« Rebâtir, à partir de Keynes » : Les riches transfèrent aux pauvres le risque lié aux incertitudes de l’avenir

La date de parution aux éditions Odile Jacob de mon livre intitulé « Rebâtir, à partir de Keynes » a été fixée à septembre. Ici, quelques autres pages à venir.

Les riches transfèrent aux pauvres le risque lié aux incertitudes de l’avenir

Les membres en surnombre d’un groupe issu de la division sociale du travail sont dans un rapport de force défavorable vis-à-vis des membres des autres groupes. Y aurait-il à cela en arrière-plan une objectivité fondant cela ? Une telle objectivité existe : c’est celle qu’impose la problématique du risque imprégnant la totalité des activités humaines en raison de l’imprévisibilité des événements contingents de notre monde en devenir, facteur sur lequel Keynes insista dans l’entièreté de son œuvre et dès son Treatise on Probability de 1921.

Le membre surreprésenté d’une classe sera en général rémunéré à un niveau déprécié et sa loyauté sera dès lors restreinte à l’égard de son employeur, faiblesse intrinsèque qui trouvera à s’exprimer si une meilleure offre devait lui être faite. L’employeur devra alors remplacer le travailleur démissionnaire ou défaillant. Ce risque de reconduction de l’emploi offert pour l’employeur est équivalent à ce qu’on désigne en finance du nom de risque de réinvestissement : le risque de celui qui, prêtant à court terme, se retrouve périodiquement et à brève échéance devant la nécessité de replacer son argent dans des conditions qui risquent de ne pas être aussi favorables que celles qui avaient prévalu lors du placement qui vient d’arriver à échéance (cf. pour un traitement plus étendu de cette question, mon Le prix 2010 : 222-224).

La rémunération dépréciée d’un salarié interchangeable reflète la « prime de risque de reconduction » que doit déduire l’employeur du calcul du montant de son salaire, tandis que cette dépréciation réduit d’autant la loyauté du salarié envers son employeur, loyauté diminuée qui justifie à son tour que la « prime de risque de reconduction » soit déduite de ses gages. Il y a donc là, sinon un cercle vicieux, du moins un effet auto-renforçant, qui stabilise la configuration, lui procurant de fait une véritable « naturalité » : ce que j’appelle par métaphore, le poids spécifique » d’une classe issue de la division sociale du travail vis-à-vis de l’ensemble des autres.

Dans cette perspective, la rareté relative des membres d’une classe détermine le statut de celle-ci vis-à-vis des autres parce qu’elle reflète le risque qu’elle fait courir à ceux qui entrent en interaction avec ses membres dans les échanges économiques. Ce qui signifie que le rapport de force entre deux groupes issus de la division sociale du travail est en dernière instance déterminé par le risque mutuel que font courir l’un à l’autre un membre de chacun des deux groupes dans les échanges qu’ils ont.

J’écrivais dans Le prix (2010), ayant plus spécifiquement à l’esprit les militaires, les mineurs et les pêcheurs, à propos desquels la remarque est souvent faite que le danger inhérent à leur activité justifierait qu’ils soient payés bien plus généreusement qu’ils ne le sont dans les faits :

… celui dont la vie est soumise au risque communique automatiquement ce risque à ceux dont il est la contrepartie dans un arrangement contractuel qui se poursuit sur une certaine durée. […]

Une équation existe donc ici : en exerçant une activité risquée du point de vue de la régularité des rentrées, on représente automatiquement un risque de défaillance plus grand pour les contreparties commerciales vis-à-vis desquelles on est endetté. Plus la concurrence est vive au sein de la profession que l’on exerce, plus le risque personnel d’échec financier est élevé car plus il est difficile de trouver des commanditaires si l’on est maçon [P.J. : comme dans les exemples offerts par Aristote] ou d’imposer son prix au mareyeur si l’on est pêcheur. De même […] plus les revenus de l’activité sont aléatoires, plus l’on représente un risque de défaut pour quiconque est votre prêteur. […] Le statut réciproque des groupes sociaux dépend de la concurrence plus ou moins vive qui règne en leur sein entre leurs membres, celle-ci se transpose automatiquement en risque de défaillance dans l’engagement contractuel : le statut réciproque des conditions sociales exprime donc bien le risque de défaillance individuel de ses représentants » (ibid. 224-225).

