L’actualité de la crise : Paradoxes à la pelle, par François Leclerc

Billet invité.

PARADOXES A LA PELLE

Après réflexion, j’ai décidé d’exclure du champ de ce billet d’aujourd’hui la question des paradis fiscaux, qui continue pourtant de faire couler beaucoup d’encre. Précisément pour cette raison, car si « en être ou pas » (de la liste) alimente toutes les chroniques, la question qui me paraît essentielle n’est traitée à ma connaissance strictement nulle part. Tout le monde fait bien référence aux « normes de l’OCDE », qui soi-disant permettent de caractériser un paradis fiscal, d’ailleurs qualifiées de « critères » par l’OCDE, mais personne ne semble les connaître, tout du moins les évoquer, encore moins les discuter.

Je n’en parlerai pas non plus, après m’être renseigné sur le sujet, car ces critères n’en sont pas vraiment. Tout au plus peut-on dire qu’ils sont vagues et flous, à la seule exception de la référence à l’absence de coopération avec les administrations fiscales. Administration ne signifiant pas pouvoir judiciaire, à noter. Tout cela va renvoyer à l’adoption de nouvelles conventions fiscales bilatérales et ne mènera pas très loin ensuite, sauf quelques enquêtes à propos d’évadés fiscaux maladroits ou dans le collimateur d’un gouvernement, des particuliers de préférence. Cela permettra au moins d’un peu renforcer les finances de l’Etat mais laissera le champ totalement libre à l’utilisation en grand de ces ports francs par la flibuste financière. D’autant que la plupart des hauts lieux de cet exercice ont déjà obtenu des sauf-conduit.

Il ne faut pas croire que la garde des gouvernements est baissée pour autant, et que leur vigilance est facilement prise en défaut. A l’issue d’une réunion à Prague, les ministres européens des Finances ont sans tarder réagi, dans un communiqué publié hier vendredi et relevant le danger de « distorsion de concurrence » avec les banques américaines, depuis l’adoption de la norme comptable FAS 157-e. Ils ont appelé l’IASB (l’organisme réglementaire, qui n’a pas compétence aux USA) à coopérer étroitement avec le FASB américain pour résoudre le problème. Afin qu’il n’y ait pas de malentendu sur le sens de cet injonction, Jean-Claude Trichet, président de la BCE a précisé que « l’idée qui domine est que nous devrions avoir une concurrence non faussée au niveau mondial… Cette unité dans les règles des normes comptables est essentielle et nous devons travailler très activement pour y arriver ». Il n’y avait vraiment pas besoin d’un sommet international pour résoudre la question essentielle des normes comptables, il a suffi que la US Chamber of Commerce en prenne l’initiative et le tour a été joué.

La même réunion de Prague n’a décidément pas perdu de temps, discutant de l’application du rapport du comité d’expert dirigé par Jacques de Larosière, ancien directeur du FMI, à propos de la manière de renforcer la supervision financière en Europe. « Il y a un accord considérable sur certains points, mais le diable est dans les détails », a reconnu le gouverneur de la banque centrale tchèque, Zdenek Tuma, dont je salue l’utilisation de mon expression favorite. Quel était le détail ? A qui confier la présidence du « comité européen du risque systémique » ? Le président de la BCE était proposé, ce qui s’est comme on pouvait s’y attendre révélé un peu raide pour les Britanniques. On en est resté pour le moment là. C’est comme à propos des paradis fiscaux, la discussion a été tout de suite à l’essentiel et a laissé de côté le subsidiaire, le contrôle lui-même.

Ces questions institutionnelles fondamentales n’ont pas le privilège d’être réservées aux Européens. Le G20 de Londres a définitivement enterré, si l’on en croit les experts, le G7 et le G8 (les mêmes, plus la Russie). Le G20 est donc devenu, suivant l’expression désormais consacrée, le « forum » naturel où les grandes affaires du monde sont traitées. Mais déjà les empêcheurs de tourner en rond veulent tout mettre par terre. Qui a mandaté ces 20 pays, en excluant tant d’autres (dont certains comme l’Espagne sont invités) ? Le groupe d’experts dirigé par Joseph Stiglitz plaide en effet pour un « G 192 » qui regrouperait tous les pays membres de l’Assemblée générale des Nations unies. D’autres soulignent que le G 20 n’est pas une structure institutionnelle, et n’a d’ailleurs pas de secrétariat permanent.

