de l’Ecole.
La seule façon pour un « fils d’ouvrier » de s’en sortir est de côtoyer le fils de l’ingénieur pour prendre conscience que sa condition n’est pas définitive pour peu qu’il s’ouvre au savoir qu’on lui dispense. Statistiquement, cette mixité est d’autant plus probable que la classe est nombreuse…
Mais, pour être politiquement correct, on préfère militer pour des classes réduites tout en taisant qu’elles seront socialement homogènes…. gage d’échecs garantis (enfin pas pour tout le monde!)
Ben comparer l’enseignement aux élèves des grandes écoles et celui au primaire, faut avoir l’esprit étrangement tourné.
Dans l’enseignement de masse qu’offre l’éducation nationale le « facteur humain » ne doit surtout pas être espéré, c’est une question d’égalité des chances.
Pourquoi les meilleurs profs (à priori) veulent aller dans les lycées centraux des grandes villes alors que c’est justement pas là qu’ont a besoin d’eux ?
Les livres d’enseignement Français actuellement sont d’une bêtise ahurissante. Ils sont conçu exclusivement comme un soutient à l’enseignement du professeur. Il est impossible avec ces livres d’apprendre seul la matiére qu’ils traitent. L’enseignement en France est conçu centré sur le prof (nous retrouvons ici le « facteur humain »), alors qu’il faudrait surtout se recentrer sur le sujet que l’enseignant est censé traiter.
J’ai pû comparer des livres scientifique de classe Finlandais avec ceux de Français. La conception des livres est totalement différente. Le livre y est conçu comme le support central de la connaissance que l’éléve doit acquérir. En fait seul et avec un livre qui serait bien lu et appris, l’éléve Finlandais n’a plus besoin de prof car tout est dis et expliqué clairement. Faire cela avec les livres Français est impossible tellement ils sont mal conçus, ce sont des livres « bandes dessinées » à l’usage des profs, pas des éléves.
Gachis monstrueux
Salutations
Cordialement
Pour la plus simple de toutes les raisons : leur boulot c’est d’enseigner, c’est-à-dire de transmettre des connaissances, et c’est pour cela qu’ils ont été formés. Pas pour passer 50 % (et je suis peut-être généreux) de leur temps à gérer l’extériorisation des états d’âmes (justifiés ou non) de leurs élèves et étudiants dans les zones « défavorisées », états d’âme qui ne sont que le produit d’un schéma sociétal dont lesdits enseignants ne sont pas responsables.
Pour faire simple, il est beaucoup plus agréable pour quiconque de bosser dans de bonnes conditions que dans de mauvaises.
Où l’on se trouve face à cette caractéristique unique au monde :
En France, les « entreprises de Service », dès lors que l’Etat y participe de près ou de loin, ne recherchent pas la satisfaction de leur « client » mais bien celle de celui qui est supposé le rendre !
Ce dernier réalisera malheureusement un jour que son attitude irresponsable, largement encouragée par un syndicalisme clientéliste, condamne son Service jusque-là Public…
Sans doute est-il nécessaire de se demander pourquoi les « livres de classes » seraient si mal conçus(nettement moins bien qu’en Finlande est-il précisé).Où sont les responsables d’un
gachis monstrueux de ce genre? Qui verrouille-t-il le « système » des livres scolaires en France?
Des éditeurs?Des réseaux d’enseignants?Des « commissions » au Ministère?Une étude sérieuse
est nécessaire:mettre les choses à plat.A quoi bon des livres qui ne servent pas vraiment aux
éléves,et/ou seulement à des enseignants qui manquent d’idées…Oui,bien sûr,Babypouf a
raison:regarder de près les bouquins tels qu’on les utilise en Finlande.Est-ce si difficile?
Absurde! Nous ne nous sommes pas mal sortis de classes à 35! A ciontrario, Alexandre n’a pas pleinement profité de sa relation unique à son précepteur Aristote… Combien d’étudiants dans un amphi?
Ce n’est pas tant le nombre d’élèves par classe qui pose problème que l’hétérogénéité des élèves.
D’où le découragement compréhensible du corps enseignant, coincé entre l’obligation de respecter le rythme du programme scolaire et celui de prendre le temps nécessaire pour mettre à niveau certains élèves à la traîne.
Cette hétérogénéité (sociale, scolaire, ethnique, religieuse etc….) peut être une formidable occasion de promouvoir le tutorat entre les élèves, non seulement utile pour décharger l’enseignant de sa lourde tâche, mais également pour rendre l’élève actif et acteur de sa formation tout en l’éduquant à oeuver pour le bien d’autrui.
« J’ai d’abord exposé la théorie des quanta à mes élèves. Levant les yeux vers eux, je n’ai vu que des visages ébahis. Ils n’avaient manifestement rien compris. J’ai recommencé l’explication. Ils n’avaient toujours pas compris. J’ai tout repris une troisième fois et, là, j’avais moi-même enfin compris ». (extrait du livre « le processus de l’éducation » de Jérôme Bruner)
La meilleur façon de recevoir est celle de donner, celle d’apprendre c’est donc celle d’enseigner. Je crois au vertus du tutorat qui ferait de chaque élève une source vive d’enrichissement pour autrui et non pas seulement un réceptacle inerte de connaissances.
A lire le projet de Saint-Fargeau, on retrouve les bases du Lycée Napoléonien.
Sauf que Rome y avait remplacé Sparte.
Super, bravo et merci, un sujet majeur.
Ce billet tombe à pic, je viens de rédiger un petit mail sans prétention pour informer de la dernière lettre de l’éducation du Monde et également du film « le pensionnat de l’espoir »
Condensé de mon mail !
1. Un documentaire en 6 volets sera diffusé le 17 et 24 septembre sur France 3. « Le pensionnat de l’espoir ».
Selon la critique de téléObs une excellente réalisation
« Apprendre à apprendre » accompagne la photo qui illustre l’article de l’Obs. Devise qui m’est chère au coeur.
« Un documentaire sensible et vivant qui ouvre le débat sur l’échec scolaire et les déficiences du système éducatif français.
En prime, le 25 un débat dans la remarquable émission de Taddeï « Ce soir (ou jamais !) ».
http://www.tele-2-semaines.fr/contenu_editorial/pages/echos-tv/10866-le-pensionnat-de-l-espoir-commence-sur-france-3-le-lundi-17-septembre
2. La dernière lettre de « La Toile de l’Education » du Monde du 12/9 nous informe des médiocres performances de notre système éducatif.
Serions nous lanterne rouge en Europe dans le domaine de l’éducation ?
Pour le primaire en tous cas « Peut nettement mieux faire ».
Ce qui me révolte le plus ce sont les inégalités dans les chances d’accéder à l’éducation adéquate en fonction du potentiel des enfants et non de leur CSP.
(Voir le dernier N° spécial de Alternatives Eco. consacré aux inégalités en France).
« Inégalités et mauvaises performances du système français – rapport de l’OCDE »
Le constat pour la France est mitigé. Si notre pays est bien noté pour la scolarisation en maternelle, son école reste inégalitaire……. »
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/09/11/education-la-france-un-pays-atypique_1758572_1473688.html
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/09/11/education-la-france-est-elle-une-bonne-eleve_1758461_1473685.html
http://www.oecd.org/fr/edu/rse2012.htm
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/09/12092012Article634830310693830635.aspx
« Supérieur moteur. Le rapport n’est pas non plus flatteur pour l’enseignement supérieur français. La France compte trop peu de docteurs…… »
Pourtant, être diplômé de l’enseignement supérieur procure non seulement un meilleur emploi, un statut plus protégé et une meilleure rémunération mais est aussi bénéfique pour la collectivité.
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/09/11/les-etudes-superieures-un-moteur-de-croissance_1758707_1473685.html?xtmc=ocde&xtcr=1
« Recul. Enfin, les universités françaises reculent dans le palmarès international publié, mardi 11 septembre, par la société britannique QS…… »
http://www.topuniversities.com/university-rankings/world-university-rankings/2012
Merci Papimam pour ce bouquet de références qui aidera les curieux et les curieuses à resserrer mon diagnostic.
Pourquoi est-il toujours si peu question de la formation continue, dans les faits comme dans les discours des « sachant », ici ou ailleurs ?
Vous ne trouvez pas cela bizarre ? Dans un monde en mutation constamment accélérée, elle devrait avoir une place beaucoup plus importante, qu’il s’agisse de formation culturelle ou de formation technologique. Elle devrait servir d’ascenseur social. C’est la télévision, le show-biz , la pub et la presse pipole qui ocupent la place laissée vacante …
Ah oui.
Mes lectures de Richard Sennett éclairent un peu cette relative mise de côté des savoir-faire, mais je ne parvient pas à le résumer dans un ligne? Termes clés : Capitalisme/respect artisanat/savoir-faire…
Annecdote
Je travaille dans une entreprise qui installe des pompes à chaleur, un jour j’ai eu une personne (une connaissance du patron) qui devait travailler avec nous en attendant de trouver un emploi ailleurs. Après quelques jours j’ai refusé la situation et lui ai dit tu restes ou tu pars, et je veux bien t’aider à progresser.
Il faut dire que j’avais détecter chez lui des capacités inexploitées, il n’était même pas conscient de leur exsistence, alors j’ai relevé un défi, lui permettre de se former lui-même en les utilisant.
Je pense que c’est réussi, depuis 3 ans il est bien intégré dans l’entreprise de plus en plus épanoui et on peut lui donner des responsabilités.
Reste à le convaincre d’apprendre les bases de l’électricité pour progresser vers plus de technicité.
C’est en réalité l’utilisation des concepts décrits dans le livre que vous m’aviez recommandé
http://www.le-perfologue.net/textes-livres/ce-que-sait-la-main-richard-sennett.htm
C’est évident
La formation continue n’est pas faites pour éduquer mais pour apprendre un métier.
C’est en cela qu’elle est si en vogue actuellement parmi les politiques.
Un citoyen apte à satisfaire une fonction et totalement décérébré. Le rêve pour ceux qui nous dirigent.
L’éducation ne se fait pas seulement à l’école, elle peut aussi se construire tous les jours au contact des autres travailleurs et cela jusqu’à la fin des jours.
Est décérébré qui veut bien l’être, et c’est surtout la pub qui en est responsable, le tout tout de suite qu’elle nous enseigne et dont les jeunes sont friands.
il y a de très bons programmes. et des médias trop unanimes, centralisé, laisseraient un arrière-gout trop prononcé de dictature.
oui, mais ne pas en tirer de conclusions trop hâtives,
si le riche se cultive beaucoup, ce n’est pas du temps perdu pour le pauvre, qui par exemple se développe en matière de relationnel ou en sport… pour parvenir à une conscience citoyenne il n’est pas nécessaire d’avoir une haute culture, mais de passer un palier culturel, disons minimum. puis de le réactualiser. poursuivre de longues études amène à une insertion réussie dans la vie professionnel capitale, mais ne présume pas particulièrement d’une conscience citoyenne. ce qui explique que des diplômés financiers puissent manquer du sens moral ou collectif le plus élémentaire, et inversement pour une petite infirmière (cadre a tout de même). sens collectif ou moral que le pauvre a pu assimiler plutôt, hors du petit cocon douillet du gosse de riche qui risque de l’acquérir malheureusement après… et là, c’est un drame.
– vive le scoutisme?
il n’y a donc pas ‘échec de l’instruction républicaine à la française’, fumisterie à la mode, mais échec de la société française faire germer puis maintenir la graine culturelle plus ou moins féconde mis en chaque petit citoyen scolaire par les hussards noirs de la républiques. doublé d’un échec de la société française du travail à corriger ce déséquilibre qui profite aux riches: soit une société qui privilégie la fonctionnalité à la réflexion (d’où ces énormes gaspillages de production).
– est-ce forcément à l’école de s’adapter au monde du travail?
il y a de très bon programmes. il y a l’outil médiatique. il y a les priorités données ; ce qui n’est pas incompatible avec l’idée de choix, condition à la liberté. les décideurs doivent donner le la, en commençant par leurs chérubins chéris.
désolé pour les fautes, je n’ai pas eu le temps de relire, la modération est trop efficace.
Dommage qu’un tel argumentaire soit bâti sur une grossière erreur, digne d’un pur scolaire :
L’admission aux classes préparatoires s’effectue sur dossier constitué par l’ensemble des notes et appréciations de l’élève au cours de son année de terminale que la mention, dont tout le monde sait par ailleurs qu’elle ne sert à rien, confirme dans la plupart des cas !
@Ludovic
Dommage que votre remarque soit bâtie sur une grossière erreur de compréhension du texte et à un aveuglement manifeste quant aux statistiques affichées (les jolis histogrammes bleus trônant au beau milieu du billet, si, si, regardez bien).
En effet le dossier scolaire compte largement pour l’admission aux prépas, mais ce que BRL vous dit, c’est précisément que les enfants issus d’un milieu social et culturel moindre sont défavorisés à leur entrée en terminale par le changement (non-explicite) d’appréciation de leur travail. Par conséquent, c’est bien la constitution de leur dossier qui est mise en cause.
Par ailleurs, les statistiques affichées sont éloquentes: 45% d’enfants issus de milieux populaires à l’entrée en 6ème, mais ils ne sont plus que 13% à accéder aux prépas.
Je ne me serais pas mieux glosé moi-même, Dissonance. Merci. J’ajoute ceci, à l’attention des connaisseurs des classes prépas : il nous a été dit, lorsqu’on nous a présenté en classe de terminale les prépas littéraires, que les résultats de l’année ET la mention seraient pris en compte. Le rapport du Sénat n’insisterait pas sur l’importance de la mention si celle-ci était négligée. Il y a ce qui se dit et ce qui ne se dit pas. J’en avais été informé officiellement mais ce n’est pas toujours le cas. Je suis entré en hypokhâgne avec une mention limite. L’écrasante majorité de mes camarades avait un pedigree meilleur que le mien. Un hasard ? Pas vraiment. C’est un corps qui se perçoit comme un corps d’élite, avec son hymne en latin macaronique, son tutorat bizutant et ses professeurs convaincus d’être les bergers de l’excellence. Il était de bon ton parmi mes bergers de dauber l’université. Je précise que ces mêmes bergers n’hésitaient pas à se faire les complices et les perpétuateurs du bizutage. Je m’y suis soustrait, pour ma part, et j’en ai dénoncé la pratique. Résultat : pas de tuteur pour moi. Je suis passé en khâgne quand même, sans donner un seul instant l’impression de vouloir jouer le jeu (je découvrais de nouvelles perspectives d’analyse et cela me suffisait ; les pantalonnades de corps de garde, très peu pour moi). Comme quoi, on peut passer à travers les mailles du filet. J’ai échoué au concours d’entrée à Normale Sup’ sans doute parce qu’il m’était plus agréable de goûter à mon prochain que de le mordre. La vitesse de croisière au travail que j’ai acquise en prépa m’a permis de mener tranquillement mon bonhomme de chemin à la fac, mais elle ne m’aura pas donné de boulot. Je ne mords pas, vous dis-je ! J’ai compris assez tôt que les chenils élitistes forment, sauf rares exceptions (et j’en connais) des mâtins et pas des hommes.
@ BRL
« des mâtins »
Et des matons.
Or, l’obtention du bac, dans la perspective méritocratique, ne signifie rien en elle-même si aucune mention ne l’accompagne, car c’est la mention qui permet d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles.
Les chiffres sont incontestables et leur compréhension nous est commune. On ne peut pas en dire autant des lettres…
@BRL : Quel serait votre point de vue aujourd’hui si hier vous aviez satisfait votre ambition d’intégrer Normale Sup’ ?
@Ludovic
Justement, je n’avais pas l’ambition d’intégrer Normale Sup’. Mon tempérament me rend hermétique à l’esprit de compétition. N’écrivez pas une biographie contrefactuelle avec ce que je vous dis de mon parcours. J’étais simplement heureux de pouvoir entrer dans le vif des enjeux propres aux matières du lycée, dont la plupart se retrouvaient en prépa. Le rythme de travail était le même. L’élan pris au lycée s’est continué. J’ai suivi cette voie plus par inertie que par mordant. On peut tout à fait tenir, en prépa littéraire (prépa provinciale), sans être un loup pour son prochain. Dans le feu du concours, c’est autre chose, mais à ce moment-là, j’étais déjà ailleurs.
@Ludovic
Cette phrase n’est éventuellement pas exacte, certes, mais cette inexactitude suffirait-elle vraiment à disqualifier l’ensemble du texte, le cas échéant? Je ne le pense pas.
Déjà tout le monde n’a pas cette présentation…
La sélection en prépa est au moins autant fondée sur la résilience, le moral et la volonté des étudiants que sur les critères de savoir ou de culture. Il faut pouvoir y résister aux profs, à la compétition parfois sauvage et aux multiples tentatives de démoralisation. Mais n’est-ce pas l’apprentissage de la vie tout simplement..?
@EOLE
Question au double sens intéressant: Ne serait-ce justement pas à cause de ces mauvais traitements subis durant leur scolarité que les élites rendent la vie de tous insupportable ensuite selon le principe connu de la victime qui devient bourreau à son tour?
Quel triste vision de la vie si c’est, selon vous, ce qu’il faut apprendre pour bien vivre.
Soyons prêt à nous entretuer, pour résister au pression. Des gars en prépa que j’ai croisés (à l’occasion d’una animation) se prenaient pour les rois du monde ils étaient imbus d’eux-mêmes, prêt à devenir trader dans une grande banque je pense. D’autres qui étaient déjà dans les plus hautes écoles (normal sup, central…) m’ont aussi traumatisé en fêtant les 20 ans de l’un d’entre eux en jouant au uno. (si si c’est du vécu).
Je signalerai ce qui me semble être une double erreur au début de cet article:
La mention ne joue aucun rôle pour l’admission en prépa, seul le dossier scolaire joue car les admissions sont faites avant les résultats du bac (sous réserve de réussite!).
Le diplome de la mère joue un rôle déterminant sur la réussite ainsi que le décrit une étude de D Placé et Bruno Vincent pour l’INSEE texte de l’étude » Les diplômes obtenus restent très liés à l’origine sociale mais celle-ci a une influence plus faible sur les compétences mesurées par l’enquête, à l’écrit et en calcul. Le niveau d’études dépend aussi fortement de celui des parents, qui est corrélé avec leurs positions professionnelles. En tenant compte de cette corrélation, il apparaît que la profession du père n’a pas une influence majeure. C’est l’origine culturelle mesurée par les diplômes des parents, tout particulièrement par celui de la mère, qui joue un rôle prédominant tant sur le niveau d’études que sur les compétences. Concernant les compétences seules, avoir une mère diplômée constitue un atout plus grand qu’avoir seulement un père diplômé. »
Je noterais enfin cette propension chez de nombreux auteurs-professeurs compris-à dénigrer l’élève scolaire ce qui revient en fait à attribuer toute sorte de qualités potentielles à ceux qui restent en marge et ne jouent pas le jeu et qui sont donc tout naturellement de plus en plus nombreux ce qui devrait remplir d’aise tous les contempteurs de cette stupide « scolarité ».
Le niveau de démocratisation en Lycée a plafonné vers le milieu des années 1980 pour décliner ensuite régulièrement avec l’arrivée des mesures Jospin-Allègre et s’effondrer ces dernières années avec le saccage de la Droite (après celui du PS) Vers les années 1985 j’ai pu entendre en réunion parent-profs « c’est inadmissible qu’un fils de médecin ne puisse aller en 1S! » Trop de démocratisation n’est pas souhaité par tous, bien au contraire on voit resurgir un peu partout dans les évaluations des « entretiens » ou des disciplines à notation louvoyante permettant en fait de « choisir » les candidats ou les profils désirés .
Toutes les frondes diverses que l’on entend contre les diplômes, les grandes écoles , les concours anonymes ne sont bien souvent que le reflet de l’angoisse de la classe dominante face à une démocratisation encore trop forte qui se traduit par plus de concurrence pour leurs enfants.
Pour avoir pas mal fréquenté le milieu des grandes écoles en tant qu’élève, professeur et père d’élève je peux affirmer que cette sélection sociale réelle est aussi le fruit d’une culture du travail, de la rigueur, de l’effort et de la curiosité qui elle n’est pas spécifique d’un groupe social.
Il y a des élèves de haut niveau tout comme il existe des athlètes de haut niveau; il est vrai que cet entrainement investi dans l’école se retrouvera plus facilement dans des familles ayant déjà connu ce parcours et disposant de plus d’aisance financière pour le mener.
En vitesse, chers amis.
Je tique en voyant les graphiques triant les gens selon le niveau d’instruction du père.
Où sont ceux qui ventilent selon l’instruction de la mère ?
Permettez-moi d’insister sur le fait qu’il y a un domaine où l’instruction des filles est le paramètre avéré, de façon indiscutable, comme le seul efficace, c’est celui des politiques de contrôle des naissances: seule l’instruction des filles peut ouvrir à un progrès dans l’adaptation du chiffre des naissances aux intérêts, au souhait et au désir des populations, pour discutable que soit la légitimité de l’objectif, pas toujours en phase avec les réalités du terrain. Plus d’un demi-siècle d’essais et erreurs dans le monde en témoigne.
