Le lion malade de la peste (II)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

On va de nouveau me taper sur les doigts parce que je m’apprête à dire quelque chose de positif à propos de Nicolas Sarkozy. Je fais donc précéder ce qui va suivre d’une déclaration préalable : « Je sais qui est le Président de la République française, je sais en particulier sur quelle plate-forme sécuritaire il fut élu, je sais également qu’il recommandait lors de sa campagne présidentielle une modification de la politique française du crédit à la consommation qui aurait importé par voie expresse la catastrophe des subprimes au cœur du système financier français ». Je pourrais continuer comme cela sur plusieurs paragraphes. Je ne le ferai pas : libre à vous de compléter si cela vous chante.

Ceci dit, je suis pragmatique : c’est le (bon) résultat qui compte. Je ne suis pas non plus partisan de la politique du pire (et ce que je viens de voir aux actualités ne m’y encourage pas davantage). Certains de mes coreligionnaires pensent que puisque les bénéficiaires du système qui est en train de s’écrouler continuent de défendre bec et ongles ce qu’ils imaginent pouvoir encore sauver de leurs misérables privilèges, il vaut mieux à tout prendre précipiter un effondrement total. Vraiment ? Imagine-t-on donc qu’ils n’attendaient que la venue d’une crise de l’ampleur de celle qui nous emporte aujourd’hui pour se convertir à l’amour de leur prochain et au souci de la planète ?

Je vois bien que Mr. Sarkozy veut tirer parti du fait que le lion est malade de la peste pour que les nations cessent de s’affronter à fleuret moucheté sur la question monétaire mais, sachant que je n’hésiterais pas à le critiquer de ne rien vouloir faire, je me vois à l’inverse disposé à lui dire bravo quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ».

Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas.

Bien sûr ce qu’a en tête le Président français ne remet probablement pas en cause l’ordre financier en place d’une manière aussi radicale que nous le souhaitons vous et moi : nous avons pu le constater à propos d’un certain « punir les responsables » qui semblait se cantonner à la désignation à l’opprobre de quelques brebis galeuses, d’ailleurs déjà à terre, ou au retrait de quelques parachutes dorés, déjà passablement compromis, mais manifestons notre satisfaction quand ce que dit Mr. Sarkozy va dans le sens de ce que nous appelons nous-mêmes de nos vœux. Le monde n’a nul besoin de plus de confrontation qu’il n’en a déjà.

PS : A ceux qui se désespèrent que nous ne soyons pas invités aux grands messes qui se tiennent, et qui me le font savoir : cela ne signifie pas que toutes les pensées ne s’y tournent pas vers nous.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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79 réponses à “Le lion malade de la peste (II)”

  1. Avatar de emmanuel
    emmanuel

    en tant qu’adversaire de la Droite je complèterais volontiers la critique du régime sarkozy – la personne ne m’importe pas, en disant qu’il s’agit d’une politique réactionnaire de contre-réforme (appelée « réformes ») visant à détruire les acquis sociaux. sarkozy est très habile et cherche à brouiller les pistes avec des messages « de gauche » (politique d’ouverture, plus de pub à la télé publique etc). On est pas loin de la pensée d’extrême droite, celle de l’amalgame. Souvenons nous wue à propos du lepénisme certains disaient qu’il y avait de bonnes idées.

  2. Avatar de et alors
    et alors

    Effectivement, j’ai lu aussi que « notre » pésident avait déclaré jeudi 8 janvier lors du colloque « Nouveau Monde, nouveau capitalisme » : « Ce fut un jeu où chacun s’efforça de croître au détriment des autres ». CE FUT…
    Oui, « manifestons notre satisfaction »…avec deux précisions.
    – Continuons à « NOUS manifester »…comme nous le faisons…
    – Attention à « satisfaction » : (Empr. au latin. satisfactio « action d’acquitter (dette…) Certes l’empire romain.. chut !

  3. Avatar de Tigue
    Tigue

    @emmanuel
    De nombreux « acquis sociaux », étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi.
    Mais il y a des bulles qu on a pas envie de voir.
    Maintenant, il faudra depenser que ce qu on aura gagné.
    Quand a vos amalgames avec l extreme droite, on ne sait pas s’ il faut rire ou pleurer. La gauche a un besoin très urgent de se refonder, de changer son langage saturé d expressions relatives a une dichotomie revolue depuis la chute du mur.

  4. Avatar de nuknuk66
    nuknuk66

    Sarkozy est intuitif: il PARLE souvent « juste », ou dans un sens que la population attend confusément.
    Mais que FAIT-il ?

  5. Avatar de olivier
    olivier

    je suis consterné…

  6. Avatar de olivier
    olivier

    @ Tigue
    vous dites « De nombreux “acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi. » Dois-je vous rappeler que vous parler de gens. C’est donc ça l’humanisme qui est en train de se refonder sur ce blog: un hôte sarkozyste, des commentateurs néoliberaux (vous citez Marseille!); décidément tout rentre dans l’ordre.
    Une chose est claire en tous les cas: il ne faut pas laisser le monde aux mains des ingénieurs financiers. Quel qu’il soit…

  7. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Certes, certes, mais s’il y a une déclaration qui aurait pu attirer encore plus l’attention lors de la séance d’hier du colloque de Paris que celles de Nicolas Sarkozy, c’est bien celle, parmi les politiques, d’Angela Merkel. En évoquant les nécessaires mesures de régulation à venir, elle a espéré que « les acteurs des marchés financiers n’essaieront pas cette fois encore d’empêcher les politiques de mettre en oeuvre les réglementations ».

    Quant à Nicolas Sarkozy (pour ne pas remonter à Jacques Chirac et à sa dénonciation de la « fracture sociale »), il nous accoutumé à des déclarations hétérodoxes, destinés à frapper les esprits, dans de nombreux domaines. C’est même un des éléments de son système de commnication.

    Faut-il les prendre ou non pour argent comptant ? Il semble nécessaire, en tout état de cause, de les mettre en rapport avec ses actes. Or, sur le terrain où s’est située de manière elle aussi assez surprenante Angela Merkel, ce n’est pas trop brillant.

    On entend les échos assourdis des bras de fers qui sont en cours entre, pour simplifier, « le monde de la finance » et « le monde de la politique ». Les banques, notamment, pèsent de tout leur poids pour défendre ce qu’elles estiment être leur intérêt. Elles s’efforcent de n’accepter que le minimum de contreparties aux aides qu’elles recoivent. Elles cherchent à utiliser comme elles l’entendent ces financements publics.

    La décision d’octroyer aux banques Françaises des prêts subordonnés et de faire l’impasse sur tout moyen d’exercer, de contrôle à défaut de pression sur leur utilisation, est le résultat du rapport de force que celles-ci ont réusssi à instaurer. A moins, ce qui serait pire du point de vue de votre démonstration, que cela soit l’expression de la volonté de Sarkozy.

    En Grande-Bretagne et République Fédérale, d’autres événements permettent d’évoquer ce même rapport de force, que tout le monde a à l’esprit, mais tous les observateurs ont relevé que le gouvernement Britannique n’y avait pas exactement été par quatre chemins. Et que c’est une situation particulière en République particulière, gouvernement de grande coalition et proximité d’élection, qui exlique certains attermoiements.