Légitime ou pas, le G20 a pourtant tranché en confiant au FMI, au FSF et à la Banque Mondiale, non seulement des moyens financiers importants mais aussi des missions étendues fondamentales. Seuls de nouveaux empêcheurs de tourner en rond pourront faire remarquer que ces grandes institutions internationales vont être appelées à prendre des décisions de la plus haute importance dans le secret de leurs délibérations et à effectuer des jugements ou des arbitrages sans même avoir à les motiver. Il a fallu un Indien d’Amérique du sud, président du pays le plus pauvre de ce sous-continent, la Bolivie, pour rappeler le souvenir qu’a laissé dans la mémoire collective le FMI et déclarer à La Paz, « C’est comme donner de l’argent au loup, ou lui confier la garde du troupeau : le loup ne va pas garder les moutons, il va les dévorer » (Evo Morales). Certes, le FMI parle de réformer ses « conditionnalités » (les conditions mises à l’obtention de prêts), mais il faudra voir à l’usage. Certes, la Banque Mondiale a juré qu’on ne la reprendrait plus et s’est amendée à propos de sa politique agricole, dont on a vu les résultats lors de la dernière flambée des prix des produits agricoles. Certes, le Forum de Stabilité Financière va être rebaptisé Conseil de Stabilité Financière, encore une mesure décisive, pour faire oublier qu’il n’a strictement rien vu venir de la crise actuelle. Le monde change, donc, mais les institutions restent, et avec elles un « déficit démocratique » qui ne fait que s’accentuer.

Il y a les symboles du pouvoir, mais aussi la réalité de celui-ci. A la lumière de ce qui se passe aux USA, dont il est largement rendu compte sur ce blog, on est fondé à se demander où celui-ci se trouve exactement. A se demander si les îles Caïman, pour ne prendre qu’un exemple, ne pèseraient pas financièrement plus que nombre d’Etats. A en finir par se dire que c’est toujours ce que l’on ne peut pas facilement identifier, en raison de son abstraction, qui est le plus important.

Mais la dynamique de la crise n’a pas encore produit tous ses effets et il n’est pas impossible que les battements d’ailes des papillons à Wall Street n’aient pas encore des effets dévastateurs aux îles Caïman. Si l’on en croit un connaisseur, Richard Ramsden, analyste new-yorkais de Goldman Sachs, qui a déclaré que « les prêts allaient plus vite plus mal que les banques ne gagnaient de l’argent » et que par conséquent « les nouvelles règles comptables n’allaient pas empêcher les actions des banques de chuter ». L’autre nouvelle, qui laisse un peu perplexe, est qu’il était révélé hier aux USA que les banques ayant (ou allant) bénéficier de l’apport de fonds publics pourraient acheter des actifs toxiques, dans le cadre du plan Geithner. Une saine décision destinée à éviter, une fois encore, des distorsions de concurrence mais qui pourrait avoir deux conséquences : faire acheter ces actifs avec des fonds publics (pour la partie minime dite « privée » de l’apport), remettre de la tourbe de mauvaise qualité dans la chaudière de ces grands malades, des actifs toxiques surévalués dans leur bilan.

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27 réponses à “L’actualité de la crise : Paradoxes à la pelle, par François Leclerc”

  1. Avatar de lacrise
    lacrise

    On s’y perd mais comment tenter d’oeuvrer en bien si l’on n’ouvre pas les yeux un peu sur le fonctionnement du monde : s’y lancer c’est voir que tout loyer autour de Paris est exagéré, que tout logement à vendre y est surévalué (qui pourra le payer ?). Dès le moment où l’on veut agir on se retrouve en plein dans la crise. Désolé pour cet aparté « sentimental » mais je dois avouer que ces chiffres donnent le tournis.

  2. Avatar de Arconus
    Arconus

    De toute façon, toutes ces décisions du G20 ne résolvent pas le problème qui est à la base de tout: la classe moyenne en occident gagne de moins en moins bien sa vie, et la classe « basse » (je ne sais pas comment on dit) se rapproche de plus en plus du seuil de pauvreté.

    Ils mettent de l’argent (notre argent, que ce soit payé par des impots plus tard ou par de l’inflation qui est un impot déguisé) pour sauver les riches, et les habillent de belle paroles pour faire croire que l’emploi reviendra très vite. Mais les emplois qui reviendront seront encore moins bien payés et le cercle vicieux reprendra.

    La seule question qui vaille aujourd’hui, c’est d’ou partira la révolte, et quand.