Je jette donc un peu vite sur le papier, cette hypothèse qui me paraît néanmoins incontournable, que seule l’éducation des filles peut faire progresser les générations, autrement dit les garçons aussi, et plus que ça, l’ensemble, qui n’est pas simplement la somme des deux, en termes de diplôme final obtenu par les sujets observés, supposition faite que le progrès est plus large que celui des connaissances scolaires, qui ne seraient qu’un indicateur d’un bien plus général.
Cette supposition souffre du fait que le niveau d’instruction est aussi l’effet de la reproduction d’un système de stratification sociale. Il y a cette histoire des jumeaux enfants surdoués, devenus jardiniers, heureux de l’être et qui ne l’ont jamais regretté.
En ne faisant « que » faire progresser les chiffres globaux de l’éducation, nous reproduisons la stratification sociale, qui est un système de domination. En faisant progresser l’éducation du segment féminin, nous nous opposerions à un axe de la domination, qui reculerait.
La domination étant supposée, si la société fait progresser les dominé(e)s, non seulement tout le monde progresse, mais la domination recule et le système change. C’est plus qu’évident, c’est quelque part tautologique, – et sans doute est-ce pourquoi cette volonté n’existe pas politiquement -, mais autant le savoir, et le dire ! 😉
Vous avez entièrement raison pour les pays du tiers-monde, et d’autres.
BRL est manifestement franco-centré; or, la question n’est plus vraiment pertinente pour ce pays… mais elle pourrait l’être en G.B. par exemple.
Il paraît que le phénomène des filles mères y est grandissant.
» La France et la Grande-Bretagne présentent deux situations très différentes en matière de grossesses adolescentes : ce phénomène revêt une ampleur bien plus importante dans le second pays que dans le premier. En effet, en 2007, le taux de ces grossesses (concernant des jeunes filles âgées de moins de 19 ans) est de 42,918 pour 1 000 en Angleterre et au Pays de Galles (ONS, 2009), tandis qu’il fluctue aux alentours de 14 pour 1 000 en France (Nativel, 2006, p. 116). Le taux de naissances pour les jeunes filles de 15 à 19 ans est de 26 pour 1 000, en 2007, en Grande-Bretagne, alors qu’en France, il est inférieur à 7 000. Notons toutefois que le nombre de maternités précoces diminue régulièrement en Grande-Bretagne, depuis le début des années 2000. Le taux de naissances, de 30 pour 1 000 en 2001, n’est plus que de 26 pour 1 000 en 2007 (ONS, 2009). »
@ Guy Leboutte
« niveau d’instruction »
Dans le billet de BRL « instruction » apparaît seul deux fois « éducation » apparaît seul huit fois. Les deux mots apparaissent en même temps deux fois, ce qui laisse penser que BRL fait la différence.
Pour moi instruction renvoie à instructeur à connotation militaire alors qu’éducation renvoie au plus civil éducateur.
Un commentaire?
Bonsoir BasicRabbit.
N’oubliez pas que le modèle spartiate est dans toutes les têtes, au XVIIIe siècle. Le repoussoir est la molle Athènes. Finalement, la mobilisation de l’Europe contre la Révolution devait nourrir plutôt la fibre militaire que la fibre intellectuelle. Cela dit, Saint-Fargeau entend former des citoyens avant d’instruire de futurs soldats. Les lycées napoléoniens, eux, ressembleront à des casernes. Les noms khâgne et hypokhâgne datent cette époque et raillent les élèves cagneux qui marchaient les genoux en dedans, ce qui gênait la manœuvre. Saint-Fargeau s’intéresse moins à l’instruction qu’à l’institution. C’est sur elle qu’il compte pour abolir l’inégalité des dons.
@BRL: « Le repoussoir est la molle Athènes. »
Vous avez raison, ils pensaient beaucoup à Sparte. Mais je m’étrangle rien que d’y penser. Parle-t-on aujourd’hui de miracle grec grâce à Sparte? Parlerait-on même de Sparte si les plus réactionnaires des écrivains athéniens n’en avaient fait stupidement l’éloge?
Miltiade, Thémistocle, Périclès, Démosthène, etc, c’étaient pas des spartiates quand même. A Marathon, c’étaient pas des spartiates que je sache. Bon, ok, ils ont perdu la guerre du Péloponnèse. Mais sur le fil et à cause de la peste.
@Moi. Je pensais avoir montré clairement dans mon billet ce que je pensais de la laconophilie des Révolutionnaires. Là-dessus, je me rapproche de Condorcet. La « molle Athènes », sous ma plume, c’est du persiflage. J’aurais pu mettre des guillemets, il est vrai, pour marquer la distance que je prends avec ce type d’énoncé. Mais bon, dans le feu du commentaire… Vous m’attaquez là-dessus mal à propos, Moi. Ce n’est certainement pas moi qui ferai l’éloge de Sparte ici.
Militaire aussi l’origine pour les taupins et hypotaupins BRL. Des sapeurs du génie si ce n’est de génie quoi.
Merci pour cet article sur la primauté de l’éducation pour faire république et pour éviter les pièges multiples des idéologies douteuses..
cependant, je soutiens l’info donnée par Ludovic.. En aucun cas, les classes préparatoires ne sont réservées aux bacheliers qui obtiennent une mention, pour la bonne raison que les places en classe prépa sont attribuées avant le baccalauréat, au vu des notes et des appréciations des professeurs (le « peut faire beaucoup mieux » est très bien perçu à ce niveau là: cela signifie que l’élève a des réserves..).
Ensuite, il faut quand même obtenir le baccalauréat, bien entendu..mais on ne parle plus de mention, à aucun moment de la scolarité.
Ensuite, pour l’accès à l’enseignement supérieur, rappelons nous qu’avant 1973, tous les enfants n’accédaient pas à l’enseignement secondaire, et qu’il n’est donc pas possible de comparer des % entre 1970 et maintenant.
Il n’y a jamais eu autant de personnes sachant lire en France.
Même si le niveau d’éducation stagne, le remplacement des générations fait que le niveau moyen augmente (d’après Emmanuel Todd).
Aujourd’hui, les enfants (et les adultes) passent de plus en plus de temps à lire et à écrire que dans les années 70 à 90 grâce à internet. Précédemment, la télévision accaparait la grande majorité. Maintenant, chacun passe son temps à lire, à passer des messages, à communiquer par écrit.
Ce fait est peut être le plus grand levier d’éducation qui est en train d’agir à notre insu.
La formidable base de données qu’est internet permet aussi de lisser la différence de connaissances et d’accès à la connaissance entre les classes populaires et aisées.
Aujourd’hui, vous participez à cette émancipation de la société via la pédagogie, les explications, les hypothèses et les synthèses présentées quotidiennement.
L’enseignement a bien sûr été aussi détourné de son idéal républicain, comme l’économie l’a été, comme la vie dans les entreprises avec un but : asseoir la domination de quelques uns sur les autres.
Critiquer (ce qui est une manière de se vanter) reste du moins un exercice ancien :
« Notre jeunesse (…) est mal élevée. Elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui (…) ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais. »
« Je n’ai aucun espoir pour l’avenir de notre pays, si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain. Parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible. »
« Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin. »
« Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture. »
Une petite précision toutefois :
La première citation est de Socrate (470-399 av. JC)
La deuxième est d’Hésiode (720 av. JC)
La troisième est d’un prêtre égyptien (1000 av. JC)
La dernière, vielle de plus de 3000 ans, a été découverte sur une poterie d’argile dans les ruines de Babylone …
Oui !!! Mais la contre culture (sens négatif du terme) n’a jamais été aussi prégnante:
Presse people, consumérisme, diktat de l’image, TV trash, manipulation publicitaire etc…
On ne sait pas suffisamment « bien lire » pour contrer les méfaits d’une telle société.
Tant de gens qui savent lire mais plus beaucoup capable d »écrire ? moi le premier ! et quand la fée électrique et les bits dans les ordi ne seront plus lisibles …que restera t’il ?
Ah ça c’est sûr que Nous deux, Ici Paris, Points de vue images du monde ou Détective c’ètait aut’ chose ! Avant ? L’illustration ? Trop cher pour la très grande majorité…
Pierre Bourdieu et J.C. Passeron : Les héritiers (Les étudiants et la culture)
La rente socio-culturelle chien de garde de la rente patrimoniale !! La boucle est bouclée et ceci peut expliquer toutes les incongruités intellectuelles actuelles.
Scinder les élèves entre riches et pauvres en matière de réussite scolaire ne me paraît pas conforme à la réalité. La culture familiale n’est pas forcément associable au niveau de vie. On peut, avec beaucoup d’argent, élever et éduquer très mal ses enfants. Il faut à mon sens relever deux éléments: la difficulté grandissante d’être parent, dans un contexte scolaire et technologique qui mouline très vite les esprits, en ce sens être parent est devenu un art, et l’incapacité (compréhensible) de l’Ecole à donner le goût de la culture et de l’apprentissage intellectuel à ses élèves. L’Ecole ne peut pas en effet lutter seule contre des tendances sociétales encouragées par le monde économique et les pouvoirs publics, via une massification désastreuse car impensée. Ce qui reste vrai, c’est que la liberté des familles induit une inégalité des conditions culturelles qui ne sont pas forcément liées au statut socio-économique des parents. On peut être pauvre et réussir, et inversement. La réussite des enfants est plus que jamais affaire de choix et de volonté des familles, et dans ce sens, l’Ecole française apparaît de plus en plus inégalitaire, les citoyens étant laissés seuls face au défi de l’acculturation de leur progéniture. Statistiquement, vous avez sans doute raison, mais concrètement, votre thèse me paraît donc discutable, si l’on sort des milieux « bobos » où l’on réussit traditionnellement par le diplôme et les réseaux. On attend toujours une vraie réforme de l’Education nationale, qui à mon sens ne viendra jamais, tant elle soulèverait de problèmes aigus (urbanisme, emploi etc…). Cordialement.
je n’ai pas lu tous les commentaires donc excusez moi si c’est un doublon.
un autre point de selection dont actuellement un de mes fils est « victime »:
Etant en école d’ingénieur en derniere année il risque de ne pas avoir son diplome car son école ne les délivre que si la clause de mobilité à l’étranger est respectée.
Quasiment tous ses collegues sont issus de classes supérieures dont les parents sont ingénieurs ou cadres supérieurs avec logiquement un carnet d’adresses conséquent et des revenus itou.
Le stage à l’étranger dans ces conditions devient une simple formalité d’autant plus que leurs vacances se passaient aussi à visiter le monde avec leurs parents.
Je vous laisse deviner la galere pour un éleve de condition modeste pour trouver un stage rémunéré, un lieu de résidence « pas trop cher » et même pour se payer un billet d’avion……..
Qu’il fasse comme j’ai fait dans les mêmes conditions : boulot pendant les « vacances » quand les copains vont à la plage aux Seychelles et les soirs en semaine quand compatible avec les examens et les cours. Le pognon ainsi mis de côté permet de faire face aux obligations débiles et discrinanres de ces nouvelles formations « internationales ».
Bon courage !
Egalement mon cas puisque j’habitais en province où l’activité agricole ou qui en dérive nécessite de la main d’oeuvre, mais si ce jeune homme habite en grande ville c’est sûrement plus compliqué.
Ah bon pignolle ? Y’aurait plus de jobs à la campagne ? Mouarf…
@Julien Alexandre: j’ai réussi à le faire un seul été, le reste du temps pas moyen de trouver un job de vacances vu qu’ils étaient délivrés aux étudiants pistonnés. Il ne restait que les jobs pourris et mal payés (ramassage de fruits dans une ferme, porte à porte, etc), que je me suis évidemment coltinés par intermittence (je jetais souvent l’éponge après quelques jours). Ces jobs, outre qu’ils étaient très durs (les fermiers nous traitaient comme des chiens et ne payaient pas le déplacement de la ville à la campagne, contrairement aux enfants-étudiants du coin), ne suffisaient pas à payer des études. Moi et la plupart de mes camarades on restait donc à traîner durant l’été et à faire des mauvais coups. Voilà la réalité du quart-monde. Les jobs de vacances, c’est déjà pour la catégorie sociale au-dessus (pour nous, ceux qui bossaient l’été, c’étaient déjà des bourgeois).
@ Moi
Évidemment, je te parle pas de ions de pistonnés, ceux-là ont pas besoin de bosser. Pas dans l’ordre et pas exhaustif : mouleur de coquilles en mousse, croquemort, éboueur, tireur de câbles, ramassage melon (le pire), pommes de terre, pommes, Teleperformance (là pas de problèmes, ils prennent tout le monde), etc.
Tu fais ça au black de 14 à 22 balais, pendant toutes les vacances dispo + weekends, parfois soirées, parfois même nuits (j’oubliais le gardiennage !), ça met un paquet de côté. Sûr, tu te paies pas une ESC, mais tu finance un parcours correct fans les grandes écoles publiques (ingé, Sciences Po, IAE).
Revenu universel à partir (au moins) de 18 ans.
En plus de résoudre implicitement le partage de l’activité et partant de réduire la durée du temps passé à en pratiquer une peu épanouissante, il résoudrait aussi le problème du coût des études pour les moins aisés.
Tant qu’à changer le cadre…
@vigneron
« Ah bon pignolle ? Y’aurait plus de jobs à la campagne ? Mouarf… »
Pour ramasser les pommes, le raisin de table, ou faire de la main d’oeuvre dans l’un des MIN : oui. A l’autre extrême, dans une ville comme Paris sans usines et sans secteur primaire, il doit être difficile pour un étudiant de se faire un petit magot pour tenir l’année en subvenant à ses besoins.
Mouaaaarfffff ! Sacré Pignolle ! Quel boute-en-train ce Pignolle ! pas vrai m’dame Michut ?
@Julien : « ramassage melon (le pire) »
Ah t’y as eu droit aussi? C’est vrai, les fruits, c’est incontestablement le pire. J’ai pas fait les melons mais les cerises, pas rigolo non plus de monter aux arbres.
« mouleur de coquilles en mousse »
Les boulots d’usine, c’est les plus peinards et les mieux payés. Enfin, de ce que j’ai vu (l’alimentaire). Ce que je voulais dire c’est que ces postes-là, les boites d’intérim ne nous les filaient pas mais en priorité « aux pistonnés » (souvent ceux qui avaient un père bossant dans l’usine). Je mets entre guillemets parce que c’étaient des fils de prolos, mais à l’époque on n’imaginait même pas les autres, au-dessus, qui partaient en ballade tout l’été.
Non, décidément, l’égalité des chances c’est de la rigolade. Bon, c’est vrai que ce que j’ai pu faire, je le dois en grande partie aux aides de l’Etat, c’est déjà mieux que rien. Mais la plupart autour de moi ont lâché parce qu’une année ratée te zigouillait ta bourse alors que plus tard j’en ai connu des cancres bourgeois qui pouvaient se permettre de faire chaque année scolaire en deux ans et puis une année sabbatique par-ci pour rigoler et une année sabbatique par-là pour apprendre une langue étrangère. Et à la fin, hop que je te reprends le cabinet de papa.
J’ai été confronté il y a 10 ans à ce problème. Avec un peu d’acharnement j’ai pu passer 5 mois en Allemagne rémunéré au dessus du smic. Et j’ai pu y aller en train… J’avais du contacter plusieurs dizaines de boîtes qui avaient précédemment reçu des stagiaires de mon école, l’asso des anciens tient forcément un base avec tous les contacts. Aujourd’hui des outils comme Xing ou LinkedIn devraient pouvoir donner de bons résultats.
Bon courage à votre fils.
Et le crédit ? C’est fait pour quoi ? Pour acheter des bagnoles ? Ou pour faire un tour à l’étranger pour compléter sa formation ?
Vigneron, le crédit c’est pas accessible à tout le monde tu sais mon poulet. Quand tes parents déclarent un revenu annuel inférieur à ta bourse d’étudiant échelon 5, va essayer de cnvaincre un banquier de te prêter du pognon sans garant ! Alors les études à l’etranger ou l’ESC, tu mets une croix dessus, sauf si t’as commencé à bosser à l’usine à 14 ans. Concerne pas grand-monde, je t’assure.
Hep hep, on parlait du stage à l’étranger. Prêt étudiant de 15 000 euros garanti par l’Etat plus la bourse de mobilité de 400 euros par mois, c’est déjà ça.
toujours des réponses limites ! vin nouveau trop acide ?
Mon fils n’a pas encore le permis et sa voiture qui lui est réservée est au fond d’une grange: celle de sa soeur , une 205 vieille de 20 ans….
je suis en zone rurale profonde ou il n’y a pas d’embauche en secteur agricole( exploitations familiales) et en agro alimentaire ce sont des intérims pour les saisons en 2×8….
de toute façon je voulais surtout dénoncer des barrages imbéciles comme la mobilité totale comparable au nomadisme de Jacques Attali. Ce qui est concevable dans les écoles de commerce ne l’est pas par exemple en informatique. Aller a la découverte des autres cultures et pays en allant vendre des chouchous sur les plages de Copacabana pendant 10 semaines n’a un intérêt que très relatif .
Si bien que dans la promotion de son département ils sont 3 dans le même cas de figure…….
je précise pour vigneron qu’il ne fume pas et ne fait pas les virées alcoolisées et n’entend pas rester chez « papa maman »….arguments classiques.
Tout à fait d’accord avec Julien Alexandre.
Ah bon ?
Ah oui bien sûr, si c’est l’attalisme qui vous dérange…
Il se démerde le minot, point. Y’a plus grave oh !
Pour le boulot au pays des pousmottes voir là, pour le reste ici.
Y avait des aides pour les stages à l’étranger, financer par la région ( à l’époque des stages 6 mois avant de reprendre une exploitation agricole) de mémoire c’était pas mal, si les enveloppes existent toujours et quels ne sont pas utilisés (ce qui ne m’étonnerai pas, en dix ans les attentes de ce milieu ce résume à la sous-traitance jetable), y à peut-être moyen de détourner leurs destinations, ou de l’adapter (avec de la conviction c’est peut-être jouable)
Je croyais qu’il fallait arrêter avec le crédit.
Si tu les foires tes études, tu rembourses le crédit avec quoi?
Pour le RSA, faut attendre 25 piges…
Ca commence mal pour le gamin.
Quel est l’abruti qu’a dit qu’il fallait en finir avec le crédit, Garorock ? .
Les « victimes » feraient bien de prendre l’initiative de se renseigner. Il existe des contrats aidés spécifiques comme par exemple le V.I.E.
Aides nuancées par région .
Par exemple , un V.I.E en région rhônes alpes=…
http://www.ubifrance.fr/formule-vie/aides-nationales-et-regionales-au-vie.html
Pour ce genre de monopoly , vous pouvez passer par la case » humanitaire « , voir la case « aide au départ à l’étranger .
http://www.univ-savoie.fr/fileadmin/Dri/FR/documents_de_mobilite/aides_financieres/Aides_financieres_2012_2013_RC.pdf
merci. je vais aller voir plus précisément.
Vigneron, toujours l’invective hein….vous ne devez pas être marrant à vivre au quotidien.
Pas moins que l’ingénieur informaticien lambda, barétous. Apprenez juste que moi au moins j’essaye de pas chouiner la bouche pleine.
« C’est une Honte ! Mon fils méritant doit faire un stage à l’étranger pour faire ingénieur informaticien ! »
Presque drôle, mais non.
Ps : alors comme ça c’est un diplômé de rien quo lui trouve des combines à l’ingénieur à venir ? Et c’est papa qui va voir c’qu’il en retourne ? Ok.
@ Au raisin sec,
Faudrait savoir, une fois tu chouines que ta vinasse te fait perdre 1500 euros par mois, une fois tu as la bouche pleine. Pas facile à suivre la vinasse. Mais pour qui a un patrimoine familiale ou a eu une rente de situation conséquente, on peut jouer sur la perte d’exploitation pour faire genre, la bouche ne manque jamais de quoi se remplir. Et je me comprends ! 😀
Vinasse ? Ah ouais ? C’est quoi ton métier toi mon insignifiance doctorale ? que j’t’en cause un peu.
J’ai dit j’essaye ok ? Le niard qui porte mon nom c’est boursier échelon 6 plus boulot, coloc et cie et j’me vois pas aller beugler jusqu’ici s’il doit valider un jour son cursus par un stage à l’étranger. Tu dis merci pour tout si t’en es là et c’est tout.
Les inégalités par l’argent ne sont pas une vue de l’esprit mais une chose bien réelle .
Cependant , il existe toujours une petite porte pour les moins nantis : celle de la débrouillardise .
Ceux qui n’osent pas demander , questionner , restent figer sur leurs difficultés.
Ceux qui croient toujours pouvoir s’en sortir par eux mêmes cèdent aux sirènes de la prétention.
Pour dire, Il existe sûrement des vignerons qui n’arrivent pas à faire tourner leur affaire , mais qui, par orgueil , ne demanderont jamais conseils … vu qu’ils « savent tout sur tout « .
