Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Si vous lisez la presse américaine aujourd’hui, vous constaterez que la grande préoccupation, c’est de savoir si Joe Stack qui a planté son petit avion dans l’immeuble du fisc à Austin – Texas, faisant deux morts (lui y compris) et de nombreux blessés, était de gauche ou de droite. Joe était-il plutôt Tea Party avec son souci constant durant sa vie de payer le moins d’impôts possible – voire pas du tout ? Ou bien était-il plutôt communiste, comme le ferait penser sa transposition ingénieuse du « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » en un crédo capitaliste : « de chacun selon sa crédulité, à chacun selon sa cupidité » ?
Si l’on lit la proclamation qu’il laissa sur la toile, on découvre surtout un gars qui en a trop bavé, et qui se trouve un beau jour au bout du rouleau. Dans les moments de désespoir, ou bien le déclic finit par se faire, qui relance cahin-caha la machine à vivre, ou bien il n’a pas lieu, et comme Joe Stack, on se flingue. Lui, comme les pharaons, n’a pas voulu partir tout seul.
Rien de très politique au sens classique dans ce qu’il écrit : qu’il ne faut pas croire ce qu’on vous raconte à l’école parce que ce n’est pas de cette manière-là que ça marche, parce que les dés sont pipés. Que quand on n’est pas né au bon endroit, on a beau battre des ailes, on n’arrivera jamais à voler. Et il illustre sa thèse par des « éléments de contexte », comme le fait qu’il ignora le conseil donné par une vieille dame de suivre son exemple : de bouffer de la viande pour chat plutôt que de faire comme lui pendant plusieurs années et ne manger que du pain et du beurre de cacahuètes.
Il écrit aussi :
Je me souviens avoir lu à propos du krach boursier qui précéda la « Grande » crise qu’il y eut de riches banquiers et hommes d’affaire qui sautèrent par la fenêtre quand ils se rendirent compte qu’ils avaient merdé et avaient tout perdu. Le progrès accompli dans notre beau pays en 60 ans est tout à fait admirable puisqu’ils ont découvert depuis comment résoudre cette légère difficulté économique. Maintenant, ils se contentent de voler la classe moyenne (à qui on ne demande pas son avis – les élections sont une farce) pour se refaire, et on revient au « business as usual ». De nos jours, quand les riches se plantent, ce sont les pauvres qui paient pour leurs crimes… une solution à la fois propre et astucieuse.
A lire cela, on en vient même à se demander si Joe Stack n’était pas carrément fou.
Vous ne croyez pas ?
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
58 réponses à “Joe Stack (1956 – 2010)”
Stack n’est pas Erostrate.
Il n’a pas recherché la notoriété en crashant son avion sur un immeuble du fisc.
Il a voulu que son suicide ne soit pas utile uniquement à l’apaisement définitif de sa propre douleur mais serve à l’humanité.
Il a voulu nous réveiller.
Si d’aucun veut considérer son acte comme un geste artistique, si untel évoque un suicide altruiste, je souscrirai aux deux qualifications.
Souhaitons toutefois qu’il ne fasse pas école.
Dans sa nouvelle « Érostrate », publiée dans le recueil de nouvelles Le Mur (1939), Jean-Paul Sartre résume l’histoire en quelques lignes :
«
– Je le connais votre type, me dit-il. Il s’appelle Érostrate. Il voulait devenir illustre et il n’a rien trouvé de mieux que de brûler le temple d’Éphèse, une des sept merveilles du monde.
– Et comment s’appelait l’architecte de ce temple ?
– Je ne me rappelle plus, confessa-t-il, je crois même qu’on ne sait pas son nom.
– Vraiment ? Et vous vous rappelez le nom d’Érostrate ? Vous voyez qu’il n’avait pas fait un si mauvais calcul.
« Quand on lit ça, on en vient même à se demander si Joe Stack n’était pas tout simplement fou.
Vous ne croyez pas ? »
NON je ne crois pas, je pense même que votre question est là pour nous faire réagir violemment.
Bien sur il a tué une autre personne, un innocent employé au service des impots et c’est regretable,
Ceci étant je ne considère pas son geste comme celui d’un fou, peut être celui d’un désespéré.
Mais là vous posez une autre question: une personne en fort choc émmotionel doit-elle réagir raisonablement…Souvent on entend des gens dire: « si mes enfants ont été tués violés.. je n’hésiterais pas à aller au tribunal avec une arme pour me venger moi même ». Bien, sur ces personnes ont un raisonnement raisonnable par ailleurs.
On peut croiser tous les jours une abeille dans son jardin sans aucun problème mais quand on dérange une abeille celle ci risque fort de nous piquer… et ainsi de terminer son existence…
est ce que l’abeille est folle ?
Le taureau dans l’arene est -il fou ? le poisson péché qui gigotte en tous sens sur la berge est il fou ?
La réponse est NON bien sûr, il s’agit d’un instinct de survie et d’ultime vengeance, et en cela je l’approuve.
