Dans le cadre du cours d’anthropologie interculturelle que je donne à l’Université catholique de Lille, j’ai cherché à transmettre dans deux leçons ce que j’avais retenu de l’enseignement de l’islamologue Armand Abel (1903-1973), dont j’avais suivi les cours dans les années 1960.
Retranscription de la seconde leçon, donnée à Lille le 19 décembre 2020
Armand Abel
J’avais dit la fois dernière que, pour ce qui est de l’Islam, mes connaissances me viennent à l’origine de mon professeur d’islamologie Armand Abel. C’était donc à l’Université Libre de Bruxelles dans les années 60. Il était déjà assez âgé. Je crois qu’il a pris sa retraite pas très longtemps après que j’aie eu encore l’occasion d’avoir de ses cours. C’était une autorité très respectée dans ce domaine. Il avait créé en particulier une école réputée internationalement sur l’Islam et je vois, quand on regarde sa notice sur Wikipédia, il y a une notice en particulier en farsi, donc en persan, et en arabe, ce qui signale une personne qui est reconnue aussi dans le monde de l’Islam.
Il y a un livre de lui sur le Coran spécifiquement, que j’ai relu. Il avait publié un autres livre, que je vous montre : « Le monde arabe et musulman ». Vous voyez [le livre est grand], c’est ce qu’on appelle un « beau livre ». Il y a énormément d’illustrations. Ce qui est intéressant, c’est de voir que c’était un livre distribué aux enfants des écoles comme un prix, pour la distribution des prix en fin d’année. C’est un beau livre. Il date de 1968.
Cela dit, évidemment, il s’est passé beaucoup de choses dans le rapport entre l’Occident, anciens pays colonisateurs le plus souvent, et le monde musulman depuis.
Le Coran
Je vous rappelle en deux mots ce que j’avais pu dire la fois dernière. L’étude du Coran par Armand Abel est une étude de texte mais c’est aussi une étude historique : il situait l’Islam dans son contexte historique et, en particulier, dans le cas du Coran, dont le texte publié est rédigé en mettant au début les sourates les plus longues et en descendant, si vous voulez, vers les sourates les plus courtes. Ce n’est pas l’ordre historique qui, de cette façon est entièrement brouillé.
Ces textes sont venus à Mahomet comme il le dit comme une révélation par l’Archange Gabriel d’un message venant directement du Ciel. Nous savons par ailleurs la chronologie : par les nombreux récits de l’époque et par des indications en fait de type historique qui sont dans le texte lui-même et qui apparaissent à la lecture. La tradition dit par exemple : « Ceci, c’est une révélation qui est venue à Médine, cette autre à La Mecque » et que nous connaissons les pérégrinations de Mahomet. Si nous le voulons, nous pouvons donc les intégrer pour en faire un récit dans son ordre chronologique. Ce qui est sans objet bien entendu si nous y voyons une révélation divine : l’ordre chronologique n’a de sens que dans une perspective historique.
Et là, nous voyons la succession de deux époques. Il y a l’époque où les premières sourates sont en fait des textes assez poétiques et qui respectent, je dirais, ce cadre général d’être des messages de Dieu adressés aux hommes, des textes poétiques dans la mesure où il y a beaucoup d’assonances, où il y a une tentative véritablement d’en faire un texte à réciter, agréable à prononcer et à entendre. Ensuite, à mesure que le projet échoue d’une certaine manière parce que le projet, je vous le rappelle, il est le suivant, et c’est dit, ce n’est pas une interprétation : il s’agit de créer une nouvelle religion qui sera celle de tous les enfants d’Abraham (je vous rappellerai pourquoi « les enfants d’Abraham »), et ce projet échoue parce qu’il y a résistance de la part des deux autres groupes qui devraient être inclus, c’est-à-dire les Juifs et les Chrétiens.
Comme je vous l’avais signalé, les Juifs et les Chrétiens, d’abord, attirent l’attention sur des anomalies, sur des erreurs, la confusion par exemple quand il est question de Marie, à la fois de la mère du Christ et aussi de la sœur d’Aaron et de Moïse, une interprétation de la Dernière Scène comme étant en fait une table descendent littéralement du ciel, ce qui n’est pas l’interprétation dans les Évangiles où il s’agit du dernier repas du Christ et des apôtres. Il y a aussi, dans le texte du Coran, une anecdote attribuée à Moïse alors qu’elle est bien connue dans le monde qui est celui de Mahomet mais dont on sait que c’est en fait une anecdote historique qui porte sur Alexandre le Grand et pas sur Moïse.
Tout ça devient une source de quolibets de la part des théologiens juifs et chrétiens, qui posent alors des questions plus précises sur la conception qui qui apparaît dans le Coran, le mot voulant dire « Récitation ». Il y a en particulier, il y a une différence d’ordre théologique très essentielle. Le dieu de Mahomet est un dieu tout-puissant dont il est lui le dernier prophète : il est « le sceau de l’Islam », qui scelle, comme quand on dit de quelque chose que cela a scellé un destin. Dans cette conception-là, il est très difficile d’intégrer l’idée d’un Jésus-Christ qui serait, lui, une autre incarnation de ce même dieu. Ça ne colle pas, d’où l’apparition dans le Coran d’un passage où il est expliqué que le Christ n’est pas vraiment mort sur la croix, qu’il y a eu substitution, etc., des arguments qui apparaissent comme des moyens de contrer de manière dogmatique les objections de théologiens, chrétiens dans ce cas-ci.
Donc, au départ, un texte assez poétique et qui donne des injonctions, d’ordre éthique à la communauté : comment régler la question de la Zakât, de la charité, du don qui doit être fait, de l’aumône pour la communauté, et par ailleurs, à mesure que les textes sont plus récents, c’est-à-dire apparaissent dans la suite, les textes deviennent de plus en plus polémiques à l’égard des Chrétiens et des Juifs (et je vous donnerai des exemples assez précis – je terminerai avec ça) et ne cherchant plus à réfuter, mais à faire taire. On trouve alors dans le texte, des réassurances adressées à Mahomet par Dieu disant en substance : « Ne te laisse pas impressionner par tes adversaires parce qu’en fait, c’est ma parole à moi, c’est la parole de Dieu dont tu disposes », c’est-à-dire de remplacer l’argumentation, la tentative de convaincre, par un argument d’autorité.
Donc, ensuite, des versets qui sont plus polémiques, qui continuent d’apporter des précisions sur la vie éthique, sur la vie quotidienne, mais qui deviennent de plus en plus tatillonnes, c’est-à-dire sur des points de détail si on veut et les textes sont des textes polémiques qui tentent vis-à-vis des autres partie, de simplement « les remettre à leur place ».
En résumé donc, les nouveaux versets polémiquent avec les autres communautés, voire leur sont carrément hostiles, leur reprochant de ne pas manifester le bon sens de reconnaître qu’il y a, dans ce que Mahomet rapporte, le dernier message en provenance de Dieu et que c’est un message unificateur visant à l’union de tous les croyants.
La représentation du libre-arbitre dans le Coran
Dieu accorde le choix aux hommes entre les biens de ce monde et ceux de l’autre, donc il y a un choix pour les êtres humains mais, par ailleurs, la liberté de l’homme par rapport à ce que Dieu veut est limitée d’une certaine manière. Les élus seront ceux qui auront cru à la mission de Mahomet, au dieu unique, à ses anges, à ses livres, ses prophètes et se seront acquittés des bonnes œuvres : la prière, la dîme aumônière (donc la Zakât), le jeûne, le pèlerinage et la guerre sainte.