Avouer une difficulté ne se fait pas selon certains : erreur tragique , et souvent culturelle .
Les séjours à l’étranger ont ceci de bon qu’ils obligent à remettre en question des valeurs inculquées par le milieu dont on est issu.
http://www.crous-creteil.fr/spip.php?article35
À noter aussi , la réalité de l’ inégalité des aides selon les régions .
Pour la région RHône alpes
http://www.rhonealpes.fr/212-vie-etudiante-et-bourses-explora-sup.htm
@L’auteur
Manque à mon avis une chose à ce travail par ailleurs excellent: Puisque toute la première partie de votre exposé s’attache à mentionner combien l’accès aux prépas est inégalitaire, je me serais attendu à ce que vous fassiez à la suite la démonstration que ce à quoi conduisent les CPGE est aussi en soi fondamentalement inégalitaire, puisque fonctionnant sur le mode du concours.
Nonobstant, la sélection par concours souffre d’une autre tare pas moins dommageable, celle de choisir les candidats admissibles au moyen d’un ratio établissant un classement, de telle sorte que quel que soit la qualité réelle des candidats, il est toujours possible de faire ce classement.
Ainsi au pire, les grandes écoles pourraient sélectionner leurs candidats dans une troupe de débiles légers sans même s’en rendre compte, puisqu’il serait toujours possible d’établir un classement pour un tel groupe de candidats avec un premier et un dernier.
Oui, il ya beaucoup à dire sur l’école, pardon, l’Education Nationale, premier budget de l’état, avec les résultats que l’on commence à mesurer, malgré le décervelage intensif qui entoure le sujet.
Petite illustration, où l’on retrouve certaines causes des difficultés que rencontrent les enfants ET les parents :
http://www.dailymotion.com/video/xhty4w_coignard-vs-zemmour-naulleau-l-education-itw-onpc-260311-ruquier_news
Si vous n’entendez pas les autres intervenants, écoutez au moins Daniel Picouly à partir de 16’15 ».
Puisque l’on en est aux leçons que ne peuvent s’empêcher de donner ceux qui croient détenir LE savoir, on aurait intérêt à lire ces auteurs cités dans l’émission ONPC.
Jean paul Brighelli, Marc Le Bris,Jean Claude Michéa.
Le billet me fait aussi penser à la publicité faite autour des suicides des agents de France Télécom ou de la Poste, pendant que plus de 400 agriculteurs par an mettent fin à leur jours dans le silence le plus total, comme s’il y avait des drames plus dramatiques que les autres..
Je conseillerais aux enseignants de faire ce que sont obligés de faire de plus en plus de parents après l’école, en dehors de l’école sinon contre elle : essayer de transmettre des savoirs à leur enfants.
Celle-là, elle vaut son pesant de cacahuètes : les enseignants ne font pas leur métier, par contre, ils se « défoncent » pour que leurs propres enfants réussissent (cf. statistiques précédentes).
C’est beau comme un camion, ce genre de pensée.
Surtout, continuez, criez-le partout, poursuivez ce constructif travail de sape, et vous découragerez définitivement les derniers « hussards noirs de la République », dont je suis fier être (malgré tout ce que j’entends).
Le problème de l’E.N. : les enseignants. Point barre. Circuler, y a rien à voir, ni à entendre et jamais, au grand jamais, dire autre chose.
Bien sûr, ce grand malaise n’a rien à voir avec les politiques diverses et variées que subissent les personnels de l’E.N., contradictoires au possible, les programmes qui changent plus vite que la mode chez Dior ou Givenchy.
Rien à voir non plus avec une société en souffrance, qui nous envoie des tombereaux d’enfants à son image, que l’on doit accueillir dans des classes à 27-31.
Un gamin en souffrance, il a besoin de beaucoup d’attention, pas de « mise à autonomie avec une pédagogie différenciée », contrairement au « fils d’ingénieur » (je cite par facilité, pas d’ostracisme, ni de généralisation) qui, déjà sur les rails, avale tout ce qui lui est proposé. Là, on est sur un des vrais problèmes, au delà de tout le bla-bla pseudo-scientifico-statistico-pédagogique bien pensant actuel : sachant que la journée d’un élève fait 6H, que sur une trentaine d’élève, il n’est pas rare d’en avoir une bonne dizaine mini en souffrance, ON FAIT COMMENT ????
10 ridicules petites minutes consacrées à chacun de cette dizaine, ça nous fait déjà une heure 40! (et le Programme, cette Sainte Bible, comment je le boucle, pour ne pas me faire crucifier par « pizza », mon IEN et « l’ingénieur » qui veut le meilleur pour son fils ?)
Si en prime, il y a des problèmes de discipline (il suffit d’un voire deux cas), je ne vous raconte pas.
Et puis, il ne faut pas oublier l’enfant handicapé, qu’on lâche dans cette fosse aux lions, au nom d’une sacro-sainte intégration à tout-va (qui coûte beaucoup moins cher, soit dit en passant) , avec une AVSI (de temps en temps, économie oblige).
Dans l’école de ma compagne, il y avait un élève de CE2, en fin de vie, (leucémie) intégré pour avoir « une vie comme les autres » : attendu l’AVSI pendant un mois et demi. Entre-temps, il a eu la « chance » d’être traité comme les autres : un CM2 l’a bien « dérouillé », pour une raison X ou Y (encadrement réduit au minimum pendant la pause méridienne, faut économiser).
Et tout ça, pour quel salaire mirobolant (on coûte tellement cher !) ?
Même plus la reconnaissance des difficultés, à un point où je rêve du jour, improbable, où le métier d’enseignant sera considéré et traité par les médias et M.Tout-le-Monde comme celui de plombier, électronicien, DRH, enfin que sais-je, en tout cas, être anonyme, simplement anonyme, au lieu d’être les boucs émissaires, cause de tous les malheurs de cette société qui n’a même plus le courage ou la force d’affronter ses propres contradictions.
Mais bon, chuis instit, rien qu’un simple instit, je fais ce que je sais le mieux faire : rien et « couiner », au prix fort.
PS : dormez-bien, brave gens, le grand débat sur la semaine de cinq jours va tout régler : dans le cas contraire, on connaît déjà les coupables…
Il m’est arrivé de penser que que l’expression
signifiait que les enseignants (surtout les instituteurs) avaient pour mission de veiller à ce que chaque Français soit intellectuellement conforme au modèle « républicain » hors duquel point de salut .
Il me semble que ce rôle est aujourd’hui dévolu aux recruteurs (pour résumer) officiant pour les entreprises. C’est sous leurs Fourches Caudines qu’il convient de passer pour se faire une place dans la société.(Noter que la République, cela ne les inquiète pas vraiment)
Que pensez vous de qelqu’un qui doit partir au boulot à 7h15, retour à 20h15 avec trois heures de transport, 1 heures repas si tout va bien , 9 heures de travail (oubliez les 35 heures pour un cadre) pendant 240 jours par an. Je ne vous parle pas de ce qui reste à faire à la maison quand vous avez trois enfants, sachant que l’épouse travaille elle aussi avec des journées à rallonge..
Le travail maison inclut ce que dit Picouly dans le lien que j’ai donné, c’est à dire réapprendre à nouveau en fonction des dernières inventions du système, pour sortir ses enfants de la mouise où il les enfonce.
Et je ne vous parle pas de l’autoformation permanente à laquellle on doit s’astreindre pour rester performant.
Je me demande comment faisaient mes instits que je respectais et qui le méritaient, avec une classe de 35 élèves, une l’amplitude de travaik journalière, hebdomadaire, annuelle, et les moyens d’il y a quarante ans.
Dès que j’aurai ne serait ce qu’un bref instant de libre, je verserai une larme sur votre sort
Le problème pour l’estimation des suicides agricoles, c’est qu’il y a souvent des emprunts en cours et que l’assurance décès ne couvrent pas le suicide, alors quand c’est possible si le médecin n’ a pas envie d’ajouter des créances (on est facilement sur des centaines de milliers d’euros, la vente de la ferme ne suffit pas toujours )à la peine des familles, ces suicides peuvent être modifiés en décès et puis comme ça ça reste en famille.
Le lien (2) est mort. Je l’ai retrouvé ICI.
salutations
GEAB du 15/9/12 : maintien de l’alerte rouge Octobre 2012 : émeutes mondiales , récession mondiale , écroulement des USA , guerre occident moyen orient , 20% des commerces ferment ,situation historique .
C’est en marche , lorsque l’on tue un ambassadeur et qu’on brûle les ambassades US dans tous les pays c’est une vraie déclaration de guerre.
Oui, bon, du calme, pas de panique… Je me souviens de « quelqu’un » qui avait écrit il y a quelques semaines un billet similaire à propos des risques découlant de la fuite de Julian Assange à d’Equateur à Londres… N’oublions pas que les peuples sont nettement moins « sanguins » – ou « saignants », ce qui revient au même – depuis que le commerce international et le confort ont mis pas mal d’huile dans les difficultés de la vie des peuples de par le monde, et considérablement dilué leurs humeurs belliqueuses…
Les analyses GEAB sont souvent intéressantes, mais ils ont une fâcheuse tendance à raccourcir le temps. Comme il se dit ici depuis fort longtemps, le déclin d’une civilisation prend généralement du temps.
Cela dit, la menace que vous décrivez est réelle et sérieuse, mais il y a déjà eu des précédents dans l’Histoire…
Et lorsqu’on fait, produit et distribue une daube comme « l’innocence des musulmans » c’est pas ça la vraie déclaration de guerre??
@ Marcel Séjour
Produire une daube n’a jamais été une déclaration de guerre, sinon la planète serait à feu et à sang. 😉
Sinon, je préfèrerais qu’on parle pas trop de ça sur ce blog, sinon ça va déraper sec. Moi y compris.
« il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance »
J’ai un bon nombre d’enseignants autour de moi, et tous disent que les « plus favorisés » se voient entravés de bâtons dans les roues plutôt que le contraire. En effet, l’enseignant s’attarde toujours pour que ceux qui sont plus lents puissent comprendre le cours et les ramener à un niveau correct. Ceux qui sont plus rapides ne font l’objet d’aucune attention particulière et sont ralentis par le reste du groupe : cela dégénère même parfois en échec scolaire. Evidemment j’associe « favorisé » et « niveau scolaire » puisque c’est la base même de l’article.
« Comme la pratique religieuse est encore bien vivante dans les campagnes »
Ah le bon cliché. Les campagnes seraient donc couvertes de clochers et les villes ne comporteraient ni cathédrales ni synagogues. Vous vous contredisez vous-même en reconnaissant que les Jésuites ont formé un grand nombre des beaux esprits de cette époque. Autre contre-exemple : comment expliquez-vous que la communauté juive réputée très religieuse fournisse autant de contingents intellectuels (Prix Nobels, et autres) ?
@moi @jarrige
Bien sûr le projet proposé est totalitariste puisqu’il repose non pas sur l’égalité mais vise l’égalitarisme entre individus. A terme les individus seraient interchangeables, leur personnalité et leur héritage culturel étant effacé de force. Cela ne laisse aucune place à la transmission des valeurs sensibles entre parents et enfants. Encore un Rousseau pour nous apprendre comment éduquer ses enfants quand lui-même laissait les siens à l’assistance publique.
@Pignouf 1er:
« L’égalité des chances c’est la garantie que pour le lièvre comme pour la tortue, la ligne de départ sera la même. » F. Lepage
ou encore, ceci.
En d’autres termes, recevoir une éducation de la part de l’État sans que celui-ci tienne compte des inégalités pré-existantes conduit inexorablement à la reproduction de ces inégalités à travers les générations.
On pourrait tout à fait nommer l’idée que vous défendez le capitalisme culturel, ce qui transparaît très explicitement lorsque vous évoquez l’héritage culturel. Or donner un caractère exclusif à la transmission de la culture est en contradiction avec son essence même: La culture n’existe que parce qu’elle est diffusée et partagée par une société, sans quoi elle n’est plus culture mais seulement particularité individuelle.
@Dissonance
Quand vous mentionnez la reproduction des inégalités, il me semble que vous vous focalisez sur la ligne d’arrivée et non la ligne de départ (tout comme l’article le fait par ailleurs). Car c’est le résultat que vous considérez (le modèle reproduit) et non le travail fait en amont par l’ensemble éducatif.
Mettre un frein aux « favorisés » comme suggéré dans l’article, et c’est ce qui est fait actuellement car les enseignants considèrent que les bons élèves s’en sortiront toujours quelles que soient les conditions, est tout simplement criminel car il ne permet pas d’exploiter pleinement le potentiel d’une poignée d’élèves plus brillants. Pour un peu, il suffirait de généraliser la médiocrité pour obtenir une forme d’égalité.
Le rôle de l’éducation est de fournir les outils de compréhension permettant l’émancipation et l’autonomie d’un individu. Vouloir à tout prix qu’un fils de médecin aille bétonner sur les chantiers, et qu’un fils d’ouvrier agricole aille enseigner à Harvard, ce sont des considérations autres qu’éducatives. Il faut réfléchir un peu sur les raisons qui poussent beaucoup de jeunes à faire des études longues n’apportant aucun débouché.
@Pignouf 1er
Vous aussi devriez prendre en compte les statistiques fournies et tenter d’en tirer enseignement (comme Ludovic un peu plus haut), car en fait, l’E.N. contrairement à ce qu’elle prétend ne suit pas une politique du savoir minimum mais bien du savoir maximum, c’est à dire que ceux ayant le plus de potentiel sont invités à engranger le maximum de connaissances.
Or ce sont bien les personnes issues d’un milieu socio-culturel favorisé qui disposent des meilleurs atouts à ce petit jeu, ce que démontre justement les statistiques affichées dans le billet.
Par ailleurs, vous ne semblez pas pouvoir raisonner en dehors du cadre purement individualiste. Certes, freiner les potentialités de certains individus n’est sans doute pas souhaitable pour les individus concernés, mais c’est en revanche tout à fait nécessaire dans le cadre d’une démarche collective – osons le mot « citoyenne », puisqu’il semble bien que l’individualisme exacerbé de ces dernières décennies ait produit une cohésion sociale tout à fait médiocre, pour le moins.
Typiquement, savoir que Jean-Eudes touche 75k euros/mois après avoir été major de sa promo durant tout son cursus supérieur, ça ne me fait ni chaud ni froid à moins qu’il sache partager les fruits de sa réussite avec ses concitoyens. Or, c’est exactement le contraire qui est enseigné dans ces usines à cerveaux que sont les prépas et ensuite dans les grandes écoles.
D’ailleurs à bien y regarder, la réussite individuelle n’est-elle pas qu’une vue de l’esprit? Bien entendu, les exemples sont légions d’individus qui jouissent seuls de leur réussite, ce qui ne veut absolument pas dire que cette réussite leurs soit exclusivement imputable, juste que leurs collaborateurs divers et variés n’en tirent pas les mêmes bénéfices.
Ainsi par exemple Jorion ne serait pas Jorion sans le concours de ses professeurs, des entreprises et universités qui ont accepté de l’employer, des modestes contributeurs de son blog 🙂 , etc.
Bonsoir Pignouf 1er.
Je parlais de la pratique religieuse du temps de Saint-Fargeau et pas de l’actuelle. Certains Révolutionnaires éjectent la religion de l’enseignement pour des raisons qu’il vous sera aisé de trouver. Cela ne veut pas dire que les jésuites et les oratoriens aient été de mauvais maîtres. En revanche, leur enseignement en matière d’économie politique ne devait pas aller au-delà, disons, de Jean Bodin. L’alliance du sceptre et du goupillon.
J’ai travaillé dans l’enseignement et ma compagne a enseigné au niveau maternel, primaire, secondaire et même dans l’enseignement supérieur. Nous faisons le même constat que Pignouf 1er le bien nommé au sujet « des « plus favorisés » se voient entravés de bâtons dans les roues plutôt que le contraire ».
Ce qui devrait constituer à nos yeux le centre de gravité de l’éducation et de l’enseignement, c’est un critère purement anthropologique (la nature de l’être humain en développement – entendu aussi dans le sens de la nature de tel ou tel enfant concret que j’ai devant moi – chaque enfant étant une individualité avec ses spécificités uniques) et non pas un critère répondant à telle ou telle conception politique (même bien intentionnée – elles le sont presque toujours toutes) ou aux besoins de l’État.
Dans ce sens, bien que les enfants reçoivent un enseignement collectif dans une même classe, il est de première importance de pouvoir individualiser, autant que possible l’enseignement, selon les spécificités et les besoins de chacun (ceci permet peu à peu à chacun enfant de manifester autant que possible, son plein potentiel). Au plus un être humain développe son potentiel, au plus il peut aussi en résulter des apports féconds pour toute la société. Par exemple, si un enfant a des aptitudes particulières dans le domaine, disons musical, cela serait une perte, non seulement pour lui, mais aussi pour toute la société, si, en raison d’une forme d’éducation standardisée (« égalitaire ») a priori déterminée par l’État (ou toute autre structure), ce potentiel ne pouvait être développé. Je rejoins là encore Pignouf lorsqu’il écrit que le projet proposé est totalitariste.
Dans ce projet, il me semble que le critère anthropologique (et donc forcément lié à l’humain concret présent devant moi) est complètement balayé au profit d’une conception particulière de l’éducation (évidemment conçue de bonne foi comme étant « la meilleure ») (par ailleurs très simpliste), imposée par des gens complètement éloignés de la réalité du terrain (dont ils ignorent tout, ou presque – les statistiques ne sont pas la réalité – ce ne sont déjà que des abstractions), par la force : l’État est instrumentalisé pour imposer à tous une conception unique de l’éducation et de l’enseignement, émanant de gens qui, bien que « bien intentionnés », n’ont dans les faits pas la moindre considération pour ce qui vit dans la conscience individuelle et la culture des personnes qu’ils prétendent éduquer (exit ce qui vit dans la conscience des parents, exit leur culture, exit leur vision du monde ; pour que l’homme et la société deviennent bons, il faut que tout cela soit balayé et remplacé par le système conçu par la petite élite bien pensante qui sait, elle, ce qui est bon pour tous).
Indépendamment du fait que sur ce dernier point notamment, ce projet (et surtout l’attitude de son auteur qui en émane) me paraît personnellement abject, combien de temps croyez-vous qu’un tel système puisse être mis en place, sans qu’il ne provoque des tensions sociales, voire des maux plus grands que ceux qu’il prétendait guérir ?
Bonjour Stef. Je n’ai qu’un conseil : lisez le projet de Lepeletier, de la première à la dernière ligne. Vous y trouverez beaucoup de choses que je qualifierai de datées et de contestables ; d’autres témoignent d’une approche paternaliste de l’enfance. Mais tirer Saint-Fargeau vers l’inhumanité est un contresens complet et je m’en voudrais de l’avoir suscité. A l’époque, beaucoup d’enfants étaient une charge pour leurs parents. Saint-Fargeau veut lever la malédiction de la grossesse non désirée. L’école nourrira et vêtira l’enfant pendant sept ans et le rendra à ses parents à un âge où il pourra les épauler sans effort et améliorer leur ordinaire, grâce aux compétences qu’il aura acquises. Saint-Fargeau le dit explicitement : son école est aussi là pour sauver des vies. Autant de vies sauvées, autant de « potentiels » sauvés. Votre analyse est anachronique et tape à côté en imaginant un Saint-Fargeau membre d’une élite « bien-pensante ». Il sait de quoi il parle. C’est un haut magistrat et la haute magistrature, à l’époque, ne produit pas que des toqués. L’infanticide et l’abandon d’enfants, il connaît. Tous les milieux sont concernés. L’amour d’un père ou d’une mère pour son enfant n’est pas automatique, quel que soit le milieu, je me répète. Mais quand la misère est absolue, cet amour-là, pour autant qu’il subsiste, peut vite tourner à la maltraitance ou au rejet. Les mésaventures de Rousseau avec ses propres enfants sont très éclairantes à ce sujet. Il en a eu cinq et il les a abandonnés. Ah l’infâme ! Et il pousse l’impudence jusqu’à nous donner des leçons d’éducation dans l’ Émile ? Rousseau eut au moins le mérite de la franchise, contrairement à nombre de ses contemporains qui abandonnaient les leurs en tapinois. De 1640 à 1789, l’Hôpital des Enfants-Trouvés, à Paris, a vu passer 390000 enfants. Cela vous donne une idée de l’ampleur du phénomène. Votre crainte d’une éducation standardisée est injustifiée. Saint-Fargeau dit bien que les maîtres seront amenés à choisir les élèves (la proportion d’1 pour 50 est critiquable) qui passeront au degré supérieur (qu’il appelle « école ») en fonction des aptitudes qu’ils auront décelées chez eux. Pour compléter la réponse de Dissonance à Pignouf 1er, à propos des meilleurs éléments qu’on freine en classe, je dirai : encore heureux qu’on le fasse ! Cela dit, un enseignant sincère reconnaîtra qu’il est reposant, parfois, de constater que certains élèves comprennent vite. Ce frein, vous le savez, saute en première et en terminale, ce qui annule les effets positifs de son enclenchement dans les années antérieures. Au reste, plutôt que de freiner les plus doués, pourquoi ne pas leur demander d’aider leurs camarades à comprendre ? C’est ce que propose Saint-Fargeau. Une manière de tutorat. Pourquoi toujours en demander plus aux enseignants ? Si vraiment vous croyez au « potentiel » de l’enfant, donnez-lui l’occasion d’en faire profiter ses camarades. Qu’il professe à son tour. Cela casserait provisoirement le magistère et fausserait la compétition, pour sûr, mais une « conscience individuelle » ne peut que s’enrichir de ce qu’elle donne.
