HÔTEL DU GLOBE, par Un Belge

Billet invité.

À Rome, dans ma chambre d’hôtel, la cuvette de la douche est bouchée. Je l’ai découvert subitement ce matin, avec l’air ahuri qu’on a dans ces cas-là, interrompu au milieu d’une petite chanson pleine de bonne humeur. Beaucoup d’eau s’était déjà répandue. Naturellement, j’ai épongé ce que j’ai pu avec les serviettes blanches fournies… Cela étant fait… dois-je avertir le personnel du petit problème? De toute manière, ils feront ce qu’ils voudront… Et moi, du reste, ça ne me dérange pas outre mesure : je repars demain.

L’événement n’a évidemment aucun intérêt en soi, mais, comme toutes les choses minuscules de la vie, il donne matière à penser… En marchant dans la ville, j’ai songé à ce petit refrain : « Je repars demain… » Et si c’était l’une des clés de l’incompétence monstrueuse de nos élites dirigeantes, de leur déconnexion du réel ? Ces braves gens passent leur vie de grands hôtels en résidences princières ; libres ectoplasmes sans attaches, ils n’ont jamais à se soucier de ce qu’ils laissent derrière eux : une fuite d’eau, une moquette souillée, une literie endommagée, un bris de vitre, un début d’incendie, une émeute, une guerre civile, une famine, une désagrément quelconque ? Le petit personnel est là pour y pourvoir ; non ? … La France, c’est un hôtel ; non ? … Et l’Europe, et l’Afrique? Et le globe terrestre lui-même… un grand parc d’attractions ; non ?

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