Le vrai débat sur la monnaie : un premier point

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je vous l’ai dit : je me suis mis à lire les textes « académiques » consacrés à la monnaie. Pourquoi si tard dans notre débat ? Parce que sur un sujet que je découvre je préfère réinventer la roue : je préfère réfléchir d’abord sur la question sans me préoccuper des conclusions auxquelles les autres sont parvenus. Une fois que mon opinion s’est constituée « à la dure », je m’inquiète de ce que les autres en pensent. Je ne publie pas d’articles ou de livres sur un sujet avant d’avoir atteint ce stade là bien entendu mais un blog c’est différent : on peut, comme je l’ai déjà dit, penser tout haut. Comme dans un terrarium où se trouvent des fourmis, on peut me voir creuser des galeries – et moi, grâce à vos commentaires, je peux vous voir creuser les vôtres.

Une bonne et une mauvaise nouvelle. Pour ne pas faillir à la tradition je commence par la mauvaise : ne comptons pas sur Grouchy, les renforts n’arriveront pas, ni pour un camp ni pour l’autre. Et la bonne nouvelle, qui est bien sûr l’envers de l’autre : 50 % au moins de ce qui s’est jamais dit d’intéressant sur la monnaie, l’a été et l’est aujourd’hui même sur ce blog. Je ne plaisante pas : les économistes se sont intéressés à la monnaie mais ont éviscéré la question en la vidant de sens grâce à des hypothèses simplificatrices – sans lesquelles ils considéraient que les problèmes annexes étaient tout simplement insolubles. Ainsi, la dimension temps peut selon eux être ignorée ou – et ce qui revient au même : l’avenir est parfaitement connaissable, soit de manière déterministe soit statistique, et il n’y a donc pas « au plan théorique » de différence entre une opération à terme ou au comptant, ni non plus donc entre du numéraire et une reconnaissance de dette, rien ne distingue du coup non plus propriété et possession. Je m’arrête là parce que la liste est longue mais vous m’avez compris : tout ce qui nous semble central à une compréhension du mécanisme de la monnaie a soigneusement été mis entre parenthèses par les économistes… pour rendre les problèmes solubles ! Ils ont ainsi accumulé au fil des ans des quantités énormes de « solutions » à des versions tellement simplifiées des problèmes que toute ressemblance avec un problème réel est alors entièrement fortuite.

Alors, à ceux d’entre vous qui ont dit à l’occasion que nous « n’avancions pas », « tournions en rond », etc. je vous le dis : c’était une illusion, nous avançons, à la machette peut–être, mais au sein-même de la jungle. Les « experts » n’ont encore jusqu’ici fait qu’étudier les cartes ou travaillé sur maquettes.

Je découvrirai peut–être encore – et je l’espère – des pépites, mais je n’y compte pas trop : non, les keynésiens n’ont pas raison parce que les monétaristes ont tort, il n’est pas vrai non plus que « tous les experts sur la monnaie savent très bien que… » : tous les experts sur la monnaie ne savent strictement rien !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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85 réponses à “Le vrai débat sur la monnaie : un premier point”

  1. Avatar de bese
    bese

    @Shiva

    Le future est très incertain. Ma question porte sur le système actuel. Mon billet est une créance envers la banque centrale. Je ne vois pas comment cette créance peut être détruite. Elle peut se transformer en créance envers une banque commerciale mais j’ai la garantie de pouvoir l’échanger contre une créance envers la banque centrale quelque soit la forme quelle peut prendre. Aujourd’hui, la banque centrale utilise les billets et les pièces pour que nous autres, puissions échanger cette créance sans l’aide des banques commerciales (avec certaines limites). Que la banque centrale utilise dans le future la monnaie électronique pour porter nos créances envers elle ne change rien. La créance n’est pas détruite.

  2. Avatar de Dav

    Pas mieux en ce qui concerne les cent premières pages de America’s Great Depression.

    En revanche, on y trouve une très intéressante explication des politiques expansionnistes du crédit en tant qu’élément déclencheur des crises, qui détaille et recoupe assez bien le point de vue présenté par Loïc Abadie; tout comme Loïc, il s’en sert comme d’un déterminant unique et isolé et ne prend pas en considération la possibilité qu’il y ait d’autres déterminants possibles quant au déclenchement ou à l’amplitude des crises.

    Par ailleurs, il met beaucoup d’énergie à démontrer/expliciter le déroulement de cycles, sans que je n’arrive à comprendre quel est son point de départ pour recourir au concept même de cycle. Il en conclut :

    « The regular, systematic distortion that invariably ends in a cluster of business errors and depression – characteristic phenomena of the « business cycle » (qu’il oppose aux fluctuations normales du marché libre, affranchi de tout cycle, j’imagine) – can only flow from the intervention of the banking system in the market. »

    Je manque de références, d’où ça sort cette idée de cycles ? de Kondratieff ?
    Loïc, vous pouvez sans doute m’aider sur ce point. Merci à vous.

    Ensuite, Rothbard démolit l’approche keynésienne en se focalisant sur son cycle (purge de l’excès de crédit par la déflation) et préconise une absence totale d’intervention par les gouvernements, sans se poser de question sur la résistance des structures sociales dans ce cas, bien entendu.

    Rien sur la monnaie pour l’instant.
    J’ai « Human Action » sous le coude, et il y a l’air d’avoir des trucs plus en phase avec ce sujet-là…

    Mes excuses pour le hors-sujet de fait.

  3. Avatar de Shiva
    Shiva

    @bese cher ami

    Vos créances ne sont pas détruites, en un seul mot !
    Tant mieux, n’ayez crainte elles garderont tout leur fumet malgré la crise…

  4. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    @ Dav

    Pour comprendre Rothbard il faut avoir lu la tradition autrichienne. L’analyse de Rothbard – sur la question qui est en débat – ne fait que reprendre la théorie monétaire des fluctuations de Mises et Hayek. Leur idée est que (a) ce sont les fluctuations du crédit qui se propagent à l’économie réelle et provoquent des fluctuations de la production ; (b) ces fluctuations du crédit sont provoquées par la politique monétaire de la banque centrale; d’où l’influence ultérieure qu’ils exerceront sur le monétarisme.

    C’est le point (a) qui est intéressant. Les économistes ont toujours méprisé cette explication monétaire des fluctuations, lui préférant une explication réelle, à tort, comme le montrent la grande dépression ou la crise actuelle.

    Le « business cycle », ce sont les fluctuations, ie les cycles à court terme des économies (rien à voir avec les cycles dits de Kondratieff), ie le fait que certaines années il y a de la croissance et de temps à autre une récession, voire une crise; dans le temps on parlait de cycles mais comme cela n’a rien d’horloger, on parle aujourd’hui de « fluctuations ».

    Le point (b) c’est pour la tradition autrichienne la seule manière de faire coller leur théorie avec leur idéologie politique simplette, marché bon, état mauvais. S’ils abandonnaient l’idée que seule la banque centrale contrôle l’offre de crédit, il faudrait reconnaître que le marché (et non le public, banque centrale ou état) crée les bulles et les crises, et là, leur idéologie en prendrait un coup… d’où la crispation sur ce deuxième point.

    @ Paul

    Désolé pour vos demandes de références, mais c’est compliqué, ce que j’ai déjà tenté de dire, sans succès; la conception traditionnelle de la monnaie se trouve dans tous les manuels, mais vous la contestez; donc il faut vous replonger dans les textes; or sur le problème de la monnaie, ce ne sont pas les grands économistes dans leurs principaux ouvrages qui l’ont traitée; la question est un serpent de mer; elle s’est posé au 19e, c’est le débat (extrêmement touffu) entre les partisans de la banking school et ceux de la currency school; puis dans de multiples tracts sur la monnaie, comme chez Gesell et plus généralement toute l’économie autrichienne, c’est pour cela que Hayek ne traite pas la question de manière centrale, elle avait déjà été traitée par Mises; puis par Keynes et ses héritiers, par exemple Minsky.

    @ autres
    Le débat me semble s’enfoncer dans la scolastique; chacun défend sa définition de la monnaie, les querelles sont de mots, et le dialogue de sourds. En mathématiques, en sciences, de même qu’en philosophie d’ailleurs, on ne tranche pas les questions de définitions dans l’abstrait, pour elles-mêmes, mais en fonction du problème que l’on traite et de la solution que l’on tente de lui apporter (dit autrement, il n’y a pas de description sans perspective, et le choix d’une perspective dépend de la question que l’on se pose). A vrai dire on ne tranche jamais les définitions dans l’abstrait, à quoi cela servirait-il? D’où ma question : quelle opposition (réelle) se cache entre les tenants des deux définitions, êtes vous sûrs qu’il y en a une, quelqu’un peut-il me l’expliquer 🙂 ?

    NB Pour ceux qui l’utilisent (comme ceux qui se crispent à sa vue), méfiez-vous du terme « ex nihilo », qui a fait l’objet de l’une des plus longues querelles de l’histoire de la philosophie, en gros entre les partisans des grecs (qui ne croyaient pas à la création ex nihilo de matière, ainsi chez Platon le démiurge donne forme à la matière déjà là) et ceux des chrétiens (qui soutiennent la création ex nihilo du monde par dieu (la genèse, saint augustin, etc).

  5. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    Pour l’instant, la querelle se fait entre :

    (A) Partisans de la monnaie au sens restreint
    M1 = monnaie
    M3-M1 = crédit
    Les banques ne créent pas de monnaie, elles accordent du crédit.

    (B) Partisans de la monnaie au sens large
    M3 = monnaie (parfois ‘moyens de paiement’ ou encore ‘crédit’)
    Les banques créent de la monnaie (des moyens de paiement, du crédit).

    Peu importe le camp auquel vous appartenez, les débats sont ailleurs :

    – la banque centrale contrôle-t-elle la quantité de monnaie qui circule ? au sens (A) ? au sens (B) ? en aucun sens ?

    – la monnaie peut-elle provoquer des crises ? au sens (A) ? au sens (B) ? en aucun sens ?

    – A quoi tiennent les bulles spéculatives ?

    – qu’est-ce que l’inflation ?

    – à quoi sert le taux d’intérêt ?

    – la monnaie doit-elle être publique ou privée ?

    – le crédit doit-il être opéré par le marché ou par le public ? sous quelles formes ?

    – doit-on radicalement changer de système monétaire ? est-ce possible ? souhaitable ?

    – a-t-on les moyens d’influencer d’une quelconque manière les formes que prend le pouvoir de création monétaire dans le monde d’aujourd’hui ?

    Personnellement, c’est la dernière question que je commencerais par me poser…

    etc, etc, etc

    Dans les deux cas, le même mécanisme opère; on l’appelle multiplicateur de crédit; pout chaque euro créé de base monétaire, il y a x euros de crédit accordé.

  6. Avatar de Dav

    Merci pour ces éclairages, Fred L.

    « Quelle opposition (réelle) se cache entre les tenants des deux définitions, êtes vous sûrs qu’il y en a une, quelqu’un peut-il me l’expliquer 🙂 ?  »

    Il y avait ceux qui confondaient allègrement crédit et argent; ceux-là croyaient que les banques créaient de l’argent, mais c’est un tout petit peu plus compliqué que ça.
    Il y avait ceux qui disaient que le crédit et l’argent, c’était tout à fait différent; ceux-là croyaient que les banques ne pouvaient pas créer d’argent, mais c’est un tout petit peu plus compliqué que ça.

    Les premiers disaient : les banquiers créent de l’argent, c’est scandaleux. Et ils n’aimaient ni les banques, ni le crédit.
    Les seconds disaient : mais non, les banquiers ne créent pas d’argent. Et ils aimaient les banques et le crédit.

