Nommer les voies innommables, par Jacques Seignan

Billet invité

La municipalité de Corbeille-Essonnes veut rebaptiser une partie du boulevard Jean Jaurès en avenue Serge Dassault . Voilà une magnifique initiative ! Mais pourquoi pas le boulevard en entier ? Enfin qu’a fait ce monsieur Jaurès pour les « jeunes des quartiers » ? Renseignez-vous : c’était en fait un dangereux socialiste qui prônait notamment l’égalité alors que M. Dassault a bien su détecter combien nos tendances récentes à vouloir l’égalité partout, y compris pour les homosexuels, sont pernicieuses pour la survie de l’espèce. De plus l’avenue du Président Salvador Allende aura le nom d’un ancien maire communiste pour faire bonne mesure. D’ailleurs un président socialiste qui meurt pour ses idées, ce n’est qu’au Chili que l’on a pu voir ça et ce pays est si loin… Remplaçons toutes les avenues Salvador Allende de France par des avenues École-de-Chicago ou même Milton Friedman ; ça fait plus ‘intello’ (et c’est un peu plus neutre que A. Pinochet). Mais pourquoi d’autres villes ne suivraient-elles pas ces exemples remarquables ? A Marseille il y un boulevard Jean Moulin. Il faut le rebaptiser boulevard Bernard Tapie, le sauveur du journal La Provence, homme qui se montre toujours comme un grand résilient ou plutôt, un grand résistant, lui aussi.

Quant à Victor Hugo, a-t-il vraiment mérité tous ces boulevards, places et avenues ? Avec sa compassion profonde pour les misérables et son combat contre les injustices sociales, n’est-il pas responsable de l’assistanat actuel qui sape notre société en détériorant sa compétitivité ? Alors renommons l’avenue Victor Hugo à Paris en avenue Yvon Gattaz, car son fils, Pierre, serait certainement gêné d’avoir une rue à son nom, avant son propre père dont il continue, au même poste, le combat ingrat.

Soyons imaginatifs et proposons à nos édiles de continuer à rebaptiser nos rues avec tous nos héros de la compétition au XXIème siècle !

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