  3. Avatar de CF
    CF

    Et quid des Alt A. Si je ne m’abuse les premières échéances sont en ce moment. Un participant de ce blog a d’ailleurs évoqué leur mise sous surveillance…. mais personne ne semble lui avoir répondu.
    Il en a été question il y a quelques temps, mais même Nouriel Roubini (Blog RGE Monitor) qui énumère régulièrement dans ses écrits et dans ses interviews les risques de défauts de paiement, parle des cartes de crédits, des emprunts étudiants, des CDS, des CDO,…mais ne parle pas des Alt A.
    Quel est le montant en jeu et est-il vrai que ce sont des subprimes avec comme seule différence un délai supplémentaire, auquel cas ……
    Un commentateur de ce blog avait même suggéré que le prochain emprunt à créer devrait être le Ctrl Alt Sup (ou Del).

  4. Avatar de CF
    CF

    @ Paul Jorion

    Merci pour votre réponse. La contribution/souscription/aide part demain.
    En France il existe le régime d’auto-entrepreneur, peut-être une idée pour le financement du blog.

  5. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    Parlons-en de la liste des paradis fiscaux, la grande victoire de Sarkozy ! Quatre pays en tout et pour tout désignés comme brebis galeuses, pourquoi ceux-là ?, et d’autres déjà pardonnés car déjà sur le chemin de la rédemption, ils ont péché, mais promis, ils vont faire des efforts dorénavant…
    Quand on sait que les quarante sociétés du CAC40 ont 1500 filiales off-shore (dixit l’hebdomadaire « La vie »), dites-moi ce qui empêche le président de la République de convoquer leurs dirigeants, CITOYENS FRANCAIS, de les sermonner et de leur expliquer que dorénavant, « terminées les petites combines, tout le monde rapatrie ses filiales en France et fissa ! ». Ca serait-y pas plus efficace de couper tout à la source, franchement ? qu’est-ce qu’il attend notre président bien-aimé pour faire remonter sa cote de popularité ? Ou c’est-y que ça serait un peu plus compliqué que cela’ et en quoi dites-moi ?

  6. Avatar de JLM

    J’ai le sentiment qu’une fois de plus, nous commentons une guerre déjà perdue ! Certes, c’est bon de savoir comment cette guerre sera perdue, mais c’est triste de laisser les vers préparer le futur qu’ils nous dessinent en se nourrissant de la pourriture en cours.

  7. Avatar de I. Lucas
    I. Lucas

    à propos des normes comptables IAS (International Accounting Standards Committee)

    L’Europe a adopté, le 19 juillet 2002, un règlement communautaire rendant obligatoire, pour les sociétés cotées en bourse, l’usage des normes comptables IAS-IFRS, à partir de l’exercice 2005.
    Certaines des normes qui composent les normes IAS-IFRS avait été contestées ; ce fut en particulier le cas de l’IAS 39 dite « Fair Value » qui oblige à valoriser dans les comptes d’une banque un actif à sa valeur boursière.
    Daniel Bouton PDG de la banque Société Générale avait pris la tête de la contestation de l’IAS 39 dès les années 2000.

    L’argument avancé par Daniel Bouton était que ces normes allaient avoir un aspect d’amplification des cycles économiques.
    Une recherche sur Google avec les mots clé Daniel Bouton et IAS 39 montre les nombreuses interventions contre l’adoption de ces normes : l’article des Echos suivant fait l’historique du sujet : http://archives.lesechos.fr/archives/2005/LesEchos/19320-43-ECH.htm

    Donc la question de la valorisation des actifs se pose peut être différement pour un agent qui entend garder une créance sur sa durée ( ce qui est l’ancien modèle économique de la banque de dépôt) ou pour un agent qui souhaite la titriser pour réaliser un bénéfice le plus vite possible (ce qui est le modèle économique des banques US ou des banques d’affaires ou encore des salles de marché de l’ensemble des banques mondiales).

    Je ne suis pas surpris que ces normes soeint critiquées et mises entre parenthèse par ceux là même qui en avaient étés les promoteurs. Simplement le marché s’est retourné et leurs interêts ont changé.

  8. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Vladimir

    je m’étais fait la même réflexion que vous, à savoir traiter le problème en amont, plutôt que chercher à supprimer les paradis.

    Il doit bien y avoir des moyens de tracer les mouvements de fonds et donc de les bloquer si nécessaire.
    Or c’est nécessaire pour redonner à la puissance publique toute sa puissance aujourd’hui laissée entre des mains privées.
    Pourquoi alors ne le fait-on pas ? L’explication est peut-être que chacun tient le raisonnement suivant :
    si je rends impossible l’accès les paradis pour les firmes de mon pays, d’autres pays, moins scrupuleux, vont en profiter pour tirer avantage et ainsi de continuer à alimenter des paradis fiscaux. C’est donc l’impasse.