Est-ce que l’incroyant peut acheter son salut au prix de ses œuvres de la même manière que le croyant ? Non, seule la foi ouvre les portes du paradis. Il faut être musulman. Les bonnes œuvres du croyant peuvent le racheter de ses péchés mais pas celles de l’incroyant. Par ailleurs, des actions bonnes viennent de Dieu mais il y a des actions mauvaises et elles viennent en fait de Satan. Et là, il y a un rappel, des grandes religions manichéistes comme le zoroastrisme qui était celle des religions anciennes de ce milieu, donc un conflit que l’on retrouve partiellement d’ailleurs dans le Christianisme : un conflit entre Dieu et Satan, un archange déchu, etc. D’une certaine manière, l’impie est un méchant mais il y a deux mouvements : il est impie parce qu’il est méchant et il est méchant parce qu’il est impie. Et cette notion, j’y reviendrai tout à l’heure, cette notion de l’incroyant comme étant un méchant parce qu’elle est importante dans la représentation bien sûr de ce qui sera la loi de nécessité du Musulman dans un monde qui est chrétien. Il y a cette représentation a priori que c’est quelqu’un à qui on a proposé, à qui on montre le vrai dieu et qui, en fait, par une certaine méchanceté ou par une certaine perversité, refuse de le voir.
Et il y a cette idée donc que les bons actes pour un croyant, les bons actes sont inspirés par Dieu et les mauvais par Satan et donc, cela implique une certaine impuissance de Dieu en tant que tel puisqu’il y a une autre puissance qui pousse en sens inverse mais il y a aussi cette idée – et ça, c’était l’objection que les idolâtres avaient faite tout de suite à Mahomet – « Si Dieu voulait que je ne sois pas idolâtre, il ne m’aurait pas fait idolâtre. Il m’aurait fait musulman ». Donc là, dès qu’on entre dans des questions comme celles-là, les difficultés conceptuelles deviennent très très compliquées, comme celles à l’intérieur du Christianisme dont j’avais parlé en une autre occasion : est-ce que Dieu sait tout ce qu’il y a dans le monde jusqu’à maintenant en ignorant ce qui va encore arriver ou bien est-ce qu’il sait tout de toute éternité ? Et s’il sait tout de toute éternité, il sait si je serai un bon Chrétien ou non et donc, d’une certaine manière, c’est un marché de dupes puisque Dieu me fait entendre que j’ai un choix alors qu’en réalité, il sait que je n’en ai pas puisque lui sait exactement ce qu’il va se passer à l’avenir, d’où l’importance de cette Querelle des futurs contingents qui avait agité l’Université de Louvain au XVe siècle au point que l’université doive arrêter ses travaux pendant une dizaine d’années et que le pape envisage, à Rome, d’envoyer ses troupes pontificales pour remettre de l’ordre à l’Université de Louvain. Ça nous paraît des choses ridicules mais ce sont en réalité, vous voyez, quand on le place dans un contexte, c’est absolument essentiel puisque ça oblige à revenir sur des questions dont on peut dire qu’elles ne sont pas réglées, et j’ajouterais même pour un athée ou une athée. Est-ce qu’il est écrit quelque part tout ce qui va se passer ? Est-ce que le fait qu’il y ait un passé, un avenir, est-ce que c’est une illusion ou est-ce que c’est quelque chose de véritable ? Et là, si vous demandez même aux physiciens parmi les plus pointus maintenant, vous pouvez voir qu’encore, ils sont partagés en deux camps : il y a ceux qui nous disent qu’il y a un monde irréversible, l’irréversible fait que quelque chose n’est pas là avant d’être là et d’autres qui disent que non, le monde physique, il est là de toute éternité et l’espace et le temps, ce sont des choses qui sont perçues par nous parce que nous avons été conçus d’une manière ou d’une autre pour vivre dans un monde à 4 dimensions : 3 dimensions de l’espace et une dimension du temps mais que nous aurions pu peut-être être conçus de manière tout à fait différente et voir les choses autrement.