Ce qui apparaît là, c’est que la seule objectivité « en dernière instance » du rapport de force existant entre les groupes issus de la division sociale du travail est constituée du risque lié à l’incertitude relative à ce que sera l’avenir. C’est cette incertitude qui a été redistribuée entre ces groupes, et c’est l’hétérogénéité inégalitaire qui découle de la propriété privée et de la transmission de ses bénéfices de génération en génération par l’héritage qui a conduit à ce qu’elle soit répartie sur la base de cette même hétérogénéité : les plus riches s’étant essentiellement débarrassés de l’incertitude tandis que les plus démunis la voient concentrée dans leur propre vie. La doxa tient que le profit est la récompense du risque, or ce que l’on observe bien plutôt, c’est que le profit se voit augmenté du fait que, à la faveur du rapport de force favorable aux plus riches, ceux-ci ont pu transmettre aux plus pauvres la quasi-totalité du risque dû à la contingence du devenir.

Keynes a mis l’accent sur l’impact de l’incertitude quant à l’avenir sur le fonctionnement de l’économie, il a cependant malencontreusement cantonné cet impact aux représentations que se font les agents économiques de la contingence et aux effets que des représentations intégrant ce facteur pourraient avoir au sein de l’économie. Au lieu d’être l’élément déterminant du rapport de force entre classes, le risque lié à l’incertitude de l’avenir se limite à n’être chez Keynes que l’un des ingrédients dont doivent tenir compte les « mécanismes psychologiques » dont il est friand en tant que rouages postulés par lui de l’explication des phénomènes économiques.

Dans le cadre keynésien, dont la dimension politique est, comme je l’ai déjà signalé, entièrement absente, il n’apparaît pas que le risque découlant de la contingence a été quasiment entièrement transféré à ceux qui se trouvent en concurrence pour être trop nombreux au sein de leur classe et donc interchangeables face au nombre d’emplois disponibles pour leur type d’activité dans une conjoncture économique particulière.

Dans un système classique de recrutement par examen, tous les candidats ayant atteint ou dépassé la note-seuil séparant la réussite de l’échec, sont acceptés. Dans le système du concours, le nombre de places disponibles est prédéterminé. Si ce nombre est X, un candidat sera accepté s’il est parmi les X premiers sur la liste établie en rangeant les notes obtenues par ordre décroissant ; le seuil d’acceptation ou de rejet en termes de niveau de note variera donc de concours à concours.

Le capitalisme est précisément un système conçu en termes de concours et non d’examen de type classique. Le caractère arbitraire en termes de mérite individuel du nombre X de places disponibles se complète d’une éthique implicite de vae victis : de « malheur aux vaincus » pour celui ou celle dont la note se situera en-dessous du niveau-seuil émergeant de manière imprévisible de la combinaison du nombre de candidats et de celui des places disponibles, lequel est le fruit d’une conjoncture économique particulière dont la configuration est indépendante de la volonté des candidats.

On portera du coup toute l’attention qu’elle mérite à la proposition faite par Bernard Friot d’un revenu à vie détaché de la logique de concours propre au marché de l’emploi tel qu’il existe de nos jours, et fondé sur la qualification personnelle dans un cadre d’examen de type classique – comme c’est le cas de temps immémoriaux dans la fonction publique (L’enjeu des retraites, Paris : La Dispute, 2010 : 62-70). S’il est vrai que des inégalités encore injustes liées aux hasards du talent personnel subsisteraient dans ce nouveau cadre, la cruauté du vae victis, faisant supporter les contingences du système global par des individus qui n’y sont pour rien, aurait en tout cas elle été éliminée.

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45 réponses à “« Rebâtir, à partir de Keynes » : Les riches transfèrent aux pauvres le risque lié aux incertitudes de l’avenir

  1. Avatar de daniel
    daniel

    C’est tout simplement de l’anti-darwinisme social.
    Darwin infecte tant l’inconscient social que votre proposition va en choquer plus d’un.
    Mais cette cause mérite une défense appuyée au même titre que la lutte contre la spéculation.

    M.r Jorion, va falloir vous calmer… (ici, une figurine souriant avec clin d’oeil.) Nos épaules commencent à flancher.

  2. Avatar de Dominique Gagnot
    Dominique Gagnot

    La question de fond est de déterminer la « valeur » de la fonction.

    Un trésorier payeur général a t-il plus de « valeur » qu’une aide soignante?

    1. Avatar de G L
      G L

      Dans le système prévu par B. Friot l’aide soignante reçoit un salaire même si elle ne travaille pas, on peut donc penser qu’elle ne le fera que si ses conditions de travail sont acceptables (autrement dit beaucoup moins dures qu’actuellement.)

      Pour ce qui est du trésorier payeur général j’ai toujours supposé que son salaire reflète le fait qu’il est la cible de beaucoup de tentatives de corruption…

      1. Avatar de patrice dailcroix
        patrice dailcroix

        il s’agit en fait d’un salaire de  » technicité  » à 3 paliers
        1- salaire de base dû à chaque citoyen
        2- salaire niveau technicien pour qui aurait suivi un cursus lui permettant un  » employabilité  » plus pointue
        3- salaire supérieur pour les dirigeants, les médecins ingénieurs etc

        le revenu de base doit permettre à chacun de vivre décemment
        celà implique le droit à la propriété d’usage et exclut la propriété lucrative

        pour ce qui est du trésorier payeur général, il me semble qu’il est responsable sur ses biens propres des sommes qui passent entre ses mains

  3. Avatar de he
    he

    Ne faudrait-il pas 2 monnaies ? Une servirait à tout ce qui est essentiel : nourriture, logement… etc l’autre à ce qui est superflu : voitures de luxes, maisons secondaires avec piscines olympiques…
    De la première tout le monde serait largement riche, pour que même les plus « pauvres » puissent acheter de la nourriture de très bonne qualité, des maisons bien isolées… et un groupe plus restreint, de part ses diplômes, emplois, position sociale…, disposerait de beaucoup plus de la 2ème monnaie ?
    🙂

    1. Avatar de Michel-Pierre
      Michel-Pierre

      Comment payer les travailleurs dans plusieurs monnaies ? D’où institution de taux de change, etc. Pas trop pertinent tout ça.

      1. Avatar de he
        he

        Obligé d’être pertinent ?

      2. Avatar de patrice dailcroix
        patrice dailcroix

        il existe pourtant des monnaies locales, le sel par exemple, qui vise à privilégier le commerce et la production locale
        il y a aussi le troc ou bien les échanges de services du genre  » je bâtis ton mur et tu m’apprends l’anglais « 

      3. Avatar de baraka
        baraka

        Bonsoir

        Comme il existe deux secteurs, un secteur marchand et un autre non marchand, pourquoi n’existerait il pas deux types de revenu ? L’un que l’on pourrait comparer au revenu d’existence et l’autre découlant d’une activité marchande.

        Pour le premier type de revenu, la monnaie ne circule pas puisque les échanges ne sont pas monnayables. Mais il nécessite des ressources humaines puisque ce marché non marchand ou non solvable est essentiellement constitué de prestataires de service. Ce sont essentiellement des services basés sur des actions citoyennes et des interactions humaines. Il suffit donc de créditer les comptes de chaque citoyen d’une somme équivalente à la satisfaction de ses besoins vitaux afin que chacun soit apte à oeuvrer pour le bien commun.
        En contrepartie chacun aurait l’obligation de s’investir un minimum de temps dans une activité relevant d’un secteur non marchand, telle que visite aux personnes âgées ou isolées, entretien des lieux publics, soutien scolaire, aide aux handicapés … et tout service relevant habituellement du champ d’intervention des bénévoles d’association ou bien de fonctionnaires.
        Il existe déjà le RSA mais ce revenu n’est pas adapté à l’insertion professionnelle d’un individu dans un secteur marchand puisque le travail disparaît. En revanche, appliqué au système non marchand, ce RSA prendrait cette fois tout son sens et son appellation ‘Revenu de Solidarité Active’ toute sa pertinence.
        Il faudrait mettre en parallèle le gaspillage des subventions distribuées, le coût du chômage, de la délinquance, de la maladie, de l’alcoolisme et toute autre préjudice généré par la pauvreté ou le désoeuvrement. Mettre le coût de tout cela sur une balance et le coût de ce revenu d’existence et comparer les deux.

    2. Avatar de G L
      G L

      Le Salat-A-Zein est une réponse à cette question, proposée par Didier en commentaire d’un autre billet: Jihad Darwiche – Le cordonnier au Pays de Salat-A-Zein: https://www.youtube.com/watch?v=6h20xm4pyls

      En fait nous avons déjà beaucoup de choses gratuites (même si de moins en moins) telles que l’enseignement, une grande part des soins médicaux …et beaucoup d’autres choses auxquelles nous attachons peu de prix puisqu’elles sont gratuites ou presque!

      1. Avatar de patrice dailcroix
        patrice dailcroix

        ces « choses gratuites « , en fait le service public, sont payées par cotisations, impôts, tva, ….
        de même que les retraites sont du salaires différé puisque financées par cotisations patronales et salarièes

      2. Avatar de devillebichot guy
        devillebichot guy

        Ecrire « attacher peu de prix car gratuit » ne me convient pas,mais pas du tout ! Simplement,
        l’expression « attacher du prix » doit être entendue ainsi : j’aime beaucoup voire par dessus tout.
        Ainsi les « moments » qui « ont du prix » sont-ils par exemple la naissance de nos enfants ou la « simple » nouvelle de leur conception établie.Ainsi la liberté a-t-elle ,on le sait, un grand prix,un
        prix considérable à vrai dire.
        Mais

        sur ce point l’on devrait ne pas oublier le « prix » payé par nos ascendants pour que nous puissions
        bénéficier « gratuitement » de ce bien collectif si précieux: du sang et des larmes à n’en plus finir.
        Et peut-être bien sans effet cliquet..
        Raconter que l’enseignement(public) est « gratuit »,n’est pas pertinent.Il est naturellement coûteux ;
        et « gratuit » dans la seule mesure où son financement ne passe pas par un prix,payé par les
        parents pour leurs enfants-élèves.La « gratuité » n’en est pas une,bien sûr.L’assomption des
        coûts s’effectue naturellement par la fiscalité(budget consacré à l’éducation).

      3. Avatar de devillebichot guy
        devillebichot guy

        Le Patrice de 8h12 n’est pas d’accord avec le Patrice de 4h57.Les « SEL » c’est fort bien,mais c’est
        très « individualiste »(égoïsme à deux).L’échange arrange les deux protagonistes mais ne
        contribue en rien au financement des « besoins collectifs »(on échappe à tout impôt du fait de ce
        mode d’ »échange »).Le SEL devient de ce point de vue acceptable si l’échange n’est en rien
        l’assiette d’un impôt ou d’une taxe(pas de TVA par exemple).Avec le développement des SELS
        il convient que les recettes fiscales se limitent aux revenus et aux patrimoines.(seules assiettes).

      4. Avatar de patrice dailcroix
        patrice dailcroix

        guy,
        le sel, ou autres monnaies locales,n’excluent en rien le paiement des taxes et impôts qui sont inclus dans le prix payé reconvertible à parité en euro

        quand aux échanges de service ils contribuent à créer du lien social et à ne pas tout réduire à un rapport marchand

        je ne trouve pas de desaccord dans tout çà

  4. Avatar de edith
    edith

    Le « revenu permanent » et la « consommation permanente » de Milton Friedman.

    1. Avatar de devillebichot guy
      devillebichot guy

      Sauf erreur de ma part,la « théorie du revenu permanent » est la partie la plus intéressante des
      analyses (ou prétendues analyses) de Milton Friedman.Mais,edith,il ne faut pas tout mélanger.
      L’idée friedmanienne est que chacun se fait une idée de son revenu dont la « permanence »
      passée est connue,et dont le côté « établi » peut être prévu.Dès lors,on comprend d’une part
      que ce revenu « permanent » soit à l’origine disons de comportements de consommation et
      d’épargne d’une première espèce,et d’autre part que les écarts à l’endroit du revenu « permanent »
      déterminent des comportements d’une seconde espèce.Ainsi vos comportements d’épargne et
      de consommation seront-ils affectés par le sinistre gravissime de votre logement,ou le gain
      tout à fait fortuit et quelque peu consistant que vous procure un billet de loterie.
      Mais cela n’a d’une certaine façon rien à voir avec la question examinée ici.

  5. Avatar de Dominique Gagnot
    Dominique Gagnot

    Je serais plutôt pour un Revenu de base identique pour tous, fonction de la productivité du pays, ou encore un Revenu d’activité par ailleurs non « productif »,
    et un revenu d’activité fonction du marché du travail « productif »

    A supposer que les machines aient totalement supplanté l’humain, le Revenu d’activité serait nul, et le Revenu de base serait tel qu’il permette d’acheter ce qu’elles produisent.

    Cela suppose que les revenus des machines soient intégralement redistribués pour financer le Revenu de base, et non captés sous forme de rente par des propriétaires privés.
    On en revient toujours au même problème…

    1. Avatar de RV
      RV

      «  »Cela suppose que les revenus des machines soient intégralement redistribués pour financer le Revenu de base, et non captés sous forme de rente par des propriétaires privés. » »
      Bernard Friot nous dit que nous avons un moyen efficient de financer un revenu à vie indépendamment du marché du travail en la cotisation.

      1. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Oui, on pourrait taxer les machines.
        Mais, s’il faut les taxer à hauteur du prix payé pour acheter leurs produits, leurs propriétaires ne toucheront rien, si ce n’est le Revenu de base distribué à tous.
        Ils n’auront donc aucun intérêt à « prendre le risque » de financer des machines, qui par conséquent ne seront pas fabriquées.