    Plutôt que de raisonner en termes de régulation du système existant, raisonnons différemment. Fixons-nous comme priorité la modification de la finalité du système économique. Alors les paradis fiscaux mourront de leur belle mort. Ils n’auront plus leur utilité dans un système qui aura muté.

    Se contenter de déclarer leur caractère nuisible, puis de définir des critères visant à les encadrer rigoureusement, si tant est que ce minimum soit faisable, c’est donner faussement l’illusion que les paradis ne forment pas des éléments essentiels du système, mais en sont seulement une excroissance, comme des verrues sur un visage que l’on pourrait extirper sans dommages, eu égard à la manière particulière dont fonctionne le système capitaliste actuel. En somme, faire disparaître les paradis fiscaux serait une opération bénigne pour le système, il n’en altèrerait pas profondément la logique. Et c’est bien la raison pour laquelle les grands de ce monde miment une action contre ceux-ci.

    Le G20 a rappelé avec insistance le dogme du libre-échange et de la croissance. Il est donc clair dans son esprit que le système doit continuer suivant la même logique de développement. Le consumérisme, l’humain assimilé au simple capital, bref tout ce qui fait que le système est ce qu’il est, n’est pas remis en questions, hormis tout ce qui touche à sa régulation, mot trompeur qui signifie seulement que l’on veut remettre le système actuel sur les rails.

    Il est bien évoqué un monde plus juste, moins inégalitaire, mais on prétend toujours parvenir à ces objectifs avec des moyens identiques, c’est à dire essentiellement monétaires. Tantôt il s’agira de stimuler la demande, tantôt l’offre, mais les principes et donc la finalité du système restent inchangés. Cela est si vrai que les projets d’investissements et aides de l’Etat dans le domaine de l’économie verte — pourtant pas déjà mirobolants à l’origine — ont depuis la crise été revus à la baisse. En France comme au Royaume Uni les relances ne sont pas l’occasion pour orienter l’économie vers un autre modèle d’économie et de société. Et aux USA le plan de relance est peu ambitieux comparé aux sommes astronomiques qui sont injectées pour « sauver » le système bancaire.

  9. Avatar de Cécile
    Cécile

    Si on vendait les bases militaires (et co) ??

  10. Avatar de thomas

    Bon, je me permet de glisser ces extraits de discours de Mme Angela Merckel pris sur tropical bear, elle semble ne pas suivre la voie de faux-cul-isme et de langue de bois de ses collègues présidents de nations. Il me semble que ces mots dit par la chancelière allemande, c’est une très bonne nouvelle pour la prise de conscience à ce niveau.

    http://tropicalbear.over-blog.com/article-29845895.html

  11. Avatar de clive
    clive

    Il y a en effet des dirigeants élus et confirmés démocratiquement qui mettent, eux, en pratique la lutte contre ceux qu’à peu près tout le monde est d’accord pour dénoncer, à l’exception de leurs sherpas du G20 et des sherpas de leurs sherpas…

  12. Avatar de A. de M.
    A. de M.

    @ Thomas

    Bonsoir,

    Pourriez-vous expliquer en quoi c’est une bonne chose d’après vous ?

    Merci d’avance.

  13. Avatar de clive
    clive

    j’évoquais Morales/correa/Chavez, bien sûr, pas Merkel…

  14. Avatar de brehat
    brehat

    Bonsoir,

    @ François,

    L’achat d’actif toxiques par la city, Goldman sachs etc, dans le cadre du plan geithner, c’est aussi une manière de dire : nos actifs ont de la valeur, nous ne les vendrons pas aux fonds qui se porterons acquéreur pour de la menue monnaie. C’est comme le fonds de 300 Millions de US$ crée par la Citi la semaine passée à grand renfort de publicité pour le rachat d’actif toxique à de petits établissements financiers. Autrement dit une campagne de pub de 300 Millions de US$ pour faire croire qu’il y a un marché pour ces actifs toxiques.

    Effectivement, la moindre transaction va réanimer ces marchés et les bilans vont devoir se corriger en conséquence et dans les banques du monde entier. Il y a donc intêret à ce que les transactions se fassent d’emblée à un prix avantageux pour les banques détentrices de ces actifs car il ne s’agit pas pour elles d’avoir l’option de les garder en usant d’un mark to model pur et dur (je me réfère au dernier billet de Paul) via la modification de la FASB 157 e (qui ne concerne d’ailleurs que les banques US comme vous le rappelez). Si elles choisissent de les garder elles devront les ajuster en fonction du gap qui existera entre cette valeur de mark to model et le prix d’achat qu’elles auront refusé. On voit bien que l’on risque vite de se retrouver dans une situation où les bilans vont se détériorer.