    Dans le domaine qui nous préoccupe, les actes de Nicolas Sarkozy ne sont pas, aujourd’hui tout du moins, à la hauteur de ses déclarations. Sa défense du « multilatéralisme » s’exprime dans la continuité d’une politique française engagée avant lui. La nécessité qu’il proclame d’une refondation du capitalisme sera plus convaincante quand elle sera illustrée par des mesures concrètes.

    Il est cependant exact que, dans son style un peu flamboyant, Nicolas Sarkozy a été placé, du fait de sa présidence européenne du trimestre dernier, dans la position de représenter les intérêts de l’Europe, pris comme un ensemble économique ayant ses intérêts à défendre et à promouvoir. Les contradictions d’intérêt avec les USA l’amène, ainsi qu’on vient d’en être les spectateurs, à chercher une alliance brésilienne, et au travers celles-ci avec les pays du BRIC, afin d’obliger les américains à aller plus loin dans les réformes à venir du système financier. Là, il s’agit d’un autre rapport de force sur lequel Sarkozy semble cette fois-ci d’avantage tenter de peser.

    Tout renvoie nécessairement, dans cette discussion, à une appréciation à propos de l’empreinte que les autorités politiques vont pouvoir laisser à l’arrivée. A l’arrivée, c’est à dire quand le temps sera venu d’adopter des mesures qui ne peuvent avoir de sens que si elles sont planétaires. Pour le dire autrement, de quelles forces les états disposent-ils encore, alors qu’ils avaient largement abdiqué ? Vont-ils pouvoir mettre à profit cette crise pour remonter la pente ? Trouver de nouveaux moyens d’exercer leur puissance d’initiative et de contrôle ? Nous n’allons pas tarder à nous en rendre compte.

    Je suis personnellement très dubitatif à ce propos. Il y a, me semble-t-il, des raisons de fond qui laissent à penser que le capitalisme d’aujourd’hui, s’il peut se satisfaire de l’adoption de mesures de régulation là où il n’y en avait pratiquement pas, c’est même vital pour lui, ne peut le faire qu’à condition qu’elles ne touchent pas à l’essentiel. C’est quoi, l’essentiel ? Rien de moins que la financiarisation de l’économie et de la société. Que le capitalisme puisse revenir à ses fondamentaux comme on l’entend dire et s’y tenir, c’est à dire à sa mission productive, est rien de plus qu’un habillage de circonstance.

    Le capitalisme est entré dans une phase de perturbations endémiques, à la recherche d’un nouvel équilibre. Equilibre sur la planète d’abord, entre des puissances dont la hiérarchie et les rapports d force sont radicalement mis en cause. Equilibre écologique de la planète ensuite. Equilibre social enfin, cet troisième volet ne prenant pas assez en compte, dans notre appréhension de ce qui se prépare, les profonds bouleversements sociaux mondiaux que l’émergence des pays « émergents » va induire.

  8. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Il est facile de parler et de gesticuler.
    Il est facile de voir le bilan d’une carrière politique vide: rien de constructif pour sarkozy !
    A chaque fois que vous nous faites l’éloge de sarkozy, vous ne citez aucun résultat, vous le citez lui.
    Cela dit vous êtes libre de vos choix et orientations cela va sans dire.

  9. Avatar de Fab
    Fab

    Monsieur Jorion,

    Dans la présentation de « Crise : Gestion des toxiques et relance. Une méthodologie ? par Pierre Lang » vous notiez :
    « C’est tout à fait ça mais, comme vous le savez déjà, sur le blog de Paul Jorion, les commentateurs ingénieurs règnent en maître ! (Une chose est sûre en tout cas : ce sont eux qui sauveront le monde). »
    Considérez-vous Notre Président comme un commentateur igénieur ?

    Il y a sûrement une référence historique dans la notion de pensée unique que vous utilisez. Cependant, vouloir à tout prix remettre la bête sur pieds, n’est-ce pas simplement donner l’illusion du mouvement ? L’illusion de se détacher d’une pensée unique ?
    Ca me rappelle Coluche qui voulait mettre un frein à l’immobilisme !

    Quant au « Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas. », si vous sous-entendez qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je suis totalement d’accord avec vous pour dire que Notre Président n’est pas un imbécile. Ce qui dans la hiérarchie mondiale, si l’on considère que l’on peut juger un peuple à son berger, devrait nous rassurer.

    Bonne journée.

  10. Avatar de novy
    novy

    Bravo Paul pour ce billet. Si l’Europe, grâce à des dirigeants volontaristes, peut contraindre la nouvelle Amérique d’Obama à entrer dans un cercle économique et financier vertueux pour que la catastrophe que nous vivons ne se reproduise pas, tant mieux. Peu m’importe alors les couleurs politiques.
    Je suis beaucoup plus dubitatif par contre sur l’efficacité des mesures prises, partout dans le monde, pour nous sortir de ce mauvais pas. La bulle de la dette (totale : ménages + entreprises + état) ne se dégonfle pas, au contraire. Or, l’endettement sans fin devient totalement inefficace comme le décrit très bien l’article suivant http://www.apprendrelabourse.org/article-23408628.html

  11. Avatar de François Jéru
    François Jéru

    Question: La question première est-elle de savoir si M. Sarkosy est un habile manipulateur, causeur, rhétoricien ou tout autre qualificatif que vous préféreriez ?
    Question : La finalité première n’est-elle pas l’alternative (pragmatique ????) que vous avancez

    OU BIEN CE QUE FAIT LE POUVOIR
    OU BIEN LA CHIENLIT

    Cela me rappelle 1968 et la geriatrie tyrannique. J’ai déjà vécu ces années là.
    Il est HORS DE QUESTION DE RECOMMENCER LE MEME SCENARIO !!!
    HORS DE QUESTION DE REPASSER LES MEMES PLATS INMANGEABLES !!!

    Question:
    Etes-vous sûr que le choix se limite aux pitreries actuelles (FMI, OMC, BCE, etc.) et à la chientlit ?
    Vous ne pouvez pas éviter les pirato-corsaires de l’offshore,
    Le LIBOR : 300.000 milliards d’eurodevises dites « cotees »
    Les plus ou moins marionnettes de Washington, DowningStreet, l’Elysee, Moscou, Pekin, Riyad, Téhéran, AbuDhabi, etc. sont-elles très puissantes en la matière ?
    Comment ?
    http://www.mediattitudes.info/2008/12/euroclear-cache-ses-liens-avec-madoff.html
    Les « nations » … De qui parlez-vous ? … Des parlementaires du G20 ? Que disnet-ils ?

    Avec vous, je suis entierement d’accord sur un point : il ne faut PAS, ABSOLUMENT PAS precipiter l’effondrement total
    Le non-systeme s’en charge tout seul.
    Et je doute que les mathematiciens le qualifierait de chaos (frustré ou autre).
    A ce stade, j’y vois plutôt la forme « ATTRACTEUR de LORENTZ », catastrophique, mortifère
    (cf. page 85 de l’excellent livre « Des réseaux et des Sciences«  Ed. Vuibert).
    ATTRACTEUR DE LORENTZ, attracteur chaotique, parce que c’est exactement votre propos OUBIEN ||||| OUBIEN ….FLIP-FLOP
    J’ai horreur de ce flip-flop dont on ne peut pas sortir !!!!
    Mathématiciens trop critiqués (en partie injustement) !!!!
    Je fais appel à vous. Eclairez M. Paul Jorion. Il ne se rend pas compte de l’essence de son propos.
    Il n’y a pas 1000 formes de modélisation mathématique desréalités de la vie !!!
    Dommage qu’Evariste Galois soit mort.