      2. Avatar de RV
        RV

        alors nous nous passerons des propriétaires . . . et redéfinirons « l’entreprise » ce collectif humain confisqué !
        Une cotisation est-elle bien une taxe ?

      3. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Je ne vois pas ce qui financièrement, ferait la différence entre cotisation et taxe. Dans tous les cas c’est ce qui servirait à acheter ce que produisent les machines, qui donc ne pourraient générer de profit.
        Ce qui signifie que nécessairement elles (et donc les entreprises qui les font travailler) soient publiques.

        Comme le dit Paul Jorion, le problème c’est la rente, et c’est d’autant plus un problème que la part des machines (du Capital) augmente au détriment du Travail.
        Le seul moyen que l’on connaisse pour le contourner est l’endettement…

        Les propriétaires ont confisqué ce qui ne peut être que collectif: les Ressources, de quelque nature qu’elles soient.

        Cela a pu fonctionner de manière chaotique pendant 2 siècles, car ils étaient contraints de partager avec la « force de travail » indispensable à l’extraction d’un maximum de profit de ce Capital, mais maintenant que le Travail devient massivement inutile, cela n’est plus possible.
        Hélas, le changement, c’est toujours pas maintenant.

    2. Avatar de devillebichot guy
      devillebichot guy

      Une idée(à approfondir…):commencer par organiser un « revenu de base identique pour tous » en
      ce qui concerne les RETRAITéS.(quelque soit l’activité antérieure,mère ou père de famille
      compris.) »Droits » analogues,même si « cotisations » différentes.Bref,un ingénieur cotise plus,
      mais touche la même retraite qu’un ouvrier qualifié ou non.Le principe justificatif? Une vieille
      personne en vaut une autre…..On peut s’attendre aux levées de boucliers….
      Au fond,l’inégalité salariale n’aurait d’autre justificatif que l’inégale contribution au PIB.et plus
      généralement à la production de richesses..

      1. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Je vois mal la chose en effet si on égalise par morceaux. Sinon pourquoi ne pas commencer par des sous ensembles de 2 personnes qui mettraient leur pension/salaire en commun tant qu’on y est!
        Il faut que ce soit fait dans le cadre d’une politique d’ensemble.

        Par ailleurs ne pas oublier que dans la retraite il y a un salaire différé. Bref, faut de la cohérence dans tout ça, sinon c’est rejet assuré.

  6. Avatar de Michel-Pierre

    Quand le robot devient concurrent du travailleur, une espèce de smic pour tous devient nécessaire, de même que la possibilité d’exprimer des talents par des emplois mieux rémunérés. Ce n’est pas le cas pour les personnes sans formation, où c’est difficile de mettre un robot en comparaison. D’où la nécessité de ne donner ce smic qu’après avoir vérifié un niveau de formation minimum correspondant. Et l’obligation pour tous de rester dans des écoles jusqu’à obtention du niveau minimum de formation générale requis pour une utilité sociale… éventuelle.

    1. Avatar de RV
      RV

      avoir vérifié un niveau de formation minimum

      Bernard Friot, dans « L’enjeu du salaire » nous dit : …/…Quand nous en aurons fini avec le privilège de la définition de la valeur économique par les propriétaires lucratifs, cela n’abolira pas l’enjeu de pouvoir qu’est cette définition. Le conflit de déplacera à l’intérieur du salariat …/… donnons nous, avec la hiérarchie des qualifications, le lieu, politiquement assumable, du conflit de pouvoir inhérent à la définition de la valeur…/…page 135

      Attention, contrairement à ce qu’a écrit notre hôte et que j’ai repris moi même un peu plus haut, Bernard Friot ne prône pas un « revenu » à vie mais un « salaire » à vie . . . exposé dans l’introduction, page 10 et développé plus loin dans le corps de l’ouvrage.

  7. Avatar de wildleech
    wildleech

    Sans contrôle des prix, le revenu universel ne sert à rien.
    Ce qui entraîne d’autres complications, comme le contrôle de la production, etc…

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Absolument! Dans le cadre de la propriété privée des moyens de production, tout cela est sans objet.