    Pour les banques : Il faut donc agir et être pro actif : quoi de mieux dans ces conditions qu’une campagne de pub pour rendre plus attrayant ces actifs. Pourquoi s’en priver surtout lorsqu’elle est financée par l’argent des contribuables. Un marché qui pourraient donc être distordu avec le même argent du contribuable et se refourguer ces actifs les unes aux autres alors même que l’objectif c’est de les en débarraser. Il y a là quelquechose de surréaliste. Cela fait un peu trop tout de même pour qu’on les laisse faire. Il y a bien une autorité quelque part qui va mettre un terme à cette mascarade (qui finalement est d’une nature proche de celle des bonus de AIG dans le sens où on ne peut pas laisser faire n’importe quoi avec l’argent du contribuable). Moi je verrai bien Obama taper un grand coup de point sur la table pour que ces institutions retrouvent des comportements plus vertueux et des manières de faire plus vertueuses et je ne sais pas pourquoi mais cela ne devrait pas trop tarder.

    300 Millions de $ c’est pas cher la pub pour tenter de refourguer des Millards d’actifs avariés à d’autres sans devoir déprécier son bilan de qqes millards de USD. La Citi doit penser encore effet de levier ….

  15. Avatar de johannes finckh

    Je sens assez bien l’analyse de François Clerc, la crise n’a pas encore produit tous ces effets, et elle pourrait même affecter un moment donné les paradis fiscaux! Au, tant mieux si les « tricheurs » y laissent leur chemise!
    Mais, tant que la monnaie ne « redescend » pas à nouveau dans l’économie réelle de l’échange des biens et services, tous les maquillages comptables ne suffiront pas pour faire repartir l’économie!
    Seule l’instauration rapide d’une monnaie fondante y parviendra.
    Et la monnaie fondante règlera aussi élégamment le problème des paradis fiscaux, car la monnaie fondante se réinvestira toujours là où elle peut aussi acheter quellque chose.
    Une fois acheté sa villa de luxe sur les îles Caïmans que peut-on y acheter? Je vous le demande!

  16. Avatar de johannes finckh

    Les paradis fiscaux, limportation et l’exportaion en régime de monnaie fondante:
    une « réponse au problème posé!

    1)L’évasion fiscale
    Je partage bien naturellement l’indignation de la grande majorité qui critiquent l’existence de paradis fiscaux où ceux qui déjà trop peuvent impunément se soustraire à la fiscalité des grands pays dits démocratiques, comme si, légalement, leur enrichissement faramineux ne leur suffisait pas encore!
    Cette cupidité du toujours plus est choquante et dépasse le « sens moral commun ». Et je soutiens évidemment que les moyens légaux et institutionnels contre ces pratiques doivent continuer à s’appliquer autant que faire se peut, même si le succès reste limité, hélas!

    Mais je voudrais aborder ici le problème sous un angle nouveau, toujours le même pour ceux qui me connaissent, à savoir de ce qui en serait en régime de « monnaie fondante, anticrise antigel ».

    En laissant la situation en l’état qui permet aux gros malins de se soustraire si largement à leur devoir civique élémentaire et qui permet divers blanchiments etc. … qu’est-ce qui se passerait concrètement?

    L’évasion des capitaux et la dissimulation des revenus qui sont donc enregistrés dans ces banques offshore pour échapper aux contrôles étatiques
    implique néanmoins que ces sommes doivent être converties en monnaie locale, ou alors, ce serait le dollar qui y a cours.
    Peu importe, il se passerait la chose suivante:

    Pour l’argent gagné dans un pays, disons en Euroland, destiné à s’évader en zone dollar, il faudra bien le convertir, c’est-à-dire qu’il faut vendre des euros et acheter des dollars.

    A supposer qu’il s’agirait d’euros fondants, il est clair que l’achat de dollars « non fondants » en échange d’ »euros fondants » ne donne pas très envie aux vendeurs de ces dollars de les vendre aux adeptes de l’évasion fiscale.
    Il se passe alors, sans doute, une modification du taux de change en faveur du dollar, mais bon, même payé plus cher, l’évasion fiscale est supposée rester intéressante pour son auteur, et l’acheteur d’euros y trouve son compte, vu qu’il reçoit des euros, certes fondants mais pourvus d’un pouvoir d’achat stable en euroland.
    S’agissant d’euros fondants, il est déjà clair que ces euros reviennent nécessairement et très vite en euroland voire ne le quittent même pas pour continuer invariablement d’exercer leur efficacité transactionnelle bien décrit par ailleurs.
    Si l’évasion fiscale reste évidemment condamnable au regard du sens de la justice et de la morale, il est sensible que les euros dits fondants se prêtent très mal à leur propre évasion!
    Car même des comptes offshore ouverts en euros n’y changeront rien, leuro fondant « physique » continuera au même rythme à faire demande en euroland!
    Nous voyons donc que le principal moyen de nuisance qui est, à côté de la fraude fiscale, le fait de différer l’usage de la monnaie circulante et de la raréfier en euroland (dans notre exemple), aura disparu du fait même de la nature fondante de cette monnaie.

