« Ceci ne peut avoir lieu que dans une république déjà corrompue ; dans une république saine, où rien ne donne prise au mal, de pareils projets ne peuvent venir à l’esprit de personne. »
Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live.
Le gouvernement a donc décidé de faire du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes une affaire symbolique, en la traitant avec force et fermeté, de crainte sans doute que celles-ci n’aient pas été assez apparentes en d’autres occurrences récentes.
Voilà que tous les âpres débats théoriques sur l’économie, la relance, l’emploi, la compétitivité, le développement économique, apparaissent pour ce qu’ils sont réellement dans les faits : un conflit sur la forme de rapports humains que nous voulons, et le monde qui en découle.
D’un côté, comme tous ceux qui se sont rendus samedi 17 dernier à Notre-Dame-des-Landes ont pu en témoigner, des chaînes humaines de centaines de personnes, un village sorti de terre en une journée, des rires, des fanfares, des discussions, bref cette fameuse « solidarité » et ce « lien » que nous vantent les brochures institutionnelles en papier glacé, mais sous une forme vivante.
De l’autre, des « décideurs » responsables, déjà habitués à gouverner et à se réunir sous la protection de l’armée et qui ne peuvent plus faire maintenant appliquer leurs décisions responsables au service de l’économie abstraite qu’en faisant intervenir la police. Il faut tout leur aveuglement pour ne pas savoir où nous conduit tous, et à très court terme, cette vision des rapports humains.
La police reprend aujourd’hui ses assauts contre les manifestants, occupants, habitants de Notre-Dame-des-Landes. C’est ici que commence le monde de demain.
301 réponses à “Le réel et le symbolique, à Notre-Dame-des-Landes, par Un agriculteur de Loire-Atlantique”