Les hedge funds ont le vent en poupe
UNE BONNE MINE QUI N’EST PAS SIGNE DE BONNE SANTÉ, par François Leclerc

Billet invité

Que faut-il penser lorsque les milieux financiers constatent le retour de l’appétit pour le risque pour s’en féliciter ? Faut-il comme eux être convaincu que c’est signe de bonne santé retrouvée ou est-il préférable d’y regarder à deux fois ?

Les chiffres sont là : les hedge funds représenteront quelques 2.700 milliards de dollars d’actifs sous gestion cette année, en nette progression selon le fournisseur de données Preqin. Et ce en dépit de performances – en moyenne de 10 à 11 % cette année – en diminution et nettement inférieures à celles du marché boursier, où l’indice américain S&P500 a progressé de 27 %. D’où vient alors cette attirance ?

À entrer dans les détails, les rendements qu’ils procurent sont activement recherchés par de nouveaux venus : la proportion des investisseurs institutionnels augmente, celle des grandes fortunes qui ont été le moteur de son élargissement diminue en conséquence. La raison en est toute simple : le modèle financier des premiers, notamment lorsqu’il s’agit des caisses de retraite, va être mis à mal par la hausse attendue des taux, ce qui va diminuer la valeur de leurs placements obligataires et impliquer de le compenser par des rendements plus élevés. En d’autres termes, tout un secteur de l’activité financière est engagé à prendre des risques accrus aux tables vedettes du casino afin de conserver son équilibre financier et de remplir ses engagements. L’appétit pour le risque n’a pas d’autre cause que d’éviter la disette !

Pris dans le mouvement, les gestionnaires des hedge funds voient leur avenir en rose et préparent le lancement de nouveaux fonds pour l’année prochaine. Un quart d’entre eux est dans ce cas, les autres se préparant à accueillir un nouvel afflux d’investissements. Il n’y a bien entendu pas de morale à cette histoire, si l’on met en relation l’exigence de la diminution du coût du travail avec les rendements obtenus par ceux qui font travailler leur argent. Il y a par contre une leçon à en tirer : des pans du système financier déséquilibré poussent au risque comme d’autres poussent au crime. Non, ce n’est pas un signe de bonne santé !

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