    Grâce au débat, pour ma part je dis : les banques créé du crédit, et le crédit ça n’est pas tout à fait différent de l’argent… et du coup, je dis c’est scandaleux de créer beaucoup trop de crédits !
    Les banques et le crédit ne me laissent plus indifférent mais ce n’est plus ni de l’amour, ni de la haine.

    Voilà.

    🙂

  7. Avatar de Charles THEVENIN
    Charles THEVENIN

    Ignorant de la première heure de la complexité de la finance mondiale, malgré mon age avancé, je suis aujourd’hui au balcon pour observer ce cortège indécent annonçant un séisme sans précédent.

    En marge d’explications cohérentes sur les accidents monétaires, certains parlent de manipulations. c’était déjà le cas de Eberhard Hamer, professeur à l’institut des classes moyennes de Hanovre, qui en 2005 dénonçait « l’escroquerie monétaire mondiale »dans Horizons et Débats, voir le lien http://www.horizons-et-debats.ch/31/31_21.htm
    Entre autre…
    « Fait n°1: Les masses monétaires mondiales ont été tellement accrues et ont une base si fragile (dollars, euros, yens, etc.) que les monnaies correspondantes n’exercent plus de véritable fonction de conservation de la valeur, si importante aux yeux du citoyen.

    Fait n°2: Seules la manipulation et la tromperie à propos d’une valeur de la monnaie qui n’existe plus préservent artificiellement la fonction d’échange des monnaies.

    Fait n°3: Le dollar, monnaie privée de la haute finance américaine, a rompu depuis longtemps tous ses liens avec une valeur réelle (l’or) ou avec une masse monétaire déterminée. Il a donc non seulement perdu sa fonction de conservation de la valeur, mais ne trompe plus le monde, à propos d’une valeur d’échange prétendue de la monnaie privée dévalorisée par une augmentation sans limite, que par des manipulations de cours sur l’ensemble de la planète. Seules cette tromperie et la puissance de la haute finance des Etats-Unis alimentent encore une «confiance» artificielle dans le dollar. En revanche, si les participants au marché savaient qu’ils n’ont en main, avec la valeur nominale du billet, que la promesse sans valeur de particuliers dans lesquels ont ne peut depuis longtemps plus avoir confiance, qui abusent constamment de leur pouvoir de manipuler la valeur de la monnaie, cette confiance se serait effondrée depuis longtemps. »

    « ……les objectifs stratégiques de la haute finance américaine ont dépassé le cadre national. Elle a pour but un système monétaire privé mondial qu’elle a assuré par son dollar privé, imposé comme principale monnaie de réserve dans le monde entier, et qu’elle ne doit plus formaliser que par une monnaie mondiale, l’euro-dollar. »•
     » La haute finance surtout, qui, par son organe la BRI, s’est déjà préparée à s’emparer du prochain système de banques centrales et de monnaies pourrait empêcher la création d’un système indépendant. Il convient donc d’informer, d’expliquer à la population, à l’économie et aux politiciens les dangers qu’une économie monopoliste fait courir non seulement à la monnaie actuelle, mais aussi à un nouveau système monétaire. »

    Pouvez vous, mon cher Paul, m’éclairer sur ce point de vue.

  8. Avatar de oppossum
    oppossum

    J’ai bien aimé la contribution de Loïc au papier de Paul.

    Le fondement de la crise est l’excès de crédit, et pas la spéculation comme semble le formuler Paul.
    Bien entendu les choses se rejoignent quelque part.
    Mais le concept de spéculation comporte 2 ambiguïtés : 1) Une connotation morale qui brouille passionnellement le débat. 2) une condamnation implicite de tout projet de création de profit.

    Attali ou d’autres pointerait le mauvais partage des richesses comme explication.
    Mais c’est une explication d’une telle généralité qu’elle n’explique plus rien de façon précise : de plus , là aussi on est dans le moral et le passionnel.
    Qu’est ce qu’un bon partage ? Celui qu’on s’imagine moralement ou celui qui est accepté par tous ? Celui qui entrainera le meilleur dynamisme économique ? Ou bien encore celui résultant de rapports de forces ?
    Le partage idéal moralement est-il seulement possible , c’est à dire ne détruirait-il pas sa possibilité même en tentant de s’accomplir ? Bref … il y a aussi un partage rêvé …
    D’autant plus que cette exigence de partage amélioré provient également de l’étalage médiatique des fausses valeurs et richesse virtuelles générées par cette énorme bulle de crédit .
    Et quand bien même cela serait, subsisterait alors la question de savoir pourquoi et comment cette insatisfaction (qu’on retrouve de tout temps et partout) à pris la forme de cette crise.

    Revenons donc à l’excès de crédit. Voici pourquoi il est bien à l’origine de la crise.

    Une crise financière ou monétaire c’est une perte de confiance dans la valeur des crédits ou des dettes selon où l’on se place. Le problème FONDAMENTAL est donc bien dans certitude, pour un agent économique, qu’il ne pourra être remboursé de ce qu’il a prêté (quelqu’en soit la raison).
    Le signe ou le titre qu’il possède ne contiend plus la valeur qu’il espérait , ou bien pire, qu’il y a mise, au départ.

    Et cela entraine forcément, un mouvement panique : l’intérêt de chacun est alors l’inverse de celui de la collectivité.

    OR, nous sommes bien dans un système global ou l’ensemble des dettes est bien plus grand que l’ensemble des biens et services à se partager. Nous ne pouvons plus honorer l’immensité des dettes anarchiques (financement du long terme par des dettes à courts termes) que nous nous sommes faits à nous mêmes, les uns aux autres, même si toutes ne sont pas mûres et exigibles aujourd’hui … (Heureusement)

    Ce mouvement de défiance et de retrait généralisé , de course-super-préférence pour la liquité entraînant une réelle crise économique , la capacité de remboursement des dettes arrivant à maturité se trouve alors encore plus amoindrie.

    La main invisible à l’envers (corrigeant ce qu’on l’a empêché de corriger plus tôt ?)
    Bien entendu ce n’est la fin du monde : le jeu consiste à trouver et désigner qui ne sera pas remboursé , qui perdra , qui sera cocu , et il y a des victimes collatérales : l’économie réelle .