Bon, on est Dimanche !
Ayons une pensée pour notre cher Pape qui a fait un « joli discours » tout récemment au Liban.
« L’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation ! » Non, ça c’est de Ségolène Royal !
Alors, qu’est-qui l’en pince le Pape de cette immense tâche?
– L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force.
… /… La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. L’établissement d’une culture de paix est à ce prix !
…/… Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l’unité de la personne. Sans elle, il n’est pas possible de construire la paix véritable.
… /… Un tel engagement ne sera possible que dans une société unie. Cependant, l’unité n’est pas l’uniformité… … (Benoît XVI)
– « Unité n’est pas uniformité »
Voilà qui me fait penser à une autre inusable vérité :
« Diviser pour régner » : serait-ce une maxime pour le capitalisme ?
L’unité rassemble, l’uniformité divise.
Divisés, on peut tout nous vendre, même la guerre.
Rassemblés, on ne peut tout donner, même la paix.
Bref, un discours que l’on pourrait résumer par l’édit suivant :
« La paix, encore la paix, toujours la paix ! »
Bon dimanche.
Déjà cité sur ce blog , mais voilà une bonne occasion de réentendre ce qu’il a mis en scène à propos de » l’éducation » .
Apprendre un savoir existant , et/ou
Apprendre à apprendre , et/ou
Apprendre la critique , et/ou
Apprendre la citoyenneté ?
http://www.youtube.com/watch?v=96-8F7CZ_AU
Les passages traitant plus directement de l’éducation nationale sont mèlées dans le flot du reste , mais …justement …
Merci juan nessy, Franck Lepage pour les journées du patrimoine. Pas Mieux!
Ça aussi ça fait partie de l’éducation :
Face à la répression, face aux procès que nous subissons, face aux harcèlements de la gendarmerie, bras armé de l’État Nucléaire, face aux échéances de fin des travaux qui approchent, l’heure n’est pas à la résignation ou au compromis. La lutte contre cette ligne THT s’est toujours inventée au jour le jour. Aujourd’hui c’est un nouvel élan que nous voulons lui insuffler avec cette manifestation à Avranches. Il s’agit pour nous de partager notre quotidien de lutte et de rencontres, de faire part de nos expériences et de discuter des raisons qui nous poussent toujours à tenir tête. L’expérience ici éprouvée aura définitivement débarrassé chacun des participants de toute illusion à l’égard d’un quelconque compromis avec un État, qui, quelque soit sa couleur, se fera toujours le défenseur de son industrie nucléaire.
Ce que nous souhaitons, c’est sortir des carcans imposés à cette lutte afin qu’elle se développe partout où il y aura des gens qui oseront se dresser contre RTE, contre le Nucléaire et son monde. Nous voulons rompre le silence et les mensonges médiatiques sur notre sort, que nous partageons avec tous ceux qui contestent ce monde là. Nous considérons à contrario de ce qu’ils affirment, que ce n’est pas une « lutte locale » qui se joue ici, mais que nous vivrons tou-te-s sous cette ligne, ou sous d’autres. Pour beaucoup déjà, vivre sous une THT est une réalité, mais cette balafre en construction va alimenter les industries de toute l’Europe, elle va polluer ce territoire pour encore longtemps, et elle permet à la logique nucléocrate de perdurer jusqu’à la catastrophe. En ce sens nous sommes tous des riverains de la ligne THT Cotentin-Maine. Nous subissons tous ses effets, la logique de centralisation energétique dont elle est symptomatique. Nous vivons tous le flicage et la militarisation de nos espaces de vie qui nous sont imposés. Répondons par ce simple « NON ! Nous ne nous laisserons pas faire ». Nous sommes tous soumis-es à cette soit-disante « démocratie », qui par ses juges et ses flics révèle son vrai visage, nous vole nos espaces, nos droits et nos libertés pour le profit de quelques-uns.
C’est pourquoi il nous apparaît si important de déplacer la lutte non plus sur la ligne même, mais plus largement là où elle n’est pas « visible », en ville, à proximité même du soi-disant « Quartier Général de RTE pour le projet ».
Projections, repas, discussions, actions de visibilité de la lutte, c’est par ces moyens que nous entendons créer du lien avec tous ceux qui allument la lumière chez eux le soir et s’interrogent. Considérons quelle est la nature de cette energie que notre société consomme ; quel est le prix en sang, en larmes, en frustration, en souffrance, de la production et de l’acheminement de cette électricité dans les usines et les bureaux de chacun, et donc dans nos habitations.
Ni résignation, ni compromis !
Tous à Avranches le 29 septembre 2012 !
Rassemblement à 10h au Jardin des plantes
Mais non, devant l’ambassade US, voyons!
>EOLE
Ça ne changera pas trop les gardes de l’ambassade US: ils auront encore des barbus cinglés devant eux…
Dans le projet Lepeltier les notions d’entraide, de solidarité, sont très présentes. Pourquoi alors ne pas poser d’emblée que ces pratiques relèvent des principes qui doivent guider l’ensemble d’une société, et non pas seulement un secteur particulier, comme celui de l’école ?
Lepeltier nous permet de voir en creux toute l’iniquité du système éducatif actuel, mais il ne touche pas à la structure socio-économique et politique dont un des piliers essentiels est le droit de propriété inscrite dans la constitution, avec toute la logique de compétition qui s’y trouve rattachée.
Autre bémol, le peu de place accordé au processus d’acquisition des connaissances ( par opposition à l’acquisition des savoirs), c’est à dire tout ce qui permet à un écolier de développer des moyens de réflexion propres, y compris en sortant des sentiers battus. L’acquisition des compétences basiques est incontournable, personne ne les contestera, mais dans ce type d’école, l’accent est nettement porté sur l’acquisition des savoirs et compétences pratiques dûment calibrés. C’est une très louable intention, s’agissant de réduire les inégalités, mais l’endoctrinement et le formatage n’est pas loin, surtout si le régime politique du moment s’avère par malheur être de type totalitaire.
Bourdieu pensait qu’en enlevant aux contenus d’enseignement tout ce qui rappelle la culture bourgeoise on permettrait d’égaliser l’accès au savoir. Comme si en touchant à ses formes on permettait l’émancipation de certaines classes sociales. En réalité, comme l’a noté Rancière, ce qui pose problème ce n’est pas les formes culturelles que les règles qui régissent l’ensemble de la société, et donc les fins que se donne une société donnée.
Le raisonnement de Bourdieu aboutit un peu paradoxalement à la conclusion qu’en tira Sarkozy, à savoir qu’il n’était plus nécessaire d’étudier la Princesse de Clèves. Bourdieu n’a jamais dit une telle chose, mais sa conception de l’école comporte une bonne dose d’utilitarisme, même si son intention première était une louable préoccupation d’égalité.
exactement, l’échec de l’instruction républicaine à la française n’est pas seulement un échec de la seule éducation nationale. c’est à part égale celui de la société active qui devrait justement s’attacher à corriger les déséquilibres éducatifs en lieu et place d’organiser une compétition générale acharnée pour s’offrir à moindre frais les meilleures pousses. comme je l’affirme plus haut, ce n’est pas forcément à l’école de s’adapter à la société active. l’école a d’autres missions, salutaires, comme éveiller les citoyens, et ne saurait se résumer à former de petits robots fonctionnels mais sans conscience, ce qui ruinerait l’âme de nos sociétés.
Je suis d’accord avec cela, Methode. L’école ne doit être ni un sanctuaire ni une antichambre de l’usine. Saint-Fargeau, à l’instar d’autres Révolutionnaires, aspirait à régénérer – c’est son verbe – une société dont il voyait bien qu’elle évoluerait, certes, mais pas à l’allure des transformations politiques. La régénération est un processus lent dont les métamorphoses successives des lépidoptères donnent une idée. Cela explique que lui-même mette des bémols à un certain nombre de mesures qui lui tiennent pourtant à cœur. C’est un juriste ; il connaît le poids des us et coutumes. Son objectif, si je l’ai bien compris, n’est pas de couper toutes les têtes qui dépassent, mais de faire une République démocratique avec le besoin de distinction, un besoin bien enraciné en chacun de nous. L’école qu’il conçoit dépouille le mérite de tout ce qui le rend suspect, titres, naissance, fortune, précocité de singe savant, et j’en passe. Elle inculque aux enfants pendant sept ans des principes essentiels à la vie en République, lesquels seront redéfinis constamment, sur la suggestion de citoyens qui sont eux-mêmes des pères de famille. On a vu pire en fait d’endoctrinement. Sept ans de séparation (relative) d’avec les parents, ce n’est pas non plus insupportable et cela se voit de nos jours à d’autres âges, du fait de l’allongement des études. Du reste, comme le dit Vigneron, il n’est pas certain que la tutelle morale et éducative des parents soit moins dangereuse que celle de l’État, à un moment où les enfants découvrent les codes sociaux et prennent goût au pouvoir. J’aime assez l’idée du tutorat développée par Saint-Fargeau. Elle nous dit comment employer les surdoués, plutôt que de les envoyer dans des zoos… pardon, dans des écoles spécialisées où ils seront entre singes. Imaginons la scène : Tu as pigé plus vite que les autres ? Eh bien, au lieu de pavoiser comme une rosse qui a compris d’où venait son picotin, va expliquer à tes camarades de quoi il retourne. Tu nous feras gagner du temps à tous.
Dans les années 60, Bourderon et Passedieu, comme disaient les situationnistes, regrettaient surtout que les enfants des classes populaires ne puissent pas devenir cadres dans l’économie ou la technique aussi facilement que les enfants issus de la bourgeoisie.
Galerie photos des manifestations du 15/09 dans tout le Portugal, sud, centre et nord réunis contre la Troika et les politiques d’austérité PP-CDS-PPD-PS (UMPS).
On y retrouve queques caissières de super-marché à bac+5 s`insurger contre, entre autres, le projet de transfert de 7% des charges sociales, de la part patronale vers la part salariale.
http://www.jornaldenegocios.pt/home.php?template=SHOWNEWS_V2&id=578823
Cdlt.
Et quand on sait qu’en France, les postes à responsabilité (politique ou économique) sont majoritairement réservés aux diplômés des grandes écoles, il n’est pas difficile de comprendre comment la classe dominante même minoritaire reste dominante et impose une idéologie qui leur est exclusivement favorable.
Rahan,
Vu le nombre de fils et filles d’enseignants et d’enseignantes dans ces GE, ENS, ploytechnique et ENA en tête, alors c’est bien la République des profs que la nôtre… et leur caste la classe réellement dominante, uh ?
Sournois en plus : ils manifestent mais en fait ils tirent les ficelles!
SIXIÈME FRAGMENT
QUELQUES INSTITUTIONS
CIVILES ET MORALES
(…) L’éducation
Les enfants appartiennent à leur mère jusqu’à cinq ans, si elle les a nourris, et à la république ensuite, jusqu’à la mort.
La mère qui n’a point nourri son enfant a cessé d’être mère aux yeux de la patrie. Elle et son époux doivent se représenter devant le magistrat pour y répéter leur engagement, ou leur union n’a plus d’effets civils.
L’enfant, le citoyen, appartiennent à la patrie. L’instruction commune est nécessaire. La discipline de l’enfance est rigoureuse.
On élève les enfants dans l’amour du silence et le mépris des rhéteurs. Ils sont formés au laconisme du langage. On doit leur interdire les jeux où ils déclament, et les accoutumer à la vérité simple. Les enfants ne jouent que des jeux d’orgueil et d’intérêt ; il ne leur faut que des exercices.
Les enfants mâles sont élevés, depuis cinq jusqu’à seize ans, par la patrie.
Il y a des écoles pour les enfants depuis cinq ans jusqu’à dix. Elles sont à la campagne. Il y en a dans chaque section et une dans chaque canton.
Il a des écoles pour les enfants depuis dix jusqu’à seize ans. Il y en a une dans chaque section et une dans chaque canton.
Les enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix, apprennent à lire, à écrire, à nager.
On ne peut frapper ni caresser les enfants. On leur apprend le bien, on les laisse à la nature.
Celui qui frappe un enfant est banni.
Les enfants sont vêtus de toile dans toutes les saisons. Ils couchent sur des nattes et dorment huit heures.
Ils sont nourris en commun et ne vivent que de racines, de fruits, de légumes, de laitage, de pain et d’eau.
Les instituteurs des enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix, ne peuvent avoir moins de soixante ans, et sont élus par le peuple parmi ceux qui ont obtenu l’écharpe de la vieillesse.
L’éducation des enfants, depuis dix jusqu’à seize ans, est militaire et agricole.
Ils sont distribués en compagnies de soixante. Six compagnies forment un bataillon. Les instituteurs nomment, tous les mois, le chef parmi ceux qui se sont le mieux conduits.
Les enfants d’un district forment une légion. Ils s’assemblent tous les ans, au chef-lieu, le jour de la fête de la jeunesse. Ils y campent et y .font tous les exercices de l’infanterie, dans des arènes préparées exprès.
Ils apprennent aussi les manœuvres de la cavalerie et toutes les évolutions militaires.
Ils apprennent les langues.
Ils sont distribués aux laboureurs, dans le temps des moissons.
Depuis seize jusqu’à vingt et un ans, ils entrent dans les arts et choisissent une profession qu’ils exercent chez les laboureurs, dans les manufactures, ou sur les navires.
Tous les enfants conserveront le même costume jusqu’à seize ans ; depuis seize jusqu’à vingt et un ans, ils auront le costume d’ouvrier ; depuis vingt et un jusqu’à vingt-cinq, celui de soldat, s’ils ne sont point magistrats.
Ils ne peuvent prendre le costume des arts qu’après avoir traversé, aux yeux du peuple, un fleuve à la nage, le jour de la fête de la jeunesse.
Depuis vingt et un ans jusqu’à vingt-cinq, les citoyens non magistrats entreront dans la milice nationale, mariés ou non.
Les instituteurs des enfants, jusqu’à seize ans, sont choisis par les directoires des districts, et confirmés par la commission générale des arts nommée par le gouvernement.
Les laboureurs, les manufacturiers, les artisans, les négociants sont instituteurs.
Les jeunes hommes de seize ans sont tenus de rester chez les instituteurs jusqu’à vingt et un ans, à peine d’être privés du droit de citoyen pendant leur vie.
Il y a, dans chaque district, une commission particulière des arts, qui sera consultée par les instituteurs et donnera des leçons publiques.
Les écoles seront dotées d’une partie des biens nationaux.
Ce serait peut-être une sorte d’instruction propre aux Français, que des sociétés d’enfants, présidées par un magistrat qui indiquerait les sujets à traiter et dirigerait les discussions, de manière à former le sens, l’âme, l’esprit et le cœur.
Les filles sont élevées dans la maison maternelle.
Dans les jours de fête, une vierge ne peut paraître en public, après dix ans, sans sa mère, son père, ou son tuteur.
Saint Just, Fragments sur les institutions républicaines.
http://classiques.uqac.ca/classiques/saint_just/fragments/fragments_institu_republ.pdf
» L’enfant, le citoyen, appartiennent à la patrie ».
Jusques et y compris au Chemin des Dames,
comme indiqué plus haut.
Merci Vigneron pour la citation. On voit bien que ce qu’une amitié féconde entre deux hommes produit de transferts et de divergences. J’en reste à Saint-Fargeau. Saint-Just est par trop laconien.
Ils sont formés au laconisme du langage.…Tous vignerons!…
@ BRL
Merci pour ce raccourci d’histoire de l’éducation, présenté avec talent et érudition. Je vous imagine bien poudré et perruqué dans la peau de l’un des personnages que vous évoquez :).
Pourquoi vous êtes-vous arrêté à la révolution française? Le syndrome de Nicks? Je n’y connais rien en histoire de l’éducation mais je suppose que la question ressurgit à chaque crise sociétale ou civilisationnelle.
Vos récents billets étaient agrémentés de gravures (tableaux?) qui illustraient leur propos, les trois ordres, la génèse, dont l’universalité m’a sauté aux yeux. Ils concentraient en quelque sorte, pour quelqu’un qui sait regarder, pour un érudit, les propos développés dans les billets, illustrant ce que Confucius a dit il y a longtemps: « Une image vaut mieux que mille mots ».
J’avais demandé à PHILGILL, artiste jorio-bloguiste, d’interpréter la présence du cerf dans le tableau de la génèse. Il est parti avec passion dans des considérations dont la profondeur et la subtilité m’ont confondu, alors que ma propre interprétation était: « déjà cocu? ». En art, PHILGILL est un érudit, je n’en suis pas un.
Marcel Séjour, autre artiste jorio-bloguiste, a écrit tout récemment, en écho à Confucius: « Une chose essentielle que la pratique de l’art enseigne c’est qu’il est compliqué d’être simple ». Je pense que c’est en fait un problème qui concerne toutes les disciplines, en particulier l’éducation.
Egalement tout récemment un commentaire de Louise, plein de bon sens, m’a fait dégringoler de mon empyrée thomienne. Cette dégringolade a cristallisé (dans cristallisé il y a cristal) ma pensée et j’en ai tiré presqu’aussitôt quelques préceptes pour moi quasi-cristallins. Merci encore, Louise.
Y aurait-il une femme (je crois que les femmes sont très douées pour cela) qui pourrait poser à propos de l’éducation, les questions simples, essentielles, de bon sens, autour desquelles s’organiserait la discussion? La femme n’est-elle pas en effet la première éducatrice du monde, dès le premier cri de son enfant?
En espérant des cristallisations. Ne perdons pas de vue en effet que nous avons une copie à rendre avant le 21/12 (le 25/12 pour Eric L 🙂 ): Paul Jorion nous l’a aimablement rappelé dans le billet « Cash ».
Extrait du premier évangile selon saint René:
« et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comrehenderum »
« et la lumière a lui dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue. »
Snif.
un billet de noël n’a pas besoin de moi pour s’écrire .
tss tss faux debat
bon je parle surtout pour les post bacs mais c’est valable pour les autres ,aussi
l’enseignement en présentiel est révolu … on assiste au même changement que le passage des traditions orales à l’ecrit , ou des moines copistes à l’imprimerie !
c’est vrai que la multiplicté des supports effraye surtout l’E.N. mais qu’importe la méthode pourvu que l’on apprenne …
les formations ouvertes à distance -foad- , les fameuses TICE ( monstre du loch ness qui ressort de temps en temps ) , ça peut marcher !
effectivement les 10% meilleurs suivent n’importe quel support , les 10% derniers sont coulés quelque soit le type de cours , reste 80% qui auraient besoin d’un mélange de foad/tice/travaux pratiques mais avec plus de souplesse :
les formations par alternance / continue ont fait leur preuves , l’université doit s’adapter …
l’autre question est la sélection , l’offre de formation et le chomage … pas de sélection , on empile les jeunes dans des formations pour « retarder leur entrée dans le chomage »
tout le monde ne peut pas faire staps ou « force de ventes » ou je sais pas quelle licence ou master au nom plus ronflant les uns que les autres …
trop de dispersion dans les diplomes -des licences pro qui se renouvellent ou disparaissent tout les 4 ans , des bts ou des formations pro qui sont adaptés au moment ou leur plan pedagogique est validé mais totalement dépassés à leur mise en route effective ,
il faut resserrer le nombre de diplomes qui devient délirants .
trop d’etudiants qui papillonnent ok il faut des passerelles mais bon un sport etude donnera rarement un physicien et reciproquement ,
le systeme belge ou japonais est assez clair la dessus , pas de selection à l’entrée mais en cas d’échec on gicle , c’est plus simple .
trop d’ecoles de commerce et d’ingénieurs qui refusent d’etre regroupés dans les universités (ce sont rigoureusement les mêmes cours mais avec des moyens financiers indecents pour les ecoles et des cacahouetes pour les fac ) ..
les reductions d’effectifs n’ont pas été faites dans les grandes écoles où il y a 10 fois plus de personnels pour 10 fois d’etudiants ,hallucinant …
les universités françaises manquent de quoi ?
encadrement ? souplesse ? pédagogie ? pognon ? matériel ? de batiments en meilleur état ?
trop de retard , aucune volonté d’amélioration , privatisation rampante , des usagers qui se considerent comme des consommateurs , une administration qui se france-telecomise… rien est à sauver
pour l’etat français , les foad / tice avec un suivi lors de rassenblement pour des travaux pratiques et des td communs dans des locaux transformés en « halle technologique » où il y a du matériel qu’un etudiant à distance ne possede pas , sont les solutions !