    Une monnaie qui circule si efficaecment que le nombre de transactions par unité de temps augment sensiblement, et que la conjoncture se trouve forcément stimulé fortement.
    Les rentrées fiscales (TVA par exemple) augmenteraient fortement, et ceci « compense » sans doute en partie l’évasion fiscale -qui reste, à mon goût « immorale »! –

    2) Importation – exportation
    Dans un espace (euroland) devenu propice aux échanges marchands, il est sensible que cela stimulera aussi puissamment les échanges en importation et en exportation hors euroland.
    a) Pour celui qui veut importer vers euroland sera payé en euros fondants s’il veut vendre.
    Si le prix lui semble adéquat, il acceptera cette « mauvaise monnaie »!
    b) et soit, rachète alors une autre chose pour la ramener (exporter) lui-même dans son pays d’origine et l’y écouler, soit il convertit dans une banque (en dernier ressort la banque centrale) ses euros fondants dans sa monnaie domestique, disons le dollar. Ace moment-là, un autre, le banquier ou la banque centrale, se retrouve avec le euros fondants en ayant cédé des dollars.
    Mais ces euros resteront toujours dans la zone et doivent continuer à circuler comme si de rien était! En cas de retour à la banque centrale, il est vrai que la masse circulante pourrait, en principe, baisser, car la sortie de devises oblige la banque centrale à stocker les euros qui, pour elle, ne fondent pas dans les même conditions, car elle peut en émettre comme elle veut, bien entendu.

    N’oublions pas que les critères d’émission des euros fondants reste la stabilité de l’indice des prix en euroland.
    Alors, si vraiment le prix devaient baisser du fait d’une forte augmentation des importations, il sera nécessaire d’émettre davantage d’euros fondants, en dotant par exemple les gouvernement de fonds suplémentaire qui auront à nouveau un effet « compensatoire » de l’évasion fiscale.

    Dans le cas des exportations très excédentaires, nous assisterions à une augmentation sensible des euros circulants avec une diminution du volume en biens et services en euroland, et nous aurions des tensions inflationnistes. dans ce cas,au-delà de la « fonte » automatique toujours en oeuvre, il sera nécessaire que la banque centrale procède à une diminution de M0, mais ceci ne me semble pas plus difficile à réaliser qu’actuellement, car les banques seront sans doute ravies de ramener leurs excédents à la banque centrale qui les gèlera, sans frais particuliers pour elle.

    Nous voyons donc, la gestion de la masse monétaire et le maintien de prix stables seront, en régime de monnaie fondante, d’une grande simplicité, d’une grand efficacité, quelle que soit l’ambiance, importatrice ou exportatrice.
    Tout ceci parce que cette monnaie circule toujours et encore et totalement à tout moment pour opérer toutes les transactions souhaitées par les citoyens.

    Il sera prévisible que l’amélioration des rentrées fiscale en euroland, liée au bon climat des affaires en toute circonstance, pourra amener les gouvernements à baisser la pression fiscale tout en se désendettant lentement – le refinancement de leur dette sera peu coûteux – et alors, on peut parier que l’évasion fiscale ralentira pour finir pas s’assécher peu à peu.

    On peut prendre le pari que les autres pays, ceux de la zone dollar par exemple (ou la livre?) pourraient être intéressés à imiter la BCE en émettant à leur tour de la monnaie fondante, car la stabilité économique reste quand même le principal élément de la prospérité.
    La mondialisation de la monnaie fondante est donc plus que plausible rapidement dès qu’elle sera adoptée dans un espace économique ayant une taille suffisante.

    Rêvons!
    jf

  17. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Bonjour,
    Oui, c’est tout comme si c’étaient les visages que l’on voulait extirper des verrues…vaille que vaille aïe, aïe, aïe !
    Bonne journée quand même.

  18. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Merci à Pierre-Yves D.

  19. Avatar de thomas

    @ A de M

    A mon avis : le discours qui est repris en coeur par les grands de ce monde se résume à « relancer la machine » sans se poser plus de question que le minimum, sur nos ressources et nos objectifs.

