Illustration par DALL·E à partir du texte
En écoutant de nombreux intervenants sur le thème de l’IA, j’ai remarqué que le mot « évolution » – qui a constamment résonné à nos oreilles au cours des dernières décennies – est rarement utilisé par les personnes impliquées dans l’utilisation ou la création des technologies de l’IA. Bien sûr, Ray Kurzweil l’utilise, tout comme Moustafa Suleyman.
Depuis quelques années, j’affirme que, d’une manière ou d’une autre, l’Homo Sapiens vit son dernier siècle. En supposant que nous survivions au déplacement en cours des pôles magnétiques et que le Soleil ne connaisse pas de micronova, en supposant que les systèmes nationaux d’intelligence artificielle n’entrent pas en guerre mondiale, en supposant que l’intelligence artificielle conduise à la santé et à la richesse pour tous, les humains de la fin de ce siècle auront peu de choses en commun avec les humains d’aujourd’hui.
Ce moment historique n’est pas une Renaissance, c’est un saut évolutif. Notre ADN contient des virus et nos cellules contiennent de l’ADN. Nos organes contiennent des cellules et nos sociétés contiennent des humains. Nos chiens et nos chats vivent avec nous et regardent même la télévision, mais ils ne peuvent imaginer l’ampleur des interactions à travers les réseaux de télévision ou l’internet. Pouvons-nous donc imaginer la vie d’une société humaine entièrement interconnectée avec des capacités d’IA massives ? Ou des individus migrant progressivement avec beaucoup d’autres à l’intérieur de systèmes d’IA, perdant peu à peu leur nature biologique ou échangeant à volonté leur corps contre celui d’un robot ? Pourrions-nous emmener nos animaux de compagnie avec nous ?
C’est le début de la fin, ou c’est le début de quelque chose de neuf.
En ce qui concerne cet état ultime d’organisation et d’intériorisation, notre condition actuelle est encore si immature que l’humanité dans sa forme actuelle (et bien qu’il n’y ait rien de plus « adulte » dans l’univers avec lequel, jusqu’à présent, nous puissions la comparer) ne peut être scientifiquement considérée comme rien de plus qu’un organisme qui n’a pas encore émergé du stade embryonnaire.
De sorte qu’en tout état de cause, qu’il soit personnellement centré ou a-centré dans sa forme éventuelle (nous pouvons laisser cette question ouverte), un vaste domaine de l’Ultra-Humain s’étend devant nous : un domaine dans lequel nous ne pourrons survivre, ou sur-vivre, qu’en développant et en embrassant sur terre, dans la plus large mesure, tous les pouvoirs de vision commune et d’unanimité qui sont à notre disposition. »
– Pierre Teilhard de Chardin, Sur l’existence probable, en avant de nous, d’un « Ultra-Humain » (Réflexions d’un biologiste) On the Probable Existence Ahead of Us of An ‘Ultra-Human’ (Paris, le 6 janvier 1950)
[P.J. Traduit de l’anglais : je n’ai pas retrouvé le texte original].
Has the Singularity taken place yet?
Paul Jorion, le 4 mai 2024 [4:10 ]
Illustration par DALL·E à partir du texte
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