L’actualité de la crise : Pour un monde meilleur, par François Leclerc

Billet invité.

POUR UN MONDE MEILLEUR

Rendons d’abord à Jean Baby la paternité de ce titre, donné à un livre écrit en 1973 aux édition Maspéro, et qui s’efforçait, avec générosité mais non sans une candeur certaine, à décrire le nouveau monde et la société généreuse et solidaire pour lequel il a lutté en vain.

De quel monde pouvons-nous tenter de parler, non sans à notre tour nous permettre un brin de naïveté et d’utiliser notre part de rêve, quelque trente six ans après ?

Nous vivons une période assez surprenante : la crise financière et économique dans laquelle nous sommes plongés a largement dévoilé les mécanismes d’un système qui a implosé de lui-même et cherche à repartir, sans que cela lui soit garanti. La question se trouve ainsi ouvertement posée de sa finalité, de ses moyens, de son objet même. Il n’est donc pas interdit d’essayer d’y apporter une réponse, de réfléchir à une alternative, profitant de ces circonstances.

Une des descriptions possible de ce système est d’en faire une sorte de machine à fabriquer de l’insolvabilité, donc du crédit son corollaire. Afin de justifier son rôle social et ses profits (qui le sont moins), en contrepartie d’un « coût du risque » qu’il est censé assumer, mais devant lequel il se défausse. Vis à vis des particuliers (dénommés consommateurs), des entreprises (chargées de la production des biens et des services) ainsi que des collectivités et des Etats (responsables de la gestion des précédents). Nous parlons là des agents de ce qu’il est désormais convenu de dénommer « l’économie réelle », le reste ne l’étant donc pas !

Le jeu auquel nous sommes depuis peu instamment conviés, après des décennies de triomphes qui ont depuis tourné court, est de remettre sur ces pieds ce système, vu son rôle toujours présenté comme irremplaçable. Un vrai paradoxe, celui-ci n’ayant pas d’évidence fait ses preuves.

Mais, puisque nous savons désormais démonter son mécanisme, pourquoi le pas tenter de le remonter à l’endroit, puisqu’il apparaît que le monde marche avec lui sur la tête ? En partant tout simplement de ce qu’il a besoin. Le monde, pas le système !

Le monde a besoin de consommateurs, soit. Pourquoi ne pas assurer à ceux-ci une part correspondant à leur contribution dans la distribution des revenus provenant de la production, les dispensant de faire appel au crédit pour satisfaire à leur besoins élémentaires socialement reconnus ?

Le monde a besoin d’entreprises, entendu. Pourquoi ne pas doter celles-ci des fonds propres nécessaires à leur fonctionnement, sans entacher ceux-ci d’exigences de rentabilité qu’elles ne peuvent satisfaire ?

Le monde a besoin d’expressions élues de la collectivité, pourquoi alors diminuer leurs moyens régaliens, impôts et création monétaire ?

Quel nom pourrait bien porter une société gérée selon ces principes encore très généraux ? Qu’importe, car il n’y a pas de fétichisme à avoir dans ce domaine. De quels moyens celle-ci disposerait-elle pour accomplir ses missions ?

D’une fiscalité, aujourd’hui de tous les instruments de l’Etat le plus opaque et le plus injuste, et qui devrait être remise sur ses pieds.

D’une défense du patrimoine et des revenus de la rente financière, qui n’a pas d’autre finalité que de reproduire et accroître les inégalités sociales, et pourrait être reconsidérée.

D’une répartition des gains de productivités (de la « plus-value ») privilégiant sans autre raison que le rapport de force social le capital au détriment du travail, et qui devrait être revue.

Et, enfin, de transferts sociaux qui actuellement s’arrêtent en chemin et dont les critères d’attribution devraient être élargis au fur et à mesure que le travail salarié cesse de jouer un rôle social prédominant.

Enfin, l’histoire de l’usure se perdant dans la nuit des temps, celle de son interdiction est mieux connue. Pourquoi, en s’en inspirant, ne pas plafonner la rentabilité du capital, assortissant l’affectation de son revenu d’une réglementation favorable au développement économique, culturel et social ?

Les philosophes s’interrogent sur ce à quoi sert la philosophie et répondent : à tout, à condition d’en sortir ! Les financiers pourraient s’en inspirer.