    Il est EXCLU de delivrer des medailles aux protopompiers qui ne font que spolier l’épargne des deposants lambdas.
    Pendant combien d’annees vont-ils être protopompiers ? NUL BRAVO … le SILENCE ! …
    Pourquoi pas la guerre pendant que vous y êtes ? On est loin d’être au bout du compte
    [Accessoirement, si cela ne suffisait pas : le Plan de Relance de l’Elysee (et non de la France) est absolument nul sur le fond].

    Maintenant une petite observation à l’attention de M.Olivier (9 janvier 8:54)
    Votre indignation est tout à fait légitime. Par contre je suis en désaccord avec votre dernière phrase, la réalité étant contraire
    Le monde (j’imagine « financier ») est nullement AUX MAINS des ingénieurs financiers.
    Ce sont des pions, des rouages, ou des netSlaves (bien payes, d’accord) ou tout autre substantif que vous pourriez préférer.
    Le moment venu, les experts et ingenieurs financiers seront absolument necessaires
    Ce ne sont pas les romanciers, anthropologues, psychiatres, sociologues, élus locaux, historiens, macroeconomistes,
    micro-economistes, prédateurs en acquisitions d’entreprises exangues, champion(ne)s de l’entrepreneuriat social, etc.
    qui amenderons, remplacerons partiellement, ajouterons, mettrons bout-à-bout, testerons, rendrons compte, etc.

    Cher M. Olivier
    (8:54)
    Je vous invite à parcourir rapidement la page
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=1448#comments aux étapes 15:39, 15:45, 16:24, 19:20, 19:25
    Au commentaire suivant — le 8 janvier à 20:30, M. Di Girolamo tenait un propos identique au vôtre et je suis en complet désaccord
    Le moment venu, plusieurs semestres deja ecoules, les experts et ingenieurs seront INDISPENSABLES.
    Les sociétés en ingénierie télématique et informatique ne vont pas manquer de travail.
    Vous n’aviez surement pas bien dormi. Quel temps fait-il chez vous ?
    Le général Hiver est mauvais conseiller. Bonne continuation. Bonne journée

  12. Avatar de Jean-François
    Jean-François

    Les propos de Sarkozy ne sont comme toujours que du vent… Sa seule et unique préoccupation est d’être en première ligne, et de faire des « coups » qui lui permettent de rester visible et crédible médiatiquement.
    Se positionner en meneur de la remise en cause du leadership des USA, après des années de militantisme atlantiste, après un an et demi politique d’alignement sur Washington, il n’y a que lui pour oser pareille gesticulation… Dans deux mois, selon ce que fera Obama, ou plutôt selon le degré de popularité d’Obama en France, je le vois très bien revenir à sa posture initiale de caniche de la maison blanche.

    @ Tigue

    « De nombreux “acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette »

    Faut-il en rire ou en pleurer ? Les acquis sociaux ont des problèmes de financement par la simple raison que les cotisations sociales qui sont censées les financer ont diminué proportionnellement à la montée du chômage et au transfert de richesse des salaires vers le capital (explosion des revenus financiers). En vingt ans, de 85 à 2005, 11% du PIB a ainsi été transféré au détriment des salaires. Le chômage a d’autre part été volontairement maintenu haut pour permettre ce transfert (les revendications salariales reposent sur un rapport de force qui dépend du marché de l’emploi).

    Mais vous n’avez toujours pas compris que s’il faut financer les « acquis sociaux » en partie par l’emprunt, c’est à cause de ces fortunes amassées par une clique qui contrôle tous les leviers de notre société mondialisée, avec la complicité d’un certain pourcentage de la population qui en retire un confortable bénéfice (rentiers, hauts cadres, professions libérales) ?

    Une « bulle sociale qui doit se dégonfler »… mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Comme le dit Olivier, cela concerne des GENS, des millions de personnes qui rament tous les jours pour espérer avoir une vie décente. Je traverse tous les jours en scooter l’ouest parisien, et j’ai chaque fois envie de vomir en doublant ces dizaines et dizaines de voitures de grand luxe, ce débalage de pognon obscène en ces temps de crise.

    Une « bulle sociale qui doit se dégonfler »… ni rire ni pleurer, vomir.

  13. Avatar de Sakhaline
    Sakhaline

    Le pragmatisme, c’est excellent, mais une mauvaise analyse peut avoir des effets dévastateurs. Paul, il est indispensable de rester plus près des faits, ce qui est en principe votre marque de fabrique, et de sortir de cette vision d’une élite a priori bienveillante, qui n’est qu’une idéologie particulièrement redoutable qui reste à démystifier.

  14. Avatar de Alain
    Alain

    Il est fort ce Sarkozy ! Une petite phrase, un mot qui résonne juste aux oreilles de celui qui l’écoute, et voilà qu’on en viendrait à trouver du bon dans cet homme là.
    Il a fallu 2 mandatures Bush pour que les américains, tombés si bas, se rendent compte de l’énormité des mensonges de leur futur ex-Président.
    Nous faudra t il 2 mandatures pour comprendre ce qu’est M Sarkozy ?
    Où en serons nous à ce moment là ?

  15. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    @ Jean-François
    Merci de remettre une partie des pendules à l’heure !

    Aucun commentaire ne dit cependant ce qui est évident : Sarkozy dit A et fait non-A. Tout le reste est littérature.

    Combien de temps peut-il tenir ce grand écart ?

    A remarquer que non-A est de l’ultralibéralisme, celui de la fuite en avant du néolibéralisme des années précédentes : du encore plus, plus vite et plus loin de tout ce qui nous a conduit à la catastrophe.

    Puisque nous sommes sur un blog cultivé, souvenons-nous que Marx appelait tous les capitalistes et les banquiers « les faiseurs de plus » !