(des amphi de 200/400 personnes inoccupés à entretenir , des salles vétustes , du materiel informatique à renouveler tous les 3/5 ans -effort financier considerable et gabegie incommensurable ) et des choix technologiques fait avant les crises energetiques seront déterminants !
pour l’E.N. le casse tete sera de reclasser le personnel mais « la crise » actuelle est inespérée pour imposer certains choix qui n’auraient pas été accepté autrement !
ah oui .. j’oubliais « remettons les djeunss au coeur de l’enseignement ! »
XD
« remettons les djeunss au coeur de l’enseignement ! »
Mieux que rien ce n’est pas encore assez : acceptons d’apprendre des jeunes.
oui, mais des nourrissons , alors .
Non dans le contexte de la deuxième décennie du troisième millénaire en route vers l’inconnu. Des jeunes.
4. Jésus a dit :
« Que l’homme âgé n’hésite pas à interroger un enfant de sept jours sur le lieu de la Vie et il vivra, parce que beaucoup des premiers seront les derniers et ils seront l’Unique. »
ce n’est pas cet écrit qui m’avait motivé à vous répondre, c’était précisément un étonnement face à un nourrisson . votre seconde réponse m’a fait penser à ce logion .
ceci dit, oui, entendre ce que nous disent les jeunes gens , sans aucun doute non plus .
Les jeunes vont terriblement mal. Disons pour les plus lucides et sensibles d’entre eux (ça en fait donc beaucoup). Savent très bien voir qu’il n’y a aucune perspective. Que nous vivons dans un monde d’usurpateurs et que tout y est faux de la naissance à la mort. Quoi la nature ? Le 20 ème s. aura été celui des grands massacres, l’art ne s’en est jamais remis, ce que voient nos yeux compte bien moins que la tragédie intériorisée et de nouveau extériorisée alors qu’en même temps les corps subissent les assaults d’une technologie extrêmement agressive. Tous nous vivons aux abords d’un Fukushima, dans un climat délétère et dangereux.
Oui, octobre . mais comment aussi arriver à leur transmettre ce qui fut nos raisons, nos motifs, et un peu plus que les nôtres ? éternel conflit entre générations , je ne crois pas . la question revient à trouver des référents qui ne soient pas des icônes, et qu’on puisse y voir clair et agir en conséquence .
si ailleurs, j’ai parlé un peu du doute, ce n’est pas du doute en chambre . qui n’est que simple examen tranquille . tandis qu’il existe un doute « à la rue » , un doute nu et mortel . et qui nous laisse désemparé , orphelin, et désespéré sans réponse . exactement comme un amant se verrait trahi .
or il est tout à fait possible que nous ayons notre part dans tout cette forfaiture vis à vis des générations futures . le hic, c’est que nous ne savons plus ou bien nous ne pouvons plus nous voir en nos enfants ? et nous perdons dans ces conditions le fil de toute filiation .
heureusement, il y a encore des adultes qui soutiennent les jeunes et leur élan .
heureusement, il y a encore des adultes qui soutiennent les jeunes et leur élan .
Évidemment.
Dans cette tâche, nous ne pouvons que rester très modeste : laisser la parole se délier serait déjà beaucoup. Dans tous les cas ne pas jouer sur les peurs faisant immédiatement réagir l’individu négativement, en réactionnaire : Il y a bien assez de cons pour les exploiter de cette manière, jeunes ou pas jeunes d’ailleurs.
@ méthode
ou avoir une certaine ambition . non pas dans le monde, parce qu’il est périssable, en métamorphose permanente, mais pour le moins, essayer de ne pas s’égarer , et sombrer dans une déchéance plus grande .
avoir la prétention d’être . voir ce que cela recouvre , dès lors qu’on s’inscrit dans sa mémoire .
ne pas être un numéro , ce que tend à nous dire le monde, avec sa morgue ordinaire . ou avoir l’ambition de ne pas être rien , au profit d’un tout qui serait tout , totalitaire .
et si je suis, rien n’empêche que tu sois . bien au contraire .
c’est pourquoi il n’y a que celui qui est qui peut nous faire être .
c’est aussi pour cette raison que celui qui est, laisse le champ libre à celui qui le suit . il n’ a pas besoin d’imposer sa volonté . il veille, et éventuellement le soutient dans sa marche personnelle . parce qu’un enfant a besoin de s’édifier aussi seul, avec ses erreurs , et sa pensée qui lui appartient.
Pseudo cyclique
l’enseignement en présentiel est révolu … on assiste au même changement que le passage des traditions orales à l’ecrit , ou des moines copistes à l’imprimerie !
Et si c’était encore plus, un bouleversement de l’espace et du temps aussi important que celui issu de la station debout ?
Octobre
Dans cette tâche, nous ne pouvons que rester très modeste : laisser la parole se délier serait déjà beaucoup.
Leur donner la parole les entendre et les écouter pour apprendre d’eux. Ils ne sont ni victimes ni coupables ni responsables. Ils sont les générations qui reçoivent les complexifications de leurs aînés tétanisés impuissants en héritage et leurs dénis, équipées d’un accès aux savoirs et à la connaissance dont ces aînés peuvent être exclus, l’ensemble témoignant d’un cerveau affichant des stimulations inédites. Qui freine le plus l’émergence d’une adaptation par ignorance ?
En écho a ce trés instructif billet :
http://www.ledemagogue.com/quand-nietzsche-parle-deducation-il-parle-daujourdhui/
Surtout s’il est livré a lui meme devant des programmes télé insipides (« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » dixit LeLay).
Les parents et l’entourage joue un role primordial dans l’acquisitation de savoir extra-scolaire, mais avec un père chomeur et une mére qui fait des ménages de nuit pour 3 sous…
On voit mal comment ca peut changer !
Tout dépend de l’entourage, en effet. Attention donc au cliché du chômeur et de la femme de ménage, car parmi les désœuvrés et les travailleurs pauvres il y a des parents responsables, volontaires et courageux qui accompagnent leurs enfants tout au long de leur scolarité, veillant à ce que leur situation « handicapante » ne soit pas déterminante pour leur avenir.
Dans toutes les catégories socio-professionnelles, des enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes, ou en pâture aux multiples écrans, et sont susceptibles de se retrouver en échec scolaire.
En parlant de « Catégories Socio-Professionnelles », peut-on m’expliquer pourquoi en début d’année scolaire chaque professeur demande aux élèves de préciser par écrit le métier de leurs parents ? Cet insignifiant petit questionnaire, visant à mieux « connaître » les individus d’une classe, me paraissait déjà déplacé quand j’avais à le produire. Parent à présent, je m’interroge encore plus vivement sur la pertinence de cette « enquête », qui n’est qu’un prétexte à « l’étiquette » selon moi.
Cdlt.
Il ne faudrait pas confondre la nécessaire attention à ces inégalités au seul but de parvenir à l’égalité parfaite quelque soit le moyen, quel esprit totalitaire.
Apprenez aux nouvelles générations d’aimer le travail, l’entreprise, ses racines, son histoire, le monde … et non se recroqueviller dans un pensionnat sur les savoirs qu’inculqueraient un État pour le service dont on sait quelle caste politique ou intelectuelle elle servirait.
Oyez la population… le site LEAP2020 vient de publier le GEAB67… les initiés comprendront le message… à lire ABSOLUMENT…. !!!
J’adore l’histoire et les statistiques, si,si… Mais si on devenait un peu sérieux en s’occuppant des enfants et non de leurs parents ou enseignants. En France on veut leur enfourner un programme qui n’est jamais stabilisé par des méthodes aussi absconses qu’irréalistes et fugaces. Il suffirait de répondre simplement à ce qui les intéresse pour leur indiquer où et comment en savoir plus et se former leur culture et leurs opinions.
lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=6HVLbgwyp8k
Version française de « What Did You Learn In School? » de Tom Paxton.
Eh oui… tout ceci pour dire qu’on nous « bourre bien le mou »
depuis l’enfance….
Sergine75 10 months ago
lien .mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-03.09.2012-ITEMA_20396586-0.mp3
Longueur: 56782976 (54M) [audio/mpeg]
lien .mp3 :
http://rf.proxycast.org/m/media/296096201420.mp3?c=culture&p=LES+NOUVEAUX+CHEMINS+DE+LA+CONNAISSANCE_10467&l3=20120903&l4=&media_url=http%3A%2F%2Fmedia.radiofrance-podcast.net%2Fpodcast09%2F10467-03.09.2012-ITEMA_20396586-0.mp3
lien joueur : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4493043
lien audio :
http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l-education-en-questions-14-condorcet-qu-est-ce-qu-
lien podcast : http://www.franceculture.fr/podcast/4485895
flux .rss : http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10467.xml
Les Nouveaux chemins de la connaissance
Syndiquer le contenu par Adèle Van Reeth, Philippe Petit Le site de
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Emission Les Nouveaux chemins de la connaissance
du lundi au vendredi de 10h à 11h
Ecoutez l’émission 58 minutes
L’éducation en questions 1/4: Condorcet: qu’est-ce qu’une éducation
républicaine ? 15
03.09.2012 – 10:00
Par Adèle Van Reeth
Réalisation : Assia Khalid
Lectures Georges Claisse
En « Partenariat » avec Philosophie Magazine, dont le N° de la Rentrée sera
consacré à l’éducation, avec pour thème Pourquoi nous n’apprendrons plus
jamais comme avant. Ou comment Google a vaincu Gutenberg ?
Qu’elle soit sentimentale ou spécialisée, l’éducation a pour vocation
première de faire sortir l’homme, comme la plante sort de terre et comme
Hamlet sort de ses gonds. Ex ducere, conduire à l’extérieur, se libérer,
oui mais par qui ? et vers où ? Si l’éducation est le modelage du
matériau brut qu’est l’homme, la sculpture d’un donné naturel, alors qui
est l’artiste, et quel modèle copie-t-il ? Même dans les cas d’écoles les
plus libertaires, l’éducateur crée des hommes à son image, guide, endigue,
hisse, pousse, martèle, encourage, contraint et libère, mais toujours en
vue d’un but, d’une idée, d’une direction à suivre et d’une autre à
éviter. Comment alors l’éducation, déterminée à la fois par le contenu et
par la forme, c’est-à-dire par la nature des connaissances qui sont
transmises et par la méthode choisie pour enseigner, peut-elle vraiment
accroitre la liberté ?
Comment enseigner des connaissances, des méthodes, des valeurs, tout en
transmettant les outils qui permettent de les critiquer en retour? et dès
lors qu’elle est nationale, l’éducation peut-elle ne pas être normative ?
Charles Coutel MC © Radio France
Extraits:
BO Etre et avoir
Gretry Brigitte Fontaine, « Le voile à l’école »
Graeme Allright, « Qu’as-tu appris à l’école ? »
Diabolo menthe (1977, réal. Diane Kurys)
Etre et Avoir (docu 2002 Nicolas Philibert)
Condorcet (Nicolas de), Sur les Assemblées provinciales (fin de l’Essai
sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales, 1788)
Invité(s) :
Charles Coutel, professeur à l’Université d’Artois à Arras, Directeur de
l’Institut des faits religieux, spécialiste de Condorcet.
Thème(s) : Idées| Philosophie
Document(s)
Que vive l’école républicaine !
Charles Coutel
Philippe Petit
textuel, 1999
Condorcet : instituer le citoyen
Charles Coutel
Michalon, 1999
Politique de Condorcet
Charles Coutel
Payot, 1996
Hospitalité de Péguy
Charles Coutel
Desclée de Brouwer, 2011
La crise de la culture : huit exercices de pensée politique
Hannah Arendt
Gallimard, 1989
Cinq mémoires sur l’instruction publique
Condorcet
GF-Flammarion, 1994
Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain
Fragments sur l’Atlantide
Condorcet
GF-Flammarion, 1988
La République et l’école
Pocket, 1991
Merci pour cet autre bouquet de liens.
N’oublions pas que nous sommes passés de l’instruction (publique) à l’éducation (nationale).
Cette évolution a nécessairement un sens dans les temps où les modernes ne veulent – et ne peuvent – plus instruire leurs enfants, ni les éduquer, et que ce sont les marchands et les publicitaires qui s’en chargent.
Comme disait Debord, « les enfants sont plus ceux du spectacle que ceux de leurs parents » et Jaime Semprun : « la question n’est pas de savoir quel monde nous allons laisser à nos enfants, mais à quels enfants nous allons laisser ce monde. »
N.B. Les citations sont de mémoire et peut-être pas parfaitement exactes.
L’Europe tentée par la fin du diktat de l’austérité.
En a-t-on fini du tout-austérité en Europe ? Après l’Espagne au printemps, le Portugal et peut-être la Grèce en octobre, l’un après l’autre, les pays en difficulté bénéficient d’un peu de mansuétude de la part de la zone euro pour assouplir le calendrier de leurs efforts budgétaires.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/16/l-europe-tentee-par-la-fin-du-diktat-de-l-austerite_1760855_3234.html
Stiegler sur FR C en ce moment :
http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-bernard-stiegler-2012-09-16
Merci, j’ai reposté plus bas autrement avant d’avoir vu, avec une précaution blogato-vigneronatoire.
« Un accès égal signifie qu’il ne faut pas se contenter de donner un coup de pouce aux moins favorisés ; il faut empêcher les plus favorisés de prendre de l’avance. »
Il s’agit donc de niveler par le bas et à ce égard, je pense que tout est dit et la réussite de l’éducation nationalle est quasi totale. Si j’obtenais de tels résultats dans le privé, je ne pourrais pas m’étonner d’être viré.
On pourrait faire remarquer qu’une telle orientation éminemment structurante pourraît être soumise au débat. Même pas en rêve, les présumées sachants, ceux qui croient savoir, s’octroient aussi tous les droits.
Il faut avoir eu des enfants empéchés, constamment entravés et discriminés revenir en larmes tous les soirs pour savoir ce que c’est qu’est un enseignant appliquant son idéologie mortifère,
Et par ailleurs il serait temps de mettre fin à cette criante et insupportable inégalité que constitue la surreprésentation des enseignants dans la réprésention nationale (tout le monde sait pourquoi : essentiellement parce que EUX ont le temps).
Et il ose parler de décervelage … aucune pudeur,.. aucune limite …
Le mot « décervelage » est sensible , mais il peut correspondre à une forme « d’ignorance entretenue « dont l’objectif serait de faire de simples citoyens des citoyens simplets.
Le préjugé est un des vecteurs de la connification citoyenne.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article166&id_mot=92
http://lesmoutonsenrages.wordpress.com/2011/04/03/origine-de-ceux-qui-nous-gouvernent-aujourdhui-et-de-ceux-qui-voudraient-gouverner-demain/
Bonsoir François78.
Lisez le projet de Saint-Fargeau en entier (courte monographie de 54 pages). S’il y a bien une chose étrangère à son projet, c’est le nivèlement par le bas. Ce n’est pas parce qu’il ne livre pas un programme détaillé des enseignements qu’il faut le taxer d’indigence. Le peu qu’il en dit est d’une immense ambition pour l’époque. Comme son système est ouvert, chaque époque peut y apporter des savoirs nouveaux. On pourrait lui reprocher, en revanche, de limiter à 1 sur 50 le nombre d’élèves susceptibles d’être poussés vers les degrés supérieurs. Ce reproche serait toutefois teinté d’anachronisme, l’écrasante majorité de la population étant alors occupée aux champs. Saint-Fargeau n’interrompt pas totalement le lien avec l’éducation nationale, pour les élèves qui ne dépasseraient pas le premier cycle. A l’occasion des fêtes civiques, des réunions des sociétés populaires (clubs politiques et patriotiques), les adolescents pourraient continuer à s’instruire, dans un cadre beaucoup moins contraignant.
Quant à la surreprésentation des enseignants… Voici les chiffres pour l’assemblée nationale, si j’ai bien compté : enseignants, secondaire et technique : 62 ; enseignants premier degré, directeurs d’écoles : 19 ; professeurs de faculté : 30 ; professions rattachées à l’enseignement : 19. Total = 130. Stricto sensu, les enseignants sont 111 sur 577 députés. Cela représente 19 %. Le nombre d’enseignants en France est estimé à 850000, soit 3,2 % des actifs. Il y a surreprésentation, en effet, mais celle-ci ne conduit pas à les favoriser particulièrement. C’est même tout le contraire qui se produit. C’est cela qui mérite d’être interrogé. Comment une élite se crée dans l’élite, qui rompt la solidarité entre pairs. Le pays, le savez-vous, manque d’enseignants. Tremblez ! La France a le taux d’encadrement le plus faible des pays de l’OCDE (tous niveaux et tous établissements confondus, l’année de référence étant 2007, année qui a connu des suppressions de postes massives) : 6,1 enseignants pour 100 élèves ou étudiants. En Suède, en Grèce ou au Portugal, ce taux dépasse les 9. La France pèche dans le primaire et dans le supérieur. Je ne m’attarderai pas sur l’argument douteux du temps. Un enseignant qui enseigne à plein temps n’a pas beaucoup de temps à consacrer à la politique. Il en a déjà trop peu pour continuer de se cultiver dans le domaine qui est le sien et dans les domaines limitrophes, une fois terminée la préparation des cours. Ne vous fiez pas trop aux titres ronflants de nos députés. Beaucoup n’ont pas enseigné très longtemps. Il leur a fallu choisir, sauf à réaménager leur temps de travail (mi-temps, par exemple, pour Jean-Marc Ayrault). Une précision, en passant. Je n’enseigne pas, mais vous voyez à quoi je consacre une partie de mon temps.
Ces publications aussi sont intéressantes.
http://www.education.gouv.fr/pid338/l-education-nationale-en-chiffres.html
http://www.oecd-ilibrary.org/sites/eag_highlights-2010-fr/03/04/index.html?contentType=&itemId=/content/chapter/eag_highlights-2010-24-fr&containerItemId=/content/serial/20763956&accessItemIds=/content/book/eag_highlights-2010-fr&mimeType=text/html
Ensuite, on devrait dire « une des plus basses de l’OCDE », quid en effet du Canada, des Pays Bas, de l’Allemagne, ces deux derniers derniers pesant beaucoup moins sur leur budget national, et avec des résultats bien plus probants dans le supérieur.
On aurait comme un problème de « productivité ».
En fait , se focaliser sur la sur-représentation de telle ou telle profession dans la représentation nationale n’a pas de sens .Même en ramenant les proportions à un pourcentage de la population active ou pas.
Car les députés font partie de groupes qui ont pris l’habitude , pour cause de jeu collectif , de n’obéir qu’aux consignes du groupe , consignes données par la hiérarchie de ce groupe.
Donc , pour avoir une idé du futur , il est plus instructif de se préoccuper de l’origine sociale des leaders de groupes que de l’origine sociale de chaque députés.
Merci pour ce billet.
L’accès à l’information ? Qu’est-ce que l’information ? La valeur de celle-ci ne suppose-t-elle pas une attention particulière ? Celui qui aura eu le plus accès à l’information, ne devrait-il pas plus redistribuer (contrepartie financière à la reconnaissance) ? La polarité n’est pas la solution. Dire que les uns freinent les autres est pure démagogie.
L’information, ce concept passe-partout que l’on met à toutes les sauces,…, en particulier en biologie.
« passe-partout » résume bien que plusieurs chemins existent (angles d’approches). J’apprécie votre lucidité. Comprenez que je pense que la sur-information (la sur-exposition, la récurrence) ne donne pas toujours l’effet voulu malgré la valeur de la conviction, de l’appréciation individuelle, de la perception. L’usage et l’utilité sont des choix. L’inattendu…..
Nous pensons ensemble que l’existence et les sens ne sont pas des gros mots, d’où la dialectique instructive.
@ olivier69
Thom a écrit un article: « l’information, un protée de la sémantique » où il fait le point sur les différentes interprétation du vocable. Au vitriol.
A Vigneron
Je pense enfin j’espère aller dans votre sens au sujet des enfants et de la guerre :ma meilleure
amie qui est docteur en droit du travail (la seule intellectuelle qui m’ait tendu la main) m’a dit un
jour est ce que tu sais pourquoi on a fait les premières lois du travail pour interdire le travail de nuit aux enfants
AINSI que les premières lois pour les femmes ? Parce que tellement de femmes mourraient avant d’enfanter et que de nombreux enfants n’arrivaient pas à l’âge de servir la patrie qu’il fallait faire remonter le taux de natalité et permettre aux enfants de devenir de beaux jeunes gens pour la prochaine guerre.
Logique. Vous noterez que le travail délocalisé des enfants dans les pays naguère dits du tiers monde ne dérange pas trop les bonnes âmes mondialistes de nos démocraties de marché. Encore un petit effort et nous devrions assister dans peu de temps à la réhabilitation du travail des enfants dans les zones franchisées (ou pas) en Grèce. De toute façon il n’y a déjà plus ni écoles ni enseignants et les salaires de base ne suffisent pas à subvenir aux besoins quotidiens alors autant que les bras des gamins servent à quelque chose.