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89 réponses à “L’actualité de la crise : Pour un monde meilleur, par François Leclerc”

  1. Avatar de François Jéru
    François Jéru

    à Louise [21:24]
    Il vous est difficile de dire

    Oui je suis d’accord avec ce qui est écrit plus haut à 19:12,
    c’est-à-dire:
    un taux d’intérêt (une prime de couverture de risque) est justifié quand il y a un risque réel ?

    Bien sûr, les banques ont tendance à multiplier les demandes de garanties.
    On est d’accord. Celles que vous décrivez sont des protections archivées dans un coin.
    Elles apparaissent nulle part dans la comptabilité
    ni dans le Compte d’exploitation ni au Bilan.
    Vous ajoutez une dernière et nouvelle observation

    Et au niveau du principe de base c’est « l’intérêt » du crédit qui me pose problème

    La formule a deux significations
    A – L’intérêt (le taux en soi), le principe du taux, et
    B – « L’intérêt du crédit », c.a.d. l’intérêt d’acquérir à crédit.
    Abordons sucessivement l’une et l’autre
    [A]
    Vous ne pouvez pas ouvrir un établissement (payer du personnel, louer des ordinateurs, envoyer des couriers) avec simplement avec des protections archivées dans un coin pour faire face à certaines situations (tout de même pas trop nombreuses, en général) de non remboursement.
    La banque ne peut pas fonctionner sans revenus « Produits financiers » s’inscrivant au crédit de son compte d’exploitation.
    [B]
    – Comment engageriez-vous le creusement du Tunnel sous la Manche ?
    – Comment lanceriez-vous les études, recherches, expérimentatations, essais-en-vol, missions de qualification et certification d’un nouvel modèle d’AIRBUS ?
    [Pour information : le poids de la documentation d’un nouvel modèle d’AIRBUS (un seul exemplaire) c’est le poids de l’AIRBUS lui-même]
    En conclusion

    Un taux d’intérêt « Frais de gestion » est justifié pour couvrir un pou-ième des frais de fonctionnement de la banque
    Un complement de taux d’intérêt (une prime de couverture de risque) est justifié quand il y a un risque réel non couvert par des sûretés réelles
    Un complément de taux d’intérêt est également justifié quand il y a un risque réel couvert par des suretés réelles, pour autant que le recours à ces dernières se limite au capital nominal non encore remboursé et à la partie des intérêts également non encore remboursée
    Un complément de taux d’intérêt est justifié pour investir en actifs de fonctionnement (informatiques, mobiliers, immobiliers), être présent sur de nouveaux territoires, s’engager dans de nouvelles pratiques (métier, méthode,…), former les personnels aux nouveautés de tous ordres ( techniques, sociétales, fiscales, etc.). Cette partie du taux est à comparer à celle en vigueur ailleurs dans le monde notamment dans les nations du G20
    Une marge bénéficiaire, raisonnable, est attendue par le fisc qui a besoin d’argent (toutes les organisations ne pouvant pas être avec un profit nul)
    Un complément de marge bénéficiaire, à nouveau raisonnable, est également attendu par les actionnaires de la banque, qui sinon ont avantage à tout laisser un plan, préférant vendre du muguet le 1er mai, ce qui leur rapportera davantage

  2. Avatar de Louise
    Louise

    A François Jéru

    A) je n’ouvre pas de tels établissements

    B) là il s’agit d’investissements qui peuvent être rémunérés autrement

  3. Avatar de cityislander
    cityislander

    Quidam me reproche:

    Quel définition avez-vous de l’utopie ? La votre semble connotée de manière péjorative.

    Comment se fait-il que vous maitrisiez les lettres mieux que moi mais que vous soyez pas choque par mon propos et non par cette dialectique simpliste : Puisqu’on a besoin de ceci (des consommateurs) alors il faut cela (les doter de fonds propres). Il faut, y qu’a: rien n’est dit, et ca ne fait meme pas rever.

  4. Avatar de cityislander
    cityislander

    Quidam,

    Votre invective etait marquee d’un point d’interrogation, alors j’utilise ce subterfuge (le ?) pour vous repondre par ce choix de citation:

    Nearly all creators of Utopia have resembled the man who has toothache, and therefore thinks happiness consists in not having toothache…. Whoever tries to imagine perfection simply reveals his own emptiness.