Bonsoir,
Non, apparement Mr Stack n’était pas fou mais il me semble que ce qu’il écrit a été appliqué de tout temps!! Non ?
Du temps de l’homme des cavernes, celui qui avait les plus gros muscles s’auto-désignait comme le chef et faisait la loi (sa loi) à grand coup de gourdin.
Aujourd’hui, rien n’a changé sauf la forme du gourdin.
Bon week-end.
De voir ce qui se passe comme ça se passe, c’est peut être de la folie, mais ce qui se passe est aussi une forme de folie. Choisis ton camp camarade !
« Quand on lit ça, on en vient même à se demander si Joe Stack n’était pas tout simplement fou. »
Bien sûr, c’est ironique.
Il était aussi, à ses heures, bassiste dans un groupe de rock…
Rock’n roll for ever et, pour le coup, fuck the system !
Heu…Il semblerait que la conclusion:
« Quand on lit ça, on en vient même à se demander si Joe Stack n’était pas carrément fou. »
…doit se prendre au second degré, non?
fou ou pas j’en sais rien
en tout cas il s’est crashé sur un immeuble du fisc et pas sur la villa d’un milliardaire ……….
On serait tenter de dire ,ce pays (US) génère des excès,mais de ce côté ci de l’atlantique historiquement, nous n’avons pas de leçons à donner.
Il n’a pas supporté la corruption du système, son frère Robert, du FBI, s’est mieux débrouillé pour résister, il défendait le système…
En tout cas, paix à son âme !
Dans un même ordre d’idées;
AFP annonçait le 16 février dernier, qu’une bombe avait explosée dans une banque à Athènes….
« AFP
Un engin de fabrication artisanale a explosé ce soir dans le centre d’Athènes devant un bureau de la banque américaine J.P.Morgan, provoquant des dégâts matériels, a-t-on appris de source policière.
Un inconnu avait averti dans un appel téléphonique à la rédaction d’un grand journal de l’imminence de l’explosion qui s’est produite à 19h50 locales.
La police a eu le temps de boucler le quartier de Kolonaki, en plein centre de la capitale, avant l’explosion qui a provoqué des dégâts matériels à l’entrée des bureaux de la banque, situés au deuxième étage d’un bâtiment de la rue Haritos. »
Étrange, qu’on en est si peu entendu parlé…
Qu’est-ce que ce sera la prochaine fois?… Et la suivante?… Et la suivante?… Et la suivante?…
En effet les impôts ne permettent ils pas de redistribuer les richesses ? Les américains ont la vue basse (ça n’explique pas le crash, bien sûr !). Décidément la raison n’éclaire pas le monde.
Si je devais choisir mon camp ce ne serait pas celui de Joe
Excellente remarque !
Le message des « Chicago Boys de Milton Friedman est bien passé dans nos têtes : « l’impôt c’est mal, l’État c’est mal… et leurs symboles administratifs et architecturaux se doivent d’expier leurs fautes.
Dans son testament, ironiquement souligné par Paul, il semblait pourtant avoir compris l’essentiel du problème… en s’attaquant à ce bâtiment il a malheureusement réduit à néant la porté de son texte. Il a même rendu service au système (les ultra libéraux Chicago Boys) qui n’a de cesse de montrer du doigt le « trop d’impôts, trop d’État » de rigueur. Il a désigné par son acte le responsable de sa détresse. Friedman dans sa tombe ne peut que l’en remercier !
Paul personne n’est dupe.
C’est de l’humour!
Stack est tombé « pile ».
Merci pour cet hommage.
@ T,
« je ne formulerai qu’un seul voeu :
qu’un éclair de lucidité traverse le ciel et vienne se poser(…) sur mes frères
terriens ».
Je partageais ce voeux avec vous.
Je vous rappelle qu’il y a des martiens sur ce blog.
Evitons l’anthropocentrisme!
Je me demande aussi si la méthode Grecque appliquée à JP Morgan n’est pas une idée carrément folle.
Bonjour !
Tout à fait d’accord avec votre réflexion, relatif à l’acte de faire exploser une bombe dans une agence… qui plus est à 19 h 50!!!!
Ce type d’actes renforce le pouvoir des soit disant « puissants » et de leurs sbires, au lieu de les mettre en difficulté.
Il y a mieux à faire.
Respect pour Joe STACK… Même s’il n’ a choisi une cible de choix!
résonance…
http://www.wired.com/video/latest-videos/latest/1815816633/exclusive-music-video-scissor-from-liar/66845385001
Les actes désespérés individuels se multiplient.
L’écoeurement gagne.
Nous ne savons toujours pas quelles formes pourront prendre les actions collectives (forcément extra-parlementaires) qui permettraient un renversement des rapports de force.
