LES GRECS VONT-ILS ÉCHAPPER À LEUR TRAGIQUE DESTIN ? par François Leclerc

Billet invité.

Il n’est pas attendu de la réunion de l’Eurogroupe d’aujourd’hui qu’elle clarifie cette interrogation, celle toute proche et de la dernière chance du 16 février y pourvoira. Comme Pierre Moscovici a cru devoir hier le préciser, « le scénario n’est pas une sortie de la Grèce de l’euro », mais celle-ci n’a jamais été aussi proche sans qu’il ne contribue à l’éloigner. Accusant Wolfgang Schäuble d’exiger « des choses irrationnelles », Alexis Tsipras a déclaré devant le Parlement : « Schaüble peut nous le demander de n’importe quelle façon, nous ne demanderons pas d’extension du plan d’aide ! ». Ce dernier avait d’Istamboul fait valoir que « nous ne négocions pas de nouveau programme. Nous avons déjà un programme », faisant référence à celui de la Troïka que Pierre Moscovici n’a pas hésité à qualifier comme étant « notre ancre, notre boussole, notre référence », avant d’argumenter en jouant sur un registre douteux : « le gouvernement grec doit être conscient qu’il y a aussi des électeurs en Allemagne, en Italie, en France, en Finlande, en Slovénie ».

Certains font mine de croire qu’un accord est encore possible une fois assis autour d’une table et abandonné toute « rhétorique », mais n’est-ce pas faire peu de cas de l’intransigeance de Wolfgang Schäuble qui n’envisage pas de quitter son terrain de prédilection ? Celui-ci balaye d’un revers de main toute politique alternative à la sienne, voulant faire plier les Grecs pour étouffer dans l’œuf une remise en cause commençant à faire école, et ceux qui le laissent faire en portent conjointement la responsabilité. Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de demain permettra à cet égard de le confirmer, dans un contexte où la guerre en Ukraine éclipsera la crise grecque.

Le gouvernement grec a fait feu de tout bois à la recherche de points d’appui, mais seront-ils suffisants pour que des négociations a minima s’engagent finalement ? Il ne pourra au mieux en être attendu que de petites ouvertures, le rapport de force ayant tranché. Les dirigeants italien et français aux abonnés absents, Jean-Claude Juncker tentant de gagner un peu de temps, peut-on encore croire en la portée d’une intervention du secrétaire général de l’OCDE, qui rencontrera Alexis Tsipras aujourd’hui à Athènes, afin de les élargir ? Quant au désastreux soutien recherché auprès de Vladimir Poutine, ou l’affirmation par le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, d’un plan B impliquant les États-Unis, la Chine ou la Russie, ils ne font pas une politique de remplacement.

Même un peu desserré, le carcan financier ne sera pas supprimé. « Le temps est venu de dire tout haut ce que les officiels reconnaissent quand les micros sont fermés et parlent ouvertement. (…) À ce stade, quelqu’un a le devoir de dire non, et cette responsabilité est tombée sur nous, la petite Grèce », a déclaré Yanis Varoufakis…

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