    Il faut que la partie se joue.
    A moins qu’on ne décide par un sommet mondial de désigner quelle créance de quel mauvais agent économique ne serait pas honoré. Mais comment choisir ? et quel déballage ce serait alors !
    Ou la monétisation des ‘bonnes’ dettes. Monétisation définitive … planche à billets avec l’option hyper-inflation.

    Ca me dépasse un peu mais une chose est sûre : la partie doit se jouer et la destruction de valeur doit trouver ses victimes.

    C’est donc bien l’excès de crédit , donc de dettes que tout provient.

    Et donc sont responsables tous ceux qu’ arrangeaient bien ce crédit général et tous les mécanismes qui l’ont nourri.

    Et après, on peut accuser Keynes et ses taux d’intérêt , les banques et leur crédit ex-nihilo, les spéculateurs, les consommateurs, le partage des richesses, les faux libéraux, les socialistes, les états déficitaires etc … : je laisse à Paul le soin de hiérarchiser , et de distribuer les mentions spéciales ! 😉

    Et revenir au précepte selon lequel on ne doit s’endetter que de ce que l’on est capable de rembourser ?

    Faut-il remettre en cause la possibilité de crédit ex-nihilo de crédit de la part des banques ? C’est pourtant un instrument très efficace , sain et ‘moderne’ pour financer l’économie réelle ! Le brider dans ses ratios ? Pourquoi pas mais pourquoi ne pas distinguer la nature des objets ou projets qu’on finance ?
    Même si cet aspect ex-nihilo excite beaucoup ceux qui sont persuadé que les Etats seraient forcément de meilleur gestionnaire du pouvoir de création monétaire par le crédit, oubliant que l’Etat ce sont aussi des hommes … qui concentreraient alors beaucoup de pouvoirs …

    Voilà donc ma contribution , un peu primitive, certes .

  9. Avatar de oppossum
    oppossum

    @ Fred L.

    Le crédit ex-nihilo c’est des jetons distribués avant qu’ils aient leur contrepartie en richesse. Et ils seront épargnés … APRES … dans la magique auto-destruction du remboursement à la banque.
    Le « truc » crée à partir de rien revient à son néant.

    Le crédit qui ne veut pas être ex-nihilo ne saurait exister que sur l’épargne : les jetons ont été épargnés AVANT et donc il ne sortent pas de nulle part. Mais c’est un peu théorique car le reste est le même : ils seront prêtés puis rendu … la diférence est qu’il ne s’auto-détruiront pas.
    Ce système suppose la contrainte de l’existence d’une épargne préalable …

    Mais quand on y réfléchit , l’essence du signe monétaire est bien sa destruction, une fois la série d’échanges et de ‘trocs éclatés’ réalisés ! C’est même la règle d’or : l’instance qui a introduit la circulation d’un signe monétaire , doit le récuperer (et ce faisant le détruire) . Sans quoi cela signifierait qu’un agent économique -état ou particulier- s’est accaparé (a volé) la collectivité économique.

    Les règles d’introduction et de destruction des jetons dans l’économie sont capitales. Les banques gèrent la règle du jeu. C’est peut-être plus sain et simple que de se faire faire une lettre de créance de son débiteur pour la passer à son créditeur , situation ou le jeton est introduit par le premier débiteur, sur lui même.

    Le jeton est toujours crée ex nihilo. Le support de l’or comme gage est une fiction auto-réalisatrice qui a eu son utilité historique.

    Bon je suis un peu expéditif. Quelqu’un me corrigera (las angles uniquement) ?

  10. Avatar de gilles bonafi
    gilles bonafi

    @Dav et les autres
    pour comprendre les cycles, il faut lire « le krach programmé » de Ducla écrit en 2003. En effet, nous étions quelques-uns à savoir depuis longtemps que tout allait s’écrouler. Vous pouvez aller sur son site, des explications précieuses y sont données. Il démontre de plus la relation qui existe entre les cycles et la suite de Fibonnaci, donc phi (le nombre d’or ou 1,618).
    @Steve
    désolé de donner la définition officielle de la liquidité. Quant à :« La valeur n’est pas intrinsèque, elle n’est pas dans des choses. Elle est en nous ; elle est la façon dont l’homme réagit aux conditions de son environnement.”C’est une citation de Ludwig von Mises qui veut simplement dire que la notion de valeur varie dans le temps et selon les individus. Pour reprendre un autre débat, la dette et la titrisation sont intimement liées et je tiens à réconcilier ainsi les 2 approches de Loïc et Paul. Une grosse partie du problème actuel est là et non dans les réserves fractionnaires. Il faudrait aussi parler de la croissance constante qui devient une croissance exponentielle ce qui est pour moi la tare majeure de notre système économique.

  11. Avatar de Paul Jorion

    @ Fred L.

    Le débat me semble s’enfoncer dans la scolastique ; chacun défend sa définition de la monnaie, les querelles sont de mots, et le dialogue de sourds.

    Les questions de définition sont premières. La Scolastique y a consacré une énergie extraordinaire et c’est ce qui lui a permis de nous ouvrir le monde moderne en résolvant pratiquement toutes les apories de la signification.

    Dans mon livre à paraître, Comment la vérité et la réalité furent inventées, je cite le linguiste Roman Jakobson que j’avais eu le bonheur d’entendre à la Sorbonne en 1970 où il avait dit qu’il faudrait encore à la linguistique moderne plusieurs siècles avant qu’elle ne renoue avec la lucidité et la sophistication qui était la sienne à l’époque scolastique.

    Je m’étais bien sûr empressé de lire ces auteurs et c’est ce qui explique pourquoi Principes des systèmes intelligents est le seul ouvrage d’intelligence artificielle où l’on se fonde sur les travaux d’Albert de Saxe, Buridan, Grégoire de Rimini, Guillaume de Sherwwod, Guillaume d’Ockham, Henri de Zomeren, Pierre d’Ailly, Pierre de Rivo et Thomas d’Aquin.