Il n’y a pas d’exemple.
ces histoires d’avions me font penser toujours au pauvre Mathias Rust qui s’etait posé durant la guerre froide années 1980,par là ) sur la place Rouge à Moscou …
depuis ,l’occident/usa/rayer la mention inutile a repris ce symbole de l’avion fugueur soit pour amadouer ( fuite de ressortissants est-allemands ,retrounement de pilotes d’armées hostiles ) soit pour terroriser (11 septembre etc ) .
c’est interessant de voir comme à chaque fois les pistes internes ( comme pour l’attentat contre l’immeuble des impots en Arkansas il ya quelques années )sont très rapidement écartées ou enterrées .
pourtant comme tout empire les usa devraient s’effondrer de l’intérieur et non sous le coup d’une hypothètique menace extèrieure .
Joe Stack n’était pas fou, il était simplement désespéré.
Et dans le contexte américain il avait toutes les raisons de l’être.
Les USA sont un pays en manque d’utopies, de partis à même de les incarner significativement, les gens n’ont donc rien à quoi se raccrocher quand ils se rendent compte que le rêve américain n’est pas ce qu’on a prétendu qu’il était. Le système a toujours été pipé, seulement c’est devenu trop voyant.
Les démocrates au pouvoir sont à la recherche d’un compromis impossible qui laisse toute latitude a camp d’en face pour conforter ses positions, quant au Tea party il ne propose pas de politique alternative qui esquisserait des solutions nouvelles. La situation sociale et politique devrait donc empirer.
Joe Stack n’avait sans doute pas une grande culture politique, mais son geste est lui politique.
Tous ceux qui racontaient encore en 2009 que la crise actuelle n’a rien à voir avec la précédente, celle de 1929, ne sont tout simplement pas crédibles, Joe Stack, sans être économiste a tout de suite fait le rapprochement, et pas à l’avantage de la crise actuelle !
Paul dans son livre, La crise du capitalisme américain, évoque la résilience dont a toujours fait preuve le peuple américain lorsque celui-ci se trouve dans une situation de forte crise. Ce moment va-t-il venir bientôt, ou bien le pays n’ayant pas encore touché le fond la nécessité d’un sursaut n’est-elle pas encore à venue ? Ce d’autant plus que Obama a fondé tout son discours sur le fait que lui et sa politique incarneraient le dit sursaut.
Où le peuple américain va-t-il donc trouver les ressources morales, politiques et intellectuelles pour éviter le chaos ?
Joe Stack était un informaticien… mais plus que ça, il était l’informatique : Stack signifie pile en informatique, dans de nombreux langages, y compris en assembleur. Pile, l’état de la pile, les registres sur lesquels travaille l’unité centrale.
Oui, la base…. Serait-ce une coïncidence cassandrienne? Et une pile, déstabilisée par la base et provoque l’effondrement. Lents craquements.
ar: Guy Béart
Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D’abord on le tue
Puis on s’habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.
J’affirme que l’on m’a proposé beaucoup d’argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.
A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu’il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En choeur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Le monde doit s’enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l’Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Combien d’hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s’évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent « juste » à l’heure.
L’inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C’est plus juste en somme
D’abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécté.
Cette idée que les banquiers se jetaient par les fenêtres lors du krach de 29 est un mythe. J’ai lu il y a quelque temps un article d’histoire (je ne retrouve pas la référence) le démontant. L’article n’abordait malheureusement pas les raisons de la persistance de cette légende.
Si je vois un banquier suisse (de préférence Zürich) se jeter par la fenêtre, je saute juste après lui ! C’est qu’il y a plein de fric à gagner sans risquer sa peau ou sa santé…….
Il y a quelque temps, on s’immolait par par le feu
avouez qu’un avion contre un immeuble, ça fait plus ferblanterie, plus aktuel
est-ce un envoyé de Mollah Omar (?), l’immeuble percuté ne s’est pas effondré!
Quel dommage que Stack ne fût pas un nom à consonance hispano. Le prétexte eût été bon pour une croisade contre Chavez, ou alors Cuba, ou alors … ah non, pour l’Iran ça marcherait pas, il faut un perse, ou un genre de basané plus marqué par le soleil qu’un texan
S’est-il suicidé, comme Sénèque, acculé ? Non.
N’a-t-il pas tué ? Si. Lui-même notamment, et c’est toujours un peu fou quand même…
Je ne dis pas que la situation est facile aux Etats-Unis. Je dis simplement qu’elle ne justifie pas l’homicide aveugle. Si l’homme dont il est question ne voulait pas manger du Canigou(tm), il pouvait toujours devenir (ou essayer de devenir) fermier (non, je ne suis pas Marie-Antoinette). Je caricature, et d’ailleurs le fond de ma pensée est autre : la crise peut se traduire par un impact très négatif sur le corps. Or, le corps ne sera jamais aussi important que l’âme pour le bonheur. Donc la crise ne justifiera jamais à elle seule qu’on se détruise.
Je ne remets pas en cause le constat qu’il fait dans le paragraphe cité par Jorion. Malgré tout, le constat rationnel n’est pas non plus une compréhension profonde, car sinon, il aurait relativisé l’importance de la crise, non par rapport à l’Histoire, mais par rapport à sa propre histoire. De ce fait, cet événement est une victoire de la crise, et, pris isolément, est négatif.