Un reportage sur ARTE était passé il y a quelques temps, il démontrait qu’à Naples de nombreux enfants d’à peine plus de 10 ans travaillent. La situation économique et la mafia ont depuis longtemps brisé ce tabou.
lien image :
http://danielquerry.files.wordpress.com/2012/09/41-29u-rnl-_ss500_.jpg
lien image :
http://danielquerry.files.wordpress.com/2012/09/2012-09-12_01h35_061.jpg
lien anglais :
lien :
http://www.thirdworldtraveler.com/Herman%20/Manufac_Consent_Prop_Model.html
lien : http://www.chomsky.info/onchomsky/199607–.htm
lien : http://www.chomsky.info/onchomsky/20031209.htm
site source :
https://danielquerry.wordpress.com/2012/09/12/modele-de-propagande/
La Fabrique du consentement
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux
Le “modèle de propagande” d’Herman et Chomsky
12 Septembre 2012 Daniel Querry
Vers le milieu des années 90, et plus précisément à la suite des grèves de
décembre 1995, s’est constitué en France autour, notamment, de
l’association Acrimed et du journal PLPL, un courant politique
(désignons-le ainsi) qu’il est convenu de qualifier de « critique radicale
des médias ».
Si les travaux du sociologue Pierre Bourdieu et les écrits du journaliste
Serge Halimi en constituent incontestablement les bases théoriques
principales, les racines intellectuelles de ce mouvement se retrouvent
également de l’autre côté de l’atlantique dans le travail entamé plus de
vingt ans auparavant par l’économiste Edward S. Herman et le linguiste
Noam Chomsky.
Deux hommes en colère
L’un comme l’autre, politisés très jeunes par leur environnement familial
et leur fréquentation des milieux radicaux, sont assez naturellement
amenés à se rencontrer lors de leur engagement commun contre la guerre du
Vietnam à la fin des années 60.
De leur collaboration qui débute alors sont nés, au cours de la décennie
suivante, plusieurs épais ouvrages, précis et très documentés sur diverses
questions de politique étrangère [1]. Ces études de cas leur ont donné
l’occasion de mettre en évidence une orientation quasi-systématique de
l’information diffusée par les grands médias dans le sens des intérêts des
pouvoirs politiques et financiers dominants.
Les deux auteurs ont publié en 1988 une synthèse de ces années de
recherche sous la forme d’un ouvrage devenu l’une des références centrale
de la critique des médias et intitulé La Fabrication du consentement.
A l’époque, l’originalité de ce livre était double. Si le constat ne
constituait pas en lui-même une révélation fracassante, l’étendue et la
précision quasi scientifique de leur travail portait le faisceau de preuve
à une densité rarement atteinte auparavant.
Mais surtout, les deux hommes ne se contentaient pas de consigner leurs
observations ; ils se proposaient également d’expliquer à travers une
grille de lecture analytique comment et pourquoi les médias étaient amenés
« à jouer leur rôle d’organe de propagande ».
Une telle explication s’avérait nécessaire. En effet, la propagande dont
il est question ici n’a plus grand-chose à voir avec les bourrages de
crâne de la « grande guerre » ni avec la rudimentaire propagande des
régimes fascistes. L’orientation de l’information ne provient plus, pour
l’essentiel, d’une volonté étatique planifiée et autoritaire – pas plus
que d’un “complot” fomenté par une poignée d’individus démoniaques et
omniscients.
Son aspect systématique interdit cependant de la réduire à des
“emballements” ponctuels – le terme a fait florès dans les médias
dominants – faisant des journalistes le jouet de malheureux concours de
circonstances.
Cette orientation, expliquent au contraire Herman et Chomsky, découle
logiquement de contraintes structurelles – c’est-à-dire inscrites dans le
mode d’organisation et de fonctionnement des industries médiatiques – qui
vont “filtrer” et modeler les informations qui seront diffusées.
Si le nom de Noam Chomsky est aujourd’hui mondialement connu, il est moins
souvent rappelé que cette analyse structurelle est en réalité pour
l’essentiel le fruit du travail de son co-auteur, comme l’a d’ailleurs
expliqué Chomsky lui-même à plusieurs reprises.
Dès l’université, Edward S. Herman s’est spécialisé dans l’étude des
questions de propriété, de concentration et de contrôle du pouvoir au sein
des grandes structures financières (banques, fonds communs de placement,
sociétés d’épargne et de prêts).
Il élargit par la suite son travail aux grandes entreprises commerciales,
et publie en 1981, sous l’égide de la Twentieth Century Fund, un “think
tank” progressiste, une étude importante intitulée Corporate control,
corporate power. Cet ouvrage représente la matrice du modèle analytique
qu’il appliquera ensuite, dans son travail commun avec Chomsky, aux
entreprises médiatiques [2].
Une analyse institutionnelle
En première approximation, le principe de base du modèle analytique
proposé par les auteurs peut se résumer ainsi : au sein d’une société
capitaliste, toute institution est structurée de manière hiérarchique et
régie par des rapports de force et de propriété. Au sein de ces structures
inégalitaires, certains individus ont donc, plus que d’autres, le pouvoir
de se faire entendre et de faire prévaloir leur intérêt personnel ainsi
que leur vision idéologique et politique. Ils ont le pouvoir de faire de
leur désir personnel un « désir-maître », pour reprendre l’expression de
l’économiste Frédéric Lordon, c’est-à-dire un désir qui s’impose à
d’autres en lieux et place de leurs désirs propres [3].
En observant la distribution de ces rapports de propriété et de pouvoir
ainsi que l’identité et la position sociale des individus qu’ils
favorisent, il doit donc être possible de déduire l’orientation probable
que prendra le mode de fonctionnement de l’institution en question.
En l’occurrence, les médias dominants se trouvent être des entreprises
privées commerciales évoluant dans un système de marché concurrentiel et
détenus par des actionnaires dont la motivation essentielle est la
recherche de profits maximums.
Outre les investissements de leurs propriétaires, ces médias sont
essentiellement financés par leurs recettes publicitaires. Leurs
principaux clients sont donc également des hommes d’affaires (parfois
eux-mêmes propriétaires d’autres médias) qui les paient – en proportion de
leur taux d’audience – pour diffuser des réclames commerciales pour leurs
produits.
Ces financements ne relèvent donc pas d’une forme de mécénat qui
investirait à fonds perdus par pure vertu démocratique ; ces investisseurs
ont des attentes qu’il sera impératif de combler.
Ce qui vaut pour le modèle américain se retrouve d’ailleurs également de
ce côté de l’atlantique. « Évidemment, nous sommes une chaîne commerciale.
Nous vivons de la publicité, avait ainsi expliqué un jour Patrick Lelay,
alors PDG de TF1. « Nous vendons à nos clients une audience de masse, un
nombre d’individus susceptibles de regarder un spot de publicité. [4] » En
conséquence, poursuivait-il, « l’objectif est de plaire à un maximum de
gens pour réaliser un maximum d’audience ».
« Pour nous l’Audimat, c’est la caisse, renchérissait Gérard Louvin,
responsable des variétés. S’il n’y a personne à l’Audimat, on ferme la
boîte [5]. » Or pour faire de l’audimat précisait-il, « il faut ratisser
large […]. Il faut faire du spectacle. Et au premier degré. Je suis
premier degré, moi, à un point inimaginable. »
Ainsi les lois de la concurrence capitaliste imposent un certain nombre de
règles dont le respect met en jeu la survie même de l’entreprise. Quelle
que puisse être par ailleurs la bonne volonté de ses membres, ils se
trouvent enrôlés et assujettis à la satisfaction des désirs de ceux qui
assurent leur existence matérielle en les finançant. D’où le terme de
contraintes « structurelles », par opposition au simple jeu des volontés
individuelles. « La loi de la gravitation existe, chers amis. Et la loi de
l’argent aussi » résumait sans plus s’en émouvoir la revue Médias [6],
dont on devine par-là les positions progressistes…
Dans le modèle d’analyse proposé par Herman et Chomsky, outre les
contraintes financières évoquées, deux catégories d’acteurs extérieurs à
l’entreprise ont également une l’influence déterminante.
La première est constituée par les sources d’information auxquelles vont
avoir recours les journalistes. Produire un contenu de qualité demande du
temps et suppose de maîtriser son sujet. Or les logiques commerciales, au
contraire, par la vitesse de production qu’elles requièrent et leur souci
constant de minimiser les couts, limitent la capacité d’investigation
personnelle. Les journalistes seront donc contraints de se reposer sur des
sources extérieures ; ils en seront d’autant plus dépendants que leur
formation professionnelle aura mis l’accent sur la productivité au
détriment des ressources intellectuelles qui pourraient leur donner un
minimum de recul critique sur la valeur des “expertises” recueillies.
Viennent ensuite ce que les auteurs appellent les « tirs de barrage »,
c’est-à-dire les protestations adressées aux entreprises par des groupes
de pression et les procédures judiciaires qui peuvent parfois les
accompagner.
Enfin, le dernier élément qui entre en jeu est celui des présupposés
idéologiques qui vont dominer au sein de l’institution et en particulier
parmi ses membres les plus influents.
Ce sont tous ces facteurs institutionnels qui vont surdéterminer les
critères de sélection du personnel et l’attribution des postes de
responsabilité, corseter les conditions de travail quotidiennes des
journalistes, influer sur les processus de sélection et de traitement de
l’information et définir les conditions d’accès à l’espace public de
parole.
Or, dans le cas des entreprises médiatiques, notent Chomsky et Herman, les
effets de tous ces “filtres” s’additionnent.
Les individus qui contrôlent les sources de financements et qui occupent
les postes de pouvoir au sein des entreprises médiatiques (comme au sein
des institutions gouvernementales) sont issus pour l’immense majorité du
même milieu social (« aisé », comme on dit pudiquement). Ils ont souvent
suivi des parcours scolaires similaires, fréquentent les mêmes cercles
sociaux et partagent de ce fait peu ou prou les mêmes intérêts de classe à
titre personnel et la même vision du monde (présupposés aristocratiques et
individualistes, anticommunisme viscéral, glorification de l’entreprise
privée et de la toute-puissance du “marché” – en somme : le maintien de
l’ordre social existant).
Il en va de même pour les principales sources d’informations des
journalistes, c’est-à-dire celle qui ont les moyens de se faire entendre
(sources gouvernementales, services de communication des entreprises,
lobbies idéologiques et leurs mercenaires intellectuels) et les groupes de
pressions les plus influents (à commencer par les annonceurs).
C’est, enfin et surtout, cette même proximité idéologique qui conditionne
la cooptation dans ce cercle très restreint, les promotions (ou
déclassements), l’attribution d’une qualité d’expert “impartial”, et
assure un accès privilégié à la parole médiatique en même temps qu’une
écoute bienveillante et attentive.
Pierre Bourdieu, Jean-Marie Cavada, Daniel Schneidermann
(“Arrêt sur images”, France 5, 20.01.1996)
Manufacturing consent, managing dissent
La grille d’analyse proposée par Herman et Chomsky ne postule pas,
cependant, l’impossibilité pour une opinion dissidente de s’exprimer. Bien
au contraire, un minimum de pluralisme est vital pour que les médias
puissent apparaitre libres et indépendants. Une institution à caractère
idéologique dont les biais seraient trop ostensibles ne pourrait
fonctionner très longtemps [7].
Ce modèle prédit cependant que les opinions orthodoxes (parce qu’ajustées
aux présupposés idéologiques de ceux qui contrôlent l’accès à l’espace
public de parole) se fraieront toujours beaucoup plus facilement un
passage dans le courant dominant ; qu’elles y seront pour les mêmes
raisons spontanément jugées plus légitimes et par conséquent plus
largement diffusées et valorisées ; que les éléments factuels inopportuns
et les points de vue dissidents seront pour leur part la plupart du temps
ignorés, à défaut marginalisés, déformés ou calomniés ; que les débats,
enfin, seront toujours largement encouragés mais dans des limites ou sous
des formes qui excluent toute remise en cause profonde de l’ordre établi.
« Maintenant, interrogeait Chomsky lors d’une conférence publique,
demandez-vous, quelle image du monde vous vous attendez à voir émerger de
ce type d’organisation ? »
« Et bien, poursuivait-il, une réponse plausible est que les points de vue
et les positions politiques mis en avant seront celles qui répondent aux
besoins, aux intérêts et à la vision des acheteurs, des vendeurs et du
marché. Ce serait plutôt surprenant si ce n’était pas le cas. […] Vous
vous attendez à ce que les institutions adoptent un mode de fonctionnement
qui sert leur intérêt, parce que si elles ne le faisaient pas, elles ne
seraient pas en mesure de fonctionner très longtemps. » [8]
Il s’agit là bien entendu de principes généraux à nuancer, ce que font
très longuement Chomsky et Herman sans pour autant laisser la complexité
de leur analyse en occulter les tendances les plus lourdes. En particulier
le constat évident que les médias sont une institution au service
d’intérêts particuliers à l’agenda desquels ne figurent ni l’intérêt
général ni le droit du citoyen à une information impartiale – et encore
mois le projet d’une émancipation populaire. Et en second lieu, le fait
tout aussi incontournable qu’en chaussant les lunettes médiatiques, nous
sommes portés à voir le monde tel que la classe dirigeante a intérêt à ce
que nous le percevions.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, en France, les nombreuses analyses
publiées par les divers représentants de la critique radicale des médias,
tout en comblant les amateurs de “complexité” et de “nuances”, ont
confirmé l’incompatibilité structurelle de l’industrie médiatique avec sa
fonction démocratique supposée – à savoir garantir la possibilité pour le
citoyen, en tant qu’acteur politique, de se former une opinion libre et
éclairée.
« Si dans le principe, observait il y a déjà quelques années le sociologue
Alain Accardo, il est vrai qu’il n’y a pas de vie démocratique possible
sans liberté de l’information, dans son état actuel la presse est devenue
plus un obstacle qu’une aide à une véritable vie démocratique. » [9]
Daniel Querry
––––––––––––––––-
Post Scriptum : quelques sources d’information supplémentaires sur le «
modèle de propagande »
La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie,
a été traduit et publié par les éditions Agone en 2008. Il est possible de
lire l’introduction du livre en ligne, ainsi que des extraits sur le site
de l’association Acrimed.
(Attention : il existe une autre traduction particulièrement médiocre de
l’ouvrage, parue en 2003 aux éditions du Serpent à plumes sous le titre La
Fabrique de l’opinion publique. A fuir…)
Par ailleurs, le visionnage du documentaire Manufacturing Consent : Noam
Chomsky and the Media est un bon moyen de se familiariser avec le modèle
de propagande et les analyses politiques de Chomsky en général.
Et en Anglais :
“A propaganda Model” (extrait du livre Manufacturing Consent)
“The Propaganda Model Revisited” (Edward S. Herman, 1996)
“The Propaganda Model: A Retrospective” (Edward S. Herman, 2003)
[1] Notamment les deux volumes de The political economy of Human rights
parus en 1979.
[2] L’absence de traduction en français des ouvrages d’Herman concernant
les bases théoriques du “modèle de propagande” explique, peut-être, en
partie, l’ignorance manifeste et la profonde bêtise des critiques que l’on
a pu lire à ce propos dans les médias hexagonaux. Pour un florilège
délicieux, voir « La Conspiration. Comment les journalistes (et leurs
favoris) falsifient l’analyse critique des médias ».
[3] Frédéric Lordon, Capitalisme, désir et servitude, La Fabrique, 2010.
[4] Télérama, 9.09.2004.
[5] Le Monde, 26.02.1996.
[6] Médias, n°3, Hiver 2004.
[7] Que l’on se souvienne simplement du référendum organisé en 2005 au
sujet du projet de constitution européenne. La victoire du “non” avait
démontré, si ce n’est la résistance absolue du public à la propagande
médiatique ou une formidable percée des idées de la gauche radicale, du
moins la contre-productivité évidente d’un système de propagande dès lors
qu’il est clairement identifié comme tel. Voir à ce sujet la synthèse
publiée par l’association Acrimed : Médias en campagne, Retours sur le
référendum de 2005.
[8] Noam Chomsky, Understanding power, The New Press, New York, 2002.
[9] Alain Accardo, « Un journalisme de classe moyenne », in Pascal Durand
(Dir.), Médias et censures. Figures de l’orthodoxie, Université de Liège,
2004.
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S. Herman, Fabrication du consentement, modèle de propagande, Noam Chomsky
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Scolastique nous y sommes .Les grandes époques de libération de l’humanité ne sont pas marquées par Aristote , ni le primat du scolaire : Gréce Classique , Renaissance .
Aristote c’est à contre-sens de notre époque , son projet c’était le triomphe des classes moyennes , l’éducation , la représentation en lieu et place du travail ouvrier au sens de Marx . A lépoque de Marx les ouvriers fabriquaient encore eux mémes leurs outils à leurs mains . Marx espérait que les ouvriers auraient les moyens intellectuels de …. que nenni , pas dans le sens où vous le dites , c’est à dire au sens où ils auraient le bac ! D’ailleurs où vont ces couches moyennes avec le bac et plus ? Pour l’année 2013 vous pouvez prévoir leurs émeutes , finit l’illusion . Fini l’empire , fini le triomphe de l’universel abstrait , finie la sécurité des courroies de transmission .
Dans les écoles , il est prévu toutes sortes de dispositifs expérimentaux pour illustrer les grandes découvertes , ils prennent la poussiére en général et les professeurs se gardent bien de les utiliser : échec garanti sauf pour l’oxygéne et l’hydrogéne qui font boom !
Il existe un gouffre entre l’universel , la théorie et le concret , la pratique c’est ce que le XXI e siécle va redécouvrir et les couches moyennes aussi à leurs dépends , comme l’Empire qui va s’achever dans son éniéme guerre au moyen-Orient perdue d’avance , mais définitive .
Bonsoir,
Je pousse la porte car cet article retient mon attention.
Il serait intéressant de regarder les chiffres par région (Sud Ouest, Sud Est, Est, Ouest, Idf). Les chiffres ne sont peut-être pas disponibles.
Il faut également souligner que dans les milieux modestes lorsqu’un élève est brillant, premier de sa classe, avec mention au bac, les parents ne poussent pas forcément leur enfant à faire les classes préparatoires, ils ne remplissent même pas le dossier car ils préfèrent que leur progéniture entre le plus tôt possible dans la vie active.
« Une petite pensée émue pour la mère, dont le rôle de transmission et d’accompagnement est ici bizarrement escamoté. »
Je vous remercie de le souligner.
A une époque les femmes entreprenaient peu d’études, elles se mariaient très jeunes donc jusqu’à une certaine génération, l’enfant avait une maman avec un faible niveau scolaire.
La maman peut transmettre autre chose que de la connaissance qui aide davantage à l’épanouissement de l’enfant et à sa réussite dans tout ce qu’il entreprend, la confiance en soi par exemple ou bien l’amour tout simplement.
Cordialement.
Bonsoir Vénus. Je vous invite à prendre connaissance du rapport remis au Sénat sur lequel je m’appuie pour la période contemporaine. Sur le phénomène d’autocensure que vous décrivez : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44121.html#toc170 et http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44146.html#toc365. Sur les inégalités territoriales, quelques éléments de réponse (malheureusement non détaillés) : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44123.html#toc178. Bonne lecture !
Bonsoir,
Je vous remercie beaucoup pour votre réponse.
Bien cordialement.
Crescendo
Rites/besoins vitaux – imitation : Famille – 10
+
Langage/Ecoute/Parole – Storytelling : Ethnie/tribu – 10E3
+
Livre/lire/écrire – Ecole : Nation – 10E6
+
Internet/multimedia – ? : Terre – 10E9
Dans le vide actuel s’engouffre le pire de notre civilisation, sauf le BPJ bien sûr.
Après l’Irlandais et l’Espagnol, sans oublier l’Islandais…voici la fin du miracle Chinois:
The End of China’s Easy Growth.
The more we learn about China’s vast stimulus plans, the more far-fetched they seem.
http://www.telegraph.co.uk/finance/china-business/9546737/The-End-of-Chinas-Easy-Growth.html
Eh ouais, toutes les bonnes choses ont une fin.
La troïka ne croit plus la Grèce capable d’atteindre ses objectifs.
Les créanciers de la Grèce estiment que les objectifs fixés à Athènes, notamment en matière de réduction de son endettement, sont désormais hors de portée, affirme le quotidien allemand Handelsblatt dans son édition de lundi.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_la-troika-ne-croit-plus-la-grece-capable-d-atteindre-ses-objectifs?id=7839897
Plusieurs banques américaines, dont JPMorgan et Bank of America, sont visées par une enquête menée aux Etats-Unis sur des circuits de blanchiment d’argent qui auraient pu financer le trafic de drogue ou des activités terroristes, affirme le New York Times samedi.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_etats-unis-des-banques-americaines-visees-par-une-enquete-pour-blanchiment?id=7839770
Et Célestin Freinet dans tout ça ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Freinet
>Dissy
Les nouvelles que j’ai de Chine ne sont pas bonnes: il y a énormément de PME qui ferment, et plus encore, une immense vague de nationalisme traverse le pays.
