APRÈS LE CASINO, LA ROULETTE RUSSE ! par François Leclerc

Billet invité.

Les affaires ont repris leur cours comme si de rien n’était. Sur le marché des instruments financiers, les trackers ont la vedette, mais ils ne sont pas les seuls à prospérer. Dans cette vaste famille plus ou moins réglementée figurent également les contrats pour la différence (CFD), les warrants et les turbos. Ce n’est plus le casino, c’est la roulette russe ! Avec ces deux derniers, les spéculateurs les plus avertis peuvent s’en donner à cœur joie, et ceux qui le sont moins vite s’y brûler les doigts. À se demander ce que signifie « averti » dans un monde qui proscrit les délits d’initiés ?

Sur les sites financiers, on ne parle plus que de « dynamiser les portefeuilles » et « d’optimiser la performance ». Et l’effet de levier, qui permet de miser peu et de gagner (ou de perdre) beaucoup est particulièrement apprécié. Avec les turbos et les warrants, la spéculation est à très court terme, autorisant des paris d’une journée ou à quelques jours.

Le succès rencontré par les trackers et les CFD auprès d’un cercle débordant celui des investisseurs avertis ne se dément pas, conduisant les régulateurs à s’y pencher. Sans entrer dans le détail de ce qui les différencie, on peut retenir que ce dernier instrument a pour objet de capter la différence (la variation) d’un sous-jacent – action, indice, cours de matière première ou devise – sans avoir besoin de le détenir. Et il permet d’effectuer les paris aussi bien à la hausse qu’à la baisse (vente à découvert).

L’ESMA, le régulateur européen, va ouvrir en janvier prochain une discussion entre professionnels, dans l’intention de limiter les mises en plafonnant l’effet de levier, au vu des pertes subies cette année par les petits investisseurs. Il est question d’un plafond oscillant entre 5 et 30, loin des centaines que l’appétit du gain fait inconsidérément rechercher.

Bien entendu, les opérateurs des plate-formes où les opérations s’effectuent de gré à gré, comme IG Group, CMC Markets ou Plus500, combattent ce projet de réglementation réduisant la taille de leur business. Ils sont inquiets, car des restrictions de même ampleur du régulateur britannique FCA ont abouti ce mois-ci à une chute de 30% de la valeur de leur action.

Les spéculateurs sont insatiables, on s’en serait un peu douté. Et les régulateurs tentent de rendre sages des paris purement spéculatifs alors qu’il faudrait simplement les interdire, comme ils consentent à le faire provisoirement des ventes à découvert quand c’est trop chaud.

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