Toutefois, je ne doute pas du fait que cette victoire soit provisoire. N’empêche, je n’en doutais pas avant que cet événement survienne. Peut-être aura-t-il éclairé certains, mais alors je dois supposer que c’étaient des imbéciles, avec lesquels je ne préfère de toute façon pas compter. S’il s’agit d’armer des légions pour combattre le grand capital, cela sera peut-être utile. Mais le grand capital se combat très bien tout seul.
Bonjour à tous,
Et bon Dimanche aussi 🙂
Merci Laurence pour votre message:
« qu’un éclair de lucidité traverse le ciel
et vienne se poser(…) sur mes frères terriens ».
J’avais déjà lu grâce au site de Pierre Jovanovic,
le « testament » de Joe Stack ( 6 pages en anglais)
Plane Crash Suspect’s Online Diatribe
http://www.thesmokinggun.com/archive/years/2010/0218102stack1.html
L’acte de Joe Stack est un signe (peut-être- même un cygne noir!)
Et c’est la raison par laquelle il est URGENT de trouver une réponse COLLECTIVE…
Il n’est pas fou…mais c’est un acte de folie!
Les vrais fous sont tous ceux qui entretiennent »la folle mécanique actuelle »
@+
Jacques Brel
(l’Homme qui écrivait tous ses textes DEBOUT!)
disait suite à » l’homme de la Mancha »:
La folie suprême n’est telle pas de voir la vie telle qu’elle est,
et non telle qu’elle devrait être »
Soyons « utopiste » en ACTION.
Bonjour à tous,
Oui! Joe Stack était carrément fou! Il était pris dans un « double bind » (notion introduite par Grégory Bateson) intenable entre, d’une part, devenir, à son tour, bourreau du système (« son souci constant durant sa vie de payer le moins d’impôts possible – voire pas du tout ») et, d’autre part, rester la victime du système (« quand on n’est pas né au bon endroit, on a beau battre des ailes, on n’arrivera jamais à voler »).
Joe Stack a tranché : en écrasant son avion contre l’immeuble du fisc plutôt que contre celui d’un milliardaire, il a manifesté, inconsciemment, son désir de devenir bourreau du système. Peine perdue : puisqu’il en est mort, il ne le deviendra jamais et, paradoxalement, restera dans la mémoire des gens, non pas, croyait-il, la pauvre victime ayant rendu définitivement les armes, mais un bourreau puisqu’il a entraîné dans la mort une victime innocente – heureusement pas plus, ne l’oublions surtout pas ! Joe Stack a perdu sur tous les tableaux.
Il n’y a pas lieu de rendre hommage à un tel fou, ni de trouver une justification « politique » à son geste criminel : Joe Stack n’est pas Unabomber ( http://leuco-site.net/PRIVATE/jcv/rien/una/una_idx.htm!! ) ; Joe Stack n’est qu’un pathétique avatar de Richard Durn et de tous ses semblables que les USA produisent en série depuis plusieurs années !
Réduire un homme à ça… Un fou reste un homme tourmenté… Qui tente d’échapper à sa prison psychique, mais qui gagne aussi en lucidité. Oui il a choisit le trésor, comme symbole peut-être de la destruction (poursuivit par tant de forces depuis longtemps et aboutissant) du pouvoir public…
En me renseignant mieux sur Joe Stack, je me rends compte qu’il n’était peut-être pas fou.
Par contre, il se pourrait bien qu’il était un imposteur démasqué (ce qui, malheureusement, ne plaide pas en sa faveur, l’imposteur étant, par excellence, un être humain inauthentique). Pour avancer cette hypothèse, je retiens deux éléments : il était dans la dèche la plus complète comme l’atteste le fait qu’il se nourrissait, exclusivement depuis des années, de pain et de beurre de cacahouètes … mais il avait garder son avion privé pour faire croire à ses collègues et à son entourage qu’il n’était pas dans la dèche. La vieille dame dont question dans le billet a révélé, aux yeux de tous, son imposture, et ce, de façon fort méchante comme l’atteste sa répartie (« suivez mon exemple : bouffez de la viande pour chat », soit soyez ce que vous êtes devenu : un animal, comme moi, plutôt que de « frimer »).
Son amour de soi (sa puissance de vie) et son amour propre (tenir son rang dans le monde de la classe moyenne supérieure américaine, envieuse de la classe située au-dessus d’elle (qui paye moins d’impôt qu’elle et qui même désire n’en payer aucun) et, par conséquent, pleine de ressentiment contre elle) … donc son amour de soi et son amour propre étant complètement bousillés par ce démasquage, il ne restait plus à Joe Stack que la fuite en avant dans l’hubris la plus atroce : le suicide accompagné du meurtre prémédité du bouc émissaire, tout trouvé, de ses malheurs (donc de la fausse cible) : les fonctionnaires du fisc, le vrai mobile du meurtre ayant été préalablement, en toute conscience et soigneusement déguisé sous l’apparat d’un « Testament » valant défense des valeurs traditionnelles américaines, et appel à la résistance civile. Ce faisant, Joe Stack a, outre, manifesté le plus profond mépris pour ses semblables de la classe située au-dessous de lui : personne ne me fera croire, que même désespéré mais pas fou, il ne savait pas que son geste risquait de provoquer un massacre.
