À propos de votre « coup de gueule », par Alexis Toulet

Pour faire suite à votre « coup de gueule » contre les personnes qui font une comparaison favorable de Trump avec Clinton, je dirais qu’une différence essentielle entre eux est la compétence. Non que Clinton soit nécessairement spécialement compétente, c’est plutôt Trump qui est tout spécialement incompétent.

D’où sans doute son bilan de politique étrangère après trois ans de mandat, où il n’a réussi ni à mettre fin à l’engagement militaire américain en Irak, ni même en Afghanistan, alors même qu’il avait assuré pendant sa campagne qu’il « ramènerait à la maison » les troupes.

Et le pire : avoir cassé l’accord de 2015 avec l’Iran avant de placer ce pays sous un quasi-blocus économique l’empêchant pratiquement d’exporter son pétrole, appauvrissant gravement sa population, sans laisser aucune porte de sortie à ses dirigeants sinon une reddition complète, les incitant donc voire pratiquement les forçant à monter les tensions – attaques contre les pétroliers, attaque sidérante contre la raffinerie d’Alqaiq en Arabie saoudite le 14 septembre dernier neutralisant d’un coup 5% de la production mondiale de pétrole – dans l’espoir de faire cesser le blocus.

L’assassinat de Suleimani est un nouveau palier dans l’incompétence. Les optimistes, dont je suis, diront que les Etats-Unis et l’Iran jouent le déclenchement d’une guerre ouverte entre eux à la roulette russe : avec une balle dans le barillet. Ce qui reste, bien évidemment, très dangereux. Les pessimistes parleront plutôt de cinq balles…

L’argument de l’optimisme, c’est que l’effroi devant les conséquences potentielles de l’élimination de Suleimani est ressenti par beaucoup, y compris sans doute les dirigeants iraniens qui ont réputation de rationalité et de souci du long terme. Ce qui pourrait les inciter à diriger leur inévitable riposte contre une cible n’ayant que peu de chance de convaincre Trump d’escalader encore plus haut, par exemple l’Arabie saoudite que ce soit ses installations pétrolières comme le 14 septembre ou ses dirigeants, puisque Trump ne réagit visiblement qu’en cas d’attaque contre des citoyens américains ou une ambassade américaine.

Les arguments du pessimisme, c’est que même des dirigeants beaucoup plus réfléchis que Trump, comme les dirigeants iraniens, ne sont jamais que des hommes. La rationalité parfaite n’existe chez personne, du moins pas à temps plein. Le général qui vient d’être tué était en pratique le N°2 du régime iranien, juste derrière le guide suprême Khamenei. Si dans les semaines ou les mois qui viennent, le N°2 du régime américain c’est-à-dire le vice-président Pence est visé par une tentative d’assassinat, ou même si c’est seulement quelque général américain haut placé qui est envoyés ad patres par un drone iranien qui passait par là, j’imagine mal Trump ne pas grimper encore plusieurs barreaux de l’échelle d’escalade…

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