    GEORGE ORWELL, Why Socialists Don’t Believe in Fun

  5. Avatar de ar.blanc
    ar.blanc

    à François Jéru

    Outre mon message de 18 h 09

    Que diriez vous si les Notaires (par exemple) décidaient de facturer leurs honoraires , sur 15 ans, en demandant 100000 € pour un enregistrement d’une vente de 100000 € ?
    Ce que je veux dire: pourquoi les banques sur la création de monnaie-dette (qui ne les privent que des faibles besoins de monnaie centrale obligatoires) peuvent-elles demander des intérêts cumulables sur de longues périodes, et pas des honoraires comme toutes les autres entreprises ou professions libérales?

    1. Avatar de François Jéru
      François Jéru

      à ar.blanc [10:01]
      Le cas concret « Notaire face à une vente de 100000 € » je ne le comprends pas,
      sans doute parce qu’il n’y a pas « 5 ans de grâce » (pour le remboursement du capital puis dix tranches de 10000 € pour rembourser le capital, la durée totale étant de 15 ans.
      Comme je ne le comprends pas, je ne le commente pas.

      Alors maintenant pour ce qui est de la banque BCH (B. Crédit Hypothécaire) face à un achat de 150.000 € pour lequel le nouveau propriétaire potentiel, arBlanc, sollicite un crédit de 100.000 € avec le même profil précité :
      (a) 5 ans de grâce pour le remboursement du capital, puis (b) dix « instalments » de 10.000 € représentant le capital

      Hypothèse 1 : Inflation_BC = 7% (induite par les xxxxxxxxxxxxxx des Banques Centrales et les anatiofurtifs gouvernementalo-parlementaires). Pourquoi 7% ? Parce que le Taux-de-Bancaire (TBB) est actuellement (?) à Paris de 6.6%.
      J’aurais du écrire plus de 7%, mais passons; restons à 7%.

      Hypothèse 2 : Le risque de crédit (de non paiment) a été estimé, de façon abusive ou non (je n’en sais rien) à 4%.
      Interrogeons LeClownBlanc. Peut-être sait-il pourquoi on lui a dit de mettre 4% sur sa feuille de cotation ?
      LeClownBlanc, par ici … Merci (…) Ah tu ne sais pas non plus. Bien. On t’a dit de mettre 4%. Serait-ce une position d’un petit comité ad hoc de l’Ass. Professionnelle des Banques ? (…) Tu ne sais pas non plus ? Bien.
      Alors faisons comme si il y avait 100 clients semblables et que 4 fassent défaut sur l’intégralité du capital.

      Alors, voyez bien mon insistance pour supprimer les BC et maintenir le TBB à 0.01%.
      car c’est lui le principal fautif
      – de l’essentiel des agglomérations délirantes,
      – de l’essentiel des variations infondées (prédatrices, mensongères, etc.) des taux des banques centrales et des taux des marchés monétaires domestiques

      La couverture du risque de 4% (supposé réel) n’est pas le ressort du vice premier.
      Comme vous le dites très justement, cette prime pourrait même être payée cash, ou en 2-4 fois
      par ex. 4 timestrialités (ou annuités) de 1% : quatre fois 1000 €. La question serait réglée.
      Je n’ai donc aucune objection à considérer cela comme une provision qui (si la statistique est exacte) sera perdue à un moment ou un autre, à cause de ce client ou l’un des 99 autres (considérés dans la statistique).

      [Nota: Oublions le cas du risque étalé et de la présence d’une inflation_BC (induite par les M…. Messieurs des BC, créanciers et/ou actionnaires) dans lequel il faudrait … etc. ne compliquons pas]

      Maintenant il reste le vrai gros paquet.
      L’effet du 7% qui devient 1.114, 1.22, 1.31, 1.40, 1.50, 1.60, 1.72, 1.84, 2.00, 2.10, 2.25, 2.41, 2.58, 2.76, 2.95 (3)
      à appliquer à
      100.000
      100.000
      100.000
      100.000
      100.000
      90.000
      80.000
      70.000
      60.000
      50.000
      40.000
      30.000
      20.000
      10.000
      0

      Si quelqu’un veut bien faire le calcul des intérêts à payer,
      tous les webnautes verront bien que cette part de « l’intérêt bancaire »

              [ dont chacun s’acharne à considérer globalement avec un mot unique, depuis six mois]

      est très supérieur au 4% (4.000 €) du risque de crédit.

    2. Avatar de François Jéru
      François Jéru

      Le résultat ?
      Celui qui est à comparer au risque de crédit (supposé réel) de 4% ?
      Ce résultat ?

      Qui en a une idée ? ……. à comparer à 4% ?
      ? 7% ?   14% ?   17 % ?   28% ? ……. à comparer à 4%, le risque supposé réel du crédit ? $

      100%
      Eh oui ! 100% 7 + 8 + 8.54 + 9.17 + 9.8 + 9.45 + 8.96 + 8.43 + 7.73 + 7 + 5.88 + 4.73 + 3.15 + 1.69

      Relire ce qui disait LeClownBlanc à ce sujet (IB, TBB, BC,…) depuis janvier ou février
      [J’ai une table Flashbacks toute prête]

  6. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Je crains de ne pas avoir pu lire tous les commentaires suscité par ce billet, afin d’y répondre, les voraces nouveaux petits logos électroniques dont nous sommes désormais dotés ayant pris la place de ce que Karl Marx appelait la critique rongeuse des souris. De nombreux commentaires se sont ainsi effacés dans l’espace-temps.

    En premier lieu, aucun commentaire n’a (à ma connaissance) mis en cause mon point de vue, pour ne présenter que sous un angle fortement « européanocentriste » les problèmes des sociétés « développées », ainsi que les solutions qui pourraient y être apportées. Ce qui non seulement est un tort incontestable de ma part, mais n’est tout simplement plus possible, le monde étant de toute manière en train de vite basculer. On ne peut donc plus envisager une société alternative à celle que nous connaissons à une autre échelle que planétaire. Avec d’autres règles que celles du commerce international actuelles assorties de la circulation de plus en plus restreinte des femmes et des hommes, ainsi que de la libre circulation de la finance sur des voies réservées aux dignitaires.

    En second, il m’a été reproché de donner des armes aux adversaires, en allant au bout de ma logique et en me dévoilant en quelque sorte. J’ai trop entendu cet argument pour ne pas le considérer comme irrecevable. Je pense, au contraire, qu’il est nécessaire d’être très clair sur le point d’aboutissement de ce que l’on préconise. Le débat portant naturellement sur les mesures elles-mêmes qu’il représente.

    Tout le domaine de la raréfaction des ressources, comme de la finalité de leur utilisation (produire quoi pour consommer quoi ?) n’était pas évoqué, ce qui justifiait incontestablement certains commentaires le remarquant.

    La référence au goulag, à propos des « besoins socialement nécessaires », m’est apparue très incongrue. Il est de fait que nos besoins sont toujours définis socialement, que nous nous en rendions compte ou non en faisant nos propres choix. Il y a deux seules manières possibles d’aborder ce processus collectif: ouvertement (reste à définir comment) et d’une manière plus insidieuse (via le marché, par exemple). Merci donc de ne pas me transformer en gardien de prison potentiel !

    Est-ce une réforme politique ou économique qui serait nécessaire dans la situation actuelle ? La question pourrait à mon sens être posée autrement: pourquoi ne pas envisager les deux conjointement ? Démocratie politique et économique vont nécessairement de pair, sinon cela ne fonctionne pas !

    Merci à tous ceux qui ont contribué à ce « monde meilleur » !

  7. Avatar de Loup des mers
    Loup des mers

    Ce blog (un des meilleurs du web selon mon experience) qui a commencé par une envie de transmettre un savoir, une experience aquise au cours d’une vie (bien remplie, monsieur Jorion), est devenue un espace de discution et de collaboration.

    Passant de la description à l’analyse,
    De l’analyse à la critique,
    Voila que de la critique et du dialogue naissent les propositions.

    Aprés les propositions? Le projet?

    Aprés le projet? L’action?

    Merveilleuse force des mots. Energie créatrice de la dialectique. La source de la démocratie est bien le dialogue, et ce Blog en est la preuve.

    Merci Paul, merci François, merci à tous.

    L’espoir renait.