    A propos de Marx, je ne résiste pas au plaisir de vous donner une partie de son analyse de la dette publique (mais tout le chapitre XXIV du Capital est à lire) :
    « La Dette Publique devient l’un des leviers les plus énergiques de l’accumulation initiale. Comme par un coup de baguette magique, elle confère à l’argent improductif un talent procréateur qui le transforme en capital, sans qu’il ait besoin de s’exposer au dérangement et aux risques des investissements industriels et même des placements usuraires. En réalité, les créanciers de l’État ne donnent rien, car la somme prêtée est transformée en obligations publiques facilement transférables qui continuent exactement à fonctionner entre leurs mains comme si elles étaient autant d’argent liquide. Mais, indépendamment même de la classe de rentiers oisifs ainsi créée et de la richesse improvisée des financiers qui jouent les intermédiaires entre le gouvernement et la nation – indépendamment aussi de la classe des fermiers généraux, commerçants et fabricants privés auxquels une bonne portion de chaque emprunt d’État rend le service d’un capital tombé du ciel – la dette publique a surtout fait naître les sociétés par actions, le commerce d’effets négociables de toutes sortes, l’agiotage, en un mot : les jeux de la bourse et la bancocratie moderne.
    Depuis leur naissance, les grandes banques à fronton rehaussé de titres nationaux n’ont été que des sociétés de spéculateurs privés qui se rangeaient aux côtés des gouvernements et se mettaient ainsi en mesure, grâce aux privilèges obtenus, de leur avancer de l’argent. C’est pourquoi la mesure de l’accumulation de la dette d’État n’a pas d’indicateur plus infaillible que la hausse successive des actions de ces banques, dont le plein déploiement date de la fondation de la banque d’Angleterre (1694). La Banque d’Angleterre commença par prêter son argent au gouvernement à 8 % ; en même temps, elle fut autorisée à battre monnaie à partir du même capital en le reprêtant au public sous forme de billets de banque. Avec ces billets, elle pouvait escompter des lettres de change, faire des avances sur des marchandises et acheter des métaux précieux. Peu de temps après, cette monnaie de crédit qu’elle avait elle-même fabriquée devint la monnaie avec laquelle la Banque d’Angleterre faisait des prêts à l’État et payait pour le compte de l’État les intérêts de la dette publique. Mais de donner ainsi d’une main pour recevoir davantage de l’autre ne lui suffisait pas ; elle restait aussi, lors même qu’elle recevait, créancière perpétuelle de la nation jusqu’à concurrence du dernier liard avancé. Peu à peu, elle devint le dépositaire obligé des trésors métalliques du pays et le centre autour duquel gravitait l’ensemble du crédit commercial. A l’époque même où, en Angleterre, on cessait de brûler les sorcières, on se mit à y pendre les faussaires contrefacteurs de billets. Les écrits de l’époque, ceux de Bolingbrokes par exemple, illustrent bien l’effet que fit sur les contemporains l’apparition subite de cette engeance de bancocrates, financiers, rentiers, courtiers, stokjobbers et autres loups boursicoles. »

    Toute ressemblance avec une situation présente ne serait bien entendu qu’involontaire et accidentelle.

    La suite est aussi passionnante, mais je ne veux pas abuser… toutefois, je ne cesse de goûter « bancocrates » et « loups boursicoles » !

  16. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @JeanNîmes

    Merci ! Et ouf !

  17. Avatar de clive
    clive

    Paul Jorion sensible aux effets de com’ de NS…. surprise…
    « survie de l’espèce » ou bien d’un sous-groupe ?

  18. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    3 réflexions éparses

    1/ Lire entre les lignes
    2/ Vous seriez surpris de savoir combien ce blog est lu, et surtout par QUI
    3/ Ce n’est pas en se lamentant sur la nullité d’un gamin qui apprend à faire du vélo et en lui répétant « tu n’y arriveras jamais » qu’on l’encourage à enlever les petites roulettes 🙂

  19. Avatar de Romain D
    Romain D

    La campagne de Sarkozy basée sur la sécurité était tout à fait légitime puisqu’elle répond à une angoisse populaire à une demande de protection. Les catégories populaires ne s’y sont pas trompées puisqu’abandonnées par les élites (de gauche et de droite traditionnelle), elles sont allés voter LePen avant de rejoindre Sarko.

    Concernant son programme économique, à l’époque le conditionnement idéologique des élites, la pensée unique, ne permettait encore que deux types de politique (de l’offre ou de la demande), soumis au libre-échange et à la non coopération gouvernementale. Il s’agissait d’importer ce qui marche : US et UK avec des taux de croissance et de chômage très enviable.

    La vision de Sarko dans ce contexte était de combiner une politique de l’offre (assouplissement de la réglementation du travail, baisse des charges) avec une politique de la demande basée sur le crédit.

    Heureusement son bras a été retenu sur ce dernier point mais il faut se souvenir du contexte qui portait aux nus les dynamismes britanniques, américains, espagnols…
    Le génie des américains a été de nous faire croire qu’ils préparaient le futur avec l’innovation, économie du savoir… ou un politique de l’offre alors qu’ils ne menaient qu’une politique de la demande financée par le crédit hypothécaire (avec effet de levier renforcé par la titrisation). Le système a été poussé jusqu’au bout de sa logique, c’est-à-dire les subprimes et la crise d’aujourd’hui. Une fois que le crédit est épuisé, il s’effondre.

    Il s’agit plus que d’une crise financière mais d’une crise du système avec la mondialisation et le problème de la demande globale en son cœur.

    Jusqu’à peu, l’autre alternative de politique économique consistait en une politique de l’offre comme l’Allemagne avec compression des salaires ou comme au Japon en Chine et Extrême-Orient…. . Ces pays fortement exportateurs s’écroulent très logiquement suite à l’effondrement des débouchés.

    La crise financière découle des déséquilibres récurrents et entretenus de l’économie mondiale. Contre ses promoteurs, le libre échange n’aboutit pas à une correction naturelle des déséquilibres malgré tous les préceptes théoriques (Ricardo, Eckscher-Ohlin). Aujourd’hui plus que jamais, le problème qui se pose c’est une demande structurellement faible. Dans notre système de libre échange, le salaire de plus en plus en concurrence mondiale est la variable d’ajustement. Comme les salaires baissent ou stagnent, ceci a pour effet de faire baisser de manière durable et systémique la demande globale mondiale.

    So what next ? Le protectionnisme. Un protectionnisme intelligent, négocié, seul à même de rééquilibrer le système, de préserver les solidarités au sein d’une nation (aucun autre espace de solidarité n’a encore été inventé) et de répondre aux angoisses des peuples.

    Celui-ci ne peut se mettre en place au niveau européen. Et c’est pourquoi nous avons ce discours combiné de Sarko et d’Angela Merkel.

    Et ça ne peut surprendre que les anti-sarko épidermiques. Cela vient de loin et correspond à son tempérament de vouloir peser sur les événements. Car ce qui caractérisait ces 30 dernière années la politique française, c’est bien la soumission aux « forces du marché », à la mondialisation, à la nécessité de faire l’Euro. Cette crise permet enfin de sortir de cette pensée unique, émolliente. Sarko ne s’y est pas trompé. Cette crise a fait sauter les verrous psychologiques, préalables à l’action publique. Action qui correspond à son tempérament.

    Par ailleurs, si on reprend sa campagne électorale, ce fut un des rares à parler de taxe carbonne, de préférence communautaire, de politique industrielle (cas Alstom).
    Il fustige régulièrement les banquiers et spéculateurs qu’il oppose volontiers aux « vrais » entrepreneurs. En outre, un de ses conseillers principaux s’appelle Henri Guaino et il a plutôt le vent en poupe aujourd’hui.

    Que pourrait-on envisager demain ?

    Sous l’égide d’un conseil économique mondial (idée avancée par Angel Merkel), des négociations multilatérales pourraient être régulièrement menées entre zones économiques pour réduire les déséquilibres commerciaux et financiers récurrents. On sort de la logique unique et idéologique de vouloir uniquement baisser des barrières tarifaires. Les principes pourraient être équité de traitement social et environnemental.
    Par exemple, si une zone économique décide une forte protection sociale et des normes environnementales rigoureuses, elle aura le droit de protéger certains marchés de produits fabriqués dans une zone à très faible protection sociale et faibles normes environnementales. Le tout sur la base d’un respect d’équilibre des flux de marchandises.

