L’INSTABILITÉ N’EST PAS SEULEMENT FINANCIÈRE, par François Leclerc

Billet invité.

Les tractations relatives à la formation d’une grande coalition allemande se poursuivant, l’interrogation à leur égard a changé. Elle ne porte plus sur leur aboutissement, mais sur le résultat du référendum des membres du SPD qui vont être amenés à entériner ou rejeter un accord, s’il intervient dimanche soir. En attendant, Angela Merkel et Martin Schulz rivalisent de déclarations sur le thème que les négociations sont difficiles.

Les derniers sondages font état d’une nouvelle détérioration du score électoral du SPD, qui perd trois points et tombe à 18% des votes en sa faveur, confortant la crainte des dirigeants que si de nouvelles élections avaient lieu, elles se révéleraient catastrophiques pour le parti. Ils sont ainsi parvenus à un terrain d’entente avec leurs partenaires sur le regroupement familial des réfugiés, dont seule l’apparence masque leur recul. Vont-ils tromper ainsi leurs adhérents ? Mais les discussions butent encore sur le marché du travail, où les sociaux-démocrates réclament que le nombre des contrats à durée déterminée soit restreint, et sur la santé, où ils cherchent à obtenir une réduction des inégalités grâce au rapprochement des régimes privés et publics d’assurance maladie.

La faiblesse du score du SPD suscite une interrogation supplémentaire. La CDU-CSU restant stable dans les sondages à 33%, le total des voix de la Grande coalition au Bundestag atteindrait juste 51%, le point de la majorité supérieur à la marge d’erreur ! Des enseignements généraux des élections européennes ont déjà été tirés du résultat des partis sociaux-démocrates et de gouvernement. Un nouveau phénomène pan-européen va-t-il être constaté en Allemagne ? Après l’échec hollandais d’une grande coalition, devançant celui qui se présente en Italie, cette formule que l’Allemagne peut revendiquer comme sienne pourrait ne plus y fonctionner ! Les grandes coalitions ne sont plus automatiquement des solutions de dernier ressort. À l’instabilité du système financier correspond dorénavant celle du pouvoir politique.

Luigi di Maio, le leader du Mouvement des 5 étoiles, qui a été porter la bonne parole la semaine dernière à Londres auprès d’un cercle d’hommes d’affaires britanniques en tiendrait-il déjà compte ? Il aurait à cette occasion évoqué la possibilité d’une super grande coalition, regroupant Forza Italia, la Ligue du Nord et le Parti démocrate, à laquelle le Mouvement pourrait se joindre. Des propos qu’il a nié avoir tenus. Après avoir longtemps tenu le rôle du diable qu’il ne faut pas fréquenter, la Ligue du Nord à laquelle s’est allié Silvio Berlusconi, et qui fait désormais jeu égal avec Forza Italia dans les sondages, pourrait se révéler bien plus déstabilisateur au sein de la zone euro. Le Mouvement des 5 étoiles a abandonné son projet de référendum sur l’appartenance à celle-ci et fait savoir que la question n’était plus d’actualité. Tandis qu’au sein de la Ligue du Nord, les propos anti-européens sont très répandus.

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