  8. Avatar de Isi
    Isi

    Pour rebondir sur la proposition de double monnaie de « he », je proposerais bien une première monnaie gérée par les banques telle que nous la connaissons déjà, mais uniquement pour tout ce qui dépasse les simples besoins vitaux, et pour ce qui concerne ces derniers une « monnaie d’autonomie » indépendante des banques, qu’un petit logiciel facilement concevable par n’importe quel programmateur de base et installé sur nos téléphones portables suffirait à rendre opérante et suffisamment sécurisée, pour que la confiance nécessaire à nos échanges de « reconnaissances de dettes » réciproques soit assurée sans avoir besoin de la garantie des banques.

    Grâce à l’informatique nous avons désormais les moyens de nous libérer de la tyrannie des banques lorsqu’elles s’octroient le pouvoir abusif de parasiter et même d’empêcher la libre circulations des échanges interpersonnels. Elles pourraient alors être remises à leur juste place, au service de la collectivité.

  9. Avatar de _hp_
    _hp_

     » ce que l’on observe bien plutôt, c’est qu’à la faveur du rapport de force favorable aux plus riches, ceux-ci ont pu transmettre aux plus pauvres la quasi-totalité du risque dû à la contingence du devenir, avec un effet boule de neige. »
    C’est pas mal ça, le mot capital remplace le mot risque ou crainte du lendemain. Effectivement, on peut se permettre de voir venir plus tranquillement quand on a du surplus. La crainte devenant le risque de perdre cet amortisseur, ou une partie, au profit de la masse anonyme. Ou, selon le point de vue, se voir siphonner son maigre matelas par ceux qui sont mieux placés et en ont déjà un épais.

    Je suppose qu’on pourrait représenter visuellement le nombre de ces bénéficiaires du rapport de force comme une sorte de pyramide pointue avec des côtés plus creux que droit. Tandis que la valeur de leur patrimoine tend vers la courbe de Gauss.
    Ce qui doit être intéressant à observer c’est le mouvement. Car il est contre nature de maintenir très stable un équilibre, surtout humain. Bien sûr on ne part pas d’une droite plate et bien nette, mais depuis les 30 glorieuses on voit la pointe de la pyramide s’affiner et s’allonger, tandis que le haut de la courbe de Gauss gonfle et gonfle.
    On peut imaginer qu’a un moment il sera facile de briser la pointe, ou que la bulle au sommet de la courbe va dégringoler faute d’un support suffisant.

    Les dunes (de sable), par exemple, ont un taux de pente relativement constant, si le haut est trop chargé ça s’éboule pour revenir à un taux supportable. En matière de revenus, ce serait le principe de la redistribution : pour satisfaire tout le monde il faut trouver un système qui provoque de tout petits éboulements, ou les prévient en soulageant le haut.
    L’impôt progressif me semble très adapté, sauf qu’il ne doit pas être progressif en fonction du revenu mais du patrimoine, et pas d’un patrimoine personnel mais du patrimoine global de telle tranche (horizontale) de la pyramide.

  10. Avatar de AntoineY
    AntoineY

    Du coup j’ai deux questions:

    1/ La notion de risque de réinvestissement me parait désigner un type de risque fort « bizarre ».
    Du même type que « il risque de ne pas gagner au loto 2 fois de suite »… un truc du type « risque de coût d’abandon »…
    Je sais pas… je n’arrive pas à mettre exactement le doigt dessus, mais quelque chose me perturbe. Toutefois je comprend la situation dans laquelle se trouve le banquier.

    Est ce une façon de dire que les taux à court terme sont plus élevés (???) parce qu’ils internalisent un risque de cout d’opportunité dont le montant ne sera révélé qu’à échéance du pret (par les conditions du marché des taux à ce moment là)?

    2/ En revanche, je ne comprend pas celle de l’employeur.
    Par définition, la concurrence entre travailleurs disposés à travailler pour lui rend absolument nul le risque de ne pas retrouver de salarié à coût équivalent (armée de réserve tout ça…). OK pour les couts de transaction supplémentaires cependant (lesquels dépendent quand même largement, en situation de surpopulation élligible au poste, du code du travail existant).
    Je préfère, pour les métiers à risque, m’en tenir au facteur explicatif surdéterminant « armée de réserve » (de ceux qui estiment qu’ils n’ont plus rien à perdre… encore qu’il faudrait nuancer pour l’engagement dans l’armée), plutôt qu’à un facteur de type de « cout de reconduction ».
    Si le côut de reproduction est élevé, le salarié dont la vie n’est pas menacée par son activité sera payé d’autant plus cher, afin de le dissuader de partir, ou bien il n’y aura pas d’embauche du tout.

    Mais peut-être n’ai je pas compris.

    Sinon cette idée de transfert de risque est absolument géniale. Elle me parait lumineuse.