    Et je ne vois pas en quoi nous aurions à nous inquiéter d’un déficit de concurrence à l’intérieur d’une zone comme l’UE (UE + Russie, pourquoi pas ?).

    Par contre, à l’intérieur de la zone UE, et là, c’est plus utopique, il conviendrait d’inventer un système de négociations salariales au niveau européen qui tienne compte des gains de productivité afin d’éviter le dumping social par tel ou tel pays. Et faire attention également à ce que le profit ne soit pas non plus écraser trop durablement pour ne pas aboutir aux errements idéologiques libéraux des années 70-80.
    Autre problème soulevé : quid des recettes des droits de douane ? Qui décide du produit de son affectation ? Pour financer quels projets (d’avenir si possible), dans quelle zone ?

    Ceci ne sera pas facile à mettre en œuvre mais autrement plus stimulant que la rengaine libérale du toujours moins.

    Et je suis prêt à mettre ma main au feu que Sarko s’engage dans cette voie là qui correspond à une aspiration profonde du peuple.

  20. Avatar de Moz
    Moz

    Très sceptique sur l’analyse de ce billet : je ne suis même pas sûr que Sarkozy vise le « système qui est en train de s’écrouler » quand il déclare que « nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique. » Cette formule ambigüe, “pensée unique”, peut désigner tout et son contraire, aussi bien le “soviétisme keynésien” (pour faire du Marseille).

    Quant aux “privilèges” des acquis sociaux analysés par cet économiste, d’accord avec Olivier et Jean-François.

    Auteur en 2001 de “L’UIMM, cent ans de vie sociale”, son sous-titre laisse entendre que la fédé’ la plus puissante du patronat français a inspiré les législations favorables aux salariés – ce qui n’est pas faux pour certaines mais l’est complètement pour l’écrasante majorité.

    Marseille amuse au moins les Wikilibéraux.

    J’aime lire ce blog, j’aime vous lire M. Jorion.

    Et bonne journée.

  21. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Paul,

    Votre pragmatisme me consterne. Je comprends sa source : il a été élu , il est au pouvoir, on ne peut changer cela (quoique…). Pourtant il m’apparaît comme une forme de renoncement…

    Peut-être n’est-ce que de la naïveté ?

    Cela me fait penser à Mladić entrant dans Srebrenica, caressant la tête des enfants et rassurant les femmes, « ne vous inquiètez pas, nous ne vous ferons pas de mal, arrêtez de pleurer. »

    Ce massacre est qualifié de génocide parce qu’il fut planifié certes, mais aussi parce que la communauté internationnale ( ici 2 membres du conseil permanent de l’ONU : France et G-B) connaissait les intentions du gouvernement serbe et ont laissé faire.

    Nous connaissons tous les intentions de M. Sarkosy élégament résumé par  » liquider Mai 68″ (en réalité il s’agit plutôt ici de liquider l’héritage du conseil de la résistance, mais cela ne peut être dit), c’est-à-dire faire adopter à la france la marche forçée vers une société néo-libérale (modification du code du travail, criminalisation des sans-papiers, remise en cause de l’ordonnance de 45 concernant la gestion de la délinquance des mineurs, paquet fiscal, privatisation de GDF, de la Poste, supression de postes dans le public etc. ).

    Nous savons d’où il vient ( Haut-de-Seine), c’est un pasqua boy et où il va…

    Quand le bourreau tente de me rassurer et m’offre son plus beau sourire, je pressens que le massacre n’est pas loin…

    @Tigue,

    votre commentaire m’ayant définitivement donné envie de pleurer et puisque vous semblez vous interroger sur la proximité entre Sarkosy et l’extrême-droite, je vous rappelle que :

    1) Sarko a gagné l’élection grâce aux électeurs du Front National (10%), en s’appuyant sur un discours que ne renierai pas M. Lepen.

    2) Je vous conseille la lecture de « à quoi sert l’identité nationale » de Gérard Noiriel chez Agone.

