Ma signature du texte Brexit : vingt intellectuels eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité, un récapitulatif

Quand on m’a proposé l’autre jour de m’associer à un appel pour une reprise à nouveaux frais du projet européen : Brexit, vingt intellectuels eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité, j’ai fait ce que je fais toujours dans un cas comme celui-là : j’ai regardé qui me l’envoyait, ce que ça disait, et qui d’autre signerait. La combinaison m’a paru favorable et j’ai donné mon accord : j’avais eu antérieurement d’excellents rapports avec la personne qui me contactait, le texte n’était pas celui que j’aurais écrit personnellement sur le sujet mais ce n’est par nécessité jamais le cas pour quelque chose qu’on n’écrit pas soi-même, la question est seulement de savoir s’il existe une proximité suffisante avec ce qui se serait trouvé sous sa propre plume, et la combinaison des signataires m’a semblé intéressante : voilà un certain nombre de personnes prêtes à rassembler leurs efforts même si leurs cosignataires ne sont pas ceux qui leur seraient venus spontanément à l’esprit pour rédiger un texte commun, des hommes et des femmes de bonne volonté.

Or voilà que Zébu, contributeur habituel et de longue date du blog, l’entendait autrement : pour lui ma signature était une erreur fatale et il fallait que je fasse machine arrière : que je me dissocie de l’appel. Il m’envoya un long texte que vous avez pu lire ici : Une manœuvre grossière mais habilement menée, texte que je publiai volontiers bien qu’il m’y attaque assez brutalement : je voulais mettre la question aux voix, entendre les arguments des uns et des autres, je répondrais ou non à sa requête de reniement quand tout ou presque ce qui pouvait être dit à ce sujet aurait été entendu.

J’avais ouvert le billet de Zébu aux commentaires et je suis intervenu dans la discussion. À l’issue du débat, je ne vois pas de raison de revenir sur ma décision de m’être joint à l’appel. J’ai lu les arguments des uns et des autres, le fait qu’une majorité semble approuver ma position n’a pas joué un rôle décisif, mais bien plutôt, je pense et j’espère que c’est effectivement le cas, la logique à l’œuvre dans les différentes démonstrations.

Il y a bien entendu des témoignages qui me sont irrecevables, non pas par principe mais parce qu’il doit s’agir ici de raisonnements et que des arguments inspirés simplement par la fureur d’un antiaméricanisme primaire ou d’un sentiment antirusse d’une égale violence, relèvent uniquement de l’affect pur et sont motivés seulement par un tempérament qui est le vôtre ou qui ne l’est pas, plutôt qu’à ce qui s’apparente à la raison.

Un des arguments de Zébu est lié à la personne d’un des cosignataires : Jacques Sapir, dont ce n’est pas médire que d’affirmer qu’il apparaît souvent depuis quelques années en France comme le porte-parole officieux de Vladimir Poutine. La question qui se pose alors est celle-ci : sa signature contamine-t-elle tout texte au-dessous duquel on la trouve en faisant de celui-ci peu ou prou de la propagande en faveur du gouvernement russe ?

Ce qui pourrait donner du poids à cette hypothèse est le fait incident que j’ai été interviewé peu de temps après la publication de l’appel par RT en français, le site en ligne émanation incontestable car benoîtement assumée, du régime en Russie. J’ai signalé que j’avais le sentiment pendant tout l’entretien que j’étais interrogé par France Info, station parmi celles qui me consultent. La personne qui m’a appelé n’a certainement pas dit qu’elle représentait « RT en français », sans quoi j’aurais décliné, comme je l’ai fait déjà à plusieurs reprises avec une personne qui m’écrit régulièrement me demandant que je m’exprime sur Radio Sputnik, elle a dû dire « France RT ». Les personnes qui m’appellent sur mon portable sont en général des personnes avec qui j’ai préalablement conversé par mail et à qui j’ai donné ensuite mon numéro. Ce n’est sans doute pas la personne de Radio Sputnik qui lui aura donné mon numéro car nous n’avons jamais échangé elle et moi que par mail.

Pourquoi ma résistance à parler à RT en français ou Radio Sputnik ? parce qu’il s’agit non seulement d’organes de propagande mais aussi et surtout parce qu’ils ont choisi de soutenir activement en France le nec plus ultra de l’extrême-droite haineuse et vociférante. Le fait que mes propos n’aient pas été déformés est certainement positif mais de peu de poids face à cela.

Ma signature de l’appel, et l’opposition résolue de Zébu à ma signature ainsi que son désir que je revienne sur mon accord ont été l’occasion, comme je l’ai dit dans un billet où j’appelais à participer au débat : Europe : La traduction de l’implicite en explicite est impérative, de faire venir en surface le non-dit de nos discussions ici sur le blog, pour qu’il puisse être examiné et analysé en toute connaissance de cause, soit le programme auquel je me tiens de manière générale : poser les questions qui ne sont pas posées ailleurs et faire éclore ainsi les réponses qui ne risquent pas du coup d’être offertes.

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