Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On va de nouveau me taper sur les doigts parce que je m’apprête à dire quelque chose de positif à propos de Nicolas Sarkozy. Je fais donc précéder ce qui va suivre d’une déclaration préalable : « Je sais qui est le Président de la République française, je sais en particulier sur quelle plate-forme sécuritaire il fut élu, je sais également qu’il recommandait lors de sa campagne présidentielle une modification de la politique française du crédit à la consommation qui aurait importé par voie expresse la catastrophe des subprimes au cœur du système financier français ». Je pourrais continuer comme cela sur plusieurs paragraphes. Je ne le ferai pas : libre à vous de compléter si cela vous chante.
Ceci dit, je suis pragmatique : c’est le (bon) résultat qui compte. Je ne suis pas non plus partisan de la politique du pire (et ce que je viens de voir aux actualités ne m’y encourage pas davantage). Certains de mes coreligionnaires pensent que puisque les bénéficiaires du système qui est en train de s’écrouler continuent de défendre bec et ongles ce qu’ils imaginent pouvoir encore sauver de leurs misérables privilèges, il vaut mieux à tout prendre précipiter un effondrement total. Vraiment ? Imagine-t-on donc qu’ils n’attendaient que la venue d’une crise de l’ampleur de celle qui nous emporte aujourd’hui pour se convertir à l’amour de leur prochain et au souci de la planète ?
Je vois bien que Mr. Sarkozy veut tirer parti du fait que le lion est malade de la peste pour que les nations cessent de s’affronter à fleuret moucheté sur la question monétaire mais, sachant que je n’hésiterais pas à le critiquer de ne rien vouloir faire, je me vois à l’inverse disposé à lui dire bravo quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ».
Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas.
Bien sûr ce qu’a en tête le Président français ne remet probablement pas en cause l’ordre financier en place d’une manière aussi radicale que nous le souhaitons vous et moi : nous avons pu le constater à propos d’un certain « punir les responsables » qui semblait se cantonner à la désignation à l’opprobre de quelques brebis galeuses, d’ailleurs déjà à terre, ou au retrait de quelques parachutes dorés, déjà passablement compromis, mais manifestons notre satisfaction quand ce que dit Mr. Sarkozy va dans le sens de ce que nous appelons nous-mêmes de nos vœux. Le monde n’a nul besoin de plus de confrontation qu’il n’en a déjà.
PS : A ceux qui se désespèrent que nous ne soyons pas invités aux grands messes qui se tiennent, et qui me le font savoir : cela ne signifie pas que toutes les pensées ne s’y tournent pas vers nous.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
79 réponses à “Le lion malade de la peste (II)”
en tant qu’adversaire de la Droite je complèterais volontiers la critique du régime sarkozy – la personne ne m’importe pas, en disant qu’il s’agit d’une politique réactionnaire de contre-réforme (appelée « réformes ») visant à détruire les acquis sociaux. sarkozy est très habile et cherche à brouiller les pistes avec des messages « de gauche » (politique d’ouverture, plus de pub à la télé publique etc). On est pas loin de la pensée d’extrême droite, celle de l’amalgame. Souvenons nous wue à propos du lepénisme certains disaient qu’il y avait de bonnes idées.
Effectivement, j’ai lu aussi que « notre » pésident avait déclaré jeudi 8 janvier lors du colloque « Nouveau Monde, nouveau capitalisme » : « Ce fut un jeu où chacun s’efforça de croître au détriment des autres ». CE FUT…
Oui, « manifestons notre satisfaction »…avec deux précisions.
– Continuons à « NOUS manifester »…comme nous le faisons…
– Attention à « satisfaction » : (Empr. au latin. satisfactio « action d’acquitter (dette…) Certes l’empire romain.. chut !
@emmanuel
De nombreux « acquis sociaux », étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi.
Mais il y a des bulles qu on a pas envie de voir.
Maintenant, il faudra depenser que ce qu on aura gagné.
Quand a vos amalgames avec l extreme droite, on ne sait pas s’ il faut rire ou pleurer. La gauche a un besoin très urgent de se refonder, de changer son langage saturé d expressions relatives a une dichotomie revolue depuis la chute du mur.
Sarkozy est intuitif: il PARLE souvent « juste », ou dans un sens que la population attend confusément.
Mais que FAIT-il ?
je suis consterné…
@ Tigue
vous dites « De nombreux “acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi. » Dois-je vous rappeler que vous parler de gens. C’est donc ça l’humanisme qui est en train de se refonder sur ce blog: un hôte sarkozyste, des commentateurs néoliberaux (vous citez Marseille!); décidément tout rentre dans l’ordre.
Une chose est claire en tous les cas: il ne faut pas laisser le monde aux mains des ingénieurs financiers. Quel qu’il soit…
Certes, certes, mais s’il y a une déclaration qui aurait pu attirer encore plus l’attention lors de la séance d’hier du colloque de Paris que celles de Nicolas Sarkozy, c’est bien celle, parmi les politiques, d’Angela Merkel. En évoquant les nécessaires mesures de régulation à venir, elle a espéré que « les acteurs des marchés financiers n’essaieront pas cette fois encore d’empêcher les politiques de mettre en oeuvre les réglementations ».
Quant à Nicolas Sarkozy (pour ne pas remonter à Jacques Chirac et à sa dénonciation de la « fracture sociale »), il nous accoutumé à des déclarations hétérodoxes, destinés à frapper les esprits, dans de nombreux domaines. C’est même un des éléments de son système de commnication.
Faut-il les prendre ou non pour argent comptant ? Il semble nécessaire, en tout état de cause, de les mettre en rapport avec ses actes. Or, sur le terrain où s’est située de manière elle aussi assez surprenante Angela Merkel, ce n’est pas trop brillant.
On entend les échos assourdis des bras de fers qui sont en cours entre, pour simplifier, « le monde de la finance » et « le monde de la politique ». Les banques, notamment, pèsent de tout leur poids pour défendre ce qu’elles estiment être leur intérêt. Elles s’efforcent de n’accepter que le minimum de contreparties aux aides qu’elles recoivent. Elles cherchent à utiliser comme elles l’entendent ces financements publics.
La décision d’octroyer aux banques Françaises des prêts subordonnés et de faire l’impasse sur tout moyen d’exercer, de contrôle à défaut de pression sur leur utilisation, est le résultat du rapport de force que celles-ci ont réusssi à instaurer. A moins, ce qui serait pire du point de vue de votre démonstration, que cela soit l’expression de la volonté de Sarkozy.
En Grande-Bretagne et République Fédérale, d’autres événements permettent d’évoquer ce même rapport de force, que tout le monde a à l’esprit, mais tous les observateurs ont relevé que le gouvernement Britannique n’y avait pas exactement été par quatre chemins. Et que c’est une situation particulière en République particulière, gouvernement de grande coalition et proximité d’élection, qui exlique certains attermoiements.
Dans le domaine qui nous préoccupe, les actes de Nicolas Sarkozy ne sont pas, aujourd’hui tout du moins, à la hauteur de ses déclarations. Sa défense du « multilatéralisme » s’exprime dans la continuité d’une politique française engagée avant lui. La nécessité qu’il proclame d’une refondation du capitalisme sera plus convaincante quand elle sera illustrée par des mesures concrètes.
Il est cependant exact que, dans son style un peu flamboyant, Nicolas Sarkozy a été placé, du fait de sa présidence européenne du trimestre dernier, dans la position de représenter les intérêts de l’Europe, pris comme un ensemble économique ayant ses intérêts à défendre et à promouvoir. Les contradictions d’intérêt avec les USA l’amène, ainsi qu’on vient d’en être les spectateurs, à chercher une alliance brésilienne, et au travers celles-ci avec les pays du BRIC, afin d’obliger les américains à aller plus loin dans les réformes à venir du système financier. Là, il s’agit d’un autre rapport de force sur lequel Sarkozy semble cette fois-ci d’avantage tenter de peser.
Tout renvoie nécessairement, dans cette discussion, à une appréciation à propos de l’empreinte que les autorités politiques vont pouvoir laisser à l’arrivée. A l’arrivée, c’est à dire quand le temps sera venu d’adopter des mesures qui ne peuvent avoir de sens que si elles sont planétaires. Pour le dire autrement, de quelles forces les états disposent-ils encore, alors qu’ils avaient largement abdiqué ? Vont-ils pouvoir mettre à profit cette crise pour remonter la pente ? Trouver de nouveaux moyens d’exercer leur puissance d’initiative et de contrôle ? Nous n’allons pas tarder à nous en rendre compte.
Je suis personnellement très dubitatif à ce propos. Il y a, me semble-t-il, des raisons de fond qui laissent à penser que le capitalisme d’aujourd’hui, s’il peut se satisfaire de l’adoption de mesures de régulation là où il n’y en avait pratiquement pas, c’est même vital pour lui, ne peut le faire qu’à condition qu’elles ne touchent pas à l’essentiel. C’est quoi, l’essentiel ? Rien de moins que la financiarisation de l’économie et de la société. Que le capitalisme puisse revenir à ses fondamentaux comme on l’entend dire et s’y tenir, c’est à dire à sa mission productive, est rien de plus qu’un habillage de circonstance.
Le capitalisme est entré dans une phase de perturbations endémiques, à la recherche d’un nouvel équilibre. Equilibre sur la planète d’abord, entre des puissances dont la hiérarchie et les rapports d force sont radicalement mis en cause. Equilibre écologique de la planète ensuite. Equilibre social enfin, cet troisième volet ne prenant pas assez en compte, dans notre appréhension de ce qui se prépare, les profonds bouleversements sociaux mondiaux que l’émergence des pays « émergents » va induire.
Il est facile de parler et de gesticuler.
Il est facile de voir le bilan d’une carrière politique vide: rien de constructif pour sarkozy !
A chaque fois que vous nous faites l’éloge de sarkozy, vous ne citez aucun résultat, vous le citez lui.
Cela dit vous êtes libre de vos choix et orientations cela va sans dire.
Monsieur Jorion,
Dans la présentation de « Crise : Gestion des toxiques et relance. Une méthodologie ? par Pierre Lang » vous notiez :
« C’est tout à fait ça mais, comme vous le savez déjà, sur le blog de Paul Jorion, les commentateurs ingénieurs règnent en maître ! (Une chose est sûre en tout cas : ce sont eux qui sauveront le monde). »
Considérez-vous Notre Président comme un commentateur igénieur ?
Il y a sûrement une référence historique dans la notion de pensée unique que vous utilisez. Cependant, vouloir à tout prix remettre la bête sur pieds, n’est-ce pas simplement donner l’illusion du mouvement ? L’illusion de se détacher d’une pensée unique ?
Ca me rappelle Coluche qui voulait mettre un frein à l’immobilisme !
Quant au « Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas. », si vous sous-entendez qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je suis totalement d’accord avec vous pour dire que Notre Président n’est pas un imbécile. Ce qui dans la hiérarchie mondiale, si l’on considère que l’on peut juger un peuple à son berger, devrait nous rassurer.
Bonne journée.
Bravo Paul pour ce billet. Si l’Europe, grâce à des dirigeants volontaristes, peut contraindre la nouvelle Amérique d’Obama à entrer dans un cercle économique et financier vertueux pour que la catastrophe que nous vivons ne se reproduise pas, tant mieux. Peu m’importe alors les couleurs politiques.
Je suis beaucoup plus dubitatif par contre sur l’efficacité des mesures prises, partout dans le monde, pour nous sortir de ce mauvais pas. La bulle de la dette (totale : ménages + entreprises + état) ne se dégonfle pas, au contraire. Or, l’endettement sans fin devient totalement inefficace comme le décrit très bien l’article suivant http://www.apprendrelabourse.org/article-23408628.html
Question: La question première est-elle de savoir si M. Sarkosy est un habile manipulateur, causeur, rhétoricien ou tout autre qualificatif que vous préféreriez ?
Question : La finalité première n’est-elle pas l’alternative (pragmatique ????) que vous avancez
OU BIEN CE QUE FAIT LE POUVOIR
OU BIEN LA CHIENLIT
Cela me rappelle 1968 et la geriatrie tyrannique. J’ai déjà vécu ces années là.
Il est HORS DE QUESTION DE RECOMMENCER LE MEME SCENARIO !!!
HORS DE QUESTION DE REPASSER LES MEMES PLATS INMANGEABLES !!!
Question:
Etes-vous sûr que le choix se limite aux pitreries actuelles (FMI, OMC, BCE, etc.) et à la chientlit ?
Vous ne pouvez pas éviter les pirato-corsaires de l’offshore,
Le LIBOR : 300.000 milliards d’eurodevises dites « cotees »
Les plus ou moins marionnettes de Washington, DowningStreet, l’Elysee, Moscou, Pekin, Riyad, Téhéran, AbuDhabi, etc. sont-elles très puissantes en la matière ?
Comment ?
http://www.mediattitudes.info/2008/12/euroclear-cache-ses-liens-avec-madoff.html
Les « nations » … De qui parlez-vous ? … Des parlementaires du G20 ? Que disnet-ils ?
Avec vous, je suis entierement d’accord sur un point : il ne faut PAS, ABSOLUMENT PAS precipiter l’effondrement total
Le non-systeme s’en charge tout seul.
Et je doute que les mathematiciens le qualifierait de chaos (frustré ou autre).
A ce stade, j’y vois plutôt la forme « ATTRACTEUR de LORENTZ », catastrophique, mortifère
(cf. page 85 de l’excellent livre « Des réseaux et des Sciences« Ed. Vuibert).
ATTRACTEUR DE LORENTZ, attracteur chaotique, parce que c’est exactement votre propos OUBIEN ||||| OUBIEN ….FLIP-FLOP
J’ai horreur de ce flip-flop dont on ne peut pas sortir !!!!
Mathématiciens trop critiqués (en partie injustement) !!!!
Je fais appel à vous. Eclairez M. Paul Jorion. Il ne se rend pas compte de l’essence de son propos.
Il n’y a pas 1000 formes de modélisation mathématique desréalités de la vie !!!
Dommage qu’Evariste Galois soit mort.
Il est EXCLU de delivrer des medailles aux protopompiers qui ne font que spolier l’épargne des deposants lambdas.
Pendant combien d’annees vont-ils être protopompiers ? NUL BRAVO … le SILENCE ! …
Pourquoi pas la guerre pendant que vous y êtes ? On est loin d’être au bout du compte
[Accessoirement, si cela ne suffisait pas : le Plan de Relance de l’Elysee (et non de la France) est absolument nul sur le fond].
Maintenant une petite observation à l’attention de M.Olivier (9 janvier 8:54)
Votre indignation est tout à fait légitime. Par contre je suis en désaccord avec votre dernière phrase, la réalité étant contraire
Le monde (j’imagine « financier ») est nullement AUX MAINS des ingénieurs financiers.
Ce sont des pions, des rouages, ou des netSlaves (bien payes, d’accord) ou tout autre substantif que vous pourriez préférer.
Le moment venu, les experts et ingenieurs financiers seront absolument necessaires
Ce ne sont pas les romanciers, anthropologues, psychiatres, sociologues, élus locaux, historiens, macroeconomistes,
micro-economistes, prédateurs en acquisitions d’entreprises exangues, champion(ne)s de l’entrepreneuriat social, etc.
qui amenderons, remplacerons partiellement, ajouterons, mettrons bout-à-bout, testerons, rendrons compte, etc.
Cher M. Olivier (8:54)
Je vous invite à parcourir rapidement la page
http://www.pauljorion.com/blog/?p=1448#comments aux étapes 15:39, 15:45, 16:24, 19:20, 19:25
Au commentaire suivant — le 8 janvier à 20:30, M. Di Girolamo tenait un propos identique au vôtre et je suis en complet désaccord
Le moment venu, plusieurs semestres deja ecoules, les experts et ingenieurs seront INDISPENSABLES.
Les sociétés en ingénierie télématique et informatique ne vont pas manquer de travail.
Vous n’aviez surement pas bien dormi. Quel temps fait-il chez vous ?
Le général Hiver est mauvais conseiller. Bonne continuation. Bonne journée
Les propos de Sarkozy ne sont comme toujours que du vent… Sa seule et unique préoccupation est d’être en première ligne, et de faire des « coups » qui lui permettent de rester visible et crédible médiatiquement.
