Grèce : L’INDÉCENCE AU PLUS HAUT SOMMET, par François Leclerc

Billet invité.

Une nouvelle réunion de l’Eurogroupe aura lieu aujourd’hui, précédant une rencontre au sommet mercredi prochain à Berlin entre Angela Merkel, Christine Lagarde et Jean-Claude Juncker. Seul un « pré-accord » pourrait être atteint, énième habillage masquant les désaccords subsistant à propos de la Grèce, qui impliquent sans garantie d’y parvenir de conclure à l’arraché.

Le gouvernement grec exclu de cette réunion que l’on n’ose plus appeler de la dernière chance, on ne pouvait mieux symboliser que les désaccords sont entre les créanciers… Un accord impliquant la BCE, qui inclurait dans son programme d’achats de titres les obligations grecques et favoriserait son retour sur le marché, n’est quant à lui toujours pas d’actualité car il supposerait le reste résolu.

De nombreux paramètres sont en jeu. Dont le montant de la participation financière du FMI, qui pourrait être revu à la baisse, ses prévisions économiques pour la Grèce, qui seraient revues à la hausse, la durée de la période où un excédent budgétaire serait imposé et son montant, et une sélection révisée à la baisse de nouvelles mesures budgétaires imposées en conséquence. Les ingrédients du cocktail ne font pas défaut et toutes les recettes sont essayées.

Tout tourne autour de la « volonté politique » d’aboutir. Et le jeu consiste à faire semblant de croire qu’elle est acquise. Ce qui l’est, en réalité, c’est qu’un défaut de la Grèce sur sa dette en juillet, à la veille des élections allemandes, n’est pas exactement ce qui est recherché. Et que personne ne souhaite porter ou même simplement partager la responsabilité de cette issue. Même Wolfgang Schäuble met de l’eau dans son vin, qui « part du principe » que le FMI va rester partie prenante du dispositif de soutien de la zone euro.

Les Grecs se battent pour vivre au quotidien depuis sept ans face à la réduction de leurs revenus et les dettes accumulées. Les cotisations sociales, taxes et impôts augmentent au rythme des examens des finances publiques des experts de la Troïka, puis du Quartet. La somme totale des dettes dépasse 240 milliards d’euros, soit 133% du PIB, dont 45% sont des prêts bancaires non remboursés. Le taux de chômage avoisine toujours 25% et des dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises, qui étaient le moteur de l’économie, ont fermé. À la hausse des impôts et taxes se sont ajoutés la réduction du salaire minimum, la suspension des conventions collectives, et des réductions successives des retraites. La population qui faisait tourner l’économie avec sa consommation n’en a plus les moyens…

Le jeu de massacre va-t-il continuer ?

P.S. : la scission est en passe d’être consommée au sein du Parti démocrate, la crise politique atteint l’Italie en plein.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. « Je m’efforcerais d’avoir un dialogue honnête et de rester fidèle à mes principes.  » kr kr kr

  2. L’ambigüité des intellos, ravis ou pas de faire sécession d’avec la pâte humaine mafflue et charnue … ?

  3. MARGARET ATWOOD (réfléchissant) C’est une vision charmante. Mais sa réalisation nécessitera une extrême prudence et prévoyance. Nous devons être des…

  4. MARGARET ATWOOD (levant un sourcil) Et qui décide de ce que doivent être ces cadres ? Les programmeurs ? Les…

  5. MARGARET ATWOOD (avec ironie) La question n’est pas de savoir s’ils le peuvent, mais s’ils le devraient. Quelles sont les…

  6. Un décor épuré et minimaliste avec de vastes fenêtres dévoilant un paysage urbain high-tech scintillant au-delà. Autour d’une table ronde…

  7. RENE DESCARTES (réfléchissant) Des points valables, tous les deux. Au minimum, nous ne pouvons pas rejeter la possibilité d’une véritable…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta