ZAD DU TESTET : TRAGÉDIE, par Sophie

Billet invité.

Vendredi dernier, quand les amis sont partis les voitures remplies de matos pour le rassemblement festif et fraternel qui devait se passer sur la ZAD du Testet, je les enviais et regrettais de ne pas pouvoir les accompagner… Les châtaignes cévénoles co-voituraient elles aussi pour une dégustation collective de ce mets savoureux et signe d’une solidarité qui s’organise de toute part (les châtaigneraies cévénoles sont elles aussi menacées).

En somme, une belle énergie humaine mobilisée pour que ce rassemblement ait bien lieu, et s’opposer ainsi au processus de destruction, déjà bien avancé, de la zone humide.

Alors quand j’apprends qu’un jeune est décédé là-bas dans des circonstances qui ne sont pas encore élucidées, c’est d’abord le choc, puis des questions. Que venait faire cet important déploiement policier alors que la manifestation festive battait son plein (avec ateliers thématiques, scènes musicales) ? Le préfet avait donné pleinement son accord pour qu’elle puisse se dérouler et les gardes mobiles devaient se retirer des lieux. Les semaines précédentes, ils avaient maintenu sur la zone une pression sans relâche, donnant l’image d’un territoire assiégé, un territoire… en guerre.

C’est le choc et en même temps je dirais que ce n’est pas une surprise quand un tel déploiement de force et de violence s’abat comme ça sur les gens, sur la durée, et à répétition. Un usage de la force en guise de dialogue est complètement disproportionné face aux « armes » dont disposent les citoyen-ne-s qui demandent un débat public, occupent et défendent la zone en attendant les décisions de justice qui se font attendre… Alors le drame peut arriver, ne peut qu’arriver… Il aurait même pu arriver il y a longtemps.

J’apprends que depuis ce drame, les travaux sont suspendus.

Les hommes en armure, à force de prendre ça comme un jeu, tout comme les politiciens nous prennent pour des imbéciles (en jouant la montre et en nous baladant en envoyant des experts) avaient oublié que le jeu pouvait devenir mortel.

À force de ne pas écouter la colère des citoyen-ne-s, juste et légitime, qui gronde, le pire est arrivé. Les politiciens se sont défaussés et ont préféré « jouer » la carte de l’enlisement et le maintien de l’ordre (le leur) à tout prix… Mais à quel prix ?

Rémi Fraisse est mort dans la nuit du 25 au 26 octobre alors qu’il s’opposait à la destruction d’une zone humide en France.

Des rassemblements ce soir pour lui rendre hommage un peu partout en France.

[Lundi 27 octobre] Rassemblements dans toute la France

EXCLUSIF – Testet : Rémi Fraisse a été touché par une grenade ou un flash-ball

http://www.collectif-testet.org/

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