En Chine, une dame s’est immolée par le feu en haut de l’immeuble dont l’état voulait l’exproprier. Ailleurs, un américain ravage au bulldozer la maison qu’on s’apprete à lui saisir. Au bout du rouleau, témoin du favoritisme à l’égard des banques, favoritisme qui reproduit celui dont il estime avoir été victime au bénéfice des grandes sociétés informatiques et favoritisme dont l’instrument est le fisc qui ponctionne évidemment davantage le faible, cet homme a décidé de mettre un terme à sa lutte et face au reniement de tout espoir par la société meme, de détruire une partie de cette société. Est-il victime d’un idéal comme il le dit ? Cet idéal est-il le fameux reve américain ?
simplesanstete a écrit :
Les médias sont là pour enterrer DÉFINITIVEMENT Joe Stac, une négation du vivant, ça c’est très grave.
il n’y a rien à rajouter à ce qu’écrit simplesanstete ! montrer ou tenter de montrer qu’on a à faire à un acte isolé, un fou, un névrosé etc etc… ça se faisait déjà fin XIX ème.
Tout ceci a bien une base réelle, la vraie folei s’il en est une, c’est de laisser des dingues détruire le monde par la finance et là les nazis apparaitront bientôt comme des petits bricoleurs de génocide à coté de toutes ces ordures.
S’il n’ y a absolument pas lieu de faire de Joe Stack le « héros » d’on ne sait quelle « cause politique », on peut toujours essayer de comprendre (non pas de justifier !) son geste au départ du peu de choses qu’on connaît de lui et, par là même, de comprendre dans quel état de déliquescence est tombée une certaine Amérique.
Pour ce faire, j’ai proposé, dans mon commentaire précédent, la notion batesonienne de « double bind ». On peut, tout aussi bien, essayer d’utiliser la notion freudienne d’ « acte manqué ».
Voici, ci-après, la définition qu’en donne le site Internet « Vulgaris-médical » : « L’acte manqué est un acte d’apparence illogique, traduisant un désir inconscient, refoulé, exprimé de façon involontaire (par exemple le lapsus). C’est en quelque sorte la révélation involontaire de ce que le sujet ne peut pas exprimer consciemment. Cette notion a été introduite par Freud en 1901 dans son essai « Psychopathologie de la vie quotidienne ». Il s’agit de ratés du comportement dévoilant un conflit inconscient et susceptible de révéler involontairement l’intention d’un individu. Acte manqué est une émergence de fuite de conduite, de pulsion inconsciente, de désir anormalement refoulé. L’acte manqué traduit un ou des échecs, des ratés du comportement qui sont susceptibles de révéler un conflit inconscient (…) ».
Que croyait être Joe Stack : un pauvre (économiquement parlant !) parmi les pauvres « payant pour les crimes des riches » (à preuve, ne se nourrissait-il pas, à longueur de journées, « de pain et de beurre de cacahuètes » ?) ?
Or, Joe Stack se trompe complètement sur son cas : un individu qui possède un avion privé n’est pas un pauvre, mais un riche.
Quel était le « désir inconscient, refoulé » de Joe Stack , que son acte manqué a traduit : devenir pleinement ce que le « crédo capitaliste » (ou, très exactement, néolibéral ou ultralibéral) prescrit à tout américain depuis trente ans (depuis Reagan !): « à chacun selon sa crédulité, à chacun selon sa cupidité », soit sortir de la classe moyenne aisée pour devenir un millionnaire ou un milliardaire (ne serait-ce d’ailleurs pas cela le dévoiement du mythe de l’ « american way of live ») ?
Se trompant du tout au tout sur son cas (« je suis, définitivement, un pauvrrre, ruinééé par le fissssc » s’est-il sans doute pitoyablement lamenté) et par conséquent, s’excluant, de lui-même, de son désir insensé, il ne lui restait pas d’autre issue à son conflit psychique que de se suicider en se jetant sur l’immeuble du fisc, fisc phantasmé comme l’unique auteur de son phantasmé malheur. Notons aussi que ce narcissique compulsif a aimé, semble-t-il, déguiser son narcissisme en se présentant comme le « défenseur de la veuve et de l’orphelin ».
Pourtant, il me semble qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans l’application de la notion d’ « acte manqué ».au cas Joe Stack : son désir n’était pas aussi « inconscient, refoulé » que cela. Je préfère dès lors l’explication batesonienne de son cas, ce qui me permet de confirmer qu’il était, bel et bien, fou et criminel en plus.