Donc, d’une certaine manière, une chose que les non-croyants musulmans, que le monde en-dehors, reconnaît et caractérise souvent comme le fatalisme des Musulmans, ce fatalisme étant cette idée en arrière-plan et sous-entendue que, d’une certaine manière, les dés sont jetés dès le départ et que nous sommes, comment dire, nous sommes davantage au cinéma ou assis sur le siège en regardant le spectacle plutôt qu’un des acteurs dont l’action est décrite là sur l’écran.
Toujours sur cette question-là, il y a des états de grâce où il est beau de mourir. Il est beau de mourir sur le chemin de Dieu. C’est dit dans le Coran, c’est-à-dire, j’ouvre les guillemets : « Durant la guerre sainte, durant le pèlerinage, durant le pèlerinage à La Mecque, la mort de la croyante en mal d’enfant (donc pendant l’accouchement), la mort dans un incendie, la mort dans un naufrage ou (et on est dans l’actualité) la mort dans une épidémie » qui est aussi un des états de grâce en fait dans lequel il est bon de mourir, est-il dit dans le Coran.
Le Jugement dernier
Notre histoire se termine un jour, c’est là le principe même d’une représentation apocalyptique. Il vient un moment où tout cela s’arrête et, quand je vous avais parlé des Évangiles, j’avais rappelé que quand Jésus se rend avec ses apôtres et ses fidèles qui le suivent, se rend à Jérusalem, c’est dans une représentation apocalyptique que, quand il se trouvera au Jardin des Oliviers, la Terre s’entrouvrira et le royaume de Dieu descendra sur Terre. Le problème pour Saint Paul, c’est que c’est une histoire qui ne se termine pas comme elle était prévue par Jésus qui, lui, tout au long de son avancée vers Jérusalem, cite Zacharie, le prophète qui expliquait ce processus de montée vers Jérusalem et l’arrivée d’un messie dans le Jardin des Oliviers, moment où le Ciel et la Terre s’entrouvriront et il y aura réconciliation en un seul monde, le royaume de Dieu qui sera à la fois Ciel et Terre la distinction entre les deux aura disparu une fois pour toutes.
Ce qui est dit sur le jugement dernier, ce sont des choses qui sont connues mais je vais les répéter en suivant le texte. Pourquoi est-ce que je vais lire ce passage-là ? Parce que, vous le savez, il y a un débat qui tourne autour du voile qui est un débat sur : « S’agit-il d’une manifestation de respect à l’intérieur d’une religion particulière ou s’agit-il de quelque chose de plus transversal je dirais, en étant un message sur un certain rapport entre l’homme et la femme ? » Et là, reproche fait par l’Occident non-musulman au monde musulman qu’il y a là un message condescendant et peut-être pire que condescendant, des hommes vis-à-vis des femmes. Il y a en effet des passages dans le Coran qui sont des passages qui, dans un monde occidental qui vise à l’égalité des sexes et de l’orientation sexuelle, sont difficiles à admettre dans ce qu’ils affirment. En particulier, vous le savez, sur le Jugement dernier et plus généralement sur le Ciel, une représentation qui est très inégalitaire de la relation entre les hommes et les femmes puisque les femmes y sont représentées comme subordonnées et comme essentiellement un objet de jouissance pour les hommes.