    Par Igor Martinache

    Cet ouvrage est le premier d’une collection [1] et, espérons-le, d’une longue série. Lancée conjointement par les éditions Agone et le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH) [2], « Passé et Présent » vise donc à mettre en oeuvre cette « vigilance » des historiens face à l’action des « entrepreneurs de mémoire » qui « ignorent ou caricaturent la recherche historique » (p.8). L’actuel président de la République excelle en la matière, ce qui explique l’importance que lui accordent des chercheurs plus habitués à éplucher les archives et les témoignages que les discours politicio-médiatiques. Et pour inaugurer cette entreprise, Gérard Noiriel, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) dont les travaux sur l’immigration, les classes populaires et les intellectuels font référence [3], a choisi de traiter du thème de l’ « identité nationale » que le candidat Sarkozy avait choisi de jeter dans la campagne, comme le pavé de l’ « insécurité » l’avait été dans la mare électorale de 2002 par son prédécesseur.
    Le plan d’attaque du socio-historien est classique mais efficace : dans un premier chapitre, Gérard Noiriel retrace en effet la genèse de la polémique déclenchée par l’annonce faite en mars 2007 par Nicolas Sarkzoy de créer en cas d’accession à l’Elysée un ministère accolant dans son intitulé les termes d » « immigration » et d’ « identité nationale ». L’auteur rappelle ainsi que cette dernière expression n’a été introduite dans le débat politique français qu’à partir des années 1970 par les régionalistes et les militants de l’ethnicité [4]. Il faut cependant remonter plus loin pour saisir réellement les racines du débat, à la Révolution française et l’accouchement difficile de notre République. C’est à ce moment-là en effet que se forme un clivage fondamental entre républicains (la « gauche » de l’époque comme l’écrit Noiriel) et monarchistes (la « droite » d’alors). Ce sont les premiers qui défendent alors la nation contre les seconds, qui récusent avec elle « la légitimité du suffrage universel et le principe d’égalité entre tous les citoyens » (p.15). Peu de temps après, c’est cette même « identité nationale » qui va être brandie dans les états allemands par des philosophes comme Herder, Fichte ou Jahn [5] pour promouvoir la culture populaire contre celle de l’élite dans le contexte des invasions napoléoniennes. Une conception qui ne s’imposera qu’à l’époque du romantisme en France. Et ce sont les historiens, au premier rang desquels Michelet, qui s’emploieront à donner un contenu à l’identité nationale française. A noter, comme le fait Gérard Noiriel en s’appuyant sur le travail de Louis Chevalier [6] , qu’à cette époque « le discours sécuritaire est déconnecté du discours national » (p.18), les classes populaires et non les étrangers jouant alors le rôle de bouc-émissaires aux yeux des nantis. Une rupture intervient avec la guerre de 1870 et l’élaboration d’une vision défensive de la nation en France, exprimée notamment par le fameux discours d’Ernest Renan de 1882, « Qu’est-ce qu’une nation ? », où pour s’opposer (en partie seulement en fait) à la conception culturaliste allemande, met en avant la « volonté de vivre ensemble ». Ce sont bien les deux caractéristiques de l’identité mis en évidence par Paul Ricoeur que l’on retrouve ici : la « mêmeté » et l’« ipséité » [7]. Enfin, une deuxième rupture a lieu dans le cadre de la IIIème République, où la politisation de l’identité nationale est opérée par la droite pour contrer la politisation de la classe ouvrière et la mise en avant d’une identité de classe. Gérard Noiriel décrit ici finement comment les conservateurs, Barrès en tête, développent alors un nationalisme pessimiste, déterministe et empreint de catholicisme, auquel certains socialistes, à commencer par Jean Jaurès, sont alors « sommés » de répondre alors par un patriotisme relativement optimiste, laïc et articulé à la question sociale. Et surtout, cette conception de l’identité nationale n’est, elle, pas animée par un sentiment revanchard contre les Allemands.
    Gérard Noiriel traite ensuite dans le deuxième chapitre de la période qui suit la Seconde Guerre Mondiale. Celle-ci débouche sur un consensus entre gaullistes et communistes pour magnifier l’identité française dans la commémoration de la Résistance [8]. Et c’est donc à la suite de « Mai 68 », mais aussi sous l’effet de la guerre d’Algérie, et de l’influence d’universitaires américains qui forgent le concept de « national identity » pour contester la vision idyllique du creuset américain, que s’amorce un « puissant mouvement de réhabilitation des identités collectives dominées » (p.54), mené aussi bien par les mouvements régionalistes que par les descendants de déportés juifs ou arméniens. Un dernier retournement s’opère dans les années 1980 après que Valéry Giscard d’Estaing ait lancé sa politique anti-migratoire [9]. Les militants d’extrême-gauche fustigent alors le « racisme » d’Etat, tandis que la droite, avec la création du Figaro Magazine en 1978 entreprend de lutter contre l’hégémonie des intellectuels de gauche. Une entreprise qui sera finalement couronnée de succès comme le constate par la suite Gérard Noiriel. Car c’est à une autre mutation importante que le retour actuel de l’ « identité nationale » doit être reliée : le « triomphe de l’information-spectacle ». C’est parce qu’il en a bien compris le fonctionnement que Jean-Marie Le Pen parvient à coups de provocations calculées et surtout de discours suggérant plus qu’ils ne disent, qu’il permet à son parti du Front national de remporter un certain nombre de succès électoraux, en réactivant le « vieux réflexe national-sécuritaire », où le jeune d’origine immigré (et appartenant surtout aux classes populaires) fait figure d’épouvantail. La droite classique lui embraye le pas, comme l’illustre la politique très ferme du Ministre de l’Intérieur Sarkozy à l’égard des migrants en situation irrégulière (qu’il ne manque pas de stigmatiser par le terme chargé de « clandestins ») ou les discours d’un philosophe comme Alain Finkielkraut [10] qui fustige inlassablement la montée d’un relativisme culturel, d’une haine de la France portée notamment par les jeunes d’origine immigrée, notamment musulmans – et même d’un « racisme anti-blancs »-, la responsabilité des sciences sociales dans cette évolution, et n’hésite pas à parler de « pogrom anti-républicain » à l’occasion des émeutes urbaines de novembre 2005…
    Gérard Noiriel revient ensuite sur le « tournant » qu’a constitué la campagne présidentielle de 2007. Il analyse pour cela les discours de Nicolas Sarkozy à partir du moment où, à Caen le 9 mars 2007, celui-ci met en avant le thème de l’identité nationale, qu’il rend indissociable, comme Alain Finkielkraut, d’une supposée « crise de la culture ». Faisant mine de lever un tabou qui n’en est pas un, et se présentant comme « celui qui dit la vérité aux Français », le candidat axe sa campagne sur cette notion d’identité nationale, conforté en cela par les sondages d’opinion, et évitant de ce fait soigneusement d’aborder la question sociale [11], alors même que son programme pose de sérieuses questions en matière de services publics ou de creusement des inégalités économiques. Renouant avec les discours nationalistes de la droite classique, Nicolas Sarkozy met ainsi en avant le thème de l’ « antirepentance » s’agissant de la responsabilité de l’Etat français dans la colonisation ou les traites esclavagistes, et dénonce au contraire de manière insidueuse des « ennemis de l’Intérieur » en la personne des « clandesins » et des « communautaristes ». Il faut lire derrière cette dernière appellation la stigmatisation des citoyens musulmans [12]. Le candidat Sarkozy emploie notamment des arguments « féministes » [13] pour soutenir « la persécutée qu’on oblige à porter la burka, […] la malheureuse qu’on oblige à prendre un mari qu’on lui a choisi, […] celle à laquelle son frère interdit de se mettre en jupe » [14], et stigmatisant en creux les hommes, évidemment musulmans, responsables de ces situations. Habile, la droite ne stigmatise pas pour autant tous les immigrés, mais valorise au contraire ceux qui ont réussi à s’enrichir économiquement, ainsi que leurs descendants [15], pour mieux enfoncer les autres.
    Analysant ensuite la vision de l’identité nationale portée par la candidate socialiste, Ségolène Royal [16], Gérard Noiriel montre finalement comment le vieux clivage entre le « nationalisme » de droite, qui condamne le danger que représente les « étrangers » et présuppose l’inassimilabilité de certaines catégories, et le « patriotisme » de gauche, qui fait primer le social sur le national, a finalement été réactivé durant la dernière campagne présidentielle. Il développe enfin dans la dernière partie le rôle particuliers des médias dans la réussite d’une telle stratégie de communication, en décrivant notamment la transformation de ce champ où seuls subsistent parmi les intellectuels ceux « de gouvernement » [17]. Une manière de justifier également la création du CVUH, ainsi que la démission collective de huit des douze historiens membres du conseil scientifique de la nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immigration le 17 mai 2007, soit le jour même de la création du ministère « de l’Immigration et de l’Identité nationale ». Dans une « démocratie du public » où priment l’image médiatique, les sondages et les experts en communication, [18], il s’agit aussi pour les historiens de faire entendre l’expression de leur « vigilance ». Il faudra sans doute s’armer de patience pour y parvenir, mais c’est là une ressource dont les historiens sont loin d’être dépourvus…