  8. Avatar de Bob
    Bob

    @ Paul Jorion

    Bonjour à tous

    Très bien les icônes et les boutons, cela facilite grandement le lecture et le suivi du fil

  9. Avatar de Bob
    Bob

    @ François Leclerc

     » Est-ce nue réforme politique ou économique qui serait nécessaire dans la situation actuelle ? La question pourrait à mon sens être posée autrement: Pourquoi ne pas envisager les deux conjointement , Démocratie politique et économique vont nécessairement de pair, sinon cela ne fonctionne pas !  »

    Entièrement d’accord avec vous cependant comme de l’œuf et de la poule, il faut tout de même commencer par quelque chose. Si comme je le pense la politique doit dominer et réguler l’économique, alors c’est à la réforme démocratique qu’il faut s’atteler en priorité.

    Vous dites également que la réforme doit être planétaire, encore d’accord avec vous dans l’absolu, cependant la crise qui s’annonce et qui risque d’emporter des pays entiers dans la tourmente. Mettra forcement à mal la mondialisation.
    L’Europe elle même si fragile y résistera t-elle ?? Je crains que le chacun pour soi ne devienne la règle et que le protectionnisme ne se mette rapidement en place.

    Il faut tout de même remarquer qu’alors que L’Europe n’a cessée de s’élargir ces dernières années, depuis la chute du mur de Berlin et la guerre des Balkans, c’est plutôt au morcellement des états qu’on assiste ( d’un point de vue politique) et ce processus ne cesse de s’aggraver. Dès lors, et vu l’ampleur de la tache, le niveau national ne va t-il pas devenir l’espace le plus adéquat pour mener ces réformes?

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Bob

    La construction de l’Europe a fait l’objet de nombreux débats depuis son origine. Son dernier grand élargissement s’est soldé par la fin de ceux-ci, comme s’il était acquis que l’Europe devait être une sorte de zone de libre-échange, devant au moins pour un temps le premier marché mondial.

    Cette conception a toujours été celle des anglo-saxons. Entre temps, l’Europe sociale ou fiscale sont restés en chemin. L’Europe politique également, car elle était entachée de ses propres insuffisances.

    Alors, aujourd’hui, plus ou moins d’Europe ? La période se prête clairement plus au repli qu’à l’avancée. Il est à craindre que « la vieille Europe », comme a dit ce sinistre Donald Rumsfled, soit mise à mal pour de très mauvaises raisons.

    1. Avatar de Bob
      Bob

      Une fois de plus je suis d’accord avec cette analyse, dès lors la question est : un pays peut-il mener seul une réforme radicale de son système économique, ou l’inertie et la paralysie propre aux gros systèmes condamne par avance toutes chances de transformation.

    2. Avatar de L09
      L09

      J’ajouterais qu’un repli est tout ce qu’il ne faut pas faire.
      Politiquement cela se traduit par « l’Europe des Nations »; je laisse libre à chacun d’imaginer ce que cela peut donner en terme d’affiliation à un mouvement politique…

      En attendant (et en espérant que ces craintes ne se concrétiseront pas), les insuffisances de l’Europe politique sont bel et bien illustrées par le « régime » intergouvernemental tel que pratiqué sous la Commission Barroso; c’est précisément ce qui est mis en jeu actuellement au sein des institutions européennes. Malgré un rapport de force défavorable (pour lequel les résultats des dernières élections n’y sont pas pour rien), le Parlement européen aura son mot à dire sur ce point.

      « Il faut tout de même commencer par quelque chose » dit Bob; et bien commençons par ce qui existe, je me permets de placer pour cela la fin du texte d’Eva Joly cité plus haut dans les commentaires; version plus complète:

      « (…)Porter ce débat demandera évidemment beaucoup de temps et d’énergie, et une très grande vigilance – notamment au Parlement européen, où les discussions devraient être animées au cours des prochains mois. La présidence suédoise de l’UE ne semble en effet pas pressée de mieux réguler les secteurs financiers, et de plus les commissions à dominante économique du Parlement sont plus que jamais dominées par les libéraux – notamment des libéraux britanniques. Mais les outils, les leviers existent pour véritablement faire avancer les choses ; et pour qu’enfin une catastrophe comme celle de l’Islande puisse susciter une réponse internationale qui ait du sens, et non plus les pressions irresponsables et cyniques que nous pouvons voir encore aujourd’hui. »

    3. Avatar de L09
      L09

      ps: j’ai eu droit à un avatar vert (clair), bien sûr 🙂

    4. Avatar de Bob
      Bob

      @ L09

      Madame Eva Joly s’inquiète du sort de l’Islande, c’est son droit mais,
      Sauf erreur de ma part l’Islande ne fait pas parti de l’Europe et c’est la Russie qui lui est venue en aide !!