Se positionner en meneur de la remise en cause du leadership des USA, après des années de militantisme atlantiste, après un an et demi politique d’alignement sur Washington, il n’y a que lui pour oser pareille gesticulation… Dans deux mois, selon ce que fera Obama, ou plutôt selon le degré de popularité d’Obama en France, je le vois très bien revenir à sa posture initiale de caniche de la maison blanche.
@ Tigue
« De nombreux “acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette »
Faut-il en rire ou en pleurer ? Les acquis sociaux ont des problèmes de financement par la simple raison que les cotisations sociales qui sont censées les financer ont diminué proportionnellement à la montée du chômage et au transfert de richesse des salaires vers le capital (explosion des revenus financiers). En vingt ans, de 85 à 2005, 11% du PIB a ainsi été transféré au détriment des salaires. Le chômage a d’autre part été volontairement maintenu haut pour permettre ce transfert (les revendications salariales reposent sur un rapport de force qui dépend du marché de l’emploi).
Mais vous n’avez toujours pas compris que s’il faut financer les « acquis sociaux » en partie par l’emprunt, c’est à cause de ces fortunes amassées par une clique qui contrôle tous les leviers de notre société mondialisée, avec la complicité d’un certain pourcentage de la population qui en retire un confortable bénéfice (rentiers, hauts cadres, professions libérales) ?
Une « bulle sociale qui doit se dégonfler »… mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Comme le dit Olivier, cela concerne des GENS, des millions de personnes qui rament tous les jours pour espérer avoir une vie décente. Je traverse tous les jours en scooter l’ouest parisien, et j’ai chaque fois envie de vomir en doublant ces dizaines et dizaines de voitures de grand luxe, ce débalage de pognon obscène en ces temps de crise.
Une « bulle sociale qui doit se dégonfler »… ni rire ni pleurer, vomir.
Le pragmatisme, c’est excellent, mais une mauvaise analyse peut avoir des effets dévastateurs. Paul, il est indispensable de rester plus près des faits, ce qui est en principe votre marque de fabrique, et de sortir de cette vision d’une élite a priori bienveillante, qui n’est qu’une idéologie particulièrement redoutable qui reste à démystifier.
Il est fort ce Sarkozy ! Une petite phrase, un mot qui résonne juste aux oreilles de celui qui l’écoute, et voilà qu’on en viendrait à trouver du bon dans cet homme là.
Il a fallu 2 mandatures Bush pour que les américains, tombés si bas, se rendent compte de l’énormité des mensonges de leur futur ex-Président.
Nous faudra t il 2 mandatures pour comprendre ce qu’est M Sarkozy ?
Où en serons nous à ce moment là ?
@ Jean-François
Merci de remettre une partie des pendules à l’heure !
Aucun commentaire ne dit cependant ce qui est évident : Sarkozy dit A et fait non-A. Tout le reste est littérature.
Combien de temps peut-il tenir ce grand écart ?
A remarquer que non-A est de l’ultralibéralisme, celui de la fuite en avant du néolibéralisme des années précédentes : du encore plus, plus vite et plus loin de tout ce qui nous a conduit à la catastrophe.
Puisque nous sommes sur un blog cultivé, souvenons-nous que Marx appelait tous les capitalistes et les banquiers « les faiseurs de plus » !
A propos de Marx, je ne résiste pas au plaisir de vous donner une partie de son analyse de la dette publique (mais tout le chapitre XXIV du Capital est à lire) :
« La Dette Publique devient l’un des leviers les plus énergiques de l’accumulation initiale. Comme par un coup de baguette magique, elle confère à l’argent improductif un talent procréateur qui le transforme en capital, sans qu’il ait besoin de s’exposer au dérangement et aux risques des investissements industriels et même des placements usuraires. En réalité, les créanciers de l’État ne donnent rien, car la somme prêtée est transformée en obligations publiques facilement transférables qui continuent exactement à fonctionner entre leurs mains comme si elles étaient autant d’argent liquide. Mais, indépendamment même de la classe de rentiers oisifs ainsi créée et de la richesse improvisée des financiers qui jouent les intermédiaires entre le gouvernement et la nation – indépendamment aussi de la classe des fermiers généraux, commerçants et fabricants privés auxquels une bonne portion de chaque emprunt d’État rend le service d’un capital tombé du ciel – la dette publique a surtout fait naître les sociétés par actions, le commerce d’effets négociables de toutes sortes, l’agiotage, en un mot : les jeux de la bourse et la bancocratie moderne.
Depuis leur naissance, les grandes banques à fronton rehaussé de titres nationaux n’ont été que des sociétés de spéculateurs privés qui se rangeaient aux côtés des gouvernements et se mettaient ainsi en mesure, grâce aux privilèges obtenus, de leur avancer de l’argent. C’est pourquoi la mesure de l’accumulation de la dette d’État n’a pas d’indicateur plus infaillible que la hausse successive des actions de ces banques, dont le plein déploiement date de la fondation de la banque d’Angleterre (1694). La Banque d’Angleterre commença par prêter son argent au gouvernement à 8 % ; en même temps, elle fut autorisée à battre monnaie à partir du même capital en le reprêtant au public sous forme de billets de banque. Avec ces billets, elle pouvait escompter des lettres de change, faire des avances sur des marchandises et acheter des métaux précieux. Peu de temps après, cette monnaie de crédit qu’elle avait elle-même fabriquée devint la monnaie avec laquelle la Banque d’Angleterre faisait des prêts à l’État et payait pour le compte de l’État les intérêts de la dette publique. Mais de donner ainsi d’une main pour recevoir davantage de l’autre ne lui suffisait pas ; elle restait aussi, lors même qu’elle recevait, créancière perpétuelle de la nation jusqu’à concurrence du dernier liard avancé. Peu à peu, elle devint le dépositaire obligé des trésors métalliques du pays et le centre autour duquel gravitait l’ensemble du crédit commercial. A l’époque même où, en Angleterre, on cessait de brûler les sorcières, on se mit à y pendre les faussaires contrefacteurs de billets. Les écrits de l’époque, ceux de Bolingbrokes par exemple, illustrent bien l’effet que fit sur les contemporains l’apparition subite de cette engeance de bancocrates, financiers, rentiers, courtiers, stokjobbers et autres loups boursicoles. »
Toute ressemblance avec une situation présente ne serait bien entendu qu’involontaire et accidentelle.
La suite est aussi passionnante, mais je ne veux pas abuser… toutefois, je ne cesse de goûter « bancocrates » et « loups boursicoles » !
@JeanNîmes
Merci ! Et ouf !
Paul Jorion sensible aux effets de com’ de NS…. surprise…
« survie de l’espèce » ou bien d’un sous-groupe ?
3 réflexions éparses
1/ Lire entre les lignes
2/ Vous seriez surpris de savoir combien ce blog est lu, et surtout par QUI
3/ Ce n’est pas en se lamentant sur la nullité d’un gamin qui apprend à faire du vélo et en lui répétant « tu n’y arriveras jamais » qu’on l’encourage à enlever les petites roulettes 🙂
La campagne de Sarkozy basée sur la sécurité était tout à fait légitime puisqu’elle répond à une angoisse populaire à une demande de protection. Les catégories populaires ne s’y sont pas trompées puisqu’abandonnées par les élites (de gauche et de droite traditionnelle), elles sont allés voter LePen avant de rejoindre Sarko.
Concernant son programme économique, à l’époque le conditionnement idéologique des élites, la pensée unique, ne permettait encore que deux types de politique (de l’offre ou de la demande), soumis au libre-échange et à la non coopération gouvernementale. Il s’agissait d’importer ce qui marche : US et UK avec des taux de croissance et de chômage très enviable.
La vision de Sarko dans ce contexte était de combiner une politique de l’offre (assouplissement de la réglementation du travail, baisse des charges) avec une politique de la demande basée sur le crédit.
Heureusement son bras a été retenu sur ce dernier point mais il faut se souvenir du contexte qui portait aux nus les dynamismes britanniques, américains, espagnols…
Le génie des américains a été de nous faire croire qu’ils préparaient le futur avec l’innovation, économie du savoir… ou un politique de l’offre alors qu’ils ne menaient qu’une politique de la demande financée par le crédit hypothécaire (avec effet de levier renforcé par la titrisation). Le système a été poussé jusqu’au bout de sa logique, c’est-à-dire les subprimes et la crise d’aujourd’hui. Une fois que le crédit est épuisé, il s’effondre.
Il s’agit plus que d’une crise financière mais d’une crise du système avec la mondialisation et le problème de la demande globale en son cœur.
Jusqu’à peu, l’autre alternative de politique économique consistait en une politique de l’offre comme l’Allemagne avec compression des salaires ou comme au Japon en Chine et Extrême-Orient…. . Ces pays fortement exportateurs s’écroulent très logiquement suite à l’effondrement des débouchés.
La crise financière découle des déséquilibres récurrents et entretenus de l’économie mondiale. Contre ses promoteurs, le libre échange n’aboutit pas à une correction naturelle des déséquilibres malgré tous les préceptes théoriques (Ricardo, Eckscher-Ohlin). Aujourd’hui plus que jamais, le problème qui se pose c’est une demande structurellement faible. Dans notre système de libre échange, le salaire de plus en plus en concurrence mondiale est la variable d’ajustement. Comme les salaires baissent ou stagnent, ceci a pour effet de faire baisser de manière durable et systémique la demande globale mondiale.
So what next ? Le protectionnisme. Un protectionnisme intelligent, négocié, seul à même de rééquilibrer le système, de préserver les solidarités au sein d’une nation (aucun autre espace de solidarité n’a encore été inventé) et de répondre aux angoisses des peuples.
Celui-ci ne peut se mettre en place au niveau européen. Et c’est pourquoi nous avons ce discours combiné de Sarko et d’Angela Merkel.
Et ça ne peut surprendre que les anti-sarko épidermiques. Cela vient de loin et correspond à son tempérament de vouloir peser sur les événements. Car ce qui caractérisait ces 30 dernière années la politique française, c’est bien la soumission aux « forces du marché », à la mondialisation, à la nécessité de faire l’Euro. Cette crise permet enfin de sortir de cette pensée unique, émolliente. Sarko ne s’y est pas trompé. Cette crise a fait sauter les verrous psychologiques, préalables à l’action publique. Action qui correspond à son tempérament.
Par ailleurs, si on reprend sa campagne électorale, ce fut un des rares à parler de taxe carbonne, de préférence communautaire, de politique industrielle (cas Alstom).
Il fustige régulièrement les banquiers et spéculateurs qu’il oppose volontiers aux « vrais » entrepreneurs. En outre, un de ses conseillers principaux s’appelle Henri Guaino et il a plutôt le vent en poupe aujourd’hui.
Que pourrait-on envisager demain ?
Sous l’égide d’un conseil économique mondial (idée avancée par Angel Merkel), des négociations multilatérales pourraient être régulièrement menées entre zones économiques pour réduire les déséquilibres commerciaux et financiers récurrents. On sort de la logique unique et idéologique de vouloir uniquement baisser des barrières tarifaires. Les principes pourraient être équité de traitement social et environnemental.
Par exemple, si une zone économique décide une forte protection sociale et des normes environnementales rigoureuses, elle aura le droit de protéger certains marchés de produits fabriqués dans une zone à très faible protection sociale et faibles normes environnementales. Le tout sur la base d’un respect d’équilibre des flux de marchandises.
Et je ne vois pas en quoi nous aurions à nous inquiéter d’un déficit de concurrence à l’intérieur d’une zone comme l’UE (UE + Russie, pourquoi pas ?).
Par contre, à l’intérieur de la zone UE, et là, c’est plus utopique, il conviendrait d’inventer un système de négociations salariales au niveau européen qui tienne compte des gains de productivité afin d’éviter le dumping social par tel ou tel pays. Et faire attention également à ce que le profit ne soit pas non plus écraser trop durablement pour ne pas aboutir aux errements idéologiques libéraux des années 70-80.
Autre problème soulevé : quid des recettes des droits de douane ? Qui décide du produit de son affectation ? Pour financer quels projets (d’avenir si possible), dans quelle zone ?
Ceci ne sera pas facile à mettre en œuvre mais autrement plus stimulant que la rengaine libérale du toujours moins.
Et je suis prêt à mettre ma main au feu que Sarko s’engage dans cette voie là qui correspond à une aspiration profonde du peuple.
Très sceptique sur l’analyse de ce billet : je ne suis même pas sûr que Sarkozy vise le « système qui est en train de s’écrouler » quand il déclare que « nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique. » Cette formule ambigüe, “pensée unique”, peut désigner tout et son contraire, aussi bien le “soviétisme keynésien” (pour faire du Marseille).
Quant aux “privilèges” des acquis sociaux analysés par cet économiste, d’accord avec Olivier et Jean-François.
Auteur en 2001 de “L’UIMM, cent ans de vie sociale”, son sous-titre laisse entendre que la fédé’ la plus puissante du patronat français a inspiré les législations favorables aux salariés – ce qui n’est pas faux pour certaines mais l’est complètement pour l’écrasante majorité.
Marseille amuse au moins les Wikilibéraux.
J’aime lire ce blog, j’aime vous lire M. Jorion.
Et bonne journée.
@Paul,
Votre pragmatisme me consterne. Je comprends sa source : il a été élu , il est au pouvoir, on ne peut changer cela (quoique…). Pourtant il m’apparaît comme une forme de renoncement…
Peut-être n’est-ce que de la naïveté ?
Cela me fait penser à Mladić entrant dans Srebrenica, caressant la tête des enfants et rassurant les femmes, « ne vous inquiètez pas, nous ne vous ferons pas de mal, arrêtez de pleurer. »
Ce massacre est qualifié de génocide parce qu’il fut planifié certes, mais aussi parce que la communauté internationnale ( ici 2 membres du conseil permanent de l’ONU : France et G-B) connaissait les intentions du gouvernement serbe et ont laissé faire.
Nous connaissons tous les intentions de M. Sarkosy élégament résumé par » liquider Mai 68″ (en réalité il s’agit plutôt ici de liquider l’héritage du conseil de la résistance, mais cela ne peut être dit), c’est-à-dire faire adopter à la france la marche forçée vers une société néo-libérale (modification du code du travail, criminalisation des sans-papiers, remise en cause de l’ordonnance de 45 concernant la gestion de la délinquance des mineurs, paquet fiscal, privatisation de GDF, de la Poste, supression de postes dans le public etc. ).
Nous savons d’où il vient ( Haut-de-Seine), c’est un pasqua boy et où il va…
Quand le bourreau tente de me rassurer et m’offre son plus beau sourire, je pressens que le massacre n’est pas loin…
@Tigue,
votre commentaire m’ayant définitivement donné envie de pleurer et puisque vous semblez vous interroger sur la proximité entre Sarkosy et l’extrême-droite, je vous rappelle que :
1) Sarko a gagné l’élection grâce aux électeurs du Front National (10%), en s’appuyant sur un discours que ne renierai pas M. Lepen.
2) Je vous conseille la lecture de « à quoi sert l’identité nationale » de Gérard Noiriel chez Agone.
Par Igor Martinache
Cet ouvrage est le premier d’une collection [1] et, espérons-le, d’une longue série. Lancée conjointement par les éditions Agone et le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH) [2], « Passé et Présent » vise donc à mettre en oeuvre cette « vigilance » des historiens face à l’action des « entrepreneurs de mémoire » qui « ignorent ou caricaturent la recherche historique » (p.8). L’actuel président de la République excelle en la matière, ce qui explique l’importance que lui accordent des chercheurs plus habitués à éplucher les archives et les témoignages que les discours politicio-médiatiques. Et pour inaugurer cette entreprise, Gérard Noiriel, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) dont les travaux sur l’immigration, les classes populaires et les intellectuels font référence [3], a choisi de traiter du thème de l’ « identité nationale » que le candidat Sarkozy avait choisi de jeter dans la campagne, comme le pavé de l’ « insécurité » l’avait été dans la mare électorale de 2002 par son prédécesseur.