  12. Avatar de Dav

    @Opposum

    Je partage l’idée que l’excès de crédit est en effet un fondement, mais je trouve très naïve (ou malhonnête) cette croyance dans l’idée qu’il n’y a jamais qu’une seule cause à un problème complexe.

    Vous dites : « le fondement de la crise est l’excès de crédit, et pas la spéculation comme semble le formuler Paul. Bien entendu les choses se rejoignent quelque part. Mais le concept de spéculation comporte 2 ambiguïtés : 1) Une connotation morale qui brouille passionnellement le débat. 2) une condamnation implicite de tout projet de création de profit. »

    Ceci, c’est la manière dont l’école autrichienne nous parle de la crise et écarte la question de la spéculation.
    Hop hop hop ! On n’en parle pas, il s’agit de morale.
    3) d’accord ne parlons pas de morale, restons logique, et regardons ce que nous dit Rothbard à ce sujet, concernant la phase 2 de la crise, c’est à dire l’entrée dans la déflation :

    AGP, page 39 sur les « liquidity trap » : « This expectation (l’attente de la déflation qui crée la course au cash), far from being an upsetting element, actually speeds up the adjustment. Just as all speculation speeds up adjustment to the proper levels, so this expectation hastens the fall in wages and other factor prices, hastening the recovery, and permitting normal prosperity to return much faster. Far from speculative « hoarding being a bogy of depression, therefore, it is actually a welcome stimulant to more rapid recovery ».

    On pourrait questionner la croyance mystique de Rothbard en la perfection du marché libre and unhampered.
    On pourrait aussi trouver bizarre la manière dont il définit l’état de crise et l’état d’équilibre, sans autre élément d’appréciation que le retour à la perfection du marché libre and unhampered. Belle tautologie.

    Mais n’allons pas trop vite.
    Restons logique. Si comme nous le dit Rothbard, la spéculation accélère le processus déflationniste, on peut légitimement en déduire qu’elle procède également à l’accélération du processus inflationniste. Après tout, si la spéculation est une fonction accélérative, ça semble logique.
    De ce que j’en ai lu, Rothbard se garde bien de le faire remarquer.

    Par ailleurs, il s’agit de se demander quelles sont les dimensions d’une crise. Je retiens trois choses.
    – c’est un phénomène qui s’inscrit dans une durée
    – c’est un phénomène qui se produit selon une certaine vitesse
    – c’est un phénomène qui possède une variabilité dans son amplitude

    Or, qu’est-ce que la vitesse ?
    C’est la modification du rapport entre l’amplitude et la durée.

    Je remarque que l’école autrichienne se garde assez bien de questionner l’impact de la spéculation concernant le troisième point, celui de l’amplitude de la crise. Et pourtant, même en admettant que tout est de la faute du méchant Etat qui comprend rien au vrai libéralisme avec ses politiques monétaires, on en arrive logiquement à se dire que la spéculation a un rôle dans la variabilité de l’amplitude du phénomène.

    J’ai remarqué que l’école autrichienne aimait bien les analogies biologiques. S’agissant de l’hépatite C, l’alcool est un facteur d’accélération de la crise, qui modifie le rapport entre l’amplitude et la durée de la crise.

    On interdit aux patients atteints d’Hépatite C de boire la moindre goutte d’alcool.
    Et ça n’a rien d’une interdiction morale.

  13. Avatar de Moi
    Moi

    Tout prolétaire et exclus du système devrait prier pour que l’on laisse les libertariens prendre les décisions pour nous sortir de la crise. C’est le meilleur moyen de radicaliser la situation et ils n’auront plus alors qu’à brandir leurs livres de Rothbard et Mises face aux masses en colère. Peut-être alors verront-elles la lumière et accepteront-elles calmement de laisser leurs enfants mourir de faim par respect de la théorie.

  14. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    @ Moi

    Tout à fait d’accord; à mon sens, le problème des libertariens (autrichiens, monétaristes, libéraux classiques), c’est que quelque part ils croient encore en dieu. Chez eux, dieu s’appelle la main invisible (héritière en sciences sociales de la providence divine), qui gouvernerait le capitalisme sans qu’il n’y ait besoin d’intervenir ou de réguler quoi que ce soit. C’est d’ailleurs étrange, parce qu’en météorologie par exemple, il ne viendrait pas à l’esprit d’un chercheur de soutenir que le temps va pour le mieux et que les hommes n’ont pas à se protéger des éléments !

    @ Paul

    Loin de moi la volonté de dénigrer toute la scolastique. Certains débats répondaient (par le biais de la logique) à des questions bien précises, généralement d’ordre théologique (par exemple, la querelle des universaux).

    Mais quand vous dites que « les questions de définition sont premières », alors là pardon, mais distinguo; dans l’ordre synthétique (de la justification), oui, sûrement, on commence par les définitions; mais cela ne signifie pas que dans l’ordre analytique (de la découverte), lorsqu’on cherche à résoudre un problème et non à présenter la solution que l’on vient de construire, les définitions soient premières; elles fluctuent tant que l’on n’a pas résolu le problème.

    Ce que j’appelais de manière péjorative la scolastique, c’est la stérilité que provoque tout débat se focalisant sur les définitions lorsque les participants perdent de vue la QUESTION qui avait lancé le débat.

  15. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    Les économistes sont un excellent exemple de cette scolastique. La modélisation rend cette dérive presque inévitable; on commence par faire un modèle pour comprendre un phénomène, et puis très vite on en vient à discuter le modèle en lui-même, indépendamment du phénomène; chacun pinaille sur les définitions ou les problèmes techniques, mais tout le monde a perdu de vue le problème de départ.

    Ce que j’ai constaté – avec étonnement – c’est que le même travers se reproduit ici spontanément, chacun y allant de ses jetons, bouts de papiers, etc. alors même que les participants ne sont pas économistes et n’utilisent pas de modèles mathématiques. A quoi tient cette pulsion formelle ? Je me pose la même question quant à l’évolution de Lacan au fur et à mesure des séminaires (ou de Platon au fur et à mesure des dialogues), si vous avez une réponse, n’hésitez pas…

  16. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Si l’on prenait les exemples par le bon bout ?