    Je perçoit comme une bonne nouvelle ces mots d’Angela Merckel,  » nous avons vécu au dessus de nos moyens » qui semblent prendre en compte, précisément, le fait que nous allons devoir nous adapter, et que cela concernera bien d’autres secteurs que la finance (toute la vie, en fait).

    A ce niveau de responsabilité, c’est un discours assez neuf, et c’est d’autant plus une bonne nouvelle que cette dame ne parle pas beaucoup, mais fait ce qu’elle dit. (suivez mon regard…)

    Mais je ne suis expert en rien, ni même très documenté…c’est juste que les bonnes nouvelles en ce moment, même si ce sont juste des impressions, il ne faut pas s’en priver…

  20. Avatar de A. de M.
    A. de M.

    @ Thomas

    Merci pour votre réponse.

    Nouvelle question, si vous le permettez, pourquoi, alors autant de crédit et ce, quels que soient les acteurs : ménages, entreprises, états ?

    Quant à l’Allemagne deux petits liens au cas ou un des 4 pays sur 25 d’Europe à ne pas avoir de salaire minimum devrait être pris en exemple (Je me demande de quelle logique participe ce genre de politiques ?) :

    Exemple de mesures en faveur des chômeurs :

    http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=4543

    Petit rappel sur le Harz IV :

    http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=PagEd&file=index&topic_id=5&page_id=236

    Bien à vous.

  21. Avatar de A. de M.
    A. de M.

    A ma question sur le type de logique dont participe ce type de logique on pourrait ajouter celle-ci :

    Dans quelle mesure le fait qu’elle soit également valorisée par M. Abadie nous renseigne sur ce point ?

  22. Avatar de A. de M.
    A. de M.

    erreur : lire « de politiques » évidemment. Merci.

  23. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @Pierre-Yves D,

    Merci de votre réponse. En fait, je posais le problème des paradis fiscaux car c’est en France le dada de Sarkozy, sa possibilité d’intervention politique, immédiatement démentie, et je me mettais à la place du simple citoyen, « Mais pourquoi ne pas utiliser des moyens POLITIQUES ? ». J’ai l’impression que tout le monde (et même ici sur ce blog) a vu le dernier G20 comme une assemblée de grands argentiers cherchant des solutions techniques à une SIMPLE crise économique. Mais le G20, c’est la réunion de dirigeants politiques représentant les intérêts des peuples qui les ont porté au pouvoir. Ce qui me frappe, c’est la vacuité totale des réponses politiques à cette crise, cette démission des dirigeants qui ne peut que creuser encore et encore le fossé entre l’élite et le peuple (pour faire sommaire). Cette crise économique a basculée immédiatement politique et c’est pour cela qu’elle nous frappe contrairement à l’éclatement de la bulle internet en 2001-2003 par exemple.
    Mon hypothèse personnelle, qui vaut ce qu’elle vaut, est que le système de production capitaliste a pu se répandre sur la terre pour deux raisons principales : c’est bien sur grâce à sa souplesse, les capitaux privés peuvent se déplacer très rapidement d’un centre de production à un autre, mais aussi parce qu’il n’a pas de corpus idéologique, il est polymorphe. Peu lui importe qui l’utilise (on peut même voir un pays communiste comme la Chine le mettre en pratique sans complexe, un comble !). Il a pu ainsi passer d’un nationalisme agressif à un colonialisme « civilisateur », d’une démocratie censitaire à une démocratie « universelle », d’une exploitation éhontée à une « société du bonheur matériel » sans renier ses principes essentiels (propriété privée des moyens de production et libre-concurrence). Mais là, ça coince à cause des limites de la planète, bien sûr, mais aussi à cause de la destruction achevée des idéologies qui faisaient concurrence à ses principes essentiels (une sorte de retour à la pureté originelle, en quelque sorte). La crise est bien politique car le système se cherche une idéologie de remplacement (l’idéologie est indispensable pour faire adhérer le peuple au système économique, sans peuple convaincu pas de société viable) et il n’en trouve pas. Il y aurait bien l’écologie ou un monde multi-polaire harmonieux, il pourrait même venir piocher quelques idées sur ce blog, pourquoi pas, mais cela sent un peu l’aventure, méfions nous des développements possible… Il n’a pas d’alternatives et c’est pourquoi il tourne en rond de sommets vains en sommets vains, quoiqu’en pense les médias officiels extasiés.
    Mon humble conclusion, c’est que tout cela sent l’effondrement de civilisation (surtout en Occident pour des raisons historiques), un krach brutal quand le peuple se détournera définitivement, écoeuré par l’impuissance des ses représentants, et qu’il faut peut-être commencer sérieusement à envisager cette possibilité et se préparer à mettre en place, si possible, des alternatives radicales (c’est à dire non récupérables par le système) dépassant les principes essentiels du système capitaliste qui sont pour moi propriété privée et libre-concurrence.