La sourate que je lis là n’est pas spécifiquement sur le Jugement dernier, ce sera la suivante : « Les élus connaîtront les jouissances d’un double jardin orné de bosquets, arrosé de fontaines, aux fruits abondants où, sur des lits de soie, ils connaîtront la compagnie suave de jeunes vierges semblables à la jacinthe et à la perle ». Ça, c’est dans le Coran. C’est la sourate n° 44 et dans la sourate n° 55, il est dit : « D’autres jardins leurs offriront, parmi leur verdeur éternelle, les tentes où les attendront les houris, vierges du contact des hommes et des djinns, étendues sur des coussins verts et de riches tapis ». Et dans la sourate n° 39, Az-Zumar, qui parle du Jugement dernier : « Au jour du jugement, la Terre entière se tiendra dans sa main [la main de Dieu] et les cieux seront roulés dans sa droite. Ceux qui auront craint le seigneur seront conduits par troupes dans le jardin [ce même jardin dont il était question, que nous appelons le paradis dans le cadre chrétien] et quand ils y arriveront, les portes leurs seront ouvertes et les gardes leurs diront ‘Le salut sur vous. Vous avez été dans la voie du bien. Entrez et demeurez’. Les anges, les pieds nus autour du trône sublime, publieront les louanges du Très-Haut. Lorsque la vérité éternelle aura prononcé le jugement du genre humain, ils clameront d’une voix unanime ‘Louange à Dieu, Seigneur de l’univers’ ».
Les « enfants d’Abraham »
Je termine par une note historique, en revenant de manière un peu plus détaillée sur cette progression qui se fait entre un message d’unification au départ mais qui ne réussit pas dans son objectif parce que les Juifs et les Chrétiens, en fait, ne l’acceptent pas. Pourquoi est-ce que ce nom d’Abraham avait été choisi au départ parce qu’on pourrait trouver, je dirais, d’autres ancêtres unificateurs, un nom qui serait à la fois celui des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans ? Parce qu’Abraham est né païen et a, comme Mahomet, reçu la révélation pour se détourner d’un culte impie. Ayant détruit les idoles, il a été persécuté, c’est-à-dire donc qu’en fait, Abraham est un personnage auquel il est possible aux Musulmans, d’identifier Mahomet comme étant le retour d’un personnage, d’un prophète, de la même nature… Encore qu’Abraham n’était pas un prophète comme vous le savez, mais un « patriarche » : un père de la nation.
On passe, dans le récit historique des sourates, on passe d’une représentation d’abord positive de l’ensemble des descendants d’Abraham à une représentation qui devient négative parce que au début, par exemple dans la sourate 5, il est permis de manger la nourriture des Chrétiens et des Juifs et d’épouser leurs filles et Mahomet en aura donné lui-même l’exemple en épousant Marie la Copte, une Chrétienne d’Egypte. Le basculement d’un point de vue historique, il apparaît dans la sourate qui s’appelle At-Tawba, la sourate n° 9, et il sera mentionné de manière encore plus claire dans la fameuse sourate n° 29, appelée la « sourate du glaive » en raison du message sur la guerre sainte : « Ceux qui ne croient pas en Dieu ni au jour dernier, qui ne tiennent pas pour interdit ce que Dieu et son prophète ont interdit et qui ne suivent pas la vraie religion, combattez-les jusqu’à qu’ils paient la capitation de leurs propres mains et qu’ils soient humbles ». En fait, le verset abroge tous les versets précédents qui étaient en faveur d’une unification de tous ceux qui étaient appelés les scripturaires, c’est-à-dire tous les gens de l’écrit et qui englobent donc à la fois Juifs, Chrétiens et Musulmans et dans cette sourate n° 29 aussi sont explicités de manière plus précise encore les principes et les règles de la guerre sainte.
Il y a, entre le regard amical porté sur les Juifs et les Chrétiens et le message hostile, il y a un moment intermédiaire, c’est celui où il y a une distinction faite entre les Chrétiens qui continuent d’avoir une représentation positive pour l’Islam et les Juifs qui en sont exclus. En particulier, il y a une citation dans le Coran intéressante aussi du point de vue de l’histoire chrétienne. Vous le savez sans doute, il y a davantage que quatre Évangiles. Les quatre que nous avons retenus, on les appelle « canoniques ». Ce sont ceux qui ont été intégrés dans le texte que nous appelons « Le Nouveau Testament » dans lequel se trouve aussi, vous le savez, les Épîtres de Saint Paul, les Épîtres universelles, les Actes des apôtres et l’Apocalypse de Saint Jean. Ça, ce sont les textes reconnus officiellement comme étant les textes du Nouveau Testament mais circulaient à l’époque – et nous en connaissons la teneur – circulaient également d’autres évangiles et qui n’ont pas été retenus et, en particulier, celui qu’on appelle l’évangile de Thomas.
Dans l’évangile de Thomas, il y a un message contre les Juifs. Il est relativement modéré dans les quatre évangiles qui ont été retenus comme étant les Évangiles canoniques puisqu’il est dit essentiellement que ceux qui tuèrent Jésus étaient les grands prêtres. Il n’y a pas d’accusation portant sur le peuple juif en général. Il y a même cette inscription sarcastique en haut de la croix mise par les Romains, pour autant qu’on considère que le récit est véritablement un récit historique, de « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». L’accusation contre les Juifs en particulier se limite à ça. Par contre, dans l’évangile de Thomas, il y a des messages contre les Juifs beaucoup plus clairs, beaucoup plus violents et, en particulier, il y a un passage de cet évangile non-canonique de Thomas qu’on appelle aussi l’ « évangile de la Sainte-enfance » parce qu’il y a un très long passage sur l’enfance de Jésus. Vous le savez sans doute, dans les autres évangiles, il n’y a pratiquement rien sur l’enfance de Jésus entre sa naissance et le fait qu’il devienne charpentier. Chez Saint Luc, il y a un peu plus mais sinon, chez les autres évangélistes, on passe carrément du bébé, s’il est même mentionné, au jeune artisan apprenti. Par contre, repris dans le Coran, dans les sourates n° 3, 49 et 110, un ensemble de passages qui sont des passages de cet évangile de Thomas.
Là, je reprends simplement ce qu’écrit Armand Abel : « Le texte raconte que Jésus faisait s’envoler des oiseaux d’argile ou comment il pouvait rendre aveugles ceux qui lui avaient déplu. De même, l’évangile raconte l’éducation de Jésus, comment celui-ci apprit à lire et comment il apprit à utiliser ses pouvoirs divins pour guérir plutôt que tuer (en effet, dans le texte, le jeune Jésus tue deux enfants sous le coup de la colère). Des récits que l’on retrouve dans la tradition musulmane et dans les récits arabes de l’enfance de Jésus/Îsâ. La péricope des « oiseaux d’argile » est reprise dans les Sourate III, 49 et V, 110 du Coran. »
Conclusion
Le Coran, un message qui nous dit essentiellement que chaque prophète, avant de triompher, a subi de terribles épreuves et que son peuple, le peuple de croyants qui le suit, a lui aussi dû affronter des épreuves absolument redoutables.
Il n’y a pas de miracles dans le Coran. Mahomet sait qu’il n’y a pas de miracles qui lui soient attribués mais le message là, c’est que c’est le Coran lui-même qui est un miracle en tant que tel.
Le converti, le non-musulman doit se convertir et, étant converti, il sera égal au croyant.
Autre message souvent souligné mais qui est connu par la tradition, le texte est non seulement présenté comme étant le message envoyé par Dieu aux êtres humains mais, plus spécifiquement, à la nation arabe, ce qui fait qu’on peut parler effectivement, à propos du texte du Coran, d’un manifeste du nationalisme arabe et vous n’ignorez pas que dans le monde contemporain, le texte est effectivement à la fois mentionné comme texte religieux et comme manifeste du nationalisme arabe, unificateur du peuple arabe. La sourate 3 dit : « Vous êtes à jamais la communauté la plus gratifiée qui se soit manifestée parmi les hommes. Vous portez l’ordre de fer, ce qui agrée à Dieu, et l’interdiction de ce qui lui déplait », une phrase adressée plus spécifiquement au peuple arabe.
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