Le plan d’attaque du socio-historien est classique mais efficace : dans un premier chapitre, Gérard Noiriel retrace en effet la genèse de la polémique déclenchée par l’annonce faite en mars 2007 par Nicolas Sarkzoy de créer en cas d’accession à l’Elysée un ministère accolant dans son intitulé les termes d » « immigration » et d’ « identité nationale ». L’auteur rappelle ainsi que cette dernière expression n’a été introduite dans le débat politique français qu’à partir des années 1970 par les régionalistes et les militants de l’ethnicité [4]. Il faut cependant remonter plus loin pour saisir réellement les racines du débat, à la Révolution française et l’accouchement difficile de notre République. C’est à ce moment-là en effet que se forme un clivage fondamental entre républicains (la « gauche » de l’époque comme l’écrit Noiriel) et monarchistes (la « droite » d’alors). Ce sont les premiers qui défendent alors la nation contre les seconds, qui récusent avec elle « la légitimité du suffrage universel et le principe d’égalité entre tous les citoyens » (p.15). Peu de temps après, c’est cette même « identité nationale » qui va être brandie dans les états allemands par des philosophes comme Herder, Fichte ou Jahn [5] pour promouvoir la culture populaire contre celle de l’élite dans le contexte des invasions napoléoniennes. Une conception qui ne s’imposera qu’à l’époque du romantisme en France. Et ce sont les historiens, au premier rang desquels Michelet, qui s’emploieront à donner un contenu à l’identité nationale française. A noter, comme le fait Gérard Noiriel en s’appuyant sur le travail de Louis Chevalier [6] , qu’à cette époque « le discours sécuritaire est déconnecté du discours national » (p.18), les classes populaires et non les étrangers jouant alors le rôle de bouc-émissaires aux yeux des nantis. Une rupture intervient avec la guerre de 1870 et l’élaboration d’une vision défensive de la nation en France, exprimée notamment par le fameux discours d’Ernest Renan de 1882, « Qu’est-ce qu’une nation ? », où pour s’opposer (en partie seulement en fait) à la conception culturaliste allemande, met en avant la « volonté de vivre ensemble ». Ce sont bien les deux caractéristiques de l’identité mis en évidence par Paul Ricoeur que l’on retrouve ici : la « mêmeté » et l’« ipséité » [7]. Enfin, une deuxième rupture a lieu dans le cadre de la IIIème République, où la politisation de l’identité nationale est opérée par la droite pour contrer la politisation de la classe ouvrière et la mise en avant d’une identité de classe. Gérard Noiriel décrit ici finement comment les conservateurs, Barrès en tête, développent alors un nationalisme pessimiste, déterministe et empreint de catholicisme, auquel certains socialistes, à commencer par Jean Jaurès, sont alors « sommés » de répondre alors par un patriotisme relativement optimiste, laïc et articulé à la question sociale. Et surtout, cette conception de l’identité nationale n’est, elle, pas animée par un sentiment revanchard contre les Allemands.
Gérard Noiriel traite ensuite dans le deuxième chapitre de la période qui suit la Seconde Guerre Mondiale. Celle-ci débouche sur un consensus entre gaullistes et communistes pour magnifier l’identité française dans la commémoration de la Résistance [8]. Et c’est donc à la suite de « Mai 68 », mais aussi sous l’effet de la guerre d’Algérie, et de l’influence d’universitaires américains qui forgent le concept de « national identity » pour contester la vision idyllique du creuset américain, que s’amorce un « puissant mouvement de réhabilitation des identités collectives dominées » (p.54), mené aussi bien par les mouvements régionalistes que par les descendants de déportés juifs ou arméniens. Un dernier retournement s’opère dans les années 1980 après que Valéry Giscard d’Estaing ait lancé sa politique anti-migratoire [9]. Les militants d’extrême-gauche fustigent alors le « racisme » d’Etat, tandis que la droite, avec la création du Figaro Magazine en 1978 entreprend de lutter contre l’hégémonie des intellectuels de gauche. Une entreprise qui sera finalement couronnée de succès comme le constate par la suite Gérard Noiriel. Car c’est à une autre mutation importante que le retour actuel de l’ « identité nationale » doit être reliée : le « triomphe de l’information-spectacle ». C’est parce qu’il en a bien compris le fonctionnement que Jean-Marie Le Pen parvient à coups de provocations calculées et surtout de discours suggérant plus qu’ils ne disent, qu’il permet à son parti du Front national de remporter un certain nombre de succès électoraux, en réactivant le « vieux réflexe national-sécuritaire », où le jeune d’origine immigré (et appartenant surtout aux classes populaires) fait figure d’épouvantail. La droite classique lui embraye le pas, comme l’illustre la politique très ferme du Ministre de l’Intérieur Sarkozy à l’égard des migrants en situation irrégulière (qu’il ne manque pas de stigmatiser par le terme chargé de « clandestins ») ou les discours d’un philosophe comme Alain Finkielkraut [10] qui fustige inlassablement la montée d’un relativisme culturel, d’une haine de la France portée notamment par les jeunes d’origine immigrée, notamment musulmans – et même d’un « racisme anti-blancs »-, la responsabilité des sciences sociales dans cette évolution, et n’hésite pas à parler de « pogrom anti-républicain » à l’occasion des émeutes urbaines de novembre 2005…
Gérard Noiriel revient ensuite sur le « tournant » qu’a constitué la campagne présidentielle de 2007. Il analyse pour cela les discours de Nicolas Sarkozy à partir du moment où, à Caen le 9 mars 2007, celui-ci met en avant le thème de l’identité nationale, qu’il rend indissociable, comme Alain Finkielkraut, d’une supposée « crise de la culture ». Faisant mine de lever un tabou qui n’en est pas un, et se présentant comme « celui qui dit la vérité aux Français », le candidat axe sa campagne sur cette notion d’identité nationale, conforté en cela par les sondages d’opinion, et évitant de ce fait soigneusement d’aborder la question sociale [11], alors même que son programme pose de sérieuses questions en matière de services publics ou de creusement des inégalités économiques. Renouant avec les discours nationalistes de la droite classique, Nicolas Sarkozy met ainsi en avant le thème de l’ « antirepentance » s’agissant de la responsabilité de l’Etat français dans la colonisation ou les traites esclavagistes, et dénonce au contraire de manière insidueuse des « ennemis de l’Intérieur » en la personne des « clandesins » et des « communautaristes ». Il faut lire derrière cette dernière appellation la stigmatisation des citoyens musulmans [12]. Le candidat Sarkozy emploie notamment des arguments « féministes » [13] pour soutenir « la persécutée qu’on oblige à porter la burka, […] la malheureuse qu’on oblige à prendre un mari qu’on lui a choisi, […] celle à laquelle son frère interdit de se mettre en jupe » [14], et stigmatisant en creux les hommes, évidemment musulmans, responsables de ces situations. Habile, la droite ne stigmatise pas pour autant tous les immigrés, mais valorise au contraire ceux qui ont réussi à s’enrichir économiquement, ainsi que leurs descendants [15], pour mieux enfoncer les autres.
Analysant ensuite la vision de l’identité nationale portée par la candidate socialiste, Ségolène Royal [16], Gérard Noiriel montre finalement comment le vieux clivage entre le « nationalisme » de droite, qui condamne le danger que représente les « étrangers » et présuppose l’inassimilabilité de certaines catégories, et le « patriotisme » de gauche, qui fait primer le social sur le national, a finalement été réactivé durant la dernière campagne présidentielle. Il développe enfin dans la dernière partie le rôle particuliers des médias dans la réussite d’une telle stratégie de communication, en décrivant notamment la transformation de ce champ où seuls subsistent parmi les intellectuels ceux « de gouvernement » [17]. Une manière de justifier également la création du CVUH, ainsi que la démission collective de huit des douze historiens membres du conseil scientifique de la nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immigration le 17 mai 2007, soit le jour même de la création du ministère « de l’Immigration et de l’Identité nationale ». Dans une « démocratie du public » où priment l’image médiatique, les sondages et les experts en communication, [18], il s’agit aussi pour les historiens de faire entendre l’expression de leur « vigilance ». Il faudra sans doute s’armer de patience pour y parvenir, mais c’est là une ressource dont les historiens sont loin d’être dépourvus…
Notes :
[1] Un deuxième titre vient de le rejoindre fin avril : Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France sous la direction de Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt & Sophie Wahnich
[2] Né au printemps 2005 et présidé par Gérard Noiriel, le CVUH regroupe des historien-ne-s, chercheur-se-s et enseignant-e-s, du supérieur et du secondaire, préoccupés par l’instrumentalisation politique de l’histoire. Voir son site ici
[3] Citons entre autres Longwy, Immigrés et prolétaires (1880-1980), Paris, Presses Universitaires de France, collection « Pratiques Théoriques », 1984 ; Le Creuset français. Histoire de l’immigration (XIXe-XXe siècle), Seuil, collection « L’Univers Historique », 1988 (Réédité en collection « Points-histoire », Paris, Seuil, 1992) ; État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Belin, collection « Socio-Histoires », 2001 (Réédité en collection « Folio-Histoire », Paris, Gallimard, 2005) ; Les Fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », 2005 ; Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle) : Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007
[4] Ce qui en fait une des conséquences de « Mai 68 ». Observation ironique quant on songe à l’opinion du président actuel quant à cette période de notre histoire récente
[5] Qui vont forger la notion de « Volkstum », traduite en français par « nationalité »
[6] Cf Classes laborieuses et classes dangereuses, Plon, collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui », 1958, réédité au Livre de poche, collection « Pluriel » en 1978
[7] Cf Soi-même comme un autre, Seuil, 1990
[8] Dont l’importance numérique dans la société française a, sans doute de ce fait, eu tendance jusqu’à aujourd’hui à être quelque peu exagérée. Voir sur ce sujet les travaux d’Olivier Wieviorka, notamment l’ouvrage écrit avec Jean-Pierre Azéma, Les Libérations de la France, La Martinière, 1993
[9] Sur ce sujet, voir l’ouvrage récent de Patrick Weil, Liberté, égalité, discriminations : « L’identité nationale » au regard de l’histoire, Grasset, 2008, qui représente d’ailleurs un complément utile au présent ouvrage
[10] A qui Nicolas Sarkozy apportera un soutien sans ambage lorsque Finkielkraut sera attaqué pour sa dénonciation du trop grand nombre de joueurs noirs dans l’équipe de France de football…
[11] Entraînant d’ailleurs dans son « piège » nombre de médias de gauche qui, hormis L’Humanité et la presse d’extrême-gauche, est rentrée dans la polémique sur l’identité nationale, l’érigeant de ce fait en problème majeur au détriment des inégalités économico-sociales
[12] Qui ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en boudant massivement le candidat UMP au premier tour du scrutin présidentiel
[13] Seul cas d’ailleurs où il se soucie de la question des rapports sociaux de sexe comme le remarque Noiriel
[14] Dans son discours d’investiture comme candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, le 17 janvier 2007
[15] Aux rangs desquels comptent d’ailleurs Nicolas Sarkzoy, Alain Finkielkraut et Max Gallo, qui s’est rallié au premier en invoquant précisément ce discours autour l’identité nationale, qui n’oublient pas de le rappeler
[16] A laquelle Gérard Noiriel avait fini par se rallier, comme il le reconnaît et l’explique d’ailleurs ici
[17] Sur les différentes catégories d’intellectuels, voir l’ouvrage de Gérard Noiriel, Les Fils maudits de la République, op.cit.
[18] Comme la nomme Gérard Noiriel en reprenant la catégorie forgée par Bernard Manin dans Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1996
En revanche, j’avoue être étonné que Paul n’ait pas directement relevé la déclaration d’Angela Merkel pour la rédaction d’une:
Remarquez, je dis bien « directement », parce qu’en lisant ça sous la plume de Paul :
on peut faire le lien 🙂
@Julien Alexandre: « 2/ Vous seriez surpris de savoir combien ce blog est lu, et surtout par QUI »
Pour ma part, et sans préjuger de qui est réellement qui, je suis agréablement surpris de voir la tenue intellectuelle de certains intervenants sur ce blog. Il n’est parfois nul besoin d’avoir lu des centaines de posts pour se faire une idée. On pourra éventuellement un jour être en désaccord mais cela est pour moi acquis en ce qui vous concerne.
@Tigue
-« Maintenant, il faudra depenser que ce qu on aura gagné »
Votre assertion manque beaucoup de précision. De quoi parlez-vous?
Des acquis sociaux, mais lesquels? Certains, tous ?
Les congés payés? Les 35h ? La Sécurité Sociale ? Le RMI ? La CMU ? L’école publique gratuite?…etc.
Soyez rassuré, nombre de ces acquis sociaux sont en train de disparaitre, pour votre plus grand bonheur, si je vous ai bien compris.
Quant à M.Marseille, porter le nom de la 2ème ville de France, ne le rend ni grand, ni sympathique, ni crédible.
L’avez vous seulement lu, et surtout compris?,(peut être trop bien, en espérant être toujours du côté du plus fort).
Pour ce qui concerne notre Président, cela me rappelle une anecdote, dans un tribunal, un avocat tenait une feuille pliée dans une main, et s’écriait qu’il détenait la preuve de ce qu’il avançait.
Preuve qui n’était qu’une feuille entièrement blanche.
Peut-on penser un seul instant que ce Président là soit autre chose que ce qu’il disait il y a bien des années sur le Canal + des débuts à un Karl Zéro qui l’interrogeait sur ses ambitions?
Crânement, Zarkozy nous faisait part, déjà, de son objectif ? Le sommet.
Il ne nous disait rien de ce qu’il voulait faire une fois la haut, simplement il voulait y être.
Il a réussi, doit on le féliciter pour cela?
Depuis l’été dernier (déjà), ce Président n’a eu de cesse de tourner sa veste à 180°; Comme il le dit lui même, « il ne faut pas lui reprocher de changer d’avis », il s’affirme pragmatique.
Comme le rappelle M. Jorion, c’est ce même Nicolas qui voulait importer le cancer des crédits subprimes en France, et bien d’autres maladies encore.
Que penser de ses déclarations ?
Parole, Parole, Parole…
Il a parfaitement appris de ses pairs américains pour qui il a la plus grande admiration.
Il dispose d’une équipe parfaitement dévouée à SA personne. On lui concocte, après enquêtes et sondages, les thèmes qui retiennent l’attention du public. Mieux, les mots sont testés, choisis, travaillés.
D’un côté le discours, de l’autre les faits. D’un côtés les mensonges, de l’autre la vérité.
Sarkozy est un chef de bande, rien d’autre.
Personnellement, je ne juge pas un homme a ses paroles, mais à ses actes. Que les discours du président sachent séduire, ce n’est pas une nouveauté. Dans la pratique, les résultats sont loin d’être au RDV… quoi que ca dépends comment en regarde. Mais je n’ai pas l’impression que la démocratie progresse beaucoup dans notre pays (crois-t-on avoir atteint la perfection ???). Si on a inventé la séparation des pouvoirs, il me semble que ce n’était pas pour rien. Et visiblement, la tendance, la tentation, du moment est a l’inverse. La réforme des juges d’instruction n’est que le dernier exemple de ces changements subtils qui font que aujourd’hui notre président est au commandes de l’exécutif, du législatif, du judiciaire, de la presse et … du renseignement !!!
Je suis inquiet.
Inquiet parce que ses discours endorment les méfiants. Inquiet parce que son habileté politique trompe les plus vigilants. Cet homme est un génie de la politique comme on en a rarement vu dans l’histoire. Son génie ne semble avoir d’égal que son ambition et il est clair que l’Europe est la prochaine étape. Il n’en fait pas mystère d’ailleurs. La crise est du pain béni pour lui et il est clair que comme d’autres avant lui, l’image de l’homme fort qui donne l’impression de savoir ou il va, est amenée à être de plus en plus populaire.
Je suis inquiet.
Le seul contre pouvoir qu’il reste, pour peu de temps si nous ne faisons rien, c’est internet.
Nicolas Sarkosy dit « au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » et « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique »
C’est le « nous » qui est sympathique( !) : « nous » n’accepterons pas : il n’a pas osé dans ce cas de figure dire je parce que ce qui caractérise Sarkosy c’est le je.
« Il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou penser » Indépendamment du fait que la notion de nation est très affaiblie,
c’est une vérité de dire cela : à problème global réponse globale et dans ce global il y a l’ensemble entier de la collectivité humaine,
IL Y A UN TOUS.