Non, cet homme n’était pas fou.
Désespéré sûrement.
Il se battait depuis des années contre une loi fiscale qui lui paraissait inique.
Tout d’un coup il a compris que l’enjeu n’était pas cette loi.
Il a compris que tout ce qu’on lui avait enseigné était faux.
Que toutes les valeurs sur lesquelles il avait bâti sa vie étaient fausses.
Il a compris que les dés étaient pipés dès le début.
Il a compris que tous ses efforts, tous les efforts de tout le monde n’avaient pour but, non de parvenir à une vie « meilleure », mais uniquement que d’enrichir toujours les mêmes personnes.
Il a compris que l’état par l’intermédiaire des impôts ne servait qu’à enrichir ces mêmes personnes.
Il a voulu désigner le responsable direct de cette gabegie, le fisc, main de l’état qui sert à pomper l’énergie des gens pour la mettre au service des plus riches.
Non, il ne faisait pas partie des plus pauvres.
Mais il avait certainement compris qu’il allait bientôt en faire partie et que ses enfants n’auraient jamais la possibilité de « s’en sortir » comme lui avait essayé de le faire pendant tant d’années.
Alors, foutu pour foutu……………
@ Louise
Ha le voilà le méchant coupable, c’est le fisc ! C’est vrai que là-bas ils n’ont pas de bouclier pour s’en protéger, il faut absolument qu’Obama écoute les judicieux conseils de notre petit président, qui deviendra grand si en effet le fameux bouclier sauve l’Amérique et donc le monde. Mais un monde si glauque ou les riches se suicident parce qu’ils ne sont pas assez riche, me donne la nausée.
Bonjour !
Tout à fait d’accord avec votre dernier paragraphe !!! Et ce n’est que le début des désillusions pour les classes moyennes …
Il y aura des Joe STACK …. mais, le moment venu, des groupes de classes moyennes vont se rébiffer … Sachant que cette classe détient nombre de verrous aux bons fonctionnements de l’entreprise ou de l’institution qui les emploit…Je vous laisse deviner le reste….
Qui plus est, cette classe cotoye chaque jour les classes populaires ( ouvriers, employés sans et avec qualification …) …Bientôt…
Ce qui est prévu par les puissants !!!! Assurément !!!! Toutefois, ce PLAN doit être maîtrisé jusqu’à un certain de non retour ( non retour , et mettant en danger le Plan , et donc l’existence de l’idéal des puissants) . Et là, en ce moment, il ya des « cacas nerveux »….
Dans le prolongement d’ « Une Histoire vraie », un roadtrip, 70 jours et 30 000 kilomètres à travers l’Amérique, David Lynch fils et équipe filment 117 mini-portraits de nomades voyageant comme eux tout au long de l’année. Questions simples; « Comment vous décririez vous ? », « Quel souvenir aimeriez-vous que l’on conserve de vous ? », « Quels étaient vos rêves d’enfant ? ». ça ne se finit pas entre un cockpit et du béton, sous la désolation des ruines, et un discours inane. C’est là: http://interviewproject.davidlynch.com/www/#/route
Dans un système psychotique, il faut avoir la tête sur les épaules, ou la tête dans le sable
pour ne pas la perdre, quand une goutte d’eau,dans notre histoire personnelle, vient faire
déborder le vase!
Il est urgent de revoir le cadre de nos croyances, du rôle que nous tenons trop bien,
pour être des gens « bien »; il y a tant de possibilités « d’être »!!!
Faut ouvrir, élargir, creuser, gratter, nettoyer, laver, jeter, regarder, chercher, éclaircir…
Y’a un trésor en-dedans, sur lequel on peut totalement s’appuyer!!!
Et le vase se rempli indéfiniment….
Oui, mais attention avec les vases ……..
parfois ce ne sont que des idées de vases
Il y avait infiniment plus de sagesse chez l’homme qui a écrit des énormités sur la toile.
Que chez l’homme qui vole, s’écrase, et au passage vole la Vie.
Un Icare fou de lui-même, aveuglé par la folie, et impitoyablement descendu par un soleil noir.
@ coeur ,
merci pour ce merveilleux petit mot…
J’ai vu dans un reportage un homme en blanc devant un grand chaudron rempli de petites pilules bleues m’expliquer :
« Voici la production pour une semaine de consommation de notre célèbre antidépresseur pour le royaume-unis. »
La paix sociale et la « normalité » tient vraiment à peu de choses.
Une grève dans ce genre d’usine, ce serait « fou », non?
Allez, au titre de la guerre préventive, je prescris à tous une petite pilule bleue et je vous retire votre brevet de pilote.
« Non, pas vous Paul, vous savez bien que vous êtes tombé dans le chaudron quand vous étiez petit! »
Cher Paul, vous tenez une rubrique nécrologique significative s’il on peut utiliser ce terme sans brutalité, prise dans un faisceau de tragédies bien en phase avec notre Histoire au jour le jour. Suicides, destructions, violences avec retour sur soi, son bien, ses semblables.