Je comprends l’inquiétude de Panetta: si les choses tournent mal là bas, les gens régleront leurs vieux problèmes entre eux et avec le japon par tous les moyens..
(pour vigneron : mode « boules Quies » ON)
Un lien sur Stiegler qui se fait interviewer sur F C (France culture) une heure dans l’émission (nouvelle ? ) de dimanche après midi 17-18h par Frédéric Taddei (oui, celui de CSOJ sur FR3, qui croit que Keynes fut ministre de FD Roosevelt, bon, passons quand même)
(en clair http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-bernard-stiegler-2012-09-16)
Là j’écoute le début, ça reparle même de Todd, Mmm)
(pour vigneron : mode « boules Quies » OFF)
Bonsoir BRL,
C’est toujours sympathique de voir sortir des placards de l’histoire des phénomènes que j’ignorais. J’apprends par Wiki que Jean D’Ormesson est un descendant de Lepeletier ce qui suffit pour constater que son projet a complètement foiré. On appelle discrimination positive de nos jours la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie « supposée » à laquelle selon les discours l’épithète « réelle » » est trop vite accolée. Car ces affaires d’éducation, d’instruction, de formation, mettent en jeu et socialement et au plus trognon de chaque subjectivité, et bien sûr dans l’inévitable dialectique entre ces abords, une foultitude d’interactions au point de devoir donner sa langue au chat quand il s’agit de pister les origines d’un phénomène.
Mais à 5 ans à y regarder de près, les destins sont souvent joués, même s’il existe des exceptions, des rattrapages. Vous parlez de « l’inégalité des dons » dans une réponse, son nom moderne est bagage génétique, même si je ne doute pas que des affaires de gênes puissent – c’est supposé – jouer leur aiguillon, je penche fortement sur l’incidence écrasante du milieu, corrigible sociopolitiquement comme Lepeletier le proposait. Pourtant dans l’aspirateur de l’ascenseur social tel qu’il existe dans nos représentations, il n’est pas niable que quelques bourgeois enfantent des ratés, et quelques prolos voient leur progéniture sortir de la répétition de classe (au sens de Marx). Fréquentez quelques débiles selon les classifications en vigueur, vous en croiserez où vous discernez la passion de l’ignorance, et çà se cultive subjectivement le « je ne veux rien savoir » tout autant que le « je veux tout savoir » supposé à l’élève performant. Ces passions là opèrent mais comment ont-elles été fabriquées, n’est pas une mince question.
La notion freudienne d’identification, quelque soit le « trait » auquel un sujet s’identifie, est féconde pour nommer les mécanismes de répétition de classe, que ce sujet soit pris par quelque chose – le discours de ses parents, entre autres, ou du jésuite ! – pour l’étoffer d’un désir au sens génitif objectif comme subjectif. L’ennui est que l’affaire est inconsciente par définition, d’où le coté momifié d’un désir de môme, qui trace pourtant une vie durant. Quelque soit l’appareil mis en place pour performer un projet politique, il semble que des résistants en démontreront en acte la vanité. Ce qui n’est pas une remarque fataliste à laisser les choses en l’état si l’intérêt général s’en plaint…
Élève Rosebud,
» la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie » : – 4 et – 4
quelque soit le « trait » : – 4
Quelque soit l’appareil : – 4
Soit, quoi qu’il en soit* et d’ores et déjà, 4/20.
* Comme « Quoi qu’il en soit, on peut imaginer que le désastre phylloxérique mit subitement en présence des plus dures nécessités toute une population vigneronne qui avait jusque-là vécu insouciante sur ses coteaux. » – (Ludovic Naudeau, La France se regarde. Le problème de la natalité -1931)
Cancre Vigneron : à copier 100 x : « Mélenchon ».
Rosebud, j’ai entrain, non sans entrain, l’hypothèse selon laquelle le patronyme de Jean-Lumière venait de la Mancha, l’homme de la Mancha donc, Ni Cr donc et les puristes ou vaches espagnoles n’y trouveront rien à redire. MélAnchon.
Vigneron le bout en train sort de sa manche des zipothèses éclairs sur la transcription francisée du patronyme espagnol « Mélenchon » qui a donc effacé le « a » originaire en castillan car le grand-père de Jean-Luc Mélenchon, Antonio Mélenchon, (MélAnchon donc pour Vigneron) établi dans la région de Murcie donc exactement en contigüité sud de la région des moulins à vent de la Mancha, donc le Don Quichottisme que Vigneron-La-Lucidité discerne très bien chez le petit fils d’Antonio est clair. Brillantissime, la lucidité.
Est-ce un effet de classe, si je m’en viens me distraire en pointant qu’on doit dire « pallier les inégalités, que les accents de vos gênes ne gênent pas les génois, mais gênent la lecture, et que ceux qui ont le mot « performer » (ou « gouvernance ») à la bouche passent à côté de l’essentiel en politique, à mon avis ?
Mais sur le fond, je suis d’accord sur l’intrication de beaucoup de facteurs. La cruauté pour les gens d’une certaine génération est sans doute d’avoir cru que les médias pourraient agir comme vecteur d’égalisation des chances, en donnant à chacun des éléments de culture, alors que, comme les livres ou les journaux en leur temps, ils se sont diversifiés en proportion de la disponibilité du cerveau, et plutôt en proportion de ce qui l’humilie (il y a tant de façons) que de ce qui le sublime.
@ timiota 17 septembre 2012 à 08:16
Bien sûr que c’est un effet de classe, dominante sur l’ « ortho » en général, quel qu’en soit le domaine. J’ai aussi une gêne avec le parkinson paternel dont je me soucie de diverses manières, y compris via son don de mes gènes : l’avenir écrira si c’est affaire d’identification imaginaire ou transmission de patrimoine génétique mais pour l’actualité, c’est confus comme vous l’avez remarqué ! Pour ce qui est du coté mainstream du performer, oui, quelque chose insiste depuis le « parformer », traverse la Manche puis l’Atlantique fait retour autrement, et dans les arts ou le business s’impose.
« On appelle discrimination positive de nos jours la tentative de pallier aux inégalités quelles qu’en soient l’étiologie « supposée » à laquelle selon les discours l’épithète « réelle » » est trop vite accolée. »
En terme de discrimination positive, c’est bien sûr le Brésil qui figure sur le podium mais l’Afrique du Sud pourrait bien les détrôner d’ici quelques temps :
http://journalmetro.com/monde/136454/le-bresil-appliquera-la-discrimination-positive/
On y apprend que les places en université seront attribuées non pas selon les résultats scolaires, mais selon l’origine ethnique.
La discrimination positive Pignolle- dans son expression universelle, l’équité – c’est celle qui offre et réserve les meilleures places de parking ou des places dans des entreprises aux handicapés, celle qui offre des bourses ou des allocations logement sous condition de revenus, celle qui oblige des communes à un pourcentage de logements sociaux, etc, etc, et celle qui devrait offrir le double ou le triple de l’effort éducatif collectif à ceux qui en ont le plus besoin par rapport à ceux qui en ont le moins besoin. Cela dès leur naissance. C’est sensiblement le contraire que l’on observe. Discrimination scolaire négative de fait.
À Pignouf 1er :
Vous me rappelez l’ingénieur de chez Dassault croisé à un dîner il y a des décennies, qui trouvait qu’enseigner en Libye le pilotage de Mirages à des conducteurs descendus d’un dromadaire depuis moins d’une génération était une gageure. Mais le coté truculent de vendre des mirages à des hommes du désert lui échappait.
@Pignouf :
La discrimination positive optimisée , devrait , pour que l’ équilibre « pouffiat /pouffiasse » soit equitable , se limiter a , par exemple 40% comme seuil minimal ….et non 50% …
Bonjour Rosebud1871.
Vous auriez raison de juger la postérité de l’œuvre de Michel Lepeletier d’après sa postérité généalogique si son système d’éducation avait été retenu. Mais c’est celui de Condorcet qui s’est imposé, avec la nuance que j’indique à propos de l’implication de l’État. Jean d’Ormesson est le produit exemplaire d’une éducation nationale à plusieurs vitesses, sa mère l’ayant soustrait jusqu’à l’âge de 14 ans au lot commun. Il n’a même pas eu droit, le Jean d’O, de fréquenter un établissement public de renom saturé d’éléments à particule. L’Académie lui est redevable de ne pas avoir corrompu son O si pur. S’agissant des imbéciles fiers de l’être, je vous dirai que cet affichage tient de la pose, de la construction intellectuelle. Je n’irai pas jusqu’à dire que cette pose est un sommet dialectique, comme on dit de l’ignorance du sage qu’elle est un sommet de sagesse, mais c’est au moins un sommet de narcissisme, une construction pour soi à destination d’autrui. Cette sorte d’imbécillité est très retorse, car elle fait école. Quant aux imbéciles béats, aux simples d’esprit prisonniers d’une idiosyncrasie pathologique que n’effleure même pas la conscience d’être heureux, qui serait un embryon d’entendement et de sainteté, ils relèvent de structures adaptées. Même dans leur cas, il n’est rien d’irrémédiable, dès lors qu’il leur est loisible d’interagir avec leur prochain. Le système de Saint-Fargeau, s’il avait été adopté, n’aurait sans doute pas pu abolir la bêtise ni même interdire à ses promoteurs d’en commettre, mais il aurait instauré – allez, rêvons un peu – un régime de distinction susceptible de faire société en République, un dandysme solidaire à démonocler tous les apprentis Brummell. Uchronie close.
BRL, j’avais pigé que Condorcet avait écopé d’une retenue et pas Lepeletier. J’ai bien moins de certitude que vous pour les « structures adaptées » sans doute pour en avoir fréquenté et croisé ceux qui y séjournent. Et pour « rêver un peu » il vaut mieux être jeune, avant de s’être cassé les dents sur quelques projets pour changer des vies.
Je vous sens piqué, Rosebud. Je n’avais pas l’intention d’être péremptoire, ni même de faire l’éloge des « structures adaptées », dont je connais (un peu et en tout cas moins que vous) les défaillances et le passif, en partie grâce à Foucault (Histoire de la folie). Certaines structures fonctionnent bien (de l’avis même d’un ami qui travaille en HP), d’autres pas, ce qui a des conséquences ravageuses sur la santé des personnels comme sur celle des patients. Mais tel n’était pas l’objet de notre échange, je crois, à moins que vous ne voyiez dans les maisons d’éducation de Saint-Fargeau une version ad usum delphini des « petites maisons ». Par ailleurs, je suis peut-être jeune, mais je me suis déjà cassé plusieurs jeux de dents en défendant des projets universitaires qui touchaient à la vie de la communauté scientifique. Un vent de folie souffle aussi dans ce secteur. Pour conclure, je vous dirai que le rêve n’exclut pas la lucidité, il peut même fournir l’éclairage. Mais c’est un autre sujet, que nous aborderons peut-être sur un autre fil.
@ BRL 18 septembre 2012 à 01:35
Rosebud piqué ? Dans quel sens dois-je le lire ?… ! Ne vous en faites pas pour les subtilités de politesse, j’ai le narcissisme bétonné ! Pour les structures adaptées, elles le sont pour mettre les marges en boîtes, et je doute qu’il puisse exister une société au sens moderne, sans déviants de toutes sortes dont l’intérêt général sait s’occuper pour sa tranquillité, c’est vous dire mon peu de rêve à ce sujet. Vous avez raison d’évoquer la « santé » des soignants en HP, vous pourriez ajouter d’autres sigles ! Merci pour la ballade rue de Sèvres et le caviardage des bouquins du Dauphin. Bien dommage que vos savoirs ne soient pas exploités au mieux du ruissellement espéré de nos maîtres. Un gâchis de plus. Si, si, je maintiens que rêver le monde appartient à la jeunesse, les vieux n’ont que la clef du coffre et des souvenirs. Se casser les dents ou devoir casser les dents de l’autre, n’est pas une alternative folichonne…
Voilà ce dont rêvait Lacan en 1974 : […] Je veux dire que, c’était pas une façon de se faire valoir à la Sorbonne que de résoudre les problèmes de la cycloïde, qu’y avait comme çà, enfin, au temps miraculeux, au temps que dont je voudrais voir se reproduire, n’est ce pas, sous la forme des psychanalystes, je voudrais s’y voir reproduire cette espèce de République, n’est ce pas, qui faisait que Pascal correspondait avec Fermat, avec Roberval, avec Carcavi, avec des tas de gens, n’est ce pas, qui étaient tous entre eux, enfin, pour ceci on ne sait pas quoi s’était produit, c’est bien ce que je voudrais un jour tirer de l’histoire, on ne sait pas quoi s’était produit qui faisait qu’il y avait des gens qui désiraient plus en savoir à propos de ces choses invraisemblables, n’est ce pas, si un cycloïde que sais-je si c’est un cercle, une roulette qui tourne autour d’une autre, vous voyez ce que ça peut donner, ça donne, je ne sais pas, une chose comme ça un cycloïde mais rien que le fait qu’ils étaient mordus, qui croyez le à ce moment là ne rapportait rien auprès d’aucun seigneur, n’est ce pas, qui leur faisait leur réputation, enfin leur truc strictement entre eux, n’est ce pas, ils ne sortaient pas de là. Bien sûr, de là est sortie votre télévision, cette télévision grâce à quoi vous êtes définitivement abrutis, bon bon mais enfin ils le faisaient pas pour ça […]
@rosebud
dur de trimballer sa jeunesse jusqu’au bout, sans voir ses rêves se réaliser , ou les voir se dissiper en poussière d’oubli.
tout ça pourquoi, parce qu’un jour on a vu la terre comme une folle égarée au milieu des flots sombres , à cause de si peu . que de complications, de tentatives désespérées pour échapper au naufrage, et de luttes imbéciles et meurtrières , de lois incomprises, et surtout qu’on refuse à appliquer, comme le simple fait de ne pas tuer , le reste coulant de source.
sacré perdu va . planète terre noyée . de là, tout devient chaotique , sans issue .
la jeunesse, l’esprit , le souffle comment peut-il vieillir ? on respire ou ne respire pas .
tapis dans l’ombre, les morts empoisonnent les cœurs, et les consciences, leur faisant croire que les disques durs contenaient de la mémoire.
@Rosebud1871, 19 septembre 2012 à 01 h 07
clockwise or anticlockwise, that is the question ?
A lente vitesse, et a fortiori si l’on compare la marche à la course, la ligne des épaules décrit un axe brachistochronique, au contraire des rotules ou des malléoles qui dessinent une cycloïde.
Cela est bien entendu lié à une effet de compensation entre le haut et le bas du corps qui disparaît dans le course, Zapotek s’en épuisa, historiquement, d’autant que plus que d’autres, il courrait avec les bras.
Ceci et cela ne creusent pas dans le même sens. Du côté amont du rêve, voire l’allure (quand elle n’est ni posée ni forcée) des rockers et des dandys. De l’autre côté, aval, du rêve, voire les démarches dialectiques hégéliano(clockwise)-marxiste(anticlockwise).
Ni veune ni jieux.
@schizosophie 19 septembre 2012 à 12:17
À propos de ligne d’épaule, parait ce soir que la ligne de banquise du pôle nord aura fondu dans 4 ans plutôt qu’en 2080 (prévision 2007).
À propos de banquise, en 2007 personne n’a prédit que les lignes des banques auront fondu en 2080. Mais personne ne prédit non plus ce soir que ce sera pour dans 4 ans.
À propos de pôle emploi les prévisions sont inverses, les lignes s’allongent.
Alors Hegel dextrogyre et Marx levogyre… y a plus d’aiguilles sur la clock, mais de belles affaires à 1100,32 TTC.
(tu remarqueras que la pub ne fait passer le temps qu’entre le 21 avril 2008 et le 27 avril 2008 en boucle, mais pas cycloïde).
@ Eric L 19 septembre 2012 à 08:52
Si si l’espérance de vie de la mémoire d’un disque dur est supérieure à la mienne mémoire et sans doute à la vôtre. Mais je ne vous parle pas de compatibilité logicielle en ascendants et descendants ni de format de plug. Puisque la voix s’assure, comme l’oreille, le nez et bien d’autres choses, la Lloyd’s doit bien contracter aussi pour la mémoire, entre les tests et l’imagerie cérébrale, ça doit pouvoir s’évaluer, et donc même être sujet à paris sans avoir à en être, un court temps, le détenteur !
guère plus qu’une feuille de papier, ou une gravure sur la pierre. . la mer en contient davantage.
mais je suis d’accord avec vous pour dire qu’il y a une certaine densité d’information contenue dans le disque dur …
nous ? notre mémoire , demandez aux cellules, puis aux atomes qui nous traversent .
autant dire que j’ai une idée hérétique de la mémoire .
@Rosebud1871, le 20 septembre 2012 à 00 h 47
L’ombre du marcheur fut la première aiguille. Mais il fallu le plein soleil et la détermination à viser un point fixe par rapport au pôle, mémorisé par l’impression des formes offertes les nuits, pour que la marche prît un sens. Faut-il encore, évidemment, que le sol résiste et ne fonde pas pour ça continue.
Le destinataire du produit Lépine hypnotisant n’aurait, sans doute, pas pu prendre le temps de saisir la longueur hebdromadaire du cycle, aussi raccourci soit-il dans la boucle.
C’est une époque, où les spartiates sont dans les esprits, encore beaucoup de mortalité infantile où lors de l’accouchement et puis l’enfant-roi, c’est un truc de noble, on va pas bâtir la nouvelle république la dessus.
A l’opposé, on a bien le fantasme des coloriés (d’Alexandre Jardin), où plus simplement les kinder-je-sais-plus-quoi, où l’éveil des enfants ce fait par les enfants (en réaction à…)
C’est pas simple d’extrapoler la dessus et j’ai pas l’expérience d’un profil scolaire normal, j’étais un rêveur maladroit (quand j’ai réussit à traduire « break the wall » de Pink Floyd, j’ai pas vraiment compris l’émotion de la musique avec le texte, pour moi si le mur est un problème, y avait qu’à regardé ailleurs), j’ai appréhendé la scolarité, un peu comme les disques de Bach que mes parents avaient, sans « jamais » les écouter, fallait les avoir, c’est tout.
C’est un peu bizarre, je fais que de me rendre compte, que puisqu’il me fallait juste le bac (perturbé à l’idée que le dé savait son jet précédant en probabilité, j’oubliai les maths, les études comme disques sur une étagère, mais la ferme pour être adulte), j’ai eût juste le bac, pas un décile de plus, à aucun moment j’ai fait un lien entre savoir et résultat scolaire, résultat: 10.00 (au rattrapage, sinon c’est très difficile d’avoir les déciles nulles)
J’ai associé très tôt; la scolarité à un catéchisme laïque (je peux comparer, j’ai pas à renier mon éducation), j’étais l’élève chiant, celui qui a l’air d’être pas là, mais si son surmoi estimait qu’il avait trop à perdre, alors il devenait bon (je m’étais même faut un règle, si je me souvenais d’un oral c’est qu’il était mauvais).
J’ai eût de la chance (et un minimum d’attente parentale).
Par exemple, dyslexique j’avais aucune chance en latin, mais ma professeur ma quand même offert « le lièvre de Vatanen », suite à un truc de présentation scolaire.
Par de là l’institution c’est aussi ça l’éducation, oublier les notes, les besoins, les Power point …
Dommage que les lycées agricoles ce soient formatés au cursus académique. (on était encore les anciens D prime, les bizarres, on a même eût un gas qui n’a pas eût son BEP électricien et qui a finit en histoire de l’art)
Une chance de moins pour les autres.
Rahan et Rahane ont acheté une Ferrari. Rahan a aussitôt ouvert le capot pour essayer de comprendre le fonctionnement de l’intérieur: son attitude est démiurgique. Rahane se contente de comprendre et de maîtriser sa machine de l’extérieur (Véhicule=boîte noire): elle essaie de comprendre ce qui se passe à l’intérieur en s’imprégnant de la correspondance entre les paramètres de contrôle (volant, accélérateur/frein), et ses paramètres de sortie (trajectoire, vitesse). Son attitude est herméneutique. Les hommes sont, je crois, plus naturellement portés vers la première solution, donc les maths de la maîtrise (celles pratiquées par une large majorité de matheux et utilisée par l’immense majorité des scientifiques, physiciens et économistes en tête).
Les femmes sont peut-être plus aptes à comprendre les mathématiques de l’intelligibilité, celles que Thom pratique.
Il y a des domaines où les savants ne doivent pas travailler s’ils ne désirent
pas salir leur conscience (1985, 9) R THOM
dirait rahane
@ Charly
Tout à fait d’accord: le cambouis est salissant.
Citation prise dans le recueil rassemblé par Michèle Porte?
Je le conseillerais aux curieux qui voudraient une idée des multiple facettes de la pensée de Thom.
90 pages dispo gratos sur le net!
