ET MAINTENANT, QU’ALLONS-NOUS FAIRE ?, par Zébu

Billet invité. Ce billet fera l’objet d’un « chat »sur la page Les débats du blog de Paul Jorion en fin de semaine prochaine. La date sera précisée ultérieurement.

Le présent billet n’a pas pour objet de retracer les constats, les analyses qui ont été déjà réalisés ici, sur Le blog de Paul Jorion, sur la ‘grande perdition’ : je n’y reviens donc pas (‘ceci est bien une pipe’). Son objet est très clairement de pouvoir proposer des constats et des analyses pouvant déboucher sur des actions et d’en définir les objectifs. Il s’agit, évidemment, d’une liste non exhaustive, qu’il convient de modifier et compléter.

Tout d’abord, un constat : bien que parcellaire, on ne peut que constater une poussée politique croissante du Front National. À moins de faire un déni de réalité comme certains le font au pouvoir (ou même dans l’opposition), d’élections en élections (partielles), le FN est en train de gagner son pari : imposer ses thématiques dans les débats politiques, forcer ses concurrents à les suivre (ou à se positionner contre, c’est ‘pareil’), recentrer son parti politiquement (en passant d’un parti extrême à un parti populiste), sans rien renier de son vieux fonds d’extrême droite.

Cette poussée du FN ne semble pas devoir s’arrêter, étant donnée la déréliction du champ politique, de tous bords. Déréliction de ce champ politique, dans tous les partis, y compris d’opposition (UMP, mais aussi chez le FdG), mais surtout du pouvoir en place (PS, Verts) : celui-ci navigue à vue, n’a aucune vision ni structuration politique en dehors de continuer à appliquer sa politique de ‘containment’ de la dette publique.

La poussée du FN cristallise et renforce cette déréliction chez tous les partis. Ces deux éléments conjoints sont croissants et provoquent un sentiment d’urgence mais aussi d’impuissance, contre lequel nombre de citoyens et en particulier ici sur Le blog de Paul Jorion, conscients de ces faits, souhaitent se positionner. Les différentes ‘tentatives’ ou mouvements (sociaux, politiques, …) qui ont pu émerger pendant ces 5 années de crise n’ont pas pu faire émerger une alternative, du moins suffisante pour contrecarrer une tendance qui s’observe de manière générale, plus ou moins prononcée dans le monde occidental mais aussi en dehors.

Ces ‘échecs’, du moins à court terme, renforcent le sentiment d’urgence et d’impuissance. Le système économique actuel est arrivé au bout du bout de son chemin, parvenant tant bien que mal à stabiliser son effondrement, grâce à l’action, essentiellement, des banques centrales. Nous sommes donc au sein d’un système dans un état ‘critique’ (qui peut s’effondrer à tout moment et sous n’importe quel choc), que ce soit économiquement et maintenant politiquement.

Les rares voix hétérodoxes dont celle de Paul Jorion ne portent que marginalement auprès de ceux qui sont au pouvoir, lesquels, pour la plupart, sont autistes. L’ensemble des acteurs du champ politique (hormis le FN, qui se situe dans une posture politique) sont dans l’incapacité de se positionner sur une rupture, seule possibilité de sortir de cet étau. Les classes moyennes et les PME sont laminées dans les pays où les politiques d’austérité sont appliquées. En France, le pouvoir politique devra choisir entre les laminer également ou trouver des alternatives. Les citoyens le sentent bien et ne trouvent aucune autre alternative politique que la posture de rupture du FN, ce qui explique son emprise grandissante, y compris dans les classes moyennes.

Concernant les idées que Paul Jorion défend depuis des années, elles trouvent un écho grandissant grâce au blog mais sa surface reste néanmoins très limitée au regard du ‘grand public’. Le groupe Les Amis du Blog de Paul Jorion est un moteur qui permet d’alimenter le blog mais son fonctionnement est très aléatoire car très dépendant de ceux qui y participent (selon leurs moyens, envies, disponibilités, …).

Le sentiment d’urgence nous pousse à ‘agir’, à la fois pour faire cesser ce sentiment d’impuissance mais aussi (surtout ?) pour tenter d’empêcher que cette montée du FN et cette décomposition politique, notamment gouvernementale, ne puisse se traduire politiquement lors des prochaines élections.

Un positionnement en rapport à ces élections (municipales mais essentiellement européennes, à la fois parce qu’elles seront probablement le moment de victoire politique du FN comme à la fois définies comme le niveau pertinent politique d’intervention pour l’économique) a donc été réfléchi, qui a donné lieu d’abord au manifeste que Michel Leis a écrit (en lien avec les élections européennes) puis à la réflexion proposée par Paul Jorion sur la création d’un parti politique, réflexion qui a amené à la conclusion qu’une telle solution n’est ni viable ni pertinente.

D’autres débats portant sur diverses réflexions ont pu être abordés : la question du lien entre le positionnement sur un manifeste et le choix du type de vote, la question de la visibilité de ce vote, l’organisation d’une primaire des programmes, l’espace couvert par le programme : strictement économique ou non, Europe ou non, etc. les formes et la périodicité d’expression (commentaires, notes, vidéos, …) la place du signataire (participant, élaborateur, relais, …) la création d’un mouvement social (modalités, acteurs, éducation populaire, …) les articulations entre ce qui existe (E21, blog, billets) et ce qui peut être construit, les liens avec d’autres collectifs existants exprimant les mêmes préoccupations/réflexions (‘Roosevelt 2012’, Manifeste ‘Que faire de la dette de l’euro ?’) la création/structuration d’un think tank (actions, moyens, …) la formalisation d’une constitution pour l’économie et sa place au sein de cette réflexion le nom du manifeste (‘modérés furieux’, ‘modérés révoltés’, …) les actions communes (liens avec le FdG, vie associative et éducation populaire, niveau communal de l’action, …) autres.

Nous partageons ici, sur Le blog de Paul Jorion, les mêmes constats. Ce qui signifie que nous ne tenons pas pour factuelle ni la montée du FN ni la déliquescence du pouvoir actuel. À l’inverse par exemple d’une analyse d’Emmanuel Todd, qui pose comme constat que le FN est voué dans sa croissance à être limité (cas de la Bretagne, ‘catholicisme zombie’), nous percevons donc tous au contraire un réel danger. Nos divergences semblent sur ce fait porter plus sur l’appréciation de savoir si oui ou non le FN peut accéder au pouvoir, mais tous nous partageons ce sentiment que le FN peut arriver en tête aux élections européennes, ce qui provoquerait ensuite de profonds bouleversements politiques potentiels (élections intermédiaires à suivre en 2015 puis présidentielle et législatives). Bernard Stiegler n’a pas encore raison mais il aurait vu juste …

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