Ce blog est un espace d’humanité.
Les images qui sont au bout de ce lien sont tout autre, mais du même ordre que ce dont nous parlons. C’est en Afrique, dans les rues d’Abouja (?) au Nigéria entre deux communautés.
http://www.youtube.com/watch?v=89NG6czhBsU&feature=player_embedded
Si je dois devenir le sale petit canard (le bouc émissaire ?) de ce blog, tant pis, j’assume et je maintiens !!
Salut Paul,
Comme souvent, le ton de votre billet sonne juste. En même temps, je trouve le sujet quelque peu dérangeant, à moins que ma gêne ne provienne de certains des commentaires qu’il a pu susciter sur « le fisc ».
L’administration fiscale ou plutôt les administrations fiscales nationales ne sont qu’un instrument entre les mains des pouvoirs publics. Pour faire simple, la mission de ces services est de mettre en oeuvre la loi de finances et de veiller à sa correcte application. Rien de plus. Alors quand je lis ici ou là des expressions comme « hommage » ou « actions collectives (forcément extra-parlementaires) » en référence au geste de Joe Stack, ça me fait drôle, et pour tout dire un peu peur aussi.
Certains ici ont remarqué que Stack s’était sans doute trompé de cible : ce n’est rien de le dire. Un peu comme si dans un procès de cour d’assises le juge Stack avait condamné l’arme du crime et non le criminel : l’administration fiscale américaine déclarée symboliquement coupable…c’est tout simplement affligeant.
Que la législation fiscale américaine ou son homologue française soient douces aux forts et dures aux faibles ne surprendra que les naifs ; pour ceux-ci, le Code Général des Impôts est un document public, et ils pourront utilement se pencher sur les régimes de taxation des plus values de cession de titres (cf les travaux récents de D.Migaud sur le sujet), l’article L62 du Livre des Procédures Fiscales, sur les arcanes du régime mère-fille ou les délices du crédit-impôt recherche nouvelle mouture…
Quant à Paul, il pourra s’il le souhaite apporter son éclairage sur l’impact du dispositif dit des « intérêts notionnels » en matière de délocalisation des services financiers des multinationales vers la Belgique (loi de finance Belge, je n’ai plus l’année en tête mais le dispositif est toujours en vigueur). Les exemples de dispositifs fiscaux parfaitement légaux permettant aux multinationales de diminuer leur taux réel d’imposition ne manquent pas. La matière imposable s’en trouve ainsi diminuée de manière considérable.
Ceci étant dit, que je sache, ces textes législatifs sont votés par NOS représentants désignés par NOS bulletins de vote (autrement dit tantôt les roses tantôt les bleus…) mais en tout état de cause lesdits textes ne sont pas votés par les fonctionnaires des administrations en charge de leur application.
En écrasant son avion sur un immeuble du fisc, Joe Stack aurait voulu donner une portée symbolique à son suicide. En réalité, il n’a fait que tuer un innocent, et ceci s’appelle un meurtre. Peut être la victime partageait-elle la même vision de la société que son assassin, peut être cette même victime ou l’un de ses proches avait-elle été expropriée suite à une faillite personnelle, mais cela l’histoire ne nous le dira pas. Dans ce monde manichéen, il faut une victime et un coupable, et dans cette histoire la victime c’est Joe Stack, les autres, tous les autres, ne sont que des dégâts collatéraux. Au fait, qui est le coupable dans cette affaire? Les services fiscaux américains? Les élus américains? Leurs électeurs? Les abstentionnistes?
Une pensée désagréable me vient à l’esprit : l’idée que le geste de Joe Stack puisse servir d’exutoire à nos colères et à nos frustrations. Si tel était le cas, s’appuyer sur ce genre de faits divers pour y voir la légitimation « immanente » d’une critique -par ailleurs fondée- du système dans lequel nous vivons ne me plairait pas.
J’aime au contraire penser que nous sommes des personnes civilisées, capables de partager nos connaissances et de faire preuve d’esprit critique. Je suis d’accord avec vous, Paul, Joe Stack n’était probablement pas fou : il a juste complètement pété les plombs sur la fin.
Gardons nous donc de toute indulgence envers ce genre d’acte, continuons de nous enrichir mutuellement, et de convaincre qui nous pouvons. Et surtout, sachons mettre avec la plus grande fermeté la pression sur les seules personnes qui ont le pouvoir de modifier ce qui doit l’être : la représentation nationale, les représentants syndicaux, bref, tous les leaders qui tirent leur pouvoir de l’élection.