C’est la raison pour laquelle je pense que Nicolas Sarkosy , même s’il dépasse d’une tête (dans le domaine du volontarisme ) ses collègues dirigeants n’est pas l’homme de la situation ; Sarkosy est un ambitieux souhaitant se rehausser et ce qui motive ses actions c’est cela ; le fait que ce trait de caractère soit et ait été largement partagé par ses prédécesseurs ,successeurs et ses rivaux de l’opposition ( Ségolène Royal a les mêmes motivations recentrées sur l’ego) ne change rien à l’affaire : la nature même du problème à régler fait que ce genre de profils ne sont pas adaptés à la résolution de la crise planétaire.
Ce sont des qualités inverses qu’il faudrait à notre futur(e) président (e) : quelqu’un capable de comprendre réellement que personne, ni individu (soi même compris), ni groupe , ni parti, ni nation… ne détient la vérité et que le rôle des dirigeants est aujourd’hui de susciter, de faire émerger, d’animer l’intelligence et la créativité collective. (expertise et débat public)
Il faudrait pour cela revenir aux principes constitutionnels (jamais appliqués) d’un président ne gouvernant pas, un président animateur, accoucheur de la démocratie.
Il faut donc un président tourné vers les autres et débarrassé de sa Rolex .
Etant sur ce point comme Paul Jorion , sans partis pris, on peut espérer que touché par la grâce cette révolution s’opère.
@alain
Il ne faut pas tout mettre dans le même sac.
Je ne considére pas de la même façon :les services publics : l’ école, la santé, la sécurité sociale, d’ une part et les revendications des Cégétistes professionnels du transports ou de l’ éducation, qui utilisent leur capacité de nuisance pour des motifs corporatistes.
Il y a des vrais gens qui souffrent, chaque euro doit être bien utilisé.
Quoiqu il arrive il ne faut pas lâcher ces services.
Ils doivent se comporter en serviteurs du public, pas en arrogants qui ont le pouvoir de nuire.
@ Ybabel,
Qu’entendez-vous par contre pouvoir ?
* Le système économique prend l’eau : je considère ça comme l’occasion de faire sortir au grand jour la crise de la société, le fait que pour beaucoup de gens le système basé sur la consommation n’est plus amusant, ne leur apporte plus une satisfaction suffisante (sans compter les quelques milliards d’exclus du système). Alors où est le contre pouvoir ? Que fait-il ? N’est-il pas en train de faire subir aux drosophiles un châtiment que la morale réprouve (j’aime cette expression de EC) ? Ne cherche-t-il pas à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? A nous faire croire quand rajoutant une énième rustine à la roue crevée tout va repartir ! Et ce sera plus beau qu’avant ! Où est le contre pouvoir ? De quoi et de qui parlez-vous ?
* Pouvez-vous citer un seul pays où il existe un réel contre pouvoir ? Un pouvoir qui ne soit pas juste tout contre le pouvoir, et attende de prendre sa place ? Peut-être la Russie ? Le Cambodge ? La Corée du Nord ? Ou en Afrique ? En Amérique ? OU ???
« OuIIIII, mais c’est plus compliqué que ça ! Vous pouvez pas comprendre ! C’est de la géopolitique globale liée à la mondialisation de l’économie ! »
Oups ! Désolé…Je savais pas que c’était si compliqué que ça la vie…Je vais donc retourner à mes moutons avant que quelqu’un ne leur fasse subir…
la même chose qu’à nous !
Deux choses sont sûres :
* Il est toujours plus facile de déceler les défauts chez les autres.
* Au royaume des aveugles les plieurs de papier en quatre sont rois.
Bonne journée, et ne prenez-pas ce message pour vous Ybabel, j’ai juste sauté sur l’occasion.
PS : Un Grand Bravo non pas à Nico mais à Di Girolamo (à 14:20)
@ Tigue
Bonjour,
Attention à ne pas véhiculer de clichés sur l’Education Nationale. Ils ne sont pas plus ou moins corporatistes que les autres. Seulement contrairement à d’autres endroits, les syndicats sont restés actifs et ont, surtout, des adhérents. A la différence du privé où ils sont trop faibles pour faire le poids.
A mon sens la précarité réelle ou potentielle qui touche les salariés du privé est un fléau terrible (je sais de quoi je parle), en revanche, il ne faut pas inverser la problématique : c’est bien plutôt à tirer vers le haut le privé qu’il faut s’astreindre et non pas démonter des « privilèges » qui n’en sont pas.
Ne sombrons pas dans ce que l’on veut nous faire accroire – pensée unique quand tu nous tiens ! Et arrêtons de tomber dans les rêts sournois tendus par la détestation du service public.
Je comprends l’amertume de ceux qui ne bénéficient pas de la certitude de pouvoir se projeter dans l’avenir, ce, parce que rien n’est plus ni ferme, ni stable dans l’emploi.
Unissons les forces pour que tous bénéficient de la sécurité de l’emploi, condition élémentaire à une vie décente et choisie. Ne jouons pas les uns contre les autres, c’est toute l’habileté du gouvernement ( de tous les gouvernements depuis 30 ans ! )
J’espère ne pas être trop lapidaire ou virulent. Telle n’est pas mon intention. Je ne fais pas partie de ces « privilégiés » (12 guillemets) mais critiquer ce dont tout le monde devrait bénéficier ne me paraît pas constructif et un peu trop « ambiance TF1 » ou « RTL » !
Cordialement.
@ François Géru
Vous dites à 09:48 :
» – le 8 janvier à 20:30, M. Di Girolamo tenait un propos identique au vôtre et je suis en complet désaccord
Le moment venu, plusieurs semestres deja ecoules, les experts et ingenieurs seront INDISPENSABLES »
J’avais écrit :
« C’est à ce niveau là que nous avons besoin de compétences, d’experts, d’ingénieurs …A condition qu’ils aient virés leur cuti et fassent preuve de dévouement et d’humilité, ce qui n’est généralement pas le cas! »
Notre point de désaccord ne porte pas sur la compétence et le besoin « indispensable » d’ingénieurs ; là où je me démarque d’avec vous (?) c’est que je pense que les compétences et les outils s’ils s’appliquent dans un cadre et un paradigme inchangé ne seront d’aucune utilité , au contraire.
Par exemple nous avons plus besoin d’ingénieurs ingénieux capables de penser globalement et de mettre au point des systèmes adaptés à une organisation sociétale durable que d’ingénieurs de multi nationales capables de nous aider à syphoner les dernières ressources fossiles.
Il faut une inversion des valeurs et des objectifs de la recherche ; c’est comme pour Sarkosy : il est bien plus dynamique et compétent que moi mais sans une révolution intérieure et un nouveau paradigme sur sa fonction , il ne vaut pas « tripette ».
Cher monsieur Di Girolamo (9 janv 15:07 ci-dessus)
Autant pour moi ! Erreur à X % de ma part !
J’ai surement lu un peu vite (ou pas lu) la fin de phrase « C’est à ce niveau là (etc) …
Mon attention fut surtout accrochee par la suivante
J’ouvre les guillemets
« Les élus locaux, les citoyens lambda, bien plus que nos ingénieurs, nos experts, nos politiques…ont une capacité de dissiper la brume de la complexité et d’atteindre par connexion naturelle et immédiate le diagnostic global. (C’est Chomsky, je crois, qui pense que la plus grande partie des problèmes et conflits mondiaux serait plus facilement résolue si le peuple décidait lui même) »
Je ferme les guillemets.
A ce stade, dans l’état de délabrement où nous nous trouvons — sans aucun marqueur aux quatre horizons —
je doutais assez fortement que les elus locaux et les citoyens lambda allaient tout resoudre sans expert et sans ingenieur
… la « connexion naturelle et immédiate » me paraissait pas beaucoup plus évidente
Quant à M. Chomsky il fait ce qu’il peut comme tout le monde … et le peuple qui décide de lui-même ce n’est pas évident évident. Il suffit de jeter un coup d’oeil à ce blog.
Maintenant venons en à votre nouveau message ci-dessus 15:07
Je presque totalement d’accord avec vous si vous étiez un peu moins excessif, si vous rejetiez un peu moins ceux qui, aujourd’hui, ne pensent pas exactement comme vous. Je vous prie de bien vouloir m’excuser de ne pas le dire avec suffisamment de diplomatie et de bon style. Mais bon ce n’est qu’un post et il faut justement que j’aille à la poste et à la banque sans trop tarder. Les multinationales détiennent 50% des richesses planétaires. En conséquence, il m’apparait vital de bien soigner des formules « gagnant-gagnant » pour ne pas les prendre à rebrousse-poil. Au cas où elles fuiraient la France on serait encore plus mal.
Que ce soit des 100 transnationales de 100.000 personnes ou 3300 PME de 3.000 personnes, le problème est le même.
Ce qui est fondateur c’est la valeur qualitative du Tableau Général Consolidé des Sources & Emplois de Fonds du Sigma.
Je suis également d’accord avec vous pour la dernière observation : il ne vaut pas « tripette ».
@François Jeru
je vais bien merci. Ici il fait très beau. Je viens d’être papa une deuxième et je suis ravi. En fait mon deuxième fils me laisse dormir tout mon saoûl. Aujourd’hui j’ai la tête claire et vacante. Mais la question que je me pose: pourquoi vous lirais-je? J’ai bien essayé mais vous êtes illisible… En résumé qu’avez-vous voulu me dire?
@Paul Jorion.
Je ne partage pas votre définition de la radicalité comme degré. Je ne partage par conséquent pas votre sentiment que les propos et l’action du Chef de l’Etat vont dans « notre » sens.
GARE AU SYNDRÔME DU CHAPERON ROUGE …
Oser dire que sarkozy à sa part de vérité…
Bon d’accord, pour celà : bravo ! C’est vrai ,et en plus, çà faira plaisir à l’ami Attali.
Ceci dit, il existe des petits trucs imparables dans la vie .
Ainsi , pour être sur de la propreté d’un restaurant, mieux vaut visiter les toilettes.
Et pour être sur des qualités humaines d’un homme ( qui auront une influence sur son oeuvre) , mieux vaut vérifier la façon dont il se comporte avec les enfants, tout les enfants.
Pour être clair sans être vindicatif, La chasse aux enfants de sans papiers qui a été pratiquée en France sous la bannière du sarkozysme est une tâche indélébile sur le drapeau de la répuplique.
Notre nation mettra le temps qu’il faut pour comprendre celà, mais puisque c’est la vérité, celà sera accessible tôt ou tard à la consicence de chacun.
Voilà c’est dit , m’sieur Jorion, vous pourrez peut être même un jour dire que les cancres ont , eux aussi, leur part de vérité.
Le pendant de cette indifférence nationale au sort réservé à des innocents sera l’éclatement de la plus grosse bulle à venir qui soit : celle de l’inhumanité SUR FOND D’ AVIDITE DU POUVOIR.
NB : en France , un changement de régime se fait jour peu à peu.
Que les esprits libres examinent ce que deviennent tous les contre pouvoirs garantissant une démocratie durable
Justice , police et gendarmerie, élections , médias, juge d’instruction , opposition ?
« Dis sarko , pourquoi tu as de grande dents ? » ,
« C’est pour mieux te sourire mon enfant …. »
François Jéru dit: 9 janvier 2009 à 15 h 42
Pour mémoire, je l’ai déjà répercuté (source janvier 2007, jean Peyrelevade):
Il y a globalement 300 millions d’actionnaires dans le monde. 150 millions sont étatsuniens (soit 1 américain sur 2 car les États-Unis comptent 300 à 302 millions d’habitants à ce jour). Les 150 millions d’actionnaires restant se répartissent comme suit (toujours globalement): 75 millions sont des citoyens de tous les pays riches du monde sauf les États-Unis, et 75 autres millions d’actionnaires sont des citoyens de tous les autres pays du monde, donc à l’exception des États-Unis et des autres pays riches. Ce qui fait qu’il y a: 0,3 milliards/6,5 milliards, soit: 1/21, ou 1 actionnaires sur 21 habitants dans le monde (début 2007. Comme il y a très globalement 100 000 à 200 000 gestionnaires d’actifs dans le monde et quelques 20 000 sociétés cotées en bourses, nous avons là le « relief » du « commandement » économique et surtout financier sur le monde. Sur ces 300 millions d’actionnaires les petits porteurs sont très majoritaitres et ne doivent pas peser très lourd.
Lorsque les 20 non-actionnaires sur 21 habitants de la planète prendrons enfin consciences du poids économique, pourtant déterminant qu’ils ont déjà dans le présent, on peut imaginer que le sytème financier ne sera plus le même.
En attendant, il faut respecter ce droit fondamental à tout être humain de changer d’avis, y compris ceux qui s’appellent Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Donc pas de projection à leur endroit. Ainsi que le rappelle justement ci-dessus Di Girolamo: n’importe qui (même celui que je ne peux pas sentir) peut être touché par la Grâce. En principe, il s’agit-là de la Grâce du Saint Esprit, car tout le monde sait, en particulier sur ce blog… hrrum!!.. que le Saint Esprit souffle où il veut, quand il veut et auprès de qui il veut.
Ceci étant bien compris car il ne faut pas critiquer avant les preuves, et toute chose égale par ailleurs, Niclas Sarkozy, dans sa déclaration en présence de Tony Blair (l’un des piliers du mondialisme, et en plus, d’inspiration fabienne!) et aussi de Madame Merkel, comme quoi le modèle étatsunien n’est pas forcément pérenne, ce qui doit être débattu le 2 avril prochain, où? À Londres… Vous ne trouvez pas que ça a des relents de réchauffé et de tourné? Et que la sauce mondialiste est en train de nous intoxiquer progressivement?
Prenons en mains notre propre monnaie et non plus celle des banquiers. Les compétences ne manquent pas, je crois même qu’elles surabondent. Il n’y aurait que l’embarras du choix.
*
Enfin merci à JeaNîmes @ le 9 janvier à 11h14
d’avoir transmis ce passage de K. Marx. Marx à vraiment frôlé la nature du sytème financier et le traitement monétaire, mais s’il a mis en exergue la plus value que les industriels ponctionnent sur les salariés qu’ils emploient et s’est attaqué à la propriété capitaliste sous toutes ses formes, il est passé complètement à côté (tout comme les libéraux) de la plus value (invisible?) que prennent les banquiers dans leur traitement de la monnaie, véritable vampirisation de la société conjuguée à celle de l’État ventripotent et profondément lié aux banques. Si l’on peut considérer Marx comme un « policier scientifique » pointu et reconnu sur certains point précis de l’économie, il doit rester à ce stade d’outil sur l’économie. Et il est à fuir et proscrire socialement et politiquement. Le principe dialectique, principe belligène entre tous et poussé à ce point à mené historiquement à l’anéantissement de peuples entiers. Basta.
Aussi il n’est pas étonnant que rien moins que Valérian Molotov, apparachik du plus haut niveau, ministre des affaires étrangère de l’Urss plus de quinze ans craignait par dessus tout (il l’a déclaré au Red Dean) l’application de Crédit Social en Occident. Le Crédit Social aurait coupé l’herbe sous les pieds au marxisme, et pourrait en faire autant à tant d’autres abérrations politiques et sociales…
Voici une citation de Thomas Edison qui cadre avec, en particulier, ce passage de Marx relevé ci-desus:
« En réalité, les créanciers de l’État ne donnent rien, car la somme prêtée est transformée en obligations publiques facilement transférables qui continuent exactement à fonctionner entre leurs mains comme si elles étaient autant d’argent liquide » (Marx)
Réponse de Thomas Edison (qui confirme, mais infirme ainsi l’idéologie marxiste):
«Si notre nation peut émettre une obligation d’une valeur d’un dollar, elle peut émettre un billet d’un dollar. L’élément qui fait que l’obligation est bonne est le même qui fait que le dollar est bon. La différence entre l’obligation et le dollar est que l’obligation permet aux prêteurs d’argent de ramasser 2 fois le montant de l’obligation plus un 20 pour cent additionnel, alors que l’argent mis en circulation ne paye que ceux qui ont directement contribué à la construction du barrage de quelque manière utile…
Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 30 millions $ en obligations, et pas 30 millions $ en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des hommes qui contrôlent la valeur fictive de l’or.» (Thomas Edison)
Pour mémoire, Thomas Edison fut l’un des inventeurs les plus prolifiques et déterminant de tous les temps connus. On « se sert » tous les jours (bien sûr sans forcément le savoir) de Thomas Edison, mais la presque totalité de Marx (je dis bien la ‘presque’ totalité) est partie aux oubliettes.