    Dans une société dominée par le mode de production capitaliste, le personnage clé est le capitaliste (nous l’appellerons Karl, clin d’œil à ceux qui connaissent un peu d’histoire).

    Ainsi Karl possède de l’argent (son épargne) mais il peut aussi en emprunter (un crédit avec ses intérêts).
    Selon le moment historique il aura plus ou moins intérêt à se servir de son épargne ou du crédit mais de toutes façons il peut acheter des machines, des matières premières, de l’énergie et payer de la force de travail pour obtenir des produits ayant une certaine valeur marchande qu’il espère supérieure aux frais engagés.

    Karl en vendant ses produits (devenus marchandises sur le marché) récupère de la monnaie, avec laquelle il va pouvoir rembourser son crédit et les intérêts. Au final, il aura un revenu sur son épargne et un gain positif sur le crédit + intérêts qu’il a dû rembourser.
    Dans le cas où ce gain n’est pas positif, il y a matérialisation du risque qu’il a pris en achetant machines, matières, etc. et force de travail pour produire des marchandises qui, soit ne vont pas trouver preneur, soit pas à la valeur espérée. (Il peut avoir une assurance qui couvre ce risque, éventuellement).

    Le banquier qui a avancé le crédit récupère les intérêts payés par la production de la force de travail mettant en œuvre les machines à partir des matières premières.

    Ainsi le crédit qu’accorde le banquier sous forme de monnaie permet la production et un gain dont il va prendre une part sous forme d’intérêts (en monnaie) en plus du remboursement du crédit proprement dit (en monnaie lui aussi).

    Ainsi Karl a mis en marche un processus qui produit davantage de monnaie en sortie qu’en entrée : il n’y a pas conservation des quantités, mais augmentation ! Magique, cette force de travail qui, elle, est payée au niveau strict du coût de son renouvellement (quand tout se passe normalement ! on voit que les processus en cours tendent à réduire ce coût de manière drastique, jusqu’à avoir des salariés sans domicile, sans famille, sans sécurité d’aucune sorte : des êtres abstraits que personne ne voit plus dans la rue, mais qui sont au travail, heureusement pour Karl).

    Il est clair que plus la mise initiale de Karl est importante, plus l’augmentation en fin de processus sera grande et que le banquier aura des intérêts importants.

    Tout le jeu consiste donc à multiplier les effets de levier : Karl grâce à son épargne (ou ses biens propres) va pouvoir emprunter davantage en donnant au banquier des assurances raisonnables sur la bonne fin du processus.

    Le banquier de son côté va se transformer en « producteur de valeur » pour valoriser son épargne (d’où qu’elle vienne) : il donne un crédit à Karl en monnaie qu’il crée à partir de la réserve fractionnelle (son « épargne » en quelque sorte) que la loi l’oblige à constituer.

    C’est là que la magie des magies opère : le banquier peut créer de la monnaie sur la base de la confiance que « tout » le monde » a en lui, sous réserves qu’il respecte les ratios de Bâle II. Il n’est pas obligé comme Karl de l’emprunter en totalité et de payer des intérêts… Tout le monde est content : Karl peut lancer son processus de multiplication de la monnaie grâce à la force de travail et le banquier est ravi parce qu’en fin de processus il va récupérer de la monnaie réelle correspondant au crédit + intérêts.

    Mais la soif de l’or (ou de la monnaie) est telle que le processus ne s’arrête pas là : Karl relance une nouvelle opération, sans attendre la fin du premier processus. Sur la base des machines et des matières premières qu’il a achetées et qu’il va gager, il va emprunter auprès de son banquier (ou d’un autre) un autre crédit pour monter une autre usine. Et le processus va en s’amplifiant sans fin… jusqu’au jour où il y a surproduction et tout le bel édifice se démonte couche par couche, voire s’effondre.

    Et le banquier ? Reste-t-il sagement à attendre le remboursement de son crédit et le paiement des intérêts ? Bien sûr que non, il va lui aussi lancer une production en cascade : il va titriser le crédit et le vendre un bon prix. La magie de Bâle II va encore jouer : le crédit sort du ratio de réserve obligatoire.

    Le banquier peut dès lors recommencer à donner un crédit équivalent au premier à Karl (bien joué !) et augmenter ses fonds propres grâce au produit de la vente du premier crédit sous forme de titre ! N’est-ce pas magique ? Pas besoin de sortir de Polytechnique comme disait mon grand-père, pour voir que que ce processus n’a pas de limite… jusqu’au jour où Karl ne parvient pas à rembourser son crédit ce qui fait que le titre correspondant ne vaut rien et que tout s’effondre ou se démonte couche par couche.

    Ainsi du côté de Karl on a l’exploitation de la force de travail (son travail ne lui est pas payé à sa valeur réelle), mais du côté du banquier, en plus de sa part (les intérêts) dans l’exploitation, il se comporte en capitaliste « produisant de la valeur » sans avoir besoin d’avoir la totalité des fonds disponibles (épargne et/ou crédit) pour cette production.

    Le jeu se complique avec les actionnaires de Karl d’un côté… pas difficile à développer ou à comprendre, et de l’autre avec les banques centrales et les états. Là c’est aussi simple au fond : une banque centrale a normalement (ou devrait normalement) être la seule autorisée à donner à l’état les sommes nécessaires (droits de tirage, d’émission de monnaie, de crédits bancaires, etc.). Ces sommes étant soit affectées à des projets (crédits à taux adaptés selon les affectations) soit mises en circulation pour les échanges courants.