    PS: Aïe, Paul Jorion va encore se faire traiter par Loïc Abadie de baba post-soixante-huitard qui permet à d’affreux gauchistes de poster sur son blog !

  24. Avatar de brehat
    brehat

    Bonsoir à tous,

    Pour faire suite à mon billet précédant qui concluait qu’il y allait bien y avoir une autorité qui allait rappeler à ces banques US aidées que l’on ne pouvait pas les laisser faire (ou même dire) tout et n’importe quoi ; cette information « bloomberg » comme quoi Geithner a aujourd’hui dit que les managements des grandes banques aidées pourraient bien être changés et que l’objectif de son plan est bien de débarrasser les banques malades de leurs actifs (sous entendu, pas qu’elles se les échangent).

    Le pretexte au changement de management serait les prochaines capitalisations des banques qui le nécessiteront (et donc à venir) et dont les résultats au stress test en déterminerons la liste.

    Bref, après le secteur auto la semaine passée, Obama veut montrer qu’il n’a pas lâché la bride non plus dans le secteur financier et cela pourrait bien se voir ses prochaines semaines : à l’occasion de l’annonce des résultats des stress tests, qu’il pourrait matérialiser d’une déclaration officielle comme il l’a fait à l’issue des conclusions du groupe de travail sur le secteur auto et de la date limite de fin mars 2009 donnée aux groupes auto ? Je pense que la « méthode Obama » se fait plus claire désormais.

  25. Avatar de lacrise
    lacrise

    DSK nous assure dans le Figaro de ce soir que la reprise viendra des Etats Unis début 2010 : comment ce type peut-il en être sûr à ce point ? Lui qui n’a rien vu venir ? On nage en pleine délire ou quoi ? Ce n’est quand même pas le premier lampiste venu, le directeur du FMI…Qu’est ce qui lui fait dire que les américains vont se remettre à consommer ? Avec quel argent ? La Chine va gonfler leur dette ad vitam aeternam ? Je vous avoue que de telles déclarations me laissent plus que perplexe : on est au niveau de Ceaucescu…

  26. Avatar de A. de M.
    A. de M.

    @ Thomas

    Il semble que M. Jorion – comme souvent, d’ailleurs – précise à nouveau dans Gesell III les raisons de ce recours massif au crédit . Etre d’accord sur le constat (trop de crédit) ne fonde pas l’accord sur les causes de celui-ci. D’où mon intervention. On peut bien sûr voir, comme M. Abadie, les causes dans le laxisme « d’états keynésiens », j’ai plutôt tendance pour ma part à y voir la « consubstantialité » du capitalisme et de « l’état démocratique ».

    Autrement dit de qui sont les serviteurs ceux qui nous gouvernent ? Du peuple ou de la finance ?

    Merci pour vos réponses et désolé pour cette prise à parti. Je n’ai hélas qu’une confiance très modérée dans les positions (éthiques et politiques pas boursières !) de M. Abadie.

    Quant à l’Allemagne, j’espère que les articles cités plus haut vous auront aidé à relativiser le modèle qu’elle peut représenter. A toutes fins utiles un reportage d’Arte intitulé « Pauvres malgré le job » diffusé le 11.11.2008 peut s’avérer très instructif.

    Une petite citation de je ne sais plus qui : « On reconnaît le degré de civilisation d’une Nation à la manière dont elle traite les plus fragiles ».

  27. Avatar de thomas

    Merci pour vos questions.

    Je partage votre considération modérée pour ceux qui font des profits boursiers aujourd’hui qui m’apparaissent un peu comme des pickpockets à bord du Titanic. Mais leur coup d’œil est parfois bien aiguisé….

    Ensuite, ce que j’ai évoqué n’est qu’un signe. Pour voir un changement réel, il faudra que tout une génération soit remplacée, ou parte à la retraite donc du temps.

    Bref, je n’idéalise pas l’Allemagne, ni aucun autre pays, je crois que la mutation, le changement de paradigme, la prise de conscience (cochez votre choix) n’est pas du domaine de la compréhension, mais du vécu.

    Cela prendra donc du temps, des évènements vont se produire, des gens neufs vont sortir du rang et dans quelques années, petit à petit, on en sortira….

    Mort aux cons, vaste programme ! Disait Allais. Dans notre affaire ils ne sont pas cons, mais obsolètes, et on ne leur demande pas de mourir, mais juste de passer la main……vaste programme !!.

    .

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