      Par contre L’Estonie, la Lituanie et la Lettonie qui sont Européens c’est le FMI qui leur vient indirectement en aide, pas l’Europe…
      Concernant la forte présence des libéraux anglais au sein des commissions économiques vu l’état de déliquescence de leur économie, je pense que leur présence sera beaucoup plus discrète sous peu.
      Mais cela ne change rien sur le fond, dans l’état actuel le bateau Europe est ingouvernable et prend l’eau de tous cotés.

    5. Avatar de L09
      L09

      @ Bob

      – L’Islande n’est pas -encore- un état membre de l’UE mais les négociations d’adhésion devraient débuter en janvier 2010, l’Islande est déjà membre de l’espace économique européen et de l’espace Shengen.

      – Concernant les pays Baltes, le fait qu’ils soient hors-zone euro illustre en partie ce que vous dites, mais on peut approfondir, ici par exemple:
      http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/02/lallemagne-pr%C3%AAte-%C3%A0-voler-au-secours-des-autres-%C3%A9tats-de-la-zone-euro.html

      – quant à nos voisins anglais ils ont la particularité d’être assidus sur la pratique parlementaire européenne tout en cultivant des positionnements très septiques à l’égard de l’UE sur le plan national, pour ne parler que des politiques; la presse de Murdoch n’est pas en reste sur ce point.
      (il est vrai aussi que les conservateurs avec D. Cameron ont poussés le bouchon jusqu’à quitter le PPE pour former un nouveau groupe, l’ECR -conservateurs et réformistes- avec le PIS (parti polonais « Droit et Justice », des frères Kaczynski mais cet assemblage semble plutôt fragile: il y a conservateurs et conservateurs en Europe! Je ne crois pas pour autant que délabrement financier ou pas les députés britanniques, en général, se fassent plus « discrets »: ils pratiquent, that’s all et sans état d’âme, à juste titre je dirais si ce n’est les grosses contradictions entretenues par ailleurs ).

       » Mais cela ne change rien sur le fond, dans l’état actuel le bateau Europe est ingouvernable et prend l’eau de tous cotés. »: détrompez-vous; il y a toujours des gens pour gouverner: dans l’état actuel, c’est la méthode « Barroso »:

      je suis d’accord, c’est délétère mais pour rester dans l’image; que « les rats quittent le navire » me semble l’exact contraire de ce qu’il faut faire; la campagne électorale d’Europe Ecolgie (quoique on pense du contenu) l’a démontré.
      Que l’ Union Européenne soit un sujet d’insatisfaction est une chose, la remettre en jeu sans compter ses apports et ce de manière radicale en est est une autre, dans ce dernier cas j’ai sincèrement lieu de croire que ce sont les très mauvaises raisons qui l’emporteraient, dixit François Leclerc.

    6. Avatar de Bob
      Bob

      @ L09

      Je viens de consulter votre lien, le moins que l’on puisse dire c’est que la situation est plus que trouble sur le plan monétaire et politique, les marges de manœuvres sont plutôt faibles.
      La BCE le FMI et la BERD vont intervenir avec quel argent ? Celui qu’elles vont émettre elles mêmes, comme la banque d’Angleterre ?
      En quoi ces billets de Monopoly vont-ils améliorer la situation?
      Que pourra faire la méthode Barroso si des états comme L’Espagne, L’irlande, la Grande-Bretagne, les pays Baltes et les pays de L’est se retrouvent en faillite ?
      Le projet Européen s’est perdu quelque part dans les années 80, quand on a choisi le plus petit déminateur commun : un grand marché.
      Aujourd’hui le rêve à vécu,( croyez bien que je le déplore ) ni volonté économique, ni volonté politique, pas de diplomatie, pas de force militaire propre, j’ai peut-être tord mais je crois que cette crise donnera le coup de grâce à l’idéal Européen.
      Le rejet du traité constitutionnel était un coup de semonce, le taux d’abstention aux élections européennes en était un autre, les politiques veulent passer en force, on ne va pas tarder à voir le résultat.
      Là aussi l’heure de vérité a sonné, je suis pour l’Europe, mais pas pour cette Europe purement financière et commerciale qu’on désire imposer aux peuples contre leur avis.
      Il y a clairement un clivage entre pays latins et anglo-saxon qui ne va pas être facile à combler.
      Peut-être d’un mal peu sortir un bien et devant le désastre du libéralisme sur les structures économiques et sociales un consensus (sous la pression des peuples) permettra de faire émerger un vrai modèle Européen. C’est tout le mal que je nous souhaite, mais à mon avis ce n’est pas gagné.

  11. Avatar de Tchita
    Tchita

    @ Bob et Paul Jorion

    Suite à l’échange de posts que vous avez eu, j’ai lu dans les archives du blog le débat qui l’avait agité sur le film de Paul Grignon et la création monétaire. J’ai été un peu surpris par la position de Paul (Jorion) qui conclut à une erreur du modèle choisi et s’arrête là sur le sujet. Qu’il y ait erreur, je le veux bien (ça m’avait semblé bizarre quand j’avais vu le film) mais est-ce réellement le fond du problème? Ce que dénonce Paul Grignon, c’est plus l’effet de levier, qu’il ait un ratio de 10, 100 ou 1.000001, non? C’est le transfert de richesse inexorable de la perception d’intérêts qui est démultiplié par cet effet de levier depuis le secteur « productif » vers le secteur purement financier et qui ne peut absolument pas être comblé.

    Pour finir, je voudrais réagir à ce propos de Paul :

    « La chose qui ne colle pas, c’est que tous ceux qui ont promis de rembourser leur dette ne le feront pas. C’est pas plus compliqué ! Est-ce que ce n’est pas ce qu’on constate ? »

    La banque prend un risque en faisant un prêt. Elle est rémunérée pour prendre ce risque et uniquement pour cela, car prêter de l’argent ne lui coûte en pratique rien. Ce n’est pas en effet de l’argent qui « dort » dans cette transaction puisqu’avant cette création il n’existait pas et qu’après il n’existera plus. Sans cette transaction il n’existerait tout simplement pas! Donc la seule possibilité pour que cette transaction coûte quelque chose à la banque est un défaut de l’emprunteur.

    Ce qui ne colle pas, c’est qu’en réalité elle a transféré ce risque chez d’autres, assureurs, acheteurs de produits dérivés, puis finalement les contribuables quand il a fallu sauver tout ce beau monde qui ne pouvait plus faire face à ses obligations. Bref, elle n’assume en dernier ressort plus ce risque pour lequel elle se fait rémunérer et le fait même payer par ceux là qui lui ont emprunté!

    Le défaut des emprunteurs n’est qu’un révélateur. Tant qu’il n’y a pas de défaut, on est sur le principe du « pas vu pas pris ». Dire que le défaut des emprunteurs est ce qui ne colle pas, n’est ce pas accuser le canari d’avoir causé le coup de grisou?

    1. Avatar de Bob
      Bob

      Le débat au sujet du film de Paul Grignon porte essentiellement sur la création de monnaie ex nihilo par les banques. Pour certains c’est un fait pour d’autres non. Pour ma part je dois encore étudier la question car il y a quelque chose qui m’échappe.

      Sur le deuxième point, sans la titrisation le préteur serait beaucoup plus prudent. Là encore nous avons un différent sémantique avec Paul Jorion car pour moi ce système relève purement de l’escroquerie. Maintenant on peut voir la chose différemment et dire que c’est l’avidité de l’emprunteur à vouloir posséder quelque chose qu’il ne peut pas se payer qui est la source du problème.

    2. Avatar de Tchita
      Tchita

      Oui, ce débat sur la création monétaire n’est pas vraiment tranché, c’est ce qui m’a « frustré » en lisant les archives. Mais bon, je me suis senti moins seul quand j’ai vu à quel point ça pouvait ne pas être clair pour tout un paquet de gens autrement plus intelligents que moi… En tous cas je me garderai bien d’un commentaire péremptoire sur la question, même si dans l’état actuel de ma compréhension je vois bien ça comme une création « ex nihilo » mais aussi « ad nihilo » car temporaire. Le truc c’est que prise dans son ensemble, la masse argent virtuel ainsi créée ne cesse de croître au même rythme que les échanges.