« nous n’accepterons plus l’immobilisme » paraît-il. Mais qui est vraiment immobile?
http://cordonsbourse.blogs.liberation.fr/cori/2009/01/allerte-tous-le.html
@ Rumbo
Merci d’avoir lu mon commentaire… je commençais à me demander s’il était transparent (pas étonnant en général quand il est question de Marx, traité plus souvent qu’à son tour en chien crevé).
Merci de cette citation de T. Edison, qui comme vous le dites est la même remarque que celle de Marx avec d’autres mots. Peut-être que nous sommes ainsi au cœur du capitalisme et en particulier du fonctionnement des « banquiers » qui s’enrichissent sans travailler et qui restent indéfiniment créanciers de l’État dont la dette publique explose exponentiellement jusqu’à ce que, pour remettre un peu d’ordre, une guerre (économique ou militaire) passe par là.
En revanche le couplet traditionnel contre « l’idéologie marxiste » est totalement hors sujet et je n’en dirais rien de plus.
Je crois qu’il ne faut pas confondre compromission et pragmatisme conditionnel. Dire quelque chose de positif de quelqun n’est pas dire que ce quelqun fait tout bien, ni même que la plupart des choses qu’il fait, ou qu’il a faites sont ou ont été positives, ne que ce qu’il fera sera positif. Paul, en bon pragamatique, ne fait que prendre Sarkozy au vol, lorsque Sarkozy tient des propos bien spécifiques, dans un contexte particulier, et à charge pour ce dernier de concrétiser ses propos, par des actes.
Pour moi les choses sont claires, hormis les propos tenus par Sarkozy à propos de la réforme nécessaire du capititalisme, nul part Paul
n’approuve ni ne justifie les politiques menées par Sarkozy. Paul dit juste en substance, « »eh bien, Monsieur Sarkozy, puisque vous dites vouloir infléchir la direction qu’a prise le capitalisme , allez-y franchement, à vous de jouer ». Je ne vois là aucune caution apportée au président. Paul dit seulement « chiche ! » Le billet de Paul Jorion ne le lie en rien au président français. Si Sarkozy allait effectivement dans le bon sens, nous ne pourrions que nous en féliciter. Dans le cas contraire, nous pourrons simplement dire que nous n’avons rien fait pour l’empêcher de faire ce qu’il aurait pu bien faire !!
La position de Paul n’est pas confortable mais elle est opérationnelle, en cela je rejoins les remarques de Julien Alexandre que j’approuve tout à fait.
Que d’autres préfèrent une opposition frontale au président considérant que son action dans tous les domaines (hormis celui qui nous intéresse) est mauvaise, n’est d’ailleurs pas forcément contradictoire de la position de Paul.
Chacun où il se trouve, essaie de jouer ses meilleures cartes. Il se trouve que Paul a en main un très bon jeu, laissons-le les abattre, ses cartes.
J’approuve l’idée de Paul disant que parfois ce sont autant les circonstances qui décident des actions décisives et non pas les convictions de départ des acteurs de l’Histoire. Rappelons-nous l’exemple fameux d’Abraham Lincoln, lequel, à l’origine, n’était pas abolitionniste. Ce sont des circonstances historiques particulières — la guerre de césession — qui l’ont mené à prendre la tête de ce combat pour l’abolition de l’esclavage, presque fortuitement.
Bref, nous pouvons très bien combattre Sarkozy sur un certain plan, sur un certains nombre de sujets, et l’approuver quand ses actions nous semblent pouvoir, éventuellement, déboucher, sur un mieux, sur un autre plan. Ce qui me semble le cas en l’occurence. Le radicalisme doit être celui de la pensée, et non pas celui de l’action. Quand une siuation devient très incertaine, instable comme aujoud’hui, il faut avoir une vision très claire de la situation et des remèdes à apporter, mais l’action elle-même doit être fine à proportion de la difficulté et de la gravité des choses. Or ne je vois guère comment l’action radicale pourrait, au stade actuel de l’évolution de la crise, mener à une quelconque amélioration, au niveau mondial, il s’entend, le plan sur lequel précisement Paul se situe, ce qui ne préjuge d’ailleurs en rien que sur un plan local d’autres actions ne sont pas possibles. L’histoire du monde ce n’est pas un conte de fée, il y a des grandes puissances, des acteurs qui les représentent et ont chacun un potentiel spécifique qu’il doit à sa situation sur l’échiquer international à un moment déterminé. Par contre, au niveau national, rien n’empêche que nous nous opposions aux mesures anti-sociales, sécuritaires, voire anti-républicaines des politiques du président. Il faut éviter de penser l’action de façon binaire, d’ailleurs si une chose est certaine c’est qu’aucun des grands révolutionnaire qu’a connue l’Histoire ne raisonnait de manière binaire quand il s’agissait d’agir.
D’une façon plus générale je dirais qu’il ne faut jamais souhaiter à son pire ennemi qu’il fasse le pire, mais au contaire qu’il fasse l’inverse de ce qu’on attendrait de lui, et pour cela tout faire pour l’y encourager. Sarkozy tient une partie de son pouvoir de son verbe, et bien répondons lui par notre verbe. Mot pour mot. Prenons au sérieux la puissance du langage. Sans quoi à quoi bon vivre ensemble, si nous n’attendons rien des autres ?
SI les autres nous déçoivent n’est-ce pas parfois aussi que nous n’avons pas donné le meilleur de nous-mêmes ?
Bref, viser le meilleur, mais en prenant les choses telles qu’elles sont. Tout en restant ouvert à l’inconnu des situations.
Tout d’abord un petit rappel à Paul Jorion: Dans votre billet du 24 decembre « L’inspecteur mène l’enquête » vous promettez une enquéte!
Les fêtes de fin d’année étant finies, je me permets une question: ça avance ?
@ghostdog « il s’agit plutôt ici de liquider l’héritage du conseil (national) de la résistance, mais cela ne peut être dit »
Tout à fait exact, bien qu’il s’agisse d’une formulation franco-française. Cela a tout de méme été dit mais pas par Nicolas. De mémoire celà a éte publié dans l’hebdo l’Evènement il y a un an ou deux.
A noter que le CNR, qui a fondé la Sécurité Sociale -et non l’assurance sante ou l’assurance retraite, les mots comptent -avait pour but de répartir « un minimum » la richesse et donc d’empecher sa trop grande concentration. C’est effectivement intolérable aujourd’hui.
il faut dire qu’à l’époque le lobbying était difficile: les grandes fortunes gaullistes ou communistes étaient bien rares, contrairement aux grandes fortunes pétainistes. Et les souvenirs de l’Occupation étaient proches,les fusils pas trés loin, et les tribunaux mal controlés.
et à @ Ybabel
En effet, s’il y a une continuité dans l’action de Nicolas Sarkozy depuis 5 ans, c’est bien dans la destruction de tout ce qui ressemblerait à un contre pouvoir.
Savez vous que la France n’avait plus eu une police unifiée depuis Foucher ? Nicolas l’a fait, avant méme d’être président.
Quand au contre-pouvoir d’internet, soyez prudent. C’est un sujet que je connais bien. Pour qui à la possibilité de controler physiquement le réseau, il n’y a aucune, absolument aucune confidentialité. Les organisateurs des caravanes de la mort au Chili et en Argentine, dont un prix Nobel de la paix parait-il, ne les ont pas faites voyager au hasard. C’était le fruit d’un long travail préalable, couteux, soigné, mais beaucoup plus facile maintenant.
Dans certains pays se servir d’internet est clairement dangereux des aujourd’hui.
« quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ». »
==> M. jorion, M.Sarkomzy est très habile pour utiliser les circonstances dans sa réthorique. Il sait tenir le discours en phase avec l’opinion publique et l’air du temps. Et si cela vient à contredire ses prises de position précédentes et le fait qu’il a cautionné ce système depuis longemps, par oportunisme/pragmatisme, il sait contourner l’apparente contradiction qui en inhiberait plus d’un en argant de son fameux pragmatisme comme d’une marque de fabrique qui marquerait sa supériorité dans l’art de présider aux destinées d’un groupe humain.
Tout c ela pour dire qu’au-delà de son oli phrasé qui vous séduit, au nom de votre pragmatisme, j’attire l’attention de tous sur le fait qu’au-delà des belles déclarations dont le bougre est coutumier, M. Sarkozy poursuit un but bien à lui je pense : sa légende personnelle. Il joue sa carte et place ses pièces avec l’ambition de prendre lui la place du lion malade. Il ne s’agit pas de supprimer le trône mais d’en éjecter celui qui l’occupe pour ensuite pouvoir s’y glisser lui sachant que la nature a horreur du vide !
Autrement dit, s’il ne faut pas de faire de l’anti-sarkozysme primaire, il est souhaitable également de veiller à ne pas sombrer trop facilement dans l’angélisme au motif que votre pragmatisme est celui de M. Sarkozy sont compatibles. Une fois convenu que ce que dit M. Sarkozy sur un point donné va dans le sens de ce que vous souhaitez, il n’est pas vain de préciser les arrières-pensées que l’on peut prêter à M. Sarkozy connaissant son habileté dans l’art de faire usage de la réthorique politicienne dont il a maintes fait preuve. il sait amadouer son monde tel le charmeur de serpents …
@ Pierre-Yves
Texte subtil et intelligent. Sans doute Paul Jorion est-il capable d’une intelligence semblable. Mais, excusez-moi si je vous heurte, il s’agit de l’intelligence d’un courtisan. Cela plaira assurément à notre monarque. Libre à vous de vous laissez aller à l’illusion de la conciliation et du dialogue. Pour avoir été pris dans des conflits sociaux avec la clique de Sarkozy (et pour y être encore), je sais que le dialogue n’existe pas. Vous vous fourvoyez. Vous rêvez. Sarkozy ne dialogue qu’avec ceux qui lui résistent ou ceux qui sont déjà d’accord avec lui.
En revanche, vous avez raison quand vous dites que « ce sont (…) les circonstances qui décident ». Alors laissez-donc ce pauvre bouffon qui nous tient lieu de président. De toutes façons, quelque soit les décisions qu’il arriverait à prendre, une partie de la population de voudra pas le suivre. Croyez-moi. J’en suis.
Sakozy dit tellement de choses qu’il y a parfois des choses moins nulles que d’autres. En l’occurrence si je pense que ce genre de réflexion n’est pas très ancienne pour lui je pense surtout qu’il n’y croit pas du tout. En fait il croit en effet que la pensée unique n’est pas une bonne chose mais, et il faudrait prendre bon nombre de déclarations lorsqu’il essaye d’expliquer comment il fonctionne, en réalité c’est à la pensée toute entère qu’il ne croit pas. C’est à dire que pour lui ce qui compte c’est l’action, l’action toujours l’action. Il n’est pas question d’être spectateur, de saisir le sens des choses, de ce qu’on a fait et de ce qui échappe aussi à la responsabilité. En l’occurrence il semble pragmatique, voire même stoïcien, mais c’est tout le contraire. Il serait plutôt frénétique. Je me demande parfois s’il possède une véritable interiorité, une représentation de lui-même. Il dit ne pas être théoricien, mais à ne prendre aucune distance vis à vis de son action on se retrouve en fait à agir en fonction de ce qui semble être acquis, sur le pré-pensé, c’est à dire en fonction d’une idéologie. Il parle aujourd’hui d’un retour à l’état, d’une moralisation, mais il y a toujours pensé, il n’est pas libéral.
En tous cas il est facile de critiquer la pensée unique lorsque dans son pays il fait tout pour agir seul. Avant je remarquais ses efforts pour la consertation, les réunions… je croyais qu’il était convaincu de l’efficacité de la multilatéralité. Mais en fait il ne s’agit pas de ça et ces rencontres ne servent pas à la confrontation des idées, les décisions étant déja prises (et parfois déjà appliquées), mais à lui permettre d’avoir un feedback sur qui il est.. enfin toujours selon ma théorie de l’absence d’interiorité.
Je crois que vous pensez qu’en soulignant des déclarations intéressantes on peut lui indiquer une voie particulière, le responsabiliser et, quelque part, l’influencer. Mais à mon avis vous vous trompez, il n’écoute pas, il ne sera jamais spectateur. C’est comme dans la scène finale du film Brazil: « Il est parti ».
Comme beaucoup d’autres commentateurs, j’ai été surpris par ce propos de Paul concernant Sarkozy. Comme Paul, je ne suis pas partisan de la politique du pire. Dans cette crise comme dans d’autres auparavant, on trouve deux types de réactions. 1° Ceux qui, au fond, se réjouissent, qu’ils le disent ou non, car ils attendent de la crise l’effondrement final d’un capitalisme honni. Plus la grise s’aggrave, plus les « contradictions s’exacerbent », plus ils se réjouissent. Ils n’ont pas forcément lu Marx, encore moins Lénine, mais il partagent au fond la même vision apocalyptique. L’exacerbation des contradictions est réjouissante : elle nous rapproche de la chute finale qui permettra de reconstruire une nouvelle société, un homme nouveau. 2° Ceux qui ne veulent pas du pire, car ils savent que plus la situation s’aggrave, plus il sera difficile de reconstruire et plus les plus faibles devront le payer cher. C’était, je crois, la position de Keynes, après 1929. C’est, si j’ai bien compris, la position de Paul, celle qu’il appelle pragmatique. C’est ainsi la mienne. Sur ce point, donc, je suis d’accord avec Paul.
Comme la plupart des commentateurs, par contre, je n’ai aucune illusion concernant le président Sarkozy qui incarne la version française du conservatisme de mouvement (movement conservatism) — à ce propos, je crois que j’ai vraiment compris le sarkozysme en lisant le livre de Paul Krugman (L’Amérique que nous voulons, en anglais Conscience of a Liberal) qui analyse bien ce qu’a été aux USA ce conservatisme de mouvement (qui excellait à faire passer ses adversaires pour des conservateurs tout court). Ses propos de cette semaine ne sont pas si neufs que ça. Il faut réécouter son discours de Bercy, entre les deux tours des présidentielles de 2007, quand il expliquait que 1968 était la cause des dérives du capitalisme financier. Ce discours vaut bien celui de Reagan en 1964 pour la campagne de Barry Goldwater (discours intitulé « L’heure du choix »). Il s’agit d’engager un grand virage à droite, tout en donnant le change pour séduire l’électorat populaire. Le problème pour Sarkozy est qu’il arrive à contre temps. Le conservatisme de mouvement a conduit à la catastrophe que l’on sait. Malgré cela, Sarkozy poursuit sur sa lancée. Jusqu’à quand le pourra-t-il ?
Je mets ci-dessous deux liens vers la vidéo du discours de Bercy (je ne sais plus quel type de lien passe dans les commentaires). A écouter pour comprendre le personnage.
http://fr.youtube.com/watch?v=8L5Jsi2FCPQ
Sarkozy serait-il frustré de ne pas avoir été invité à la Maison Blanche pour qu’il fasse référence aux USA en parlant de la « nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’il fait ? Ah ! Quel dommage qu’il ait affiché son amitié aux républicains en allant voir Bush avec autant d’entrain ! Il avait une chance sur deux, cela dit.
« Immobilisme » ? Une toupie, ça tourne, mais ça ne bouge pas !
Pour compléter mon précédent commentaire, un lien vers le discours de Reagan de 1964 (A Time fo Choosing).
http://www.americanrhetoric.com/speeches/ronaldreaganatimeforchoosing.htm
(le début sur la dette des États-Unis est savoureux, quand on connaît la dette léguée aujourd’hui par le conservatisme de mouvement)
A comparer avec le discours de Bercy de Sarkozy de 2007. Il y a des différences bien sûr, mais on est bien dans la même famille idéologique.
Paul as-tu reçu (via Attali ?) une proposition pour rentrer dans le groupe des conseillers économiques de Sarkozy ? De là sans doute ta mansuétude. Après le grand débauchage (Besson, Kouchner et autres) du premier gouvernement et avant le remaniement annoncé, le sous-entendu de ton post scriptum peut ainsi se comprendre. ..Elie ! Elie ! lama sabactani!…
Il y a des faits : Que fait Nicolas depuis qu’il est en politique ? Que fait-il depuis le début de la crise, sinon appliquer une logique libérale, atlantiste et autocratique. Alors ce qui peut être dit dans ses discours d’autopropagande écrit par des experts en communication importe peu, sinon essayer de déstabiliser les gens qui savent que le danger vient de lui et du clan qu’il représente.
J’aimerais bien répondre en détail à chaque intervenant, mais ne dispose pas assez de temps pour ce faire.
Je ne sais pas si Sarkozy est hors course, c’est à dire s’il courre après l’événement (ou les événements). Ce qui le « porte » c’est qu’il a vite appris à « savoir », au moins, courrir après les événements. Entre autres, en ne quittant pas des yeux la girouette du « sens du vent(s) » du jour… Et c’est cette « aptitude » qui le porte et le reporte toujours. Ne dit-il pas sans cesse qu’il a changé? La prochaine fois il aura encore changé de la « fois précédente », et ainsi de suite. Il pense sûrement (comme ses conseillers, sans doute un peu plus compétents que lui) qu’à force, il va tirer le bon numéro… Mais pendant ce temps-là on « oublie » que l’État et consorts banques créancières de l’État nous ponctionnent de 120 millions d’euros par – jour – (oui par jour!!) uniquement pour payer, sans jamais en finir, les intérêts des créanciers déjà très riches de ce qui nous tient lieu d’État…
@ Olivier
« Courtisan », cela me semble inexact : le courtisan est flagorneur et approuve le souverain sur le tout – et il en remet une couche, alors que comme le souligne Pierre-Yves D., il s’agit chez moi d’une reconnaissance conditionnelle, portant sur un point précis et qui exclut explicitement le sécuritaire, et j’y ajouterais tous les empiètements sur les contre-pouvoirs, et je ne manquerai jamais de le rappeler. Au cas où ce ne serait pas tout à fait clair : sur le plan des idées (parce que je ne dispose d’aucun autre pouvoir), je parle ici d’égal à égal.
@ Paul Jorion
Monsieur Jorion,
Lorsque Castiglione tenta dans son livre de définir ce qu’est un courtisan il en fit plus qu’un être flagorneur. On peut être courtisan et tenter d’approcher la vérité. Machiavel, par exemple, était de ces courtisans. Ceci pour dire que le mot « courtisan » n’a pas forcément la charge péjorative que vous semblez lui prêter. Est courtisan celui qui s’inscrit dans une cour et veut approcher le pouvoir. Passer les cercles pour approcher le centre de ce système est très difficile et très périlleux. Cela demande courage et abnégation. Ces courtisans m’ont longtemps accompagné pendant mes études d’histoire et je n’ai pas de mépris pour eux. L’approche d’un courtisan est celle d’un homme où le pouvoir est confisqué par quelques uns et où les louvoiements sont nécessaires pour survivre. Ces louvoiements sont la trace de sa « reconnaissance conditionnelle » des différentes décisions du souverain.
Passée l’époque moderne les intellectuels ont eu le choix de ne plus être des courtisans. Nombreux sont ceux qui firent ce choix. Mais ils ont eu aussi le choix de rester près des cercles du pouvoir et certains ne se sont pas déshonorés. Et après tout pourquoi pas ? Nous sommes désormais en démocratie et œuvrer au bien commun est une mission noble. Vous me direz alors : Pourquoi devrais-t-on me reprocher cette liberté, ce choix, d’entamer un dialogue constructif avec un élu du peuple ? Pourquoi me reprocher cette « reconnaissance conditionnelle » d’un homme, Sarkozy en l’occurrence, qui lui, comme les autres, est aux prises avec la réalité ? Le problème est que Sarkozy n’est pas un homme comme les autres. Les atteintes perpétrées contre l’état de droit (je ne développerai pas ici, vous les connaissez) devraient vous mettre en garde. Et je le redis, les nuances dont on aimerait tant qu’elles fassent de nous des êtres raisonnables, posés et intelligents tendent parfois à nous faire oublier l’essentiel. Que dirait-on de quelqu’un qui, évoquant le bilan d’Hitler, après force précautions oratoires, louerait sa politique économique et la beauté de ses autoroutes ? Que dirait-on de quelqu’un qui oubliant le stalinisme voudrait rappeler qu’à tout prendre la Russie de 1953 possédait un appareil productif bien supérieur à ce qui existait sous les Tsars ? Ils seraient évidemment rappelés à l’ordre. Et pourtant, du point de vue de la vérité historique, ce qu’ils énonceraient ne seraient pas à proprement parlé un contre-sens ou une erreur fondamentale. Comprenez-moi bien, Monsieur Jorion, je ne vous prends ni pour ce sombre courtisan que vous abhorrez, ni pour un stalinien, ni pour un collabo de la dernière espèce. Je ne dis pas non plus que Sarkozy est un tyran sanguinaire. Mais les idées ne vivent pas « in abstracto », elle se répandent dans le corps social. Nous sommes des animaux politiques (zoon politicon au sens aristotélicien) et ce que nous disons à aussi un sens dans un contexte. Et dans le contexte qui nous occupe, croyez-vous vraiment que l’on puisse discuter avec quelqu’un qui fait peser des menaces aussi fortes sur la démocratie ? Croyez-vous que les coups de mentons opportunistes de Sarkozy peuvent être assimilés à une lueur d’espoir ? Je suis enseignant : je le sais d’expérience, on ne peut pas discuter avec le gouvernement Sarkozy. Sur le terrain, les choses se font façon très autoritaires et souvent en dépit de ce fameux « bon sens » dont il se fait le héraut. J’ai personnellement fait mon choix. Je ne puis que m’interroger sur le vôtre. L’argument de la « reconnaissance conditionnelle » ne m’a pas convaincu.
Je voudrais aussi revenir sur autre chose. Je sais que j’apparais binaire et emporté. Ces émotions, humaines tellement humaines, ont pourtant toutes leur place dans les raisonnements qui affleurent sur ce blog. Les affects valent bien les concepts. Surtout quand un internaute affirme que« les acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), (et qu’) il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi. » Ces affirmations sont très dangereuses. Elles révèlent un tropisme dont il faut se garder : celui des chiffres, celui de la science sans conscience, déshumanisée. Pour terminer, je vous citerai. Vous disiez dans votre texte paru dans le monde « l’économie a besoin d’une authentique constitution » : « envisager la crise actuelle dans la perspective des normes comptables revient à regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ». On pourrait aussi dire que regarder la crise avec pour seules lunettes les mathématiques financières est une sérieuse erreur d’analyse. La crise est d’abord une crise sociale. La crise financière ne fut finalement qu’un révélateur. Encadrer le crédit, réfléchir à ce qu’est l’argent est sans doute intéressant et important à moyen et long terme. Mais cela empêche aussi de comprendre que si les gens ont accepté des crédits aussi calamiteux, c’est parce qu’ils étaient pauvres et que c’est là qu’est le problème central. Sapir l’explique très bien : les origines de la crise sont notamment sociales. La crise est un fait humain. Elles concernent des hommes. Avec eux aussi, il faut parler d’égal à égal.
Cordialement
On ne sort d’une certaine ambiguïté, pardon, subtilité , qu’à ses dépends.
Olivier, il y a une autre pauvreté qui n’est pas le partage des richesses, mais la destructuration, l’aliénation et la perte de sens.
Et dans les pays riches telle que le nôtre, où la pauvreté matérielle est parfois dure mais pas misérable, il y a bien eu une « bulle du social » , même si le terme parait paradoxal et arrache la langue de celui qui considère qu’il n’y a jamais assez de ‘social’ (ou de ses simulacres) .
Le « social » : la bonne conscience des bourgeois vaguement gauchisants , le graal des bonnes âmes idéalistes, le faux nez des corporatismes les plus divers : mais je ne critique pas, je prends un peu de recul par rapport à un élément nécéssaire (mais non suffisant) de la démocratie, mais mis à toutes les sauces.
@ oppossum
Bonsoir,
Je ne comprends pas bien l’idée de « bulle du social » : référence à l’aspect économique ?
Si tel est le cas, quel rapport avec le « moralisme » que vous décrivez ensuite ?
Merci.
@oppossum
Je pense que vous confondez le social qui est une dimension de l’action politique et qui considère que le déséquilibre est soit source de désordre soit consommateur d’énergie (par l’utilisation systématique de la force de l’ordre), dans les 2 cas les coûts sont importants, avec l’humanitaire. Il est aussi à noter que l’homme, petit, fragile, est un animal très social et que a priori ça ne veut pas dire qu’il y aurait une « bulle » ou une quelconque morale. Il est intéressant de remarquer que toute avancée sociale a été pragmatique après la constatation que le statu quo était inefficace. Ainsi revenir sur des droits, sur un « progrès social », n’est pas mal en soit si on prend la peine de comprendre d’abord pourquoi on le fait (en l’occurrence il faut sortir de l’idéologie, ce qui est rarement le cas quand on supprime sèchement un droit ou une structure sociale) et ensuite si on propose quelque chose à la place, sinon on sait (à comprendre dans le même sens qu’on sait que mettre la main au feu ça pique: on l’a appris) que ça marche pas même si on repousse les conséquences et les responsabilités de ces décisions sur d’autres.
Laisser se développer des déséquilibres, ou les favoriser, sans mesurer les couts et en évitant soigneusement de mettre en place des moyens de contrôle du système social (efficaces, parce qu’on sait, toujours dans le sens « on a appris », que certains, comme la dictature, ne fonctionnent pas) c’est choisir la crise. De plus notre système économique nécessite une participation volontaire et même dynamique… on peut évidemment revenir en arrière là-dessus aussi mais ça plaira à qui de vivre comme que 19è siècle ?
En ce qui concerne l’humanitaire je suis proche de votre réflexion. Il ne s’agit d’ailleurs pas de politique. Mais confondre humanitaire et politique sociale est dangereux que ce soit comme vous le faites, par la condamnation, ou par la promotion comme le fait la nouvelle extrême gauche qui oublie sa propre théorisation politique (c’est la mode).
Après il faudrait s’entrendre aussi sur le terme « social ». Voulez-vous parler de la négociation collective ou de la négociation en général ? Parce que le chacun pour soi, jusqu’au capitalisme professionnel, ne contredit pas le « social ». Il se peut que les luttes sociales soient en redéfinition, que la société de consommation, sous des dehors d’individualisme, nous transforme en consommateurs de tous nos liens sociaux, économiques, politiques, organisationnels. Maintenant avant que la Nation ne finisse d’expirer, faute de pertinence, avant que les gouvernements ne fassent plus que suivre les mouvements antropologiques de la société (on y arrive doucement, plus fort encore avec Sarkozy qu’avec d’autres, même si c’est malgré lui), il me semble qu’il y a encore des gens qui sont responsables de structurer l’espace social, et qu’ainsi on soit en droit de leur demander de faire bien leur boulot. A priori faire semblant est une tâche prévue pour d’autres qui sont d’ailleurs plus doués en la matière.
@ oppossum
J’aime bien votre sentence. Mais on peut la retourner. Cela donnerait ça : « On ne s’obstine dans l’ambiguïté qu’au détriment de tous. » Cela renseigne sur une chose : l’utilisation du présent de vérité générale donne toujours le sentiment d’approcher la vérité. Mais celle-ci se dérobe à chaque fois. La vérité, c’est une poignée de sable. Lorsque la main s’ouvre ce que définissaient nos sensations, cette poignée de sable n’existe déjà plus.
Sur la pauvreté : et bien oui pour contracter un crédit, il faut y avoir été obligé par les circonstances (être pauvre) mais aussi avoir perdu le sens commun. Etre déstructuré, aliéné comme vous le dites. Pas facile en effet de résister à la société de consommation quand vous avez été désarmé de toute défense intellectuelle, quand, en d’autres mots, on ne vous a offert aucun autre horizon.
Sur cette fameuse « bulle du social » : Je me demande à qui elle sert de faux-nez. A ces bourgeois de gauche rongés par la culpabilité, ou à ces bourgeois de droite rongés par l’égoïsme. Votre insistance à parler des gens avec les lunettes du comptable qui examine avec le sérieux d’un notable qu’on croirait sorti d’une caricature de Daumier les comptes sociaux en train de se dégrader ne me surprend pas tant qu’elle me navre. Parler chiffres, parler de bulle donc, a ceci de rassurant qu’elle permet de ne parler ni des gens ni de ce que l’on ressent soi-même. On fait l’impasse sur nos pensées les plus noires espérant que le concept efface l’affect. Ce qui me désole bien souvent avec les gens de droite, c’est leur agressivité décomplexée vis-à-vis des plus pauvres (Ah salaud de pauvres !), cette façon dédaigneuse de parler d’eux. On pourrait parler d’une bulle d’ailleurs : une bulle de mépris, de haine sociale. Je l’ai déjà dit dans un autre commentaire, la lutte des classes n’a jamais pris fin. Et elle n’est pas menée par ceux qu’on croit. C’est cette bulle de mépris qui coûtera le plus cher à la société. C’est elle l’origine de la crise.
@ olivier
Sur ce terrain, il est à craindre que la culpabilité dont la bourgeoisie de gauche est selon vous atteinte se soit largement estompée. Sur l’aveuglement, ou plutôt la méthode consistant à ne pas voir ce qui dérange, il y a beaucoup à observer. Sur l’humiliation qu’elle suscite, et parfois la révolte, il y a autant.
@François Leclerc
je ne peux qu’approuver tout ce que vous dites. Une bulle de cécité alors?
René Char disait: « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Les gens, intuitivement, le savent.
J’ai beaucoup évoqué la fascination du chiffre, la religion du chiffre dans notre société. Cette religion ultra-libérale n’est pas sans rappeler la religion communiste. Don delillo, un écrivain new-yorkais l’évoque bien mieux que moi encore: http://www.laptitemaison.com/ptitemaison/article.php3?id_article=1104. Bonne lecture. Bonne écoute
les banques créent-elles de la monnaie sans contrepartie ?
En fait, je pense qu’il faut s’attacher à la nature de la contrepartie.
les banques créent de la monnaie sous différentes formes, mais les contreparties ne sont pas toujours de qualité.
la titrisation des créances dites subprimes en est un bon exemple. La qualité des titres reposaient sur le remboursement des emprunteurs à échéance.
l’émission massive de titres representatif d’une valeur monétaire reposant sur des créances douteuses en font donc une émission monétaire sans contrepartie.
@Olivier,
Merci pour vos interventions…Merci pour la piqûre de rappel…Vos élèves ont de la chance…J’en profite pour rappeler l’importance du prof et rendre ici hommage à ma prof d’espagnol de seconde qui nous fit travailler sur le film de Costa-Gavras « Missing », j’avais 16 ans et cela contribua de façon déterminante à ma formation « politique ».
Je veux souligner à quel point, l’école publique et certains professeurs que j’y ai côtoyé ont participé de qui je suis aujourd’hui.
Je voudrais préciser :
Par piqûre de rappel je fais allusion à la volonté de la droite conservatrice de faire disparaître du discours politique la question sociale et son corrolaire les inégalités économiques.
Tous les discours de N. Sarkosy vont dans ce sens ( cela se traduit d’ailleurs de façon abject par l’intrumentalisation de « l’immigré »).
Paul a souvent dénoncé ici « la science économique » pour cette raison précise, je vois donc comme une contradiction indépassable le soutien qu’il apporte par ailleurs au nabot.
Paul ? Ce qui est inacceptable sur le plan de la pensée économique le serait-il sur le plan politique ?
Comment pouvez-vous ignorer cette contradiction ?
Bonne journée à tous et encore merci à Olivier.
@ Olivier 11/01 09h44,
Vous notez :
« Sur la pauvreté : et bien oui pour contracter un crédit, il faut y avoir été obligé par les circonstances (être pauvre) mais aussi avoir perdu le sens commun. Etre déstructuré, aliéné comme vous le dites. Pas facile en effet de résister à la société de consommation quand vous avez été désarmé de toute défense intellectuelle, quand, en d’autres mots, on ne vous a offert aucun autre horizon. »
D’après vous, d’où vient ce désarmement intellectuel ?
@ Fab
A mon avis, le vers est dans le fruit dès le départ et résister est terriblement difficile. La société de consommation, en effet, ne fait pas de vous un consommateur, contrairement à ce que nous pensons tous. C’est la marchandise qui vous consomme. Marx a dit ça quelque part. Il faut relire Debord également. “La société du spectacle”, qui s’inspire beaucoup de Marx, reste d’actualité si l’on veut comprendre l’aliénation des foules. C’est à mon sens un livre fondamental.
@ Olivier,
Je ne pense pas que vous ayez répondu à ma question : D’après vous, d’où vient ce désarmement intellectuel ?
Pour résister la société de consommation,
il faut soit être moine (le modèle de la frugalité et du détachement du monde) soit avoir lu Marx et Debord et avoir un rapport critique à la marchandise et au système qui l’a produit. Aujourd’hui on n’enseigne ni le marxisme ni le christianisme à l’école. Le libéralisme et la société de consommation sont les seuls horizons pour beaucoup de gens.
Mais ce que je vous dit au commentaire précedent est toujours vrai et réponds à votre question à mon sens: il faut vous intéresser à la notion de « Fétichisme de la marchandise » développée par Marx et rendue plus actuelle par Debord par la notion de spectacle.
Ce sont les seules voies que je puis modestement vous indiquer. Sinon, comment expliquer la bétise des gens? Pourquoi les gens désarment-ils aussi facilement? Pourquoi restent-ils apathiques? William T. Vollmann s’est promené dans le monde avec une seule question: Pourquoi êtes-vous pauvres ? Cette question, il l’a posé aux pauvres et beaucoup ont répondu. Faites la même chose avec la question qui vous taraude: Pourquoi consommez-vous ainsi? Pourquoi en avez-vous fait l’alpha et l’oméga de votre vie? Ne connaissez-vous rien d’autre pour trouver le bonheur? Ce sera intéressant, mais à tous les coup vous écrirez une nouvelle fois le chapitre du Capital « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret » ou alors vous réécrirez la société du spectacle de Debord (qui par ailleurs explique très bien ce qu’est l’aliénation que fait naître la marchandise et l’état de dépossession, de séparation et de désarmement intellectuel dans lequel elle enferme le sujet). Nous baignons dans l’idéologie libérale depuis tellement de temps que nous ne voyons plus l’essentiel. Le secret que vous cherchez est là. Mieux, il devant vous, dans toutes les marchandises que vous avez achetées. Mais n’attendez pas mes mauvais commentaires. Retournez à la source. Ces gens-là, quoique très exigents, vous seront bien plus profitables que moi.
J’espère cette fois m’être mieux fait comprendre cette fois-ci.
Cordialement
@ Olivier,
Malheureusement je n’ai pas trouvé davantage la réponse à ma question dans votre dernier message. Mais ne vous en offusquez pas, c’est de ma faute ! Je n’ai lu ni Marx ni Debord. Alors si vous aviez la patience de présenter leurs arguments pour répondre à ma question ce serait sympa.
Merci.
Depuis des mois, il s’étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue… Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas. Des panégyristes, il en a plus que Trajan.
Une chose me frappe pourtant, c’est que dans toutes les qualités qu’on lui reconnaît, dans tous les éloges qu’on lui adresse, il n’y a pas un mot qui sorte de ceci : habilité, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clés bien faites. Tout est là… Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.
Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l’assaisonnait de cette façon.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve si énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l’aventure et l’aventurier… On ne trouve au fond de l’homme et de son procédé que deux choses : la ruse et l’argent…Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n’est plus question d’être un grand peuple, d’être un puissant peuple, d’être une nation
libre, d’être un foyer lumineux ; la France n’y voit plus clair. Voilà un succès. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte…Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités… Ma foi, vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l’argent ; c’est ignoble, mais c’est excellent ; un scrupule en moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux ! On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte…une foule de dévouements intrépides assiègent l’Elysée et se groupent autour de l’homme… C’est un peu un brigand et beaucoup un coquin. On sent toujours en lui le pauvre prince d’industrie.
Et la liberté de la presse ! Qu’en dire ? N’est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l’esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ? »
Victor Hugo : « Napoléon le Petit »
@ Olivier qui nous dit que
« les origines de la crise sont notamment sociales. La crise est un fait humain. Elles concernent des hommes. »
J’éprouve le besoin de rajouter que l’homme n’est pas dissociable de son environnement et qu’au » notamment sociales » il vaudrait mieux dire que les origines de la crise sont écologiques ; l’écologie désignant au sens large l’homme dans son milieu et incluant bien sûr le social , mais pas seulement . Si la crise aujourd’hui est ce qu’elle est, c’est que l’humanité se trouve depuis peu dans un contexte tout à fait nouveau , question échelle de grandeur : la démographie + le mode d’organisation économique , social , politique etc nous placent dans une situation totalement inédite et nous CONTRAINT RADICALEMENT : nous avons épuisé le monde et le dérèglons et à moins de changer rapidemment et radicalement nos modes d’organisation et donc nos valeurs , nous sommes à court terme (quelques années )condamnés.
Le problème majeur restant que nous ne disposons , pour ce faire , que d’outils politiques , médiatiques etc anciens et qu’il reste urgent selon moi de créer un nouvel outil politique (et médiatique)méthodologiquement différent de ce qui existe aujourd’hui , un outil de recherche et développement sociétal collectif et participatif ; la réforme de la tv publique devrait introduire ce concept de recherche et développement sociétale participative ( nous disposons de tous les outils techniques nécessaires)
Nos sociétés culturellement très sectorialisées ( les experts!) se trouvent dans l’incapacité même de percevoir et évaluer l’immense problème GLOBAL que nous avons sur les bras.
Fab, Olivier,
« d’où vient ce désarmement intellectuel? » (Fab 11/01/2009; 9h44 et 20h49)
De ce que vous ne disposiez pas d’une modèlisation conceptuelle permettant de faire un tri très net entre des comportements moraux effectivement relatifs ds le principe, mais ces mêmes comportements qui peuvent être tout aussi bien pathologiques.
Il y a donc bien lieu de chercher à refaire une constitution, pas seulement pour l’économie, mais d’abord politique et dont l’artcle 1er pourrait être:
« Les citoyens et encore plus leurs représentants s’engagent à construire des lois et des codes légalisant des processus minimaux de légitimation »
Tout le reste découlera de ce premier article, aussi bien « qui fait partie du ‘demos’ » que les questions écologiques, et j’en passe, dont économiques qui par ce premier article sont d’un seul coup, secondarisées…
@Fab
Internet en tant que contre pouvoir : car c’est le seul « endroit » ou on peut trouver de la « vraie » (notion toute relative j’en conviens) information… du moins de l’information non controlée… Je le perçois comme une « faille » (du système, de la pensée unique) dans laquelle peut s’engouffrer un souffle de vie. Mais internet peut aussi se transformer rapidement en notre pire piège, si on laisse les intérêt économiques prendre son contrôle, si on le laisse s’emparer de notre vie privée.
Aujourd’hui, peux m’exprimer ici même, et je peux partager mes idées ou mes informations. Mais inversement, demain, peut-être que ces mêmes paroles se retourneront contre moi car j’aurai été « identifié » comme « nuisible » par un gouvernement paranoïaque (Edvige)…
Exemple : cette fameuse crise économique, dans les média, elle n’a commencé a exister qu’en janvier 2008, mais était minimisée, puis finalement reconnue en octobre, alors que j’étais au courant au moins 1 an avant de ce qui se passait vraiment, et j’ai bien vu comment les médias « pipotent »… mais sur internet j’ai pu trouver une part de « vérité ».
Le problème n’est pas le politicien Sarkosy en lui-même, qu’il puisse dire de temps en temps des choses intelligentes est un fait, mais plutôt d’observer le corpus publicitaire que tout politicien digne de ce nom utilisera pour subjuguer ses clients (ses électeurs). Une fois cette base idéologique identifiée, le message politique a pour pilier les trois points suivants quelque soit la couleur politique en jeu :
Théorème de Ginsberg, revu par Freeman :
1/Le capitalisme est basé sur la supposition que vous pouvez gagner (Exhortation du « Je »);
2/le socialisme, sur celle que vous pouvez faire match nul (Exhortation du « Nous »);
3/le mysticisme, sur celle que vous pouvez quitter le jeu (Exhortation religieuse) ;
Systématiquement, sans aucune exception à cette règle, le message politique empruntera tour à tour un de ces trois piliers de la communication politique. Si Sarkosy et ses adversaires s’amusaient à parler juste, comme nous le faisons dans la vraie vie lorsque nous voulons convaincre ou persuader un ami, aucun d’entre eux ne seraient élus. Aussi, il ne faut jamais confondre un honnête homme avec un packaging publicitaire, l’un est le sel de la vie, l’autre est à jeter avant usage …
Je ne souhaite convaincre personne, je suis un peu cynique par nature, mais je ne vois pas ce qui peut-être séduisant dans le business politique tel que j’ai pu l’observer depuis que je suis en âge de comprendre. L’inconséquence et l’imprévoyance sont les deux mamelles de la sociale démocratie, c’est ce qui permet aux politiciens de se faire réélire en réutilisant le stratagème publicitaire exposé plus haut.
@ fab,
rupture de discussion parce que rupture d’internet pendant 24 heures.
Il faut lire ses livres, voila ce que je peux dire. Les résumer est extrêment difficile. Je veux bien essayer mais mes raccourcis seront forcement trompeurs: en gros, les objets qui vous entourent peuvent être regarder de différents manières: sous l’angle de leur valeur d’achat, sous l’angle de leur valeur d’usage, mais aussi comme fantasmagorie. Derrière une définition purement économique on peut aller chercher un sens psycho-social. Les objets que vous avez chez vous sont là pour une de ses raisons voire les trois. En tout cas vous avez investi quelque chose de vous dans ces objets consommés. Mais parce que vous avez investis quelque chose de vous, parce qu’une affectivité existe, alors il se peut bien que ce soit l’objet qui vous ait choisi, qui vous ait consommé. Debord passe un cran au-dessus. L’objet, la marchandise est parvenu a un tel niveau d’accumulation qu’elle est devenu spectacle. Son idée, est que nous sommes prisonniers de ce spectacle. C’est ça la société du spectacle. C’est les écrans mais c’est surtout la société de la marchandise et sa consommation poussée jusqu’à l’excès, jusqu’à l’abstraction.
Mais lisez-les. Debord surtout. C’est un petit livre très complexe sous forme d’éclats, de fragments, d’aphorisme d’où la difficulté à le résumer. Mais vous y trouverez la réponse au sentiment de dépossession et de vide que fait naître notre société de consommation.
@ Eugène,
vous vous situez à un plan politique, mais les auteurs que je préconise se situe davantage à un niveau idéologique, civilisationnel et anthropologique. Leur analyse est bien plus radical. Il ne s’agit pas de faire une loi , un corpus de loi ou une constitution. Ces auteurs s’attaquent à l’idéologie, ou la culture si vous préférerez, dans laquelle nous baignons. D’ailleurs chez Debord, sa philosophie est aussi une esthétique. Il fonde une esthétique donc une éthique nouvelle de la vie. C’est bien plus fort.
Olivier,
1- Pas si sûr que ce soit plus fort si je te dis que la légalisation des processus minimaux de légitimation en grand nombre sous forme de Lois ou de Codes permettra, si l’on pousse la reflexion jusqu’au bout, de voir des individus incapables de les supporter ou se prendre régulièrement les pieds dedans, donc montrer ainsi la forme de leur déreglement d’autocontrôle par la répétition d’une même façon de transgresser. Comment veux- tu ensuite confier un pouvoir quelconque (politique bien sûr, économique donc aussi industriel financier etc, médiatique, religieux) à ces gens là alors qu’ils montrent qu’ils n’ont aucun pouvoir sur eux-mêmes. Un mot de ma liste devrait te montrer jusqu’à quel point même les croyances n’échappent pas à la critique.
2- Un tel programme permettrait d’être politiquement opératoire, ce dont je doute concernant Debord.
3- Pour revenir à l’article de Paul ci-dessus, donc à N. Sarkozy, son pb s’il souhaite être efficace comme il le prétend, n’est pas tant de « moraliser le capitalisme » que de faire en sorte que ceux qui contrôlent les capitaux aient un comportement moral. La première hypothèse relève de l’illusion ou des illusions qui entretiennent le système avec ses comportements excessifs, la seconde, difficile mais possible, nécessaire de mon point de vue; au risque de continuer d’ignorer délibérement une des facettes qui nous font rester humains.
4- le couplage éthique-esthétique me fait tjs mal aux oreilles, sauf à faire de l’héroïsme la clé de compréhension des comportements. Dans l’état actuel des choses, nous n’avons pas besoins de héros, mortels donc éphémères, mais d’une rigueur épistémologique permettant de réinstitutionnaliser la façon pérenne d’un vivre ensemble, soit ce que notre Président avait appelé, il y a un an qui semble une éternité, la refondation d’une politique de civilisation! soit un diagnostic assez juste et prémonitoire mais dont on ne voit pas plus l’ombre d’un noyau de cerise ds la réalisation de l’objectif que Morin ds son ouvrage n’en avait développé la moindre queue permettant d’en refaire pousser l’arbre.
@ Eugène
1. Pour être tout à fait franc, ton projet de législation me laisse perplexe: je ne comprends pas. Cela semble être relié à l’idée qu’une constitution politique comme économique est nécessaire comme le suggère ton commentaire précédent. Il s’agirait si je te suis de « faire un tri très net entre des comportements ». Mais une constitution ne réforme aucun comportement. Elle entérine des usages. Elle est reflet d’une société davantage que sa transformation. Donner une constitution démocratique à un pays dont la société n’est pas démocratique n’a aucun effet opératoire. A moins de donner raison à Georges Bush.
2. Tu as raison. Debord n’a rien écrit d’opératoire. Il n’a pas écrit de programme, ce qui l’empêche sans doute d’être opératoire
3. Concernant la notion de morale en politique comme en économie, je m’en méfie comme de la peste. L’exemple de l’idée machiavélienne dans l’histoire européenne est très claire: lorsque Machiavel a écrit son livre, il ne faisait que décrire une réalité montante: l’affirmation de l’Etat moderne et son idéologie de sauvegarde: la raison d’Etat. Ce qu’enseignait Machiavel n’avait rien d’ahurissant pour ses contemporains. C’était ce qu’on appelait alors un « miroir du prince ». Ces livres étaient très nombreux. On peut citer Commynes. Avec la contre-réforme, Machiavel et sa terrible lucidité ont fait fait scandale. Il fallait réformer. Il fallait « moraliser », faire en sorte que les princes aient un « comportement moral ». Malheureusement les bonnes intentions ont eu de funestes résultats: à l’époque elle porta le nom d’Inquisition. C’est terrible à entendre mais derrière la fameuse morale se cachent les pires intransigeances et la chasse aux comportement déviants. Tous aussi déviants que ceux l’on avaient voulu supprimer.
4. Je ne saisi pas en quoi le couplage esthétique-éthique produirait systématiquement des héros. Debord a été un paria toute sa vie! En outre tu me parles de rigueur épistémologique: pour le droit? pour la politique? Ce ne sont pourtant pas des sciences… Me concernant, ce couplage esthétique et éthique me procure de bien douces musiques. Un choix esthétique c’est aussi une prise de position éthique. Un choix esthétique se fait dans le cadre d’une société et se réfère à elle. L’air de rien, quand on sait lire le « discours » que produit l’artiste, celui-ci est souvent bien plus fécond que ceux qui se cachent derrière l’illusion de la science. On peut d’ailleurs rendre hommage à Paul Jorion de proposer ainsi au milieu des « billets de raisons » quelques « billets fait d’émotions », je parle de ceux qui parlent de ces fameux artistes (Ah Sid Vicious). Debord dont tu te méfies peut-être à raison, je ne sais pas, a associé ethique et esthétique à sa manière. Parce que les discours ne suffisaient pas, parce qu’il fallait vivre aussi, réanchanter la vie comme il tentait de réanchanter le verbe. Et si nous cessions nous aussi de réanchanter le verbe et de nous repaître de nos beaux discours. Il ne faut pas vouloir « réinstitutionnaliser la façon pérenne d’un vivre ensemble ». Il faut vivre avec les autres, se réinventer au quotidien (les « arts de faire » de Michel de Certeau), à la base de la pyramide sociale (existe-t-elle encore pour longtemps cette pyramide). Pour Debord, pour les situationnistes, c’était vivre en bande. Si je vivais sous Cicéron, je parlerais d’amitié. Et toi comment vis-tu?