    Notes :
    [1] Un deuxième titre vient de le rejoindre fin avril : Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France sous la direction de Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt & Sophie Wahnich
    [2] Né au printemps 2005 et présidé par Gérard Noiriel, le CVUH regroupe des historien-ne-s, chercheur-se-s et enseignant-e-s, du supérieur et du secondaire, préoccupés par l’instrumentalisation politique de l’histoire. Voir son site ici
    [3] Citons entre autres Longwy, Immigrés et prolétaires (1880-1980), Paris, Presses Universitaires de France, collection « Pratiques Théoriques », 1984 ; Le Creuset français. Histoire de l’immigration (XIXe-XXe siècle), Seuil, collection « L’Univers Historique », 1988 (Réédité en collection « Points-histoire », Paris, Seuil, 1992) ; État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Belin, collection « Socio-Histoires », 2001 (Réédité en collection « Folio-Histoire », Paris, Gallimard, 2005) ; Les Fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », 2005 ; Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle) : Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007
    [4] Ce qui en fait une des conséquences de « Mai 68 ». Observation ironique quant on songe à l’opinion du président actuel quant à cette période de notre histoire récente
    [5] Qui vont forger la notion de « Volkstum », traduite en français par « nationalité »
    [6] Cf Classes laborieuses et classes dangereuses, Plon, collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui », 1958, réédité au Livre de poche, collection « Pluriel » en 1978
    [7] Cf Soi-même comme un autre, Seuil, 1990
    [8] Dont l’importance numérique dans la société française a, sans doute de ce fait, eu tendance jusqu’à aujourd’hui à être quelque peu exagérée. Voir sur ce sujet les travaux d’Olivier Wieviorka, notamment l’ouvrage écrit avec Jean-Pierre Azéma, Les Libérations de la France, La Martinière, 1993
    [9] Sur ce sujet, voir l’ouvrage récent de Patrick Weil, Liberté, égalité, discriminations : « L’identité nationale » au regard de l’histoire, Grasset, 2008, qui représente d’ailleurs un complément utile au présent ouvrage
    [10] A qui Nicolas Sarkozy apportera un soutien sans ambage lorsque Finkielkraut sera attaqué pour sa dénonciation du trop grand nombre de joueurs noirs dans l’équipe de France de football…
    [11] Entraînant d’ailleurs dans son « piège » nombre de médias de gauche qui, hormis L’Humanité et la presse d’extrême-gauche, est rentrée dans la polémique sur l’identité nationale, l’érigeant de ce fait en problème majeur au détriment des inégalités économico-sociales
    [12] Qui ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en boudant massivement le candidat UMP au premier tour du scrutin présidentiel
    [13] Seul cas d’ailleurs où il se soucie de la question des rapports sociaux de sexe comme le remarque Noiriel
    [14] Dans son discours d’investiture comme candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, le 17 janvier 2007
    [15] Aux rangs desquels comptent d’ailleurs Nicolas Sarkzoy, Alain Finkielkraut et Max Gallo, qui s’est rallié au premier en invoquant précisément ce discours autour l’identité nationale, qui n’oublient pas de le rappeler
    [16] A laquelle Gérard Noiriel avait fini par se rallier, comme il le reconnaît et l’explique d’ailleurs ici
    [17] Sur les différentes catégories d’intellectuels, voir l’ouvrage de Gérard Noiriel, Les Fils maudits de la République, op.cit.
    [18] Comme la nomme Gérard Noiriel en reprenant la catégorie forgée par Bernard Manin dans Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1996

  22. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    En revanche, j’avoue être étonné que Paul n’ait pas directement relevé la déclaration d’Angela Merkel pour la rédaction d’une:

    charte pour une économie à long terme raisonnable

    Remarquez, je dis bien « directement », parce qu’en lisant ça sous la plume de Paul :

    PS : A ceux qui se désespèrent que nous ne soyons pas invités aux grands messes qui se tiennent, et qui me le font savoir : cela ne signifie pas que toutes les pensées ne s’y tournent pas vers nous.

    on peut faire le lien 🙂

  23. Avatar de Moi
    Moi

    @Julien Alexandre: « 2/ Vous seriez surpris de savoir combien ce blog est lu, et surtout par QUI »

    Pour ma part, et sans préjuger de qui est réellement qui, je suis agréablement surpris de voir la tenue intellectuelle de certains intervenants sur ce blog. Il n’est parfois nul besoin d’avoir lu des centaines de posts pour se faire une idée. On pourra éventuellement un jour être en désaccord mais cela est pour moi acquis en ce qui vous concerne.

  24. Avatar de Alain
    Alain

    @Tigue
    -« Maintenant, il faudra depenser que ce qu on aura gagné »

    Votre assertion manque beaucoup de précision. De quoi parlez-vous?

    Des acquis sociaux, mais lesquels? Certains, tous ?

    Les congés payés? Les 35h ? La Sécurité Sociale ? Le RMI ? La CMU ? L’école publique gratuite?…etc.

    Soyez rassuré, nombre de ces acquis sociaux sont en train de disparaitre, pour votre plus grand bonheur, si je vous ai bien compris.

    Quant à M.Marseille, porter le nom de la 2ème ville de France, ne le rend ni grand, ni sympathique, ni crédible.

    L’avez vous seulement lu, et surtout compris?,(peut être trop bien, en espérant être toujours du côté du plus fort).

    Pour ce qui concerne notre Président, cela me rappelle une anecdote, dans un tribunal, un avocat tenait une feuille pliée dans une main, et s’écriait qu’il détenait la preuve de ce qu’il avançait.

    Preuve qui n’était qu’une feuille entièrement blanche.

    Peut-on penser un seul instant que ce Président là soit autre chose que ce qu’il disait il y a bien des années sur le Canal + des débuts à un Karl Zéro qui l’interrogeait sur ses ambitions?

    Crânement, Zarkozy nous faisait part, déjà, de son objectif ? Le sommet.

    Il ne nous disait rien de ce qu’il voulait faire une fois la haut, simplement il voulait y être.

    Il a réussi, doit on le féliciter pour cela?

    Depuis l’été dernier (déjà), ce Président n’a eu de cesse de tourner sa veste à 180°; Comme il le dit lui même, « il ne faut pas lui reprocher de changer d’avis », il s’affirme pragmatique.

    Comme le rappelle M. Jorion, c’est ce même Nicolas qui voulait importer le cancer des crédits subprimes en France, et bien d’autres maladies encore.

    Que penser de ses déclarations ?

    Parole, Parole, Parole…

    Il a parfaitement appris de ses pairs américains pour qui il a la plus grande admiration.

    Il dispose d’une équipe parfaitement dévouée à SA personne. On lui concocte, après enquêtes et sondages, les thèmes qui retiennent l’attention du public. Mieux, les mots sont testés, choisis, travaillés.

    D’un côté le discours, de l’autre les faits. D’un côtés les mensonges, de l’autre la vérité.

    Sarkozy est un chef de bande, rien d’autre.

  25. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Personnellement, je ne juge pas un homme a ses paroles, mais à ses actes. Que les discours du président sachent séduire, ce n’est pas une nouveauté. Dans la pratique, les résultats sont loin d’être au RDV… quoi que ca dépends comment en regarde. Mais je n’ai pas l’impression que la démocratie progresse beaucoup dans notre pays (crois-t-on avoir atteint la perfection ???). Si on a inventé la séparation des pouvoirs, il me semble que ce n’était pas pour rien. Et visiblement, la tendance, la tentation, du moment est a l’inverse. La réforme des juges d’instruction n’est que le dernier exemple de ces changements subtils qui font que aujourd’hui notre président est au commandes de l’exécutif, du législatif, du judiciaire, de la presse et … du renseignement !!!
    Je suis inquiet.
    Inquiet parce que ses discours endorment les méfiants. Inquiet parce que son habileté politique trompe les plus vigilants. Cet homme est un génie de la politique comme on en a rarement vu dans l’histoire. Son génie ne semble avoir d’égal que son ambition et il est clair que l’Europe est la prochaine étape. Il n’en fait pas mystère d’ailleurs. La crise est du pain béni pour lui et il est clair que comme d’autres avant lui, l’image de l’homme fort qui donne l’impression de savoir ou il va, est amenée à être de plus en plus populaire.
    Je suis inquiet.
    Le seul contre pouvoir qu’il reste, pour peu de temps si nous ne faisons rien, c’est internet.

  26. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Nicolas Sarkosy dit « au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » et « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique  »

    C’est le « nous » qui est sympathique( !) : « nous » n’accepterons pas : il n’a pas osé dans ce cas de figure dire je parce que ce qui caractérise Sarkosy c’est le je.