    Les néolibéraux (il faut bien les appeler par leur nom) ont inventé et mis en place grâce à la complicité des gouvernements une machine (des machines) infernale : depuis Maastricht les états de la zone euro n’ont plus le droit de créer leur monnaie, la BCE, elle, n’a pas le droit de prêter de l’argent aux états, aux organismes publics ou parapublics…

    Que reste-t-il comme possibilités ? La BCE ne contrôle que les taux d’intérêts directeurs pour gérer la quantité de crédits disponibles (on a vu à quoi cela conduit… personne ne contrôle plus rien réellement, mais n’était-ce pas le but annoncé des néolibéraux ?) Les états doivent emprunter sur les marchés financiers (le banquier est ravi… d’autant que ces crédits vont être AAA+ et ne pèseront qu’à peine sur son ratio Bâle II) pour leurs besoins : la dette publique s’accroît régulièrement puisqu’il faut chaque fois ajouter des intérêts au remboursement de la dette précédente (les courbes de la dette publique de tous les états de la zone euro est en croissance exponentielle depuis les années 1990, comme celle des USA qui sont bien entendu les promoteurs initiaux de cette machine infernale).

    Bien sûr il serait possible de réduire la dette publique en n’ayant plus aucun déficit budgétaire d’état… mais comme on l’a vu pour Karl, le principe capitaliste est d’avoir du crédit pour démarrer le processus, les états sont obligés de faire de même pour assurer un minimum de développement (minimum est le mot, car tous les états réduisent leurs investissements et leur fonctionnement pour tenter de juguler la croissance de la dette qui est impossible à juguler, par définition, une fois qu’elle a démarré et que les lois en vigueur sont ce qu’elles sont).

    Après cet effort, je vous laisse le soin de compléter articulations du raisonnement… il y a beaucoup à faire !

    A mon avis, tant que la BCE ne sera pas en mesure d’autoriser les états à émettre de la monnaie (sans intérêts), tant que les crédits bancaires ne seront pas contrôlés et limités, tant que le remboursement de la dette publique ne sera pas limité (1,5 ou 2 fois le montant du crédit selon la durée) par exemple, alors il ne restera que l’hyperinflation pour faire fondre tout à la fois la dette et tout le reste, en premier la force de travail qui pourra aller manger des racines dans bois, s’il en reste, des bois.

  17. Avatar de Dav

    Je pense que ça relève du processus de la pensée individuelle, qui a besoin de se fixer, de se consolider, d’être cohérente, d’un état stable. Refusant d’une certaine façon le néant, le vrai doute, l’incertain et surtout la duplicité.

    Par opposition à la pensée disons conflictuelle, qui questionne/bouleverse cet état constant d’équilibre de la pensée individuelle et lui permet de se trouver de nouveaux états…

    Voilà ma façon de voir.

    Ensuite le dialogue faisant appel à nos représentations, il s’agit de les démultiplier pour démultiplier les manières de comprendre un problème; à ce titre, quand un intervenant transforme une explication mathématique et pièce de Shakespeare, c’est formidable. C’est une nouvelle porte d’entrée qui s’ouvre vers la même pièce.

  18. Avatar de oppossum
    oppossum

    @ Fred L

    Vous avez raison.
    Le problème provient du fait qu’un phénomène peut être conceptualisé par des modèle différents. Suivant le souci pratique à l’origine de cet effort de compréhension, tel ou tel modèle est plus pertinent.
    Certains seront faux globalement mais efficace pour ce que vous voulez en faire.

    La monnaie peut ainsi être défini de multiples façons selon les points de vue. Cependant certains sont plus harmonieux car ils englobent d’autres.

    Définir la monnaie comme des jetons servant à briser le troc et a échanger n’est pas faux.
    La définir comme le reflet de l’ensemble des biens et services disponible à un moment donné est aussi possible.
    On peut aussi partir de l’idée que c’est une dette de la société envers son possesseur. Ou un droit à tirer.
    On peut compliquer en parlant du rôle de l’or et de la contrepartie immédiate qu’il ajoute au signe monétaire lui-même, comme un gage intrinsèque

    Mais ce sont des visions statiques puisqu’on sait à présent que même au delà du classique phénomène d’inflation du à un excès de monnaie, la quantité de monnaie est un facteur de dynamisme ou d’atonie.
    Sans parler de l’épargne ou de l’investissement , qu’une vision purement ‘jetonesque’ de la monnaie, ne permet pas de comprendre …

    Néanmoins , parfois, pour ne pas trop dériver, il est bon de revenir à des modèles basiques . En ce qui concerne la création monétaire par expl , pour mieux comprendre la règle obscure de qui introduit le jeton, comment, et quel est la règle cachée inconsciente.

    PS/ J’observe que les économistes malgré tous leur outils et leur performance pour traiter ponctuellement et pratiquement certains problèmes sont incapables -globalement- de réfléchir à l’évolution de l’économie et sortent parfois des âneries de théorie que même un lambda comme moi repère.

    Il faut douter de tout mais parfois garder un chouiä de bon sens basique et paysan n’est pas mauvais.

  19. Avatar de oppossum
    oppossum

    @ DAV
    Merci de vos remarques.
    Je ne connais pas l’école autrichienne, ni les autres d’ailleurs : je suis vierge de toute influence.

    La spéculation c’est du vol puisqu’il a acquisition sans véritable contrepartie : voilà le fond de ma pensée, qui vous rejoint.
    Mais ce n’est pas la bonne façon de poser le problème : on s’enmêle les pinceaux entre prévoyance, anticipation, désir de faire un gain, précaution, et au final cela n’explique rien vraiment . Il faut saisir le phénomène économique qui a autorisé l’excès de spéculation. D’ailleurs à ce niveau là c’est plutôt de la cupidité presque ‘criminelle’.

    Vous avez raison l’Etat n’est pas fondamentalement mauvais : mais le principe de précaution démocratique le plus élémentaire , et l’Histoire, m’obligent à m’en méfier. Et à éviter toute concentration de pouvoir excessive. (Sans parler que souvent ça devient inefficace)
    Et le marché n’est pas la panacé, pour la simple raison que la main invisible n’est pas en amont des choses, mais , au contraire, doit être une construction volontaire …

    On n’échappe pas à l’Etat c’est une certitude.
    On n’échappe pas au marché non plus : les sytèmes les plus fermés, les plus dirigistes, archi-planesques, avec concentration du pouvoir monétaire total sont toujours sanctionnés par un effondrement total final, où éclatent toutes les régulations , ajustement, équilibrages de bon sens qui n’ont pas pu s’exprimer avant.