      Sur le second point, je serais sans doute plus radical que vous: je pense que ce sont les banques d’affaires dans leur globalité qui sont des escroqueries! J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’arrive pas à discerner la valeur ajoutée qu’elles peuvent avoir pour la société humaine.

    3. Avatar de ar.blanc
      ar.blanc

      Tchita

      Le truc c’est que prise dans son ensemble, la masse argent virtuel ainsi créée ne cesse de croître au même rythme que les échanges.

      Je dirais plutôt  » Le truc c’est que prise dans son ensemble, la masse argent virtuel ainsi créée ne cesse de croître au même rythme que les intérêts demandés « 

  12. Avatar de cityislander
    cityislander

    @ Francois Leclerc

    « En second, il m’a été reproché de donner des armes aux adversaires, en allant au bout de ma logique et en me dévoilant en quelque sorte. J’ai trop entendu cet argument pour ne pas le considérer comme irrecevable. Je pense, au contraire, qu’il est nécessaire d’être très clair sur le point d’aboutissement de ce que l’on préconise. »

    En quoi est-ce que trop entendre un argument le rend irrecavable? Vous voulez dire qu’il n’est pas plaisant alors vous le minimisez d’un revers de la main?

    Vous avez raison de vouloir etre clair, mais en l’occurence vous avez ete fumeux. Sur le chemin arpente qui mene a une finance assainie vous vous etes arrete nonchalament au jardin de Besancenot, mais vous avez oublie de lire le panneau « Point de non retour ».

    « Le débat portant naturellement sur les mesures elles-mêmes qu’il représente. » Vous etes fort en tautologie.

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Sans vouloir faire d’amalgame avec vous, je faisais référence à mon expérience personnelle, à un grand classique de la pensée stalinienne.

      Je crains par contre que vous en fassiez un en m’assimilant à Besançenot. A chacun son diable !

      Et si nous parlions sur le fond ?

  13. Avatar de Auguste
    Auguste

    à François Leclerc

    Vous dites : il m’a été reproché de donner des armes aux adversaires

    Bon. Faisons l’hypothèse que ce soit « donner des armes à autrui » que d’expliquer ses finalités premières, voire même sa stratégie, sa tactique, ses moyens, son calendrier, son ordinateur, ses chausettes, la couleur de sa chemise.
    Pour l’exercice, admettons l’hypothèse.
    Bien.
    Une clique d’héritiers d’un siècle (le XXe) de moins de 0.01% participe au jeu vraiment dominant.
    Dans cette clique les topTopOgres ou topTopZombies (ou ce que vous voulez) ne sont que quelques centaines ou milliers,
    estimation à comparer à un nombre de milliards de votre choix : 6, 5, 4, 3, 2, 1
    les peuples qui feront basculer la pyramide
    — actuellement sur sa pointe, sa base les 4 fers en l’air —
    d’une pichounette
    Pour ce nanoclan de je ne sais combien de pou-ième (ou 1/100) de 0.01% je ne vois pas bien ce que l’exposé des faits et des progressions change à la relation — dans l’immédiat non hostile — entre les parties.

    Maintenant, parlons des 99.99% autres.
    Pour un vrai bon moment — plusieurs années — les priorités n°1 de toutes les classes incluses dans le pot ne peuvent que converger au fur et à mesure du lever des OpaqVoiles.
    Qui aurait une objection une quelconque ? Merci à l’avance

  14. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    A la suite du billet Libération le 11 août, dans ses contributions
    Lire Auguste, le 10/8 à 18:47

  15. Avatar de ar.blanc
    ar.blanc

    @François Jéru dit :
    10 août 2009 à 20:09

    à ar.blanc [10:01]
    Le cas concret « Notaire face à une vente de 100000 € » je ne le comprends pas,

    Je n’étais effectivement pas très clair, je reconnais 🙂
    Ce que je voulais soulever c’était le « droit » pour les banquiers de prendre un intérêt sur de l’argent dette qu’ils « fabriquent » (dans ~ 60% des cas), intérêts qui peuvent dépasser largement le capital en lui-même, alors que n’importe quelle autre profession se contente d’honoraires.

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