    « Il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou penser  » Indépendamment du fait que la notion de nation est très affaiblie,
    c’est une vérité de dire cela : à problème global réponse globale et dans ce global il y a l’ensemble entier de la collectivité humaine,
    IL Y A UN TOUS.
    C’est la raison pour laquelle je pense que Nicolas Sarkosy , même s’il dépasse d’une tête (dans le domaine du volontarisme ) ses collègues dirigeants n’est pas l’homme de la situation ; Sarkosy est un ambitieux souhaitant se rehausser et ce qui motive ses actions c’est cela ; le fait que ce trait de caractère soit et ait été largement partagé par ses prédécesseurs ,successeurs et ses rivaux de l’opposition ( Ségolène Royal a les mêmes motivations recentrées sur l’ego) ne change rien à l’affaire : la nature même du problème à régler fait que ce genre de profils ne sont pas adaptés à la résolution de la crise planétaire.

    Ce sont des qualités inverses qu’il faudrait à notre futur(e) président (e) : quelqu’un capable de comprendre réellement que personne, ni individu (soi même compris), ni groupe , ni parti, ni nation… ne détient la vérité et que le rôle des dirigeants est aujourd’hui de susciter, de faire émerger, d’animer l’intelligence et la créativité collective. (expertise et débat public)
    Il faudrait pour cela revenir aux principes constitutionnels (jamais appliqués) d’un président ne gouvernant pas, un président animateur, accoucheur de la démocratie.

    Il faut donc un président tourné vers les autres et débarrassé de sa Rolex .

    Etant sur ce point comme Paul Jorion , sans partis pris, on peut espérer que touché par la grâce cette révolution s’opère.

  27. Avatar de Tigue
    Tigue

    @alain
    Il ne faut pas tout mettre dans le même sac.
    Je ne considére pas de la même façon :les services publics : l’ école, la santé, la sécurité sociale, d’ une part et les revendications des Cégétistes professionnels du transports ou de l’ éducation, qui utilisent leur capacité de nuisance pour des motifs corporatistes.
    Il y a des vrais gens qui souffrent, chaque euro doit être bien utilisé.
    Quoiqu il arrive il ne faut pas lâcher ces services.
    Ils doivent se comporter en serviteurs du public, pas en arrogants qui ont le pouvoir de nuire.

  28. Avatar de Fab
    Fab

    @ Ybabel,

    Qu’entendez-vous par contre pouvoir ?
    * Le système économique prend l’eau : je considère ça comme l’occasion de faire sortir au grand jour la crise de la société, le fait que pour beaucoup de gens le système basé sur la consommation n’est plus amusant, ne leur apporte plus une satisfaction suffisante (sans compter les quelques milliards d’exclus du système). Alors où est le contre pouvoir ? Que fait-il ? N’est-il pas en train de faire subir aux drosophiles un châtiment que la morale réprouve (j’aime cette expression de EC) ? Ne cherche-t-il pas à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? A nous faire croire quand rajoutant une énième rustine à la roue crevée tout va repartir ! Et ce sera plus beau qu’avant ! Où est le contre pouvoir ? De quoi et de qui parlez-vous ?
    * Pouvez-vous citer un seul pays où il existe un réel contre pouvoir ? Un pouvoir qui ne soit pas juste tout contre le pouvoir, et attende de prendre sa place ? Peut-être la Russie ? Le Cambodge ? La Corée du Nord ? Ou en Afrique ? En Amérique ? OU ???

    « OuIIIII, mais c’est plus compliqué que ça ! Vous pouvez pas comprendre ! C’est de la géopolitique globale liée à la mondialisation de l’économie ! »
    Oups ! Désolé…Je savais pas que c’était si compliqué que ça la vie…Je vais donc retourner à mes moutons avant que quelqu’un ne leur fasse subir…
    la même chose qu’à nous !

    Deux choses sont sûres :

    * Il est toujours plus facile de déceler les défauts chez les autres.
    * Au royaume des aveugles les plieurs de papier en quatre sont rois.

    Bonne journée, et ne prenez-pas ce message pour vous Ybabel, j’ai juste sauté sur l’occasion.

    PS : Un Grand Bravo non pas à Nico mais à Di Girolamo (à 14:20)

  29. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @ Tigue

    Bonjour,

    Attention à ne pas véhiculer de clichés sur l’Education Nationale. Ils ne sont pas plus ou moins corporatistes que les autres. Seulement contrairement à d’autres endroits, les syndicats sont restés actifs et ont, surtout, des adhérents. A la différence du privé où ils sont trop faibles pour faire le poids.

    A mon sens la précarité réelle ou potentielle qui touche les salariés du privé est un fléau terrible (je sais de quoi je parle), en revanche, il ne faut pas inverser la problématique : c’est bien plutôt à tirer vers le haut le privé qu’il faut s’astreindre et non pas démonter des « privilèges » qui n’en sont pas.

    Ne sombrons pas dans ce que l’on veut nous faire accroire – pensée unique quand tu nous tiens ! Et arrêtons de tomber dans les rêts sournois tendus par la détestation du service public.

    Je comprends l’amertume de ceux qui ne bénéficient pas de la certitude de pouvoir se projeter dans l’avenir, ce, parce que rien n’est plus ni ferme, ni stable dans l’emploi.

    Unissons les forces pour que tous bénéficient de la sécurité de l’emploi, condition élémentaire à une vie décente et choisie. Ne jouons pas les uns contre les autres, c’est toute l’habileté du gouvernement ( de tous les gouvernements depuis 30 ans ! )

    J’espère ne pas être trop lapidaire ou virulent. Telle n’est pas mon intention. Je ne fais pas partie de ces « privilégiés » (12 guillemets) mais critiquer ce dont tout le monde devrait bénéficier ne me paraît pas constructif et un peu trop « ambiance TF1 » ou « RTL » !

    Cordialement.

  30. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    @ François Géru

    Vous dites à 09:48 :

     » – le 8 janvier à 20:30, M. Di Girolamo tenait un propos identique au vôtre et je suis en complet désaccord
    Le moment venu, plusieurs semestres deja ecoules, les experts et ingenieurs seront INDISPENSABLES »

    J’avais écrit :

    « C’est à ce niveau là que nous avons besoin de compétences, d’experts, d’ingénieurs …A condition qu’ils aient virés leur cuti et fassent preuve de dévouement et d’humilité, ce qui n’est généralement pas le cas! »

    Notre point de désaccord ne porte pas sur la compétence et le besoin « indispensable » d’ingénieurs ; là où je me démarque d’avec vous (?) c’est que je pense que les compétences et les outils s’ils s’appliquent dans un cadre et un paradigme inchangé ne seront d’aucune utilité , au contraire.

    Par exemple nous avons plus besoin d’ingénieurs ingénieux capables de penser globalement et de mettre au point des systèmes adaptés à une organisation sociétale durable que d’ingénieurs de multi nationales capables de nous aider à syphoner les dernières ressources fossiles.

    Il faut une inversion des valeurs et des objectifs de la recherche ; c’est comme pour Sarkosy : il est bien plus dynamique et compétent que moi mais sans une révolution intérieure et un nouveau paradigme sur sa fonction , il ne vaut pas « tripette ».

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