L’école est à l’image de la société , de ses mœurs axés sur le travail , la course , la sélection . elle transfuse la pensée dominante , celle de son époque . si on peut appeler ça pensée .
par exemple, tout tend à rendre les enfants esclaves de l’ordinateur , et toute l’organisation , voire les échanges se font par cette machine, quasiment divine .
quel monde merveilleux de l’information , où l’on scrute le moindre détail de votre cerveau au cas où un virus informationnel ne s’y nicherait pas , une pensée déviante ou originale, ou géniale, afin qu’on puisse alimenter la machine à asservir , mais pas servir . ben voyons, d’abord, on se sert, puis on laisse ce qui reste . comme à la cantine quoi . premier arrivé, premier servi .
comme les spermatozoïdes , guère plus évolués 😉 et les premiers, derniers de quoi ?
sans doute, faut-il les uns ou les autres et que le contenu, au fond n’a aucune importance . ni la méthode, tout n’est que course, ou liberté . ou volonté . efforts, dont un jus s’extrait .
on ronge un os, on a entre les mains un support quelconque, et selon le truchement actuel, on se révèle .
non, j’exagère, l’école est bonne , et mauvaise . qu’est-ce qu’on s’y fait chier, et qu’est-ce qu’on serait sans elle ?
il y a de tout : ennui, et plaisirs du jeu, des calculs , des découvertes, et des contenus qui ont pu laisser une fadeur incroyable , sans aucun sel . heureusement, l’école n’est pas le tout de la vie . il y a aussi l’école de la vie , même en son sein, castagnes, et récrés . pour les gars, et quoi pour les filles ? les mauvaises langues, et puis quoi encore ? ( que je ne connais pas n’étant pas de ce bord là )
bref, à l’école on cherche Eve . elle emprunte toutes les formes .
dans la lettre on cherche l’Esprit .
( je ne dirai rien de bien intéressant à propos de l’école, puisque j’étais un cancre médiocre . mais comme j’ai épousé un corps d’enseignante qui par sa discipline est ravalée au rang d’insignifiance ( arts plastiques) qui est sans illusion , pas trop . )
La vie des charançons est bien monotone 🙂
savons nous vraiment comme ils aiment ? ou souffrent ?
@ Eric L
« pour les gars, et quoi pour les filles ? »
J’ai été élevé quatre ans (CP à CM1) dans une école de filles. Dans l’école pour garçons (c’était il y a longtemps) ils n’acceptaient pas les enfants en avance (le toujours plus vite pour le toujours plus haut maternel), et des rumeurs courraient sur les curés. Je sais jouer à la marelle, sauter à la corde (faire vinaigre c’est dur…). J’étais un peu pataud. J’étais préposé à tourner la corde…
oui, ce sont deux univers parallèles , qui se croisent non sans difficultés .
que serait lui sans elle ? et (le) vice versa .
Bonjour,
J’arrive de la promenade avec les chiens et prends mon courage à deux mains pour me jeter à l’eau et rentrer dans votre blog.
Monsieur Jorion nous dit, ce matin, que Monsieur Dragui, qui préside à …nos destinées (boaf !), rapproche des notions sans aucun rapport comme la prime de convertibilité et le rachat des obligations espagnoles et italiennes visant à faire baisser les taux.
Si je dis quelque chose sans rapport avec ce qui précède, ai-je des chances de pouvoir prendre part à votre conversation ?
Par exemple, j’ai entendu que les sacrifices rituels servaient à ramener le calme dans une communauté.
Pendant que l’on mitraille GS, la banque qui domine le monde ou
Fabrice Tourre, les souris dansent ?
Natexis… c’est quoi ?
Qui peut m’en dire plus.
Un petit élément d’actualité :
« La PEEP estime que cela ne serait « pas une bonne nouvelle pour les familles », déjà aux prises avec la dispendieuse nécessité de loger un enfant étudiant et d’assumer les frais des concours d’après-prépa (plusieurs centaines d’euros entre le concours lui-même et les déplacements). « Ce sera une charge supplémentaire », regrette Valérie Marti, présidente de l’organisation représentative. Mais les familles des élèves de prépa ne sont-elles pas plus favorisées que les autres ? « Oui, mais il n’y a pas que des familles aisées en prépa!, réagit-elle. Il y a toutes les autres. C’est facile de parler d’élitisme si on n’aide pas les élèves brillants issus de familles moins favorisées! » »
Le gouvernement envisage la fin de la gratuité des classes prépas
Merci Zébu pour ce « petit élément » qui met le doigt sur un problème que Saint-Fargeau résout par la gratuité des études d’un bout à l’autre du cursus, histoire d’en finir avec les interminables débats autour de la hauteur du plancher pour l’attribution des aides. Le gros du financement est assuré par une surtaxe qui représente jusqu’à 10 % du revenu des plus riches (10000 livres pour un revenu de 100000 livres). 10 %, ce n’est pas la lune, mais c’est au moins la garantie que le fiston ne se laissera pas prendre au boniment du premier passant qui lui dira en être descendu.
BRL, un peu d’angliche, la version Esping-Andersen…
http://dcpis.upf.edu/~gosta-esping-andersen/materials/investing_children.pdf
Thanks, Winegrower. C’est un conte d’Andersen que je n’avais pas lu.
Puisque certains ont osé quelques commentaires sur leur situation personnelle, je me lance.
Puisque mon commentaire ci-dessus n’a reçu aucun écho je lui donne le titre pompeux de:
L’éducation: Kant, Hegel, Jorion, Lévi-Strauss, Gödel.
Hegel
Ma mère était très croyante, mon père pas du tout. Il vint une fois et me donna un bouton de culotte pour mettre à la quête. Dilemme hégélien pour l’enfant que j’étais. Comment faire une aussi monstrueuse synthèse? Les fois suivantes, standard, sans mon père, je prélevais deux toutes petites piécettes dans le porte monnaie des courses, prenais la grosse pièce que ma mère me présentais pour donner à la quête, laissais tomber avec fracas les deux petites dans la corbeille pour imiter la grosse, et achetais des bonbons avec la grosse.
Lévi-Strauss
Le premier objectif de ma mère était de tenir son rang (présumé) dans la societé et de nous preparer à tenir le notre. Place à table, rond de serviette, qualité des saluts au voisinage(distinct pour les voisins de même rang et pour, par exemple, les commerçants. Ma mère était structuraliste.
Kant
Le deuxième objectif de ma mère était de nous élever. Pas comme des polets mais comme « ce n’est jamais assez haut ». Ce qu’elle ne supportait pas chez les autres, à savoir de bien rester à son rang, non seulement elle le tolérait mais l’encourageait. J’ai entendu de PJ que la faute logique actuelle des allemands qui veulent une Europe où tout le monde à une balance positive d’exportations avait été pointée par Kant.
À suivre
À propos de Kant, je me contentais de citer Martin Wolf.
Jorion
Ce dimanche, c’est mon anniversaire. Mes 7 ans. Le curé est là. Au dessert je souffle mes bougies. Maman me dit: Basic, tu es grand maintenant, tu as l’âge de raison. Alors le curé coupe le gâteau en deux, chaque moitié en quatre et dit: ces quatre parts sont pour tes petits frères et sœur qui n’ont pas encore l’âge de raison. Toi maintenant tu partages la moitié des grands, avec ton papa, ta maman et moi.
Longtemps après je suis tombé sur un livre étrange dans lequel j’ai appris que la coupure du gâteau de mon enfance avait un nom compliqué: la coupure galiléenne. Ce livre s’appelait: « Comment la vérité et la réalité furent inventées. »
Gödel
Avant de prendre congé le curé m’a dit: Basic, maintenant tu as l’âge de raison, tu es maintenant responsable de tes actes. Tu passeras me voir Jeudi après la classe pour te confesser.
Panique à bord: si je lui mens pour la quête je vais en enfer, mentir à confesse est un péché mortel, je l’ai appris au caté. Crotte. Si je ne lui mens pas il va le dire à maman et ça va être ma fête. Crotte et recrotte.
PS: J’ai fait une longue dépression de 7/8 ans qui s’est terminée par un pic violent nécessitant hospitalisation. Diagnostic: trouble bipolaire. Depuis, camisole chimique. Quelques repliques allant en s’atténuant.répliques dont on peut déceler les dernières sur ce blog. Vous en vivez une. J’espère que c’est la dernière.
Pour moi ces souffrances parfois au delà de la limite du supportable portent un nom: crime contre l’humanité.
barbarie motivée c’est y pas beau
à BasicRabbit,
En êtes-vous arrivé à penser que la critique de la religion est le fondement de toute critique ?
@ Marlowe
Toutafé. A condition bien entendu d’y inclure la religion scientiste…
Je voudrais revenir sur mon commentaire 39 qui n’a eu aucun écho.
Je pense qu’il faut commencer par se poser les questions fondamentales dans l’ordre naturel, dans le bon sens.
Le commencement c’est l’homme et la femme, presque nus dans la nature, et leur enfant.
Faut-il une éducation? Si oui laquelle?
Dans le cadre sociétal faut-il une éducation? Si oui quelle est sa fonction? Comment l’organiser?
Etant lamarckien il est pour moi clair que c’est la fonction qui doit précéder l’organe, les questions qui précèdent sont bien posées dans le bon ordre, le bon sens. En tout cas la réponse va nécessairement différer selon la société que nous voulons. Laquelle voulons-nous donc?
Les ottomans encerclent Constantinople. Dans les cercles du pouvoir on discute du sexe des anges…
PS: J’ai choisi BasicRabbit comme pseudo pour la très cynique phrase attribuée à Mirabeau: « Les hommes sont comme les lapins, ils s’attrapent par les oreilles ». Avec maintenant l’audio-visuel c’est encore bien pire.
Nos élites intellectuelles se considèrent généralement exonérées, car au-dessus de ça, de ce genre d’emprise idéologique.
Or la première chose que l’on dit à la promotion de la grande école dans laquelle on rentre après une rude compétition est: « Vous faites dorénavant partie de l’élite de la nation ». Fier tel le corbeau de la fable, l’impétrant s’empresse d’ouvrir son large bec … pour gober tout ce qu’on lui raconte.
Suite
Crôa, crôa, crôassance…
Voir par exemple « Vers de lumières hayekiennes » de Jean Petitot, qui a formé des bataillons de polytechniciens au CREA, Centre de Recherches en Epistémologie Appliquée, qu’il a fondé.
Bonjour Basic. Ne soyez pas esclave de la réponse. Certains commentaires n’en appellent pas nécessairement. Le vôtre en appelle un, toutefois, sur cette vieille farce de la discussion sur le sexe des anges en plein siège, en 1453. Je peux vous garantir, d’après tous les récits que nous en avons (byzantins, turcs, italiens et français), qu’il n’était pas jusqu’aux moines qui ne tinssent une section de rempart face aux canons de Mehmet II. Le dernier basileus lui-même, Constantin Dragasès, est mort au combat, à la porte Romaion (j’ai retrouvé l’emplacement, où il y a encore les boulets). La défense de la Reine des villes fut héroïque au-delà de l’imaginable, à un contre dix. Si l’on disputa du sexe des anges, ce fut en leur présence, au ciel.
@BasicRabbit
Lamark est-il monté sur les épaule de Darwin ?
Oui, car c’est là où le bas blesse, vous ne voyez pas qu’aucun principe ne peut échapper, à son origine au moins, à la sélection naturelle. Donc même si le lamarkisme existait partiellement, il aurait été sélectionné comme avantage compétitif.
La fonction précède l’organe, ne veut rien dire. Même la fonction de voir les rayon X existe, toutes les fonctions existent avec ou sans organe qui les suit ou précède.
Bonjour Basic,
Moi je pensais plutôt au lapin d’ Alice (aller vers la dinguerie, et surtout en revenir)
Les parents ont une écrasante responsabilité sur l’ éducation de leurs enfants : les griffes de la télé ne sont pas moins acérées que celles des basiquistes-paquerettistes de toutes espèces .
On doit accompagner ce qu’ on dit avec des actes en rapport, sinon on rend maboul.
Vous me semblez vous en sortir très bien à mon humble avis.
Amicalement.
@ Lisztfr
C’est plutôt Darwin qui est monté sur les épaules de Lamarck. Il est l’auteur, sur la fin de sa vie, d’une théorie des gemmules, proches des idées de Lamarck.
Je suis héraclitéen: « Il faut savoir que le conflit est universel, que la justice est une lutte, que toute chose s’engendre selon la lutte et la nécessité. » Presque darwinien, presque…
@ Tigue
Merci. Tout soutien est bon à prendre. J’apprécie particulièrement le vôtre.
Il y a aussi un peu du lapin d’Alice en moi: comment passer de l’autre côté du miroir (et en revenir). C’est, je crois, l’une des principales préoccupations de Lacan: c’est pour cette raison qu’il s’intéresse au plan projectif, au cross-cap, à la surface de Boy.
Je crois que c’est un point crucial dans toute construction politique stable. Pour penser une constitution stable on doit en effet se penser simultanément des deux côtés du miroir: comme individu et comme société. C’est, je crois (je viens de le lire, cf commentaire 70), la préoccupation de Hegel.
@ BRL
Mes commentaires qui se veulent un peu acérés s’adressent aux scientifiques (science économique et science politique comprises). Elle ne s’adresse ni aux sciences dites molles, ni aux lettres ni, bien entendu à la philo. J’admire votre érudition. Mais ma position est qu’il y a le feu et que ce genre de passionnants sujets pourrait être repoussé à plus tard.
« science économique et science politique » sont des sciences dures?!?
@BasicRabbit
Mais moi je suis preneur d’autres approches. Seulement, faute de compétences dans les domaines que vous fréquentez journellement, je vous regarde débattre en prenant des notes. Je ne crois pas, cependant, que l’éducation soit secondaire dans l’ordre des priorités. Il y a péril en la demeure, certes (ce qui signifie qu’il est risqué de demeurer où nous sommes), mais pour éviter le sauve-qui-peut désordonné, il vaut mieux connaître ce péril, dans ses ressorts intimes, pour en ajourner l’imminence, voire le déjouer, en équilibre sur la crête de l’abîme. Je suis assez d’avis que tout se tient, je veux dire que toutes les défaillances s’attirent et se fortifient mutuellement pour nous préparer une rupture civilisationnelle inédite (car, contrairement à nos ancêtres, nous avons beaucoup plus à perdre, matériellement). Les élites, à quelques exceptions près (fort heureusement), ont prouvé et prouvent encore qu’elles sont plus exposées que le péquin à la crédulité. Si vous saviez le nombre de gobe-mouches, parmi nos scientifiques, qui ont reçu sans broncher les explications officielles invraisemblables des attentats du 11 septembre. Tous les témoins de démolitions de tours dans nos villes n’ont pas eu besoin d’être instruits par les ingénieurs et les architectes (à qui cette affaire a porté un coup, car les Twin Towers étaient bien conçues ; à titre de comparaison, le B-25 qui a percuté l’Empire State Building en 1945 n’a pas causé autre chose qu’un incendie, éteint en 40 heures) pour se faire une idée de la cause réelle de l’effondrement. Les gratte-ciels ont été méticuleusement plastiqués. Par qui ? Par d’autres terroristes, probablement, la sécurité de l’édifice ayant déjà été prise en défaut par le passé. Les avions auront fait diversion. Je laisse les scénaristes hollywoodiens et les complotistes en verve monter tout cela en mayonnaise pour nous écrire un roman labyrinthique à la Philip K. Dick. Pour ma part, je m’en tiendrai à ce que j’ai vu et à ce que m’en ont dit aussi bien des architectes que des ingénieurs spécialistes de la résistance des matériaux. Ce qui me navre, c’est que des scientifiques rompus à l’analyse factuelle n’aient tenu aucun compte des règles élémentaires de l’ingénierie. Un petit cours sur la propagande et le décervelage médiatique s’imposerait-il ?
peut être hors sujet, mais une chose me turlupinait . pourquoi a-t-on toujours rendu les masses abruties, abêties , robotisées , que ce soit à des époques par les guerres ou les religions , à notre époque par les publicités , et autres distractions , est-ce parce que le naturel de l’homme est animal et aspire au fond à le rester ? plutôt que de devoir affronter toutes ces séries d’épreuves qui sont censées l’élever ? et qui ne sont pas que des effets littéraires, mais remettent en jeu les fondements de notre être ?
je dis « les masses », je ne dis pas « les personnes au sein des masses » . la somme ne correspond pas .
@ BRL
« Je ne crois pas que l’éducation soit secondaire ».
Pour moi, dans l’ordre:
Quelle société peut-on? Triangle éthique: le « je peux » est le résultat du compromis entre le « je veux » et le « je dois »
Cela pose au passage le rapport homme/femme dans la société.
Seulement après, ama, se pose le problème de l’éducation: d’abord son rôle dans le fonctionnement de la société, ensuite son organisation.
@ Sylla
Peu importe. Ce qui est certain ama c’est que là se cristallise un grand nombre de conflits fondamentaux de la communauté.
Pourtant si comme vous le dites vos commentaires ne s’adressent pas aux sciences molles tout en visant aussi la science économique et la science politique, et que ces dernières en sont (« molles ». Ou même « mi-molles » : la part du « dur » et du « mou » est un enjeu important, et pas que pour les fromages), le facteur risque de s’y perdre un peu.
sauver la terre qui seule peut nous sauver . sans avoir besoin d’y échapper par notre corps. elle est une porte cosmique vers l’infini , le rêve, les dieux ou vers l’universel . ce qui est une façon tout de même d’y échapper .
comment pourrions nous échapper avec notre corps qui est de la terre ? comment se délivrer sans corps ? ou avec un corps cloué ?
alors que la vie se souvient où elle va .
Manque quelques rimes-pas trouvé d’ alexandrins. Dommage.
J’ai commencé à essayer de rentrer dans Hegel. Thom n’en parle, à ma connaissance qu’une fois, plutôt laconiquement: « des lourdeurs de Kant aux fulgurances d’Hegel… »
J’ai commencé par Wiki où j’ai seulement retenu qu’Hegel opérait par thèse-antithèse-synthèse. Toujours dans Wiki j’ai découvert que le yin-yang était associé au « versheben » de Hegel (apparaître/être/disparaître) qui m’a fait penser à l’associer à une fronce, le « trois en un » à tout faire, idéal pour dégripper les situations désespérées. 🙂
Je viens de parcourir EU (version 1990), très bel article de Claude Bruaire. J’y trouve des résonances profondes avec la vision thomienne.
On oppose l’évolution de l’histoire et l’histoire de l’évolution. Si l’on admet qu’évolution et histoire désignent le même concept vu de deux points de vue différents (passé et avenir), la citation de Thom: « les situations dynamiques qui régissent les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’évolution de l’homme et des sociétés » devient: « les situations dynamiques qui régissent les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’histoire de l’homme et des sociétés. » Hegelien?
Il me semble qu’il y un plus chez Hegel: c’est la profonde identité du Un et du Tout, qui me semble essentielle à sa construction, identité que je n’ai pas (encore) trouvée chez Thom. Je vais lire « Thèmes de Holton et apories fondatrices » où il parle de ça.
j’ai fait faire des devoirs à des enfants…persistance dans l’ élevage des perroquets
pas beaucoup d’espace dans l’apprentissage de la compréhension comme mode fondamental de l’éducation
des données des masses de données , beaucoup de controle des données dès la deuxième semaine d’école ( le règne de la peur de la mauvaise note)
très peu de réponse à: qu’est-ce que tu as compris? qu’est-ce que ça veut dire?
l’euphrate se jette dans le golfe persique
c’est quoi le golfe persique? « ….., heu, ben ça en bleu sur l’image, de l’eau »
c’est quoi un golfe? » ben normalement c’est de l’herbe… »
La société dont je rêve.
Quand je regarde le soin que mon chat prend pour choisir la bonne position avant de s’endormir (d’un seul oeil souvent), quand j’entends des réflexions du genre « l’humain est le plus dénaturé des animaux, il va même jusqu’à prendre sur son temps de sommeil pour se reproduire », je me dis que quelque chose cloche grave dans nos sociétés.
Et je rêve que l’homme utilise sa supériorité à peu près évidente par rapport à l’animal pour faire mieux, beaucoup mieux que lui dans ce domaine.
Principe de base, profiter de la vie au max et, en particulier faire le minimum de choses chiantes (il en restera toujours un peu, faut pas rêver). Façon abbaye de Thélème, pas façon épicuriens, ces hédonistes qui ont avalé leur parapluie.
S’il ne faut que trois heures de corvées par jour, tant mieux, s’il n’en faut qu’une, encore mieux. Au moins ça résout le problème de l’emploi! Ce qui empêche la paresse et l’amollissement, c’est le désir, qui finit bien par se réveiller un jour car vivre c’est désirer. Pour se motiver, se pousser les fesses, on peut aussi, et ama on doit, s’imposer de laisser à la génération suivante mieux que ce qu’on a reçu. Ceci dit autre principe de base, faire toujours de son mieux, même si c’est très lentement. Pourquoi se presser? Il faut bien en laisser aux générations suivantes, n’est-ce pas?