  20. Avatar de A.
    A.

    F.A von Hayek « Nouveaux essais de philosophie, de science politique, déconomie et d’histoire des idées », Edition Les Belles Lettres, page 288 :

    « La campagne contre l’inflation keynésienne »

    « Pour bien comprendre les causes de nos problèmes, il est nécessaire de comprendre l’erreur primordiale de la théorie qui a guidé la politique monétaire et financière au cours des vingt-cinq dernières années, et qui reposait sur la conviction que tout chômage important était dû à une insuffisance de la demande totale, et qu’une augmentation de la demande pouvait y remédier.
    Ceci est d’autant plus facile à croire qu’il est vrai que le chômage est parfois dû à cette cause et qu’une augmentation de la demande totale entraînera dans la plupart des cas une augmentation temporaire de l’emploi. Mais tout chômage n’est pas dû à une isuffisance de la demande totale, et tout chômage ne disparaît pas forcément si la demande totale, et tout chômage ne disparaîtrait pas forcément si la demande était plus élevée. pis encore, il ne suffit pas que que la demande reste à ce niveau plus élevé, car une bonne partie de l’emploi que produit de prime abord une augmentation de la demandez ne peut être préservée que si cette demande continue sans cesse d’augmenter.
    Le type de chômage auquel nous remédions grâce à l’inflation, mais que nous agrzvons en fait à long terme, est dû à une mauvaise orientation des ressources causée par l’inflation. Il ne peut être empêché que grâce à un mouvement de travailleurs des métiers où il y a une offre trop importante vers ceux où l’offre est trop faible. En d’autres termes, un ajustement continu desdiverses sortes de main d’oeuvre à une demande changeante exige un vrai marché du travail dans lequel les salaires des différents types de main d’oeuvre sont déterminés par l’offre et la demande. »

  21. Avatar de Paul Jorion

    Dans mon dernier vidéo-clip, je mentionne un commentaire de Ghostdog : « Lisez les livres de Paul ! » Je ne reprends pas ça pour me faire de la publicité mais parce que je suis souvent désarçonné par ceux qui dans les commentaires n’ont pas la moindre idée de ce que je pense mais s’efforcent de le deviner. Ce que je pense n’est pas savamment caché par moi : c’est disponible dans des blogs, des articles (la plupart sur mon site-toile), et dans des livres largement diffusés en librairie.

    Ceci pour dire que quand je lis :

    … le fondement de la crise est l’excès de crédit, et pas la spéculation comme semble le formuler Paul,

    les bras m’en tombent.

    On peut donc avoir écrit trois livres sur la genèse de la crise actuelle par le mécanisme du crédit et s’entendre dire ça. Et ce n’est même pas comme s’il avait fallu lire mes trois livres pour le comprendre : quiconque aurait lu un compte-rendu de cinq lignes de l’un des trois le saurait.

  22. Avatar de A.
    A.

    Ce que dit Hayek dans les lignes que j’ai pris la peine de reproduire ci-dessus est que l’inflation produit un détour de production par une lequelle une offre de biens ou de services est créee et soutenue par de la création monétaire. Pour que les emplois crées se maintiennent, il nécessaire que le rythme de l’inflation demeure stable, voire s’accélère. Un ralentissement du rythme de l’inflation provoque un tarissement de l’offre de monnaie si bien que les produits et services créés ne trouvent pas de demande.

    C’est la loi de Say qui affleure sous les lignes de Hayek. En effet, selon Say, la création de biens implique une distribution de monnaie qui nourrit une demande de biens. La rémunération respective du travail, du capital et de la rente est l’arrière-plan théorique de l’extrait. Que la rémunération du travail soit supérieure à celle du capital et une distorsion de la structure productive en sera la conséquence. Elle pourrait provoquer du chômage car le capital serait rémunéré à niveau inférieur à son taux « naturel ».
    (Pour cause de vie conjugale, je suis obligé d’écourter ce message …)

  23. Avatar de Magnus Pym
    Magnus Pym

    Les économistes ont toujours posé des conditions théoriques (irréalistes) au fonctionnement de leurs modèles. Avec la monnaie, qui sous sa forme fiduciaire est une pure fiction, ce n’est pas vraiment nécessaire : le champ des contorsions pratiques est très large, et celui des justifications théoriques aux manipulations est quasiment illimité. Tant que l’utilisateur conserve sa confiance – sa fides – dans les signes monétaires.
    En la période présente, où les banques centrales fabriquent de la monnaie à jet continu, en contrepartie de créances des banques commerciales plus que douteuses (les créances, s’entend… quelle que soit l’opinion que l’on ait des banques elles-mêmes), voire sans contrepartie ; en cette période où les Etats s’engagent dans des emprunts pharaoniques alors qu’ils sont, dans l’ensemble, totalement décavés, rien ne justifie la confiance du pékin dans les monnaies. Car la « valeur » de ces dernières n’est garantie ni par la qualité du bilan des Instituts d’émission, ni par la solidité des comptes publics des pays émetteurs.
    La grande première, à mon sens, que constitue la phase actuelle, c’est que toutes les monnaies sont cliniquement à l’agonie en même temps, si l’on s’en tient aux critères de morbidité habituels des économistes. Voilà un scénario auquel ces derniers n’ont pas vraiment réfléchi jusqu’à ce jour. C’est dommage : le naufrage qui nous attend promet d’être spectaculaire. Et pourrait permettre la résurrection de l’idée keynésienne d’une monnaie authentiquement mondiale, son fameux « bancor ».

  24. Avatar de Paul Jorion

    @ Charles Thevenin

    Eberhard Hamer : seul l’or a une valeur + cas aggravé de « complotistus vulgaris ».

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