Prendre un café face à l’infini…, par Damien Rambaud

Billet invité.

Le samedi midi, j’avais l’habitude de prendre mon café en lisant la version papier du Monde. Ce moment du café le samedi midi était un vrai moment de pause, une sorte de pivot entre la semaine et le week-end. En bref : un vrai moment de détente. Un jour, cependant, le journal papier étant absent de ma cuisine, j’ai lu Le Monde sur l’ordinateur. La semaine suivante, j’ai fait pareil… et, les semaines passant, j’ai changé mon habitude. C’est ainsi que j’ai pu constater quelques mois plus tard que ma pause du samedi midi n’était plus ce qu’elle était : le café était toujours là mais la sensation de pause, elle, avait disparu !

Ce petit texte est une tentative d’explication de ce phénomène.

Dans notre univers de tous les jours, il existe désormais une nouvelle catégorie d’objets qui n’était pas là il y a encore quinze ans : ce sont tous ces petits gadgets numériques qui nous accompagnent désormais : lecteur MP3, smartphone, ordinateur… Ces objets physiquement de plus en plus compacts ont pourtant en commun une caractéristique qui n’existait pas jusqu’alors : ils peuvent potentiellement monopoliser notre attention pendant un temps infini ! L’ordinateur connecté à internet, le lecteur mp3 qui contient autant de musique que le magasin de votre ancien disquaire, l’appareil photo capable d’emmagasiner trois mille photos dans la journée et, d’une manière générale, tout objet numérique dont les capacités dépasse de très loin la quantité d’information que le cerveau humain peut traiter dans un temps raisonnable est un « objet-infini ».

En lisant Le Monde sur l’ordinateur, j’ai introduit un « objet-infini » au coeur de ma pause et celle-ci n’y a pas résisté. Lorsqu’on lit un journal papier, on le parcourt en choisissant les articles que l’on juge intéressants puis, on peut éventuellement re-parcourir le journal pour lire les articles que l’on a jugé d’un intérêt moindre mais il y a un moment où la lecture de celui-ci est terminée : nous avons épuisé l’information contenue dans le journal. C’est à dire qu’on peut, dans un temps raisonnable, venir à bout de toute l’information qu’il contient. Cette observation qui n’a l’air de rien a deux conséquences fondamentales.

La première, c’est qu’on peut prendre son temps. En supposant que la pause café dure une demi-heure, cela laisse bien assez de temps pour parcourir le journal, trouver et lire les articles qui nous intéressent.

La deuxième c’est qu’il existe un moment ou les ressources mises en oeuvre afin de lire le journal cesseront d’être utilisées : c’est le moment ou l’on repose le journal avec la sensation d’avoir terminé quelque chose.

La pause vient là : la sensation d’avoir le temps suivi du phénomène de libération des ressources mises en oeuvre pour lire le journal. Or, avec les objets numériques, ces deux aspects, n’existent tout simplement plus.

Ils n’existent plus car, pour le dire simplement, le cerveau se retrouve face à l’infini : on peut lire le journal une fois et le relire une deuxième fois ( son contenu aura déjà probablement changé ) et une troisième fois, etc. Ainsi, même au moment ou nous refermerons l’ordinateur pour passer à autre chose, il restera toujours une sensation d’inachevé, l’idée qu’un nouvelle information vient de nous échapper, bref, une petite frustration qui vient du fait de la non-libération des ressources mises en oeuvre pour absorber les informations de l’objet infini : voilà le processus à l’origine de la disparition de ma pause du samedi midi !

Avec l’arrivée du numérique dans tous les domaines de nos vies, nous pouvons assez facilement trouver d’autres moments où le même phénomène se reproduit. Nous pouvons essayer d’analyser un autre exemple : la photographie numérique ( on peut faire le même exercise avec la musique ).

A l’époque de la photographie argentique, il existait également au moins deux limitations qui ont aujourd’hui disparu. La première, c’est qu’on ne pouvait stocker que de douze à trente-six photos puis, il fallait changer le film. On pouvait donc prendre un nombre conséquent de photos à condition de se promener avec suffisamment de bobines de pellicule mais, il y avait toujours un moment ou « prendre des photos » s’arrêtait, faute de munitions. La deuxième limitation était le fait qu’entre la prise de vue et la possibilité de voir le résultat il pouvait se passer plusieurs heures voire plusieurs jours. Ces deux limitations impliquent automatiquement qu’à un moment, les ressources mises en oeuvre afin de « faire des photos » sont libérées et que l’activité s’arrête : nous sommes alors disponibles pour autre chose.

Avec l’appareil photo numérique, le nombre de prise de vue enregistrable devient considérable. Si, de plus, on possède un moyen de stockage transportable, le nombre de photos devient alors potentiellement infini. Sans compter qu’on peut aussi supprimer immédiatement les photos que l’on juge ratées. Cette non-limitation des ressources a plusieurs conséquences.

La première c’est que l’on peut prendre des photos pendant toute la durée d’un évènement ( c’est à dire qu’on peut passer l’anniversaire de la grand-mère derrière son appareil, il restera toujours, à la fin, un peu de place pour quelques photos supplémentaires ) : on ne participe alors pas vraiment à l’évènement qu’on photographie, il y a absorption de l’attention par l’objet infini, sans libération « au bout d’une temps raisonnable ».

Deuxième conséquence, du fait de la non-limitation du nombre de clichés, on peut être tenté de mitrailler à tout va afin de ne rien rater. On se retrouve alors dans un contexte où l’on a plus « le temps » : alors qu’avec l’argentique il fallait observer et bien choisir le moment du cliché, ce qui revient à suivre l’écoulement du temps et à n’intervenir que lorsque notre action aura vraiment un sens. Avec l’appareil numérique, c’est l’inverse qui se produit : il faut « remplir » le support avec toutes ces informations que l’on triera éventuellement plus tard : il s’en suit une sensation d’urgence car il faut suivre le cours des choses afin de ne rien perdre ( puisque la capacité de stockage nous donne l’illusion que, si on le souhaite, on a la possibilité de ne rien perdre ).

Troisième conséquence et, peut-être la plus importante, arrêter de prendre des photos dans ce contexte revient à accepter de manquer volontairement certaines photos. Ceci n’arrivait pas avec l’argentique puisque, une fois les films terminés, on manquait automatiquement les photos suivantes mais, on ne pouvait rien y faire. Cette conséquence supprime la sensation d’avoir terminé quelque chose : elle pouvait être présente avec l’argentique s’il restait du film mais, une fois qu’on avait pris la dernière photo, quelque chose était terminé. Avec le numérique, cette « non terminaison » est systématique. Il se reproduit donc avec l’appareil photo numérique, la même phénomène qu’avec la version électronique du journal : l’impossibilité de mettre fin à l’activité de façon « douce » et apparition d’une sensation d’inachevé.

De ces quelques exemples, on peut tirer que le fait d’avoir des ressources limitées dans certains domaines induit des processus répétés de « pause » sur le cerveau. Avec la diffusion des « objets infinis » dans notre environnement, ces moments tendent à disparaître si nous n’y prenons pas garde.

Le fait de connaitre le processus permet peut-être de trouver des solutions pour s’en affranchir afin de se « pauser »… C’est important car il me semble que la sensation de bonheur est intimement liée à la fréquence de ces petits moments de pause.

J’ai lu il n’y a pas très longtemps une interview de Denis Grozdanovitch dans laquelle celui-ci fait cette citation qui corrobore les observations que nous venons de mettre en avant :

« Et si le temps gagné par les moyens techniques était impropre pour le bonheur ? »

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141 réponses à “Prendre un café face à l’infini…, par Damien Rambaud”

  1. Avatar de Paul Jorion

    Quand j’ai lu votre texte, je ne m’y suis pas du tout reconnu. Et la raison en est simple : je lis toujours le journal de la même manière … numérique ou pas, je fais toujours deux ou trois photos… et pas plus, etc.

    Je me suis dit du coup que vous étiez du genre, quand vous lisez le journal, à vouloir lire « tous les journaux du monde » et quand vous prenez des photos, à vouloir « prendre toutes les photos du monde », et que le journal papier et la pellicule 24 ou 36 photos vous avaient jusqu’ici sauvé d’une tendance chez vous à un comportement un peu obsessionnel.

    Cela dit, me manque à moi le sens de « la pause » que vous décrivez : ma « pause » à moi, c’est d’aller faire quelques mouvements de tai-chi dans le jardin quand il fait beau ou de vider la table de « pool » quand il pleut. Ma pause à moi n’a rien à voir avec la lecture du journal. Si : j’ai pris sur les rayons l’autre jour, un roman de Kerouac et j’en ai lu quelques pages. Aucune tentation cependant de lire le livre dans sa totalité.

    Mais qui est davantage « la norme », vous ou moi ? Ou n’y a-t-il précisément pas de norme en ces matières ? Je suis maintenant curieux de le savoir !

    1. Avatar de Sapristi
      Sapristi

      @Paul,
      L’aliénation par la « norme » telle que nous l’avons voulu dès 1947 :
      http://www.ina.fr/video/I10257139/la-television-oeil-de-demain-video.html

      Visionnaire non ?

      1. Avatar de gotoul
        gotoul

        Excellent !

    2. Avatar de Lucas
      Lucas

      Hypothèse :):
      Nietzsche parlait de ‘types d’hommes’ je crois.
      Très hypothétique :
      Peut être que si nous n’avions pas loupé essentiel (être unis), il y aurait plus de cohérence entre tous…

    3. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      L’idée n’est pas tant de lire le journal en entier mais de pouvoir considerer, à un moment ( que le journal ai été parcouru en entier ou non ), que la lecture est terminée. Le commentaire de Christian Vassard ci dessous correspond bien à ce que j’ai voulu dire.

      Mon idée, derrière ce texte, c’est que ceux qui ont déjà connu le « temps long » ( à l’époque ou ces petits appareils n’avaient pas envahi notre quotidien ), ont des chances de pouvoir s’adapter, comme vous le faites.

      D’autre n’y parviennent pas ( voir à ce sujet l’histoire de Guy Birenbaum : http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2015/03/20/guy-birenbaum-le-naufrage-de-twitter_4595782_4497186.html ). Il s’est reconnu dans ce texte, c’est pourquoi j’ai jugé qu’il pouvait peut être être utile à d’autres et que je vous l’ai proposé.

      Je suis très curieux de savoir si le phénomène que je décris se généralisera avec les plus jeunes.

      Pour moi l’usage de ces appareils reste à inventer. La pause dont il est question ici est celle qui permet de reposer le cerveau de façon à le désaturer d’informations et retrouver une vraie capacité à la réflexion ( Pierre-Yves Dambrine à bien saisi mon message il me semble ).

      Plus généralement, le burn-out est la conséquence du phénomène décrit par épuisement des ressources face à des stimulations permanentes. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet.

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Je me reconnais dans l’affaire de la photographie surtout :
        Je passais pas mal de temps avec un réflex, à la recherche de scènes de rues, de manifs, d’architectures, d’ami(e)s. Avec le numérique, je suis passé en mode utilitaire, car on n’a plus le plaisir de faire une construction, le réflex nous rapprochait d’une construction, et le délai avant de voir le résultat autant que les 36 photos obligeaient à ponctuer cette construction d’un punto final. Le tirage était une autre affaire en soi (en N&B, sur papier baryté quand le pouvais).

        Je me suis déjà dis que c’était la taille du contenu à remplir qui faisait « problème », ces immenses stockages ou bandes passantes où nous passons télé (quittée vers 1983) et radio (je fus dans les jeunes amateurs qui bricolèrent des émetteurs –merci Maspéro– pour émettre un peu avant Mitterrand, à l’époque on couvrait un rayon de >500 m en ville avec 1W la bande était assez vide).

        Je me demande si des considérations d’entropie ne seraient pas intéressantes à ce sujet : quand il y a beaucoup d’espace, la matière peut s’organiser tout autrement. Ainsi les gaz O2 et N2 (et un peu de NOX 😉 ) qui nous servent d’atmosphère sont des molécules qui sont bien loin de leur énergie potentielle minimale (H2O va dans l’air mais retourne en bas : la pluie). La raison est un grand « espace libre » au-dessus de nos têtes et bien sûr une différence d’énergie pas insurmontable entre la molécule sur le plancher des vaches et à 2000 m au-dessus de nos têtes.
        Dans les semi-conducteurs, le phénomène de « l’ionisation des dopants », grâce auquel votre ordinateur vous permet de me lire est du même acabit : les électrons ne sont pas à leur minimum d’énergie parce qu’on leur a mis à disposition une place « immense » (10 million de fois plus que sur leur dopant d’origine, pour simplifier outrancièrement), qu’ils vont occuper, … et on dit alors qu’ils y dérivent !
        En gros, nous sommes devenus le sujet (ou la proie) de nouveaux attracteurs, en raison de cet espace sans contenu défini. Notre Grotte Chauvet moderne, pleine de Téra-Octets, ne nous joue pas de bons tours. On ne sait pas y tuer les ours, non ?

      2. Avatar de timiota
        timiota

        L’entropie est ce qui permet d’expliquer la préférence pour l’occupation d’un grand espace qui n’est pas d’énergie minimale (« énergie libre » F = U-TS, le thermostat étant à la température T, l’énergie étant U et l’entropie S), bon mais c’est juste pour occuper un commentaire de plus, hein.

    4. Avatar de CloClo
      CloClo

      Bon, alors Paul, ce voyage éclair en Italie, a-t-il permis de foutre la trouille de Zeus à toute cette assemblée de jeunes gens en pleine réadaptation ?

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        En principe , c’est l’assemblée , compte tenu du tact de Paul Jorion , qui a du le conduire à infléchir son discours .

        Conclusion , comme on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui , on ne peut pas être fondé à terroriser d’autres que les terroristes .

        Et c’est dur .

      2. Avatar de CloClo
        CloClo

        Tu vois Juan, dans un naufrage, le plus difficile c’est de garder son sang froid et son tact quand on coule.

        Je vous en prie, passez devant Mademoiselle !

  2. Avatar de Mercier
    Mercier

    Si acheter Le Monde est une pause, pour vous, alors je vous plains et vous le laisse: accepter d’acheter ce qui est devenu une feuille de chou dévoué au néo libéralisme, mettant beaucoup d’énergie à tirer régulièrement sur Mélenchon ou Siriza… comme si c’était la priorité. Mais ça l’est pour eux, et le nouveau propriétaire….
    Lire le Figaro donne au moins un sentiment : savoir où se place le journal qu’on a entre les mains. Pas de tartufferie.

    1. Avatar de Anatole
      Anatole

      Tout à fait d’accord avec vous pour le Monde,mais là n’est pas vraiment la question. Il ne faut pas « casser » un texte intéressant avec ce genre de détails, finalement très personnels

    2. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      Je suis d’accord avec vous à propos du monde ( le samedi je lis surtout le supplément week-end : M magazine dont les sujets sot moins polémiques )

      🙂

  3. Avatar de Vassard Christian
    Vassard Christian

    Je souscris tout à fait à cet article… et je comprends mieux aussi pourquoi je tiens à continuer de lire le journal au café. La dernière page tournée, ce sentiment de finitude appréhendée est rassurant. Sur internet, je sais quand je commence, mais je ne sais pas quand je vais m’arrêter… dois-je lire tel ou tel article en diagonale ou de façon approfondie? L’urgence domine, je surfe sur les mots et je suis incapable en fait d’une lecture attentive et profitable. L’esprit humain a toujours eu du mal à apprivoiser l’infini et internet nous met aussi en face d’un infini potentiel finalement inquiétant.

    1. Avatar de jducac
      jducac

      @ Vassard Christian 11 avril 2015 à 08:37

      Je souscris tout à fait à cet article… et je comprends mieux aussi pourquoi je tiens à continuer de lire le journal au café. La dernière page tournée, ce sentiment de finitude appréhendée est rassurant. Sur internet, je sais quand je commence, mais je ne sais pas quand je vais m’arrêter…

      Chacun a sa façon de voir les choses et la vie.

      Ma tendance et plutôt d’agir vis-à-vis de l’information, à la manière de Paul Jorion. Que ce soit sur le papier ou devant l’écran, pour être plus le plus efficace, (dans la gestion de mon temps et du lot d’énergie que j’ai à ma disposition) il me semble qu’il est mieux de faire d’abord un rapide tour d’horizon de l’ensemble des informations qui sont livrées. Cela permet de procéder ensuite à une analyse approfondie des sujets qui semblent les plus essentiels et surtout les plus critiques, en termes d’urgence, à devoir bien les décrypter, bien les comprendre et bien les dominer.

      C’est totalement différent pour ceux qui ont le sentiment d’avoir du temps à perdre (de l’énergie) en prenant une ou des pauses, afin de mieux vivre personnellement, quitte à ne pas le consacrer à notre devoir essentiel pour nous, à savoir la survie de notre espèce au travers des générations appelées à nous succéder à partir du capital matériel et immatériel que nous leur laissons.

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Bref, lire le Monde en prenant son café c’est « perdre du temps (de l’énergie) » et lire le Figaro c’est « se consacrer à notre devoir essentiel pour nous, à savoir la survie de notre espèce au travers des générations appelées à nous succéder à partir du capital matériel et immatériel que nous leur laissons ».

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        C’est la version de Jducac de E = mc2

        Où c = café pris à la pause .

      3. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
        Pierre-Yves Dambrine

        jducac,
        votre sens du devoir est tout à fait louable, mais le placez-vous au bon endroit ?
        Une petite pause n’a jamais fait de mal à personne et encore moins à la société.
        L’auteur de ce billet ne dit pas du tout qu’il a du temps à perdre. Il dit seulement qu’il apprécie mieux son temps de vie lorsqu’il est en pause. Les pauses ne sont ces temps pas morts du tout, ils nous permettent au contraire de reprendre notre souffle, en nous livrant à des activités qui nous déconnectent de nos obligations, notre corps et notre cerveau pouvant alors accéder à un état qui s’apparente à une méditation, laquelle existe sous de multiples formes, et il appartient à chacun de trouver la forme qui lui convient pour retrouver la forme, notre assiette, justement, en redonnant à nos formes une certaine souplesse, une disponibilité.

        La lecture du journal dans le cas présent ce n’est pas tant accéder à de l’information, que de prendre prétexte sur ce rituel de la lecture du journal le samedi pour simplement prendre du plaisir à ce qu’on fait. L’auteur dit bien qu’il va d’abord lire les articles qui l’intéressent. Et puis le fait de lire dans un café au milieu des autres n’est pas anodin. C’est aussi une manière de vivre plus apaisée avec les autres, d’être parmi eux d’une autre manière.
        Ce dont souffre notre époque ce n’est pas que nous ne fassions pas assez d’efforts, mais que ces efforts sont justement le plus souvent orientés vers des fins que nous ne maîtrisons plus. Alors le temps des pauses, c’est ce qui nous sauvera ! Damien Rambaud use d’un mot qui me semble important, il introduit son texte en parlant de pivot entre la semaine et le week-end. (on pourrait dire aussi de pivot entre le we et la semaine) c’est là que se trouve il me semble l’essentiel de son message. Ce qui manque dans notre société, ce sont de ces temps pivots qui permettent d’échapper au déterminisme. Or si notre société est aujourd’hui un peu bloquée, n’est-ce pas parce que nous n’avons plus, ou moins, la capacité de prendre du recul sur ce que nous faisons en conséquence de quoi nous sommes sous l’emprise des choses alors que nous devrions pour y compris assurer la survie de l’espèce pourvoir avoir un rapport distancié à ces choses ? De hauts managers vont le diront, leur plus grand luxe, c’est le temps dont ils disposent et que justement les autres n’ont pas, il serait temps pour notre société que ce luxe accessible à certains seulement, dans leur travail, soit désormais partagé.

      4. Avatar de jducac
        jducac

        @ Pierre-Yves Dambrine 11 avril 2015 à 12:20

        Ce dont souffre notre époque ce n’est pas que nous ne fassions pas assez d’efforts, mais que ces efforts sont justement le plus souvent orientés vers des fins que nous ne maîtrisons plus. Alors le temps des pauses, c’est ce qui nous sauvera

        C’est tout à fait ce qui justifiait la création d’un ministère du temps libre en 1981.

        Nos compatriotes étaient tellement stressés d’avoir à meubler leur temps libre qu’il était tout à fait judicieux de mettre en place une structure spécialement chargée de développer des actions d’assistanat jusque dans ce domaine.

        Sauf erreur de ma part, aucun autre pays ne nous a suivis en nous imitant avec un ministère du temps libre.

        Idem pour ce qui concerne les 35h, la retraite à 60 ans et le refus de prendre en compte cette donnée fondamentale que constitue, à même niveau d’évolution, le temps consacré à la production de richesses comparé au temps consacré à la consommation d’énergie. (même quand il ne travaille pas un organisme vivant consomme de l’énergie).

        N’avez-vous pas vu que les autres pays, sans doute pour nous permettre d’avoir davantage de temps libre, se sont employés en accroissant leur efficacité, de telle sorte que nous ayons encore plus de temps libre……… en nous poussant vers le chômage ?

        Ironie ou cynisme ?

        N’était-ce pas une action généreuse de leur part, puisque nous aimons le temps libre au point de gravement hypothéquer notre place dans le monde et notre avenir au sein des contingents appelés à faire survivre notre espèce ?

      5. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
        Pierre-Yves Dambrine

        jducac

        Ai-je évoqué un ministère du temps libre ?
        Non, je partais des expériences concrètes que chacun peut faire, et que vous faites vous-même sans doute sans en tirer toutes les conséquences logiques pour la société.

        Et si l’on généralisait ce principe que les activités de temps libre dont chacun a plus ou moins l’expérience, au lieu d’être du temps perdu seraient à l’inverse ce qui serait considéré comme central dans nos sociétés, ne ferions-nous pas disparaître une grande part de la violence d’un système qui dissipe des quanités collossales d’énergie dans la lutte que les hommes et les nations se livrent entre eux avec pour funeste conséquence de dilapider toutes les ressources naturelles qui étaient à leur disposition avant l’avènement de l’anthropocène et ainsi au détriment de l’invention de nouvelles manières de vivre et de produire qui auraient pour principes la solidarité et le partage des ressources et des savoirs ? Un corps détendu n’est-il pas plus à même de penser et imaginer ? Fait-on de grandes inventions sous la contrainte ?

        Toute notre civilisation, ses réussites matérielles et scientifiques, ne les doit-elle pas pour une grande part à ces grecs que l’on considérerait aujourd’hui comme des oisifs, alors qu’ils tenaient en la plus grande estime le libre exercice d’une raison délivrée des contraintes de tous ordres si ce n’est celles propres à la logique ? Je précise ici que je n’oppose pas raison et intuition, ni le corps et l’esprit, une raison sans intuition n’est qu’une raison mécanisée, et à juste titre critiquée.

        Prenons exemple sur les citoyens Grecs qui méprisaient le travail (mais pas l’activité intellectuelle, artistique), le réservant à leurs esclaves, mais cette cette fois sans esclaves, ou alors réservant aux seuls robots les tâches ingrates. Et cette fois en accordant aussi à l’activité manuelle une place aussi noble que celle dévolue à l’activité intellectuelle, et ce d’autant plus à la lumière de l’orientation actuelle de notre monde où les savoir-faire tendent à disparaître, réalisant alors objectivement une séparation du corps d’avec l’esprit qui nous ramène à un monde fortement clivé avec son aristocratie (de l’argent) et ses esclaves d’un nouveau genre, que nous sommes tous ou presque, possédés par les choses que nous sommes, les productions de l’esprit tendant à simplement servir les fins d’un système qui concentre les richesses et détruit son environnement.

        Bref, ne me dites pas que vous êtes un « robot » et que jamais vous ne faites relâche, pour réfléchir, ou simplement laisser vagabonder votre esprit, ne serait-ce qu’en faisant votre balade matinale ou à je ne sais quelle autre occasion.

      6. Avatar de jducac
        jducac

        @ vigneron 11 avril 2015 à 11:30

        Bref, lire le Monde en prenant son café c’est…….et lire le Figaro c’est…….

        Et lire le blog de Paul Jorion c’est …….prendre connaissance de ce que pensent les uns et les autres sur une infinité de sujets les concernant de près ou de loin et dont l’analyse collective et contradictoire, tend à les rassembler même quand leurs perceptions divergent.

        Au-delà de cela, bravo et merci Vigneron d’avoir bien synthétisé une certaine façon de voir, même si c’est un peu caricatural !

      7. Avatar de juannessy
        juannessy

        @Jducac :

        Vigneron pourrait vous répondre en citant un auteur connu qui parlait des  » élites consensuelles qui dévorent du Différent pour chier du Même » .

      8. Avatar de jducac
        jducac

        @ Pierre-Yves Dambrine 11 avril 2015 à 16:52

        jducac Ai-je évoqué un ministère du temps libre ?

        Effectivement, vous n’avez pas parlé de « temps libre ».Par contre, en me répondant sur le thème des efforts et des pauses, je me suis fait un plaisir de répondre sur ce sujet. Dans notre temps de vie, il est fréquent de faire une distinction entre le temps du travail qui, d’après beaucoup de gens, est un temps d’aliénation, et le temps libre ou de liberté, auquel appartiennent les pauses qui ne sont pas des temps de travail, même lorsqu’elles sont rémunérées comme un temps de travail.

        Un corps détendu n’est-il pas plus à même de penser et imaginer ?

        On ne peut répondre que par l’affirmative à cette évidence, mais il convient aussi, de ne pas manquer de faire remarquer que la machine humaine est avant tout faite d’une part matérielle (hardware) dont une des fonctions première est d’alimenter en énergie la part chargée de la production immatérielle de existence.

        Il ne faut pas oublier de signaler qu’avant que Descartes en arrive à dire « je pense donc je suis », il a fallu que d’autres personnes, depuis les premiers instants de son existence, se chargent, entre autres, de l’alimenter en énergie (grandeur matérielle capitale) pour lui permettre de devenir adulte, et ensuite, pour qu’il soit libéré de ce type de tâche et ait du temps libre pour réfléchir, penser, élaborer les raisonnements logiques, objets de ses travaux de philosophe et de mathématicien.

        L’importance de cette fonction première de captation et d’alimentation en énergie est, à mon avis, beaucoup trop perdue de vue par nos élites actuelles. En effet, du fait de leur propre parcours de vie et de ceux qu’ont connu leurs parents et grands parents, elles ont tendance à « planer, hors sol », sans avoir les pieds sur terre, et se trouvent dans l’incapacité d’avoir conscience des besoins essentiels de la vie.

        J’espère que vous me pardonnerez d’amener très souvent ce sujet primordial, (au sens premier du terme) sur le blog de Paul Jorion, surtout quand il s’interroge sur l’avenir de notre espèce.

    2. Avatar de arciatus
      arciatus

      Ce billet m’a fourni l’occasion de réécouter Michel Serre, au sujet du portable que la jeune Petite Poucette « maintenant, tient en main »
      http://tice.univ-paris1.fr/MEDIA130227153716584-130305145816-337/0/fiche___actualite/&RH=n2SiteTICe_01
      avec toutes les conséquences innovantes à en attendre. Et il termine par ceci : Au cours de la longue histoire humaine « nous perdons de nos fonctions , mais nous inventons des objets qui sont les externalisations de ces fonctions ». Un régal à réécouter comment « capital » vient de « cheptel », comment l’adresse postale fixe juridiquement le lieu où l’on peut nous contraindre par corps, alors que l’adresse numérique nous situe dans un espace topologique… Etc

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Serres, celui de L’Académie ?

      2. Avatar de Guy Leboutte
        Guy Leboutte

        Merci pour ce lien! Je n’ai pas aimé Petite poucette, que je mets mieux en perspective aujourd’hui, comme une rêverie du savant qui s’exprime dans cette conférence, très intéressante.
        Les pressés peuvent aller écouter ce qu’il dit de l’origine du mot « ordinateur » en français, aux minutes 4:54 – 7:14. 🙂

  4. Avatar de juannessy
    juannessy

    Ben moi , quand je fais une pause , c’est que je dors .

    Et c’est presque toujours là que je me retrouve face à l’infini et le nez dans l’oreiller .

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Et à 6h du matin , après des journées éprouvantes , Paul Jorion ferait mieux d’en faire autant ( ou au temps , faut demander à l’académie du blog ) .

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Juan, l’avion sans lui dans ce cas ! Il a une forme du tonnerre de dieu.

    2. Avatar de MEMNON
      MEMNON

      JUANNESSY, FACE À L’INFINI
      Cela doit être quelque chose !
      Je vois d’ici le tableau…

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Je m’étais contenté de reprendre une expression du texte du billet , mais je vous accorde qu’il était sans doute présomptueux de ma part de m’identifier au  » cerveau » .

        D’autant qu’il faudrait avoir au moins deux faces . Une pour + l’infini , et une pour – l’infini , et il n’y a que Komunist qui voit en moi un Janus .

      2. Avatar de MEMNON
        MEMNON

        Et bien mon cher juannessy, de mon côté, je m’étais contenté de vous visualiser…, en me demandant juste quel genre d’infini votre nez prenait plaisir à fouiller dans le gouffre chaud d’un oreiller…

        Plongé dans ses pensées intimes, Baudelaire disait : « Dans certains états de l’âme presque surnaturels, la profondeur de la vie se révèle tout entière dans le spectacle, si ordinaire qu’il soit, qu’on a sous les yeux. Il en devient le symbole. »

        Ainsi, le nez dans l’oreiller ou le nez dans les arômes profonds d’un café noir, maintenant que j’y pense, on peut sans doute y voir l’infini masculin pénétrant l’infini féminin.

      3. Avatar de juannessy
        juannessy

        Vous m’ouvrez des horizons que je croyais perdus !

        En fait , je me demande si je n’étais pas resté imprégné du nez dans le guidon du vélo plein de cambouis de Clo Clo .

        Mais je préfère ,et de loin, l’oreiller réel et/ou symbolique .

  5. Avatar de NewOdd
    NewOdd

    Mon expérience du numérique aboutit à une autre conclusion, mais qui pourrait être assimilée à la vôtre, parce qu’elle se rapporte à la dimension subjective du temps. L’usage des smartphones, GPS et autres outils du même accabit nous pousse petit à petit vers une logique du « tout en dernière minute ». le besoin d’anticipation semble disparaître. Par exemple, on prépare de moins en moins un trajet inconnu en voiture (quelque soit sa longueur). On sait que jusqu’au dernier moment, il sera possible de prévenir, ou de modifier le trajet,… ou dans d’autres domaiens, d »infléchir la tendance d’une négociation, apporter une modification finale à un projet,… Même penser à charger les batteries à l’avance n’est plus nécessaire, on peut le faire partout. L’accès internet quasi permanent nous donne l’illusion d’une maitrîse du temps et des choses, qui s’avère parfois catastrophique lorsque pour une raison d’une banalité absolue – un bug, une panne, une coupure d’électricité … – nous sommes privés de nos ressources.

    1. Avatar de arciatus
      arciatus

      La question est aussi de savoir prendre des pauses avec les « boîtes à tout faire portables »: Ne pas se laisser aller, comme j’ai vu certains, à photographier les plats arrivant sur table au restaurant, ou demander à son portable de participer au calcul des quelques secondes nécessaires entre deux opérations techniques discontinues. C’est alors le portable qui déterminait le temps de pause!

  6. Avatar de JeromeL
    JeromeL

    Avec internet, je me m’intéresse plutôt à un sujet qu’à un journal en particulier. La technologie amène une notion d’infini, ma solution est d’y mettre une limite de temps. Si je n’ai pas fini je reprends plus tard, le lendemain. Sans ça je perds pied effectivement.
    Après pour la pause je serai plutôt jardin, balade en famille ou tout seul, qi-gong, méditation, café au bar sympa du bout de la rue, il faut varier les plaisirs. J’ai aussi l’extrême avantage d’habiter un très beau village avec de très joli paysage.

  7. Avatar de tilk
    tilk

    curieux, vous n’etes pas stréssé avant et apres vos pauses? la teneur hautement anxiogéne des unes de merdia et les commentaires de gens en pause continue plus stréssés que nous pourtant me font penser que les pauses sont inversées, surtout si la reference est « le monde », mais bon, chacun sa pause

  8. Avatar de Hervey

    Pour répondre aux questions que l’on peut se poser au sujet de ce billet de Damien Rambaud, j’invite chacun à faire un détour par le petit livre de SHITAO : « Propos sur la peinture », collection savoir chez Hermann éditeur ouvrage plus connu sous le titre « De L’unique trait de pinceau ».
    Certes, au XVII ème, pas de numérique ou la tonne d’applications qui va pourrir votre présence au monde, mais s’est toujours posée, à toutes les époques, la question de « la maitrise du réel », j’utilise ce terme valise pour ajouter que cet ouvrage n’est pas un livre de recettes pour peintres mais un savoir-vivre hautement philosophique qui vous surprendra par la puissance de son flux de pensée bien supérieur à la course à l’info de « l’avoir ce qu’il faut » qui régit notre monde connecté.
    Le message ou souffle vital ou bulle de cet essai de SHITAO pourrait se résumer à « comment être au monde » et non pas se connecter au monde.
    (Très bien l’ancien tennisman, belle écriture, humour…).

      1. Avatar de GUDULE
        GUDULE

        @hervey

        shitao,
        je cite « « Révolutionnaire » dans l’âme et malgré cela profondément attaché à la plus antique tradition, Shitao a toujours rêvé de solliciter non seulement le regard mais tous les sens qui, chez l’homme, participent au banquet du Réel. Pour lui, c’est à ce prix seulement que nous avons chance d’approcher le mystère des choses, de goûter « la saveur du monde ».

        oui, cela me fait penser au sumi e, cette technique de peinture , l’art zen du geste à l’encre de chine, un art méditatif , vous connaissez ?

        Je cite

        « Sumi-e, est aussi appelé le « suiboku-ga », dessin monochrome japonais à l’encre, cette technique de dessin est née en Chine et elle a été reprise par les artistes japonais au 14e siècle grâce aux moines boudhiste Zen. La peinture Sumi-e et la calligraphie chinoise sont liées car la technique du pinceau dans ces deux disciplines est identique.

        Le Sumi-e représente une forme d’art à part entière, mais cet aussi une philosophie. Le Sumi-e est l’expression de la perception de l’artiste et il tranmet l’essence ce ce qu’il représente, plante, animal, etc. Contrairement à la peinture occidentale c’est la suggestion qui supplante le réalisme

        La peinture orientale Sumi-e est constitué seulement d’encre noire, c’est simplification la plus élevée de la couleur en comparaison avec la peinture occidentale qui utilise toute la palette de couleur pour former lumières et ombres.

        La philosophie Sumi-e
        Le Sumi-e est associé au yin-yang, la dualité du yin-yang est très présente. Le fond blanc de la page fait corps avec le dessin, il en fait partie intégrante, il ya contraste et harmonie entre les vides du blanc et les marques nerveuses et vivantes de l’encre.

        L’art du Sumi-e est une méditation et une réflexion avant le dessin, dans la préparation des matériaux, dans l’acte de peindre, le sumi-e est un exercice spirituel lié à la contemplation.

        La nature joue un rôle important dans le sumi-e. Le Sumi-e exprime le besoin des hommes de décrypter les modèles du monde et de vivre selon eux. Les sujets ne sont jamais peints dans l’intérêt de l’art, ils sont des expressions vivantes des forces invisibles au travail dans l’univers. Le Sumi-e est une symbolique.

        Il y a beaucoup de symboles différents dans la peinture sino-japonaise actuelle et traditionnelle. Les plus communs sont le prunier, l’orchidée, le bambou, et le chrysanthème. Les pins sont également très communs, représentant la survie dans un environnement dur ou l’esprit intangible de l’âge. »

        liens :

        http://www.groensteen.net/technique-sumi-e.php

        http://www.groensteen.net/technique-sumi-e.php

        cordialement

  9. Avatar de BasicRabbit
    BasicRabbit

    L’annuel, le mensuel, l’hebdomadaire, le journal, l’horaire, le minute, le seconde,…, en attendant l’instant: l’être courant derrière l’événement tel Achille derrière la tortue.

    Edward Bernays, neveu de Freud et fondateur de l’American Public Relations, écrit en 1928 : « La manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions organisées des masses est un élément important dans une société démocratique. Ce mécanisme invisible de la société constitue un gouvernement invisible qui est le pouvoir dirigeant de notre pays. Ce sont les minorités intelligentes qui se doivent de faire un usage systématique et continu de la propagande. »
    Pour ces minorités que Bernays qualifie d’intelligentes, Etre = Homo mediocris et Evénement = Storytelling.

    Nous faire courir derrière l’événement, courir derrière le fric. Courir, toujours courir, de plus en plus vite, tout en faisant du surplace, tels Achille derrière la tortue. Pour nous empêcher de penser.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Comme il ne s’agit pas de l’Homo mediocris de Ciceron, il eût été élégant d’évoquer Châtelet, Basique.

      1. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ vigneron
        Je viens de commander son « Vivre et penser comme des porcs ».
        Merci à vous.

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        Avant goût . Deux pour le prix d’un :

        http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CHATELET/3963

      3. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ juannessy

        J’ai lu, merci.

        La e-version du bouquin de Châtelet est dispo ici (mais je préfère la version papier):

        http://nicolaslevy.net/links_references/authors_people/gilles_chatelet/Vivre_et_penser_comme_des_porcs_-_Gilles_Chatelet.pdf

        Peut-être Thom aurait-il pu sous-titrer son « Prédire n’est pas expliquer » d’un
        « Vivre et penser comme des rats »?

        http://www.amazon.fr/Pr%C3%A9dire-nest-expliquer-Rene-Thom/dp/2081224984

      4. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        En commentaire du billet « Résiser » d’Arciatus Vigneron écrivait:
        « Nous sommes « des ténias cybernétiques », disait Chatelet, « transfusés en inputs, vomissant des outputs ».
        Ce à quoi je lui rétorquai: « A la base de l’embryologie animale!  »

        Je précise: la fonction physiologique de nutrition exige une entrée (la bouche) et une sortie (l’anus). Il me semble plus naturel de considérer que c’est la fonction de nutrition qui impose les organes de nutrition que sont la bouche et l’anus, plutôt que l’inverse: la position lamarckienne me semble plus naturelle que la position « mainstream » actuelle qualifiée de darwinienne (Darwin a tenté d’expliquer la conception lamarckienne de l’évolution par sa théorie des gemmules).

        Selon l’idéologie « darwinienne » actuelle c’est la « loi » de Say, le progrès par l’offre, l’outil/organe nouveau qui crée la demande/fonction. Ce « progrès » nous a ainsi offert l’informatique, une véritable onde de choc sociétale, à laquelle il nous est imposé, There Is No Alternative, de nous adapter, conformément à la « loi » darwinienne. Et nous sommes « bouche bée » devant ce nouvel outil.

        La fonction des poumons est d’éviter l’asphyxie par alternance d’inspirations et d’expirations. Il y a la systole et la diastole, les ondes beta et alpha. Il y a l’éveil et le sommeil. Comme le dit Damien Rambaud il y a la pause nécessaire: « … la sensation d’avoir le temps suivi du phénomène de libération des ressources mises en oeuvre ».

        Il me semble indispensable de contrebalancer le « bouche bée » devant l’outil informatique par un « anus bée »: c’est même à mon avis une question de vie ou de mort.

    2. Avatar de juannessy
      juannessy

      C’est pour ça que j’aime bien les danses cosaques .

  10. Avatar de Marie-Paule Nougaret
    Marie-Paule Nougaret

    Amateur de journaux sans régularité, me prend la nostalgie d’en acheter un sur un coup de coeur, à un vendeur de rue, ou au kiosque du coin, sans laisser à personne l’adresse de mon compte en banque et mon ordinateur .
    J’aime bien Médiapart mais voilà : une liberté a disparu – qui fut précieuse aux époques noires, semble-t-il.

    Je ne m’abonne pas. Le Monde en ligne ne se vend pas trop cher, mais les titres me suffisent, et je sais retrouver l’info, surtout scientifique, dont j’ai besoin.
    Seul le Canard encore me surprend, m’informe et me fait rire au moins une fois par numéro – parfois plusieurs, instant précieux et, comme vous dites, bulle dans le temps.

    Mais c’est toute la vie, qui se déroule ainsi, car selon les physicien, et on le ressent parfois, le temps N’EXISTE PAS, il s’agit de l’espace-temps.
    Par conséquent rien n’est joué, même pour les plus intelligents des calculateurs d’avenir aidés par leurs machines à compter familières. Par exemple, le film Interstellar, si fort en physique théorique, ne semble pas connaître le commencement du début de la science des symbioses qu’est l’écologie.

    Ainsi, ne sait-on toujours pas produire de l’oxygène dans une station spatiale, qu’il faut livrer régulièrement avec des ballons de gaz vital. Mars reste donc très loin et les pouvoirs des plantes un mystère. Les mammifères qui tournent en confiance là haut survivent en symbiose avec le sol.

  11. Avatar de Lucas
    Lucas

    Dois-je me rendre compte qu’à 23 ans je ne suis déjà plus dans le coup, ou que les plus âgés s’égarent au moins autant que les jeunes ? 🙂 Quoique je ne sais pas votre âge.

    « Et si le temps gagné par les moyens techniques était impropre pour le bonheur ? »

    Beaucoup de mal avec la notion de bonheur telle qu’elle est employée. :o/

    Et si le temps gagné par les moyens techniques était (devenu) impropre tout court ?
    Le temps ne se gagne pas, les choses s’accélèrent et oui, nous on se perd!

    Pour la pause je dirais « Tchiiize »!

  12. Avatar de Ijarkor
    Ijarkor

    L’infini, c’est la réalité. Un accès à une information infinie (je dirais plutôt illimitée) met simplement l’individu face à la réalité. C’est alors à lui de dire « J’ai terminé », de décider où se trouve « la fin », alors qu’avant, la fin était imposée par l’éditeur du média (ou le concepteur de l’appareil photo). L’illimité est donc une liberté supplémentaire, et comme toute liberté, son usage suppose de la réflexion, c’est-à-dire un « travail » intellectuel. C’est ce travail qui peut faire disparaitre la sensation de « pause ». Cela signifie-t-il que le liberté peut être un esclavage ? … (vous avez 4 heures 😉 )

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      On a droit à une pause intermédiaire ?

  13. Avatar de lecoeur
    lecoeur

    Je me rappelle, étudiant aux Beaux-arts en section design, avoir entendu à l’époque, Philippe Stark, interrogé par un journaliste d’Arte, sur la façon dont il voyait l’avenir de l’objet.
    Celui-ci avait répondu:  » A l’avenir, je ne vois plus l’objet servir l’homme mais l’homme servir l’objet ».
    Nous y sommes.

    1. Avatar de SADONOIX
      SADONOIX

      “A l’avenir, je ne vois plus l’objet servir l’homme mais l’homme servir l’objet.”
      Et si la femme est l’objet de l’homme, à quel retournement inédit pouvons-nous nous attendre ?

  14. Avatar de Killxs
    Killxs

    Pour ma part je souscris entièrement à l’article, même si je ne suis pas sur qu’il n’y ait pas d’autres paramètres explicatifs pour le phénomène décrit.

    Dans mon cas, 2 choses rentrent en ligne de compte:
    – Ces pauses ne sont pas « ritualisées ». Elles peuvent intervenir n’importe quand. Dans n’importe quel café. Mais pas plus de 4 fois par mois.
    – Elles sont associées à la prise de café. Ce dernier m’étant médicalement déconseillé, je ne peux en boire que de très petites quantités (un plaisir est d’autant plus grand qu’il est rare). J’ai alors l’impression de m’offrir un « luxe ».
    – Je n’ai donc pas perdu mais gagné un moment de détente en étant obligé d’aller à l’extérieur pour pouvoir consommer un café. Et j’ai découvert (et non redécouvert) le plaisir de lire le journal (je n’en ai jamais vraiment lu ne serait-ce qu’un seul avant). Je lis le Parisien, qui me semble fournir une version relativement « neutre » et « impartiale », sinon prudente voire un rien sceptique de la plupart des événements. Les autres journaux me stressent plus qu’autre chose, en raison des ficelles éditoriales qui me sautent littéralement au visage.

    A moins que vous ne continuiez à lire votre journal en version digitale dans un café, et que la sensation que vous décrivez perdure quand même, il me semble que le changement de lieu joue un rôle dans la perception de la pause. Il joue un rôle dans la mesure où il instaure 2 coupures nettes: le départ du trajet pour le café et le moment où l’on quitte le café. Notez que pour moi les deux moments ne sont pas symétriques: se mettre en chemin à l’aller fait partie de la pause (in situ et rétrospectivement), mais sortir du café pour entamer le chemin du retour, cela appartient déjà au passé de la pause: je suppose que ce qui importe ici c’est la cause finale de l’action, ce en vue de quoi on est entrain de faire ce qu’on fait, non pas « prendre une pause » (si c’était le cas ce ne serait pas une « pause »), mais « aller-prendre-un-café-en-lisant-un-journal ».

    Sinon oui, le web n’a ni début ni fin. Mais il n’existe finalement souvent que quelques sources fiables ou intéressantes (dans leur absence de fiabilité même) sur chaque sujet (et ces sources sont de plus haute tenue que ce qu’on trouve dans la presse), le blog de PJ en étant un bon exemple. Il faut juste s’habituer à se renseigner uniquement sur les sujets pour lesquels on a une appétence particulière, à partir de 3 ou 4 sites dûment sélectionnés. En gros, cela oblige à construire son propre journal.

  15. Avatar de emmanuel
    emmanuel

    Je résume pour moi : ne perdre ni temps ni énergie à vouloir ou à souhaiter être ailleurs ou faire autre chose

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Où êtes vous et que faîtes vous ?

  16. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Bonjour à tous,
    Une pause face à l’infini?

    Certes, il y a bien une pause à faire devant l’infinité de la stupidité humaine…
    Car, plutôt que d’ étaler à loisir les mêmes platitudes de surface à propos de nos plus récentes innovations technologiques, il conviendrait de se poser la question de savoir ce qu’apportent à l’homme, en terme de qualité de vie, ces nouveau outils technologiques.
    Pour faire court, la téléphonie mobile, l’ordinateur, ont-ils favorisé une meilleure compréhension entre les hommes ?
    Non, ils n’ont fait que leur faire gagner du temps, et bien-sûr de l’argent.
    Les avancées techniques ne sont pas des progrès si seul les chiffres les guident…
    Que de temps, de millions d’abonnés, d’appels, de connections, de like(s), gagnés!
    Mais à quoi peut donc servir ce gain si purement quantitatif?
    A écouter l’autre? à l’admirer? à le comprendre? à l’aimer? à le respecter? Pour fraterniser? Se mélanger, se multiplier? Créer?
    Non, rien de tout cela, seulement investir, commercer, profiter, presser, extraire, accumuler, acquérir, tirer avantage, puis jeter, et recommencer.
    Nos machines créées par des machines, encore vaguement sous contrôle, n’ont plus qu’à nous apprendre à leur ressembler pour ne plus avoir peur de l’avenir.
    Ultime victoire de l’homme sur lui-même.
    La peur de la mort vaincue, ne reste qu’à disparaître, sans peur aucune!
    Adieu doute, incertitude, croyances, religion, philosophie, poésie, art. Et toutes ces inutiles tortures…The end.
    Et si on ne faisait plutôt appel qu’ à l’infinie créativité humaine ?
    Je pense à ce groupe qui chante les plus grands tubes British en traduisant les paroles en français.
    Irrésistible et salvateur!
    Regardez-vous un peu au volant, dans la rue, au café, avec vos portables, Iphone et tablettes, franchement, moi je vous regarde quand j’ai le temps (j’en perd aussi beaucoup), et c’est bien plus drôle qu’au Zoo!
    Aller à plus! Eric.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Effectivement, si c’est juste pour lire du Torpedo, alors Torpedo a raison.

      1. Avatar de G L
        G L

        Torpedo se serait indigné de l’utilisation de l’imprimerie avec les mêmes argumennts (la quantité remplaçant la qualité pour le plus grand profit de certains.)

        Quand à savoir ce qu’il pense de l’invention de l’écriture…

  17. Avatar de La phocéenne q
    La phocéenne q

    Je me souviens de mon premier voyage en Chine. Volontairement pas d’appareil photo. Mais un petit carnet à dessin et quelques aquarelles. Autour de moi c’était le clic clac continuel des reflex,… oui les appareils numériques n’existaient pas encore. J’ai supporté les regards éberlués .Mon petit carnet m’a permis de faire vraiment attention aux choses , aux lieux , aux gens. Le résultat artistique était assez nul. Depuis les numériques je suis encore plus attachée à cette façon ancienne de regarder pour comprendre. Suis-je un dinosaure ?

    1. Avatar de TORPEDO
      TORPEDO

      Suis-je un dinosaure ?

      Bonjour,
      Mais non! Je suis sûr que vous aviez pris l’avion lors de ce voyage!…Alors,rassurée?
      Pour l’aquarelle, ne le répétez pas, ça marche aussi très bien dans votre jardin…
      …même si la peinture à l’huile est plus économe en eau, et que c’est mieux pour la planète…
      Mais, de grâce, q, faîtes de l’art, soit, mais sans pet d’autosatisfaction, hein!
      Attention à la couche d’ozone!
      Pour les regards éberlués, pensez donc à ceux qu’ont eu nos ancêtres en voyant pour la première fois l’un des leurs (un irresponsable qui ne s’est même pas rendu compte des conséquences désastreuses de son geste sur notre chère planète!),vous n’y verrez que le retour d’une forme d’ignorance originelle en cours de généralisation.
      Ah,l’évolution,quelle blague!
      Eric.

    2. Avatar de TORPEDO
      TORPEDO

      Et pour la « façon ancienne de regarder », on peut utiliser les yeux?
      Je suis éberlué!
      Eric

    3. Avatar de juannessy
      juannessy

      Oh non , et je vous envie , mais si j’étais « bon ou moyen » en tout , j’ai toujours été nul en dessin aussi bien artistique qu’industriel .

      Je ne sais dessiner depuis toujours que ma signature ( héritée de mon père ) , et des canards en un seul trait de crayon qui m’ont valu le respect de mes petits enfants .

      1. Avatar de Anatole
        Anatole

        Mais si vous savez dessiner. Les lettres manuscrites sont du dessin, sauf celles des ordinateurs bien sûr. Variez les lettres manuscrites, insufflez fantaisie et expressivité et vous verrez que vous obtiendrez des sortes de dessins. Pour arriver à dessiner il suffit de trouver la bonne porte.

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        Merci de ce conseil un peu tardif malgré tout , car avec les rhumatismes articulaires , je crains bien que la seule porte que je puisse dessiner soit la porte de sortie .

        Mais dessin est un joli mot ( proche étymologiquement de dessein , ? je n’ai pas vérifié), et surtout  » une représentation ou suggestion des « objets  » du monde réel ou imaginé , qui est sans doute une bonne façon de répondre en partie aux enjeux sous tendus par ce billet .

        Il y a des dessins sur le sable , des dessins animés, des gravures … tous supports plus ou moins fugaces selon notre ambition à vouloir figer le temps en le « projetant « .

        J’ai lu ça dans le marc de café .

    4. Avatar de octobre

      Suis-je un dinosaure ?

      Pas forcément, car ici, sur ce blog, nous avons quelques beaux spécimens. En rut 365 jours de l’année.

  18. Avatar de G L
    G L

    PHOTO

    Curieusement, vous avez oublié des points importants:
    – avant qu’il y ait un appareil photo dans chaque téléphone il fallait décider d’emporter l’appareil, ce qui ne se faisait habituellement que dans des circonstances bien précises
    – pour beaucoup de gens le coût de la pellicule et des tirages sur papier était un obstacle important. Ils ne photographiaient donc que ce qui leur semblait en valoir la peine (pas leurs pieds sur la plage ou leur assiette au restaurant.)

    Les professionnels qui utilisaient un « petit format » prenaient déjà beaucoup de photos mais n’en tiraient que quelques-unes après les avoir trés soigneusement choisies alors que ceux qui utilisaient un « grand format » passaient beacoup plus de temps à choisir leur point de vue et leur cadrage avant d’appuyer sur le bouton.

    LIVRES

    Je me suis amusé à mettre des milliers de livres ( http://www.gutenberg.org/ entres autres) sur une minuscule carte mémoire mais cette « bibliothèque » a été pour moi l’occasion de lire certains d’entre eux (Malthus, Taylor par ex.) alors que je n’aurais surement pas été les emprunter dans une bibliothèque (universitaire?)

    JOURNAUX

    Je lis Le Monde sur écran depuis fort longtemps (au début c’était gratuit mais il fallait avoir un écran exceptionnel) mais aussi des journaux étrangers (pas toujours les mêmes selon les periodes.) Si ce n’était pas le cas je pense que je ne suporterais plus Le Monde!

    CHOISIR

    C’est à la fois plus facile et plus difficile qu’avant, non?

    1. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      Le billet n’est pas exhaustif. Il y aurait beaucoup à dire sur les changements d’usage induits par le numérique.

      1. Avatar de arciatus
        arciatus

        Il est bien risqué de prévoir, car les changements d’usage vont à la fois très vite et très lentement. Par exemple j’ai commencé d’étudier le latin en 1948 et le grec ancien en 1950, au moment donc où paraissaient les premières publications sur la Théorie de l’information. J’avais à cette date pour voisin un commandant en retraite de l’armée française qui me récitait, sur un banc que nous partagions, de nombreux textes de Virgile et Cicéron, etc… appris par coeur 5O ans auparavant . Pourtant, selon Michel Serres, l’invention du livre imprimé dès la Renaissance aurait pu rendre obsolète cette pratique pédagogique de connaissance des textes anciens beaucoup plus tôt? A l’opposé mes petits enfants qui sont nés avec la pratique de ces nouveaux supports sont incapables de me la transmettre:  » Grand-père, ne réfléchis pas, c’est intuitif »! –« Ah! bon »?

      2. Avatar de G L
        G L

        Le changement est rapide mais l’adaptation très très lente.

        Quand j’étais en fac – années 60 – j’avais l’impression que l’Université ne s’était pas encore adaptée au fait qu’il existait plein de livres traitant des même sujet que les cours. On commençait tout juste à avoir des cours polycopiés mais ils étaient pleins d’erreurs…

        En lisant Umberto Eco j’ai réalisé le choc qu’a du causer l’imprimerie à ceux qui ne connaissaient que les manuscrits. Internet étant arrivé après la télé, la radio, le téléphone, le cinéma et la photo on en a été moins surpris mais ça n’implique pas du tout qu’on s’y soit adapté.

  19. Avatar de Michel Gaillard
    Michel Gaillard

    La pause vient là : la sensation d’avoir le temps suivi du phénomène de libération des ressources mises en oeuvre pour lire le journal. Or, avec les objets numériques, ces deux aspects, n’existent tout simplement plus.

    Drôle de phrase, mais je la comprends.
    Pas assez organisé peut-être ? Je sais personnellement fort bien user de 2 minutes ou de 2 heures, avec les gradations potentielles en fonction… Que ce soit avec un gros journal, un interlocuteur ou Internet. Peut-être êtes vous rassurés de pouvoir rester enfermé dans une structure donnée. « Le Monde », pour dire votre couleur..
    Bref, me semble que votre idée de système fermé a bien été explorée… Nous tous coincés dans une incarnation qui porte autant vers la quête infinitésimale qu’au jeu serré et technique à l’intérieur d’un système fermé : musique tonale, échecs, maths, etc… systèmes-occupations-réponses à ce que je ne sais plus qui disait : « la tranquillité d’esprit ne fait pas partie des droits de l’homme ». Avec ces systèmes limités nous en sommes venu à user moins mal – ensembles – cet espace intérieur. Un espace intérieur aujourd’hui potentiellement abreuvable à toutes les sources possibles simultanément.
    D’ou des questions (nous éloignons nous trop de la source au risque d’affaiblir notre potentiel physique, notre équilibre ?).. et des nécessités nouvelles, ( distinguer le signifiant du non pertinent par exemple, etc… )
    Ce qui amène à l’évolution des habitudes de lectures, qui constitue aujourd’hui une problématique passionnante. Dans la continuité, pour aller très vite – dessins, symboles… puis lecture à haute voix jusqu’à, disons Saint Ambroise, et ensuite dans la tête, avant l’explosion de la drogue des mots permise par les premières presses. Avec le web quelque chose est en train de nous dépasser. On peut parler du fait que les gens vont chercher une info qu’ils ont déjà bien cernée par exemple… Que c’est tout mélanges : images, dessins, Giffs, liens… Ou de l’utilisation incroyable du CTRL F… De la bêtise incroyable que Google est en train de faire émerger… Mais je n’ai pas le temps je dois me barrer. Bon We

  20. Avatar de juannessy
    juannessy

    Il me semblait que c’était un peu le sujet d’un lien indiqué le 9 avril par Paul Jorion via Tweeter : « à quoi ressemblera votre journée type dans le futur ? »

  21. Avatar de juannessy
    juannessy

    Il y aurait donc un marché pour les aspirants à une retraite , sinon la retraite . La France n’est pas mal placée pour ça , dans le sud en particulier :

    http://lieux-de-retraite.croire.com/region/13-languedoc-roussillon.html

    Je connais dans ces coins là , pour y avoir passé une demi journée , , si vous n’avez pas peur des popes serbes qui bien que pacifiques sont des moines soldats :

    http://www.photo-frerejean.com/skite_sainte-foy.htm

    ( musique terrible dans la deuxième vidéo )

    D’ailleurs , un peu dans les mêmes coins , dans un coin paumé qui s’appelle Branoux les Taillades , il y a les restes abandonnés ( squattés par des âmes perdues ) , d’un asile pour remise dans le circuit d’addicts de la drogue , dit asile Albert Clovis Arbousset ( qui existait dès 1895 , une sorte de San Patrignano avant la lettre , en plus vaste ) qui constituait un ensemble bâti extraordinaire , reconversion d’un ensemble d’une dizaine de maisons et castels du XI ème siècle . A ce qu’on m’a raconté , le tout est abandonné et déserté depuis plus de 15 ans .Je crois que la totalité du site est à vendre .

  22. Avatar de Steve
    Steve

    Bonjour à tous
    Il me semble que le coeur de la question est le rapport au temps et à la durée. Ce n’est pas nouveau: la première phrase du talmud est: « A partir de quand …. « suivent quelques milliers de pages! » J’ai beaucoup lu dans les commentaires les sempiternels « avoir du temps » ne pas avoir le temps » prendre son temps perdre du temps etc….C’est tout de même surprenant cette non- conscience de l’impossibilité de posséder le temps ou même de l’appréhender physiquement.
    St Augustin disait que si on ne lui demandait pas ce qu’est le temps il le savait mais qu’à partir du moment où on lui demandait de l’expliquer, il ne savait plus. Bergson interrogé sur la durée répondait: il faut que le sucre fonde ( dans la tasse de café) ce qui nous ramène à la question première de la pause café avec ou sans lecture exhaustive….
    Lorsque j’ai expérimenté le travail à la chaîne en usine avec pointeuse et tout, j’étais inséré en tant que mécanisme partiel dans une suite de processus – voir les temps modernes de Chaplin- c’était abrutissant au sens propre du terme et inhumain donc…
    Ensuite j’ai été valet de ferme quelque temps, le premier jour j’ai demandé au métayer « combien de temps on a pour la pause déjeuner le matin ? »- avec l’expérience de l’usine en arrière plan comme référence- Il m’a regardé comme si j’étais un imbécile fini et m’a répondu simplement  » Ben y faut le temps qu’y faut! »
    Ce n’est pas une tautologie plouc c’est une réponse très très cultivée qui suppose responsabilité et culture pour la jauger. Il m’a bien fallu 20 ans pour comprendre la profondeur de cette réponse!
    Je crois donc que c’est bien parce que D. Rambaud n’a pas de rapport au temps très personnel qu’il est borné dans ses pauses par des questions techniques: n pages du journal, n centilitres de café ou autre. Si l’objet devient illimité, il ne sait plus prendre le temps qu’il faut, c’est à dire pas plus pas moins.
    Mon métayer était un homme de culture, ses héritiers n’ont plus de rapport à la culture mais à l’exploitation agricole ( faute de syntaxe très révélatrice de la société dominante) il ne savent donc plus comme M. Rambaud quel est le temps qu’il faut pour accomplir quelque chose, pause ou tâche.

    Une dernière précision, « Y faut le temps qu’y faut  » n’a bien sur rien à voir avec cette sottise absconse, mais qui impressionne toujours les cons par sa fausse profondeur  » Il faut donner du temps au temps » qu’affectionnait Mitterrand , qui était d’ailleurs toujours en retard!
    Cordialement.
    Steve

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Je suis d’accord avec le métayer mais aussi avec le caporal chef :

      https://www.youtube.com/watch?v=w0-A06KKzy0

    2. Avatar de GUDULE
      GUDULE

      @steve
      je cite « .C’est tout de même surprenant cette non- conscience de l’impossibilité de posséder le temps ou même de l’appréhender physiquement. »

      oui je suis d’accord c’est trés surprenant et c’est effectivement lié à la conscience que l’on a du temps et donc à notre rapport au temps en conscience,

      je cite « Y faut le temps qu’y faut » n’a bien sur rien à voir avec cette sottise absconse, mais qui impressionne toujours les cons par sa fausse profondeur »

      Exact, excellente réponse du métayer, lucidité et bon sens !

  23. Avatar de juannessy
    juannessy

    j’ai un copain vietnamien mais d’origine chinoise , qui m’expliquait qu’ aujourd’hui encore, ayant été allaité au mandarin , en dépit de plus de 40 ans de pratique parlée ou écrite de la langue française , il se surprend toujours ( et j’imagine qu’il en est de même de tous ceux qui ont l’arabe comme langue maternelle ) , à feuilleter les albums de photos de la fin vers le début , car dans son pays c’est ainsi qu’il classait ses photos familiales .

    Je me demande comment il consulte les fichiers de photos sur son ordi .

    1. Avatar de Juannessy
      Juannessy

      Correction :

      pas vietnamien , cambodgien , et je n’aurais pas du hésiter , car son histoire est extraordinaire et relativise nos prises de tête . Il est réceptionniste d’une atelier de réparation Peugeot et c’est à ma 206 que je dois d’avoir  » pris le temps  » ( et lui aussi ) de faire connaissance au grand dam ( mais pas trop) des deux rombières qui faisaient la queue .

      Son grand père était un mandarin Han en Chine du sud , et s’est réfugié au Cambodge à l’époque Mao . Son père né au Cambodge donc , a épousé une vietnamienne . Ils ont eu 8 ans dont lui le benjamin . Tous ont été assassiné par les khmers rouges de Pol Pot sauf lui qui à 17 ans a pu trouvé refuge en …France il y a quarante ans . C’est un homme charmant et sa femme et ses enfants l’adorent et s’apprêtent à l’accompagner dans un proche voyage pour revoir sa maison familiale au Cambodge ,, qui existe toujours mais appropriée par deux familles du coin depuis trente ans .

      Il est aussi très compétent et efficace dans son boulot et beaucoup de clients ne vont chez Peugeot que parce que c’est lui qui les accueillent . C’est ainsi que j’ai appris avec lui à l’heure de presse maxi ,démonstration écrite sur une facture à l’appui , comment en mandarin un point mal situé sur un signe change complètement le sens et la nature du mot , alors que nous , qu’on lise INFINI avec ou sans points , on comprend immédiatement ce dont on parle .

      Enfin presque .

      J’envie en lui cette capacité à marier sans effort et d’un même mouvement , le temps fonctionnel-utile et le temps souriant de la culture et de l’échange . Nous nous sommes découvert en commun le goût des journées pleines et du sommeil réparateur à notre mesure .
      Et l’amour de la France quand elle offre la paix , même si , comme écrivait Yvan Audouard :

       » Autant que d’un pays où vivre , j’ai besoin d’un pays où revenir  » .

  24. Avatar de chabian
    chabian

    Oui, j’ai trouvé très subtil ce petit moment d’introspection (et suis très étonné de la réaction de PJ et quelques autres). J’ai vu le journal redéposé, la spirale de mousse à la surface du café, j’ai entendu le chant d’un oiseau et deux hauts talons que quelqu’une faisait claqueter, j’ai pris du recul sur l’immédiat. Je souffre effectivement terriblement avec le numérique car un effet de boulimie me menace : lire, puis surfer, puis lire, puis commenter, puis mes trois boites à courriers. Je dois, après avoir pris la photo, regarder volontairement le tableau ou le monument (jadis, j’achetais les cartes postales, souvent meilleures et moins chères qu’une photo). Dès que j’ai une pause… je pense a consulter l’ordi, à nager dans l’infini ; je suis comme une éponge à informations. Notons que j’en ai besoin (me nourrir d’infos au lever) pour prendre de la hauteur sur l’immédiat morne du réel, les miettes de pain, la cuiller qui manque, le café déjà froid. J’ai toutes les peines du monde à me mettre à travailler, écrire, etc., si je n’ai pas déjà une double ou triple méditation dans la tête qui me permet de n’être l’esclave ni de l’une ni de l’autre.
    Le coût et la rareté des choses (pellicules, journal) leur donnait un prix. La gratuité des choses leur donne une urgence, une nécessité. à ce prix-là, il faut en être occupé, envahi. (et pour certains, se prendre en selfieu !) Le futile, l’agressif envahit notre temps et notre espace, les bonnes infos qui m’intéressent (pourtant bien plus nombreuses et accessibles) se perdent dans une immense botte de foin, telles des aiguilles ou des perles. ‘La Libre.be’ m’annonce sur le net que Colmant déclare les pensions impayables (l’invité du samedi). N’ayant accès qu’à un paragraphe, j’achète le journal : j’ai un deuxième paragraphe, mais la suite est désormais réservée aux abonnés du web !
    Beaucoup de nostalgie dans cela ? Non, une hygiène de vie et de pensée qui change de contexte.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Ces moments d’individualité appelaient aussi en balance un rôle plus respecté du collectif : les élections et les votes notamment.
      Voter se résume maintenant à voir si nos réactions collectives, imparfaitement synchronisées, font osciller les cotes des candidats un peu plus vit ou un peu plus fort que prévu.
      Pas à soupeser si le programme a vraiment un sens en regard de ce que le journal vous a rapporté.

  25. Avatar de Guy Leboutte
    Guy Leboutte

    Ce qui m’étonne dans ce billet, c’est que le mot « lien » n’y soit pas. C’est l’infini des liens en ligne qui à moi me donne le tournis. Mais je réagis pareillement dans une librairie ! Une libraire de dimension moyenne, c’est déjà l’infini.

    Il y a, en-dehors de l’informatique, un constat tout à fait général: plus nous avons de machines de toutes sortes à faire les choses plus vite, plus le sentiment de manquer de temps s’est répandu.

    C’est aussi une observation que les gens de la campagne pouvaient faire à la ville il y a longtemps. Dans son livre de souvenirs, tout à fait charmant, Une soupe aux herbes sauvages (1977), Emilie Carles raconte sa première journée à Paris en 1916. Elle avait l’impression que les gens qu’elle voyaient en rue « venaient d’apprendre que leur maison était en feu », tant ils se dépêchaient.

    Une conclusion provisoire est que chacun a sa façon de prendre son temps ou pas. Internet est sûrement un piège pour qui n’est pas attentif. Et pour votre pause du samedi, Damien, au moins vous connaissez la solution, et elle est simple: rachetez le journal !

    1. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      Votre remarque est intéressante et, en effet, je pense que le phénomène décrit existait autrefois mais sous une forme plus restreinte ( on pouvait par exemple passer pas mal de temps à errer dans le dictionnaire après, avoir cherché le mot désiré ).

      En revanche, je pense qu’avec nos outils actuels, nous sommes en train d’atteindre une limite physiologique quant aux possibilités du corps d’ingurgiter de l’information en continu.

      Les stats de burn-out seront intéressantes dans les années à venir.

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Dis à l’envers, les ordi et internets n’ont pas besoin de mouliner plus vite que le début d’information utile de nos nerfs optiques.
        Il leur reste à disséquer notre « dynamique d’affect », mais Google a déposé depuis 2012 des brevets pour que les robots répondent à nos affects par ce que leurs filets dérivants pourront capter sur le « cloud ». (!)

      2. Avatar de GUDULE
        GUDULE

        @timiota

        google is watching us……………….A LOT !
        and google want to googelise us TOO !

      3. Avatar de Guy Leboutte
        Guy Leboutte

        J’ai une autre interprétation, ou intuition, pour le burn-out.

        C’est un peu long, bien qu’assez simple: http://condrozbelge.com/?p=3648.

    2. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      C’est la même interpretation que moi mais dit autrement. Dans les deux cas il s’agit d’un épuisement de la capacité d’adaptation suivie de l’épuisement des ressources ( pour nos exemples, les causes sont différentes mais ce schéma peut exister dans différents contextes ).

      « Il faut être un peu con pour faire un burnoutte » : oui, ou alors inconscient que nos ressources sont limitées…

      1. Avatar de Guy Leboutte
        Guy Leboutte

        Oui, oui, j’ai dit ça sur un mode polémique, parce qu’il faut bien que le salarié ne soit pas qu’une victime…

      2. Avatar de Damien Rambaud
        Damien Rambaud

        Excellent 🙂

  26. Avatar de roberto Man
    roberto Man

    Remise en perspective plus large? Et si, cette impression de finitude qui repose l’esprit provenait plus de la qualité de la médiation que du support?

    Entre l’information, les témoignages, l’analyse, la recherche, la connaissance et le lecteur, je dirais même plus, le « pauvre lecteur » que nous sommes, chacun, face à l’immensité grandissante des connaissances, nous avons besoin de médiateurs : les médias; Et les médiateurs traditionnellement sont les éditeurs : ceux qui décident de publier ou pas Paul Jorion en 2007 sur le thème des subprimes par example (!)

    Idéalement, si j’avais un « éditeur personnalisé » qui rechercherait juste l’information nécessaire, utile à mon développement, à mes projets : ce serait optimal… C’est un peu ce que google tente de nous proposer au coups par coups. Et il est probable que de nouveaux robots d’information vont investir ce créneaux.

    En pratique de nos jours il y une multiplication de médiateur à travers les blogs, qui rassemblent autour d’eux une colonie de « suiveurs » qui y trouvent leur compte et surtout avec lesquels un liens e confiance s’établit. Et c’est le cas de ce blog. Qu’il soit ensuite « consulté » sous forme de « newsletter imprimée » ou de blog revient en pratique a peu près au même, à mon humble avis.

    Face à la jungle informationnelle de la taille d’un univers, nous sommes tentés de reprendre l’habit du chasseur qui s’en va fureter et dénicher une perle informationnelle de ci de la, ce qu’on appelle la sérendipidité. Et le gout de la chasse peut parfois prendre le pas sur le sens de la quête, et comme toute passion manger toutes les ressources (intellectuelles!) du chasseur… d’autant plus si cette quête est alimentée par une angoisse plus ou moins profonde, plus ou moins consciente.

    Sauf que.. les neurones étant ainsi fait que plus on a d’information, plus cela se structure, il me semble qu’il y a a la longue un effet positif de cette perte d’NRJ dans l’infini. Comme si… il y avait.. transformation de cette perte en structuration profonde, petit à petit.

    Peut être pourrait on expliquer l’élévation du niveau général de cette manière? et.. ouvrir ainsi une fenêtre d’espérance pour the human race???

    (article récent du monde : ça y est… le junk food aux usa aurait de moins en moins de succès… example de la lente structuration que l’exposition tout azimut à l’information peut produire?)

    Ainsi personnellement je retrouve une forme de « finitude » en ayant une petite liste de blogs et sources d’information que je suis régulièrement, regardant le « menu » et choisissant de lire tel ou tel article.

    La tache m’est plus facile sur écran car lorsque je lis un article intéressant, je le stock en copie dans un dossier revue de presse mensuelle que je peux relire (cela m’arrive de temps en temps!). C’est un acte de mémorisation. La mémorisation repose sur la répétition.

    En conséquence,
    1) non je ne regrette pas le papier et ces kilos de « newsletter » a archiver dans lesquelles seul un pourcentage de pages avaient une utilité réelle d’archivage.

    2) La question de la finitude, du sentiment de complétude, d’harmonie en nous.. est une bonne question! merci de l’avoir posée dans cet article. Cela appelle un travail, une attention, une méthode, une responsabilisation et beaucoup de confiance mutuelle pour mieux partager l’information clé!? Et une bonne dose d’expériences et d’erreurs*… Hugh!

    [sourires ; jadis, je me suis engagé dans une longue quête d’un moulin alimenté en hydro elctricité (difficilement!) … et surtout (!) par la peur du manque d’NRJ!]

  27. Avatar de GUDULE
    GUDULE

    J’aime bien ces nouveaux moyens de communication que sont les smartphones et les tablettes et même les appareils numériques, par ce que m^me si au début comme beaucoup je me suis emballée j’a pris depuis du recul.j’apprécie beaucoup la quantité d information auquel cela donne accés et je prends toujours autant de temps pour faire une photo et je n’éprouve pas le besoin de mitrailler, je trouve tres pratique de pouvoir stocker sans trop d’encombrement toutes ces données.

    De plus , effectivement je peux cibler les sources d’informations et je trouve ce choix tres confortable, bien des blogs sont supérieurs au niveau de la qualité de l’information à ce qui nous est imposé dans les principaux médias. je me fais ma revue de presse perso avec mediapart, marianne, les echos, le figaro, le canard enchainé voire le nouvel obs, le monde je ne le lis plus depuis longtemps, je préfère médiapart ou marianne ou rfi pour pauser café.

    Etant de nature contemplative et active; J’ai en horreur la dépendance à tout ce qui est chronophage et j’ai UN BESOIN VITAL de passer du temps à pauser et contempler, un oiseau, un nuage qui s’étire, la mer,un papillon, les étoiles, peu importe, de plus j’ai la chance de vivre dans un joli village et je peux pauser en allant promener ma chienne (entre autre) ou en pratiquant un art martial, je bloque comme je peux des moments (trop brefs à mon gout) pour savourer le temps.

    Ces appareils , si pratiques et devenus si utiles voire indispensables sont nos nouveaux joujoux et ils sont des extensions et aussi des miroirs de ce que nous sommes mais ils peuvent aussi devenir des vrais pièges à mouche………..pour le plus grand bonheur des fabricants de joujoux electroniques…………………..
    ………..j’ai assisté dernièrement à un spectacle étonnant : je suis allée au cinéma et avant d’entrer dans la salle, j’ai vu une brochette d’une dizaine d’individus assis dans le hall d’attente assis sur un grand canapé tous le nez sur le smartphone , j’ai pensé au clip The wall de Pink Floyd………….gloups……………nous n’avons pas tous les mêmes contemplations…..de l’infini…………quand la pause deviens cage électronique comment fait on ?

    Sortir de la matrice ou plutôt ne pas y entrer ?
    Chacun son cloud ………….

  28. Avatar de lorca
    lorca

    Mon bureau a été cambriolé il y a un mois et mon ordinateur emporté par la même occasion. En attendant de le remplacer, j’ai gagné 15 jours de travail sans écran, sans internet, sans mail, etc… une révélation! une révolution! J’ai redécouvert la mono-tâche : le fait de me concentrer sur une chose et de l’achever avant de faire la suivante, etc… J’étais bien plus concentrée, bien plus efficace et bien moins fatiguée en fin de journée! J’ai aussi découvert que consulter ses mails une fois par jour suffit amplement. Essayez! Vous verrez!

  29. Avatar de octobre

    Les journaux sont comme des caniches bien tenus en laisse et la dévotion qu’ils ont pour leurs maîtres vaut l’infini.
    Maurice et Patapon, vous, je vous garde, mais comme avec l’idée d’un supra langage et parce que ça me permet de saluer Charb.

  30. Avatar de Jacques Seignan
    Jacques Seignan

    @ Damien Rambaud,
    Merci. Votre billet est remarquable et essentiel pour mieux comprendre ce que nous vivons en ce début de siècle. Beaucoup de réactions ici sont à mon avis le symptôme d’une résistance à admettre un asservissement volontaire et une illusion sur la volonté de nos choix dans une civilisation donnée.
    J’ai justement décidé une pause dans mes activités sur Internet. Je veux lire, je veux me « pauser ». Mais un jour ayant décidé que voulais essayer de n’avoir ni Dieu, ni maître, je ne veux pas m’imposer à moi-même des lois, donc je reprends mon clavier pour ce commentaire — car je suis un peu énervé par bien des commentaires à côté de la plaque.
    Je ne suis pas technophobe. Grâce à Internet je peux venir sur ce blog et communiquer avec vous. Jamais je n’aurais pu rêver d’une telle ouverture au monde et à autant de contacts avec autant de personnes passionnantes. Rêver à autant d’informations et à cet accès infini aux connaissances accumulées. Mais il y a bien un prix à payer pour les technologies nouvelles et vous le décrivez avec talent.
    Je fais partie (étant né en 1952) des dernières générations du monde d’avant. Pas de téléphone chez mes parents. Pas de télé avant 1967. Donc je n’ai nul mérite à savoir me « déconnecter ». Quand par exemple je marche pour une heure ou deux en forêt, je laisse mon téléphone ou si j’ai oublié de le laisser je l’arrête. Un jour il avait sonné et je me suis senti impoli au milieu de vieux chênes et de hêtres…
    En fait ce que vous décrivez pour les photos ou les infos avec les journaux, j’avais aussi commencé à y réfléchir dans un brouillon au sujet des expériences vécues dans des expositions ou les musées. Je me pose sans hâte devant un tableau, je lis son cartel et souvent, de plus en plus souvent, quelqu’un passe en me bousculant presque avec un smartphone, un appareil compact ou même une tablette pour photographier le tableau et ensuite le cartel. Cette personne, qui souvent n’est pas jeune, va donc passer en accéléré dans les salles au lieu de lambiner, de rêvasser, de voir et revoir, de revenir sur ses pas… Je suis saisi d’incompréhension. Vont-ils vraiment un jour chez eux « revoir » sur des écrans des tableaux qu’ils auraient pu contempler « en vrai » ? Comme vous le dites au lieu d’être confronté à la finitude — dans ce cas d’une exposition ou des œuvres d’un musée – et d’en garder la mémoire plus ou moins éphémère, éventuellement supportée par un catalogue (avec de belles reproductions), ils auront ainsi l’illusion de pouvoir la « refaire » à volonté et l’archiver quelque part et peut-être surtout « partager » (c’est-à-dire  » moi j’y étais ! je l’ai fait !« )… Devant les monuments, pareil : mitraillage de photos (et selfies) et puis hop, on se barre… Plus jamais ne prendre son temps !
    Tous ces moyens techniques extraordinaires (mais parfois superflus : au fond pourquoi mettre un appareil photo dans un téléphone ou un téléphone dans une caméra ? pourquoi devoir être joignable et connecté en permanence ?) nous sommes donc forcés de les acheter puis de courir avec. Le but : notre consommation (et notre contrôle aussi) mais surtout les profits extravagants de leurs producteurs et de tout l’univers GAFA (Google, Apple, Facebook , Amazon…). Comme souligné dans la citation finale de Denis Grozdanovitch : c’est « impropre pour le bonheur ».
    Il faut ouvrir les yeux et essayer de résister. Pour ma part, ce monde soi-disant « moderne » où on cherche à nous transformer en bonhommes Playmobil pressés (cf. la géniale BD de P. Jorion et G.Maklès : la Survie de l’espèce), je le conchie.

    1. Avatar de Damien Rambaud
      Damien Rambaud

      Merci. 🙂

      Ce que je crois c’est que nous avons à inventer l’usage raisonné de tous ces nouveaux moyens. C’est un problème compliqué. Il m’a fallu beaucoup de temps pour arriver à synthétiser tout ça dans ce billet ( pour cela j’ai discuté avec pas mal de monde et ce n’est qu’après avoir constaté que le problème se posait pour beaucoup que je me suis décidé à tenter de le publier ). On pourrait écrire tout un livre sur ce sujet.

      Vous avez connu « le temps » long ce qui vous permet de le retrouver car vous savez qu’il existe. Je me demande comment ceux qui ne l’ont jamais connu arriveront à gérer tout ça ( les enfants soumis très tôt à un déluge d’information auront certainement beaucoup de mal ). Dans ce sens, ce billet pose le problème mais ne donne pas les moyens de le résoudre. On peut toujours supposer que le même genre de billet aurait pu être écrit à chaque introduction d’une nouvelle technologie mais, cette fois ci, j’ai l’intuition que nous sommes en train d’atteindre une limite physiologique ( l’adaptation permanente et l’integration d’informations demandant des ressources qui ne sont pas, elles, infinies ).

      1. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        Oui Damien, c’est exactement ça : j’ai connu le « temps long ». Je pourrais deviner que c’est la raison pour la quelle Paul Jorion nous dit qu’il ne se reconnait pas dans votre texte car lui aussi, venant du temps long, il sait se limiter (sauf pour les pauses 😉 . Mais par contre s’il l’a publié votre texte, c’est sans doute parce qu’il pose parfaitement le problème (comme vous le dites) et peu importe si à ce stade on n’a pas en plus des solutions (sauf comme Gudule et moi par ex. de se balader en orêt sans téléphone :- ) ). Il faut y réfléchir, ne plus faire comme si ça n’existait pas !

      2. Avatar de Michel Lambotte

        Merci pour votre billet éclairant, moi-même j’ai connus le « temps long » né en 1949 et fils d’agriculteur.
        Il me semble que le clip de Stromae montre très bien le problème des limites de physiologiques.

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