Une constitution de mon point de vue répond à la difficulté d’individus se posant la question: « bon, et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ensemble? », soit finalement le cadre minimal d’une vie sociale un tant soit peu organisée. Si ds l’idée même de constitution il n’y a pas au moins l’idée d’exclure les prédateurs, la vie sociale deviendra vite totalement infernale du fait de leur pouvoir d’initiative phénoménal sans aucun égard pour autrui et sans frein moral, à partir du moment où eux y gagnent!
Je ne réponds pas à toutes tes remarques souvent pertinentes:
a) celle relative à l’Inquisition: je me méfie comme de la peste des endoctrinements donc du religieux, non pas tant ds ce qui le fonde mais comment certains en viennent à des pratiques qui deviennent obligatoire pour les autres, c’est pourquoi il y avait cette précision ds mon point 1 supra.
b) si tu en restes à l’idée qu’une constitution enterine des usages, la fin de civilisation actuelle devra être bue jusqu’à la lie. Il faut donc innover comme le disait Sarkozy ds ses voeux!
c) je n’ai pas écrit que le couplage éthique esthétique produirait systématiquement des héros, mais ce que j’ai voulu dire c’est que le héros fait de son acte (héroique donc, sauver qq’un de la noyade en plongeant ds l’eau à 5°C par ex) quelque chose qui a de la gueule sans rien en attendre en contrepartie, donc à la fois beau et moral. Simultanément, l’esthétique d’un poème n’a rien à voir avec la morale, comme un acte ou une position morale passera la plus part du temps inaperçue ( / ‘esthésis’… tu vois bien la contradiction si on revient à la racine du mot esthétique…) il me parait donc risqué de vouloir expliquer l’une par l’autre, mais comme les deux relèvent spécifiquement de l’humain, il arrive qu’elles coïncident, ds l’acte héroïque justement.
@ Olivier
En complément de ce que vous dites de Guy Debord j’ajouterais que le problème exposé par Debord n’est pas tant l’accumulation des objets — qui n’est qu’un corrélat de la Société du Spectacle –, que la nature globalitaire du capitalisme, si ce n’est totalitaire, tel qu’il s’est développé à partir du milieu du XX ème siècle. Selon lui culture, mass média, et même les arts ont perdu leur rapport d’extériorité par rapport à la sphère économique sur laquelle ils pouvaient encore avoir autrefois une réelle action critique. La raison en est que le Spectacle — c’est à dire les innombrables spectacles constitués par le show business, les médias, une culture massifiée et ses « vedettes », font maintenant partie intégrante du fonctionnemt du capitalisme, de même qu’ils en sont la publicité permanente. La publicité d’un capitalisme dont le seul but est son seul fonctionnement ad libidum, autrement dit la production illimitée des objets. Les individus baignent dans un cons-sensus, sans même s’en apercevoir. Aussi Debord souligne-t-il que sous les apparences de la diversité, des oppositions de style de vie, c’est une même unité qui se donne en spectacle. Plus grave, c’est la sensibilité de chacun d’entre nous qui est dépossédée, aplatie, par la représentation, et, au delà, tous les rapports sociaux qui sont appréhendés sous les prismes de la représentation. Il est bien évident que le Spectacle dont parle Guy Debord n’est pas le spectacle théâtral ou tout autre spectacle de nature artistique. Le Spectacle est pour Debord le contaire de l’art, sa négation même. Le philosophe Yves Michaud prolonge le propos de Debord lorsqu’il dit qu’il n’y a plus d’esthétique des oeuvres d’art car l’esthétique est maintenant partout présente à l’état gazeux. Car ce qui compte désormais ce sont les dispositifs — ainsi ce qu’on appelle par exemple les « installations » — lesquels, par définition, court-circuitent toute distance entre l’observateur et l’objet artistique. Là où il y avait des points de vue sur le monde il n’y a plus que des « expériences », des « performances ». La réalité n’est plus que la somme des petites expériences individuelles. Toute idée d’aventure humaine collective a disparu. Le sentiment esthétique est présent partout mais il a été atomisé, pulvérisé, si bien que les choses n’ont plus de consistance. La seule réalité qui vaille c’est l’éternel présent du règne de la marchandise. Un autre philosophe, Bernard Stiegler, prolonge aussi à sa manière le propos de Guy Debord, lorsqu’il nous dit que le capitalisme contemporain a perdu son « esprit » : son moteur n’est plus notre libido, lequel procédait encore d’une certaine sublimation, ce créait encore du lien social, mais l’exploitation de nos pulsions, ce qui constitue encore une réduction de la sensibilité et de l’intelligence collective à quelque chose de tout à fait primaire, démotivant et destructeur.
Pour ceux qui n’auraient pas lu Debord, voici les premières lignes de La Société du Spectacle :
« 1. Toute la vie de nos sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production n’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. »
» 2. Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionne dans un cours commun, où l’unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l’image autononomisé, où le mensonger s’est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant.’
« 3. Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification. En tant que partie de la société, il est expressement le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. Du fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu même du regard abusé et de la fausse conscience ; et l’unification qu’il accomplit n’est rien d’autre qu’un langage officiel de la séparation généralisée. »
« 4. Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des pesonnes, médiatisé par des images. »Guy Debord, La Société du Spectacle,
Debord, dans son maître livre, dès 1967, analyse le phénomène du vedettariat, rebaptisé aujourd’hui pipole. :
» L’agent du spectacle mis en scène comme vedette est le contraire de l’individu, l’ennemi de l’individu en lui-même aussi évidemment que chez les autres. Passant dans le Spectacle comme modèle d’identification, il a renoncé à toute qualité autonome pour s’identifier lui-même à la loi générale de l’obéissance au cours des choses… »
Sur ces prémisses, Debord a crée le situationnisme, lequel vise précisément à pervertir les formes spectaculaires auxquelles le capitalisme doit sa configuration actuelle. Bref, Debord a alors un réel projet politique qui consiste à dire : puisque le Spectacle et ses diverses modalités sont un maillon décisif du fonctionnement du capitalisme, alors sabotons le Spectacle en en détournant le sens, les sens, pour en un mot, retrouver une sensibilité authentique, nous raccorder à notre vévu.
Au fond, Debord reprend l’idée marxienne de superstructure pour l’actualiser. Il montre et démontre en quoi consiste et selon quelles modalités fonctionne l’idéologie dominante dans la société capitaliste contemporaine. De même Debord, devant la réduction-récupération des productions artistiques, y compris authentiques, par le système, propose de faire de la vie même un art, de nos vies un art, et ainsi échapper à l’aliénation générale. Hélas, force est de constater que le projet politique de Debord a échoué, du point de vue politique, il s’entend. Debord a lui-même dissous l’Internationale situationniste.
Ceci dit, il n’en demeure pas moins que sa description du fonctionnement du capitalisme contemporain en rapport avec le développement d’une sphère médiatique, culturelle et même artistique absorbée par la logique purement marchande, reste très pertinente. La mondialisation, la télé-réalité, le phénomène pipole, et bien d’autres aspects de notre monde contemporain, inexistants ou encore embryonnaires en 1967, ont été par lui analysés à un niveau d’abstraction et de généralité inégalée.
La limite de la pensée révolutionnaire de Debord (car il se pensait comme tel et on l’oublie souvent, la Société du Spectacle ne fait pas l’économie du constat que c’est le mode de production capitaliste et ses rapports de classe qui sont le sujet de sa théorie) c’est qu’en agissant sur la superstructure, revisitée sous les espèces des formes esthétiques et à travers elles, notre sensibilité, qu’il faut nous réapproprier, pour retrouver notre unité en tant qu’individus, c’est que précisément le capitalisme récupère à son avantage toute forme de subversion d’ordre esthétique. Vous parlez de Cid Vicious des Sex Pistols, son art aussi estimable fut-il, Debord a raison de montrer que l’esthétique — et l’éthique que cette esthétique constitue lorsque l’esthétique n’est pas prédigérée –, en s’opposant radicalement aux formes et modalités de la représentation au service du capitalisme, sont essentiels pour changer la société. Mais, éthique et esthétique, ne sauraient suffire, sauf à prétendre qu’une société se constitue seulement d’une juxtaposition d’esthétiques et d’éthiques individuelles, ce qui me semble difficile à soutenir. Les modes de production ne doivent pas en effet leur existence aux seuls processus de légitimation culturels mais tout autant à des dispositifs politiques et juridiques, quand bien même ces derniers fonctionnent-ils imparfaitement, et y compris de façon informelle. Ce n’est pas parce que la Justice et le politique sont aujourd’hui investis largement par des intérêts économiques qu’il est impensable d’imaginer cette même Justice et la politique au service d’une autre économie. Des réalités économiques bien différentes ont coexisté avec des justices et des systèmes politiques qui eux-même ont évolué au cours du temps.
Aussi, je ne suis pas d’accord lorsque vous dites qu’une constitution entérine des usages, qu’elle est le reflet d’une société davantage que sa transformation. Une constitution ce n’est pas un bout de papier sur lequel on inscrit un certain nombre de principes qui seraient déjà largement pratiqués. Une constitution c’est un élément fondateur qui résulte d’un processus. En amont il y a eu d’abord tout un travail d’élaboration collective. (Si la constitution pour l’économie de Paul Jorion devait être adoptée, bien entendu Paul y serait pour quelque chose mais ce qui en ferait la légitimité au final ce n’est pas Paul lui-même, mais le fait que beaucoup s’y reconnaîtraient en pensée ou en action). Aucune constitution ne tombe du ciel. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est l’aboutissement des réflexions de nombre de penseurs des Lumières. IL est bien évident également qu’une consitution à elle-seule ne résoud pas les problèmes de rapports de force qui ne manquent pas d’intervenir aussi bien aux niveau local ou mondial. Une constitution est ce qui critallise à un moment donné un nouveau consensus quant à la définition et l’étendue des domaines au sein desquels désormais il convient que des choses soient permises et d’autres ne le sont pas. Une constitution c’est donc un évènement politique, lequel ne peut se concevoir si au départ il n’y a pas eu des éthos — ces comportement éthiques — pour la vouloir fortement. Ethique et politique ne peuvent être disjoints. Refuser une constitution au nom de l’éthique a donc quelque chose de paradoxal.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’une constitution a un fondement éthique. Et si donc une constitution a un fondement éthique cela signifie par conséquent que les nouvelles régulations que pourraient inspirer, dicter, une nouvelle constitution, par exemple une constitution pour l’économie, trouveraient un assentiment populaire, donc une légitimation qui va bien au delà des sphères restreintes du pouvoir.
Quant à Bush, s’il n’a pu « exporter » la démocratie au moyen-orient ce n’est pas parce qu’il voulait proposer des principes à un pays non démocratique, mais parce que le projet politique qui les sous-tendait était en contradiction avec des principes éthiques qui auraient dû le conduire à procéder autrement, c’est à dire en ayant recours à d’autres moyens que la force. C’est à dire en commençant lui-même à respecter certains principes fondamentaux de la démocratie, y compris certains articles de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, comme l’habeas corpus. Certes il y a eu une nouvelle constitution en Irak mais celle-ci a été plaquée arbitrairement, elle n’est pas l’aboutissement d’un processus légitimant authentique. Le fait qu’il existe de par le monde des constitutions inopérantes voire nuisibles, ne préjuge pas sur le principe de la nécessité d’une constitution.
Une constitution, qu’on s’y oppose ou qu’on l’approuve est d’abord un point de référence.
Une constitution ne peut pas tout, mais elle figure au nombre des outils incontournables qu’ont les animaux politiques que nous sommes pour essayer de vivre ensemble. Dans un premier temps soumettre l’idée d’une constitution c’est un moyen d’action pour cristalliser une opinion autour d’idées force. Dans un deuxième temps c’est un dispositif prescriptif (juridique et-ou législatif) qui assure une fonction régulatrice en accord avec le nouveau consensus qui le porte.
Bref, une constitution ce n’est pas un programme informatique qui engendrerait mécaniquement le changement. C’est une production humaine.
Pierre-Yves, Olivier,
Merci Pierre Yves d’avoir un peu plus developpé que moi cette idée de couplage nécessaire de la politique et de la morale, finalement d’une légalisation de processus minimaux de légitimation prévue d’entrée de jeu par une constitution digne de ce nom; et qui donc favoriserait l’émergence de codes et lois ‘ad hoc’.
Je vous pose cependant la question « comment peut-on être sûr d’atteindre un tel résultat sans être liberticide ? » (donc avoir une petite chance d’emporter l’adhésion du plus grand nombre puisqu’il est dans notre monde apparemment exclu qu’un seul puisse dans un premier temps avoir moralement raison contre une majorité intoxiquée aux spectacles et au consummérisme)
@ pierre-Yves D
Bien vu, sur Debord que vous résumez mieux que je ne l’aurais fait; le développement sur Michaud aussi même s’il faut à mon sens aller encore plus loin dans la dématérialisation de l’objet d’art (je ne développe pas: on peut voir ça:http://www.laptitemaison.com/ptitemaison/article.php3?id_article=636)
En revanche lorsque vous dites: “éthique et esthétique ne sauraient suffire, sauf à prétendre qu’une société se constitue seulement d’une juxtaposition d’esthétiques et d’éthiques individuelles, ce qui me semble difficile à soutenir.” je coince un peu. Et si justement la société avait fini par ne plus constituer qu’une simple juxtaposition d’individus? Je crois justement que l’on peut soutenir cette idée. Le néolibéralisme, c’est un système qui repose à la fois sur la représentation de lui-même et sur un individualisme poussé jusqu’à ses dernières extrémités. Ces même individus restant en stupéfaction devant la représentation du système auquel ils pensent appartenir. Les individus sont tous tournés vers un même point central mais jamais ils n’auraient de regard pour leur prochain. Je veux croire personnellement que nous avons des choses à nous dire, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons mais force est de reconnaître que ces lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen ne sont pas au coeur du système.
Au coeur du système, dans le quotidien des gens, il n’y a que sentiment de vide, dépossession intellectuelle et financière, abrutissement. Sans doute seront-ils contents de savoir que l’on pense à leur avenir, que des Lumières imaginent de nouvelles constitutions. Parce que c’est vrai que ce n’est pas inutile. Mais pour ces gens reprendre possession de sa propre vie, de la manière, individuelle, qui leur conviendra, est nécessaire. Peut-etre avez-vous raison de dire que ce n’est pas suffisant pour refonder une société (il faut des lois évidemment) mais c’est une prémisse nécessaire. Personnellement, je doute que les changements que nous attendons tous se fassent par la simple réforme de l’Etat. Le capitalisme, c’est plus qu’un Etat. C’est une idéologie très puissante. Et elle irrigue chacun de nos gestes.
« mais force est de reconnaître que ces lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen ne sont pas au coeur du système. »
dit olivier
Force est de constater qu’un système qui place en son coeur des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » n’est plus un système mais une démocratie
Force est de constater que cette revendication « placer au coeur du système des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » n’est pour l’instant pas audible
Force est de constater que ce blog risque de faire système et qu’il devrait revendiquer son autodestruction parce que si des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » se mettent en place dans l’institution , il fera parti de cet ensemble d’une démocratie participative organisée comme centralité de la vie publique et donc médiatique.
Force est de constater qu’un système qui place en son coeur des “lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen” n’est plus un système mais une démocratie.
Oui le problème central est celui-là: nos démocraties libérales reposent sur deux piliers: la démocratie et le capitalisme. Nous savons tous qu’un des pieds a grandi plus vite que l’autre. C’est pour cela que le système vacille.