Billet invité.
On s’attendait à ce que le démantèlement de la centrale de Fukushima finisse par être reconnu impossible en raison de la présence dans les sous-sols des réacteurs de trois coriums hautement radioactifs dont la localisation reste inconnue (ou non dévoilée), faute de moyens robotiques permettant de les en extraire. Mais c’est face à un autre problème que Tepco, l’opérateur de la centrale, se révèle dès à présent démuni : si celle-ci ne produit plus d’électricité depuis plus de trois ans, elle est depuis devenue une très performante machine à fabriquer de l’eau radioactive dont il ne sait pas quoi faire.
Une fois de plus à l’arrêt, les installations de décontamination de l’eau dont il était attendu la solution au problème, ne fonctionnent pas comme prévu. Dénommées ALPS, ces trois usines ne marchent que par intermittence, leur performance déclinant au fur et à mesure qu’elles sont en service sans que l’on sache pourquoi. Dans ces conditions, il est exclu de réutiliser l’eau de refroidissement en créant un circuit fermé ou de la déverser dans la mer : il n’y a pas d’autre solution que de poursuivre son stockage dans de gigantesques réservoirs qui s’alignent déjà à perte de vue sur le site de la centrale.
Leur construction se poursuit au rythme de plusieurs dizaines par mois pour répondre aux besoins, tandis qu’en raison de fuites contaminant le terrain, une partie non précisée du millier de réservoirs déjà construits et utilisés va devoir être remplacée, et il ne sera pas possible de continuer sur ce mode-là très longtemps. Enfin, un fort séisme ou un violent typhon pourraient avoir de dramatiques conséquences sur ces installations réalisées à la va-vite.
La machine infernale ne pourra pas être arrêtée, tant que le refroidissement des réacteurs ne sera pas interrompu et que la nappe phréatique envahira les sous-sols des réacteurs où règne une très forte radioactivité, accroissant la quantité d’eau contaminée qui est pompée. Et il n’est plus possible de vider la nappe pour en déverser l’eau dans la mer, celle-ci étant contaminée au fur et à mesure qu’elle se remplit. Voilà résumée la situation à Fukushima, trois ans après le début de la catastrophe.
PS : En France, EDF a fait part aujourd’hui de sa « conviction profonde » que la durée de vie de ses réacteurs, actuellement limitée à 40 ans, sera prolongée à 50, voire à 60 ans. C’était une réaction de Dominique Minière, directeur délégué à la direction Production-Ingénierie, à l’annonce par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) que cette autorisation « n’était pas acquise » et qu’elle ne rendra son avis final en 2018 ou 2019. Mais lorsqu’elle interviendra, ne sera-t-il pas trop tard pour lancer la construction de réacteurs de 3ème génération, ne laissant plus le choix ? C’est ce que sous-entend EDF qui voudrait dès maintenant discuter avec l’ASN de l’assouplissement des critères de sûreté dans le cas de la prolongation d’exploitation. Quant à l’objectif de diminuer la part du nucléaire, « il faut se donner du temps pour le faire bien » a déclaré avec conviction le représentant d’EDF.
Pas de commentaires.
@gaston, Vous voulez dire que François Ruffin veut abandonner la partie, et qu’il nous prépare à cette décision en publiant…