Très amicalement,
Frédéric
Tout à fait d’accord avec votre analyse, que je voudrais compléter sur 2 points précis :
– le fisc est l’un des seuls moyens potentiels de redistribution des richesses utilisable à court terme par un Etat (l’autre étant les prestations sociales, plutôt gérées paritairement chez nous), notamment par le biais de l’Impôt sur le Revenu (IR) et de l’Impôt sur les bénéfices des Sociétés (IS). Il faut repenser aux chiffres tels qu’ils étaient il y a 30 ans (environ, je parle de mémoire) en France : tranche supérieure de l’IR : 65%, IS : 50%. Je crois même que le taux marginal de l’IR a du dépasser 70% pendant longtemps (années 70) aux Etats-Unis. Cela n’a pas empêché à ce moment d’avoir une forte croissance… Et cela ne décourageait personne de travailler, contrairement à ce que la vulgate nous dit depuis 30 ans. Il faut comparer cela avec les chiffres actuels… Au moment où la question du déficit des Etats est ressassée « ad nauseam », ces repères doivent être gardés à l’esprit. Je crois même que le jour où un gouvernement remontera, en l’assumant, le taux de l’IR, les choses commenceront à aller mieux, car ce sera le 1er signe d’un retournement. Par conséquent, détruire le fisc ne me semble pas très productif, ni en cohérence avec la logique de générale ce blog.
– le discours apparemment « anti-capitaliste » ne doit pas faire illusion : il se retrouve aussi dans une extrême droite dure (ex : chez les nazi au début, notamment les SA, et chez divers mouvements appelées « identitaires » actuels en Europe). Une certaine extrême-droite américaine, y goûte aussi, car pour eux le « capitalisme » est associé aux turpitudes de New-York et de ses grandes structures comme Wall Street, et de sa collusion avec l’Etat. Ce qu’ils réclament au fond est un capitalisme bien plus radical, totalement individualisé, sans contrôle ni intervention de l’Etat (j’ai l’impression que J Stack devait être en être proche au fond, consciemment ou non de cette mouvance).
Bien cordialement,
@François Le Sombre: « un capitalisme bien plus radical, totalement individualisé, sans contrôle ni intervention de l’Etat »
Je suis d’accord avec vous et frédéric dans l’ensemble mais cette phrase me fait tiquer. J’ai un doute sur la possibilité de l’existence d’un capitalisme sans l’aide de l’Etat. Historiquement, le capitalisme est né en même temps que les Etats-Nations, ce n’est sans doute pas un hasard. Et d’autre part, le capitalisme génère de lui-même sa destruction, c’est un système absurde qui s’il ne dégénère pas en chaos pur et simple, mène inexorablement au monopole et/ou à la ruine de son environnement. Ces dangers sont évités grâce à l’Etat et c’est aussi lui qui à chaque fois lui a évité sa mort programmée, en remettant les compteurs à zéro, par la fameuse collectivisation des pertes. Je ne dis pas que l’Etat est par nature capitaliste (l’Etat chinois ou russe ne l’ont pas été) mais que le capitalisme a besoin pour exister de contrôler l’Etat (comme c’est le cas en occident). Un capitalisme sans Etat, c’est une utopie (libertarienne en l’occurrence) du même acabit que les utopies hippies.
D’ailleurs, je dis presque une tautologie. Les capitalistes existaient avant le capitalisme, mais le capitalisme n’existait pas avant leur prise de contrôle de l’Etat. Autrement dit, le capitalisme implique le contrôle de l’Etat, par définition: c’est le système où les capitalistes dirigent la société, c’est-à-dire l’Etat.
« Personnellement j’y vois une critique ad nominen du judéo christianisme.. » Quel rapport entre le judéo christianisme et son acte ?
Ce qui est fou, ce n’est pas l’homme, c’est le fait de retrouver cet outil complexe et organisé qu’est la finance dans des conceptions mystiques du type de l’ennemie intime. La question à se poser est celle de l’éducation il me semble. Comment peut-on en arriver à croire qu’un démon ai pris la forme d’un bâtiment ? Sommes nous dans un monde à ce point complexe qu’on ne sache pas sur qui frapper et qu’on en arrive à frapper les pierres ou ses frères ? Assurément oui…
On est pas assez intelligents pour le monde actuel, et ce n’est pas pour rien que l’on a besoin des ordinateurs pour penser à notre place. Trop de penseurs, et on ne sait plus expliquer le monde à ceux qui ne pensent pas. Mais que quelqu’un sache expliquer le monde avec ses mains à l’heure actuelle, et il aura tous les simples d’esprit avec lui… Gardons espoir qu’il ne soit pas un monstre.
Ce Joe Stack, je le vois avant tout un pauvre bougre tristement mal fichu. Comme tout pauvre bougre, quand on l’agace, il en appelle à la terre et au ciel pour lui venir en aide. Le tragique de l’histoire, c’est qu’un homme lui ai un jour dit que la terre et le ciel, c’était la société dans laquelle il vivait, et qu’il l’ai cru. « Une maison construite sur du sable »…
Sous couvert de labourer la terre pour y planter les blés, on tue et on détruit.
[…] ce sont les pauvres qui paient pour leurs crimes… une solution à la fois propre et astucieuse. (suite de l’article) Joe Stack (1956 – […]