LA PASSOIRE RADIOACTIVE DE FUKUSHIMA, par François Leclerc

Billet invité.

Les prélèvements d’eau hautement contaminée se succèdent dans un puits situé à 25 mètres du rivage de l’océan Pacifique et donnent des résultats allant en s’aggravant rapidement. Il a été trouvé par l’opérateur Tepco un rayonnement bêta de 900.000 becquerels/litre, pour l’essentiel du Strontium 90, de 11.000 becquerels/litre de césium 134 et de 22.000 becquerels/litre de césium 137, toutes données pulvérisant les valeurs maximales admises.

Selon des membres de l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise, “Il existe de forts soupçons que l’eau hautement radioactive accumulée dans le sol ne se répande dans la mer”. Tepco se contente ne dire qu’il ne peut pour le moment l’établir. On sait par ailleurs que le niveau de tritium augmente régulièrement dans la mer. Cette nouvelle catastrophe établie, deux questions restent à ce jour sans réponse : qu’elle est l’origine de cette pollution radioactive majeure ? de quels moyens l’opérateur dispose-t-il pour la stopper ?

Faut-il la rapprocher d’une autre inconnue, sur laquelle l’opérateur ne communique pas, qui concerne la localisation et l’état des trois coriums résultant de la fusion du cœur des réacteurs en service au moment du tremblement de terre et du tsunami ? Quoi qu’il en soit, il vient d’être démontré que le sous-sol du site de la centrale est hautement contaminé, ce qui n’est pas étonnant étant donné les quantités d’eau déversées dans les réacteurs pour les refroidir et le fait que les cuves sont percées. Présentés comme fonctionnant en circuit fermé, la récupération et le recyclage de l’eau de refroidissement contaminée après son passage dans les réacteurs a un peu trop vite permis d’évacuer le problème de la contamination du sous-sol, de sa nature géologique et de la pente d’une couche argileuse vers l’océan, ainsi que de la présence d’une nappe phréatique.

Est-il encore possible de parler de démantèlement (devant durer 40 ans), mais ne doit-il pas être envisagé la possibilité d’isoler totalement la centrale, sous-sol-compris, de l’environnement ?

La situation actuelle est à rapprocher des résultats inégaux de la décontamination autour de la centrale, initialement présentée comme allant permettre le retour d’un grand nombre de réfugiés, et sur laquelle on ne dispose pas de vision d’ensemble. Le gouvernement pousse à un retour rapide des populations évacuées afin de pouvoir afficher le retour à la normalité, et à cause du coût des indemnisations, car elles sont en définitive financées sur le budget de l’État via les appels de fonds de Tepco. Une deuxième décontamination est souvent réclamée par les autorités locales, au vu des relevés effectués, mais le gouvernement prétend que les doses enregistrées ne posent pas de problème sanitaire. Tout est fait pour minimiser la portée des données enregistrés.

Comme la finance, l’électronucléaire ne supporte pas la transparence.

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