  11. Avatar de Michel Martin

    Et le désir là-dedans?

    1. Avatar de Lucas
      Lucas

      Je pense que le désir appartient à chacun et son contexte, il n’entre pas tellement en compte dans ces puissants mécanismes. Ou en découle…?
      La montée de violence est due aux inégalés, et affichées.
      Il devient dur de la condamner…

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        *Inégalités
        de *pouvoir la condamner.
        Mais tout finit par s’équilibrer… ou peut être pas d’ailleurs!

  12. Avatar de Le marin
    Le marin

    « Les riches transfèrent aux pauvres le risque lié aux incertitudes de l’avenir »

    C’est vrai, notamment dans le cadre employeur – salarié , mais dans un autre cadre consommateur – producteur, c’est plutôt l’inverse : ce sont les pauvres (leurs comportements) qui transfèrent aux riches le risque lié aux incertitudes de l’avenir … Exemple : les subprimes.

    1. Avatar de devillebichot guy
      devillebichot guy

      à Le Marin
      L’exemple donné des « subprimes » qui auraient transféré les risques des pauvres aux riches
      me laisse vraiment pantois.Merci de bien vouloir en dire davantage; et d’expliquer cette prise
      de position assez étonnante.(Ce sont en réalité les banques qui,en rachetant des maisons
      dépréciées,et pouvant attendre,ont fait une bonne affaire et les « bénéficiaires » des « subprimes »
      qui se sont retrouvés à la rue. Non ? ).

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        Les riches ont fait porter au pauvres la responsabilité du choc, tandis que ces derniers se retrouvaient à la rue, leur marché perdait en stabilité. C’est bien les riches qui prêtent. Les ‘pauvres sont punis et responsables, double peine hop
        (c’est je pense en ce sens qu’il faut lire ce commentaire, sinon oué c’est un foutu mélange).

        Parenthèse culture:
        Là bas, Mac do c’est moins chère que les légumes. Boum. C’est pour quand ici ?

      2. Avatar de Le marin
        Le marin

        Ce sont en effet les quelques riches (banques..) qui ont voulu s’enrichir davantage (titrisation-spéculation…) qui sont responsables de la mise en place d’un système de subprimes.
        Mais c’est bien le comportement des pauvres – n’étant pas capables(dettes, revenus insuffisants..) d’acheter une nouvelle maison (souvent luxueuse..) d’une façon régulière et ayant, en masse, saisi l’opportunité et choisi délibérément ce système de subprimes (pour vivre quelques années dans une belle maison), tout en sachant que cela ne pouvait durer (prix du crédit qui augmente fortement après un certain temps) – qui a transféré les risques au marché (« investisseurs »), et donc aux riches.

      3. Avatar de Lucas
        Lucas

        « c’est bien le comportement des pauvres – n’étant pas capables(dettes, revenus insuffisants..) d’acheter une nouvelle maison (souvent luxueuse..) »

        Creusez un peu, vous y arriverez…
        Les pauvres transfèrent leurs risques aux riches! Ce sont les risques qui leurs sont dédiés plutôt. Faut regarder du côté des conditions de vie et du fonctionnement des intérêts je crois.

      4. Avatar de Le marin
        Le marin

        @Lucas

        « Dans le cadre keynésien, dont la dimension politique est, comme je l’ai déjà signalé, entièrement absente »

        Dans mon cadre aussi…

      5. Avatar de Lucas
        Lucas

        D’accord mais là c’est plus de la logique, vous l’incluez celle là ? Nan parce que c’est important.

      6. Avatar de Lucas
        Lucas

        Sous couvert de ‘pas de politique’, il ne faudrait pas avoir un discours culpabilisant.
        Le comportement d’un tel n’est que l’aboutissement des choses (milieu (au sens large), structures, systèmes, événements etc) dans lesquelles il se trouve et s’est retrouvé, n’est ce pas ?

        Si vous êtes là maintenant, c’est que vous étiez là-bas auparavant, et là-bas encore avant; z’avez tout minutieusement choisi !?

    2. Avatar de jducac
      jducac

      Les riches transfèrent aux pauvres le risque lié aux incertitudes de l’avenir

      Ainsi formulée, cette déclaration tend à rendre condamnables les relations qu’établissent les riches avec les pauvres. Or tous les organismes vivants, les riches comme les pauvres, sont contraints d’établir des relations d’échange avec leur environnement pour accéder à l’énergie nécessaire à l’entretien de leur vie et à la perpétuation de l’espèce.

      C’est cette contrainte qui fait agir le riche comme le pauvre, mais elle est en général bien moins prégnante, moins pressente, pour le riche que pour le pauvre. En effet, le capital qui fait la richesse de l’un, constitue une réserve tampon lui permettant d’attendre que se présentent le moment et le lieu les plus opportuns pour réaliser les échanges nécessaires dans les conditions les plus avantageuses.

      Il n’en est pas de même pour le pauvre qui, ne disposant pas de « volume tampon », est contraint de ne pas attendre très longtemps pour procéder aux échanges nécessaires à l’entretien de sa vie et au maintien de ses aptitudes à survivre. Plus il attend, plus il s’engage dans une voie à risques accrus de franchissement de sa limite fatale, voire létale.

      Cet accroissement de risque n’est pas nécessairement le fait d’un transfert de risque des riches vers les pauvres mais d’une incapacité des pauvres à prendre conscience de la nécessité de capitaliser suffisamment pour éviter d’être trop vulnérables.

      Les générations passées, jusqu’à celles nées dans la première moitié de 20ème siècle, bien que moins instruites que leurs suivantes, étaient bien plus conscientes de cette nécessité, même lorsqu’elles appartenaient aux couches les plus pauvres et aussi les plus aguerries à vivre chichement pour se constituer de petits pécules et patrimoines.
      Cette sage précaution de constitution de réserve, s’est perpétuée depuis l’origine de l’humanité. Je l’ai expliqué ici:
      http://www.pauljorion.com/blog/?p=19059#comment-129478

      Par suite de la mise en place de « couvertures » collectives des risques ,santé, chômage, retraite etc… sans recours à une sérieuse part de capitalisation diversifiée et mondialisée, les populations se sont trouvées moins responsabilisées et plus vulnérables, entraînant la vulnérabilité du pays dans son ensemble.

      Cette situation résulte de la sensibilité majoritairement anticapitaliste du CNR ayant présidé à la mise en place de ces assurances. Cette sensibilité persiste encore aujourd’hui au sein des organisations représentatives des personnels. Elles revendiquent avant tout davantage de « pouvoir d’achat », donc de « pouvoir consommer » alors que les contraintes écologiques appellent à les réduire, surtout pour les pays gros consommateurs de matières non renouvelables.

      La situation est encore plus critique pour la France et les pays d’Europe du SUD qui, contrairement à d’autres, ne disposent pas de réserves et sont acculés à la vente de leur capital (ports, aéroports, entreprises viables etc…). Survivre avec encore moins de capital va devenir très critique.
      Il en adviendra des Etats, ce qu’il en advient des individus qui négligent, méprisent, sacrifient le capital. Ils déclineront et finiront par disparaître.
      Etymologiquement, le capital est relié à la vie ….et à la mort: http://www.cnrtl.fr/etymologie/capital

    1. Avatar de François C.
      François C.

      Sympathique au premier abord, celui diffusé juste avant n’était, à mon avis, pas plus ‘rassurant’…!
      « Le bonheur au travail ».

  13. Avatar de Velka
    Velka

    Répartition de travail ET répartition de richesse.
    Il me semble que ce n’est pas qu’un problème entre riches et pauvres, entre capitalisme et socialisme, c’est aussi un problème entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas. Je ne parle pas que de travail, ou de production, mais de revenus. Car il y des gens qui occupent un poste, ou une fonction et qui ne produisent rien et inversement des productifs très mal payés.
    Dans nos sociétés, la rémunération du travail est majoritairement liée à l’activité économique, déduction faite des profits qu’en tirent les investisseurs (ou préteurs) et aussi des « charges ». Les notions de risque, ou de pénibilité,… doivent logiquement justifier d’une prime, aussi bien pour les travailleurs que pour les « profiteurs ». Et inversement ceux qui profitent d’un poste assuré, ou d’un revenu assuré, devraient payer pour le risque des autres.
    Tout ceci est difficile à équilibrer et à réguler, produisant de l’injustice. Mais l’injustice n’est telle pas autant dans les profits de quelques richissimes accapareurs, que dans les privilèges de quelques hauts fonctionnaires ?
    Il est évident que le politique ne maitrise plus ni les uns, ni les autres (l’expression « de capitaine de pédalo » de M. Mélenchon me parait toujours d’actualité).
    Il reste quoi ? Le choix entre deux maux : si le navire coule, il y a ceux qui ont des bouées de sauvetage et qui atterriront sur une ile, de préférence défiscalisée. Et si le navire est maintenu à flot, on risque de se retrouver à bord du Potemkine ?

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