MM. Varoufakis, Weidmann et … Draghi !

Commencez par lire, s’il-vous-plaît, ce qui est écrit ci-dessous.

Quand, en juillet 2012, M. Draghi, à la tête de la BCE, annonce la création prochaine du mécanisme OMT et ajoute que « Tout sera fait pour préserver l’euro ! », quelle est la part de sa déclaration qui fait retomber le taux grec à 10 ans au niveau « quasi-raisonnable » de 10% ? La seconde partie bien entendu.

Cela n’avait pas été compris à l’époque et j’avais consacré à la méprise sur mon blog, un billet intitulé : Mario Draghi : et s’il s’agissait d’un abominable malentendu ? Et aujourd’hui, Yanis Varoufakis, a-t-il compris de quoi il retournait quand il s’indigne que Jens Weidmann écrive dans le rapport qui fait scandale que ce n’est pas à la Banque centrale européenne de garantir l’irréversibilité de la monnaie unique ? Pas plus apparemment. Est-ce en effet à M. Draghi de faire tomber la « prime de crédit » des pays de la zone euro en difficulté en assurant que celle-ci mutualisera tout risque de défaut ? Est-ce à lui de neutraliser toute « prime de convertibilité » en jurant ses grands dieux qu’aucun pays de la zone euro n’aura à la quitter ? Poser ces questions, c’est bien entendu y répondre, et donner raison du même coup au patron de la Buba.

Il s’agit là d’un extrait d’un billet publié ici le 2 mai 2013, intitulé Notes en vue de l’entretien avec Martine Orange publié par MEDIAPART le 30 avril [2013].

Vous pouvez retourner pour les détails au billet en question, et à ceux auxquels il renvoie. Il y est question, comme vous venez de le comprendre, de Yanis Varoufakis – pas encore ministre grec des Finances à l’époque mais déjà économiste grec -, reprochant à Jens Weidmann, déjà Président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, de reprocher lui-même à M. Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne, de se conduire de facto en Président de la zone euro, fonction qui – je vous le rappelle – n’existe pas, et que M. Draghi n’est pas habilité – en principe – à exercer.

C’est hier à 22 heures que M. Draghi a fermé l’un des robinets amenant de la liquidité en Grèce (pour les détails techniques, voir l’article de Marie Charel dans Le Monde : Entre Athènes et la BCE, « une partie de poker menteur », il s’agit des « T-bills » dont il est question au milieu de l’article).

M. Varoufakis a-t-il maintenant compris qui est le véritable boss ? le « Président de la zone euro » faisant fonction, c’est-à-dire son seul interlocuteur véritable dans le bras de fer actuel ? A-t-il maintenant compris, cette fois dans le feu de l’action, pourquoi M. Weidmann avait raison de se plaindre ?

La zone euro a besoin d’un Président, mais pas que ce soit le premier venu passant par là et qui se sente assez fort pour dire : « C’est moi ! »

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Merci pour votre retour. T.Prévost fait partie de ces journalistes-penseurs nécessaires en ces temps qui conjuguent l’accélération techno avec le…

  2. Même Ghandi n’aurait pas réussi, avec les moyens de propagande d’aujourd’hui. Les chaînes de télé en continu l’aurait traîné dans…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta