Haut comité pour le futur du secteur financier en Belgique (retranscription)

Retranscription de Haut comité pour le futur du secteur financier en Belgique. Merci à Olivier Brouwer ! Ouvert aux commentaires.

Bonjour, nous sommes mercredi 29 avril 2015. Et je vous avais annoncé, dans la dernière vidéo que j’avais faite : le Temps qu’il fait de vendredi dernier, que j’allais vous parler de quelque chose qui se passerait aujourd’hui. Et effectivement, il y a eu une conférence de presse à midi au Ministère des Finances, en Belgique.

Et vendredi, je devais être encore sous le coup d’une certaine stupéfaction, parce que, vous le savez, sur le blog – le blog existe depuis huit ans maintenant – je vous ai souvent fait part de ma légère frustration du fait que, eh bien, nous discutons entre nous, nous avons un blog avec pas mal de monde qui regarde, très bonne contribution des commentateurs, mais aussi, très bons billets qui sont écrits par certains d’entre vous. Il y a des gens qui sont apparus comme cela, à l’horizon, et qui ont commencé par écrire pour le blog et qui sont maintenant des gens dont on entend parler, dont on connaît le nom. De ce côté-là, ça marche, mais, je disais : ça ne percole pas, je veux dire ces idées, il y a des élites qui nous dirigent, et puis, eh bien ça ne passe pas. La communication, en réalité, n’a pas lieu, alors pourquoi le faire, faut-il changer de style dans la manière dont on fait les choses ?

Alors, vous connaissez l’expression, « il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », il a suffi que je dise ça pour que je reçoive un coup de téléphone, qu’on me dise : « Le Ministre des Finances belge va vous appeler ». Et alors, au moment où il m’appelle, je ne suis pas tellement surpris, puisqu’on m’a annoncé que ça allait se passer, si ce n’est que c’est la première fois qu’un Ministre des Finances m’appelle – et en fait, eh bien, entre nous, c’est la première fois qu’un ministre tout court m’appelle pour me dire quoi que ce soit – et donc, le ministre me dit qu’il aimerait bien me nommer à un conseil de sages de huit personnes, en Belgique. Où se trouve l’ancien gouverneur de la Banque Centrale belge, des gens qui sont des autorités dans leurs domaines. Vous verrez la liste dans la presse : des gens qui ont travaillé au Fonds Monétaire International, à la Commission Européenne et ainsi de suite, et… moi. Bon.

Et la personne qui a proposé ma candidature, dans une conversation que nous avons eue, n’a pas caché qu’évidemment, ça ne s’était pas passé comme sur des roulettes pour me nommer à ce comité ! Il y a eu une certaine résistance, mais, voilà, ça se fait et je me trouve parmi ces huit personnes, à la demande du Ministre des Finances belge, qui n’est pas une personne qui représente, je dirais, sur l’éventail politique, exactement les mêmes positions que moi. C’est une personne qui se trouve à la droite, qui a été proposée au ministère des Finances par la droite dure à laquelle il n’appartient pas, mais bon, voilà, et c’est une personne, donc, qui m’appelle pour me demander de faire partie de ce comité.

Alors, dans la position où je suis, de me plaindre à la limite un peu amèrement, qu’on n’écoute pas ce que je dis, me proposer d’être – voilà, je vais vous lire le titre exact de cette chose. Ça s’appelle, parce que nous sommes dans un pays bilingue, alors on a donné un nom en anglais pour faciliter les choses, ça s’appelle : « The high-level expert group on the future of the Belgian financial sector ». Il y aura une appellation en français, et comme c’est un comité qui est calqué, en fait, sur un comité précédent, ça s’appellera sans doute de la même manière que le comité précédent, qu’on avait appelé : « Lamfalussy 1 », du nom de l’autorité en matière de finance qui avait été à la direction de ce comité qui avait, lui, siégé en 2009, et ça s’appelait : « Haut-Comité », voilà, « Haut-Comité ». Donc, ça s’appellera sans doute « Haut-Comité sur le futur (ou pour le futur) du secteur financier en Belgique ». Voilà.

Nous avons eu déjà, avant la conférence de presse à midi, une première réunion. Nous sommes huit personnes qui allons réfléchir et déposer un rapport à la fin de l’année sur ce qu’il faudrait faire dans le domaine du secteur financier en Belgique. Et nous avons déjà couvert, en une heure et demie de discussions, pas mal de sujets possibles.

Est-ce que ça veut dire que mon opinion conduira à des décisions importantes ? Non, parce qu’il n’est même pas certain que les conclusions du comité soient adoptées par le Ministre des Finances, et par le gouvernement, etc. C’est le sort de tous ces comités, c’est que ça dépend encore ensuite de la classe politique que les décisions soient prises ou non dans le sens de ce qui est recommandé. Mais ceci dit, nous allons, huit personnes – et je peux le dire, huit personnes qui connaissent bien la finance, pour ceux que je ne connaissais pas encore ce matin, eh bien, j’en ai eu quand même la confirmation – nous allons faire des propositions.

Alors, vous avez compris, il n’y aurait eu aucune raison que je dise non, en particulier puisque je me plaignais que ce genre de choses ne se produise pas davantage. Je vais participer à ça. J’aurai sans doute une voix dissidente, on m’a fait comprendre qu’on savait que je ne dirais pas la même chose que les autres, mais donc, il n’y aura pas de surprise, il n’y a pas de malentendu. C’est pour ça qu’on me nomme à ce comité, pour entendre quelque chose de différent de ce qu’on entend d’habitude. Alors voilà, je vais faire le boulot le mieux possible.

Je ne pouvais pas vous en parler avant la fin du blackout qui était donc aujourd’hui à midi. Voilà, je vous communique cette information. On verra.

On verra : on sait, ces gens-là savent que je parle de ce que je fais dans la vie, j’en parle sur mon blog, et donc, il n’y aura pas de surprise. Si on me dit que telle information est absolument confidentielle, bien entendu, c’est la moindre des choses, je laisserai cette information à son statut de confidentiel et je ne vous en parlerai pas. Mais sinon, eh bien, je garderai ma liberté, comme je le fais depuis huit ans ici en continu dans la même direction.

Voilà. Et merci pour votre soutien, ça fait plaisir. À très bientôt !

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  1. @ Ruiz, Un savoir c’est l’ensemble des connaissances/informations acquises par une personne ou une collectivité via l’étude, l’observation, l’apprentissage et/ou…

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